Auteur : Ruth Dedallime
Titre : AlterEgo
Disclaimer : Tous l'univers Please Save My Earth et ses personnages sont la propriété exclusive de Saki Hiwatari, sauf Tsutsuji Asutaresha qui n'appartient qu'à moi.
Rating : G
Mauvaise réputation
Le lendemain, Shion arriva légèrement en retard au petit-déjeuner. Il avait en main les premiers courriers personnels adressés aux membres de l'équipe.
"Voici le premier envoi de courrier personnel, annonça-t-il de sa voix égale. Nous devrions en recevoir régulièrement maintenant que les ordinateurs sont réparés.
- Donne vite ! lança Shusuran, impatiente d'avoir enfin des nouvelles de sa famille et de ses amis."
Shion fit la distribution avec indifférence, observant avec commisération l'expression heureuse de Gyokuran ou les mains empressées de Shusuran, qui écoutait déjà son premier message sur son ordinateur portatif. Quelle sentimentalité exécrable ! ... En ce qui le concernait, il ne recevait jamais de courrier sur Shia. Alors maintenant qu'il se trouvait à des millions de kilomètres, ses quelques connaissances avaient du l'oublier depuis longtemps ! Ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer à recevoir du courrier.
Il foudroya Shukaïdo qui l'observait avec son habituel regard scrutateur. Au moins, Shu ne prétendait pas l'aimer ou l'apprécier, comme cet hypocrite de Gyokuran ! Mais il n'avait que faire de sa pitié. Il se détourna rapidement et se retrouva face au chef de la mission, à qui il remit le dernier message :
"Celui-ci vous est adressé à toi et à Tsutsuji ! précisa-t-il en le lui tendant. Si vous voulez me communiquer vos réponses, je serais sous le troisième dôme.
- Tu ne déjeunes pas, Shion ? lui demanda Mokuren, alors qu'il sortait.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Laisse donc ma part sur la table !" lâcha-t-il sans se retourner.
Mokuren eut l'air dépité de s'être attirée une nouvelle fois les foudres de Shion. Gyokuran lui adressa un sourire chaleureux et réconfortant, tout en s'occupant de détourner la conversation :
"Dis-moi Hiiragi, comment se fait-il que vous receviez des courriers communs, toi et Tsutsuji ? Vous êtes parents ?
- Hein ? Euh, non… C'est juste que… commença Hiiragi, gêné.
- Ca te regarde ? coupa Tsutsuji, irritée.
- Le prend pas mal… C'était juste de la curiosité.
- Et bien pour satisfaire ta curiosité malsaine, sache que j'ai été quasi élevée par la mère de Hiiragi ! cracha-t-elle de sa voix la plus dédaigneuse. Des critiques à formuler sur ses méthodes éducatives ? Ou peut-être d'autres questions sur nos biographies respectives ? … Non ? … Vraiment ?"
Gyokuran s'empressa de baisser les yeux et, sur un dernier regard mauvais, Tsutsuji sortit de la cuisine, entraînant Hiiragi dans son sillage.
"Pas la peine de se mettre dans un état pareil… murmura Gyokuran, en plissant le nez.
- Tu l'as quand même un peu cherché, Gyoku… commença Enju.
- Oui, approuva Shukaïdo. Tu sais bien que Tsutsuji a horreur qu'on lui pose des questions indiscrètes !
- Mais je ne pensais pas à mal !
- Bien sûr que non. Nous le savons, Gyokuran, intervint Mokuren de sa voix douce et apaisante.
- Eh, écoutez-moi ! lança brusquement Shusuran, qui, curieusement, n'était pas intervenue au cours de la conversation.
- Qu'est-ce qu'il y a, Shusuran ? demanda Enju.
- Suivez-moi !" leur intima-t-elle.
Elle les mena dans la salle principale et passa un extrait du message qu'elle venait de consulter sur le grand écran.
"Cela vient de ma mère," précisa-t-elle au préalable.
Une femme, aux cheveux aussi roux que ceux de sa fille, se matérialisa sur l'écran et prit la parole : "… Je me fais bien du souci pour toi, ma chérie, depuis que j'ai appris qu'une certaine Asutaresha Tsutsuji avait rejoint votre équipe. Maintenant que tu as du sortir d'hibernation, je t'envoie ce que j'ai trouvé sur cette femme ; A ce que j'ai entendu dire, c'est une personne peu recommandable. Mes sources sont plutôt contradictoires : certaines la disent brillante, d'autres arriviste ou amorale, mais toutes s'accordent à dire qu'elle est complètement déséquilibrée. Il semblerait qu'elle ait été la cause de graves dissensions dans son précédent travail, à tel point qu'elle fut "forcée" de démissionner ! Tu comprends mon inquiétude quand j'ai appris son arrivée de dernière minute dans votre navette. J'ai tout d'abord cru qu'elle s'y était introduite illicitement sous un prétexte quelconque, mais l'un des membres du gouvernement m'a assuré qu'il n'en était rien et qu'elle avait été recrutée régulièrement pour cette mission. Il m'a cependant précisé que sans l'insistance du chef de la base, Okutakosanooru Hiiragi, elle n'aurait jamais été engagée. Je n'ose t'en écrire davantage, car les autres éléments en ma possession me semblent par trop fantaisistes. Garde soigneusement tes distances avec cette personne et prends bien soin de toi, ma chérie…"
Shusuran coupa la projection. Un grand silence ponctua la diffusion de cet extrait.
"Ca ne veut rien dire, dit doucement Enju. Ta mère exagère toujours… Je ne la trouve pas particulièrement déséquilibrée !
- Démissionnaire… fit Shukaïdo. C'est bien la première fois que j'entends parler de quelqu'un qui est forcé de démissionner !
- Oui, moi aussi, reprit la jeune femme. Je me demande comment elle a pu arriver à cette extrémité !
- Ca devait être pour des motifs graves… Vous croyez pas ? fit Gyokuran.
- Oh, je les imagine très bien, ces motifs… murmura Shusuran, d'une voix mauvaise.
- Tu n'en sais rien, Shusuran ! s'emporta Mokuren. Tu ne peux pas médire ainsi de Tsutsuji, alors que tu n'as pas la plus petite idée de ce qui s'est passé !"
Mokuren porta la main à sa bouche. Elle n'avait pas voulu crier si fort. Ils la regardèrent tous d'un air abasourdi. Il était rare que la jeune kitchess prenne parti… Pour Tsutsuji en plus ! Cela avait vraiment de quoi surprendre. A la différence de Gyokuran ou de Shukaïdo, Tsutsuji n'avait qu'une courtoisie de surface pour Mokuren. Ils ne pouvaient comprendre que la kitchess l'admirait justement pour son refus de la compromission et de la flatterie amicale.
"Clac."
La porte s'était refermée automatiquement et Tsutsuji regretta de ne pouvoir la claquer elle-même, pour évacuer son trop-plein d'hostilité.
Ils se trouvaient dans la cabine d'Hiiragi, et même si elle n'avait plus la tête de Gyokuran sous le nez, elle continuait à ressentir un profond mécontentement.
"Qu'est-ce qu'il peut m'énerver, ce Gyokuran ! … 'Vous êtes parents ?' singea Tsutsuji avec une moue méprisante. Mais de quoi j'me mêle ? J'lui demande, moi, pourquoi lui et Shion s'entendent si mal et pourrissent l'ambiance de la base ? … 'Je suis Gyokuran, et je m'entends bien avec tout le monde' ! … Non mais, il vit dans quel univers, ce type ? Il ne voit pas que je le déteste ?
- Te voilà bien énervée, Tsuji…
- Oui, tu as raison. Il n'en vaut pas la peine !
- Tu ne peux pas dire ça…
- Tu m'excuseras, mais je n'aime pas sa manière innocente de s'immiscer dans la vie des autres… Je comprends que Shion ait souvent envie de lui envoyer son poing dans la figure !"
Hiiragi regarda son amie avec un soupçon d'inquiétude, qu'elle ne sembla pas remarquer : « Maudite promiscuité ! Tsuji y est de plus en plus sensible… Nous vivons tous les uns sur les autres, ici, et cette pression n'aide pas à la création d'un climat harmonieux. Pourvu qu'elle ne craque pas ! … Je la préfère désinvolte et indifférente, plutôt que malheureuse… ou pire encore ! »
Tsutsuji saisit une pile de livres qu'elle envoya valser au sol.
"Ah ! Voilà, je me sens mieux…
- Si tu as l'intention de continuer à démolir ma cabine, je peux te fournir…"
Ragi avait commencé à évaluer le contenu de sa cabine : "… au choix : cette chaise, dont les pieds contondants te seront bien utiles pour démolir ma bibliothèque ; ce presse-papier en basalte qui, bien que petit, ferait de très esthétiques trous dans les murs, cette bouteille à demi-pleine pour arroser le tapis de vin et de verre brisé ; cette batte dite "de base-ball" construite sur un modèle de KK et dont l'efficacité n'est plus à démontrer ; ce tournevis, dont la poignée parfaitement ergonomique s'adapte à n'importe quelle main… débita-t-il.
- Je déteins dangereusement sur toi, Ragi ! coupa Tsutsuji, en riant… Bon, et si tu nous mettais ce message ?"
Hiiragi n'attendait que ça. Il entra le message sur son ordinateur personnel, qui le diffusa. Une femme un peu forte aux cheveux bruns striés de blanc apparut sur l'écran :
"Mes chers enfants, je dois dire que je suis impatiente que vous consultiez enfin ce message. Les mois derniers nous ont paru bien long sans la moindre nouvelle de vous… J'ai tant de choses à dire que je ne sais plus par où commencer… Voyons, les choses désagréables d'abord : Hiiragi, je te charge de priver Tsutsuji de dîner ce soir. Tout un tas de factures impayées, vieilles de plusieurs mois, sont arrivées chez son père et les créanciers étaient si furieux qu'il a fallu débourser en supplément le quart de la somme due, à titre de dédommagement ! Tsuji, cette somme sera prélevé sur ton compte quand tu rentreras. Nous avons également été effarés par les remous causés par ta conduite dans ton précédent travail. Tes bribes d'explications de l'époque me semblent maintenant un brin nébuleuses et pour tout dire irrecevables ! … Hiiragi, tu as omis de décommander ton rendez-vous médical du printemps dernier. Un jour, mon garçon, tu oublieras ta tête… Tsuji, n'hésite pas à lui faire des listes ! … Sinon, une de vos amies est passée vous voir peu après votre départ. Vous auriez quand même pu l'informer ! Je ne vous ai pas éduqué comme des mufles ! … Oh, une bonne nouvelle quand même : Tsutsuji, tu te rappelles du concours que tu as passé deux mois avant ton départ ? Tu as reçu un prix d'interprétation ! Ton père est très fier de toi… J'espère que tout se passe bien sur la base lunaire et que votre entente est toujours au beau fixe. Il est rassurant, d'une certaine manière, de vous savoir ensemble. Je sais qu'ainsi vous veillez l'un sur l'autre ! MAIS, surtout ne vous repliez pas sur vous-mêmes et ouvrez-vous aux autres. Ce n'est pas en s'isolant que l'on s'affirme ! N'est-ce pas Tsuji ?…"
Puis suivait une dizaine de minutes de nouvelles de l'étoile principale -tant politique qu'économique-, de leurs amis et parents et des recommandations des plus diverses. Le message terminé, Hiiragi et Tsutsuji échangèrent un regard amusé. La mère de Ragi était une femme à forte poigne, qui connaissait fort bien les spécificités de leurs caractères et préférait ne jamais rien négliger.
"Alors Tsuji ? Prête à affronter la disette, ce soir ? railla Ragi.
- A l'unique condition que tu me révèles qui était la fille qui est passée TE voir !"
Hiiragi haussa un sourcil.
"Je ne vois pas ce qui prouve qu'il s'agit d'une de mes connaissances. Ca pourrait très bien être une de tes copines…
- Sauf que moi, j'ai prévenu tout le monde de notre départ ! Alors ? … Ragi ? … Allez ! Fais pas ton timide ! … Ben… Reviens Ragi !
- Ok, c'est bon ! Tu l'auras ton dîner !
- Merci. Ton immense bonté n'a pas de limite ! A tout à l'heure, Casanova !" cria Tsuji, avant de s'enfuir de la cabine de son ami, évitant prestement les livres qui décidément volaient bien bas.
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Ruth (perdue dans son Dédale...)
