Disclamer : Je me base sur les livres de Rowling.
Kikooooooo !!!!! BONNE ANNEE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
J'espère que vous passez tous de bonnes vacances !!! A partir de maintenant, je reprend une publication hebdomadaire…
J'ai choisi le thème des jumelles dans cette fic et l'ai traité de manière différente à travers les deux couplets de personnage :
Madurei et Salana sont les jumelles complémentaires classiques : l'une est douce, l'autre combative et colérique etc… Je ne me suis pas trop foulée.
Pour Néréis et Anaïmon (autre surnom de l'Ecarlate qui sera utilisé à partir de ce chap), j'ai choisi une autre méthode. Psychologiquement, elles étaient identiques à la base. Anaïmon aurait très bien pu être une seconde Joyce Happer. Mais quelque chose a tout bouleversé :
L'Impérium qui l'a rendue incapable d'assumer sa vraie personnalité et l'a dédoublée. Ainsi Anaïmon a rapidement perdue la raison pour devenir ce qu'elle est actuellement. Quant à Néréis, ce sont les épreuves qu'elle a subies qui l'ont faite disjoncter. Et lorsqu'elle a avalé une potion d'oubli pour effacer ces épreuvres, hop ! Elle est devenue Joyce Happer. Elle devient ce qu'elle et Anaïmon auraient pu être mais qu'elles ne seront jamais. Joyce Happer va subir le même sort qu'Anaïmon : avec ses flashback, il lui semble que sa personnalité se dédouble, lui échappe : Joyce va avoir un comportement quelques fois digne de l'Ecarlate telle que celle-ci nous apparaissait dans la deuxième Section.
Du coup, leurs rapports ne sont pas les mêmes que ceux entre Rei et Salana. Puisqu'elles sont identiques, et pas complémentaires, elles sont rivales. Elles vont essayer de se démarquer par une autre façon….
L'Ecarlate a l'impression qu'elle ne peut vivre qu'à travers Néréis car elle la voit entière et non double comme elle. Bien entendu, elle se trompe.
C'est une phrase que je ferai prononcer par Voldemort : Néréis et Anaïmon sont l'endroit et le revers d'une seule médaille qui n'aspirent chacune qu'à prendre la place de l'autre. (Alors que Rei et Salana s'apparentent plus au médaillon, scindé en deux parties qui ont besoin l'une de l'autre)
Rewiew :
Llewlann : Kikoooo !!! lol, je pense que tu verras ce message dans un long moment mais je te remercie de lire ma fic et espère avoir bientôt de tes nouvelles !!! Big kissssss
CyCy-Lupin : New Lectrice !!! yééééééééééééééé !!! Kikou ! Je suis désolée, mais je ne pouvais pas caser Joyce et Rogue ensemble, ils ne seraient pas faits pour cohabiter ensemble… (ça m'aurait paru presque incestueux…) Les explications sur les sœurs deviennent très claires à partir du chapitre 19, comme tu auras pu le constater si tu lis jusque là. Big kisssss
Angie Black : chalut !! Ne t'en fais pas, tu les cernes bien, mes jumelles… ; ) Dans le chapitre qui suit, j'essaie même de faire ressentir un renversement de rôle entre Joyce et l'Ecarlate….
Big kissss
Ryannon : Oups, ça m'a échappé ! C'est vrai : J'ai fait appeler Rogue par son nom de famille par Dumby… Sorry , pourtant j'arrête pas de corriger. Je corrigerai ça quand j'aurai le temps. J'aime bien ce que tu réponds à ce passage : Si je vous parle de « bien et de mal », dit le vieil homme, que me répondrez-vous ? /L'Ecarlate parut amusée :- Je répondrai « Néréis et le reste »… le tout est de savoir si elle l a mis dans le bonne ordre... C'est clair…. Mdrrrr Je vois aussi que tu as pu constater que l'Ecarlate a une façon très particulière de réfléchir… « En gros elle est conne » Chut ! Tu brises un secret scénaristique, lol…. Enfin bon, c la famille Serpentard, les enfants jouent avec des poupées vivantes et les larmes se mêlent toujours au sang….
C/ Jédusor est entré dans le « jeu ».
- Oui, maître ?
- Entre, Bella, viens donc voir ma dernière œuvre !
Bellatrix s'approcha de son maître qui regardait à travers un miroir : il avait une vue en plongée sur une cours du château de Poudlard… L'Ecarlate déambulait en promenant un regard inquiet tout autour d'elle.
- Elle y est, ça y est…
- Maître…
- Elle reviendra, Bella… L'Ecarlate reviendra… Car si ce n'est pas moi qui la tue, c'est Néréis qui le fera…
- Mais notre victime dans l'immédiat ? Qui est-ce ? Néréis ou sa jumelle ?
- Aucune des deux !
Vous vous souvenez ? Tourmentons, torturons, tuons ! A toute heure du jour et de la nuit !!!! Un nouveau défi : Détruire, anéantir, déconstruire « Joyce Happer »….
Et l'Ecarlate fut ainsi introduite à Poudlard, au grand damne de Joyce qui n'avait pas fait preuve d'un enthousiasme débordant. Quand Rei lui apprit la nouvelle, de façon officielle, elle l'injuria presque, hurlant que sa jumelle était certainement avec Jédusor et que c'était une folie de la garder dans le château. Dumbledore l'avait fortement réprimandée et lui donna quasiment l'ordre de laisser « une chance à sa sœur » comme il avait laissé une chance au professeur Rogue. Devant un tel argument, Joyce ne put répliquer quoi que ce soit.
En ce qui concernait son patronyme: les élèves ne pouvaient pas la nommer l'Ecarlate sans que cela ne paraisse bizarre. Mais Néréis lui avait volé son prénom, c'était elle que tout le monde nommait Joyce. Ainsi, il fut décidé que l'Ecarlate porterait son surnom traduit dans sa langue natale : Anaïmon. (En réalité, Anaïmon ne signifie pas « écarlate » mais le « sang ». En le traduisant en français, Néréis, car c'est elle qui avait trouvé ce surnom pour sa jumelle, avait préféré embellir un petit peu.). Elle devint donc Anaïmon Happer. Mais tous, profs y compris, la nommaient instinctivement par ce singulier prénom, pour bien marquer la différence avec Joyce Happer.
(L'auteur a une confession à faire, lol, « Anaïmon » ne signifie pas vraiment « sang » en grec ancien mais « qui n'a pas de sang ». Si j'ai choisi ce mot quand même, c'est parce que la vraie traduction de « Ecarlate » et de « sang » était trop moche.)
- Tu n'es pas très gentille avec moi, grande sœur.
Joyce se retourna pour apercevoir Anaïmon.
- Oui, continua celle-ci, même si je t'assure que je ne suis pas une Mangemort, tu ne me crois pas.
- Va-t-en…
- J'ai pourtant tant fait pour toi !
- Va-t-en…
- Je t'aime tellement !
- VA-T-EN !
Elles se firent face quelques secondes. L'Ecarlate avait l'air hébété d'une petite fille à qui l'on a refusé une sucette. Enfin, elle baissa les paupières, déçue : elle observait l'insigne de Serpentard qui ornait sa poitrine :
- Si j'avais vu avant que tu étais à Gryffondor, j'aurai aussi manipulé le choixpeau… je me suis bien fait avoir.
- Une tour et des cachots, gronda Joyce, ce n'est pas encore assez pour me préserver de toi. Tu peux peut-être embobiner tout le monde mais pas moi !
Sa jumelle rehaussa la tête avec tristesse :
- Ma pauvre Néréis, Madurei t'a montée contre moi… Mais je saurai te ramener.
- Ramener vers qui ? Vers Tu-Sais-Qui ?
- Tu ne prononces plus son nom maintenant ? Le Rouge-Gorge t'a dressée comme un petit chien…
- Tais-toi !
Ses pieds pivotèrent dans la direction opposée, elle cherchait à fuir cette fille qu'elle haïssait.
- Néréis ! Cria l'Ecarlate en lui agrippant le bras.
Joyce sentit un tremblement de dégoût l'envahir, les larmes lui montaient presque aux yeux : c'était plus que de la haine à ce stade-là, ho oui ! C'était bien plus !
- N'oublie pas le « jeu », Néréis !
- Quel jeu ? Lâche-moi !
- Notre « jeu »…
- Tu es folle ! Lâche-moi.
Un coup brusque et elle s'en libéra avant de détaler comme un lapin. Anaïmon demeura seule, le regard perdu :
- Attention Néréis, murmura-t-elle, Jédusor est entré dans le « jeu »…
Anaïmon ne brillait certes pas en tant qu'élève à Poudlard. Son manque de « concentration » la mettait sérieusement en difficulté dans certaines matières, notamment les potions. Elle était incapable de préparer une potion jusqu'au bout. En plein milieu du cours, elle oubliait soudainement où elle en était.
- Et bien nous avons une future madame Londubat ! Avait fini par s'exclamer Rogue.
Mais il ne pouvait pas se permettre de la réprimander davantage. La jumelle de Néréis se révéla bientôt comme une enfant ayant une sensibilité à fleur de peau. Ses migraines venaient d'un facteur psychosomatique et il suffisait qu'elle soit profondément angoissée, ou qu'elle réfléchisse trop pour que cela redémarre. Rogue avait eu l'occasion de s'en apercevoir lorsqu'il l'avait faite passer au tableau pour la forcer à raconter devant toute la classe comment elle s'y était prise pour rater sa potion. Comme elle ne trouvait pas ses mots, Rogue « l'encouragea » à coups de remarques acidulées sous le regard ravi de Joyce qui aimait plus que tout voir sa sœur dans un tel état. Au bout de cinq ou six sarcasmes, Anaïmon s'était écroulée en hurlant et en se griffant le visage. Lorsque Dumbledore vint la voir à l'infirmerie, elle était dans un état effroyable : tous ses membre remuaient sous l'angoisse en longs tremblements et rien ne semblait la calmer, surtout pas la présence de Madurei qui, en fait, la perturbait encore plus. Quand l'enfant aperçut le directeur, elle se jeta à ses pieds en sanglotant et lui promit de ne plus pleurer en cours si on ne la renvoyait pas de Poudlard. Dumbledore l'avait tout de suite rassurée en lui expliquant qu'on ne renvoyant pas les élèves à cause d'un chagrin. Finalement, Rogue eut le privilège de se faire traiter de « sale vieux monstre insensible » par l'infirmière et reçut l'ordre de ne plus gronder Anaïmon.
Les autres professeurs mettaient plus de douceur avec elle. Anaïmon savait se montrer bonne élève dans les matières qui lui demandaient des efforts immédiats. Comme les sortilèges par exemple : elle n'avait pas besoin de garder beaucoup de chose en mémoire, elle lançait sa formule, brandissait sa baguette et hop ! C'était fini.
Quant à la réaction des élèves, elle était ambiguë. Les deux jumelles étaient sans cesse comparées. L'Ecarlate ressortit bientôt comme une insupportable geignarde tandis que Joyce gardait son statut de fille rigolote… Quoique, cela faisait un bon moment que Joyce avait commencé à s'enfermer sur elle-même et ne riait plus. Elle cessa complètement de traîner avec la bande de Potter, délaissa de plus en plus Malicia, Shun ainsi que Korée. Seul Caïn la suivait encore partout mais elle semblait vouloir se débarrasser de lui aussi.
Elle avait peur. Oui, Joyce avait peur. Il fallait se méfier d'Anaïmon. Elle craignait que sa jumelle ne soit un jour entraînée par la jalousie et ne commette l'irréparable. Qu'est-ce qui pouvait bien lui permettre d'établir de tels soupçons ? C'était en rapport avec « l'accident » qui causa la mort de Salana. Néréis l'avait écrasé sous sa forme Animagus sans le savoir mais c'est l'Ecarlate qui lui avait dit le faire ! En plus, c'était confus, elle ne se souvenait pas trop mais elle était presque sure qu'Anaïmon lui avait ensuite avoué qu'elle l'avait fait exprès, qu'elle jalousait le lien particulier qui l'unissait à Salana et qu'elle avait voulu sa mort. Joyce ne pouvait pas se permettre que ses amis subissent le même sort…
De son côté, Anaïmon souffrait de l'indifférence de Néréis, sa grande sœur ne la regardait même pas ! Cela ne faisait qu'augmenter ses migraines. Le soir, dans son dortoir, elle pleurait de longues heures devant la glace en se demandant si elle ne ferait pas mieux d'accepter l'offre de Jédusor.
- Mais c'est le maître du Rouge-Gorge qui crie tout le temps : il est pire que lui. Marmonnait-elle (mé ti arrêtes de jouer à la Sméagol ?), et puis le vieux barbu n'est pas méchant…
Elle connaissait les scrupules. Bien que sa connaissance du bien et du mal fût très floue, elle comprenait que Dumbledore lui avait fait confiance et qu'une confiance, c'était sacré. Même si elle avait du mal à comprendre tous ces gens de Poudlard : Si elle avait osé pleurer de cette façon devant Sir Frédéric, elle aurait été tabassée à mort… Décidemment, ces gens de Poudlard était d'une étrangeté : ils ne la frappaient pas, ne l'injuriaient pas… Ce n'était pas normal. Elle devrait peut-être se méfier…
Les autres élèves ne l'ennuyaient jamais. Non pas par compassion (de la pitié chez les serpentards ? La bonne blague !) mais parce qu'elle utilisait l'Imperium quand ils la croisaient. Elle les contrôlait à peine pour éviter qu'un professeur ne le voie et juste assez pour qu'ils passent leur chemin sans rien lui dire. Ainsi, même Malefoy ne lui avait jamais fait de réflexions. Et c'était certainement pour cela que personne ne lui fit de remarques sur l'étrangeté de son regard : des yeux sans pupille, qui lui conféraient sans cesse un air maladif et inquiétant. Pourtant, tout bébé, elle possédait des yeux tout à fait normaux, mais lorsque son père lui fit « absorber » le sortilège Imperium, ses pupilles avaient disparu et n'étaient jamais réapparues.
En classe, elle redoublait d'efforts pour satisfaire ses professeurs. Elle fit preuve de bonne volonté envers tout le monde, même envers Rogue qu'elle haïssait.
Et quelque chose de bizarre se produisit : on commençait à apprécier l'Ecarlate, on commençait à déprécier Joyce. La rumeur courrait que Joyce Happer se montrait si acide avec sa jumelle que celle-ci pleurait tous les soirs. Joyce prit peu à peu l'allure de la méchante de service. Même Macgonagall lui adressait des regards sévères. Madurei, avec qui Anaïmon se montrait pourtant particulièrement distante, la sommait de se montrer plus aimable avec sa petite sœur. Seul Rogue ne lui disait rien : d'ailleurs, il ne lui disait plus rien du tout. Il l'ignorait royalement à chacun de ses cours. C'était de cela dont Joyce souffrait le plus. Et plus elle avait mal, plus elle ressentait le désir de frapper sa jumelle : après tout était de sa faute ! Elle s'était fâchée avec Rogue à cause d'elle !
Alors qu'elle était parvenue à semer Caïn, Joyce surprit sa jumelle en compagnie de Shun et Malicia.
- Elle a vraiment fait ça ? S'étonna Shun.
- Oui, reprit Anaïmon d'une voix émue, quand je suis arrivée, c'est la première chose qu'elle a vérifiée : que je n'avais pas la marques des ténèbres…
Par réflexe, Joyce se dissimula derrière une colonne pour mieux les espionner.
- Je n'arrive pas à croire que Joyce ait agi comme ça ! S'exclama Malicia.
- Il ne faut pas la blâmer ! Répliqua l'Ecarlate, je comprends qu'elle se méfie… Mais j'aimerais bien que vous… lui parliez de moi… Elle m'évite, elle me fuie. Je vous en prie !
Joyce se sentit bouillir de rage. Elle se recroquevilla derrière le pilier comme si elle cherchait à étouffer sa rage en l'écrasant dans le creux de son estomac. Shun et Malicia prirent Anaïmon en pitié et lui promirent de tenter de « raisonner Joyce »… Joyce attendit leur départ avant de fondre sur sa sœur comme un ouragan en folie.
- Néréis ! S'écria Anaïmon, ravie.
Mais le visage de Joyce resta figée dans une abominable expression de haine :
- Alors comme ça, bafouilla-t-elle sous l'emprise de la colère, tu te plains auprès de MES amis… ça ne te suffit pas que Rei, Dumbledore et tout les profs me bassinent nuit et jour pour que je sois gentille avec toi ! Il faut que mes amis s'y mettent aussi ! J'ai même vu que tu cherchais à parler avec Potter et compagnie !
- Mais ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Je veux que tes amis deviennent les miens ! Comme ça tu seras obligée de rester avec moi !
- Je peux me forcer à ne pas t'insulter, mais je ne pourrai jamais te supporter !
- Mais je…
- Alors ne dis pas que je ne fais pas d'efforts ! Ne va pas te plaindre partout ! J'en ai marre ! Tout le monde m'en veut alors que je ne t'ai RIEN fait !
- Mais…
- JE SUIS GENTILLE AVEC TOI !! Ne va surtout pas dire le contraire !
- « Mais je suis toute gentillette ! » Chantonna une voix veloutée.
Malefoy, accompagné de son nez pointu ainsi que de ses deux gorilles, s'avança vers elle dans une démarche aérienne pour imiter l'allure habituelle d'Anaïmon. Celle-ci se concentra deux secondes. Malefoy changea d'attitude.
- Arrête ! Siffla Joyce, tu n'as pas le droit.
Et elle murmura tout bas :
- Pas d'Imperium !
L'Ecarlate relâcha donc son pouvoir et Malefoy reprit ses railleries :
- Crabbe, Goyle ! Vous savez ce que mon père raconte sur le leur ?
Les deux jumelles déglutirent. Shun et Malicia, qui avaient croisé les trois serpentards, étaient revenus en vitesse pour assister leurs amies.
- Leur père, fredonna Draco d'un timbre éclatant, s'est servi d'elle comme de vulgaires rats de laboratoire ! Il en fait des monstres !
- TAIS-TOI ! Cria soudainement Anaïmon.
Elle tenta de se jeter sur lui mais Joyce, malgré toute la répugnance qu'elle lui inspirait, la rattrapa au vol.
- Doucement Anaïmon ! Râlait-elle, ne va pas nous attirer des ennuis !
- On raconte aussi chez moi, poursuivit Draco, que votre père avait forcé votre mère à l'épouser et qu'elle ne l'aimait pas !
- Arrête Malefoy ! S'indignait Shun tandis que Malicia crispait sa bouche d'horreur.
- Et qu'une certaine Néréis est restée enfermée pendant presque 15 ans pour le crime de sa jum…
Joyce ne lui laissa pas le temps de finir, elle avait lâché sa sœur pour lui envoyer un coup de poing dans la figure. Le nez de Malefoy explosa littéralement mais cela ne suffit pas à Néréis, elle l'empoigna de toutes ses forces et le fit rouler au sol. Crabb bondit sur elle mais l'Ecarlate s'interposa. Joyce rua violemment Malefoy de coups de pieds tandis qu'il était à sa mercie. Shun était aux prises avec Goyle qui cherchait à attraper Joyce. Malicia était figée dans un coin :
- Mais Joyce ! Hurla-t-elle, Malefoy ne peut plus se défendre ! Arrête !
- Pas besoin d'être un Mangemort pour frapper quelqu'un à terre ! Grogna Joyce.
Elle jubilait presque en entendant le craquement de ses os : la chair qui s'enfonçait onctueusement et la divine symphonie de ses cris de douleur : Quel pied !
Mais Draco, armé d'une hargne redoutable, s'agrippa à l'une de ses jambes et lui fit perdre l'équilibre. Joyce s'effondra sur le sol avant de recevoir un violent coup de pied dans le visage. Goyle avait jeté Shun contre un mur et arrivait en renfort. Anaïmon se débattait encore avec Crabbe en criant, se demandant si elle ne ferait pas mieux d'utiliser l'Imperium. Joyce cracha du sang, Malicia se plaça devant Malefoy en le rappelant à l'ordre. Celui-ci appuyait une main fébrile sur ses côtes qui le faisaient atrocement souffrir. Il pesta, poussa Malicia et… fut soulevé au-dessus du sol : Caïn venait de le saisir par sa veste en lui jetant un œil mauvais.
- Cass toa Heakiff ! Râla Draco.
Caïn ne dit rien et le lâcha. Ses yeux gris devinrent plus calculateurs. Avec une promptitude qui ne lui ressemblait guère, il sortit sa baguette et clama en la pointant sur le nez de Malefoy :
- Iatros ! (sort de soin typiquement Ksris)
Le sang s'évapora du visage de Malefoy et son nez redevint normal. Caïn en fit de même avec tous les blessés. Même le sang qui se trouvait par terre disparut. Malefoy parut étonné : il n'avait même plus mal au ventre où Joyce l'avait frappé avec une si grande ardeur. Cependant cela ne suffit pas à calmer sa rancœur : il se tourna vers Joyce en vociférant une nouvelle insulte sur son père et celle-ci l'agrippa férocement à la gorge. Caïn tenta de l'en empêcher et elle comprit trop tard pourquoi : Rogue venait d'arriver.
En apercevant le petit groupe, il se hâta soudain. En fait, Caïn l'avait aperçu bien avant et savait qu'il passerait par là. C'est pourquoi il avait guéri tout le monde pour effacer les traces de la bagarre.
- Lâchez-le, Happer, gronda le professeur, que s'est-il passé ici ?!
Rogue n'était pas dupe : il voyait à leurs regards coupables qu'il s'était effectivement produit quelque chose.
- Happer m'a rué de coup ! Cria Malefoy.
- Tu m'as l'air pourtant en bonne santé, s'indigna celle-ci.
- C'est Headcliff qui nous a tous soignée !
- Je n'ai rien fait, fit négligemment Caïn. Tu as des preuves ?
- Mieux que ça : deux témoins !
Crabbe et Goyle acquiescèrent avec ferveur.
- c'est faux, ils mentent ! crièrent Malicia et Shun à l'unisson.
- Ces deux-là ont participé à la bagarre ? demanda Rogue en lorgnant sur les deux gryffondors.
- Oui, dit Malefoy avec un sourire perfide.
- Et bien, ça fera trente points en moins pour Gryffondor.
- Et moi ?! Rétorqua Joyce en serrant les dents, je ne perds pas de points pour Serpentard ?!
Durant une seconde de profond silence, Rogue se pencha dangereusement sur elle avant de souffler méchamment :
- Est-ce que je vous ai sonnée, Happer ?
Anaïmon secoua la tête comme une furie :
- C'est pas juste ! C'est eux qui ont commencé ! Ils insultaient notre père !
- Et alors ? S'enquit Rogue avec un calme glacial, en quoi cela me concerne-t-il ? Allez donc chercher quelqu'un que ça intéresse !
L'Ecarlate fut prise d'une inspiration d'horreur et joignit ses deux mains sur son visage. Malicia, ses yeux pleins de rancune posés sur Rogue, la soutint.
- Et bien, je vais trouver quelqu'un que ça intéresse ! S'exclama Joyce, ne bougez pas de là !
Et elle partit en courant comme si le diable la poursuivait.
- J'ai autre chose à faire, lui cria Rogue avant de faire mine de s'en aller.
Mais Caïn le retint :
- J'ai l'impression que vous ne serez pas déçu du voyage, professeur.
C'était bien la première fois que ce jeune homme se montrait un tantinet grossier. Rogue lui fit quelques remontrances avant d'apercevoir Joyce qui revenait… avec Madurei.
« C'est bon », se dit Rogue, « j'ai décroché le gros lot ! »
Elles parlaient toutes les deux dans leur langue natale et à mesure qu'elles avançaient, Rogue pouvait voir une juste fureur se dessiner sur le visage de Rei.
Joyce se planta devant Malefoy en lançant d'une voix moqueuse :
- Tu vas voir ce que l'on ressent quand on est traité injustement !
Et elle ajouta avec un accent triomphant :
- Mr Malefoy pense que notre père nous a traité comme des rats de laboratoire…
- Et bien, soupira Rei en dévoilant ses canines, Mr Malefoy me déçoit grandement ! J'enlève 50 points à Serpentard !
- Je me chargeais déjà de cette affaire, Madurei ! Vociféra Rogue, allez-vous en !
- Je vous mets au défi de me chasser, Rogue !
Rei était toujours en colère après lui. (héhéhé ! La pauvrette : elle a reçu son premier râteau il y a quelques temps… D'ailleurs, j'avais songé avec ironie d'appeler le chapitre 19 « le râteau de Madurei… » mais ça ne faisait pas très beau… lol)
Rogue fit un mouvement circulaire du doigt :
- Vos charmantes sœurs et leurs amis ont agressé trois de mes élèves.
- Tous les enfants ici présents sont VOS élèves, Rogue ! Au diable la couleur de leur cravate ! Et je me moque de savoir qui a commencé : tous seront punis. Même ceux dont le papa a des relations !
- Je ne suis pas d'accord : il y a une différence entre une joute physique et une injure verbale !
- Tout comme il y a une différence, piailla Anaïmon sure d'elle, entre une blague de collégien et la vie d'un homme !
Rogue sembla surpris pendant un cours instant.
- Potter m'a raconté, siffla l'Ecarlate, ce que vous avez failli faire à Sirius parce que vous étiez trop borné pour le croire innocent !
Là, même Madurei trouva qu'elle était allée trop loin. Le visage de Rogue s'était décomposé.
- Et si on parlait des punitions, souffla Rei pour changer de conversation.
Rogue lui jeta un regard infiniment glacial qu'elle lui rendit.
- Arrêtez de me regarder comme ça, Deedo, murmura lentement Rogue, j'enlève 10 points à Gryffondor.
Shun suffoca : il n'avait rien fait !
Rei prit cela pour un défi :
- Cessez d'avoir l'air si bête, Goyle, lança-t-elle, j'enlève 15 points à Serpentard…
- 20 Points en moins pour Gryffondor, lâcha Rogue.
- Et 25 en moins pour Serpentard ! Cria Rei.
- 30 !
- 40 !
- 50 !
- 99 !
- 150 !
- NOOOOOOON ! Hurlèrent presque tous les élèves présents.
Ils semblaient tous aussi catastrophés les uns que les autres, sauf Caïn (sur le point de roupiller : il a déjà eu trop d'action pour lui, le pauvre…) et Anaïmon qui ne moquait bien de ce système à points.
- Vous n'êtes pas aux enchères ! Glapit Malicia.
- Oui, renchérit Draco qui était d'accord avec une gryffondor pour la première fois de sa vie, arrêtez de déconner ! On va se retrouver à moins 5000, professeurs !
- Soyez poli, Malefoy ! Beugla Rei.
Rogue, les joues plaquées d'un affreux rouge brique, les envoya tous paître sans attendre et leur ordonna de déguerpir en vitesse. Joyce détala avec ses amis tandis qu'Anaïmon la poursuivait, les yeux pleins d'espoirs. Madurei s'en vint avec hauteur (mais en fait, elle avait quand même un peu eu la trouille…), et une fois hors du champ de vision de Rogue, elle empoigna Malefoy qu'elle entraîna dans son bureau.
- A dire vrai, vous ne me décevez pas, Malefoy. Je n'en entendais pas moins de votre part !
Autrefois partagé entre l'admiration et la convoitise, le jeune homme déchanta vite devant l'attitude de Madurei. Cette femme était, certes, d'une beauté affolante mais la glace qui lui tenait lieu de visage calma ses ardeurs.
- Mais professeur…
- Silence !
Il n'osait pas faire son malin : il était seul, ses deux gardes du corps n'étaient pas là. Rogue non plus ne savait pas où il se trouvait et il devinait que son père n'aurait aucune emprise sur sa professeur.
- Hum, hum, fit-il pour s'éclaircir la gorge, vous êtes très en beauté aujourd'h…
- J'ai dit : Silence !
Elle l'examina longuement, comme si elle jaugeait une marchandise.
- Je suppose qu'il est amusant de se moquer des morts, murmura-t-elle.
- Ce n'est pas ce que vous croyez…
Draco oubliait toujours que Joyce était la sœur de Madurei, peut-être parce qu'elle ne se ressemblait pas tellement : l'une était grande, brune aux yeux verts, l'autre menue, châtain aux yeux bleus. Même leurs traits de visage différaient ; Rei avait déjà la figure d'une femme, et Joyce encore la frimousse d'une adolescente sortant à peine de l'enfance. Et il sentait bien à ce moment là qu'il allait payer cher cette omission.
- Si, c'est ce que je crois… Et cela ne concerne pas seulement Joyce. Vous avez un malin plaisir à persécuter vos camarades par jalousie et par mépris.
Draco eut l'impression d'avoir déjà vécu cette scène : il ne se trompait pas. Il y avait déjà un bon moment, Joyce lui avait parlé presque dans les mêmes termes (mais il ne savait pas qu'en fait c'était Anaïmon qui avait pris possession de sa jumelle) : « Je t'ai entendu Malefoy, j'ai déjà attendu les horreurs que tu balances sur le dos des parents du survivant. C'est très mal de réveiller les morts. Mais tu trouves un malin plaisir à commettre ce sacrilège. On ne pouvait espérer que tu t'élèves au-dessus de la nature de ton père. »
- Est-ce parce que vous suivez les traces de votre cher père ou alors parce que vous avez un cœur de pierre ?
Draco ne répondait rien, transi devant les iris de Rei qui avait pris une couleur marécageuse.
- Est-ce que le plaisir de voir ses rivaux dans la détresse justifie de les faire souffrir autant ? Vous n'avez jamais connu leur souffrance, vous avez toujours été surprotégé par une maman-poule et un père conspirateur, c'est pour cela que vous vous permettez de dispenser votre haine aux quatre vents… Quoique, de la haine ? Je doute même que vous connaissiez ce sentiment. Vous n'avez pas assez souffert pour nourrir de la haine, de la vrai haine : celle qui vous colle à la peau qui vous dévore, vous détruit, vous plonge dans une fascination totale, dans un abîme d'où vous ne ressortirez jamais ! Savez-vous pourquoi, Malefoy ?
- Non, admit-il la gorge sèche.
- Parce qu'une fois qu'on a goûté le fruit défendu, on ne peut plus, on ne veut plus s'en passer…
Elle fit une courte pause pour bien mesurer son effet.
- …A moins d'avoir une volonté hors du commun… Ce que vous n'avez pas, Malefoy.
Sa tête était vide, il n'avait rien à répliquer. Il essayait de faire le tri dans ce que Madurei venait de lui dire. Il ne sentait ni vexé, ni indigné, il n'avait même plus peur. Il sentait qu'elle avait raison, mais n'était pas convaincu pour autant. Rei s'aperçut qu'elle avait raté son coup et qu'elle ne corromprait pas Malefoy fils mais cela lui était égal : ce gamin ne lui inspirait aucune compassion. Elle fit tout de même une dernière tentative.
- Je n'aime pas jouer les moralisatrices, avoua-t-elle, cependant je vais vous entretenir sur un sujet mièvre et racoleur : l'amitié… En ce qui concerne Potter… Attention, je n'évoque pas là votre bon cœur mais votre logique… En tant que quoi croyez-vous qu'il vous aurait été le plus utile ? Je vais être sincère : en tant qu'ennemi, Harry n'a rien à vous apprendre, il est trop naïf, trop coincé aussi par moment, il ne peut vous apporter aucune expérience véritable. La candeur n'est un avantage qu'en amitié. Là vous auriez pu apprendre de lui. Là vous auriez pu profiter de sa curiosité naturelle, de son sens de la loyauté et si l'échange était devenu parfaitement réciproque (comme ce doit être le cas pour n'importe quelle transaction), vous auriez gagné beaucoup plus, vous seriez devenu humain…
- Vous prétendez que je ne le suis pas ? S'irrita Malefoy qui n'avait pas tout compris.
- Je ne considère pas les Mangemorts comme des êtres humains.
Ça y est : elle l'avait dit. Malefoy sursauta sur sa chaise et fit mine de ne pas saisir.
- Je vous conseille de ne pas ébruiter cette conversation, dit calmement Madurei. De toute façon, votre père sait déjà à quoi s'en tenir. En outre, vous feriez mieux de ne plus approcher mes sœurs. Anaïmon était sur le point de hurler pour exposer les passe-temps, disons « nocturnes », de votre vénéré père.
Il se leva, ne souhaitant pas en entendre davantage. Mais avant qu'il ne sorte, Rei lui donna un dernier conseil :
- Choisissez bien votre camp. Il y a trop de gens qui seraient ravis de vous enterrer lorsque toute cette histoire sera enfin terminée…
- Si elle se termine, professeur, répondit-il avec une lucidité effrayante.
Et la porte se referma.
Rei demeura un long moment assise, les yeux posés sur le perchoir solitaire de son corbeau qu'elle avait laissé dans la volière de l'école. Ses pensées, elles, étaient tournées vers les jumelles. Une certaine jalousie piqua le cœur de Rei : Néréis avait encore Anaïmon et vive-versa tandis qu'elle, Madurei, était privée de sa moitié. Elle devait même renoncer à Rogue pour sa sécurité.
Cependant Néréis ne semblait pas être consciente de la chance qu'elle avait. Pourquoi haïssait-elle l'Ecarlate ? Avant le départ de Rei, les deux jumelles s'entendaient pourtant à merveille. Il avait du se passer quelque chose entre elles, quelque chose qui dépassait largement la mort de Salana. Rei se crispa sur sa chaise : leur mère aussi était morte assassinée, après son départ… Tout ce qu'elle savait, c'est que leur mère avait été tuée avec la Faux que Néréis transporte dans sa main. La Faux que son père avait promise à Voldemort…
Cette faux avait un fonctionnement très spécial. Tout d'abord, quoi qu'il se passe, elle ne pouvait servir contre un membre de la famille Serpentard tant qu'elle ne fut pas activée. Et pour l'activer, il fallait un meurtre, LE premier meurtre commis avec. C'est à partir de ce moment-là que les choses se corsaient : Salazar Serpentard voulait que ceux qui utiliseraient la faux l'aient amplement méritée. Non content qu'il l'avait très bien cachée, il avait rajouté une règle des plus injustes : Ne pourraient se servir de la faux que ceux qui partageraient le sang de sa première victime… Celle-ci devait donc être sacrifiée durant un rituel nommée « Cérémonie de l'Eveil ». Celui qui trouvait la Faux était alors obligé de tuer un membre de sa famille direct s'il voulait s'en servir. Cependant, Salazar, sachant que ce ne serait pas forcément l'un de ses descendants qui mettrait la main dessus, avait préféré ajouté une règle supplémentaire interdisant à la Faux, une fois réveillée, de s'attaquer à ses héritiers.
Sir Frédéric, pour offrir la Faux à Voldemort en gage de loyauté, devait donc sacrifier l'une de ses filles. (Il ne restait qu'eux comme famille du Seigneur des Ténèbres, leur lignée s'était finalement étiolée avec le temps : la consanguinité les avait rendus fous et ce qui restait de famille s'est entretué la génération précédant Frédéric.) Il choisit d'abord Salana, mais elle mourut prématurément dans les circonstances que nous connaissons. Par la suite, il aurait bien opté pour Madurei mais la peur qu'elle lui inspirait l'avait forcé à la condamner trop rapidement, avant que l'autel cérémonial ne soit près. (Attention, cet homme raffiné qu'était Sir Frédéric ne négligeait pas la tradition). Malgré la disparition de Voldemort, il s'obstina à vouloir procéder à la Cérémonie, et Néréis fut choisie. Mais le jour de la Cérémonie, c'est sa femme qui trouva la mort.
Kylia la néréide fut assassinée, son sang avait trempé la lame virginale. Voldemort, qui n'avait aucun lien avec elle, ne pourrait jamais utiliser l'arme léguée par son ancêtre. Par contre, les trois sœurs survivantes (oula ! ça fait un peu Charmed dit comme ça !) le pouvaient.
Ainsi que Voldemort ait pénétré dans le château de Sir Frédéric n'avait rien de dramatique. La faux était en la possession de Néréis, et il ne pourrait jamais en user. Mais si Voldemort essayait quand même de s'approprier la demeure de son ancêtre, c'est qu'il devait toujours espérer y trouver « l'arme ». Madurei ne savait pas en outre s'il connaissait les détails de la Cérémonie et, encore plus important, s'il savait que l'arme en question était une Faux… Quand Joyce s'en était servie devant lui, il n'avait pas paru trop choqué. En effet, cette Faux avait beau renfermé une puissance redoutable, dans l'état actuel des choses elle ne dégageait pas autour d'elle des vibrations magiques très importantes car Joyce était tout bonnement incapable de la manipuler au maximum de ses capacités. Aux yeux de Voldemort, elle avait du passer pour un vulgaire manche à balai avec une lame au lieu des poils…
Madurei revint à des pensées moins techniques… Anaïmon la détestait, elle ne savait pas comment réagir avec cet enfant. Il est vrai qu'il n'y avait jamais eu de complicité entre elles. Anaïmon aimait par-dessus tout Néréis, et aussi Salana qu'elle admirait. (Contrairement à ce que pensait encore « Joyce Happer »)
- Tant pis, murmura Madurei en s'appuyant sur ses accoudoirs pour se hisser.
Sa plus jeune sœur la haïssait, Néréis s'éloignait, Salana, sa moitié, était morte et l'homme qu'elle aimait l'avait repoussée. Rei fit face à son miroir et lança à son reflet avec un demi-sourire, comme pour se redonner de l'espoir :
- Il y a des jours où l'on ferait mieux de rester couché, n'est-il pas ?
Madurei ne pouvait pas se douter à quel point elle avait raison. Elle avait fermé les yeux depuis un bon moment quand on frappa sèchement à sa porte.
- Entrez, Rogue, dit-elle simplement. (elle avait reconnu son frapper délicat.)
Son éminent collègue fit presque sauter la porte de ses gonds en l'éclatant contre le mur. Il se plaça devant le bureau de Madurei, les bras croisés, les yeux teigneux.
- Alors ? S'enquit-il, alors ?
Comme Madurei ne savait pas si Draco Malefoy lui avait conté leur entrevue, elle préféra jouer la prudence :
- Vous êtes venu m'entretenir sur les points de Serpentards ? Fit-elle innocemment, je les restitue si vous faîtes de même avec Gryffondor, bien sur.
- Je me moque éperdument de ces sabliers. Vous trouvez malin de me ridiculiser devant le fils de Lucius ?!
Il voulait seulement parler de ce qui s'était passé dans le couloir… Au moins, Draco n'avait pas cafté, Rei s'en doutait : elle avait suffisamment impressionné le jeune homme pour qu'il reste muet comme une tombe.
- Vous n'avez pas été porté en dérision, soupira-t-elle, et Malefoy junior pourra raconter combien je suis une sale pimbêche nuisible à votre grand ami. Si vous voulez bien m'excuser, j'ai du travail.
Rogue observa d'un œil sceptique le bureau vide ainsi qu'une pile de devoirs déjà corrigés trônant sur une petite commode :
- En effet, vous êtes surchargée, dit-il sombrement.
- Je cherche à vous éviter, lança froidement Rei, ça vous étonne ?!
Rogue ne broncha pas : peut-être avait-il bien recherché ces mots-là. Avoir repoussée la jeune femme n'avait fait qu'accroître son propre désir. Il avait besoin qu'elle le repousse à son tour pour tenter de l'oublier, ou se faire une raison. Un peu comme le supplice de Tantale, l'objet de ses désirs étaient sous ses yeux, mais si Tantale, affamé, en tendant la main, voyait le raisin fuir, Rogue savait qu'au contraire ses attentes ne seraient pas vaines.
- Je m'en doutais, dit-il calmement, mais croyez-moi, c'est beaucoup mieux comme…
- Je vous évite parce que vous me l'avez demandé. Si c'est le prix pour que vous vous sentiez à l'aise avec Jédusor, je n'ai plus qu'à m'incliner.
« Et mon père qui disait que je ne saurais jamais aimer ! » Pensa-t-elle rageusement.
- Vous n'êtes pas raisonnable, se rembrunit Rogue en approuvant en même temps un sentiment ambigu de soulagement.
- Pourquoi ? demanda-t-elle. Non ! Ne répondez pas : je sais.
Elle se racla la gorge et prononça d'une voix monotone comme si elle récitait :
- « Ha ! Rogue, qu'est-ce que je vous déteste ! Je ne m'en remettrai jamais ! Nom de Dieu, je ne veux plus vous voir ! »
Elle reprit sa voix habituelle :
- Est-ce cela que vous voulez entendre ? Désolé de vous décevoir, ces paroles ne sortiront plus de ma bouche car elles ne seraient que purs mensonges.
Et elle plongea son regard dans le sien avec une passion enragée : « Je ne ferai rien » songea-t-elle, « qui puisse te nuire, mais ne me demande pas de cesser de t'aimer, imbécile ! »
Rogue avait parfaitement saisi ce que sous-entendaient ses yeux de braise :
- Quel dommage, dit-il, que je ne sois déjà plus sur la même longueur d'onde.
Et puis avec un sourire sournois :
- Continuez à rêver, Madurei, tant que vous le pouvez encore.
Et il sortit sans plus de cérémonie.
- Encore une journée de foutue, râla Madurei en balançant ses jambes sur son bureau.
Rogue s'éloignait à grands pas, un goût amer dans la bouche : il n'avait pas fait ce qu'il fallait.
Un soleil étincelant se glissait sur les toitures de Poudlard, faisant miroiter les tuiles et les clochers. Joyce était montée sur le toit pour rendre une petite visite à Silfrid, le corbeau de Madurei. Malheureusement, elle n'arrivait pas à le distinguer parmi toute la volaille présente.
- Petit, petit, petit, piaillait Joyce en tendant des graines.
Après s'être fait picorée par une trentaine d'hiboux, Joyce laissa tomber. Elle bouda en fermant les yeux pour mieux humer l'air qui se faisait rarissime en ces temps de chaleur. Un souffle chaud humidifia alors son visage, elle rouvrit les yeux de surprise : Anaïmon était quasiment collée à elle :
- Néréis ! Bonjour ! Cria-t-elle.
Joyce fit un bond en arrière et faillit s'entraver.
- ça va mieux depuis hier ? Demanda l'Ecarlate.
- Hier ? Rétorqua Joyce avec une voix rauque, ça m'étonne que tu puisses t'en souvenir ? Tu as du le marquer dans ton agenda : « aujourd'hui, rappeler à Néréis la bagarre de hier pour lui empoisonner la vie… » Ha ! Pourquoi a-t-il fallu que tu te souviennes que tu étais ma sœur ?!
Il y eut une légère brise qui agita le bananier capillaire de l'Ecarlate, cette dernière s'accouda à une rambarde en laissant voir un œil mouillé :
- Tu ne fais pas beaucoup d'efforts, grande sœur… Moi qui ai tant fait pour toi.
- Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas encore te plaindre chez Dumbledore ?
La bise passa ensuite sur Joyce qui frissonna.
- Bon, soupira-t-elle, puisque je n'ai pas le choix.
Elle s'accouda à côté de sa jumelle. Une sensation de bonheur envahit Anaïmon.
- Nous allons essayer de discuter, dit simplement Joyce. Voyons voir.
Anaïmon trépignait de joie comme une petite fille. Depuis le temps qu'elle attendait cela !
- Comment père s'est-il suicidé ? Demanda alors Néréis.
L'Ecarlate aurait du se méfier : elle n'avait pas vu le sourire perfide de sa jumelle au moment où celle-ci lui avait proposé de discuter. Joyce tourna vers elle un visage qui reflétait toute la méchanceté possible enrobée d'hypocrisie. Le cœur d'Anaïmon cessa de battre un instant.
- Il… Il s'est p-pendu, bafouilla-t-elle.
- Ha… Fit Joyce comme s'il ne s'agissait que d'un détail. Et c'est toi qui l'as décroché ?
- O-Oui…
Des larmes roulèrent sur les joues de la cadette.
- Il ne devait pas être beau à voir… Est-ce qu'il avait de la bave au coin des lèvres ? Son cou n'a pas cédé sous son poids ? J'ai toujours cru qu'il n'avait pas la tête sur les épaules.
- … Je sais plus…
- Et c'est toi qui l'as incinéré ?
La petite se mit à renifler en tapant sur sa poitrine comme si elle avait avalé quelque chose de travers. Puis c'est sa tête qui commença à la faire souffrir :
- Néréis… Néréis, je t'en prie…
Mais Joyce resta parfaitement insensible : elle méditait à la prochaine vilenie qu'elle pourrait dire. Et elle la trouva… Ce n'était pas tellement une méchanceté, ou une médisance, c'était plutôt une vengeance :
- C'est toi qui m'as envoyé les cendres de père…
L'Ecarlate s'arrêta de respirer pour mieux écouter.
- C'est toi qui m'as envoyé ses cendres, marmonna Joyce, et c'est toi qui as écris ce mot : « Papa s'est suicidé, c'est de faute. » et tu as osé signé : « Ta petite sœur qui t'aime. » !
En la poussant violemment, Joyce fit pencher sa sœur par-dessus la rambarde, au-dessus du vide.
- Pardon ! Cria celle-ci, pardon ! Je me sentais seule ! J'étais choquée ! Et comme tu étais partie avec Madurei, j'ai eu de la rancœur ! je suis désolée !
- Tu crois que ça peut suffire ?! S'exclama sa jumelle. Tu crois que je n'ai pas souffert ce jour-là !? A ton avis : qu'ai-je ressenti quand cette coupe qui contenait ses cendres s'est retrouvée devant moi ?! Tu auras beau me demander pardon, jamais je ne te pardonnerai ! Tu m'as empoisonnée ! Toute ma vie tu m'as empoisonnée !
- Pardon ! Pardon !
Anaïmon agitait vainement les bras, et étant sujette au vertige, une peur affolante se glissa sous sa peau. Elle aurait pu utiliser l'Imperium mais la colère de Néréis lui sembla tellement légitime qu'elle n'osa pas.
- Tout le monde me prend pour une folle ! Continua Joyce en tenant toujours sa sœur à moitié dans le vide, je les ai écoutés !! Rogue et Dumbledore… J'ai eu la bonne idée de les espionner une fois ! Sais-tu ce qu'ils disaient : Qu'il y avait des VICTIMES qui se passionnaient pour leur BOURREAU !! Comme si moi, je pouvais aimer Jédusor ! Comme si moi, je pouvais t 'aimer !!
- Mais tu as aimé notre père !!! Glapit l'Ecarlate terrorisée.
Joyce fronça les sourcils, ses mains se détachèrent des épaules de sa sœur pour fondre sur sa gorge. Anaïmon gémit, le front ruisselant de ses pleurs qui se mêlaient à la racine de ses cheveux.
- Tu as été mon bourreau pendant trop longtemps ! Gronda Joyce avec une lueur de folie dans les yeux. Mes souvenirs reviennent ! Je sais ce que tu m'as fait faire ! Je sais ce que tu m'as fais ! Tu n'as pas essayé de me sauver quand père m'a enfermée dans la tour d'Ivoire ! Parce que tu étais HEUREUSE que je le sois : j 'étais ainsi devenue ta chose, j'étais entièrement à ta merci. Ma survie, ma santé, tout dépendait de TOI !
Le teint d'Anaïmon perdit tout éclat tandis que Joyce l'étranglait, elle haletait avec peine pour capturer un peu d'oxygène.
- Mais maintenant ça va changer ! Je ne sais pas comment mais je vais te faire expulser d'ici, tous les moyens seront bons ! C'est MOI qui serais le BOURREAU maintenant ! Les rôles sont inversés !
Et elle serra encore plus fort, elle put presque sentir des craquements dans la gorge de sa sœur. La respiration de l'Ecarlate se fit de plus en plus faible : d'un instant à l'autre, elle allait mourir.
- Autant en finir tout de suite, murmura Joyce en s'apprêtant à broyer le cou de sa jumelle.
Ses doigts se resserrèrent, ses yeux débordèrent de joie. Anaïmon était sur le point de basculer totalement dans le vide… Joyce poussa un cri de joie sadique. Mais d'un coup, un sentiment d'horreur et de dégoût confondus s'insinua dans tout son corps, et une voix, une voix qu'elle connaissait bien emplit son esprit :
« Mais quand même ! C'est ta petite sœur ! »
Et Joyce relâcha la pression presque aussitôt et ramena précipitamment sa sœur vers elle. Anaïmon s'effondra à ses pieds en suffoquant fébrilement. Joyce se retrouva bouleversée et complètement retournée par l'acte odieux qu'elle avait failli accomplir.
Cette voix qu'elle avait entendue… C'était la voix de Salana… « Je délire » songea-t-elle tandis que ses yeux s'embuaient tous seuls. « Je délire complet ! »
Anaïmon parvint enfin à articuler quelque chose :
- Tu… Tu voulais me sortir du jeu, Néréis ?
Joyce se tétanisa avant de vaciller en arrière en faisant « oui » de la tête. Elle fit soudainement volte-face et s'enfuit par l'escalier sans oser se retourner. L'Ecarlate resta allongée sur le sol en le mouillant de ses larmes.
Elle la haïssait trop ! Il ne fallait plus qu'elles se retrouvent seules toutes les deux ! Dieu seul sait ce qui pourrait en advenir. Joyce finit cependant par remonter à la volière. A son grand soulagement, Anaïmon était partie. Elle s'apprêta à repartir quand une sensation étrange l'envahit. Elle en avait froid dans le dos : si ses ailes étaient déployées, elles se seraient dissoutes tant cette impression était glaciale. Alors, Joyce fit le rapprochement. Elle tournoya sur elle-même, apeurée, et finit par les trouver : les deux yeux rouges… Oui, il y avait un arbre assez grand et touffu dont les branches remontaient presque jusqu'à la terrasse où elle se situait. Et c'est là, entre les feuilles noires, qu'elle aperçut deux yeux de sang fixés sur elle. Ses pensées fusèrent à toute vitesse : « Voldemort ? » Se dit-elle. Mais non : ça ne pouvait être lui, les deux yeux étaient trop petits, trop rapprochés l'un de l'autre.
Son cerveau s'engourdit, comme si le regard écarlate avait tenté de l'hypnotiser. Elle n'essaya même pas de résister : elle était une méchante fille, elle méritait une punition.
- Je n'ai pas tué ma mère !
Elle se vit : elle avait certainement dans les 7 ou 8 ans, elle était à genoux, portant son voile habituel qu'elle remplacerait plus tard par un masque rouge. Son père lui faisait face.
- je sais Néréis, dit-il avec une surprenante douceur, je sais que tu n'as pas tué ta mère… Mais tu comprends bien que maintenant que je détiens le moyen de me débarrasser de toi, je ne vais pas m'en priver. Et puis, tu ne veux pas que ta petite sœur ait à subir les affres de l'emprisonnement ? Allez ! On doit être solidaire entre jumelle !
Joyce réagit enfin et se mit à hurler :
- C'EST FAUX ! C'EST FAUX !
« Mon père n'a pas pu me faire une chose pareille ! »
La vision s'estompa et elle put voir que les yeux rouges étaient encore là.
- Néréis ! Fit une voix étrange provenant des branchages, tu as perdu !
On eut dit un croassement. Avant que Joyce ait pu bouger, une sorte de corde visqueuse jaillit de l'arbre et ficela ses deux mains. Elle resta bête pendant deux secondes, puis le cordage de boue remua et l'entraîna en arrière. Joyce, les bras ligotés, ne parvint pas à rester sur place. Elle fut soulevée et projetée sur une toiture proche. Puis la corde frémit à nouveau et la jeta contre une vitre qui explosa en mille morceaux. Joyce heurta ensuite un petit clocher qui lui fit une large, mais peu profonde, entaille sur le flanc. Elle tenta d'appeler au secours avant qu'elle ne devienne complètement aphone. Des débris de vitraux s'étaient incrustés dans sa chair. La corde la traîna ensuite en avant, à même sur les tuiles, parsemant quelques gouttes de sang par-ci par-là.
Puis, sans crier gare, la corde se raidit et devint de la terre dure qui s'effrita en quelques secondes pour redevenir poussière. Joyce resta sur le dos un bon moment avant d'oser regarder autour d'elle : les endroits où elle avait été traînée se distinguait facilement : les tuiles avaient été retournées.
- Happer ?
Rusard avait passé la tête par la vitre cassée et affichait un air mi-surpris, mi-colérique. Mais Joyce ne le remarqua pas. Elle se crispa sur elle-même, rongée par l'inquiétude : ainsi donc, Jédusor était vraiment entré dans le jeu…
