Titre : Dans ma Chair
Disclaimer : Tous les personnages ainsi que l'univers (Poudlard entre autres lieux) appartiennent à l'auteur JK Rowling.
Spoiler : Tome 5
N/a : Chaque chapitre sera introduit par quelques phrases de la chanson de Kyo intitulée « Dans ma chair » et qui m'a inspirée cette fiction.
Je remercie une miss qui se reconnaîtra pour le penname, Chachan pour me soutenir et pour aimer les mêmes choses que moi, et puis JKR pour son merveilleux bouquin
Chapitre : 1
« Inspiration »
« Si je m'inspire de vous, des nuits, aubes de mes dérives lucides, du jour où les rues transpirent, du vide autour des villes, du moindre de mes désirs… »
4 Août, Privet Drive.
Harry avait chaud à en crever. Cet été était certainement le plus chaud qu'il y avait jamais eu en Grande Bretagne. Tante Pétunia parlait même de climat tropical tant l'humidité était insoutenable…
La maison, la rue, la ville aussi, sûrement, étaient envahies par une immonde odeur de transpiration générale, et tous les occupants de la maison avaient perdu quelques kilos (même Dudley, c'est pour dire) depuis son retour. L'Oncle Vernon avait adopté sa couleur carmin de façon permanente, les gouttes qui coulaient le long du cou interminable de sa femme avaient le temps de sécher avant d'atteindre son col, et Harry flottait encore un peu plus dans les loques qui lui servaient de vêtements.
Gigotant frénétiquement, il amena sa main à son front et en chassa les quelques mèches qui le gênaient. D'autres encore collaient à sa nuque, trempées, chatouillant ses épaules. Il les repoussa et essuya sa main sur son jean. S'il avait su que les cheveux longs, ça pouvait tenir aussi chaud…
Il jeta un œil à son réveil. 12H30… Encore de nombreuses heures avant la nuit… Si seulement elle pouvait arriver plus vite… Qu'il comprenne…
Son lit lui paraissait incroyablement dur sous son dos, une catastrophe, le confort de Poudlard lui manquait encore plus que les années précédentes…
Il vaut mieux que je m'assois plutôt que de rester allongé, le drap qui colle à ma peau nue, c'est répugnant… pensa-t-il, joignant les gestes à la réflexion.
Voilà, contre le mur bien froid, bonne idée.
Il ferma les yeux une seconde, pour les rouvrir aussitôt. Les images qui lui revenaient étaient celles qui l'avaient hanté la nuit précédente… Il se souvint s'être levé dans un sursaut et les avoir écrites pour ne pas les oublier.
Argh. Je me suis levé un peu trop vite…
La tête se mit à lui tourner horriblement, des points blancs vinrent brouiller sa vue et il chancela au pied de son lit, passant successivement de la position de presque debout à carrément assis.
Bon, Harry, du calme mon grand, soit un homme…
Prestement, il s'approcha de son « bureau » (comprenez par là une planche qui devait être la porte d'un placard installée sur deux tréteaux barbouillés de peinture qui servaient pour l'atelier de Dudley lorsqu'il n'était pas encore trop épais pour bricoler dans le garage) et se laissa tomber sur la chaise sans plus de cérémonie.
Heurk. Nausée.
Le parchemin était encore froissé, laissé en plan depuis 10h du matin, quand il s'était réveillé affolé.
Ouah, c'est illisible !
Il se pencha un peu, ajusta ses lunettes qui glissaient sans cesse sur son nez moite, mais il n'y comprit pas forcément grand chose de plus…
Concentratiiiiooooooon…
Non. Illisible.
Résigné, il regretta amèrement d'avoir pris la peine de se lever et d'écrire ce charabia, alors qu'il se serait peut-être rendormi s'il était resté tranquillement à paniquer dans son lit. Bon. Peut-être pas… Fermant une nouvelle fois les yeux, il se concentra au maximum.
Je me souviens qu'il faisait étrangement frais, et que j'ai trouvé ça très agréable (pas étonnant)…
Je me souviens que j'avais ma main rivée dans ma poche, accrochée à ma baguette, je me souviens des courants d'airs, de l'obscurité, du sentiment de crainte que je ne pouvais contrôler et qui me possédait entièrement. Je me souviens du vide soudain sous mes pieds. Immense. Un cri déchirant, une femme. Je tombe.
Ah oui, je me souviens bien de l'atterrissage, tiens : ouille bobo. Pas du tout délicat, lourd. Et là… Ses yeux. Sa voix.
« Harry… tu le sais. Tu sais que c'est avec moi que tu devrais être. C'est moi qui aurait du te rejoindre et pas le contraire. Mais tu as une destinée à accomplir. La mienne, c'est fait. Laisse moi en paix. Pense plutôt à elle. »
Sirius…Après avoir déchiré le parchemin, plus par pure pulsion que parce que celui ci avait une utilité quelconque, Harry se laissa aller contre sa chaise. La tête lui tournait à nouveau, et il avait une furieuse envie de pleurer, mais il préféra se retenir. Il avait déjà trop pleuré, en tout cas assez pour les prochaines années.
Il aurait aimé du silence, un silence total, apaisant, le silence dans sa tête, dans son cœur, dans son âme… le vide… Son esprit s'enferma dans une bulle vide et aqueuse, un fluide salvateur envahit son cerveau une poignée de secondes.
« A TABLE ! »
C'était l'horrible voix de Pétunia, et ça vous calme radicalement le fluide salvateur…
Coup d'œil au réveil. 13H… Charmants gargouillis du ventre… Bon, d'accord, il allait falloir y aller.
Harry pesta intérieurement contre cette fichue maison dans laquelle il devrait passer encore un mois (ou presque), se leva à contrecœur et repoussa sa chaise dans un mouvement de violence qui l'étonna lui même.
« Ok, il va sérieusement falloir que je me calme, » pensa-t-il tout haut, légèrement effrayé, « et pour ça, rien de mieux que d'écrire à Ron en revenant… Parler Quidditch… »
Impossible. Hedwige était sortie, et elle n'était pas revenue…
Après avoir enfilé un nouveau T-shirt, Harry descendit quatre à quatre les marches qui menaient à l'entrée, s'assurant au passage d'avoir fermé sa porte à clé et d'avoir fourré sa baguette dans sa poche (on ne sait jamais, si par hasard il fallait faire peur à son imbécile de cousin..).
Lorsqu'il entra dans la cuisine, tout le monde était déjà attablé et avait commencé sans lui, évidemment. Il ne s'en formalisa pourtant pas le moins du monde et se laissa bercer par le flot de paroles débité par le présentateur télé, avalant son repas sans réellement prêter attention à ce qu'il mangeait. Une fois terminé, l'envie lui pris de sortir un peu. Il faisait déjà plus frais au rez-de-chaussée qu'à l'étage, mais comme sa chère tante refusait d'ouvrir les fenêtres de peur d'abîmer ses précieux rideaux, il était persuadé que la chaleur était moins étouffante dehors.
Il débarrassa sans un mot son assiette, et quitta la maison, malgré le « Où vas-tu, petit imbécile ? Tu crois pouvoir t'en aller quand tu en as envie ? » qui le poursuivit jusqu'à la porte d'entrée.
Comme lui, la rue dégoulinait. Tous les arrosages automatiques du quartier étaient déclenchés, et sans trop réfléchir, Harry se mit à courir d'une pelouse à l'autre, se laissant tremper un peu plus par le ballet les jets d'eaux multifonctions que le soleil parsemait de jolis arcs-en-ciel. Dans un autre contexte, il aurait ri aux éclats et se serait probablement roulé dans l'herbe, mais là, c'était plutôt de l'ordre du défoulement…
Il s'arrêta net en voyant entrer dans Privet Drive une voiture à rallonge, sorte de limousine un peu trop grande pour être moldue à son humble avis, entièrement noire, y compris les vitres teintées, et ornée d'un petit drapeau aux couleurs trop vives, beaucoup trop.
Abasourdi, Harry n'esquissa pas un seul mouvement, et vit plus de quatre mètres de portières défiler devant lui, jusqu'à ce que l'une d'en elles s'ouvrent, justement à son niveau.
« Harry, monte. »
C'était la voix de Cornelius Fudge.
« Non. » répondit le garçon fermement, malgré son étonnement.
« Monte, » continua Fudge sur le même ton sans réplique, « et ne crois pas que ça m'amuse, Albus Dumbledore m'a chargé de venir te chercher ici dans la plus grande discrétion. Alors ne fais pas ton entêté et monte dans cette voiture. »
Harry avait remarqué que l'homme avait prononcé le nom de Dumbledore en l'accompagnant d'un petit reniflement dédaigneux tout à fait insupportable qui avait enlevé une partie de la crédibilité de ses dires. Pourquoi le directeur aurait-t-il envoyé Fudge, après tout ce qui s'était passé l'année précédente.. ?
Et puis pour la discrétion, peut faire mieux…
« - Comment vous croire ? finit-il par dire en se penchant un peu pour apercevoir son interlocuteur.
- Sur parole, je suppose. Harry, je ne te croyais pas capable de tels enfantillages… Monte à présent…
- Je n'ai aucune de mes affaires, mon oncle et ma tante ne sont pas prévenus…Enfin ça après tout, ça n'a rien de grave… si je peux rentrer plus tôt à l'école…
- Nous enverrons quelqu'un chercher tes affaires… dépêche toi maintenant ! »
Sans se faire plus prier, Harry s'engouffra dans le véhicule dont la portière de referma magiquement derrière lui.
La banquette sur laquelle il s'installa donnait sur un bar avec serveur, qui précédait une table de billard magique et un lit deux places à baldaquins.
Vive les voitures de fonction… Toujours aussi corrompu monsieur le ministre… ? pensa-t-il un peu dégoûté.
« Mais tu es complètement trempé ma parole, ma banquette ! » s'écria le ministre outré en détaillant Harry. « Et qu'as tu fait à tes cheveux ! »
Il fit un geste de la main vers le serveur qui se saisit de sa baguette et prononça en la pointant en direction d'Harry : « Elios Secum »
En un instant, le jeune homme était sec, une bourrasque de vent chaud l'ayant enveloppé pendant quelques secondes.
Fudge se détourna et ne prononça plus un seul mot.
