Disclaimer : Je me base sur le monde Rowling…

Chapitre 27… Le compte à rebours commence, on approche de la fin à grand pas… A partir du chapitre 28, d'un point de vue chronologique, il va se dérouler 3 jours jusqu'à la fin de l'histoire…

A propos de chronologie, j'avais établi un calendrier de toutes les sections mais je l'ai perdu… Haem, le voici donc de mémoire, il se peut que je me trompe :

Section I : elle se déroule après Hallowen, jusqu'au moi de janvier.
Section II : mois de février jusqu'au mois de Mars.
Section III : Elle reprend fin Mars et se déroule sur 2/3 semaines.
Section IV : Se déroule sur le mois de mai… (C'est le chapitre la Brillante Ecarlate qui est le plus long chronologiquement, les autres se déroulent sur même pas quelques jours…)
Section V : On reprend fin mai, voire début juin, jusqu'en fin juillet.

Reviews :

Namyothis : J'adore Hinoto ! Kyaaa… Merci beaucoup Kissss

Ryannon : Quand je te parlais de ménage, j'imaginais qu'on se servirait des cheveux de Néréis pour nettoyer le sol… De gré ou de force, lol. C'est clair que je me suis lâchée au niveau de la subjectivité : Maître Rogue ! C'est pas souvent que j'ose le comparer à un Dieu dans ma fic … Sincèrement, Salana est un personnage assez inintéressant pour moi, elle n'a d'importance que morte… Le coup du crachat : tu ne te souviens pas que Rowling montre que Rogue le fait quand il est en colère ? lol « l'amour est une prison dont chacun ne possède que la moitié de la clé. » Oui, c'est bien de moi, à moins qu'une de mes lectures me soit remontée inconsciemment… J'espère pas ! Moi vilaine ? Bwéhéhéhéhéhéhéhéhéhé….. Kisssss

Severia Dousbrune : Kikoooo ! Lol, explique-moi le coup : le coup de la brebis, ça t'a rappelé un livre ? bisousss

Lilie Snake : C'est clair, moi aussi je voudrais être à sa place ! Arf arf lol… Kisssss

Angie Black : Kikooo ! Moi aussi j'avais peur de décevoir, c'est pas évident de genre de scène… Kisss

Triam : la suite ? Maintenant Il faut dire que j'avais déjà fini de rédiger les quatre premières sections avant de publier (lol, le secret de mes upload réguliers…) Je préfère avoir une bonne longueur d'avance sur la rédaction… Bonne lecture, bisoussss

Griselle : Je suis une prêtresse Severusienne et je me dois de le faire aimer et de le faire connaître par delà les monts et les vaux, lool Kisss


Chapitre 27 : Le chant des condamnés.

Et les combats fusèrent en même temps que le sang qu'ils versaient. Joyce n'avait pas eu l'occasion de revoir ni Rogue, ni Madurei.

« -On revient dans une semaine ! Tu parles ! » avait râlé l'adolescente.

Sa grande sœur était restée auprès de Laos, pour conduire les troupes, et Rogue avait du retourner à Poudlard pour effectuer la « mission d'espionnage » que lui avait confiée Lord Voldemort. La situation s'était sensiblement dégradée : on avait découvert qu'il existait des traîtres au sein du Ministère, les moyens de transport étaient étroitement surveillés et les Mangemorts avaient prise dessus. On ne voyageait plus qu'en cas d'extrême urgence. C'est ainsi que Joyce, Caïn, Harry, Hermione, Ginny et Ron se retrouvèrent coupés du monde au square Grimmaurd. Sirius, qui leurs avait tenu compagnie au tout début, fut finalement réquisitionné pour se battre. Mrs Weasley le remplaçait donc en qualité de nourrice, secondée par l'elfe Dobby.

Joyce n'avait donc pas eu l'occasion de revoir Rogue… Il ne savait pas que Caïn avait brisé sa potion, mais elle n'avait pas le courage de le lui dire par hibou.

« -D'ailleurs, on n'a plus le droit d'envoyer des missives à cause des espions qui sont postés partout, dit-elle, je n'ai donc rien à me reprocher… Non ? »

Mais elle se mordit les lèvres : Rogue devait trouver étrange qu'elle ne lui fasse aucun signe pour lui raconter tout ce qu'elle savait de la tour d'Eternité.


Ainsi le temps fila. Chaque jour, les six adolescents prenaient hâtivement le journal pour lire les dernières nouvelles : « attentats meurtriers à New York, les moldus se doutent de quelques choses, Le Ministère en déroute… » Les massacres se suivaient avec une cadence des plus alarmantes… Joyce guettait avec angoisse des nouvelles du nord mais les adultes ne lui soufflaient mots. Des carnages sans précédent avaient lieu, ils rivalisaient d'horreur à cause de leur caractère inquiétant : parfois, des membres même de l'Ordre s'entretuaient. Joyce savait qu'Anaïmon et son Impérium n'y étaient pas étrangers. En fait, tous le savaient… Et déjà il lui semblait que l'échafaud était prêt à recevoir l'Ecarlate, nombreux étaient ceux qui souhaitaient la mort d'une Mangemort aussi… productive…

On approchait à présent de la fin du mois de Juillet, c'était bientôt l'anniversaire de Harry, mais aucun des adolescents n'aurait le cœur de le fêter. Ils sentaient tous que quelque chose d'important allait se produire : ils recevaient de moins en moins de visites de la part de Lupin, de Sirius et des autres imminents membres de l'Ordre. Même Mr Weasley, depuis qu'il était passé pour leurs laisser sa camionnette volante dans le garage (non, non, pas la voiture, il a une camionnette maintenant), n'était pas revenu. Sans doute allaient-ils lancer leur attaque la plus importante.


Effectivement, le camp adverse se préparait déjà… Le château de Sir Frédéric, depuis que Lord Voldemort y siégeait, était devenu encore plus lugubre, ce qui n'était pas peu dire. Anaïmon avait décoré l'endroit au goût de son nouveau maître. La Grande salle, déjà recouverte d'un marbre noir à l'origine, était plus sombre que jamais. Les murs avaient comme fondus, dévoilant des fresques apocalyptiques et le dallage était devenu irrégulier, fracassé comme un puzzle diabolique.

Lord Voldemort était confortablement installé sur son trône de pierre, il ne sentait même pas la froideur de la roche, c'est tout juste si son corps glacial ne gelait pas lui-même le roc. A ses pieds reposait Anaïmon, à genoux.

Les Mangemorts (seule une minorité était présente) étaient disposés face à lui de façon circulaire, au milieu d'eux Bellatrix présentait leur rapport :

« -Nous avons pu remarquer des remous un peu plus au sud : Madurei et l'Ordre, aidé par des Ksris rebelles s'apprêtent à livrer une attaque. »

« -Nous les accueillerons avec joie. » Répondit son maître. « Massacrez-les tous sans exception. »

Voldemort souriait avec une effroyable cruauté, les Mangemorts ricanèrent : ils étaient surs de leur position et de leur force, les efforts ridicules de l'Ordre ne pourraient rien contre eux.

« -Non… »

Les ricanements cessèrent… Voldemort posa les yeux sur sa cousine :

« -Qu'as-tu dit, Anaïmon ? » demanda-t-il d'un ton froid et dangereux.

« -Ce serait trop bête de ne pas en profiter », répondit-elle avec un air de béatitude.

Les Mangemorts se regardèrent avec étonnement : mais que racontait donc cette imbécile ? Mais Voldemort parut soudainement intéressé :

« -Parle donc, ma chère, relève-toi, expose ta pensée, puisque tu sembles en avoir une. »

« Une fois n'est pas coutume » Songea Bellatrix avec jalousie.

Anaïmon se releva et recula en joignant ses mains :

« -Ho mon roi ! » Clama-t-elle.

Ce mot dans sa bouche résonnait avec fierté et respect.

« -Parle donc princesse », dit Jédusor.

Quelques Mangemorts déglutirent : le rapport entre leur maître et l'Ecarlate était ambigu et reposait sur une base si fragile qu'il pouvait voler en éclat aux moindres battements de cœur de travers. Un jour, Anaïmon franchirait la limite à ne pas franchir et ce jour-là… Ha ! Ils préféraient ne pas y penser !

« -Maître », reprit Anaïmon, « depuis que Madurei est parvenue à joindre un groupe de Ksris, ils se précipitent tous à sa suite : elle a ouvert la voie à la révolte et une bonne partie du peuple a fini par accorder sa confiance à Dumbledore. Je ne pourrai pas tenir les Ksris revêches indéfiniment sous l'Imperium… Et si nous ne pouvons pas les contrôler, nous pourrons au moins nous arranger pour qu'ils tournent le dos à Dumbledore et au Ministère de la magie. »

Elle s'anima soudain d'une flamme démoniaque.

« -Cette confiance qu'ils ont placée en Dumbledore », souffla-t-elle avec passion, « nous allons la réduire à néant ! Lors de cet assaut : ne tuez que les Ksris, uniquement les Ksris… Que les membres de l'Ordre s'en sortent miraculeusement indemnes ! »

Elle toussota et prit une voix plus graves comme pour imiter quelques hommes révoltés :

« - « Vous vous moquez de nous ? Les Mangemorts ont tué tous les nôtres sans exception et aucun d'entre vous n'a été tué, ni même blessé ! Mais quelle aberration ! Comment pouvez-vous expliquez que ces Mangemorts, démons parmi les démons, vous aient épargnés ! Je vais vous le dire, moi, vous nous avez TRAHIS, VENDUS ! » »

Elle reprit son souffle, comme si elle avait couru un cent mètres :

« -Après ça, aucun Ksri ne fera confiance à Dumbledore, vous aurez enfin achevé la muraille que votre ancêtre a voulu ériger entre les Ksris et le reste du monde, grand Maître ! »

Voldemort se leva, les Mangemorts s'agenouillèrent immédiatement. Anaïmon souriait d'un air ravi. Le Seigneur ténébreux fouilla dans sa cape et en sortit une fiole argentée. En apercevant le sang de licorne, l'Ecarlate trépigna d'impatience :

« -Tu as bien travaillé », dit Voldemort en lui lançant la liqueur comme on lance un os à un chien, « prenez exemple sur elle, vous autres, ajouta-t-il en ricanant, c'est qu'elle a de bonnes idées parfois notre petite princesse. »

Bellatrix serra les dents en considérant la « chouchou » de son Maître qui tétait avec empressement la petite fiole. Elle éprouvait un certain sentiment de jalousie et pourtant jamais elle n'aurait voulu être à sa place : elle connaissait le sort horrible que le Seigneur des Ténèbres avait réservé à la jeune Ecarlate. Quoi que fasse cette gamine pour être la plus agréable possible, elle ne survivrait à cette guerre.

« -Bella », Ordonna le Maître, « rappelle le plus gros des troupes et attaquez-les par surprise en suivant le plan de notre petite princesse, du mieux que possible. S'il y a un mort parmi les membres de l'Ordre, je ne cracherai pas dessus, mais limitez donc les dégâts. Lucius, choisis deux hommes et rejoins-moi dans le sous-sol avec Anaïmon, j'ai une mission très spéciale pour toi. »

Malefoy s'inclina avec respect. Voldemort le frôla deux secondes pour se rendre dans la pièce voisine et lui murmura doucement à l'oreille :

« -J'ai enfin trouvé le moyen de bloquer les pouvoirs de Miss Happer… »


Ce jour-là, Joyce était accoudée à sa fenêtre dont les vitres étaient recouvertes d'un sort de dissimulation pour qu'on ne puisse pas la voir de l'extérieur. Compte tenu de la chaleur ambiante, elle écarta légèrement les deux battants de la fenêtre, juste ce qu'il fallait pour laisser un peu d'air passé… Un peu d'air, ainsi qu'une hirondelle… Joyce sursauta : l'oiseau tournoya entre les quatre murs avant de se poser sur son bureau. Elle s'approcha : un minuscule parchemin était accroché à sa patte. A peine eut-elle décrocher la mini-lettre qu'elle prit la taille d'une feuille normale sous ses yeux ébahis : elle reconnut l'écriture de Rogue. « Woua ! » songea-t-elle, « L'Ordre a trouvé un moyen vachement discret pour faire passer son courrier ! » Puis elle se dit avec malice : « Bien entendu, on se demande pourquoi Mister Rogue n'envoie pas de rouge-gorge, monsieur ne sait pas faire dans l'autodérision… »

Elle décacheta la lettre et lut avec une certaine appréhension : c'était bien ce qu'elle craignait. Rogue s'était finalement étonné de son mutisme, il se doutait qu'elle n'avait pas du boire la potion et lui demandait de s'expliquer immédiatement.

« -Caïn ! » Appela-t-elle à travers la rampe d'escalier, « monte, vite ! »

Celui-ci arriva aussitôt puis, après avoir bien lu la lettre de Rogue, il conseilla à Joyce de lui dire la vérité en fin de compte.

« -Fais-moi porter le chapeau », dit-il, « de toute façon, c'est moi qui ait brisé sa fiole, n'est-ce pas ? Ce n'est pas ta faute. »

« -Par mon silence j'ai été complice… » Répliqua-t-elle.

Caïn se laissa tomber sur son lit en soupirant :

« -Dis-lui alors, pour éviter qu'il ne se fâche, que je connais tout de cette fichue tour et qu'il n'a pas à se faire du souci… »

Et il redescendit aussi sec dans les cuisines, laissant à Joyce le soin de rédiger une réponse convenable pour leur irascible professeur de potions.


« -C'est pour ce soir ? N'est-ce pas ? » Demanda Hermione pour la énième fois.

Mrs Weasley était harcelée de questions depuis déjà quelques jours. Ron et Harry attendaient derrière, les tempes battantes, espérant avec hargne un semblant d'explication. Caïn reprit sa place aux fourneaux pour surveiller la cuisson des lasagnes.

« -Oui », souffla Mrs Weasley, « ils doivent être en train de se battre en ce moment même, si vous voulez tout savoir… Allez, passez à table… Caïn, appelle Joyce s'il te plaît. »

Joyce descendit donc pour se mettre à table, elle avait posté l'hirondelle et n'avait plus très faim. Tous regardaient leur assiette d'un air déphasé, songeant à leurs amis ou familles qui devaient être en train de tuer, ou de mourir.

Mrs Weasley, qui avait déjà quatre fils et un mari engagés dans cette guerre, ne se laissa pas abattre pour autant :

« -Mangez », s'écria-t-elle, « vous laisser mourir de faim ne leurs sera d'aucun secours. »

« -J'aurais voulu les aider », grogna Harry dans sa barbe.

« -Ne dis pas n'importe quoi ! » Répliqua Mrs Weasley, « tu les gênerais au contraire. »

« -Depuis combien de temps se battent-ils déjà ? » Demanda Ron, « la bataille a commencé quand ? »

« -Depuis déjà de longues heures », annonça Joyce en s'accoudant rêveusement…

Tous les regards fondirent sur elle. Caïn lui prit la main.

« -Je les entends », murmura-t-elle, « j'entends le chant des condamnés. »

Elle sembla s'endormir et s'affaissa presque sur son assiette…

Fichu lien éternel entre les Serpentard… Elle sentait à travers la peau d'Anaïmon, de Rei… Et parfois même de Voldemort… Les sons du carnage remontaient jusqu'à elle dans une symphonie macabre… Ils étaient tous voués à une mort atroce : c'est ce que lui promettait cette mélodie funeste.

« -MADUREI ! » Hurla-t-elle en sursautant brusquement.

Sa sœur ! Elle ne se battait pas comme d'habitude, elle avait du mal ! Mais pourquoi !

« -Ne t'inquiète pas », susurra Mrs Weasley, « il ne faut pas désespérer aussi vite. Nous aurons des nouvelles dès demain, je vous le promets, nous… »

Un bruit d'ailes l'interrompit sèchement, un épervier venait de s'échouer dans la cheminée. Mrs Weasley se jeta sur le parchemin qui venait de reprendre une taille normale :

« -Ha, mon dieu ! » Cria-t-elle… « Harry, Ron… »

Les deux garçons, suivis de Ginny et Hermione, se levèrent en bloc.

« - C'est horrible », murmura Mrs Weasley… "Rémus… Il… Il a été mortellement blessé, ils ont pu le transplaner à Poudlard mais, mais… »

Sa voix se brisa alors. Harry lui arracha le papier des mains et lut en compagnie de ses amis : Lupin allait mourir d'un instant à l'autre. Albus leurs offrait une chance de lui dire adieu.

« -Il dit », murmura Hermione en essayant de retenir ses larmes, « Dumbledore dit qu'il veille personnellement sur le lien qui unit notre cheminée à la sienne. Nous devons nous y rendre immédiatement, ou sinon il sera trop tard… »

Mrs Weasley secoua la tête comme pour se réveiller :

« -Oui, oui, bien sur, mais je… »

Elle ne trouvait plus ses mots. Joyce les scrutait sertie d'un sentiment de pitié mais elle ne pouvait s'empêchait d'éprouver un soulagement égoïste en songeant que cette lettre n'apportait pas de mauvaises nouvelles concernant sa grande sœur.

Mais un nouvel oiseau s'écrasa dans la cheminée. Mrs Weasley allait la saisir d'une main tremblante mais Joyce reconnut l'hirondelle :

« -Attendez », dit-elle, « c'est pour moi, c'est le professeur Rogue ! »

Elle déchira la lettre avec précipitation.

« -Caïn », dit-elle à mi-voix, « il veut te voir tout de suite, il demande à ce que tu empruntes le réseau cheminette en même temps que Harry et les autres… »

Il approuva tristement et contempla sa Néréis. Seulement le moment était mal choisi pour qu'il se laisse aller à la mélancolie alors que leurs compagnons étaient déjà endeuillés… Mais les yeux de Joyce se gonflèrent de larmes et elle se jeta dans ses bras, en silence. Caïn ne fut pas étonné outre mesure et la berça doucement contre lui, sentant sa joue chaude contre la sienne.

« -'Veux pas que tu partes », marmonna-t-elle, capricieuse. « Je sais que je n'ai pas toujours été la petite amie parfaite mais ne m'abandonne pas… En définitive, je n'ai que toi… Je t'aime beaucoup… »

« -Je sais… Et je devrai m'en contenter… »

Le visage de Joyce s'écarta légèrement du sien et Caïn, bien malgré lui, lui vola un doux baiser. Baiser qu'elle lui rendit furtivement…

« -ça va aller », dit-il, « un dernier effort, Néréis… Ne regrette rien de ce que tu aies pu faire… J'accepte tout venant de toi. Et quoi qu'il puisse se passer à l'avenir, être précipité en enfer par tes œuvres me sera le plus grand des trésors… »

« -Il vaut mieux que tu penses cela, ça me rassure… »

« Parce que… » songea-t-elle, « c'est ce qu'il va se passer… »

Ils restèrent quelques secondes, front contre front, yeux baissés, doigts entremêlés…

« -Joyce », s'enquit Mrs Weasley qui venait d'apporter de la poudre de Cheminette, « tu veux les suivre ? »

L'image d'Anaïmon revêtant l'uniforme de Poudlard foudroya l'esprit de la jeune fille.

« -Non », dit-elle, « je préfère rester ici… »

« -Très bien… »


Une fois tout le monde parti, Joyce resta seule en compagnie de Mrs Weasley et de Dobby : Sévy Junior avait disparu. En fait, il avait suivi les adolescents quand ceux-ci s'étaient évaporés dans les flammes. « J'en connais un qui ne va pas être content » Pensant gravement Joyce en songeant à Rogue. Une impression étrange lui broyait les entrailles. Cette impression n'avait fait que s'accroître ces derniers jours. Elle se leva de table, salua Mrs Weasley et se précipita dans sa chambre.

Devant son miroir, elle se livra à quelques introspections :

« -Qu'essais-tu de me dire, Néréis ? » Murmura-t-elle.

Voilà qu'elle reparlait d'elle-même à la troisième personne… Au moins, Caïn n'était pas là pour lui faire la morale. Joyce ne pouvait s'empêcher de voir qu'elle avait changé. Les autres n'avaient rien vu, certes, mais elle le sentait bien. Peut-être Caïn avait-il décelé quelque chose… Joyce scruta son reflet avec attention : la forme de ses yeux s'étaient légèrement modifiés, ses traits paraissaient un tantinet plus adultes, et ses cheveux… Ils lui paraissaient plus épais que d'ordinaire et… un peu plus long… Pas grand chose, il est vrai, mais c'était étrange qu'ils aient poussé si vite. La respiration de Joyce s'accéléra : le polynectar ne faisait plus effet, et son corps commençait à se modifier. Ça y était : d'ici quatre ou cinq jours, elle retrouverait sa véritable apparence.

Ses doigts se posèrent sur la glace et son visage s'avança : elle contemplait ces yeux bleus d'azur peut-être pour la dernière fois. Qui sait ? Le lendemain matin, ils auraient peut-être changé de couleur…

« -Un voile de saphir entourant une émeraude et une améthyste… » Se rappela Joyce, « c'est comme ça que tu m'as décrite, tu ne pourrais pas parler plus clairement, Caïn ? » Ajouta-t-elle en râlant.

Ses mains glissèrent sur la surface lisse, l'œil en face du sien se muta, devenant plus … clair, bleu, entièrement bleu, sans pupille…

« -Moi je saurais te dire qui tu es… » Souffla l'Ecarlate.

Joyce s'arracha du miroir dans un cri de panique, bascula en arrière, ses pieds voltigèrent par dessus sa chaise et fracassèrent la glace. Couchée sur le dos, la jeune fille cligna des yeux : hum… Ce n'était que son imagination que lui jouait des tours. Ou peut-être qu'elle ne faisait pas assez d'efforts pour contrôler sa Faux et la Clé, et qu'Anaïmon avait essayé de prendre contact avec elle.

Elle sortit de sa chambre pour aller quérir une pelle à ordure mais elle s'arrêta net avant de descendre les escaliers : Mrs Weasley recevait des visiteurs inhabituels.

« -Mr le Ministre, quelle surprise, mais… »

Joyce se dissimula derrière la rambarde afin de ne pas perdre une miette de la conversation. Cornelius Fudge, accompagnés de deux hommes, sûrement des Aurors, se débarrassa de sa cape qu'il tendit à Dobby.

« -J'étais venu pour faire une simple visite de routine, tout se passe bien ici ? »

« -Oui, Harry et les autres sont… »

« -Je suis au courant, ils sont à Poudlard. Pourquoi la jeune Happer ne les a-t-elle pas suivis ? »

« -Elle refuse de retrouver à l'école, elle y a de trop mauvais souvenirs. »

« -Certainement, oui, bien sur… »

Un air de doute se profilait sur le visage du Ministre tandis que l'elfe tentait vainement d'atteindre le portemanteau.

« -De toute façon poursuivit-il, cet endroit est sur… Oui, bien entendu… »

« -Que vous arrive-t-il, Mr Fudge ? Que se passe-t-il ? Une visite de routine ? Ne me dîtes pas n'importe quoi, je vous prie ! Pourquoi le Ministre de la Magie se déplace-t-il en personne dans une cachette, à présent secondaire, de l'Ordre ? »

« -Secondaire ? Vous cachez la dernière héritière de Serpentard qui soit de notre côté ! »

C'était comme si un bloc de glace avait crevé le cœur de Joyce : la dernière ?

« -Que voulez-vous dire ? » S'étonna Mrs Weasley avec horreur.

« - … Vous êtes l'une des premières personnes que je mets au courant : Lady Madurei est morte. »

Mrs Weasley devint incapable de dire quoi que ce soit : elle connaissait peu cette femme mais songer à ce qu'elle devrait raconter à sa petite sœur lui brisait le cœur par avance.

« Non ! » Pensait Joyce avec rage, « Mensonge ! »

« -Nous ne savons pas comment c'est arrivé », continua Cornelius Fudge comme s'il récitait un discours appris par cœur, « quasiment tous nos hommes s'en sont sortis miraculeusement, mise à part Rémus Lupin et quelques autres… Mais tous ceux qui nous accompagnaient, les Ksris pour être plus exacts, ont été massacrés… Madurei y compris. »

« Mensonges ! Mensonges ! Je l'aurais senti, je l'aurais senti avant tout le monde ! Je ne suis pas n'importe qui, vous entendez ! Je l'aurais su ! »

« -Dans quel lieu avez-vous entreposé le… corps ? » S'enquit Mrs Weasley en s'animant d'un courage nouveau, « la petite doit pouvoir lui dire au revoir dans les règles… »

Fudge sembla surpris par cette question :

« -Le corps ? En fait… ce fut une telle boucherie que nous n'avons pas retrouvé son cadavre. »

Un merveilleux sentiment de soulagement étreignit la poitrine de Joyce : pas de cadavre ! Pas de cadavre ! Ho, merci, mon Dieu !

Mais alors, que n'attendaient-ils pas pour sauver sa grande sœur ? Et si elle agonisait quelques parts ? Joyce planta ses yeux comme deux couteaux sur cet homme. Savoir ce qu'il pense, il fallait savoir ce qu'il pensait !

« -Nos hommes ont du déserter les lieux, nous n'avons pas pu offrir à tous ces morts une sépulture décente… »

« Mensonges ! Vous les avez tous abandonnés comme des chiens, vous les laissaient pourrir au grand soleil juste par crainte des Mangemorts ! »

« -Croyez que je le regrette… »

« Menteur ! »

« -Mais rendez-moi un service… »

« Ça t'arrange que ma sœur ait disparu, salaud ! Elle était trop forte, elle avait trop d'influence pour toi ! Tu penses déjà à ce qu'il adviendra de ton Ministère après la guerre ! »

« - … Il ne faut pas que sa jeune sœur soit au courant… »

« Salaud ! C'est pour ça que tu es venu ! Tu as quand même peur de Jédusor, et tu espères que je fasse le sale boulot pour toi ! Tu dois connaître l'existence de la Faux, tu crois qu'elle va te sauver, mais tu ne sais pas qu'elle ne peut pas servir contre Voldemort ! »

« - Nous avons besoin d'elle… »

« Qu'est-ce que je disais ! Ha !»

« - … Et il ne manquerait plus qu'elle pleurniche sans arrêt… »

Mrs Weasley s'indigna alors :

« - Mais enfin ! Elle a le droit de savoir, vous… »

« -Mrs Weasley ! Jusqu'à preuve du contraire, c'est moi qui commande ! Cette… créature n'a pas besoin d'être au courant. Après tout, ce n'est qu'une Néréide, et une descente de Salazar qui plus est : ne lui prêtez pas les mêmes sentiments qu'à un être humain, je vous prie. »

Joyce se glaça : non, ce n'était pas simplement par peur de sa grande sœur qu'il ne lancerait pas de recherches pour voir si elle avait survécu, c'était par mépris pour ses origines

« - Dumbledore est au courant, et il m'approuve. »

C'en était trop pour Joyce, elle se releva précipitamment en prenant garde de ne pas faire de bruit et s'engouffra dans sa chambre en proie à une véritable crise de nerfs. (Oui, Joyce, va te dépenser ailleurs, le meurtre d'un Ministre serait comme une fausse note sur ton CV…)

« -Je ne peux pas croire ça ! » Glapit Mrs Weasley…

« -Enfin plus ou moins », se rattrapa Fudge, « disons plutôt qu'il préfère être sûr avant d'alarmer cette « enfant »… »

La mère de Ron eut toutes les peines du monde à se retenir, elle tenait encore un couteau de cuisine dans sa main et rêvait de l'enfoncer dans le ventre putride de cet horrible bonhomme. Dire que Cornelius Fudge était plutôt honnête auparavant ! La guerre, ça vous change un homme…