Disclamer : je me base sur le monde de Rowling.

Voilà, c'est dans ce sous-chap que Joyce redevient officiellement « normale », je pense avoir laissé assez d'éléments pour qu'on pressente la cause de ses élans de folie . Lol, kes ke je suis méchante avec mes persos… ça en est fini pour le chapitre 20…. La semaine prochaine, je poste le début du chap 21 : Le jeu de la Mort et du Hasard. (Voldy passe à l'action )

Rewiew :

Galatee : Merciiiiii !!!!!! Je suis contente que tu lises cette fic !! Big kisssssss ;-)

Rya : Ce n'est pas grave si tu n'as pas aimé ce dernier chap . Je crois que j'ai tendance à trop considérer ma fic dans sa continuité et pas en tant que succession de chapitres. (D'ailleurs j'ai toujours du mal à couper mes chap, et surtout mes sous cahp dont je ne mesure pas la portée la plus-part du temps). « comme si cela lui demandait un effort terrible, ne pas avoir assuré sur ce coup-là » C'est Madurei qui finit sa phrase, ce n'est pas la narratrice qui parle. Je me permets donc d'utiliser un langage oral.

« Cependant elle n'avait pas « entendu » le début de la conversation et ne sait donc pas encore que Rei était censée s'en aller bientôt » Là par contre, c moi, lol. J'avais la flemme de réécrire cette simple phrase, sorryyyy, lol. Hum, je vois aussi que tu es toujours pleine d'indulgence envers Madurei, lol. Big kisssss Luné.


E/ Quand on aime les oiseaux.

Les recherches avançaient, Voldemort savait qu'il n' y en aurait plus pour longtemps. De même son pouvoir se raffermissait sur le château de Poudlard : Déconstruire Joyce Happer ! Démonter son âme brique par brique pour la remodeler comme bon lui semblerait. C'était si facile ! Néréis était si encline à faire le mal… Quand son père la battait, elle prenait ça pour de l'amour… Dans ces conditions, elle devient aussi fragile qu'un fou sortant d'un asile…

- Le Jeu de la Mort et du Hasard, murmura-t-il, confondre Néréis et l'Ecarlate dans un même moule… Vous êtes identiques, mes chères…Et je vous le prouverai bientôt.

- Néréis ! Néréis ! Attends ! Pourquoi as-tu dit ça au Rouge-Gorge ? Tous nos professeurs ont l'air fâché !

Joyce venait tout juste de sortir de la grande salle et elle se dirigeait déjà vers la tour de Gryffondor. Elle s'immobilisa pour attendre sa jumelle. Quand celle-ci parvint à sa hauteur, elle se retourna brusquement :

- Arrête de m'appeler ainsi ! Pauvre idiote ! « Néréis » est morte ! Je l'ai tuée en buvant une potion d'oubli et je suis devenue « Joyce Happer » !

- Potion qui ne fera bientôt plus son effet !

- Je ne veux pas me souvenir !

- C'est inévitable ! Et le polynectar ne fera plus son effet juste après !

- Non !

La démence s'immisça sous chaque centimètre de sa chair, ses membres tremblaient comme jamais ils n'avaient tremblé.

- Toi, murmura-t-elle avec fureur, TOI ! Tu ne vaux pas mieux que moi !

Et elle hurla en tendant les bras en croix :

- « La brillante Ecarlate ! » Qui t'a trouvé ce surnom ?!

- Toi, chuchota Anaïmon effrayée devant la nouvelle crise de sa jumelle.

- Correct, petite sœur ! C'est moi qui te l'ai donné. Et il a suffit que je le prononce une seule fois et tous nos murs ont résonné de ce nom ! Tous t'ont appelée ainsi ! Même Madurei qui n'était plus là à cette époque te prénomme ainsi ! même Rogue ! Même Dumbledore ! Et l'homme aux Yeux Rouges le fera aussi !

Elle reprit son souffle en essuyant ses lèvres écumantes de folie :

- Et après on viendra dire que Néréis n'avait pas de pouvoir…

Anaïmon était incapable de parler, tétanisée devant tant de… fureur…

- Pourquoi t'ai-je nommé ainsi ? s'exclama alors Joyce, résolue à poursuivre son horrible interrogatoire.

L'Ecarlate commença à reculer avant de tomber sur les fesses.

- Tu ne veux pas répondre ? S'enquit Joyce de sa voix caverneuse. Je vais te le dire, moi !

- N-Non…

- Parce que tu m'es apparue recouverte de sang ! Du sang de notre MERE !

Elle cracha comme pour exorciser sa rage :

- Tu as tué notre mère et tu as laissé père m'accuser !

- Ce n'est pas ce que tu crois ! Mère était d'accord ! Il le fallait ! c'était toi que père voulait tuer pour réveiller la Faux ! S'il l'avait fait, Jédusor aurait pu l'obtenir et là…

Mais sa jumelle ne l'écoutait déjà plus, elle titubait en se précipitant au travers des portes qui se trouvaient sur son passage.

Joyce déboula dehors, sa jumelle sur les talons. Le feu dans sa tête se faisait plus intense, plus violent. L'envie de tuer dormait toujours en elle. « Que m'arrive-t-il ? » S'étonnait-elle, « J'ai envie de rire et de pleurer à la fois. D'aimer et de haïr… » Mais quand le visage inquiet de l'Ecarlate s'imposa à nouveau à sa vue, une seule idée remplit son cerveau malade : « Non : haïr !! Haïr !! Haïr !! »

- Je ne comprends pas, balbutia Anaïmon au bord des larmes, j'ai tout fait pour me rapprocher de toi. J'ai menti à Jédusor… Je t'ai même laissé mon prénom… J'ai pensé que cela te ferait plaisir… Je te pardonne même d'avoir voulu m'étrangler : je sais que tu ne l'a pas fait exprès.

- Pas fait exprès ?

Joyce se mit à rire :

- Je vais te raconter une histoire intéressante, petite sœur ! Une histoire très intéressante… A force d'errer à travers ce château, je suis tombée un jour sur un drôle de miroir : le miroir de Risèd…

C'était un gros mensonge : Potter lui avait en seulement parlé une fois…

- Je t'y ai vu morte, Anaïmon, et j'ai presque fondu de joie ! Mais quelle déception pour moi lorsque je me suis aperçue qu'il ne montrait pas l'avenir mais seulement ce que nous cachons au plus profond de notre cœur.

L'Ecarlate se figea.

- Oui, reprit Joyce avec ébahissement, je t'y ai vu morte : morte, sortie du jeu, couverte de sang et de douleur !

Quelque chose venait enfin d'exploser dans la tête d'Anaïmon. Ses joues se gonflèrent, réduisant ses yeux à deux petites fentes larmoyantes.

- Et je vais te dire autre chose, poursuivit sa jumelle plongée dans le ravissement le plus total. Si j'ai dit au début que je te soupçonnais d'être une Mangemort…

- Le Rouge-Gorge, ça ne te dérange pas qu'il soit un ex-Mangemort !

- Ne te compare surtout pas à Rogue, vile créature, et ne m'interromps pas ! N'as-tu pas encore compris que ce n'était qu'un prétexte ? Je me fous royalement que tu aies failli rejoindre Tu-Sais-Qui à un moment : Moi, tout ce que je voulais, c'était te perdre aux yeux de tous, te discréditer ! Oui, je brûle d'envie de te voir avec la Marque des ténèbres sur le bras, simplement pour le plaisir de te montrer du doigt en te présentant comme un monstre de foire ! Et d'entendre dire : « Ha ! Néréis, vous aviez raison, RAISON !!! »

Le regard d'Anaïmon avait changé, elle n'était plus la même. Elle parut plus calculatrice, plus maligne : la graine plantée par Joyce avait fini par germer. Une page était tournée, rien ne pourrait jamais changer ce que Néréis venait de dire. L'Ecarlate passa une main sur son front, comme pour signaler une nouvelle migraine avant de soupirer :

- C'est Jédusor qui avait raison…


Joyce s'était assise sur une pierre pour sangloter. Elle pensait que déballer son sac devant sa jumelle l'aurait soulagée mais elle se sentait mal, sur le point de vomir. Anaïmon n'avait rien ajouté d'autre et s'était sauvée en vitesse.

- Joyce ?

Elle leva les yeux : Harry et ses deux amis étaient là. Hermione s'était agenouillée près d'elle d'un air soucieux.

- ça va ? demanda-t-elle.

Joyce se mordit les lèvres jusqu'au sang :

- Ha, braves petits : vous feriez bien mieux de ne pas rester près de moi… Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment. Je m'énerve pour un rien, je tiens des propos cruels. Quand je vois une difficulté, je ne rêve que d'une seule chose : m'y brûler les ailes.

Et elle ricana.

- Tu veux qu'on aille chercher Caïn ? Proposa Ron pour qui seul un bon baiser pouvait remettre les filles d'aplomb.

- Non, merci, répondit-elle en enfouissant son visage contre ses genoux.

Le trio s'éloigna alors, mais il donnait l'impression de vouloir effectivement quérir Caïn.

« Je n'ai pas tué ma mère ! » Ce pénible souvenir revint hanter Joyce. Elle bascula légèrement en arrière : le ciel rougissait lentement tandis que le soleil avait presque déjà disparu. Elle sentait qu'on l'épiait, elle se releva, tourna en rond comme pour débusquer ce regard qui la suivait partout.

- Tu as perdu Néréis ! Croassa une voix.

C'était la même voix qu'elle avait entendue sur le toit ! Ses yeux se posèrent fébrilement sur une corniche en hauteur et elle déglutit : Silfrid, le corbeau de Madurei, se trouvait là, et il avait les yeux rouges.

- Ho, non ! S'écria-t-elle en comprenant trop tard.

L'oiseau ouvrit la bouche, un pic de terre acérée en jaillit. Joyce se baissa pour esquiver mais elle se rendit compte que ce n'était pas elle la cible mais…

- Potter ! Hurla-t-elle. Va-t-en !

Harry et ses amis étaient justement encore en train de marcher pour retourner au château. Il se retourna, aperçut le pieu de pierre qui fondait sur lui.

Hermione lâcha un cri de terreur, mais Harry était sain et sauf : Fumseck s'était interposé pour être transpercé à sa place.

Silfrid s'envola et se dirigea droit sur eux. Le phénix, qui était redevenu un oisillon gazouillant dans une nuée de cendre, ne pouvait plus les défendre. Le corbeau ouvrit une gueule béante en poussant un hurlement épouvantable. Joyce n'attendit pas, dans un réflexe primaire, elle saisit une pierre et la lança de toutes ses forces vers l'oiseau. La roche siffla dans l'air avant de fendre le crâne de l'animal. Silfrid tomba à terre dans une flaque de sang.

- Oua ! Fit Ron admiratif, tu vises bien !

Joyce se rapprocha à grands pas, l'air peiné : pauvre Silfrid !

- C'est dommage, souffla-t-elle en se penchant vers le corps du corbeau. Moi, j'adore les oiseaux.

Elle aurait du réfléchir car Silfird n'était pas mort. Ses yeux rouges étincelèrent, il bondit dans un croassement de rage vers le visage de Joyce, la jeune fille cessa de respirer en voyant les serres s'approcher de ses yeux.

Une épée traversa le corbeau et se figea juste devant le front de Joyce. Des gouttes de sang s'éparpillèrent sur la jeune fille qui avait fermé les yeux, comme si ses petites paupières auraient pu empêcher les griffes de l'oiseau de les crever.

- Et bien tu ne devrais pas, lui répondit Rei un peu tardivement.

Madurei sortit son épée du cadavre dans un geste mélancolique.

- Je m'en doutais, fit-elle en essuyant la lame sanguinolente avec un mouchoir, c'est pour cela que je l'avais sorti de mon bureau. Je craignais que Jédusor ne s'en serve pour m'espionner. J'en avais bien sur parlé à Dumbledore…

- Alors pourquoi vous l'avez gardé à Poudlard ? S'exclama Harry qui n'était pas encore revenu de sa surprise.

- J'espérais pouvoir infliger quelques douleurs à Voldemort à travers lui, mais j'ai l'impression que j'ai raté mon coup : le sort qu'il a utilisé pour le manipuler n'implique pas un rapport de réciprocité des souffrances endurées. Mais ne vous inquiétez pas, Potter, vous n'avez pas vu que Fumseck avait déserté le bureau du directeur depuis un bon moment ? Il vous surveillait 24 heures sur 24.

Rei prit l'oiseau dans les bras : son regard était toujours dans des tons rougeâtres.

- Mais grande sœur, marmonna Joyce, tu aimais ce corbeau, non ? Comment as-tu pu le soupçonner dès le départ ?

- Néréis, quand on néglige les gens et les choses qu'on aime, il faut s'attendre à ce qu'ils ne nous reviennent pas tels qu'on les avait laissés.

« Quand on néglige… » Pensa Joyce. « Quand on néglige les gens… C'est comme ça que Jédusor recrute ses partisans, il met le grappin sur ceux qu'on a laissés de côté… »

Et le regard rouge de Silfrid s'éteignit définitivement : Joyce se sentit libérée. C'était comme si toute la haine qu'elle avait emmagasinée depuis des jours et des jours avait fondu comme neige au soleil.

Harry et ses amis venaient de partir pour ramener le phénix à Dumbledore et Rei se dirigeait vers la cabane de Hagrid, certainement pour lui demander où elle pourrait enterrer son corbeau. Joyce resta seule, hébétée, l'esprit enfin libre.

Elle remarqua alors combien le ciel était rouge ce soir-là. Pourtant le soleil avait déjà disparu depuis de longues minutes. Les nuages s'épaississaient en amas sanguinolent. Ce n'était pas bon signe.

- les gens qu'on néglige, murmura-t-elle.

Les gens qu'on néglige : Anaïmon !!

Elle se rua comme une désespérée à travers tout le château. Comment avait-elle pu l'oublier? Elle venait clairement de dire à l'Ecarlate de rejoindre Voldemort, elle venait de livrer sa propre jumelle à l'Homme aux Yeux Rouges !

Manipulée, elle avait été manipulée ! Au moment même où Silfrid était mort, se libérant ainsi de l'envoûtement de Jédusor, la haine de Joyce s'était évanouie : ce n'était pas un hasard.

- Vous avez vu Anaïmon ? Cria-t-elle à un groupe de Serpentard.

Les cravates vertes lui firent une grimace en faisant un signe de dénégation. Personne n'avait vu Anaïmon.

- Où est Korée quand on a besoin d'elle ? Râla Joyce.

Même Shun et Malicia étaient introuvables, sans compter Caïn qui s'était mystérieusement volatilisé. Mais qui allait pouvoir l'aider ?

Partout les élèves lui répondaient :

- Mais tu n'en as pas assez d'harceler ta jumelle ?

- Tu la fais toujours pleurer !

- Fiche-lui la paix.

Et Joyce s'emportait :

- Mais vous ne comprenez pas ! Je suis prête à lui faire mes excuses !

Même en étant revenu à la raison, Joyce n'aimait pas Anaïmon. Cependant elle ne voulait pas qu'elle rejoigne les Mangemorts pour autant ! Elle tremblait d'effroi ! Pendant tout ce temps, elle avait laissé Voldemort la guider sur la voie de la haine, et le pire c'est qu'une partie d'elle avait aimé ça !

Elle descendait si vite les escaliers que ses pieds touchaient à peine les marches, arrivée en bas elle heurta quelqu'un de plein fouet. Joyce fut violemment rejetée en arrière.

- Happer ! Cria Rogue, je vous cherchais ! Nous avons à parler, sérieusement.

- Pas le temps ! Pas envie ! Pas besoin !

Et elle tenta de le dépasser mais il la ramena en arrière en tirant sur sa veste :

- Mais nous avons tous le temps devant nous ! Le directeur aussi tient à vous voir ! J'ai de bonnes raisons de croire que vous êtes sur une mauvaise pente.

- Mais pas du tout, professeur ! Ecoutez, je dois retrouver Anaïmon !

- Pour lui crier dessus ? Cette fille est à deux doigts de finir à Ste Mangouste, vous devriez cesser de la solliciter ainsi !

- Mais je…

Elle se dégagea et s'éloigna à reculons de quelques pas pour ne plus être en position de faiblesse. Cependant elle demeurait toujours aussi affolée : Où était donc Anaïmon ?

Le regard inquisiteur de Rogue ne l'aidait en rien dans sa panique. Elle s'apprêta à lui dire la vérité, mais les mots moururent avant d'avoir atteint ses lèvres… Comme s'il était facile de dire : « Professeur, j'ai la vague impression que j'ai laissé le grand méchant loup aux Yeux Rouges dicter mes émotions ces temps-ci… » Elle avait peur : Rogue la traiterait d'imbécile et de faible. A chaque fois qu'elle se mettait dans une situation dangereuse, il le lui reprochait violemment. A l'hôpital quand elle avait échappé à Voldemort pour la première fois, il n'avait pas cessé de la critiquer, de la traiter de fille immature. Et puis après le coup avec Lucius Malefoy, elle l'avait trouvé terriblement inique ! Ho ! Dumbledore pensait qu'elle était en crise d'adolescence contre Rogue ? Hé bien, c'est vrai ! C'était tout à fait cela !

Elle se sentit d'autant plus petite qu'elle s'apercevait que toute communication était impossible entre eux. Elle préféra se défiler.

- Oubliez, ce que j'ai dit au repas, bafouilla-t-elle, je plaisantais… Et puis j'étais un peu en colère…

- Vous me paraissez bien hargneuse en ce moment.

- Non ! Je suis redevenue normale…

- Je doute vraiment que vous ayez été normale un jour ! Vous passez votre temps soit à empirer la situation, soit à vous ridiculiser !

- Mais non ! Appuya-t-elle avant de pousser une exclamation surprise.

Rogue d'une voix excédée lui demanda :

- Quoi, qu'il y a-t-il encore ?

- Le ciel ! fit-elle en désignant un vitrail du doigt, ça fait presque une heure que le soleil s'est couché et pourtant le ciel est toujours aussi rouge !

- Mais non ! Dit Rogue en levant la tête, il est juste orangé…

- NON ! Il est rouge-sang !

- Vous allez arrêter de geindre pour un rien ? Vous vous prenez encore pour une gamine ?!

- Mais j'en suis une !

- Ça, ce que vous croyez !

Rogue se para de sa voix la plus doucereuse :

- Réfléchissez un peu pour changer : Vous m'avez rencontré il y a près de 15 ans, et vous aviez déjà l'air d'avoir 6 ou 7 ans à l'époque : vous ne trouvez pas ça étrange ?

La jeune fille parut infiniment choquée :

- Mais vous dîtes n'importe quoi ! Ce n'est pas vrai !

- Songez à l'âge de Potter, et vous verrez que j'ai raison…

Il n'avait pas souhaité être aussi direct et lui faire de la peine mais… Lorsqu'elle lui avait lancé : « Pauvre fou pensant que Poudlard est le centre du monde », il s'était transi d'effroi : elle lui avait rappelé celui qu'il avait été autrefois. Lui aussi, alors qu'il était adolescent, avait nourri de telles pensées. Joyce n'était pas dans son état normal en ce moment, et Rogue savait que Voldemort essaierait d'en profiter pour la faire basculer. Il était temps de « réveiller » Néréis et de lui faire endosser de vraies responsabilités. Elle ne pouvait plus se permettre d'être aussi enfantine alors qu'elle détenait la Faux, héritage de Serpentard, et Rogue devinait que Voldemort voulait y mettre la main dessus !

- Alors, reprit Rogue, suivez-moi et… Non ! Ne pleurez pas !

Joyce fronçait les sourcils sans chercher à retenir ses larmes. Elles roulaient en grosses billes incolores sur ses joues pour mouiller son col après avoir glissé sur son menton.

- Pourquoi vous me dîtes ça ? J'avais cherché à tout oublier ! J'avais même bu une potion pour cela…

- Il est temps de faire face à la vérité.

- Je n'y suis pas prête. Ho ! Vous êtes aussi impitoyable que mon père…

Quand même pas, elle exagérait, mais c'était ce qu'elle ressentait à cet instant précis. Sans compter que la honte et la culpabilité l'écrasaient : elle se permettait de papoter alors qu'Anaïmon était peut-être en train de rejoindre l'Homme aux Yeux Rouges.

Le regard toujours aussi noir, Rogue rétorqua durement :

- Mais je ne suis pas votre père… et ne le serais jamais.

Et le rêve de la petite vola en éclat...

Roguesongea qu'il aurait du commencer par là depuis longtemps. Il n'y avait pas de place à accorder à une petite fille dans sa vie.

Mais il venait de la briser : Joyce avait envie de dire « Pourquoi ? » mais elle sentait bien qu'une telle réplique serait dérisoire… Ses larmes cessèrent mais ce n'était pas mieux : c'était dans son cœur qu'elles se déversaient en torrent à présent.

- Anaïmon a bien raison, murmura-t-elle, on ne peut pas faire confiance aux adultes.

- Mais vous êtes une adulte, soupira-t-il.

Il lui tourna le dos en la sommant de le suivre chez Dumbledore.

Non, elle ne pouvait pas l'accompagner : il lui fallait retrouver sa jumelle et elle s'en chargerait SEULE !

- Jédusor pourrit tout ce qu'il touche ! Cria-t-elle, vous comme les autres !

Rogue, qui ne s'attendait pas à une telle riposte, fit brusquement volte-face en ouvrant la bouche comme s'il allait rugir. Il aurait du utiliser son énergie à autre chose : Joyce avait levé sa main gantée vers lui en lançant un sort d'attaque. Il eut tout juste le temps de voir la main brandie, le visage décidé de la jeune fille, et une lueur bleue.

Il reçut le choc en plein dans le ventre et fut propulsé dans les airs. Il s'abattit plus loin : Joyce s'aperçut avec horreur qu'elle avait catapulté dans des escaliers alors qu'elle souhaitait seulement l'assommer pour s'esquiver. Comme elle l'entendait rouler dans des bruits sourds, elle se précipita en avant, les yeux agrandis par la peur :

- Rogue ! ROGUE !!

Elle dévala l'escalier quatre à quatre et s'agenouilla en tombant auprès de lui. Elle le secoua par les épaules en balbutiant son nom : il était évanoui mais il respirait toujours.


- Tombé dans les escaliers ? Dit Pomfresh en levant un sourcil, bah ! En tout cas, ça me change : en ce moment, c'était plutôt lui qui envoyait les élèves ici avec ses cours éreintants et ses remarques cruelles !

Joyce aida l'infirmière à installer Rogue (qu'elle avait emmené grâce à un sort de lévitation) dans un lit. Du sang avait coulé sur son front. Mme Pomfresh l'essuya avec une éponge.

- Vous pouvez me laisser maintenant, Miss Happer, merci…

Mais Joyce ne pouvait pas s'en aller tout de suite, elle regarda son professeur avec une immense peine dans le regard :

- Je suis désolée, murmura-t-elle, je vais essayer de tout arranger. Et ensuite, je vous jure que je ne vous ennuierai plus jamais.

Elle demanderait à Rei de quitter Poudlard. Qu'elle reste ici n'avait plus de sens : si Néréis avait accepté d'intégrer cette école de sorcellerie, c'était pour connaître ce fameux personnage qui s'était retourné contre Jédusor. Elle l'avait connu, elle n'était pas déçue, mais elle ne devait rien attendre de plus du destin. Rogue n'avait pas besoin d'elle. A la limite, Madurei pourrait le retenir mais pas elle… Pas Néréis… Néréis n'aura jamais son nouveau papa. Son seul papa…

- Hé ! S'indigna l'infirmière, qu'est-ce que vous faîtes ?!

Joyce s'était penchée sur Rogue, avait relevé son visage entre ses mains et lui déposa un baiser sur la joue en le baignant de larmes.

- Adieu, lança-t-elle avant de partir en courant.

Pomfresh devint écarlate :

- Ho ! Ho ! Fit-elle choquée, je n'en reviens pas : il drague les élèves maintenant ! Attendez qu'il se réveille ! je vais le…


Joyce était remontée à la tour de Gryffondor : le ciel était toujours aussi rouge sang : était-elle vraiment la seule à le voir ainsi ? En entrant dans le dortoir, elle trouva une élève en train de lire :

- De quelle couleur est le ciel ? demanda Joyce avec brusquerie.

La gryffondor leva la tête d'un air douteux avant de continuer sa lecture :

- Jaune, orange…

- Tu es sure ? Insista lourdement Joyce, tu ne trouvas pas qu'il tire plutôt sur le rouge ?

- Non, il va sur le jaune.

Agacée d'être ainsi dérangée, elle quitta la pièce en abandonnant Joyce avec ses doutes.

Joyce avait un très mauvais pressentiment. Certes, depuis la mort de Silfird, elle raisonnait mieux. Cependant tout n'était pas redevenu normal : la Présence était encore à Poudlard. Malgré tout, elle soupçonnait d'ors et déjà que ce n'était pas Voldemort, ni même un ennemi. C'était une aura familière, mais très faible : peut-être les mânes de quelqu'un ou un fantôme…

Joyce aperçut une lettre sur son lit et s'étonna : c'était l'écriture d'Anaïmon. Celle-ci avait du charger une gryffondor de la déposer là. Elle lut :

« Quand on aime les oiseaux plus que sa propre jumelle, il faut se préparer à en subir les conséquences. »

Joyce laissa tomber le papier, le cœur battant. Elle se leva précipitamment et ouvrit violemment la fenêtre : Par là-bas ! Dans la forêt interdite ! Elle avait subitement senti l'aura de l'Ecarlate… mais ce n'était pas tout :

- Je sens… Murmura-t-elle fébrilement, je sens aussi ses ignobles yeux rouges pointés sur moi !

Joyce n'en doutait pas : Voldemort, quelque soit l'endroit où il se trouvait, l'observait en ce moment même.

- Pauvre Madurei, soupira Joyce, l'air vaincu, tu n'as pas appris à voler à ta petite sœur pour qu'elle se jette dans la gueule du loup…

Et déployant ses ailes noires, elle décolla à travers la fenêtre, face à l'horizon sanglant.


A quelques kilomètres de là, placée en hauteur sur une montagne et armée de jumelles magiques, une femme brune éclata de rire : Bellatrix Lestrange se retourna vers ses compagnons :

- Ce fut long mais nous avons finalement réussi à la dénicher ! Préparez-vous, le jeu commence !