Kiko ! Chapitre 26 en ligne
J'ai fini d'élaborer les grandes étapes de la suite… (Le prologue est prêt d'ailleurs, je le publierai en même temps que l'épilogue de celle-ci je pense) Mais il faudra patienter avant que je puisse rédiger la suite : j'ai beaucoup de projets d'écritures en cours…
Pour la question que j'ai posé à la fin du dernier chapitre, je connais à peu près la réponse mais en fait elle est à plusieurs couche et degré (lol, je ne sais pas si je me fais bien comprendre…) Mais le sentiment qui était le plus fort au moment au j'ai écris, c'était : « Anaïmon, pardonne-moi, je vais donner à Caïn ce que tu aurais du recevoir si je ne m'étais référée à mon cœur plutôt qu'à ma raison… » Sans compter un sentiment de gêne qui poursuit Joyce car elle éprouve pour Caïn ce qu'elle aurait du éprouver pour Anaïmon et vice-versa… L'une des raisons de la haine de Néréis pour l'Ecarlate c'est qu'elle sentait que leurs rapports ne seraient pas « conformes »…
Ryannon : Je n'invente rien sur le tas, je revendique ma francophonie Anaïmon est son nom traduit dans la langue Ksri, les Ksris la connaissent aussi sur ce nom. Je ne l'ai utilisé qu'ensuite pour éviter de compliquer les choses auparavant. « Pour qui sont ces serpents » A qui ça s'adresse ? Dans la pièce de Racine, aux Erinyes. Suiffer, avec ses superbes cheveux, ça le fait « ils vont reviser les cours d astrologies de rei » j'adore cette phrase… Résurgence : c'est tout con, c'est une potion pour que se souvenir. Empiriste moi ? a fond ! Caïn ne déballe pas tout ça à Joyce parce qu'elle l'a abandonné à un moment, mais parce que c'est vrai… Et il l'aime justement parce que c'est un monstre. Moi je les aime bien les fatalités oppressantes, bwahahahahahahahaha ! Ne t'en fais pas, au pire des cas, on verra bien comment les choses tournent dans la suite…
Severia Dousbrune : Jack Pot ! Bravoooooo ! Kissss, et vive tous les Heathcliff et autre !
Mamie-Boubou : Ne t'en fais pas ! Rogue revient, ce chapitre lui est dédié Kissss
Angie Black : Peuchère Vive le midi : son soleil, ses senteurs, ses légendes… C'est justement parce qu'elle parle à Caïn qu'elle dit ça mais je l'ai expliqué tout haut. J'adore quand tu fais des bilans de la situation, tu es toujours dans le vrai. Big kisssss
Griselle : Bienvenue chez les Serpentards, tordu parmi les tordus Merci pour tes compliments ! Gros bissssoussss toute contente
26/ La contrée des Ténèbres.
« La tour d'éternité est un lieu au-delà de toutes les espérances… Elle abolit le destin. Tout ploiera devant elle : même cette étrange prophétie qui unit Lord Voldemort à Harry Potter, même ce destin commun à tous les hommes qu'est la mort. Celui qui pénètrera dans la tour obtiendra TOUT ! » Palabres Ksris.
Il était… fascinant.
Le vent se dilatait en gigantesques rafales sur le territoire maudit, soulevant roches et poussières dans des tourbillons versatiles. Ils marchaient le long d'une falaise, utilisant un sort d'adhérence pour ne pas être soufflés, et un charme caméléon pour être fondus dans le décor. Madurei marchait en retrait de Rogue, observant sa cape qui flottait derrière lui, lui donnant l'air surnaturel d'un dieu mythique et puissant. Il était fascinant… Elle le connaissait depuis si longtemps mais jamais elle ne se lassait de le regarder et de contempler… son âme. Chaque jour, elle en apprenait davantage, surtout depuis qu'il avait enfin accepté de l'aimer.
Les bourrasques devenaient de plus en plus violentes, Rogue se retourna et tendit la main vers Madurei. Il la tira vers lui, lui passa un bras autour de ses épaules et continua à avancer. Sa main s 'était doucement refermée sur elle : comme il aimait la sentir auprès de lui : elle, sa force, sa nouvelle foi. Elle fut d'abord l'insupportable Madurei, cette femme hautaine et mal lunée qui ne mâchait ni ses mots, ni ses pensées. Et puis il l'avait découverte sans ce masque d'orgueil. Il lui jeta un coup d'œil : sa tenue de cuir battait sous le vent, son visage était grave et se rapprochait du trait de ces magnifiques gravures gothiques que l'on trouve encore dans quelques lieux isolés.
Ils étaient « ensembles » à présent, bien qu'ils n'aient pas encore eu le temps de profiter de cette nouvelle intimité qui s'était installée entre eux.
« - Hum, je pensais à une chose », murmura Rogue tandis que le vent noyait sa voix.
Rei qui avait quand même entendu lui demanda de préciser ses dires.
« -Ton père a bien voulu laisser Néréis mourir dans la tour d'Ivoire, non ? »
« -Comment ? Je savais seulement qu'il l'y avait emprisonnée... »
« -Non, Rei, ce n'était pas tout : il voulait qu'elle y meure de faim. »
Il y eut un court silence, il étreignit sa main.
« -Mais… Soupira-t-elle, « et la clé ? »
« -Je crois », annonça Rogue, « que la tour d'Ivoire est l'avant poste de la tour d'Eternité… Quand Néréis aura retrouvé la mémoire, elle nous renseignera là-dessus. En tout cas, je suis sur de moi : si elle pouvait mourir dans cette tour sans que la clé ne disparaisse, c'est qu'elle cache un secret… »
« -C'est sans doute dans cette tour que la Clé se trouvait avant que mon père ne la place en mes sœurs… »
« -Mais pourquoi la sortir de cette tour alors pour la placer dans des enfants dont il souhaitait la mort ? Tu crois vraiment que la Clé se serait détruite toute seule à force de ne pas être dans un corps vivant ? »
« -S'il avait tué Néréis avec la Faux », supposa Rei, « il aurait procédé dans la Tour d'Ivoire… Mais quant aux raisons qui l'ont poussé à enlever la Clé de cet endroit à la base… »
« -Mm… Si la tour d'Ivoire sert d'avant poste, peut-être qu'y laisser la clé trop longtemps aurait pu être dangereux : ça aurait pu réveiller la tour d'Eternité sans que tout ne soit prêt… »
« -Oui… Et stimuler inutilement les fondations du château… J'opte pour cette dernière hypothèse. »
« -En tout cas », ricana-t-il, « s'il ne l'a pas placée en toi, c'est qu'il craignait de ne pas pourvoir te traîner jusqu'à la tour pour t'y tuer, tu l'aurais égorgé bien avant ! »
Madurei acquiesça sombrement :
« - A dire vrai, il y a bien eu une époque où c'était Salana et moi qui la portions, mais il nous l'a rapidement retirée… Je lui ai toujours fait peur… »
Sir Frédéric n'avait pas été fou sur ce point-là : il avait rapidement vu que ses filles aînées s'avéraient plus douées qu'il ne l'aurait cru. Ainsi, à la naissance des deux suivantes, il avait fait en sorte qu'Anaïmon ne soit jamais capable de contrôler complètement sa partie de la Clé, du fait de sa folie, et pour Néréis, en nourrissant son sentiment de culpabilité après la mort de Salana, il avait crée en l'enfant une violente dualité qui conduisait les Servantes à s'en prendre à la maîtresse de leur Clé.
Une pièce noire à présent. Madurei s'avança calmement au milieu. Rogue, métamorphosé en chauve-souris, s'était dissimulé dans sa chevelure longeant le long de son dos. Dumbledore n'aurait jamais laissé Madurei partir seule pour convaincre les Ksris de la suivre. Et l'affaire s'avérait plus difficile que prévu…
Une torche s'enflamma brusquement et Rei put enfin apercevoir ses interlocuteurs : des hommes, vieux et fatigués pour la plus-part. Un sentiment d'exaspération noyait leurs pupilles, ils considéraient leur invitée avec un sérieux dramatique. L'un d'eux, le plus jeune, prit la parole :
« - Enfin, la grande Madurei en personne daigne enfin venir voir la peuplade de Ruax-Polis ! J'espère que vous nous excuserez de vous avoir trimballée jusque dans les sous-sols de notre infâme cité ! »
Madurei fronça les sourcils au souvenir des nombreux souterrains et dédales qu'on lui avait faits traverser. Mais la pensée que Rogue, grâce à son sonar, parviendrait à retrouver la sortie en cas de problème lui arracha un sourire : les idiots !
« -Je ne m'attendais pas à un meilleur accueil », avoua-t-elle, « mais dois-je vous rappeler que moi au moins j'ai osé me révolter contre mon père et que j'en ai payé le prix fort ? Vous n'êtes que des lâches, tous autant que vous êtes ! Je suis là pour vous donner une chance de vous rattraper ! »
« -Quel culot ! Vous pensez pouvoir nous faire la morale ! Vous n'êtes pas en position de force, lady Madurei ! Vous portez sur vous la trace de cette abominable famille ! »
« -Je n'ai pas choisi la teneur de mon sang. »
« -Cette excuse est trop facile ! Votre père, ce saint homme, s'est suicidé ? Sur qui allons-nous passer notre courroux ! »
« -Sur Tom Jédusor, alias le Seigneur des Ténèbres… » répliqua-t-elle dans un sourire diabolique.
Tous déglutirent. L'homme qui avait parlé jusqu'à présent afficha un air d'incrédulité :
« -Ne me prenez pas aux mots, femme perfide ! Vous voulez nous utiliser comme de la chair à canon ! »
« -Hum… Vous avez des références moldues, je vois… Savez-vous ce que Voldemort comptent faire d'eux ? »
« -Qu'importe, cela ne nous regarde pas ! Vous parlez à des mages noirs ! »
« - Des mages noirs qui passent leur temps à pleurer les massacres passés… Ma famille a été l'auteur de crimes abominables, et cela va se reproduire. A cause de la condescendance de mon père envers Jédusor, vous avez été épargnés lors de la dernière guerre : ce ne sera pas le cas cette fois. »
« -Et que vous voulez-vous donc ? Que nous vous aidions dans votre combat ? Qu'aurons-nous en échange ? »
« -Vous avez tout à gagner en nous suivant : la liberté et l'anéantissement de la famille Serpentard. »
« -Vous accepteriez de vous suicider ou de vous ligaturer les trompes, lady Madurei ? »
Rei plissa deux yeux haineux :
« -Très amusant », souffla-t-elle. « Quel est ton nom, jeune impudent ? »
L'homme tiqua : il paraissait pourtant plus vieux qu'elle, mais il savait qu'elle était demi-femme, une demi-néréide, une bâtarde en fait.
« -Je suis Laos », répondit-il en gonflant sa poitrine.
« -Très bien Laos… Je crois savoir que vous êtes un petit groupe de résistants tentant de survivre dans cette infâme cité, croyez-vous vraiment pouvoir y parvenir tout seuls ? Les Mangemorts sont des mages noirs autrement plus qualifiés que vous. »
« -Nous en connaissons autant qu'eux en matière de Magies Interdites, si ce n'est plus ! »
« -Mais vous êtes des gens lasses sans désir de tuer, cela fera toute la différence. »
« -Il n'est pas trop tard : nous pouvons toujours rejoindre le Seigneur des Ténèbres. »
« -Vous ne l'avez pas rejoint hier, pourquoi le feriez-vous aujourd'hui ? »
Laos soupira :
« -Nous n'aurions jamais du répondre à cette missive de Dumbledore, vous allez encore nous harceler pendant longtemps comme ça ? Le débat est clos, Lady Madurei, vous ne pourrez pas nous compter dans vos rangs. »
Mais Rei n'esquissa même pas l'ombre d'un mouvement, afin de bien signifier qu'elle n'avait pas l'intention de partir sans une réponse positive.
« -Allez donc rendre visite à quelqu'un d'autre ! » S'impatienta Laos.
« -Vous êtes les seuls à avoir répondu à l'appel de Dumbledore », répondit Madurei à mi-voix. « Vous êtes notre seul espoir. Nous comptons sur vous pour rassembler d'autres Ksris ! »
« -Nous ne pouvons pas », s'écria Laos. « Enfin, Lady Madurei, vous êtes des nôtres, pas vrai ? Vous savez très bien qu'une fois cette guerre finie, ce foutu Ministère de la Magie nous lâchera comme des chiens ! »
« -Vous êtes les seuls qui puissez nous aider », dit à nouveau Madurei avec calme.
Elle n'était ni suppliante, ni en position de faiblesse. Elle leur disait cela à la manière d'un simple constat, et attendait leur accord comme s'il s'agissait d'une formalité somme toute banale. Laos commença à bouillonner de rage devant le mépris qu'affichait la lady devant ses positions.
« -Nous sommes les seuls ? Hein ? » Râla-t-il, « mais cela n'incombe qu'à votre sœur : Lady Joyce, ou encore Anaïmon, la brillante Ecarlate ! La nouvelle protégée du Seigneur des ténèbres ! Nous sommes les seuls, oui, nous sommes les seuls à avoir échappé à son pouvoir ! Chaque jour, elle accroît ses dons pour prendre possession de la population. Nous sommes encore en sécurité à Ruax-polis, mais pour combien de temps ? Ceux qu'il n'a pas réussi à convaincre par les menaces ou par son ambition, le Seigneur des Ténèbres les aura par l'Impérium ! »
Madurei acquiesça ; c'était la raison pour laquelle, outre le danger, elle n'était pas partie seule en mission : en duo, ils pouvaient essayer de résister ensembles à la formidable pression que pouvait exercer Anaïmon au meilleur de sa forme.
« -C'est pourquoi », annonça Laos d'un ton sévère, « plutôt que de ramper comme des chiens devant le Ministère de la Magie, nous allons rejoindre ce Lord ténébreux. Cela vaudra mieux pour nous tous. »
Ses camarades d'infortune approuvèrent d'un signe de tête défaitiste.
« -Vous pensez sans doute », répliqua Madurei, « que Jédusor nous traitera mieux, vous… »
« - Que savez-vous ce la façon dont se conduit le Seigneur des Ténèbres avec ses serviteurs, Lady Madurei ? l'Ecarlate n'a pas l'air de s'en plaindre… »
A ce moment-là, Rei sentit Rogue s'agiter sur sa nuque. Comprenant ce qu'il s'apprêtait à faire, elle prit les devants :
« -Permettez-moi alors de vous présenter quelqu'un, n'ayez crainte, il n'y a aucun piège. »
La chauve-souris virevolta au milieu de la pièce avant de reprendre forme humaine.
« -Un Animagus ? » Gronda Laos, « je croyais que vous l'aviez fouillée ! » Ajouta-t-il en s'adressant à ses hommes.
« -Du calme », énonça Rogue, « je ne suis qu'un modeste conseiller. »
Laos cracha sur le sol en signe d'agacement. « Dire que je l'ai eu fait » songea Rogue avec dégoût.
« -Vous ne nous faites pas confiance, Lady ? » demanda Laos ivre de colère, « nous vous jurons sur l'honneur de ne pas vous faire de mal mais cela n'a pas l'air de suffire à quelqu'un de votre rang ! »
« -Ne prétendiez-vous pas être des mages noirs ? » S'enquit Rogue, « nous prenions de simples précautions. »
« -La vie est trop précieuse pour Dumbledore », renchérit Rei, « tous nos membres sont accompagnés lors des missions périlleuses. Ne prenez pas cela comme une insulte, Laos… »
« -… Mais comme une marque de confiance », continua Rogue, « je me suis dévoilé à vous alors que j'étais censé rester caché. »
« -Ho merci, Sir ! » Dit Laos avec rancune, « je suppose que je dois en être honoré ! »
« -Pas un homme aussi fier que vous », ricana Rogue.
Rogue fit quelques pas vers lui. Laos tenta de lui faire face mais le maître des potions lui adressa un regard si noir qu'il en tomba à la renverse. Abattu sur sa chaise, Laos leva les yeux avec une détestable sensation d'infériorité. Rogue posa un pied sur sa chaise pour prendre appui, et se pencha vers lui, comme pour mieux accentuer leur différence. Derrière, Madurei souriait avec fierté en le contemplant faire son petit manège.
« -Qui êtes-vous ? » Souffla Laos, inquiet, « vous ressemblez… Vous avez l'air, le maintien d'un… Le regard cruel d'un… »
« -D'un Mangemort ? Vous n'avez pas tort. »
Sursaut dans la salle : certains sortirent leurs baguettes. Un sourire plus machiavélique encore se forma sur les lèvres de Rogue : il n'avait même pas eu besoin de montrer la Marque des Ténèbres… Il poursuivit :
« -Je vais vous raconter, peuple fier et intrépide, ce qui vous attend avec le Seigneur des Ténèbres. Qu'espérez-vous donc ? Les honneurs ? La grandeur, la puissance ? Le Maître est trop égoïste pour cela, voyons. Le sort qu'il vous réservera est encore plus déplorable que ce que vous aurez à supporter à cause des balourdises du Ministère de la Magie… «
Rogue se redressa, balayant sa cape en arrière :
« -Vous voulez la lumière : vous devrez marcher dans son ombre. Vous voulez la dignité : vous embrasserez la poussière à ses pieds. Vous voulez la grandeur : son regard vous écrasera toujours. Un mot, une réclamation : c'est la torture. Pas la mort, ce serait trop doux… »
Plus que les paroles de Rogue, ses yeux noirs s'imposèrent à l'assistance. Les Ksris le regardèrent, bouche bée. Laos serra les accoudoirs de ses mains tremblantes avant de lâcher :
« -Laissez-nous une nuit pour y réfléchir… »
Rogue et Madurei furent reconduits à l'extérieur. Leur escorte les mena jusqu'à une auberge désaffectée. Une femme d'une quarantaine d'années les accueillit et les enferma dans une chambre au premier étage.
« -Laos exige que vous dormiez ici, il viendra vous chercher demain. Si vous en profitez pour fuir, le marché est caduc. »
Et la bonne femme claqua la porte.
« -Quel marché ? » S'enquit Rogue. « Charmants tes amis, Rei. »
« -Nous avons une hospitalité, certes, rudimentaire… »
Puis elle soupira avec déception :
« -Bien entendu, on se ramasse les Ksris les plus patauds et les plus couards… Il fallait s'y attendre. Les vrais mages, les durs, les plus braves, mais cruels, ont déjà rejoins Jédusor depuis longtemps… »
Rei s'approcha de lui et lui prit son visage entre ses mains :
« -Pourquoi t'es-tu montré ? C'était trop dangereux ! S'ils te dénoncent… »
« -Ils ne savent pas qui je suis exactement, et puis quand bien même ils iraient me décrire auprès des autres Mangemorts, le risque vaut bien la chandelle : si nous pouvons faire une base pour l'Ordre du Phénix en plein territoire ennemi, cela arrangerait bien nos affaires. »
Et sans attendre davantage, il l'embrassa avec fougue. Rei s'abandonna quelques secondes, puis, rouvrant momentanément les yeux, elle s'aperçut qu'il n'y avait qu'un lit pour deux. Elle le repoussa doucement :
« -Dormons maintenant, demain sera une longue journée. »
Rogue la regarda avec un sourcil levé, avant de lui tourner le dos, peut-être vexé.
Cela faisait près de trois quarts d'heure qu'ils étaient couchés, dos à dos, et il ne trouvait toujours pas le sommeil. Elle n'était même pas à un mètre de lui, reposant tranquillement dans sa chemise de soie. Il imaginait ses cheveux qui devaient descendre dans son dos en s'éparpillant voluptueusement sur le matelas, ses épaules seulement recouvertes d'une ficelle blanche et enfin, les courbes de son corps qui remplissait les draps. Et une voix rugueuse et terriblement haïe résonna dans sa tête, une voix qui ressemblait à celle d'un mini Sirius : « Bwahahahahahaha ! C'est à peine pensable ! Vous avez passé une nuit entière côte à côte sans rien faire ? Mais t'es un vrai looser ! Je savais bien qu'elle ne voulait pas tant de toi ! A quand le prochain tollé, pov' tache ! Même pas capable de faire envie à ta meuf ! » Et Rogue serra les dents : « Mais c'est elle qui… » Et finalement :
« -Rei », souffla-t-il, « tu dors ? »
Une seconde de silence s'ensuivit, elle lui parut une éternité.
« -Non », répondit-elle.
Elle ne parvenait pas à s'endormir non plus. Mais elle avait hésité à répondre : elle avait un sentiment de gêne légitime après l'avoir si gentiment « repoussé » et elle aurait préféré feindre un chaste sommeil, mais en même temps elle voulait privilégier son honnêteté et surtout cette envie qui brûlait sous sa chair. Elle sentit le lit bouger : Rogue s'était retourné. Elle en fit de même, une petite distance les séparait encore. « Bien joué Madurei » se dit-elle, « avec ta superbe façon de te dérober, il ne risque pas de bouger plus… » Et une petite voix s'éleva dans sa tête : une voix fluette et criarde, comme celle d'une mini Joyce : « Ben alors, madame l'Orgueilleuse ? Une auberge Ksri miteuse, ce n'est pas assez bien pour ta première fois ? Tu t'attendais à quoi juste ? A un lac cristallin, sous une claire cascade ? A un hôtel quatre étoiles à la couche parfaite ? Nan, mais j'y crois pas, quelle bouffonne ! La prochaine occasion ne se présentera pas avant longtemps… Qui sait ? Dans une semaine, nous serons tous morts ! »
Dans l'esprit de Rei, la question était déjà réglée.
Rogue la contemplait en silence, elle sentit son regard descendre vers sa poitrine que le drap découvrait à moitié, laissant voir son décolleté.
« -ça ne te dérange pas si je viens contre toi ? » s'enquit Madurei d'un ton anodin.
« -Heu… Non, bien sur », répondit Rogue sorti de sa contemplation.
Elle se blottit alors doucement contre lui, il l'enlaça avec la même tendresse. Mais à présent, c'était bien pire pour lui : il sentait sa poitrine pressée contre son buste, ses fines jambes emmêlées dans les siennes, sa tête posée dans son cou avec sa chaude respiration qui humectait sa peau. Il déposa quelques baisers dans sa chevelure parfumée. Rei releva la tête : ils s'embrassèrent, doucement au début puis avec une intensité croissante. Il se plaça progressivement sur elle, ses mains s'hasardèrent dans son dos, puis descendirent le long de ses jambes. Madurei, les yeux clos et les joues brûlantes, se surprit à aimer cette langueur latente. L'étreinte de Rogue devenait de plus en plus pressante, il avait déjà commencé à déboutonner sa nuisette : ses mains, comme un souffle chaud, s'engouffrèrent sous la frêle étoffe. Il l'embrassa longuement dans le cou, goûtant à la peau suave, descendit vers la gorge et se perdit sur sa poitrine… Rei soupirait lentement, il revint vers son visage, fit un arrêt le temps qu'elle lui ôte sa chemise et la contempla. Il faisait noir mais la pleine lune diffusait une lumière tamisée à travers les volets.
Mais… Un simple rayon de lune suffit à le faire hésiter : soudainement, au cœur des ténèbres de la chambre, il avait pu remarquer, sous la blanche lumière, la Marque des Ténèbres qui assombrissaient sinistrement son bras... Voir cette tâche hideuse, à cet instant précis ! Alors qu'il s'apprêtait à s'unir avec la femme qu'il aimait ! C'était comme si cette chose buvait sa confiance à travers sa peau, pompant directement dans son sang. Rei se redressa légèrement vers lui, ses cheveux défaits se répandaient sur ses seins comme un voile de soie noire… Elle apposa une main légère sur la Marque, Rogue tressaillit. Les doigts de Madurei se refermèrent dessus, comme s'ils cherchaient à la conjurer par ce contact léger. Elle scrutait ses yeux noirs, captivée par son regard et tout doucement, elle rapprocha ses lèvres des siennes. Et ils s'embrassèrent à nouveau, appréciant cette chaleur qu'ils partageaient. Le visage enfoui dans sa chevelure, Rogue lui murmura à l'oreille :
« -Ce sera bien la première fois pour toi ? »
Le teint de Rei prit une coloration rose pâle, elle lui souffla à son tour dans l'oreille comme pour le chatouiller :
« -Te sentais-tu obligé de le rappeler ? »
Et pendant qu'elle faisait mine de bouder, elle l'entendit gentiment ricaner. Il déposa un baiser sur ses lèvres, auquel elle répondit passionnément, le cœur à l'abandon.
« -J'aime te taquiner », chuchota-t-il d'une voix caressante, « tu es tellement belle quand tu t'énerves… »
« -C'est dommage », fit-elle avec le même ton cajoleur, « je n'ai pas envie de m'énerver ce soir… »
Il sourit, releva brièvement la tête pour la regarder une dernière fois dans les yeux, puis replongea sur elle pour ne plus la lâcher…
Ce fut la nuit de tous les mystères pour Rei : la nuit où elle n'avait été maîtresse de rien, où elle avait découvert qu'il fallait être deux pour créer un monde, pour exister : elle avait découvert le vrai sens du mot « complémentarité ». Rogue avait certes, de son côté, déjà connu quelques femmes, mais il n'avait jamais ressenti cela.
Cependant, il avait déjà compris depuis plus longtemps que Madurei, peut-être grâce à son expérience passée, il avait compris depuis la première fois où ils s'étaient embrassés. Cela l'avait alors aussi effrayé que révolté : jamais plus il ne pourrait regarder une autre femme, jamais plus il n'aimerait…. Elle l'avait emprisonnée, mais il en avait fait de même : l'amour est une prison dont chacun ne possède que la moitié de la clé.
Leurs doigts s'entremêlèrent avec violence. Pour elle : la douleur, puis la volupté. Pour lui : le trouble, et puis l'émerveillement… Si cela n'avait tenu qu'à eux, ils seraient restés ainsi pour l'éternité, mais la nuit s'avança et les ensevelit tous deux. Et ainsi quand l'aurore vint colorer le ciel d'une poussière rose, ils s'étaient enfin endormis, dans les bras l'un de l'autre.
Rogue s'était réveillé le premier, il embrassa doucement son amante comme pour la ramener à la vie après un rêve merveilleux. Suite à de longues minutes de contemplations où il avait réapprit par cœur les moindres détails de son corps, il finit par la réveiller avec délicatesse : Laos ne tarderait pas à venir les chercher. Elle lui sourit avec une tendresse infinie : c'était un sourire qu'il lui connaissait peu et dont il la savait seulement capable avec sa sœur. A présent ils étaient ensembles, pour de bon. Une même famille.
Laos vint en effet, et il les reconduisit dans de nouveaux tunnels. Mais cette fois-ci, le couple arriva dans une pièce aux teintures écarlates, avec une immense statue de Bélier au centre : un autel satanique ! La rougeur des lieux s'expliquait par le sang offert au Dieu démoniaque après les sacrifices… Rei, qui avait un odorat plutôt développé, fit la grimace : des humains avaient été immolés dans cette pièce…
Laos se planta devant eux, le regard brillant :
« -Nous acceptons votre offre », murmura-t-il, « si vous voulez bien procéder au sacrifice rituel pour sceller notre union. »
Petit regard légèrement soucieux entre Rogue et Madurei, puis ce fut le soulagement : une brebis bêlante et paniquée fut poussée de force dans la pièce.
« -Tu veux t'en charger ? Ou je le fais ? » demanda Madurei.
C'était un grand honneur que leur faisait Laos, semblant de rien, ils ne pouvaient pas refuser. Rogue observa la brebis : elle avait des taches noires autour des yeux qui lui faisaient comme des lunettes. Avec un peu d'imagination, Rogue trouva une coloration verte à son regard, et même une petite marque sur son front.
« -Je m'en charge », dit-il avec un sourire carnassier.
Y a des choses qui ne changent pas, hein Potter ? Nyarf Nyarf
