Disclaimer : Je me base sur le monde de Rowling.

L'un de mes plus grands regrets pour cette fic : ne pas avoir fait de Luna Lovegood la meilleure amie de Joyce à Poudlard. Normalement, dans la Section III, je souhaitais joindre Luna au petit groupe, mais je craignais de lui donner un rôle trop anecdotique alors finalement, je ne l'ai pas fait. En outre, je savais très bien comment devaient finir les amis de Joyce : Morts ou fâchés. Or, je ne voulais pas tuer Luna, et je ne la conçois comme quelqu'un de rancunier. Dans ma vision, elle aurait pardonné à Joyce. Mais pour que Joyce tente de se suicider, il fallait qu'elle soit abandonnée de toute part. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai dû occire Korée. En effet, la petite était un psychonaute, et donc si Joyce mourrait elle serait morte avec. Ce qui aurait empêcher Joyce de tenter de se suicider. Enfin, ce n'est pas toujours agréable de se dire à l'avance qui va mourir, on a un sentiment de gêne légitime quand on utilise le futur condamné…

Autre regret : dans la Section IV, j'avais prévu une scène où Joyce, juste avant de se suicider, sonnait les cloches de Potter en ce qui concernait la prophétie… Tant pis, j'ai oublié…

Rewiew

IthilIsilwen : Merciiii ! C'est encore plus délectable d'entendre de tels compliments… Kisssss

Namyothis : Waaa, merci Je trouvai ce chapitre trop technique, il me faisait peur (que de papotages !) Oui, Néréis réfléchit, c'est presque un Out Of Character, non ? (nan, je suis méchante avec mon perso, lol) Kisssss

Snapye : Merchi, merchi ! ça me remonte le moral de lire des rewiews comme ça. Alors vont-ils avoir leur petit ? Héhéhéhé… Kissss

Mamie-Boubou : Moi j'y crois (Rogue, papa forever !) Tu peux te consoler en te disant que Madurei et Mamie-boubou ça commence par les mêmes lettres… (piètre consolation, lol) Bisoussss

Areia : Kiko ! Les néréides n'ont pas une gestation plus rapide. Le temps a vraiment passé. La Section 5 commence, selon le vague souvenir que j'ai de mon planning, fin mai/début juin (je ne suis pas à quelques semaines près…) et au chapitre 27, le chant des condamnées, je dis que le temps passe et on se retrouve en fin juillet, vers l'anniversaire de Harry. J'ai laissé Pomfresh dans le vague : un mois ou deux, parce que j'ai perdu le calendrier vachement précis que j'avais fait de ma fic bouhouhouhou, et aussi les premiers diagnostics des docteurs ne sont jamais très précis (c'est ça, trouve une excuse, lol)… A défaut d'un monde candide, on peut le rêver… ;-) Kissssss

Griselle : Caïn est un personnage qui m'a donné du fil à retordre aussi… Il est très secret et j'entre peu dans sa subjectivité, ce qui ne permet pas de bien le cerner… J'ai l'impression que tout le monde s'attend à ce que l'enfant soit un garçon… Vous avez du voir le titre de la suite sur mon site ou mon profil… Bisoussss

Gloumax : Merci Pour le poème de Néréis, les deux premiers vers sont inspirés d'un quatrain de Baudelaire que je site dans le chapitre 14 « ténébreux, veuf et inconsolé »…
Andromaque, des bras d'un grand époux tombée,
Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d'un tombeau vide en extase courbée ;
Veuve d'Hector, hélas ! et femme d'Hélénus !
Le reste du poème est de moi, made in ma modeste cervelle. Je suis contente qu'il te plaise… Si tu aimes ce genre de poèmes, tu devrais adorer les « fleurs du mal » de Baudelaire. C'est d'ailleurs dans ce recueil que se trouve ce poème citant Andromaque. Je viens de chercher le livre (couvert de poussière ceci dit en passant, lol) pour retrouver le titre : il se trouve dans la section « tableaux Parisien », et s'intitule « le Cygne ». kisss

Severia Dousbrune : Même Caïn peut faire de l'humour : la fin du monde est proche, mes amis. Lol J'en ai une bonne pour vous : le troisième chapitre est coupé en 3 chapitres. (hahahaha, on dirait que c'est fait exprès). Plume facile ? Hic ! Je ne rappellerai jamais assez que j'avais quasiment tout écrit avant de le mettre sur Pour l'instant, la suite avance à petit pas, arrrf… Par contre, elle ne sera pas aussi longue que Néréis, je crois que physiquement et mentalement, je ne pourrais pas autant m'investir… Je pensais au contraire que tout le monde devait s'attendre à ce que Madurei tombe enceinte… Lol, c'est sur que quand j'écris, tout coule de source pour moi. ;-) Bisousssss

En route pour le chapitre 31, le titre fait écho au troisième chapitre : Celle qui attend dans le noir.


31/ Jamais plus je n'attendrai dans le noir, plus sans toi…

2ième jour…

« -Pitié, non ! Père ! Anaïmon ! L'Ecarlate ! La brillante Ecarlate ! Ne m'enferme pas ! Ne m'enferme pas ! Tu sais que j'ai peur dans le noir ! Non ! Je ne veux pas finir dans cette tour ! Pitié ! Je vous en supplie, non, non, non ! Anaïmon, sauve-moi ! »

« -Je suis là, Néréis, je suis là ! »

« -Non, non, non, non… »

« -C'est un cauchemar, Néréis ! Tu n'es plus seule ! Ouvre les yeux ! »

Joyce s'éveilla dans les bras de sa jumelle, en sueur et en larmes. Voldemort les avait faites enfermées dans la Tour d'Ivoire, ce qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs.

« -Je t'avais suppliée », balbutia-t-elle, « je t'avais suppliée, Anaïmon, de ne pas m'enfermer… »

« -Tu préférais sans doute que Père te prenne à la hache comme avec Madurei ? Je n'ai pas eu le choix, grande sœur ! Mais respire donc plus calmement : je suis là, tu n'es plus seule. »

Le regard de Joyce parcoura la petite pièce étroite où elles étaient, cette même pièce où elle avait passé 15 ans de sa vie. Cette pièce qui l'avait rendue folle.

On voyait encore sur le mur des inscriptions peintes avec son sang. A cette époque, L'Ecarlate lui offrait en cachette des livres et de quoi se faire un peu de lumière pour briser son ennui. Ne trouvant cependant aucun support pour écrire, les murs devinrent ses parchemins et son sang l'encre de sa solitude.

Joyce était toujours aussi livide, elle ne supportait pas l'étroitesse de ce lieu. En outre, l'humiliation subie la veille broyait encore ses entrailles. Ho ! La peur qu'elle avait ressentie ! Ce Jédusor était réellement le diable en personne ! Comme il voyait que les Doloris ne donnaient rien, il avait su pénétrer dans son cœur de jeune fille pour lui montrer les choses les plus horribles qu'il pourrait lui faire subir… Néréis était d'autant plus rabaissée qu'il n'avait pas eu besoin d'être très éloquent pour qu'elle s'écroule de terreur. Joyce en tremblait encore car il lui semblait avoir perçu une terrible vérité :

« -A… Anaïmon… » Chuchota-t-elle en frémissant, « est-ce que père… est-ce que père te… te vio… »

Est-ce qu'il te « … »… Pas besoin d'être plus explicite. Qu'est-ce que les pères ne doivent jamais faire ?

L'Ecarlate lui offrit en réponse son sourire le plus triste et Néréis fondit en larmes. C'était donc ça d'être la « chouchou » de Sir Frédéric ! Ainsi, Anaïmon ne s'était pas défendue, tout comme elle n'avait pas tenté d'empêcher Néréis de l'étrangler, lorsqu'elles étaient encore à Poudlard, et surtout tout comme la triste Néréis elle-même n'avait jamais tenté de s'enfuir avec l'aide des Servantes… L'impact psychologique est toujours plus fort que tous les moyens dont on peut disposer pour se préserver… Ainsi font, font, les petites marionnettes…

« -Ne pleure pas », répliqua Anaïmon en la prenant dans ses bras, « tu sais bien que j'ai moins de cœur que toi, je souffre moins…. »

« -Menteuse ! Tu es comme moi… »

« -C'est vrai… Mais je ne veux pas que tu pleures pour moi… Tu te souviens ? Quand père t'a appris que tu serais celle qui mourrait pour réveiller la Faux, tu es allée pleurer toutes les larmes de ton corps dans le jardin. Je t'y ai rejoins et t'ai prise dans mes bras comme aujourd'hui : « Ne pleure pas », t'ai-je dit, « Ho, Néréis, ne pleure pas ! Je te sauverai ! Je trouverai le moyen de te sauver ! Tu ne mourras pas ! » Et je le ferai encore, grande sœur. »

« -Oui, je me souviens… »

« -Et quand tu pleurais parce que tu te sentais coupable de la mort de Salana ? J'ai alors endossé le rôle de la coupable pour toi : « Non, c'est moi » t'avais-je dit, « J'ai planifié sa mort… » C'était un énorme mensonge… »

« -Tu as eu tort ! » Sanglota Joyce.

« -Tu as arrêté de pleurer et tu m'as regardé… Les yeux remplis de haine… »

« -Tu as eu tort ! On ne remplace pas le désespoir par la haine, tu ne m'as pas sauvée en mentant. Tu te rends compte que tu as fait de moi ton ennemie ? »

« -Je croyais que c'était normal… Quand père te frappait, tu prenais ça pour de l'amour, j'ai voulu faire pareil… »

Joyce essuya ses yeux pâles pour les braquer sur sa jumelle qui venait de la lâcher pour s'agenouiller devant elle. Leur visage était au même niveau.

« -Tu… Tu n'as pas changé, toi ? » S'enquit Joyce un peu hagarde.

Nouveau sourire attristé sur la figure d'Anaïmon qui répondit :

« -Si, Néréis, regarde : je porte aussi un collier d'Ivoire… Il a bloqué l'Imperium… Il a bloqué ce sort qui me donnait la capacité intellectuelle d'une théière… Néréis, je suis vraiment moi pour la première fois de ma vie… C'est encore embrouillé mais de seconde en seconde, mon âme se libère… »

Joyce crispa ses mains d'horreurs :

« -Mon Dieu ! Mon Dieu ! »

« -Et le pire dans tout ça », reprit Anaïmon d'une voix lointaine, « c'est que maintenant je réalise ce que j'ai fais… J'ai été une Mangemort fidèle, j'ai tué des gens… J'ai tué cette femme rousse et cet elfe qui t'aidaient à t'enfuir… Je t'ai… embrassée, j'ai été monstrueuse ! Je ne voulais pas t'infliger ce que père m'a infligé… Tu es ma sœur, même si je t'aime « pas de la bonne façon »… Je mérite bien ce qui va m'arriver… Car je sais où j'irai, si je survis à cette ultime bataille, à Azcaban… »

« -C'est trop injuste ! Pas maintenant ! J'aurais préféré que tu restes aveugle jusqu'au bout et que tu meures sans le savoir ! »

« -Sincèrement, je ne sais pas ce que j'aurais préféré de mon côté… J'ai peur, Néréis, j'ai peur… Mais j'ai encore une raison de vivre : toi ! Je ne te laisserai pas mourir. »

Joyce frissonna de ce vertige angoissant : elle retrouvait une sœur pour la perdre aussitôt… Et ce qui la frappait le plus, c'était qu'en cet instant le visage d'Anaïmon reflétait exactement le sien, ou plutôt celui de Joyce Happer : car c'était bien le même regard rayonnant de pureté, les mêmes joues enfantines, la même aura de vitalité et de force que la « Joyce Happer » du temps des innocences ! Oui, ce regard, c'était celui de Joyce Happer : Anaïmon avait recouvré ses pupilles qui l'avaient déserté à cause de l'Imperium.

Et Anaïmon sembla deviner les pensées de sa jumelle car elle annonça :

« -Oui, grande sœur, j'aurais pu être une autre « Joyce Happer »… Si c'est toi qui avais reçu le don de l'Imperium, et moi celui de l'Avada, nulle doute que les rôles seraient inversés aujourd'hui. Jédusor avait raison : nous sommes identiques, dans le fond, tout au fond… Tu as été capable d'acte aussi cruel que les miens, et tu l'as prouvé en t'attaquant au Rouge-Gorge, certes pour lui jeter le sort d'Alceste, mais avec une telle violence ! Tu l'as aussi montré en essayant de me tuer, en me poussant à rejoindre les Mangemorts, et en te jouant du cœur de Caïn Headcliff, que tu aimais pourtant ! Tu as fait les mêmes erreurs que moi : tu as torturé les gens que tu aimais ! Mais ce n'est pas ta faute, notre père nous a donné une bien mauvaise éducation… Mais nous ne commettrons plus jamais les mêmes erreurs. »

« Nous avons bien appris », songea Joyce avec mélancolie, « dommage que ce soit un peu tard pour en tirer profit… »

« -Je croyais que vous m'aviez abandonnée », soupira L'Ecarlate… « Mais c'était faux… Surtout Madurei… Surtout elle… Elle prenait les coups à notre place, du temps où elle était encore là, elle aurait tout fait pour nous. Comme moi je ferais tout pour vous, désormais. Ecoute, Néréis… Nous allons devoir faire d'incroyables efforts car Voldemort a omis un détail, et ce sera sa perte ! »

C'est d'un air bête que Joyce considéra sa jumelle.

« -Concentre-toi », reprit Anaïmon, « tu étais trop terrorisée jusqu'à présent pour t'en apercevoir, mais il faut à tout prix que tu le sentes… Les Servantes ne se montrent plus depuis que tu portes ce collier et Jédusor croit que c'est l'un de ses effets, d'ailleurs c'est pour cela qu'il ne nous a pas séparées de nos Clés, mais c'est faux ! Les Servantes se cachent parce qu'elles sont aussi épouvantées que toi, elles sont prostrées de terreur par toi : mais elles sont toujours là. Ne comprends-tu pas ? La Clé des Chimères fonctionne encore ! Moi aussi je la contrôle toujours ! Je pourrais ouvrir cette porte si je le souhaitais ! Mais je pense qu'il faut réserver ça pour l'attaque de l'Ordre ! »

Tout était en état, le lien qui unissait Joyce à la Faux, le lien qui l'unissait à ce château… Elle ferma les yeux, et goûta pleinement à la félicité de cette union retrouvée. Oui, elle percevait les Servantes désormais… Et si elle se calmait davantage, elle pourrait…

« -Pas maintenant ! » Murmura l'Ecarlate… « Laisse faire… Attendons le Rouge-Gorge ! »

Joyce reprit lentement son souffle, encore déboussolée par tout ce qu'elle venait d'entendre.

« -Pourquoi je devrais te faire confiance », dit-elle, « qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas l'un de tes nouveaux tours ? Comment puis-je te faire confiance ? »

« -C'est simple, Néréis. Tu ne peux pas. »

Et Néréis éclata de rire… Elle savait à présent qu'elle avait une nouvelle alliée. Ses sentiments de haine envers sa jumelle n'avaient plus lieu d'être. Elle commençait enfin à se sentir en paix avec elle-même.

« -Dans notre malheur », susurra Anaïmon, « je suis si heureuse, Néréis, n'entends-tu pas ce nouveau petit cœur qui bat ? »

« -Pardon ? »

« -Chut ! Ecoute ! Concentre-toi, laisse le lien éternel de sœur qui nous unit à notre grande sœur te parler… Je l'ai ressenti de suite, moi. Tout comme je ressentais tout ce que tu faisais à Poudlard… Nous sommes des grandes filles maintenant : Madurei va avoir un enfant… »

Joyce se releva d'un coup, les joues en feux, et remarqua pour la première fois que ses cheveux avaient considérablement poussé durant la nuit : ils lui tombaient jusqu'au bas du dos.


Rogue avait passé la nuit à parcourir les remparts du château en compagnie des autres Mangemorts, cherchant inlassablement où déposer les pièges que le Seigneur des Ténèbres réservait à l'Ordre.

Il marchait encore sur les fortifications hissées à une altitude vertigineuse.

« -Alors, Severus ? »

Il se retourna, l'un de ses confrères Mangemorts était là, assis en hauteur : Linéar Normon. Un tout jeune homme qui ne devait pas avoir plus de 15 ans. Ses cheveux argentés étaient rassemblés en une queue de cheval revêche, et son regard s'animait de pupilles couleur or. Rogue soupçonnait qu'il ne fut pas un Sang Pur mais qu'il le cachait avidement pour des raisons que l'on comprenait bien.

« -Ce sera un vrai déluge de feu ! » S'embrasa-t-il, « une boucherie telle que l'on ne l'a jamais imaginée… Rien que pour ça, je suis extasié de suivre un tel homme… Pardon… Un tel diable… »

« -N'emploie pas le mot « homme » pour parler de notre maître, pauvre bougre », chuchota Rogue d'un air narquois, « tu veux qu'il place ta tête sur les Grandes Portes en signe de bienvenue pour nos ennemis ? »

Linéar ricana encore plus fort. C'était un fanatique, mais pas un fou.

« -Le maître t'attend, mais il veut que tu ailles chercher nos petites princesses avant. Il veut vous voir, tous les trois. »

Le Mangemort avait accentué ces dernières syllabes comme s'il se doutait que Rogue tenait plus pour ces enfants que pour leur soi-disant maître. Il baissa sa tête vers le professeur de potions, ses yeux d'or luisaient comme ceux d'un fauve recherchant un peu de chair fraîche pour se repaître.

« -Tu es fort, cher confrère », murmura Linéar, « tu es très fort, le maître te fait confiance… Tu as su regagner ses bonnes grâces… Même moi je ne peux pas lire en toi… »

« -En parlant de lecture, tu apprécierais sans doute que je fournisse ton arbre généalogique au maître ? Cela lui fera un bon livre de chevet… »

C'était risqué, mais la tension était à un tel point que Rogue ne pouvait plus se permettre de jouer avec le feu. Linéar perdit son sourire pour se rembrunir et bondit aux côtés de Rogue.

« -Un jour, tu me paieras ça », murmura Normon d'un air un peu boudeur (Il n'aimait guère qu'on jette de la discordance dans son quotidien, il appréciait tant l'harmonie musicale !), « pas dans l'immédiat, non… Mais tu me paieras ça. »

Linéar lui tourna le dos avec brusquerie pour continuer l'inspection des murailles. Rogue garda un petit air supérieur avant de se rendre à la Tour d'Ivoire.

Quand il ouvrit la porte et la fit coulisser, il ne savait pas ce à quoi il s'attendait au juste. Allait-il trouver une Joyce Happer effondrée ou une Néréis conquérante ? Et surtout, l'Ecarlate avait-elle vraiment retourné sa veste ?

C'est Anaïmon qui lui fit fasse la première. Il s'immobilisa tant son visage lui rappelait celui de sa Joyce à lui… Petite moue dégoûtée chez la jeune fille qui s'écarta. Néréis était derrière. Ses cheveux longs tombaient autour d'elle et avaient légèrement foncé. Son visage rappelait un peu la beauté gothique de Madurei mais ses yeux, encore rougis par les pleurs versés, avaient gardé la même couleur que ceux d'Anaïmon. Elle ne portait plus ses habits d'écolière, Son hôte lui avait fourni une longue robe blanche qui traînait légèrement sur le sol.

Rogue resta sans bouger, sans montrer la moindre émotion. Néréis lorgna sur sa jumelle dont les traits signifiaient bien la haine qu'elle vouait à Rogue. Anaïmon le remarqua et lui sourit : c'était bien le seul détail sur lequel elles auraient différaient envers et contre tout : Joyce Serpentard haïrait toujours Severus Rogue.

« -Vous pouvez vous dérider, Rouge-Gorge », prononça calmement l'Ecarlate. « Jédusor ne nous espionne pas. La Clé des Chimères est toujours sous mon contrôle et je sais où il se trouve exactement en ce moment même… »

Rogue se détendit, non sans lancer un regard venimeux sur la benjamine des filles Serpentard. Néréis se jeta dans ses bras.

« -Tu as pleuré ? » S'enquit Rogue.

« -Tout va bien : j'en avais besoin, et je me sens mieux à présent. »

Elle se détacha de lui :

« -On a beaucoup de choses à vous dire professeur… Sur les Clés… »

« -Elles sont actives et vous vous en servirez pour nous… » L'interrompit Rogue. « Nous allons mettre ça au point rapidement mais d'abord laissez-moi vous dire une chose : Voldemort nous attend en bas. Il va nous tester. Si l'une de vous se trahit, je suis mort… Il va falloir jouer le plus grand rôle de votre vie ! »

« -Tu arriveras à mentir sans te contrôler par l'Imperium ? » Demanda Néréis à sa jumelle.

« -Pas de problème », répondit celle-ci en serrant les dents.

« -Jouer la comédie… » Chuchota Joyce, « il faut que je fasse comme si vous nous aviez trahi, ça va être dur… »

« -Tu n'as qu'à t'imaginer que tu t'adresses à « l'ancienne Anaïmon » que tu méprisais du fond de ton âme », dit l'Ecarlate avec une certaine rancœur.

Décidemment, Anaïmon restait toujours aussi jalouse vis-à-vis de Rogue : il ne serait pas difficile pour elle de feindre… Rogue ricana intérieurement : « famille de dingues et de jaloux ! »

Ils s'expliquèrent, élaborèrent rapidement leur projet…

« -Bon, il est temps d'y aller », dit Rogue, « venez… »

« -Professeur Rouge-Gorge », dit l'Ecarlate, « il faut que nous commencions par résister : ce ne serait pas logique sinon. »

Et sur ce elle se précipita sur lui et le bouscula en blasphémant. Comprenant que c'était nécessaire, Néréis en fit de même.

Rogue les stupéfixa avant de s'apercevoir qu'Anaïmon avait eu le temps de le mordre. « La sale petite peste ! »

Et il traîna les sœurs, figées dans une abominable expression d'exécration.

Tout ça ne sentait pas bon mais il n'avait pas voulu alarmer davantage les adolescentes : pourquoi le Seigneur des Ténèbres l'avait-il envoyer chercher lui-même les jumelles ? Ne se doutait-il pas qu'en cas de traîtrise, ils pourraient comploter ensembles ?

Mais non, en pénétrant dans la pièce noire, il vit que c'était bien l'ivresse de sa prochaine victoire qui aveuglait Lord Voldemort. Un peu comme le Satan de la Bible, son orgueil avait fini par l'aveugler. Il était si sur de lui qu'il n'avait pas remis en doute ce qu'il avait vu dans les yeux de l'Ecarlate, il restait persuadé que Rogue demeurait l'un de ses plus fidèles Mangemorts. Quoique, ses yeux de sang embrasèrent littéralement ceux de Rogue, mais son serviteur n'aurait pu dire si c'était de la fierté ou du doute qu'il pouvait y lire…

« -Libère-les », ordonna Jédusor, « je veux les entendre. »

Rogue s'exécuta.

« Cherche au plus profond de ton cœur » se dit Joyce, « Je savais jouer la comédie… La poésie et le théâtre étaient mes passions favorites, et quand je mettais ce masque aux Yeux Rouges, je me plongeais dans une danse de folie douce… Comme le disait Caïn, ne suis-je pas un monstre de duplicité ? Comment, moi, Néréis, m'y prenais-je pour tromper l'œil commun ? Jouons le jeu jusqu'au bout ! »

Anaïmon la première cracha de dépit en hurlant mille jurons blasphématoires, en louant la grandeur de Sir Frédéric et de Néréis. Bref, elle fit exactement ce que l'on attendait d'elle : elle mima la pauvre folle en sursis.

En entendant le nom de son père, Néréis se sentit envahie par une force nouvelle. Ce monstre s'était suicidé, échappant à toute vengeance ! Que cela ne tienne ! Voldemort la subirait à sa place. La jeune fille se força à voir dans les traits de son professeur de potion chéri la figure abominable de son tyran de père et elle poussa un hurlement de rage. Les larmes ne tardèrent pas à se frayer un chemin et de tout son corps secoué de spammes, elle gémit en se jetant, poings et pieds brandies, sur Rogue :

« -COMMENT AVEZ-VOUS OSE ! NOUS CROYIONS TOUS EN VOUS, ALBUS CROYAIT EN VOUS ! MEME MA SŒUR ! ET MOI ! MAIS COMMENT AVEZ-VOUS PU ! »

« Ce sont les mots qu'elle aurait voulu lancer à son père » Songea Rogue. Il la repoussa violemment d'un coup de baguette :

« -SILENCE néréide, ne parle que si le Maître ne t'y convie ! »

Et il se maudissait déjà, mais il y était obligé, et il ne devait pas attendre que le Seigneur des ténèbres prenne la peine de le lui commander :

« -ENDOLORIS ! » Cria-t-il avec une totale indifférence.

Néréis et sa jumelle se retrouvèrent toutes deux à terre : Anaïmon la bouche largement ouverte, sans pouvoir cracher le moindre cri, Néréis hurlante à s'en déchirer les cordes vocales.

« -Il suffit, Severus », lança Voldemort. « Tu vas me les tuer ! »

« Alors, quel est le verdict ? » Se demanda Rogue.

…. Ça avait marché ! Son Maître le contemplait dans le ravissement le plus entier. Rogue suivit la direction de son regard : Néréis et Anaïmon suffoquaient avec difficulté, pâles et frémissantes. Elles regardèrent Rogue avec épouvante, il n'aurait su dire si elles faisaient encore semblant tant leur terreur paraissait réelle.

« -Je te l'avais dit, Néréis », dit l'Ecarlate d'une voix enrouée, « méchant ! Méchant Rouge-Gorge ! Mais tu n'as pas voulu me croire… Mais je te protégerai… »

« -Un Rouge-Gorge ? » S'enquit Voldemort… « Vous semblez très portées sur les surnoms ayant un rapport avec la couleur du sang : L'Homme Aux Yeux Rouges, l'Ecarlate… Et maintenant le Rouge-Gorge ! Tu as hérité de ce surnom le jour où tu lui as meurtri ses mains, n'est-ce pas, Severus ? »

« -Oui, maître. »

Voldemort émit un petit ricanement de satisfaction.

« -Tu peux te retirer, Severus, je commençais à avoir des doutes vu le temps que tu mettais à descendre, mais je vois que ces chiennes t'ont donné du fil à retordre. »

Il venait de pointer de son doigt blanc la morsure laissée par Anaïmon, juste sur la main de Rogue qui tenait la baguette.

Rogue s'en alla, sans même un regard en arrière, il ne posa aucune question sur le sort des prisonnières. Et c'est dans un calme glacial qu'il franchit la porte de la Salle Noire pour rejoindre Poudlard.


Arrivé à destination, il s'affaissa contre le premier mur qu'il croisa, les jambes chancelantes. Il avait eu une chance insensée ! Néréis et sa sœur avait su jouer leur rôle à la perfection. Et lui avait simulé le parfait Mangemort dans toute sa gloire. Un rien les aurait trahi. Et surtout, il remerciait presque l'Ecarlate de l'avoir mordu…

C'est alors qu'Albus Dumbledore, l'air plus fatigué que jamais, vint le quérir. Mais Rogue n'avait qu'une idée en tête : retrouver Madurei qui devait être encore à l'infirmerie. Mais Albus l'intima de le suivre immédiatement.

« Si vous êtes son ami, alors vous ne lui direz rien. » Avait dit Madurei. Mais c'était justement parce que le directeur de Poudlard était l'ami de Severus Rogue qu'il devait le lui dire. Rogue avait le devoir et le droit de protéger son futur enfant.

« -Asseyez-vous, Severus », dit Dumbledore, « j'ai quelque chose de très important à vous dire… Mais avant cela, vous devez me promettre de ne pas mettre Madurei au courant : elle pourrait me tuer dans l'état où elle est… »

« -L'état où elle… » Répéta Rogue, inquiet.

« -Ho ! Elle est seulement très nerveuse, mais elle va bien. Vous promettez ? »

Rogue, qui avait déjà eu son lot d'émotions fortes pour la journée, n'avait pas envie de perdre son temps et accepta sans demander d'explications.

« -Très bien », dit Albus, « Lady Madurei a, comment dire… »

« -Dépêchez-vous ! » S'impatienta Rogue.

« -… une envie de fraise… »

« -Albus, vos histoires de fraise, de citron et de chocogrenouille ne m'ont jamais intéressé ! Si vous n'avez rien d'autre à dire… »

« -Non, non, attendez ! C'est qu'elle… En fait… Elle fait ça pour votre bien, mais vous êtes surs que vous ne lui direz rien ? »

« -Bon alors, vous accouchez ? »

« -C'est ça ! » S'exclama Dumbledore, « c'est tout à fait ça ! Enfin, ce n'est pas moi qui accouch… »

« -Quoi ! »

« -Votre dernier mot : Madurei est enceinte ! »

Il arrivait rarement à Rogue de rester les bras ballants, la bouche entrouverte et les yeux exorbités, même du temps où il était étudiant, quelques soient les questions que ses professeurs lui posaient. Mais en cet instant précis… Il s'arrêta même de respirer. Un gosse… UN GOSSE ! Albus le regardait avec le même air abruti.

« -Et Madurei… » Murmura Rogue, « elle est au courant ? »

« -Oui. »

Silence gêné.

« -Alors pourquoi ne suis-je censé ne rien dire, Albus ? » Prononça-t-il à mi-voix d'un ton où perçait une colère sous-jacente.

« -Ha ! Ha ! Ha ! C'est une excellente question… Elle ne voulait pas que vous le sachiez. »

« -ELLE… QUOI ! »

Rogue avait pris la mouche ! Il était trop tard pour revenir en arrière ! En quelques mots balbutiés à la va-vite, Dumbledore tenta d'exposer les raisons de Rei mais Rogue n'accepta aucun des arguments qui lui étaient présentés :

« -MAIS J'AI L'AIR DE QUOI, MOI, A LA FIN ! JE NE LUI SEMBLE PAS CAPABLE DE LA SOUTENIR ! MADEMOISELLE LA SERPENTARDE NE VEUT L'AIDE D'UN MISERABLE PROF DE POTIONS ? »

« -Severus ! Elle ne pense rien de tout ça ! »

« -JE VAIS VOUS DIRE QUEL EST SON PROBLEME : ELLE CROIT DEVOIR TOUT SUPPORTER SEULE ! C'EST AVEC DE TELS SECRETS A LA CON QU'ON OBTIENT DES ABERRATIONS DU STYLE ANAIMON ET COMPAGNIE ! »

« -Nous connaissons tous votre caractère un peu sanguin… »

« -JE SUIS PARFAITEMENT CALME ! »

« -Arrêtez ! Vous me rappelez ce fameux jour où Sirius avait échappé aux détraqueurs ! »

« -KSQMLSLUHSMIL ! »

Rogue se releva en balançant sa chaise loin de lui et se dirigea vers la porte.

« -Vous m'avez juré de ne rien lui dire », intervint Albus…

« -Ha ! Ne rien dire », reprit Rogue d'une voix venimeuse. « Je vais juste lui demander de ces nouvelles, rien qu'un peu… Et si elle a l'audace de… »

« -Vous ne sortirez pas d'ici avant d'être calmé ! Elle s'inquiète davantage pour vous que pour elle ! »

« -C'est justement ça que je lui reproche ! Elle devrait penser à la sécurité de notre enfant avant la mienne ! »

« -C'est facile de dire ça, mais vous-même à sa place vous auriez agi exactement de la même façon ! La preuve, votre petit : « Et Madurei, elle est au courant ? » Avouez que pendant une seconde, vous avez pensé à une parade pour éviter qu'elle ne s'inquiète ! »

Rogue soupira, et se frictionna nerveusement une épaule comme pour se détendre :

« -Oui, j'admets ! Cet enfant n'arrive pas au meilleur moment… Peut-être que l'on devrait… »

Les deux hommes se jaugèrent en silence et Rogue acheva sa phrase :

« -..L'on devrait s'en débarrasser, c'est la meilleure solution… Nous pourrons avoir tous les enfants que nous désirerons ensuite… »

Le vieil homme réajusta ses lunettes mais son expression coula dans un petit sourire triste :

« -En 14 ans de bons et loyaux services, Severus, c'est la première fois que tu me mens. »

Rogue ne dit rien, remarquant qu'il l'avait tutoyé.

« -Tu désires cet enfant… Severus… Non ? (C'est à croire que Néréis a réveillé ton instinct paternel !) Je t'en prie, ne juge pas Madurei trop durement et va plutôt la retrouver, elle a besoin de toi… »

Le maître des potions se contenta de sortir. Il se précipita vers l'infirmerie pour retrouver son amante. De son côté, Madurei avait eu la même idée, ils se croisèrent au détour d'un couloir. Mais Rogue était encore furieux. Il la saisit par les épaules, il sentait sa fureur croître et l'envie de lui lancer tout un tas de reproches l'assaillir. Aussi, avant de dire quoi que ce soit, il souda leurs lèvres. Finalement, il ne dirait rien, ils verraient cela après la Guerre… Le soulagement de la sentir dans ses bras prit enfin le dessus…

« -Tu es en retard… Je t'attendais », murmura-t-il entre deux baisers voraces.


A quelques milliers de kilomètres de là, le même sentiment accaparait l'esprit d'Anaïmon, toujours cloîtrée avec sa chère Néréis dans la tour d'Ivoire. Sa jumelle lui tournait le dos, agenouillée vers le mur : désormais de longs cheveux bleus foncés s'éparpillaient sur le sol…

« -Néréis… » Susurra Anaïmon. « Retourne-toi que je te regarde… »

« -Tu es donc si pressée de revoir mon visage, petite sœur ? Patience… »

« -Pourquoi ne veux-tu pas me regarder ? Retourne-toi ! »

Et devant l'absence de réaction de sa sœur, l'Ecarlate ajouta :

« -Tu vas bien ? C'est ta Faux qui te manque ? »

« -Oui, elle me manque, mais tout va bien, exactement tout va bien, Anaïmon ! Ces pleurs que tu as vus couler de mes yeux étaient les derniers soubresauts de « Joyce Happer »… Je ne fuirai plus : Je suis Néréis ! Et je crois que le moment est venu de te rendre ton nom…. Joyce… »

Alors Néréis, dont l'obscurité voilait le visage, ne dévoilant que ses fines lèvres marquées par le pli de l'ironie et de la convoitise, se retourna vers Joyce, et Joyce prit la main de Néréis en souriant. C'est ainsi que Joyce Serpentard redevint Joyce tandis que Joyce Happer reprenait son identité de Néréis Serpentard.

Un même sentiment réunissait Joyce Serpentard et Severus Rogue. Alors que l'un et l'autre tenait, dans ses bras ou par la main, la personne qui lui était la plus chère au monde, ils purent se dire : « Jamais plus je n'attendrai dans le noir, plus sans toi ! S'en est fini des ténèbres de mon âme. Aussi longtemps que tu vivras, nous serons ensembles ou dans la lumière, ou dans l'obscurité. Qu'importe, du moment que tu seras là ! »


A partir de maintenant, dans la narration, je n'emploierai plus "Joyce" pour désigner Joyce Happer. Elles reprennent vraiment leur identité. A la prochaine ! Le combat commence !