Disclaimer : Je me base sur le monde de Rowling.
Dans le chapitre précédent, j'avais normalement complètement rédigé le passage où Madurei parle de la Clé des Chimères et de la Tour d'Ivoire, mais je trouvais que c'était trop de détails techniques d'un coup et j'ai fais une coupure. Je vous restituerai ce dialogue dans un Flash-Back au début de la Section V (Ne vous en faites pas, j'ai prévu un chtit chap très spécial pour introduire la dernière partie )
B/ Il est sale dans son corps, il est sale dans sa tête.
- J'espère que Madurei viendra au moins nous dire « au revoir », s'indigna Bibine, elle ne nous parle jamais.
- C'est vrai qu'elle a passé son temps cloîtrée, soit dans ses appartements, soit dans son bureau… Commenta Chourave. Une véritable asociale. Un peu comme vous, Severus…
Rogue n'eut aucune réaction, gardant deux diamants obscurs et froids à la place de ses yeux. Dumbledore arriva. A voir sa tête, l'entrevue avec Fudge s'était mal passée.
- Alors ? Demanda Macgonagall tandis que Rogue montrait un peu plus d'attention. Verdict ?
- Je viens de croiser Madurei qui m'a remis sa lettre de démission.
- Elle part tout de suite ? Laissa échapper Rogue d'une voix plus forte qu'il ne l'aurait voulu.
- Non, elle s'en va ce soir, après le dîner.
Les autres professeurs se regardèrent en silence. Enfin l'une d'eux, Sinistra, osa poser la question qui brûlait toutes les lèvres :
- Est-ce que ce qu'on raconte sur elle et Vous-Savez-Qui est vrai ?
- Ma chère Sinistra, dit sombrement Dumbledore, si vous voulez le savoir, allez donc lui demander. Madurei ne vous mangera pas.
Quand on parle du loup : Madurei s'introduisit dans la grande salle par la porte de derrière. Tous les regards, profs et élèves confondus, se fixèrent sur elle. Elle marcha droit vers Rogue et lui demanda avant qu'il ait pu ouvrir la bouche :
- Severus, vous n'avez pas recroisé Joyce ? Je ne la trouve plus…
- Non, dit-il, elle est peut-être allée se changer.
- Impossible, elle ne veut plus rentrer dans la tour des Gryffondors. Bon, je vais continuer à chercher.
Rei semblait aussi inquiète qu'amère. Elle s'en retourna aussi sec. Mme Chourave eut un pincement au cœur :
- Nous devrions l'aider à chercher : Si miss Happer reste introuvable jusqu'à ce soir, elles ne pourront pas se dire « adieu ».
- Le mélodrame, ça va deux minutes ! Maugréa Rogue, n'exagérez rien non plus ! Madurei ne va pas mourir !
Il se leva en jetant sa serviette de table d'un geste furieux. Ses collègues se transirent. Albus le suivit précipitamment dans le couloir.
- Ne vous dérangez pas Albus, je vais juste mettre la main sur « Happer ».
- Attendez Severus, je voulais juste vous dire…
Le regard du vieillard étincela :
- Je trouve stupide que vous renonciez à toute relation avec Madurei juste à cause de Voldemort. Madurei est une femme discrète et c'est une incroyable combattante, elle est capable de vous suivre dans la voie périlleuse où vous vous êtes engagé.
- Je sais très bien ce que je dois faire, Albus, répliqua Rogue avec aigreur avant de le distancer d'un pas pressé.
Joyce avait marché toute la matinée, les yeux hagards. Elle sentait la sueur, le sang et la misère. Sans trop savoir pourquoi, ses pas la menèrent devant les appartements de Rogue. Au portrait des trois Parques plus exactement. A ce tableau qui lui avait soufflé le mot de passe, il y a de cela tant de mois, pour qu'elle puisse récupérer sa Faux.
Joyce soupira, il y avait une très nette différence entre ce temps des innocences et cet instant présent, plein de larmes et de rancœur. Sur le tableau, la Parque du fond remua. Joyce se crispa : comment ne l'avait-elle pas remarqué plus tôt ? Sa grand-mère se nommait Atropos, ce qui était le nom de la troisième des Parques. Sa grand-mère… était représentée dans ce portrait…
- Je t'attendais depuis longtemps, rumina la femme d'un ton aigri.
Elle n'était pas très vieille, peut-être était-elle morte dans la fleur de l'âge. Ses cheveux étaient d'un blanc nuageux mais aucune ride n'arpentait encore son visage. Seul le pli du mépris se pointait au creux de ses lèvres.
- Bonjour grand-mère, dit Joyce d'un ton lugubre.
Atropos pouffa d'un air ironique :
- « Bonjour » ? Et puis quoi encore ? Tu me déçois beaucoup tu sais… J'ai eu un sacré choc quand j'ai vu que Rogue Severus ramenait la Faux ici, et j'ai été d'autant plus déçue de voir que tu ne m'avais pas reconnue quand je t'ai gracieusement aidée à trouver le mot de passe.
- Je ne t'avais jamais vue, grand-mère.
- Ce n'est pas une excuse. Entre membre d'une même famille, on est censé se reconnaître. Je t'ai bien reconnue du premier coup d'œil, moi ! Tu ressembles tellement à ton père. A mon cher petit Frédéric…
- Pourquoi t'être installée dans un portrait dans Poudlard ?
- J'en avais assez du pays des Ksris : c'est d'un maussade. J'ai demandé à ton grand-père d'envoyer mon portrait ici après ma mort, je savais qu'il y serait plus à l'aise. Et en tant que souveraine héritière du grand Salazar, je garde les appartements des directeurs de sa Maison !
Finalement, Joyce se demanda si sa grand-mère lui offrirait vraiment le réconfort dont elle avait besoin.
- Enfin, continua la femme en soufflant d'un air affligé, si j'avais su que tu t'opposerais à Lord Voldemort, je ne t'aurais pas donner le mot de passe.
- Quoi ?
Joyce écarquilla les yeux, ébahie par cette dernière réplique :
- Tu… Dit-elle lentement, tu es du côté des Mangemorts ?
Un sourire perfide se dessina sur le visage d'Atropos :
- Lord Voldemort est aussi mon petit fils, et je déplore seulement que vous ne vous entendiez pas mieux…
- Mais il…
- … Vaut mieux que toi, la coupa durement sa grand-mère.
C'était comme si une barre métallique avait heurté le crâne de Joyce : elle ne trouverait aucune aide en ces lieux.
- Pourrais-je te montrer quelque chose ? S'enquit Atropos sans ôter son sourire sournois. Mais il faudrait que je sorte du tableau… Passe-moi la Faux…
- Tu ne pourras pas t'en servir…
- Mais tu le peux à ma place : tends ta petite menotte vers moi et fais le vide dans ta tête !
Etait-ce un piège ? « Bah » songea Joyce, « je n'ai plus rien à perdre de toute façon… » Et elle s'exécuta.
- Très bien, lança Atropos avec une certaine avidité dans le regard, laisse-toi voguer ! Nous allons voyager loin, très loin !
De la fumée rouge entoura Joyce : elle s'apprêtait à transplaner… Les murs de Poudlard s'effacèrent, l'air tourbillonna dans ses cheveux sales. Elle rouvrit les yeux, un peu perdue. Elle s'était retrouvée dans un cimetière. L'horizon était plat : les montagnes entourant l'école de sorcellerie n'était même plus dans son champ de vision. Elle baissa les yeux sur la tombe devant laquelle elle se trouvait et lut : Tom Jédusor.
- C'est ici que Lord Voldemort a ressuscité il y a presque un an, annonça Atropos. Ce que tu vois là est la tombe de son père.
Sa grand-mère était là : paraissant faite de chair et de sang. Ses cheveux flottaient autour d'elle avec un bruissement de feuilles mortes.
- Il a tué son père, continua-t-elle, c'est bien ce que tu as toujours voulu faire, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas si différent en fait.
- J'aimais mon père, moi !
- Moi aussi j'aimais ton père, ça ne m'a pas empêché de souhaiter sa mort quelques soirs.
Joyce dévisagea cette femme avec la plus grande répugnance.
- Parfois, dit tranquillement Atropos, il osait respirer trop fort en ma présence.
- Tu le martyrisais ? S'enquit Joyce, comme il me martyrisait ?
- Et comme tu martyriseras tes enfants… Tu fais partie des monstres toi aussi.
La jeune fille tomba à genoux devant la pierre tombale.
- Fais-moi plaisir, mon enfant, dit Atropos sans la moindre émotion dans la voix, montre-moi que tu n'es pas une petite si stupide. Présente tes excuses à Lord Voldemort et suis les traces de ta jumelle : en voilà une au moins qui a quelque chose dans le cerveau !
- Tu sais bien des choses, mère-grand…
- Crois-tu que je reste toujours dans le même portrait à attendre ? J'aime bien me documenter. Mais ne t'inquiète pas : parmi mes petits-enfants, tu n'es pas celle qui me fait le plus honte. La palme d'or revient sans conteste à Madurei : s'être amourachée d'un sale traître, de cet immonde…
- Il faudra que je conseille à Rogue de brûler ton tableau et toi avec.
Cette menace cloua Atropos sur place et elle n'essaya pas de proférer plus d'insultes. Cependant, elle ne s'avoua pas vaincu pour autant :
- Tu n'as plus personne à Poudlard : tu as conduit à la mort les rares personnes qui te faisaient confiance. Je ne serai pas surprise que ce Caïn (elle eut un regard des plus méprisants en l'évoquant) subisse un jour le même sort. Réfléchis donc : Lord Voldemort récompense tous ceux qui l'aident. Ses Mangemorts n'ont rien à craindre de lui : obéir, c'est tout ce qu'il leur demande. J'ai connu des chefs d'entreprise plus exigeants.
Joyce faisait un petit tas de terre en grattant le sol.
- Tu auras l'assurance de mener une vie longue et prospère, s'enflamma la femme, la gloire, la richesse, la fierté de servir un grand homme ! Tout est encore possible. Tu détiens assez d'atouts en main pour que Lord Voldemort t'accueille les bras ouverts, encore maintenant !
La jeune fille balaya le monticule de terre pour observer la poussière flotter sous le vent :
- Et que fais-tu de mon… âme ?
Atropos renifla dédaigneusement :
- Je te parle de puissance et toi tu me réponds : « âme » ?
- Que fais-tu de mon âme ? répéta Joyce.
Elle se releva et épousseta sa robe de sorcière déchirée :
- Tu ne comprends pas… Tu ne vois pas que le plus important ce n'est ni l'argent ni le pouvoir. Ce n'est pas tout ce qui provient des choses matérielles. Le plus important pour moi : c'est ma conscience. Tous les bandits peuvent se concocter de véritables paradis sur terre, ils n'échapperont pas à l'enfer que leur réserve leur conscience. Tous leurs vices remonteront d'un bloc dans leur cœur, leur cerveau, ils noieront leurs veines, leurs poumons… Pas besoin de grill, l'enfer c'est nous-mêmes…
Et pendant qu'elle parlait, elle n'aperçut pas la petite silhouette qui s'était avancée derrière elle : Peter Pettigrow ne fit plus aucun mouvement. Son maître n'était pas loin : S'il donnait l'alerte, il serait certainement bien récompensé pour cela. Mais pendant une seconde, il douta : « Joyce Happer » aurait peut-être le temps de transplaner avant que les renforts n'arrivent, et il ne savait pas qui était cette femme imposante aux cheveux blancs. Il préféra se taire et écouta en catimini ce que Néréis racontait avec autant de véhémence, dans l'espoir d'entendre quelques secrets dont son maître était friand.
- Pourquoi crois-tu que les hommes trahissent et tuent ? Poursuivit Joyce. Tu crois vraiment qu'on fait le mal pour le mal ? Quelqu'un fera toujours ce qui lui paraît juste pour lui. S'il trouve juste que sa survie dépende de celles des autres, et bien il survivra au dépend des autres. Tout ce qu'il recherche, c'est une certaine uniformité dans sa vie : Nous voulons tous, à notre façon, être droit, être digne, ne pas être sali, ne pas être recouvert de tâches. Même des fripouilles comme les Malefoy ont leur honneur. En un mot : nous cherchons tous la pureté.
Queudver prit un petit air abruti devant ces paroles.
- Même cette pureté n'est pas vue de la même façon par tous. Les Mangemorts croient en la pureté de leur race. Pour eux, ce sont les autres qui ont torts. Cependant, le genre de pureté qu'ils recherchent passe par trop de vices pour qu'ils en ressortent indemnes. Ils ne pensent pas à ceux qu'ils aiment ou qu'ils auraient pu aimer !
- Ne parle pas d'amour pour des Mangemorts, rétorqua Atropos, tu es stupide ! Tu te laisses aveugler par tes propres sentiments : ils ne s'embêtent pas, eux, avec de telles entraves. Voldemort a plus à leur offrir que ta soi-disant pureté.
Le Mangemort déglutit sans oser bouger. Joyce reprit les larmes aux yeux :
- Voyons, que me racontes-tu là, grand-mère ? Voldemort ne peut rien apportait à personne. Il est sale dans son corps, il est sale dans sa tête. Le suivre c'est tout perdre sans espoir de retour. Combien ont perdu leur âme à cause de lui ? Et s'ils n'ont plus d'âme, qu'adviendra-t-il après leur mort ? Car le Seigneur des ténèbres est égoïste, il veut l'éternité pour lui mais ses sujets seront voués au néant.
Joyce tournait toujours le dos à Atropos et contemplait la tombe avec effarement. Une petite vois fluette s'éleva derrière :
- Sauve-toi…
Elle fit volte-face et aperçut Queudver qui arborait une mine déconfite :
- Sauve-toi, dit-il sans savoir justement pourquoi il disait ça, fuis : le maître arrive…
Joyce le regarda avec des pupilles pleines de pitié et s'évapora dans un nuage rouge…
Et Atropos regagna son portrait. Joyce soupira de soulagement reconnaissant les murs sombres qui menaient chez Rogue. Sa grand-mère paraissait vexée :
- Tu auras beau parler de conscience, ma petite, je n'ai pas l'impression que la tienne est tranquille. Peut-être serait-il temps de révéler la vérité sur la mort de Salana ? Madurei sera ravie.
Joyce fit un pas à reculons.
- Et laisse-moi te dire une bonne chose, poursuivit la femme, Lord Voldemort viendra te chercher tôt ou tard : tu portes la Faux qu'il lui a été promis dans ta main.
Joyce regarda son gant à moitié déchiré :
- Si je disparais, elle disparaîtra aussi ?
- Il y a des chances, répondit Atropos dans un sourire. Je ne te conseille pas la pendaison, Frédéric m'a confiée que ce n'était pas très agréable.
- Le fantôme de mon père t'a parlé ?
- Je plaisante ! C'était juste une supposition.
Mais quelle horrible bonne femme ! Joyce à s'apprêta à faire demi-tour quand…
- Hap… Néréis ! Dit Rogue, je vous cherchais partout…
Elle vint à sa rencontre en accélérant le pas :
- Professeur, haleta-t-elle en désignant le tableau du doigt, ce portrait représente ma grand-mère. Elle est avec Voldemort, non, Vous-Savez-Qui, pardon. Il faut que vous le détruisiez…
- Du calme, pas si vite, qu'est-ce qu'il vous prend ?
- Elle connaît beaucoup trop de chose : si un jour elle s'échappe de son portrait, ça pourrait être terrible, elle pourrait vous dénoncer.
- Je la porterai au directeur, merci du conseil. Dit Rogue d'un ton suave pour lui montrer qu'en réalité il ne croyait pas un mot de ce qu'elle racontait. De toute façon, je voulais me débarrasser de cette horreur.
- Hé ! Hurla Atropos, mon petit-fils te fera la peau, traître de mes deux !
Rogue resta interdit deux secondes et observa le portrait avec des yeux ronds.
- Je crois que je vais faire un bon feu de cheminée ce soir, marmonna-t-il. (lol, ce court passage est sensé être comique…)
Puis il reporta son attention sur l'adolescente :
- Madurei vous cherche pour vous dire au revoir.
- Je n'ai pas à dire au revoir à ma sœur puisque je pars avec elle.
- Mais que vous êtes têtue ! Vous restez ici, point final !
- Vraiment, point final ?
- Oui ! S'emporta Rogue, je comprends votre désarroi et votre souffrance : mais vous ne serez pas seule ici, vous pouvez vous appuyez sur Albus… et sur moi…
- C'est d'un membre de ma famille dont j'ai besoin, professeur, répliqua-t-elle froidement, et vous ne m'avez laissé aucune chance.
Elle tourna les talons.
- Où allez-vous ? Demanda Rogue.
- Mettre un point final à tout ça !
Et elle retransplana devant un Rogue toujours plus en colère.
Joyce réapparut trois étages plus haut. Elle redescendit un escalier et surprit Rusard en train de décoller des pétards collants du mur. Il tenait un couteau de taille moyenne qui tournicotait avec vivacité contre la pierre.
- Bon sang, marmonnait-il, bon sang, sales petits…
Dans un suprême effort, il arracha une nouvelle immondice qu'il lança dans un saut. Un peu plus loin, Peeves força une fenêtre en éparpillant un peu de boue par terre. Rusard bondit de son escabeau et partit à la poursuite de l'esprit frappeur, abandonnant le couteau à même sur le sol.
Joyce contempla le petit ustensile : qu'il était beau, ce couteau. Maniable, discret, avec un manche solide et sûr. Lame aiguisée et tranchant des plus fonctionnels… Il serait forte utile ce couteau. Joyce sourit : ce soir, elle allait quitter Poudlard définitivement, et elle échapperait à Voldemort. Elle ferait d'une pierre deux coups.
