Disclaimer : Je me base sur le monde de Rowling.

Petite anecdote, le « suicide raté » de Joyce est très important pour moi : c'est ce qui a déclenché la rédaction de cette histoire… il y a presque un an et trois mois, je me suis assise devant mon ordinateur et j'ai commencé à écrire un petit texte que j'avais nommé « petit délire »… Il s'agissait de cette scène. C'était une histoire qui je composais dans ma tête depuis la rentrée mais que je n'osais pas écrire. En relisant cette scène, je trouvais Rogue trop attentionné, je me disais : « mais quel genre d'épreuves et de parcours permettrait de créer un amour filial et paternel entre une gamine schizo et un ancien Mangemort aigri par la vie. » J'ai donc décidé d'écrire le début, j'ai ouvert un autre dossier que j'avais appelé « petit délire, début » qui démarrait donc ce fameux jours où Joyce débarquait à Poudlard, et quelques 300 pages plus loin, voilà où j'en suis…


24/ Nouvelle donne…

Le royaume des Kris est en réalité une gigantesque presqu'île reliée au continent arctique au nord, bordée de montagnes élevées et infranchissables sur les flancs est et ouest, et enfin, dotée d'une muraille longeant l'océan au sud. C'est au nord que se trouve les fameuses portes noires et grinçantes qui ont donné le nom de Ksris à ce peuple.

Cette presqu'île est entourée de clans de créatures marines : les sirènes au sud, les néréides à l'ouest et les naïades à l'est. Les néréides, cachées derrière la barrière naturelle que forme la chaîne de montagnes immenses, ont longtemps pu vivre sans craindre la cupidité des sorciers. Malheureusement, le château de Sir Salazar possède une partie encastrée dans la montagne ainsi qu'un passage secret la traversant et donnant directement accès sur la cachette des néréides. C'est en empruntant cette voie souterraine que Sir Frédéric put capturer celle qui devint son épouse.

La peuplade des ksris se divise en plusieurs petits villages. La langue qu'ils parlaient le plus était un dérivé du grec ancien, cependant la quasi totalité était bilingue et parlait l'anglais couramment. (Car même s'ils n'avaient pas de contact « officiel » avec l'extérieur, beaucoup de mages noirs venaient y faire des transactions.) Il n'existe qu'une seule grande ville, et elle a longtemps tenté de faire de l'ombre aux héritiers de Serpentard : Ruax-Polis. Ce qui signifie la ville du volcan. Effectivement, cette cité a été construite de façon concentrique autour d'un volcan menaçant toujours d'exploser. Dans cette région quasi polaire, la présence de cette montagne de feu, pratiquement au centre de la presqu'île, fut considérée comme une véritable aubaine. Ruax-Polis accueille tous les pires déchets de la magie noire et ses habitants se passionnent pour les mages noirs venant d'ailleurs qui ajoutent une touche exotique à leur morne quotidien.

Les Mangemorts furent donc reçus à bras ouverts. Pour l'occasion, les citadins acceptèrent même de se rendre au château de feu Sir Frédéric pour une sorte de « réception ». Il faut savoir que ce fut une grande concession pour eux car jamais ils n'avaient accepté une invitation de la famille Serpentard depuis la Grande Purge. Les parents de Sir Frédéric, l'avide Atropos et le Négationniste (son vrai nom a même été oublié, tout le monde ne le connaît plus que par ce surnom) avait organisé une véritable épuration sur ce qu'ils appelaient leur territoire. Beaucoup de gens trouvèrent la mort. En particulier une famille fut décimée : les Headcliff, qui avaient osé s'élever contre la tyrannie du Négationniste. Les derniers survivants vécurent une vie de misère en tant que mendiants, juste aux pieds du château jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un : Caïn, bien décidé à prendre sa revanche sur le sort.

Les citoyens de Ruax-Polis se rendirent donc à la demeure tant méprisée de la famille Serpentard. Un changement se faisait quand même sentir en eux : il y avait un nouveau chef à la tête de la famille, un être supérieur qui pourrait exaucer leur rêve les plus fous….

Les portes du château étaient largement ouvertes. Anaïmon se tenait dans la première cour, devant un monument où étaient inscrits tous les noms de la famille. Les ksris la regardèrent avec appréhension, les Mangemorts, visages voilés, l'entouraient.

« -Chers Ksris », énonça-t-elle d'une voix lugubre, « le temps ne nous a pas toujours été favorable… La descendance de Salazar, au lieu de s'occuper de ce qui était le plus important, s'est recluse pour mener une vie égoïste et fallacieuse. Aujourd'hui, nous devons embrasser une autre conduite : vous allez connaître… votre première et dernière guerre. »

Un murmure interrogateur parcourut la foule. Lucius Malefoy fit un signe discret à la jeune fille pour qu'elle continue.

« -Je dis « dernière » car lorsque nous l'aurons gagnée, nous n'aurons plus d'ennemis capables de nous priver de ce que nous avons amplement mérité. Nous ne vivrons plus sur ces terres hostiles et stériles ! Nous ne devrons plus écouter ces ambassadeurs pompeux que nous envoie le Ministère de la Magie dans le but de nous asservir ! »

Les paroles commencèrent à faire effet. Les sorciers firent des signes d'approbation de plus en plus énergiques.

« -Ces gens qui sont de l'autre côté des grandes portes, de l'autre côté de l'océan, ne sont pas comme nous ! Ils ne nous comprennent pas et nous considèrent tout juste comme des monstres de foires. Je le sais très bien car j'y suis allée. »

Anaïmon avait grandement haussé le ton. Certains Mangemorts sourirent avec malveillance. Tous les Mangemorts étaient là : même Rogue avait été convié. Il demeura de marbre, aux côtés de Lucius, essayant de percer ce que l'Ecarlate ressentait vraiment au fond d'elle.

« -J'ai donc l'immense honneur de proclamer celui qui sera notre guide. Je ne prononcerai pas son nom qui doit rester un pur sujet de crainte pour tous et vierge dans toutes les bouches. Mais je vais à l'instant l'inscrire sur le monument familial pour que son autorité devienne légitime. »

« Et voilà ! » Songea Rogue avec dépit, « le Seigneur des ténèbres va devenir leur leader de façon officielle. Quoi que dise Ethius, tous les ksris vont le suivre à présent ! »

Anaïmon agita sa baguette :

« -Moi, Joyce Serpentard, dernière parmi les dernières, je vous proclame vous, le Seigneur des ténèbres, maître incontesté de ce château et de ce territoire ! »

Et une inscription rouge et légèrement plus grande que les autres se traça sur la pierre : « Lord Voldemort.» Tous les Ksris poussèrent une exclamation à la fois surprise et enthousiaste. Les habitants du royaume maudit parurent alors conquis.

Et c'est le moment que le Seigneur des ténèbres choisit pour faire son entrée. Les sorciers eurent le souffle coupé : l'énergie qu'il dégageait était si puissante qu'ils l'entendaient même cogner entre leurs côtes. Il fit déployer largement sa cape, la rougeur de ses yeux rivalisant avec le sang le plus pur. Anaïmon s'agenouilla devant lui et son exemple fut suivi par tous.

Sans plus de cérémonie, Voldemort invita dans la salle principale les Ksris les plus importants pour leur exposer ses ambitions. Quelques Mangemorts, comme Malefoy, l'accompagnèrent.

Anaïmon était restée dehors. Les autres Ksris s'étaient peu à peu éloignés, les yeux pleins de rêve de destruction. Elle regarda sa marque avec un drôle de sentiment : dire qu'elle se moquait du Rouge-Gorge à cause de cela autrefois !

« -Alors, tu es fière de toi ? » Lui demanda Rogue en s'étant assuré que personne ne les entendrait.

« -La ferme ! Ne me regarde pas ! J'aurais très bien pu te vendre ! Mais au contraire j'ai assuré à Jéd… au maître que tu étais l'un de ses plus fidèles partisans ! »

« -Et il t'a cru, tu es plus douée que je ne l'imaginais : tu trompes même le Seigneur des ténèbres. »

« Anaïmon croit en ses propres mensonges » avait déclaré Madurei, elle va même jusqu'à se forger les souvenirs qui vont avec, c'est pour cela que même en maîtrisant la legilimancie, on ne peut la percer à jour.

« -Je ne voulais pas gâcher ma dernière chance de retrouver un jour l'affection de Néréis ! » Assura l'Ecarlate pour ne pas paraître trop aimable vis à vis du Rouge-Gorge.

« -Je sais, dois-je comprendre que tu es ici contre ta volonté ? »

« -Il est trop tard pour moi ! Tu as vu ce que j'ai sur le bras ! »

« -Et alors ? Répondit Rogue d'un air sombre, tu crois que notre personne est entièrement résumée dans cette Marque ? Tu crois que nous ne sommes qu'un tas de chair tatouée ? Nous vallons beaucoup mieux que ça, Mademoiselle « Joyce Serpentard », beaucoup mieux que ça… »

« -Ces paroles viennent de toi ou de ce vieux fou de Dumbledore ? » Gronda-t-elle.

Il ne manquait pas de culot pour essayer de la ramener dans son camp alors que Voldemort n'était qu'à quelques mètres d'eux ! Anaïmon le fixa avec une haine grandissante dans le regard : Ho ! Elle sentait qu'il lui avait tout volé ! Il avait pris sa place : Néréis et Madurei n'avaient pas besoin d'elle.

« -Je pourrais, dit-elle avec un sourire perfide, aller raconter au maître ce que tu viens de me dire ! »

« -Et moi, rétorqua Rogue avec une voix mielleuse, je pourrais t'écraser le crâne contre ce pilier derrière toi. »

Elle ricana sourdement mais en regardant la colonne en question avec une certaine appréhension.

Les derniers Ksris ressortirent, Bellatrix les précédait :

« -Severus, Anaïmon ! Et vous là-bas ! (Elle désigna du menton 4 Mangemorts qui discutaient en retrait) Venez ici ! »

Anaïmon s'exécuta immédiatement. Rogue comprit que la mettre de son côté serait plus dur que prévu.


Joyce avait obtenu ce qu'elle avait voulu : elle avait quitté Poudlard. Si elle avait su que c'était pour supporter Sirius Black… Hé oui, elle était coincée au 12, square Grimmaurd, le QG de l'Ordre du Phénix et accessoirement la demeure des Black. Madurei l'y avait accompagnée le temps de mettre au point un plan d'action : maintenant qu'Anaïmon avait légitimé le pouvoir de Voldemort, il fallait à tout prix limiter les dégâts et empêchaient tous les Ksris de le suivre.

Pour consoler Joyce de la perte de Korée, Dumbledore lui avait remis Sévy junior (sans toutefois rétablir la liaison psychique entre eux), au grand damne de Rogue. Quoique, Joyce savait pertinemment que la seule chose qui pourrait remplacer Korée dans son cœur était un bon pieu bien placé…

Dans une pièce aménagée rien que pour elle, la jeune fille suivait les cours de Poudlard par correspondance, envoyant par hiboux ses devoirs et même ses potions. Ce jour-là, elle avait commencé une potion de Vigueur un peu en retard :

« -Feignasse ! » Cria Sévy, « ta dernière limite pour l'envoyer à Poudlard est 18H00, mon double géant va te mettre zéro ! »

« -Qu'est-ce que je m'en fous ? » Rétorqua Joyce de mauvaise humeur, « mes notes ne comptent plus. »

Elle n'avait pas tellement envie de perdre toute sa soirée à la laborieuse préparation de cette potion.

« Ajouter 12 fois une pincée de safran en remuant pendant 7 minutes entre chaque ajout. » Lut-elle, mais ça va être affreusement long !

Elle saisit le bocal plein de safran avec ferveur :

« -Je vais tout mettre d'un coup, Rogue ne verra rien. »

« -J'attends de voir ça avec grand plaisir », ricana Sévy.

Joyce soupira : décidément, ce bonhomme n'avait rien de la douceur et de la gentillesse de Korée.


Rei était assise dans le salon, en train de lire calmement. Un petit crépitement se fit entendre dans la cheminée, elle tourna vivement la tête pour apercevoir Rogue entrer. Il n'aimait pas spécialement cette maison (quoique penser que Sirius y était très mal à l'aise le remplissait d'une certaine liesse), mais il voulait profiter de la présence Madurei avant qu'elle ne parte.

« - Où est… l'autre ? » Demanda-t-il dans un rictus.

Rei comprit qu'il parlait de Sirius :

« -Dans la cuisine, il se bat avec Kreattur pour préparer le repas. »

Rogue se débarrassa donc de sa cape en toute confiance, Rei s'approcha de lui et l'embrassa sans attendre : les moments d'intimité se faisaient rares et il était hors de question d'en laisser passer un seul.

Rogue venait juste de l'enlacer quand une formidable explosion retentit.

« -Ce sont les œufs aux plats de Black ? » S'enquit-il en fronçant les sourcils.

« -Nan ! » Fit Rei visiblement énervée, « ça vient du côté de ma soeur. »

Sirius surgit alors et traversa la salle en courant, sans voir le couple :

« -Elle va faire sauter la maison un de ses jours ! » Criait-il.

Il disparut par une petite porte. Au bout de quelques minutes, des cris outrés et suraigus en sortirent.

« -Mais non ! » Hurlait Joyce en colère, « j'ai rien fait ! Fous-moi la paix ! »

« -C'est la deuxième pièce que tu me désintègres ! »

« -Et alors ? Tu détestes cette baraque ! »

« -Je vais devoir tout nettoyer ! »

« -Ça ne te fera pas de mal, feignasse !

« -Ho ! Toi le Snivellus miniature, tu la fermes ! »

« -Sévy ! » S'indigna Joyce, « tu sais dire que feignasse ou quoi ? »

« -Feignasse ! » Répondit le psychonaute.

Rogue considéra sa compagne avec un petit air de pitié ironique :

« -Ma pauvre Rei, et tu supportes ça tous les jours ? »

Elle lui fit un petit sourire forcé en marmonnant :

« -Tu aimerais sans doute être à ma place… Les Mangemorts me donnent encore moins d'urticaire que ces trois zouaves réunis… »

Joyce entra dans le salon, ses habits étaient presque entièrement carbonisés et ses cheveux étaient dressés sur sa tête. Elle cachait son visage derrière un large parchemin : il s'agissait en fait d'un formulaire où elle devait mettre les difficultés rencontrées pendant la préparation de la potion pour que Rogue puisse, plus ou moins, en prendre compte.

Et n'ayant pas encore aperçu le maître des potions, elle commença à griffonner dessus :

« -Alors, « je suis désolée, je ne pourrais pas envoyer de potion aujourd'hui : j'ai eu un léger problème…. »

« - « Mais ne vous inquiétez pas » ricana Sévy, « si ça continue comme ça, je finirai sans doute par désintégrer toute la maison, votre ami Sirius Black compris… »

« Sévy ! » Fit Joyce. « Bon : « Problème rencontré : je l'ai… »

« - …explosée…. » Reprit le psychonaute.

« - … ratée, par… » Rétorqua Joyce.

« - … stupidité… impatience… »

« - …par inadvertance… en… »

« -Dosant mal ? » Suggéra Rogue.

« - C'est exactement ça », approuva Joyce contente d'avoir enfin quelqu'un pour lui souffler les mots justes.

Elle sursauta d'un coup, réalisant que son professeur était là.

« -Tu t'apprêtais à me donner une vision un peu déformée de la réalité », dit-il d'une voix onctueuse.

« - Je ne mens pas, avoua Joyce en rougissant, « je ne dis pas ». C'est tout. »

« - Va te changer », lui ordonna Rei.

L'adolescente obtempéra tout de suite et monta l'escalier quatre à quatre.

« -Elle n'a plus besoin de faire ses devoirs », assura Rogue, les cours s'arrêteront plus tôt cette année en raison des évènements.

« -Nous le savons », répondit Madurei, « mais cela lui fait du bien de s'occuper un peu. Je l'ai entraînée pendant trois heures aujourd'hui au contrôle de sa Faux. »

« - Et ? »

Rei soupira et s'assit, Rogue prit place à ses côtés :

« -Elle avance doucement, mais sûrement. Cependant cela ne suffit pas. Elle fait pourtant de son mieux. »

« -Tu ne peux pas l'utiliser à sa place ? »

« - J'aurais pu si cette brave idiote ne l'avait pas absorbée. Elle en ait dépendante : laissez-la trois jours sans la Faux et elle en mourra. Et quant à me la passer juste avant la bataille, je ne voudrais pas qu'il lui prenne une de ces crises de « Gollumite » aiguë et qu'elle tente de me l'arracher en plein combat. »

« -Et bien entendu il n'y a aucun moyen pour briser l'envoûtement. »

« -Ho si », annonça Rei d'une voix faussement joyeuse. « Rien de plus simple. Il suffit d'évoquer la Tour d'Eternité… »

« -Splendide, grogna Rogue, et comme nous ne savons pas où se situe cette fichue tour… »

« -Pourtant le château n'est pas si grand… » (Oui, Madurei, il est juste immense, arf !)

Joyce était déjà de retour mais n'avait pas osé les déranger. Elle avait entendu les dernières brides de leur conversation.

« -Je savais où elle était… » Murmura-t-elle.

Les adultes la regardèrent avec incrédulité.

« -Jédusor me l'a demandée quand nous étions dans la forêt. Il a essayé de violer mon esprit mais la potion d'oubli a fait barrage. Mais je sais que je le savais. Ecoutez-moi bien… j'ai le sentiment qu'il faudra conduire Harry Potter à cette tour avant le Seigneur des ténèbres… »

« -Ce n'est pas à toi d'établir des plans », répliqua Rogue mécontent de cette dernière phrase. « Pourquoi ne nous as-tu pas prévenu plus tôt ? »

Joyce haussa les épaules :

« -Pour vous dire quoi exactement ? J'ai tout oublié… »

« -Severus », proposa Madurei, « tu ne pourrais pas lui concocter une potion ? »

« -Surtout pas ! » S'écria Joyce, « la potion d'oubli cessera bientôt de faire effet, tout comme le polynectar avancé, imaginez que cela fasse des effets secondaires… »

« -Bientôt, bientôt », râla Rei, « je trouve que ça fait un bon moment que tu me rabâches la même chose. »

« -Tu n'as pas confiance en mes capacités ? » Renchérit Rogue d'un air sévère.

« -Ho si, professeur », répondit Joyce un peu perdue, « mais je… »

Elle n'avait pas envie de retrouver la mémoire. Elle avait peur de ce qu'il lui restait à découvrir. Petit à petit, elle s'était souvenue au cours de l'année qu'elle avait tuée Salana (accidentellement certes, mais c'était tout de même sa faute), de la chanson du rouge-gorge, que Rogue avait été un Mangemort, que son père était un monstre, qu'elle même était la cousine du mage noir le plus puissant de tous les temps : qu'est-ce que sa mémoire pouvait bien encore cacher ?

Sirius revint dans la pièce, maculé de cendres. Il renifla avec mépris en apercevant Rogue :

« - Je mets un couvert de plus où tu vas fuir parce que tes cachots te manquent ? »

« - Il va manger avec nous », assura Joyce, « parce que ça nous fait plaisir et que ça t'enquiquine au plus haut point. »

Puis elle jeta un regard sur Rogue comme pour avoir son approbation.

« -Accepte », lui murmura Rei, « regarde comme ton ancien camarade de classe est vert… »

Rogue éprouvait un certain plaisir à voir Sirius se faire rabattre son clapet par une gamine.

« -Allez viens Siriette », chantonna Joyce avec un accent marseillais, « va nous préparer ta potasse, peuchère ! J'ai ma panse qui me tracasse ! »

« -Si tou me donnes un coup de main, feignasse », répondit-il du tac au tac.

« -Feignasse ! » Retentit une voix en écho dans la cuisine.

Comprenant que Sévy junior risquait de ruiner le dîner, Joyce et Sirius se ruèrent vers les fourneaux.


Le dîner s'annonçait joyeux : Lupin les avait rejoins entre temps. Rogue s'était placé à côté de Rei. Sirius et Lupin était face à eux et Joyce en bout de table. Personne n'esquissa le moindre geste, pareils à des cow-boys préparant un duel, jusqu'à ce que Joyce ouvre la bouche :

« -Vous savez qui c'est qui manque ? » Demanda-t-elle.

Rogue et Sirius la fixèrent avec de gros yeux, Lupin avait une petite mine innocente, Rei affichait un air agacé.

« -Harry Potter », répondit-elle en souriant, « les deux équipes seraient à égalité comme ça. »

« -Qu'est-ce que tu vas nous parler d'équipes, toi ! » Fit Rei en devenant écarlate sous le joug de la colère, « bon : je vais vous servir puisque que personne ne semble vouloir bouger ! »

« -Ne vous énervez pas Madurei », dit Rémus d'un ton apaisant.

« -Votre assiette ! » Répliqua Rei avec une note d'agressivité.

Un petit sourire narquois se profila sur les lèvres de Rogue : Rei lui était d'une grande utilité, elle s'énervait pour deux.

« -Alors », susurra Lupin pour repartir du bon pied, « ça se passe bien… pour vous deux ? »

Rei haussa un sourcil :

« -Quelqu'un n'a pas tenu sa langue. »

Rogue avait déjà fusillé Joyce du regard mais Lupin poursuivit :

« -Non, non, c'est Albus. »

Le professeur de potion écrasa presque sa fourchette de dépit :

« -Et je suppose qu'il le raconte à qui veut bien l'entendre ? »

« -Non », répondit Lupin, « seulement à nous, à l'Ordre, ça restera secret. Ce serait dommage que ton rôle d'espion capote parce que tu sors avec… la cousine de ton patron. Avoue que c'est assez comique. »

« -Ha Ha Ha », firent Rei et Rogue à l'unisson.

Joyce n'avait jamais vu ça sous cet angle, elle avait considérablement pâli et sa cuillère erra à mi-chemin de sa bouche et de son assiette.

« -Ne dis plus de bêtises pareilles, Lupin ! » Gronda Rogue, « tu ne vois pas que tu l'inquiètes ? »

Mais Joyce s'accouda sur la table, l'air grave :

« -Ce n'est pas grave… Heu… » Ajouta-t-elle pour changer de sujet, « je ne savais pas que Dumbledore était au courant. »

« -Il l'a compris de suite, rétorqua Sirius avant de lâcher en ricanant : quel gâchis ! »

Rogue calculait le meilleur endroit possible pour lui mettre un coup de pieds par dessous la table tandis que Madurei s'indignait :

« -Quoi, comment ça quel gâchis ? »

« -Vous avez de drôles de goût, Madurei. C'est dommage, une belle femme comme vous. »

« -Je ne parlerai pas de goût », rétorqua Rogue, « si je vivais dans une telle porcherie ! »

« -Ça doit lui rappelait Azcaban », ajouta sa compagne avec une grimace vénéneuse.

« -Ou sa niche, oua ! oua ! » Fit Joyce.

Sirius digéra ces trois hypercuts.

« -Désolé mon gars », dit Lupin avec un faible sourire en regardant son ami, « mais je n'ai rien en tête pour t'aider. »

« -Depuis quand y a-t-il quelque chose dans ta tête, Lupin ? » S'enquit Rogue avec son ton le plus doucereux, comme s'il parlait à un enfant de six ans.

« -C'est très bas, ça, Snivellus », grogna Sirius.

« -Il faut bien qu'il se mette à votre niveau ! » Cria Joyce avec ardeur, heureuse d'avoir trouvé une, haem, « bonne vanne ».

Rei se servit à boire avec un sourire de triomphe :

« -C'est moi qui lui ai tout appris », dit-elle en désignant sa petite sœur.

« -Je vois qu'elle a de qui tenir », soupira Sirius.

« -J'y ai ajouté ma propre couche personnelle », assura Rogue.

Joyce rougit de plaisir, elle aimait s'imaginer être la fille de Rogue et Madurei, et ceux-ci le savaient très bien. Il faudrait bien un jour qu'elle vole de ses propres ailes mais pour l'heure, elle avait encore besoin de leur soutien.

« -Je vois que vous formez une petite famille bien gentille », renifla Black avec aigreur.

Intérieurement, il ressentait une vive amertume en voyant que Rogue avait trouvé des gens qui pouvaient l'aimer véritablement alors que James était six pieds sous terre. Il se félicitait autrefois en se disant que Rogue ne connaîtrait jamais le lien qui l'unissait à Harry. Mais le regard éperdu d'admiration et de respect de Joyce l'avait détrompé. « S'il y avait bien quelqu'un qui ne méritait pas un tel amour » songea-t-il, « c'était bien lui… »

« -Hé bien, Black », dit narquoisement Rogue, « on ne t'entend plus ? »

« -Tu veux m'entendre, Snivellus ? Tu me cherches ? T'aurais moins de gueule si tu n'avais pas tes deux petites femmes pour t'aider... »

« -Tu as bien attaqué Madurei directement, Black ? Je n'allais pas l'empêcher de se défendre. Et ce n'est pas ma faute si Lupin n'est pas aussi créatif que Néréis en matière d'insulte. »

Sirius se gratta les cheveux avec nonchalance puis fit mine d'avoir eu une illumination :

« -Après tout Madurei, je vous plains. C'est vrai que d'un côté, vous ne pouvez pas juger Rogue correctement, étant donné que vous n'avez aucun modèle de comparaison… »

« -Je vous demande pardon ? » S'enquit Rei en craignant de comprendre.

Le visage de Rogue s'était un peu empourpré. Joyce baissa si bas le front qu'elle faillit passer sous la table. Lupin parut scandalisé par l'audace de son ami.

« -Oui », souffla Sirius en se bidonnant, « je pensais à cette blague sur votre signe astrologique. »

Rappel de la blague du siècle : « Rei est vierge mais ce n'est pas seulement son signe astrologique… »

La tête de Madurei pivota lentement vers sa sœur en révélant une face bleuie par la rage et la honte. Joyce s'agita sur place en tentant de se justifier :

« -C'est pas ma faute ! Peeves a du m'entendre pendant que je la racontais à Caïn ! Je suis désolée ! »

« -Juste pour savoir, continua Sirius, cette blague est-elle toujours d'actualité ? »

« - EST-CE QUE CA TE REGARDE ! » Hurla Rogue en se levant.

Mais Joyce, d'un air convaincu, avait déjà fait un hochement de tête qui signifiait: « Oui, ils n'ont toujours rien fait, j'en suis sûre, ils n'ont pas eu le temps, l'Ordre est une activité trop prenante… ». (Woua ! C'est fou tout ce que Joyce peut sous-entendre par un simple mouvement ! Quelle expressivité ! Du grand art !)

« - Et ces sales individus étalent leur intimité dans la maison de ma maîtresse », râlait l'elfe de maison qui se nommait Kreattur, « surtout la sale vierge bâtarde. Je n'oserais pas ramener ma fraise si j'étais accompagnée d'un traître à la juste cause… »

C'était bien la première fois que Sirius était heureux de voir son elfe.

« - Sirius, dîtes à cette chose de se taire où je l'étripe ! » Gronda Madurei.

« - Allons, ce n'est pas sa faute », mentit-il, « il ne le fait pas expr… »

Pas le temps de finir sa phrase, Rogue avait envoyé l'elfe valdinguer à l'autre bout de la pièce d'un coup de baguette. Sirius décolla de sa chaise en dégainant la sienne. Les sorts fusèrent dans tous les sens, un véritable amalgame de coups et de cris !

Si bien que lorsque la porte s'ouvrit pour laisser entrer Dumbledore et Maugrey, la pièce était presque totalement dévastée : la table était renversée, les lustres brisés, Joyce bloquait Kreattur contre le sol, Rémus retenait Rogue tandis que Madurei immobilisait le bras de Sirius qui tenait la baguette. Sévy junior tournoyait dans tous les sens en lançant des petits éclairs.

« -Albus », marmonna l'Auror, « j'ai une prémonition : je crois qu'on va perdre la guerre. »

« -Si nous commençons par nous entre-tuer, il y a des chances. »

Rémus, Rogue, Sirius et Madurei s'époussetèrent en reprenant un air de dignité.

« -Tout va bien », expliqua Rogue, « c'était une simple mise au point. »

« -Joyce, lâche Kreattur », lança Sirius, « s'il meurt, qui fera le ménage ? »

« -Le ménage n'est jamais fait ici », râla Rei.

« -Vous n'avez qu'à le faire ! »

« -Je ne suis pas votre esclave, Black ! »

« -Les corvées ça vous connaît pourtant : supporter Snivellus… »

Dumbledore haussa ses mains comme s'il imposait le silence à des gamins.

« -Si vous êtes calmés », soupira-t-il, « je dois vous entretenir de choses urgentes… Miss Happer, vous voulez bien sortir ? »

« -Pourquoi ? Je fais partie de l'Ordre, non ? Je suis une quinquagénaire qui en veut ! »

Mais Rogue lui fit signe de monter, elle fit une grimace déprimée et obtempéra.


Lancement de l'opération "Kikoo" (je suis très curieuse lol, j'aimerais bien savoir si j'ai des lecteurs cachés) : vous lisez cette fic mais n'osez pas rewiewé parce que vous n'avez rien de particulier à dire, lol, détrompez-vous ! Lancez-moi un Kikooo ! Big kissssss à tous ! J'vous aime ! (j'suis en trop plein d'Amûr ce soir, lol)