Auteur : Ruth Dedallime
Titre : AlterEgo
Résumé : Une nouvelle scientifique a embarqué avec l'équipe pour la base lunaire. Elle semble bien connaitre Hiiragi... (basé sur la manga papier, plutôt que sur l'anime)
Disclaimer : Tous les personnages de PSME sont la propriété exclusive de Saki Hiwatari, sauf Tsutsuji Asutaresha qui n'appartient qu'à moi !
Rating : G (pour le moment...)
Amitiés
A peine installée, Shusuran allait retrouver Enju dans sa cabine, qui était voisine. Shusuran commença rapidement son réquisitoire contre la nouvelle-venue :
« Ah, cette Tsutsuji ! Non mais, tu l'as vue cette fille ? … Une fauteuse de troubles et une allumeuse, je parie ! … Tu as vu comment elle nous regardait ? Et le ton qu'elle a employé pour répondre à Hiiragi ? C'est quand même le chef de la mission… Un minimum de respect ne serait pas de trop… C'est quand même curieux que le gouvernement ait rajouté un membre à l'équipe… A ce que Ragi a dit, elle ne devait pas faire partie de la mission à l'origine, c'est peut-être lui qui a insisté pour qu'elle vienne… Qu'est-ce que tu en penses, Enju ? Tu ne dis rien… »
Enju défaisait ses bagages et commençait à ranger ses affaires, un sourire calme sur les lèvres. Elle releva la tête et regarda Shusuran qui fulminait.
« Tu sais bien, Shusuran, qu'Hiiragi n'aurait jamais imposé quelqu'un d'incompétent. Je suis certaine que si Tsutsuji est là, c'est pour le bon déroulement de la mission… »
- En tous cas, c'est l'archétype de la provocatrice, cette fille !
- Oh, je sens qu'elle n'est pas méchante. Ce n'est pas évident d'arriver dans une équipe déjà formée…
- Vu le regard que lui a lancé Gyoku, elle ne risque pas d'être une rivale pour toi… Mais je m'inquiète, tu sais ?
- Tiens, pourquoi cela ?
- A cause de Mokuren… »
Enju ne répondit pas. Elle entendait la voix inquiète de Shusuran résonner dans sa tête : « Ils la dévorent tous des yeux ! Ils sont tous sous le charme ! Gyokuran le premier… et il ne cesse de parler d'elle ! » Enju continuait de ranger tranquillement ses affaires.
« Tout se passera bien, ne t'inquiète pas, Shusuran…
- Oh, si tu connaissais mieux les hommes, tu ne dirais pas çà ! »
Dans sa cabine, Gyokuran était encore sous le charme de Mokuren. Dès qu'il l'apercevait, toute autre chose s'effaçait de son esprit et même l'arrivée de la nouvelle scientifique ne pouvait complètement détourner son attention de la jeune kitchess.
« Saarjalim, qu'elle est belle et majestueuse ! Dire que les kitchess se sont qu'un sur un million et qu'elle en fait partie… Quant à cette Tsutsuji… quelle drôle de fille ! Pourquoi a-t-elle ce sourire désagréable vissée au visage ? … Elle donne l'impression de se moquer de tout et de tout le monde ! Quelle fille antipathique ! … Mokuren, elle, a tout d'un ange… »
« Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? lança Shion à Shu, qui passait devant sa cabine. Pourquoi le gouvernement nous impose-t-il une scientifique de plus ? Je croyais que l'équipe était au complet…
- Je l'ignore, Shion. Mais, il va bien falloir faire avec cette… fille !
- Comme si on avait pas assez de trois gonzesses dans la base ! ... En plus, celle-là, elle a l'air particulièrement empoisonnante ! Que Ragi ne compte pas sur moi pour prendre des gants avec elle !
- Elle a l'air de bien se défendre toute seule, non ? T'as entendu comment elle lui a parlé ?
- Mouais, à tous les coups, c'est une frustrée !
Mokuren était particulièrement joyeuse de partir enfin en direction de la base lunaire. Elle allait bientôt voir de ses propres yeux cette planète bleue qui ressemblait tant aux prunelles de son père. Elle regrettait déjà l'absence de Maude, sa meilleure amie, qui avait pris soin d'elle depuis son plus jeune âge. « Maude, je vais faire de mon mieux pour toi, afin de ne pas te décevoir ! … Enju et Shusuran sont déjà très amies et elles n'ont pas beaucoup de gestes gentils envers moi. Alors, je suis bien contente qu'il y ait une fille de plus dans l'équipe. Elle acceptera peut-être d'être mon amie. Comment s'appelle-t-elle déjà ?… Ah oui, Tsutsuji ! Quel drôle de fille… Elle n'a pas l'air très chaleureuse, mais au moins, elle ne m'a pas dévisagée comme une bête curieuse… J'ai rarement vu des yeux si noirs, presque sans pupille ; ce n'est pas courant…Tous noirs comme des morceaux de nuit oubliés au matin ! Exactement l'inverse de ceux de mon cher papa ! »
Dix minutes s'étaient à peine écoulées que Hiiragi surgissait déjà dans la cabine de Tsutsuji.
Ils se connaissaient tout deux depuis l'enfance et étaient liés par une amitié unique et particulière, faite de complicité et de souvenirs partagés. Tsutsuji avait été presque recueillie par la mère d'Hiiragi à l'age de onze ans, quand sa propre mère s'était enfuie avec un autre homme. Le père de Tsutsuji avait été très affecté par cet événement, mais il avait refusé de laisser sa fille unique dans l'ignorance et lui avait calmement expliqué la situation. Tsutsuji avait, tant bien que mal, tenté de faire face et de soutenir son père de ses maigres forces de petite fille, mais c'était de la famille Okutakosanooru que l'aide était venue. Sous la houlette de la mère d'Hiiragi, Tsutsuji développa une forte personnalité, pleine de charmes, mais quelque peu déséquilibrée. Hiiragi, enfant unique à la timidité maladive, s'attacha vite à cette nouvelle présence, qui rompait par son excentricité, les habitudes quasi-monacales de la famille. L'amitié des deux enfants avait quelque chose de minérale et elle demeura intacte lorsque Tsuji revint vivre avec son père, quelques temps plus tard.
Quand des gamins bien informés disaient à Tsuji que sa mère n'était pas une femme respectable et qu'elle l'avait abandonnée, la petite fille riait et répondait crânement que sa mère était certainement plus heureuse que les imbéciles qui restaient sagement auprès de leurs maris, trop peureuses du "qu'en dira-t-on" pour prendre leur liberté. Les gamins qui répétaient ces paroles à leurs parents se faisaient punir et certains en déduisirent que Tsutsuji n'avait peut-être pas tort. Un petit groupe d'enfants, les plus rebelles pour la plupart, se forma donc autour de Tsuji, auquel Ragi fut tout naturellement associé.
A partir de l'adolescence, Tsutsuji eut vraiment le chic pour se mettre dans des situations invraisemblables et pour sortir avec les garçons qui lui convenaient le moins. Sur un ton toujours humoristique, elle confiait à Hiiragi ses déboires amoureux ou ses derniers tours pendables. Celui-ci jouissait d'une réputation irréprochable tant dans leurs écoles successives qu'à l'université, aussi personne ne comprenait la teneur de ses liens avec cette tête-en-l'air de Tsutsuji Asutaresha !
Hiiragi et Tsutsuji avaient en fait plus en commun qu'on ne pouvait l'imaginer. Ils partageaient un goût profond pour l'excentricité, un esprit tolérant, mais légèrement opiniâtre et une bonne dose de naïveté innocente. Elle appréciait ses mimiques irrésistibles et sa grande sensibilité. Il aimait sa vitalité irrépressible et son ironie décapante. Grâce à Hiiragi, Tsutsuji se sentait pleinement acceptée pour ce qu'elle était et se sentait libre d'agir à sa guise. Et Hiiragi, le timide Hiiragi était rassuré par la présence attentive et constante de Tsutsuji, dont l'extravagance et les provocations confortaient son image sérieuse.
Quand on lui avait confié la responsabilité de cette mission, Hiiragi avait naturellement proposé à son amie de se joindre à lui. Pour tout dire, Tsutsuji n'avait pas été follement emballée par l'idée de s'exiler de longs mois loin de l'étoile principale et au grand désappointement d'Hiiragi avait repoussé son offre. Mais, elle avait rencontré par la suite quelques petits problèmes professionnels, qui l'avait poussée à donner sa démission et à accepter la proposition d'Hiiragi avec quatre mois de retard.
Certes, il y avait peu de demandes pour cette base paumée au fin fond de l'espace, mais le gouvernement avait quand même fait quelques histoires, arguant que l'équipe était déjà constituée, que la base n'était prévue que pour sept personnes, que les courants artistiques n'auraient que peu d'impact sur les conclusions de la mission... De plus, s'attacher les services d'une personne démissionnaire et dont la réputation sentait légèrement le soufre n'était pas pour leur plaire. Mais Hiiragi avait longuement plaidé la cause de son amie, au cours des semaines précédant le départ et finalement le gouvernement avait cédé. Tsutsuji s'était donc jointe à l'équipe au dernier moment et, juste pour embêter Hiiragi, parlait d'elle-même comme d'une scientifique en sursis !
« Tu verras, lui répétait-elle deux jours avant le départ ; ils me rappelleront à la dernière seconde, en disant que je ne vaux certainement pas le royal salaire qu'ils m'ont versé ! »
Hiiragi soupirait d'exaspération, mais il avait fait des pieds et des mains pour la faire admettre dans l'équipe, alors ce n'étaient pas quelques petits sarcasmes qui allaient entamer sa bonne humeur. En vérité, le jeune chef était plus que ravi de conserver son amie d'enfance auprès de lui. Malgré son apparence sérieuse, il avait toujours peur de prendre des responsabilités et il comptait sur la présence de Tsutsuji pour le rassurer. Ce n'est pas qu'il avait besoin de la consulter avant de prendre la moindre décision, mais quand elle se trouvait là et qu'elle posait son regard sombre sur lui, il se sentait immédiatement plus sûr de lui.
Le jeu préféré de cette peste de Tsutsuji était de titiller son ami et elle entendait bien s'en donner à cœur joie, maintenant que la navette était partie et qu'elle ne risquait plus de se faire renvoyer sur Shia au moindre écart de conduite.
« Tu es impossible, Tsuji ! lui lança Hiiragi en préambule, dès la porte refermée. Qu'est-ce qui t'a pris de sous-entendre qu'on avait couché ensemble ? J'ai l'air fin, maintenant ! … Je te rappelle, au passage, que je suis le chef de cette mission, au cas où cet aspect de la situation t'aurait échappé !
- Parlons-en de la situation et mets-toi un peu à ma place, Ragi : je débarque sans crier gare et avec la bénédiction du chef de la mission ! Il fallait bien que je désamorce vite leur curiosité, non ?
- Alors tu t'es dit, en passant : "Je vais leur balancer que je suis sa maîtresse, comme ça, ils me ficheront la paix !" »
La voix d'Hiiragi était légèrement étranglée. Tsutsuji éclata d'un rire sonore. Elle bascula brusquement de la chaise où elle était assise et, se rattrapant à la dernière seconde au dossier, tenta d'y remonter. En vain, elle retomba au sol, les jambes encore à moitié emmêlées dans la chaise, qui bascula à son tour.
« Tu verrais ta tête ! articula-t-elle, entre deux hoquets. Haha… Ca vaut de l'or ! … Hihi ! Rien que pour ça, ça valait la peine ! … Haha… J'ai mal aux côtes !
- Toujours heureux de te mettre en joie de si bon matin ! dit-il, en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Mais…
- Mais ?
- Mais, appuya-t-il, ne crois pas que je vais passer l'éponge si facilement !
- Ne sois pas si obtus, Ragi… et admets simplement que ce coquin sous-entendu sur nos relations leur a coupé définitivement l'envie de poser des questions…
- Ca, c'est sûr, c'était radicalement efficace !
- Je me présente : Tsutsuji Asutaresha, spécialiste des solutions radicales pour faciliter votre vie !
- Mouais… N'empêche que maintenant j'ai l'air de t'avoir pistonné pour faire partie de la mission !
- Mais Ragi… Tu m'as pistonné !
- Merci de briser mes illusions Tsuji, c'est gentil !
- Oh, à ton service ! … Il ne te reste plus qu'une chose à faire, maintenant…
- Ah oui ? Et laquelle ?
- Boire… pour oublier !
- Tu es vraiment impossible… répéta Hiiragi, avec une pointe d'attendrissement.
- Mais c'est ce qui fait mon charme, tu ne crois pas ? … De toutes façons, personne n'a cru à ma fable… Et puis, ce qu'ils peuvent bien penser, entre nous : on s'en balance ! »
Hiiragi, cette fois-ci, ne répondit pas et elle tourna vers lui, un regard interrogatif. Son front était grave. Tsutsuji, qui savait décrypter le moindre changement d'humeur de son ami, lui demanda :
« Ragi, pourquoi t'inquiètes-tu ainsi ? Ils s'habitueront vite à mes petites manies et je te promets de déployer des trésors de diplomatie pour bien m'entendre avec chacun.
- Oh, je ne doute pas de toi. Je sais bien, moi, que tu caches un cœur d'or derrière tes petits sourires sardoniques… Oh, tu peux prendre l'air offensé, je n'en pense pas moins ! … Non, c'est l'équipe qui m'inquiète… Tu ne la connais que d'aujourd'hui, toi… Mais j'ai pu les observer depuis cinq mois et je sens déjà d'étranges tensions, alors que la mission n'a même pas encore commencé ! Et nous allons devoir passer des mois ensemble, loin de tout… »
Il y eut un petit silence. Tsuji avait un drôle de regard fixe, mais bien qu'il l'ait remarqué, Ragi ne sembla pas s'en inquiéter.
« Mokuren, hein ? proposa Tsutsuji.
- On ne peut rien te cacher… Vois-tu des ennuis en perspective ?
- Ragi, tu sais bien que ma vision est limitée et difficilement interprétable !
- Mais encore ? insista le Chef.
- Je ne sais plus… Ne me harcèle pas, Ragi ! »
Quand Tsutsuji le prenait sur ce ton plaintif, Hiiragi avait pour habitude de ne jamais insister. Après tout, il n'avait lui-même aucun pouvoir saatchess et il ne pouvait comprendre ce que ressentait Tsuji. Il choisit donc de revenir sur le sujet de conversation précédent :
« Je peux te demander un service, Tsuji : veiller sur Mokuren, vérifier que tout va bien avec elle.
- Si tu veux ! … Je sens que je vais bien l'aimer cette fille ; elle a une très belle voix mélodieuse, profonde et douce à la fois ! … Mais qu'est-ce qu'elle a l'air à l'ouest !
- Ne dis pas des choses pareilles d'une kitchess, Tsuji ! N'y a-t-il donc rien que tu respectes ?
- Dois-je vraiment répondre à cette question ? lança-t-elle, une moue insolente sur les lèvres.
- Inutile… Je crois déjà connaître la réponse ! … Que penses-tu des autres ?
- Tu t'intéresses à mon avis maintenant ? »
Hiiragi ne répondit pas et attendit patiemment la réponse de Tsutsuji. Il connaissait aussi fort bien le caractère de son amie et depuis longtemps ne s'offusquait plus de ses reparties acides :
« Voyons… dit-elle, en comptant sur ses doigts. Enju a l'air douce et adorable, Shusuran doit être une forte tête dans mon genre, une grande anxieuse si tu veux mon avis… Shion est un taciturne qui ne doit pas porter beaucoup d'amitié à Gyokuran, qui lui, a l'air d'un type gentil, mais vraiment insipide. Quant à Shukaïdo, je ne sais pas, mais… de beaux yeux ! »
« Pourvu que Tsuji ne s'embarque pas dans une de ses histoires sentimentales foireuses dont elle a malheureusement le secret ! Ca n'arrangerait pas l'ambiance dans la base… » pensa Hiiragi, en réprimant un sourire affectueux.
