CHAPITRE VIII
Treize heures trente. Le célèbre agent secret regagnait sa chambre. Après avoir refermé la porte, il vérifia la pièce. Il constata avec satisfaction, le fonctionnement de ses pièges. Le cheveu qu'il avait accolé entre les portes de l'armoire ne figurait plus. Sur les ouvertures de sa mallette apparaissaient des empreintes. Quelqu'un s'était introduit dans sa chambre lors de son absence. Bond ignorait qui et le but précis de cette visite mais il était certain qu'il se ralliait à sa mission. Il contrôla la chambre et trouva deux micros bien cachés. Ils étaient probablement très sophistiqués malgré leur petite taille. Bond n'avait aucunement l'intention de s'en emparer pour les détruire. Non ! Il allait jouer l'ignorant et retourner cet avantage contre ses ennemis. Il prit le combiné téléphonique, le dévissa et constata qu'il était sur écoute. Il le referma sans y toucher. Il composa le numéro de la réception où une voix fatiguée et aimable se fit entendre.
-Vous désirez ?
-Pourriez vous faire monter au 120, des œufs brouillés au bacon accompagnés d'une spécialité parisienne ? A votre goût quand à son choix.
-A votre service Monsieur.
Dix minutes plus tard, on lui apporta son repas. Il prit le temps de le déguster puis, épuisé, il se coucha. Il devait être en forme pour cinq heures. Un rendez-vous important qu'il ne devait manquer sous aucun prétexte. Il régla son réveil sur quatre heures et s'endormit.
Un bruit strident fit sursauter Bond de son lit. Il débrancha le réveil et prit une douche pour effacer le reste de sa somnolence. Il s'habilla tout d'abord d'une tenue légère et noire qui sera transparente sous son complet bleu clair. Les chaussures étaient munies de semelles en caoutchouc évitant ainsi tout bruit. Pour compléter, il s'équipa des différentes armes que Q. lui a confiées. Il était fin prêt à se rendre à ce lieu maudit.
Il restait cinq minutes avant l'heure fatidique.
Une voiture parquait au coin de la rue. Une silhouette impatiente se remuait à l'intérieur. Il observa une allée sombre et inquiétante. Dire qu'ils devront l'arpenter dans quelques minutes. Cet endroit était tellement noir que l'on crut un instant voire un monstre cherchant une proie à dévorer.
-que peut il bien faire ?
Sur ces mots, il entendit vrombir une voiture. Il ne la reconnut pas immédiatement car l'obscurité y régnait déjà bizarrement à cette heure çi.
-Il était temps. J'ai cru un instant que tu avais oublié.
-Je n'oublie jamais un tel rendez-vous. L'endroit est plutôt effrayant.
Finalement, tu m'accompagnes tout de même ?
-Ouais ! La nuit s'installe tôt par ici. Même en été.
Pour le récepteur, ne t'en fait pas. Je l'ai laissé branché. Les conversations seront enregistrées.
-Il n'y a pas âme qui vive dans cette ruelle. Que quelques vieilles maisons délabrées aux alentours. Penses tu qu'il y ait des gens qui les habitent ?
-On va le savoir.
Felix Leither sortit de la voiture, se plaça au coin de l'allée et y jeta quelques objets sur le sol. En une seconde, les lumières s'allumèrent. Les locataires se penchèrent à leur fenêtre. Ne voyant rien, ils refermèrent au plus vite leurs volets.
-Content ?
L'homme habillé d'une combinaison noire le fut. James Bond devait jouer serrer. Il ne devait utiliser aucune arme à feu pour ne pas ameuter tout le quartier.
-Où se trouve la maison de Maxime ?
-C'est le grand bâtiment au bout de la rue. C'est d'ailleurs la maison la plus luxueuse. Coté bruit, il n'y a aucun danger. L'établissement est entouré d'un somptueux jardin exotique.
-Dans ce lieu pourri ?
Tu restes là. Je brancherai le micro une fois arrivé.
-Ok ! Mais en cas difficulté, tu t'en vas sans demander ton reste.
-Ne t'en fait pas. C'est minutieusement calculé. J'ai tout prévu.
Sur ces mots, il s'engouffra dans ce paysage cauchemardesque.
Le caoutchouc à ses souliers lui rendaient le déplacement confortable sans évoquer un seul bruit de pas. Arrivé près du portail, il aperçut un gardien presque invisible par la nuit. Bond s'en approcha. Il pressa sur l'un des boutons de sa montre, libéra le fil et étrangla le gardien. Son œuvre terminé, il le rétracta à sa place respective. Sans bruit, il se faufila à l'intérieur du jardin.
Une seule lumière éclaira l'ensemble de la maison. Bons s'en approcha et s'immobilisa près de la fenêtre. Il observa la pièce et ses occupants. Il brancha le micro et ne dit plus un mot.
L'intérieur fut luxueusement meublé. Des tableaux des plus grands peintres ornaient les murs. Un lustre gigantesque pendait à un plafond blanc cassé.
Cinq individus étaient assis à une table ronde. La grande vitre qui donnait vue sur le jardin n'était certainement pas isolée ni protégée contre les balles car les voix furent audibles lors de discussions mouvementées. Bond n'a eu aucune difficulté à percevoir la scène qui s'y déroulait. Il ne perdait aucun mot avec son micro.
Un homme de petite taille pesant dans les cent kilos prit la parole. Bond reconnut, par une photo, Maxime.
-Ecoutez Messieurs. Nous sommes ici pour régler définitivement l'affaire Bond et non pour s'occuper de vos petites querelles.
-Maxime a raison. Il faut unir nos forces si nous voulons que le coup réussisse.
Oublions nos petits désaccords.
Tous hochèrent la tête pour approuver la décision.
Un homme maigrichon prit la parole.
-Un de mes hommes m'a appris que James Bond a été arrêté par Scotland Yard.
-Et à ton avis, que fait il à Paris ?
-Il essaye de se disculper pardi.
-Il pourra toujours courir. Le grand patron a mis notre homme à l'abri.
-Et… Ce sera quand son prochain coup ?
-Demain. En Hongrie.
-Où exactement ?
-A Budapest.
Bond était satisfait de sa venue. Il avait toutes les informations qu'il voulait savoir.
-Espérons que Felix ait tout enregistré.
Il débrancha le micro et voulut quitter les lieux Lorsqu'une silhouette ne se faufila pas loin de lui. Il s'en approcha au moment où elle s'immobilisa. La personne habillée en noire comme lui, tenait dans sa main une arbalète prête à faire feu. Bond parvint à temps pour éviter le carnage.
Il serra un endroit précis de son cou et provoqua un évanouissement. Il l'empoigna sur son épaule et se hâta de disparaître de ces lieux avant que l'on repère sa présence.
Arrivé à la voiture, Felix Leither dut s'étonner de ce que Bond ramena avec lui.
-Qui est ce ?
-Si seulement je le savais. Rentrons à l'hôtel. Nous pourrons mieux l'interroger.
-Tu veux dire qu'on pourra interroger Elle.
-Comment çà ?
-C'est une femme.
-Je ne l'ai pas remarqué. Je l'ai pris par derrière et mis sur mon dos. J'ai saisi son arme au passage pour ne pas laisser de trace.
Six heures. James bond et Felix Leither sont arrivés à l'hôtel. Tout en attendant le réveil de cette inconnue, les deux agents écoutèrent l'enregistrement.
-Je me demande qui est ce grand patron.
-M'as-tu fait une réservation pour le vol de Budapest ?
-oui. Et je t'ai même réservé un petit appartement. Je pense que ce sera mieux que l'hôtel.
-Entièrement d'accord.
Tout en répondant, il se saisit de l'arbalète et l'observa.
-on dirait qu'elle s'y connaît en arme. Elle est la fois légère, précise et silencieuse.
-Sans oublier que tu aurais pu mourir si son intervention lui aurait réussi.
-Je me demande qui elle visait.
Bond observa le visage et se souvint où il l'a déjà vu.
-Ca y est. Je me rappelle où je l'ai déjà rencontré. C'est la fille qui m'a accompagné durant le vol Londres Paris. Reste à savoir qui elle est.
La fille commença à se réveiller et eut une infime crainte lorsqu'elle vit les deux hommes.
CHAPITRE IX
James Bond s'en approcha pour l'assurer. Désorientée par les événements, elle demanda anxieusement :
-Qui… Qui êtes vous ?
Felix Leither ne put s'empêcher de lancer une remarque.
-C'est plutôt à nous de vous le demander.
-Laisses la. Elle semble perturbée.
Bond savait qu'il fallait gagner sa confiance pour connaître ses objectifs.
-Dites moi, que faisiez vous là-bas ?
-Quelle question. Je voulais tuer cette pourriture. L'assassin qui a tué mon père. Et j'aurai réussi mon coup si vous ne seriez pas intervenu.
-possible. Mais les soupçons seraient tombés sur moi.
Qui visiez vous ? Et qui était votre père ?
Un long silence régnait dans la pièce avant que la fille ne réponde.
-Mon père était le célèbre Docteur Curtis Crown.
-Le médecin spécialisé en chirurgie esthétique qui a été retrouvé mort en plein milieu de Londres ?
-Lui-même. Quand à moi, je m'appelle Angela Crown. Je suis sa fille et je tiens à le venger par tous les moyens.
-Connaissez vous l'identité du tueur ?
-Oui. Je me tenais derrière une porte camouflée que nul ne pouvait remarquer. J'ai bien entendu mon père prononcer à plusieurs reprises le nom de Maxime. Il suppliait son bourreau de l'épargner mais en vain. Celui-ci, en ricanant, lui répondit qu'il en savait trop.
-Avez-vous une description de cet individu ?
-Non. Mais je n'oublierai jamais ce rire.
-Une dernière chose. « Opération Hercule », ça vous dit quelque chose ?
-Non. Je ne vois pas. Pourquoi ?
-Par simple curiosité.
Bond ne pouvait lui révéler la vérité. Il savait que l'assassin du Docteur Curtis Crown ne fut que son double. Angela perdrait à cent pour cent sa confiance s'il lui narrait que son père travaillait avec des criminels. Que c'était de sa faute qu'une telle criminologie sévisse aux quatre coins du monde. Non. Il voulait lui épargner une telle souffrance.
-Si j'ai bien compris, vous vouliez tuer Maxime avec cette arbalète.
Etes vous bonne tireuse ?
-Votre curiosité aurait été comblée si vous m'auriez laissé faire tout à l'heure.
-En effet ! Felix, je dois m'en aller. Tu t'occupes d'elle.
-Où allez vous ?
-En Hongrie.
-Je vous accompagne.
-Il n'en est pas question.
Sur ces mots, il quitta la chambre. Sur le chemin de l'aéroport, il s'aperçut qu'une journée s'est écoulée. Il ne lui restait plus que neuf jours pour dévoiler la supercherie.
Neuf jours… Période trop courte aux yeux du Commandeur Bond.
Jeudi, 9 août 1990. Sept heures trente du matin.
La pluie commença à tomber sur les pistes d'envol des aéroports. Un jet privé attendit son passager. Le pilote et l'hôtesse espéraient son arrivé afin d'éviter l'intempérie qui se rabat sur la ville de lumières. Une voiture se fit entendre et se gara non loin de l'avion. Le pilote et l'hôtesse s'en approchèrent.
-Monsieur bond je présume ?
-Vous présumez juste. Tout est prêt ?
-nous n'attendions que vous. Voici l'hôtesse qui saura vous tenir compagnie durant le vol.
-Quelle charmante pensée.
Tout trois s'engouffrèrent dans le jet. Quelques secondes plus tard les moteurs de l'avion grondèrent leur puissance pour se retrouver dans les airs. Bond a déjà pris goût au voyage. Il tenait dans ses bras cette ravissante jeune femme qui devait lui rendre son vol agréable. Et pour çà, bond savait comment s'y prendre.
Au moment même où il voulut caresser la cuisse de sa compagne, Angela Crown apparut.
-Vous alors. Vous ne vous lassez jamais de ce sport ?
Surpris, James bond arrêta d'embrasser sa prise pour se retourner vers l'intruse.
-Que faîtes vous là ?
-Je vous l'ai dit que je voulais vous accompagner. Maintenant je comprends pourquoi vous refusiez ma présence.
-Et Felix Leither ?
-Lui ? Il doit sans doute encore attendre à ce que je sorte de la salle de bain. Pour tromper sa surveillance, j'ai dû jouer à l'acrobate sur le balcon pour descendre par les escaliers de secours et juste le temps de héler un taxi pour vous suivre et arriver avant vous pour me dissimuler dans l'avion. Fort non ?
Le mot fut faible. En effet, elle était très douée et Bond l'avait sous estimée mais il ne commettra plus cette erreur.
Ils survolèrent le territoire hongrois lorsque le pilote fit son apparition.
L'homme grand, moustachu, portant des lunettes, s'approcha. Il portait une veste spécialement conçue contre les grands froids.
-Un problème ?
Demanda Bond soucieux.
-Oui. Vous monsieur Bond.
Il brandissait une arme menaçant les passagers.
-Savez vous qu'un coup de feu dans la cuirasse de l'appareil risque de le déséquilibrer et de s'écraser ?
Un rire satanique se fit entendre avant de percevoir une voix rauque.
-Je le sais parfaitement. Qui est cette jeune femme ?
-Vous n'allez pas me le croire. C'est une passagère clandestine.
-Son nom ?
Sous la menace, James Bond n'avait pas vraiment envie de jouer au raffiné.
-Angela Crown.
-La fille du médecin ?
Une voix à peine audible et terrifiée répondit :
-Elle-même.
-Dommage pour toi ma belle mais ça nous arrange. J'ai un cadeau pour vous deux. Vous allez essayer de battre le record du saut d'altitude sans parachute.
Il fit feu sur les commandes de l'appareil tout en aboyant de sa voix rauque :
-Ainsi toute tentative est inespérée. Si vous ne voulez pas vous écraser, il faudra sauter.
-Sans parachute.
-Vous avez tout compris monsieur Bond.
-Vous n'êtes vraiment pas galant avec les dames. Pour moi je comprends, mais elle,
Elle ne sait rien.
-Peut être, peut être pas. Je ne peux prendre le risque de la laisser vivante.
En ouvrant la porte, un courant d'air puissant s'engouffra à l'intérieur du Jet. Tout en se tenant près de la porte, le pilote cria :
-Allez ! Sautez. Bien entendu, pour vous montrer ma galanterie, monsieur Bond aura l'honneur de commencer.
-Trop aimable. Mais ne préféreriez vous pas nous faire une démonstration ?
-SAUTEZ !
-Puisque vous y tenez.
James Bond avança lentement vers la bouche béante du ciel. La pression de l'air se fit sentir de plus en plus. Se trouvant devant la porte et juste à côté du pilote, il observa et lui lança un sourire inexplicable. Ne comprenant pas, Bond profita de son inattention pour le désarmer. Une lutte de force égale s'engagea dans ce minuscule appareil qui bientôt, allait s'écraser.
Bond maintenait l'homme au dehors de l'appareil et l'en expulsa. Malheureusement son geste l'entraîna avec. Sa seule chance d'en sortir vivant, est de récupérer le parachute que le pilote avait sur lui. Il se laissait flotter vers lui et une nouvelle bagarre éclata en plein ciel. Après maints efforts, Bond réussissait enfin à lui arracher le parachute dont en dépendait sa vie. Pour en finir définitivement avec cette querelle, l'agent attribua à son ennemi, un coup de pied qui le fit emporter par les vents.
A son poignet, il avait toujours sa mallette attachée par une paire de menottes. Une chance de ne pas l'avoir perdu.
Entre temps, l'hôtesse expulsa Angela de l'avion. Prise par surprise, elle ne pouvait lutter contre ce geste.
Bond avait fini de mettre le parachute lorsqu'il vit le drame. Il déployait toute son énergie pour la rejoindre. Angela le vit s'approcher et comprit son intention. Elle essaya vainement de s'agripper à lui mais ses bras fatiguèrent.
-Tiens bon. Nous avons bientôt réussi.
-Je ne peux plus James. Mes bras me font mal. Je sens que je vais lâcher.
-Tiens encore quelques minutes.
Hélas, sur ces paroles, elle lâcha prise. Il la vit avec des yeux effarés, s'écraser sur le sol. Il lui restait quelques secondes pour déployer son parachute.
Au moment où il tira sur la poignée, une explosion s'entendit non loin de lui. L'avion venait de s'écraser contre une colline dévorant dans ses flammes l'hôtesse.
Budapest. Dix heures du matin. Un homme fatigué sortit de sa poche un trousseau de clés. Il ouvrit la porte de son appartement. Une pièce sombre se dessinait devant ses yeux endormis. Il posa ses affaires sur la table du salon, ferma la porte d'entrée et, tout en s'allongeant sur le lit, il se dit :
-Je contacterai Felix plus tard.
Sur ces mots, il s'endormit.
Lorsqu'il se réveilla, son premier geste se dirigea vers une boite noire posée dans sa mallette. Il l'alluma et vérifia la pièce. Aucun micro n'était détecta. Il appela son ami Felix. Au bout du fil, une voix pâteuse répondit :
-Oui ? Qui est ce ?
-Suis-je bien chez le Docteur Morgan ?
-Oui Monsieur. Comment se déroule votre cure ?
-Pour l'instant je suis au calme mais le voyage en avion était éreintant.
J'ai eu ma au cœur.
-Avez-vous réceptionné le colis envoyé par erreur ?
-Oui. En plein vol. Je puis vous le dire… Je l'ai perdu au cours du voyage dans l'avion. Je n'ai rien pu faire pour le garder intacte.
Un long silence régnait à l'autre bout du fil. Felix reprit la parole :
-Que voulez vous. C'est la destinée.
-Elle paraît parfois drôle la destinée. Je vous quitte. Je vais commencer votre cure de remise en forme.
-A la prochaine.
-C'est cela.
Bond raccrocha avec une légère amertume. Il revoyait le plongeon d'Angela. Son impuissance pour la sauver…
Leither était maintenant au courant grâce au code utilisé. Il oublia tout tourments. Quitta l'appartement et dîna dans le restaurant le plus raffiné de la ville. Il commanda une bisque de homard arrosée d'un vin blanc accompagnée par un Don Pérignon 1917.
A peine sa collation terminée, un détail le frappa.
CHAPITRE X
Dans un coin dissimulé du restaurant, déjeunait un homme baraqué qui se faisait toujours servir par le même serveur. Peut être qu'une coïncidence mais cela intriguait James Bond. Pourquoi ? Lui-même ne le savait pas. Son instinct sans doute.
Il s'en approcha discrètement au moment où le serveur discutait avec le client. A la fin de la conversation, Bond se rassit à sa table et demanda ce serveur à sa table. Il voulait observer quelle réaction aura cet employé. En le voyant, le serveur aux cheveux blonds et yeux bleus, ressentait au fond de lui une seconde de panique. Aucun des clients présents dans ce restaurant n'aurait pu déceler cette inquiétude. Aucun sauf Bond et cet homme ne le savait. Le grand blond se dirigeait vers Bond en prenant son air professionnel.
-Vous désirez monsieur ?
-Un dessert.
-Certainement. Avez-vous fait votre choix ?
-Non. Que me conseillerez vous ?
-Nos coupes surprises sont très succulentes.
-Qu'est ce ?
-Monsieur, si nous vous le dévoilions, où serait la surprise ?
-Vous avez raison. Dites moi, la personne assise au fond du restaurant, il me semble la connaître. N'est ce pas une célébrité ?
-Oh que non monsieur. Il s'agit juste d'un client habituel Il est très fidèle à notre restaurant. Vous devez confondre monsieur.
Je vais vous chercher votre coupe surprise.
Le garçon le quitta mais Bond ne se sentait point du tout à l'aise.
Le garçon se dirigea vers ce fidèle client, chuchotait quelques minutes avec lui puis se hâta dans les cuisines. Quinze minutes s'écoulèrent lorsque le garçon revint avec le dessert.
-Voila monsieur. Je vous souhaite bon appétit.
Le garçon lui présenta une coupe en cristal remplie de deux boules de glaces aux parfums variés, mélangées et enrobées d'un des meilleurs cognacs. Pour couronner, un biscuit ornait la glace. Sur les côtés il y avait des framboises et des fraises baignées dans de la chantilly.
-Ca a l'air appétissant tout ça. Voulez vous me goûter ce chef-d'œuvre ?
Le serveur blêmit à la demande de Bond et lui répondit en titubant sur ses paroles :
-Désolé monsieur, mais nous n'en avons pas le droit.
Sur ces mots, il voulut le quitter mais l'agent secret le retint.
-Allons ! C'est moi qui vous le demande. Vous n'aurez aucun problème avec votre employeur. Ou craignez vous un empoisonnement ?
-Je… Je ne comprends pas cette insinuation. Pourquoi serait ce empoisonné ?
-Parce que je suis une personne gênante.
Bond tenait fermement sa proie et il n'était pas prêt à la lâcher.
-Goûtez moi ça ou passez aux aveux.
James bond l'empoigna très fortement au niveau de son bras.
L'homme souffrait.
-Parlez !
-D'accord. Que voulez vous savoir ?
-Qui êtes vous ?
-un agent travaillant pour le compte de…
Il voulut terminer sa phrase lorsqu'une balle traversa la salle pour transpercer son crâne. Bond se retourna irrémédiablement vers la provenance du tir. L'homme baraqué, maintenant debout, tenait dans sa main l'arme du crime munie d'un silencieux. Le tir était à peine audible. Il est vrai que Bond ne faisait plus attention à celui-ci. Il l'avait complètement oublié. Regrettable erreur. Démasqué, le tueur se rua vers la sortie pourchassé par Bond. Commençait alors une véritable poursuite en voiture. L'Aston Martin de Bond avait vite fait de rattraper son ennemi.
Durant la poursuite, James bond réfléchissait à la situation. Un homme sans raison apparente tue un serveur qui n'est en fait qu'un agent dont le cerveau lui est pour l'instant inconnu. Avec un peu de chance, cet homme qu'il pourchasse coriacement, le dirigera peut être au responsable de ces crimes. Mais pour cela, il fallait laisser croire à son adversaire qu'il n'était plus poursuivi.
La voiture noire s'engoufrit à toute allure dans un parking souterrain. Le conducteur jouait avec Bond. Il lui faisait faire toutes sortes d'acrobaties avant de ressortir sur la chaussée. James bond lui laissait l'avantage et la menaçante voiture noire crut avoir triomphée.
Après une heure de route, la voiture s'arrêta enfin devant un commerce. Le conducteur descendit de son bolide et entra dans le magasin.
James Bond arrivait juste à temps pour le voire pénétrer à l'intérieur. A son tour, il s'y rendait.
L'ensemble était pauvrement meublé. De multiples rayons alimentaires se dressaient devant les yeux de Bond. Tout indiquait que ce n'est qu'un simple commerce d'alimentation et pourtant une sensation de danger enveloppa le Commandeur Bond.
Tout en marchant à travers les différents rayons, il chercha l'assassin. Introuvable.
Il était introuvable. Il était prêt à quitter le magasin lorsqu'il entendit des voix provenant du fond du magasin. Il s'y rendait silencieusement et vit une porte.
-C'est donc là que tu te caches.
Une vive discussion s'échappa de derrière la porte.
-Pourquoi êtes vous venu ici ? Vous ne deviez jamais venir dans ce magasin. Vous le savez non
-J'ai des informations urgentes à vous transmettre.
-Bon ! Parlez. Je vous écoute.
-James bond se trouve à Budapest et il était au restaurant.
-Quoi ? Et… il vous a vu ?
-Oui. Mais il ne sait rien. Il m'a remarqué avec notre agent. Lorsque nous le vîmes, j'ai ordonné à ce que l'on le supprime.
-Par quel moyen ?
-Poison. Mais ça n'a pas fonctionné. Il a compris le stratagème et menaçait notre homme qui allait parler. J'étais donc dans l'obligation de le tuer sous risque qu'il y révéla toute l'opération. Bond m'a ensuite poursuivi mais je l'ai semé.
-Tu as bien fait. Ce meurtre nous est utile en fait de compte.
-Comment ça ?
-Nous affirmerons que c'est James Bond l'auteur de cet acte criminel. Ca nous évitera de faire intervenir son double.
-Le meurtre de notre agent était donc prévu.
Que fera t'il maintenant ?
-Il se rendra aujourd'hui même en Italie pour exécuter le projet 3.
Ce malheureux incident au restaurant nous permettra d'accélérer « Opération Hercule ».
Bond ne savait plus quoi faire. Il n'avait pas pensé qu'il sera le suspect numéro un de ce meurtre. Il fallait qu'il quitte Hongrie le plus rapidement possible destination Italie.
Là peut-être, il aura plus de chance à capturer cette organisation et enfin connaître la vérité sur cette fameuse « Opération Hercule ».
Il voulut se rendre vers la sortie quand deux colosses l'encerclèrent.
-Alors on écoute aux portes ?
Au deuxième de rajouter :
-Mais c'est très malpoli. Le patron ne va pas apprécier. Il ne sera pas content.
Mais alors pas content du tout.
-Avance et ouvre cette porte puisqu'elle t'intéresse tant.
Bond ne put qu'obéir. Il prit la poignée de la porte lorsque soudain il se retourna et assimila à l'un des deux gardes un violent coup de poings au niveau du ventre. Celui-ci ne broncha pas d'un millimètre. Le deuxième garde se mit à rire salement.
-Ne fais pas cette tête et ouvre moi cette porte.
Bond avait échoué. Il était prisonnier. Les trois personnes pénétrèrent dans la pièce et un étonnement bref se dessina sur les visages de ses occupants.
Un homme maigre mais autoritaire s'adressa alors au conducteur de la voiture noire.
-Ainsi tu l'as semé. Et ça ? C'est le Père Noël ?
-Je… Je ne comprends pas.
Moi si. Il t'a utilisé comme appât et tu as marché. Tu n'es vraiment bon à rien.
Puis, en s'adressant aux gardiens.
-Depuis quand se trouvait il là ?
-Nous l'ignorons. Nous savons seulement qu'il se trouvait derrière la porte, vous épiait et voulait nous quitter lorsque nous le surprimes.
-Sûrement qu'il a tout entendu.
-Allons nous changer nos plans ?
-Non ! Enfermez le.
-bien patron.
-Ils se rendirent à une porte donnant accès à la cave.
-Te voilà au frais pour un moment.
Puis en s'adressant à son complice :
-Enchaînons le à ces anneaux de fer avec une paire de menottes. Voilà.
Maintenant tu pourras toujours courir pour sortir de là. Ah ! J'oubliais. Nous avons oublié de réparer la fuite d'eau. Dans dix minutes, tout risque d'être inondé.
Excuse nous de cet oubli. Amuse toi bien. Ha Ha Ha.
A peine la porte fut fermée qu'une trombe d'eau sortit d'une vanne. Que faire ? Est-ce là, la fin du célèbre agent secret James Bond ?
L'eau inondait de plus en plus la pièce. Une moue d'inquiétude se dessina sur le visage du Commandeur. De sa main droite, il essaya de joindre son poignet gauche.
Il réussit à retrousser la manche de son veston pour dégager sa montre. Il l'orienta vers les menottes et pressa sur le bouton dégageant le laser. Une fine couleur rougeâtre apparut qui coupa ses liens.
Libre, il se dirigea vers la porte verrouillée. L'eau a maintenant envahi le trois quart de la pièce. Il ne lui restait plus que quelques secondes pour se sauver de la noyade.
Il ouvrit son talon gauche de sa chaussure, en sortit un morceau de plastic accompagné d'une mince mèche. De ses yeux, il cherchait un emplacement sec pour poser son matériel. Il fixa l'explosif au mur qui donna sur la rue. Il alluma la mèche et se retira vivement. Quelques secondes plus tard, une explosion embrasa la moitié de la pièce et fit place à un trou béant dans le mur. L'eau s'en évacua. Bond se relevait et se dirigeait vers cette sortie improvisée. Sur le trottoir, une foule ébahie observa son arrivée. Ne sachant que faire, il disait tout simplement :
-La place me manquait dans ma baignoire.
Sur ces mots, il regagna sa voiture et disparut pour réapparaître à l'aéroport.
Il se rendit dans une cabine téléphonique, apprit à Leither les dernières nouvelles qu'il venait d'apprendre et prit un billet d'avion pour l'Italie. Plus précisément, Naples.
A suivre…
