CHAPITRE II

Vers la sortie de Londres, dans les sous-sols d'un vieux bâtiment délabré, fulminait un remue-ménage. Des téléphones n'arrêtèrent de sonner, des télex arrivèrent en continuité, des messages circulèrent sans arrêt de bureau à bureau.

Tout ce travail se ralliait aux meurtres à travers le monde. Ces hommes ont pour mission de découvrir les responsables et le pourquoi de ces atrocités. La police a entre temps réussi à savoir qui se cachait sous ce visage déchiré.

Jeudi, 2 août 1990. Une silhouette pénétra dans la banque nationale de Paris. Sur son visage à la peau brune, aux traits bien dessinés, se détachait sur la peau hâlée de la joue droite une cicatrice de sept centimètres environ. Les yeux grands et bien horizontaux, sous des sourcils noirs rectilignes et assez fournis. Les cheveux étaient noirs, avec une raie sur le côté gauche et brossés sans soin, si bien qu'une épaisse virgule retombait sur le sourcil droit. Mesurant un mètre quatre vingt trois et pesant soixante seize kilos, une trace de chirurgie réparatrice au dos de la main droite se laisse remarquer. Ses yeux étaient bleus.

Elle se rendit au comptoir, demanda la totalité de la somme d'argents se trouvant à la banque. L'employé lui prépara sa demande sans froncer. L'inconnu quitta la banque avec douze milliards de francs sous le bras. La banque ne s'aperçut pas qu'elle venait d'être cambriolée tout bonnement parcequ'elle croyait connaître la personne. Elle signala le « prélèvement » à une personne importante à Londres. C'est à ce moment ci qu'ils surent la supercherie.

Un même fait se produisit à New-York. La même description que celle de la banque, a été signalée sur les lieux d'un dépôt conservant secrètement toute une artillerie. Du simple pistolet au bazooka le plus puissant. Des dizaines de mitraillettes, de grenades, de missiles, de munitions, furent ainsi dévalisés en plein jour. Cet homme aidé de plusieurs ouvriers, chargeait l'ensemble que contenait le hangar dans un camion loué. Le travail fini, il partit en direction nord.

La même personne de Londres fut prévenue. Cette nouvelle rendait son visage inquiétant et grave. Il ne savait plus quoi penser. Serait ce possible que l'un de ses hommes soit devenu un traître ?

Dans la même nuit, une ombre se glissa dans l'obscurité du Q.G. des services secrets britanniques et déroba silencieusement un dossier ultra secret clos par un cadenas à combinaison. Quel était ce dossier probablement si important ? En quoi les services secrets sont ils mêlés à cette affaire?

Le lendemain matin, M. reçut un télex lui annonçant que des milliardaires de tout pays ont été menacés d'une peine de mort s'ils ne versaient pas régulièrement tout les mois deux millions de francs. Quel rapport existait entre ces chantages et les meurtres précédemment vécus ? Le directeur des services secrets ne savait plus où se donner la tête. Qui se cachait derrière cette criminalité si bien organisée ?

Il demanda avec urgence de lui rappeler son meilleur agent. Le seul qui puisse résoudre ce mystère. Il cria d'une voix autoritaire dans l'interphone :

Miss Moneypenny. Rappelez moi James Bond de ses vacances.

CHAPITRE III

Lundi, 6 août 1990. Les Bahamas. Trois heures de l'après-midi. Le soleil a atteint sa chaleur la plus culminante. Sur l'île, la température se révélait de 38°C. Devant un paysage éblouissant se trouvait une mer à l'eau transparente et pure. Des centaines de palmiers atteignant approximativement vingt mètres de haut, se dressaient à travers l'île. Une végétation revêtit la totalité de ce décor de rêve et lui rendait tout son charme. Elle était essentiellement composée de fleurs. Certains avaient la couleur rose et violet. D'autres étaient jaune accolées avec du rouge ou encore du bleu assorti avec du blanc. Des fougères d'une espèce rare longeaient les allées et les rares sentiers. La plage se composait d'un sable blanc très fin et chaud. Quelques brindilles flottaient au rivage. L'espèce animale étant surtout marine, se tortillait avec joie dans l'eau. Des crabes et des coquillages se dissimulaient dans le sable. Un long bras partant de la plage se rendait dans les marécages touffus de feuilles hautes.

Les habitants de l'île vivent dans les plus simples conditions. Ils ne possédaient qu'un minimum de confort se définissant par quelques outils et bateaux. Les hôtels sont garnis de meubles artisanaux sans luxe. Des bars locaux sont mises à la disposition de la clientèle où de multiples boissons y sont proposées. Les loisirs s'étendent sur de diverses distractions.

Dans ce bras ralliant la mer aux marécages, se trouvait une vieille barque cachée par des roseaux. Un couple se promenant au rivage fit la remarque qu'il faisait un temps magnifique pour pêcher.

J'approuve entièrement.

La voix retentissait de la barque. La personne sortit de l'eau fraîche une bouteille de champagne lestée par un fil accroché au bateau. Elle versa deux gorgées dans des verres et en tendit un à une ravissante femme qui était couchée à côté de lui. Encore sous le charme de l'homme, elle leva sa main pour prendre le verre et se délassa la gorge.

Sa peau blanche et douce lui rendait un éclat de beauté incomparable. Un grain de beauté sur sa joue droite la rendait encore plus désirable. Ses cheveux somptueux de couleur or formaient une crinière de désir. Des yeux bleu clair et son teint rosâtre harmonisaient galamment avec la beauté du paysage.

Quand à l'homme… Il se caractérisa par un corps puissant, musclé, capable de résister à toute épreuve de douleurs. Allure très britannique, il est d'une galanterie sans égale que l'on trouve rarement chez les hommes. Un visage tendre et affectueux.

Il se tourna vers la fille, la contempla et plongea à nouveau dans la barque.

oh James ! Laisse moi terminer mon verre. Je risque de tout renverser.

Sur un ton laconique, il lui répondit…

Pas grave.

Il l'embrassa au cou et murmura :

Je crois que c'est ma plus grande et plus désirable prise que je n'ai jamais pêché.

Il s'apprêta à la combler de baisers lorsqu'un bip sonore retentit de sa montre.

qu'est ce que c'est que ce machin ?

Lui demanda t'elle déçue par cette interruption.

Tout en ignorant la question, il se leva.

Excuse moi.

Que se passe t'il ?

J'ai une affaire à régler.

Il se rendit à sa voiture, déconnecta le bip de sa montre, prit le téléphone et composa un numéro connu que de lui. A l'autre bout du fil, une voix de femme lui répondit.

James. Où êtes vous ? On remue ciel et terre pour vous retrouver.

C'est que… J'élucidais un vieux dossier Miss Moneypenny.

La jeune femme qui l'accompagnait, s'est entre temps approchée de la voiture. Elle se mit un peu en colère et lui cria :

Qui est un vieux dossier ?

Tais toi.

Lui murmura t'il un peu gêné. Tout en ne s'empêchant de rire, Miss Moneypenny lui fit savoir la raison de son appel.

M veut vous voire dans son bureau de toute urgence.

Est-ce si grave ?

Oui. Je vous conseille d'élucider votre « dossier » une autre fois.

J'essayerai Miss Moneypenny… J'essayerai.

CHAPITRE IV

Mardi, 7 août 1990. Une foule débordante se hâta dans les rues. Un vieil immeuble se fit oublier. Pourtant, derrière ses murs on pouvait entendre toute une organisation au travail. Des machines n'arrêtèrent de crachoter des informations et le long crépitement des machines à écrire semblait interminable. Au sous-sol se trouvaient quelques bureaux bien à part. Avec une double couche d'acier trempé, le lieu fut protégé contre toute catastrophe ou attaque. De doubles vitrages par balle assurèrent l'isolation. Aucune force au monde n'aurait pu violer cette forteresse.

Dans une sombre impasse, un homme vêtu d'un chapeau en feutrine bleu empoigna une vieille rampe d'escalier et descendit sans y manifester sa présence dans cette ancienne bâtisse. Au bout se trouvait une grande place noire utilisée d'antan comme parking. Il avança jusqu'au bout de ce lugubre souterrain pour franchir une porte pratiquement invisible dans cette obscurité. Deux secondes plus tard, il se trouva dans un long couloir bien éclairé. Il poussa la poignée de la porte, ouvrit sans bruit et y lança son chapeau au portemanteau. Ce fut sa façon bien originale de manifester son arrivée. Au milieu de la pièce se trouvait un bureau mis en valeur par une charmante secrétaire. Ses cheveux bouclés et sa peau bronzée à souhait cachaient avec timidité une intelligence remarquable.

James ! Déjà de retour ?

Hélas Miss Moneypenny. Mon devoir m'appelle. M. est là ?

Oui. Il vous attend avec une grande impatience.

pourriez vous me renseigner sur cette nouvelle mission ?

Malheureusement non. Moi-même je ne suis au courant.

Curieux.

Comme vous dites. Ah ! Ne l'exaspérez pas trop. Il est très nerveux ces derniers jours.

Je tâcherai de m'en souvenir.

Elle annonça dans l'interphone l'arrivée de Bond. Une voix rauque se fit entendre.

Qu'il entre. Convoquez moi également les Hommes du Monde ainsi que Q.

Bien Monsieur.

Qui sont les Hommes du Monde ?

Demanda James bond d'une manière lacunaire.

Je ne sais pas trop. Je crois qu'ils représentent la richesse que nous possédons à travers le globe. Mais M. saura mieux vous renseigner. Vous pouvez y aller. Le signal est vert.

Souhaitez moi bonne chance.

Il franchissait une première porte en bois naturel pour se retrouver nez à nez devant une deuxième porte recouverte de cuir afin d'assurer son insonorisation. Il l'ouvrit et pénétra dans un bureau luxueusement décoré d'objets rares. Un homme d'une forte personnalité se familiarisait avec Bond. Son visage dur exprimait une profonde inquiétude que 007 n'a encore pu dévoiler.

CHAPITRE V

Une lourde atmosphère se manifesta et James bon la sentit. Une haute et intelligible voix grave se fit entendre.

Veuillez prendre place double zéro sept.

Avez-vous passé d'agréables vacances ?

Excellentes Monsieur.

Bien… Avez-vous suivi l'actualité ces derniers jours ?

C'est que… Là où je me trouvais, les nouvelles ne se diffusaient que rarement.

Je vois. Etes vous au courant des meurtres à travers le monde ?

Non. Je ne vois pas à quoi vous faîtes allusion.

Bon. Je vais vous résumer l'histoire. Le 16 juillet dernier un de notre agent se trouvant à Budapest, fut tué. Deux jours après, le même acte se reproduisit au japon. Malgré le manque d'information, nous supposons qu'il s'agissait du même homme. Il était difficile d'obtenir une description de cet individu. Il apparaissait et disparaissait comme l'éclair.

Un bon professionnel.

Sans aucun doute.

M prit l'interphone, appuya sur le bouton et crogna :

Miss Moneypenny, Faîtes entrer les Hommes du Monde.

Et en s'adressant à bond :

Ils sauront mieux que moi vous narrer la suite des événements.

La porte s'ouvrit laissant apparaître quatre personnes raffinements habillés dans des complets blancs. Chacun tenait une valise. M. prit la parole :

Chaque personne représente un capitale dont les services secrets britanniques en sont les propriétaires. Ces capitaux sont éparpillés à travers le monde afin de mieux préserver leur protection. Aucun individu ne connaît leur emplacement sauf moi et ces quatre messieurs. Deux des capitaux se trouvaient dans la banque nationale de Paris et à New York dans un vieux dépôt.

Or, une personne s'est appropriée ces biens sans difficultés. Messieurs, veuillez lire à haute voix les intérêts dérobés ainsi que la description donnée par la sécurité. Je vous rappelle Bond que nous jugeons ce personnage responsable de ces actes. Ah ! Avant de commencer, je tiens à rajouter une chose. Des milliardaires de tout pays sont rançonnés par cette même personne. Vous pouvez commencer messieurs…

Un toussotement jaillit de la bouche pour laisser place à une voix sereine. L'homme qui prît la parole et tout au long de son discours, ses yeux noir n'arrêtèrent d'observer la pièce. Il analysa les réactions de chaque occupant.

Comme M. venait de dire, la banque nationale de Paris a été privée de notre bien qui se composait d'une modique somme de douze milliards de francs. Quand au capital dérobé à New York, celui-ci se définissait par un arsenal de guerre où toutes catégories d'armes y étaient stockées.

Un silence régnait dans la pièce. L'homme fit une courte pause avant de continuer sa lecture.

Des témoins ont cependant pu nous fournir des indications sur l'homme en question. D'après le rapport, le visage de l'homme se caractérise par une peau brune aux traits bien dessinés où sur la peau hâlée de la joue droite se détachait une cicatrice de sept centimètres environ. Les yeux grands, bleus et bien horizontaux sous des sourcils noirs rectilignes et assez fournis. Les cheveux noirs avec une raie sur le côté gauche et brossés sans soin, si bien qu'une épaisse virgule retombait sur le sourcil droit. Mesurant un mètre quatre vingt trois et pesant soixante seize kilos, une trace de chirurgie réparatrice au dos de la main droite se laisse remarquer.

Bond blêmit. Cet homme venait de décrire sa personnalité. Il ne sut quoi penser. Voulant prendre parole, une voix à peine audible sortit de sa gorge.

En êtes vous certains ? Vos sources sont ils sans faille ?

Ils le sont double zéro sept. Apparemment cette description très détaillée se rapporte à vous.

M. analysa James bond. Il savait qu'il ne trahirait sous aucune menace sa patrie. Et pourtant ! Les apparences furent contre lui.

Personnellement, je vous juge innocent mais les faits sont contre vous. Je vous innocent pour deux points qui m'ont étonné dans cette affaire. Le premier est la découverte d'une victime sauvagement mutilée. On l'a retrouvée morte dans un caniveau pataugeant au milieu d'une mare de sang. Cet homme exerçait la chirurgie esthétique. Lors de la fouille à son appartement, on découvrit de dizaines de photos de votre visage.

Si je vous comprends bien, il y aurait un double de moi libéré dans la nature ?

Oui ! Nous avons aussi découvert un papier où « OPERATION HERCULE » y fut inscrit. Cela vous dit quelque chose ?

Aucunement.

Le deuxième point soulève un vol. Lors d'une nuit, une personne s'est prise la peine de dérober votre dossier secrêt. Si ça aurait été vous, vous auriez sans doute pris la peine d'emmener le double.

A moins d'endormir vos soupçons.

Soit. Mais par la loyauté que vous avez montré lors de vos missions, j'ai la conviction que quelqu'un vous tend un piège pour vous radier des services secrêts britanniques. C'est pourquoi, officiellement vous serez arrêté pour faire croire à l'ennemi la réussite de leur plan. Entre temps vous aurez un répit de dix jours pour trouver le vrai coupable. Ce délai passé, je serai dans l'obligation de vous arrêter pour de vrai. Alors n'oubliez pas. Dix jours.

Bien Monsieur et…Merci.

Miss Moneypenny ! Faites venir Q. dans mon bureau.

Bien Monsieur.

Q. vous équipera d'une panoplie appropriée à cette mission.

L'atmosphère était tendue voire même maussade. James Bond, le plus célèbre des agents secrêts se trouvait en fâcheuse posture. Il devra donner le meilleur de soi-même pour se disculper de ce traquenard.

à suivre…