Chers lecteurs,
Me revoilà ! Alors nouveau style de fanfic, premier essai, premier chapitre, donc, l'indulgence est de mise. Mais comme vous êtes à présent habitués à mon piètre « talent », je ne m'inquiète pas trop.
Bonne lecture,
Sam Dreamangel
Démons intérieurs
Chapitre 1 : la brûlure de la trahison
Ses paupières étaient lourdes, elles tombaient toutes seules malgré ses efforts pour garder les yeux ouverts. Il tourna une nouvelle page, déjà las de la lire avant même de l'avoir entamée. Il poussa un profond soupir. Son but était long, fastidieux, complexe à atteindre. Il ignorait s'il parviendrait à le réaliser, mais il était déterminé.
Bien que, pour réaliser un projet, il faut déjà qu'il soit réalisable.
Harry Potter ferma son livre écaillé, poussiéreux, épais, puis frotta ses paupières brûlantes d'épuisement. Depuis la rentrée, il passait toutes ses soirées de libres à la bibliothèque de Poudlard dans l'espoir de trouver un sortilège, un charme, une potion, n'importe quoi, quelque chose. Quelque chose qui lui permettrait de ramener Sirius.
Harry se leva et reposa le lourd volume sur l'étagère où il l'avait pris. Il poussa sa chaise en soupirant une nouvelle fois. La journée avait été longue, il n'avait déjà presque pas fermé l'œil la nuit dernière et il avait cours le lendemain. Il songeait à sécher alors qu'il quittait la bibliothèque, désormais vide.
Il parcourut les couloirs silencieux, traînant des pieds. Il savait que son entreprise était vaine. Il en était tout à fait conscient. Ron et Hermione le lui avaient assez répété pour qu'il le comprenne. Mais il devait faire quelque chose pour s'occuper. Les mesures prises pour sa sécurité avaient décuplé, les cours lui paraissaient plus ennuyeux que d'ordinaire, et l'anxiété, la tension, était palpable dans tout le château. Harry avait la constante impression d'étouffer. Voldemort restait plutôt discret, mais plusieurs attaques inexpliquées du côté Moldu démontraient qu'il était bien présent, invisible et menaçant. Et personne ne faisait rien. Lui, Harry, ne faisait rien. Il attendait que le mage vienne le chercher pour le tuer. Ou pour être tué. Cette situation était insupportable.
Harry atteignit les escaliers de la tour de Gryffondor et les gravit d'un pas traînant. Des cris retentissaient derrière le tableau de la Grosse Dame. Harry tendit l'oreille : il reconnut avec agacement les voix de Ron et d'Hermione.
Harry grommela le mot de passe, entra dans la salle commune, ses pas couverts par les hurlements de ses amis, puis s'adossa au mur juste à côté de l'entrée, afin qu'ils ne le remarquent pas. Il en avait assez de leurs disputes sans fin. Cela se terminait toujours par un claquement de porte, une dernière réplique désespérée, puis des réconciliations embarrassées. Et, à chaque fois, il était contraint de s'en mêler. Mais ce soir, il n'en avait pas la moindre envie. Ces deux imbéciles n'avaient qu'à se débrouiller seuls. Harry décida de son montrer lorsqu'il serait certain que la querelle serait achevée.
« Je ne peux plus te supporter, Ron ! » s'écria Hermione d'une voix suraiguë. « Tu es impossible ! »
« Parce que tu crois être facile à vivre, peut-être ? » réplique Ron, que Harry imaginait sans peine écarlate de fureur. « Tu que crois que je n'en ai pas assez de crier après toi ? Que je n'en ai pas assez de faire fuir tous ceux réunis dans la salle commune ? »
« Si vraiment tu n'en peux plus, pourquoi continus-tu de hurler ? Ca t'amuse ? »
« Pas du tout, espèce d'idiote ! »
« Alors pourquoi ? C'est toujours toi qui me provoques, qui m'insultes et qui fais exprès de me mettre en rogne ! »
« Et c'est toujours toi qui me réponds ! Tu pourrais tout aussi bien ne pas faire attention à moi, puisqu'il paraît que je suis complètement immature ! »
« Mais tu mets hors de moi ! Tu me fais perdre tout sang-froid, avec tes sottises ! Et le pire, c'est que je ne comprends même pas pourquoi ! »
« Ca, c'est ton affaire, je ne suis… »
« Est-ce que tu te souviens pourquoi nous sommes devenus amis ? » l'interrompit Hermione.
Un lourd silence s'installa. La voix d'Hermione était faible, tremblante. Comme si elle pleurait. Harry sentit son cœur se serrer. Il jeta un coup d'œil derrière le mur, prenant bien soin de ne pas se faire voir. Ron et Hermione se tenaient face à face, tête baissée, joues cramoisies. Ils évitaient de se regarder.
« Je… » commença maladroitement Ron. « Je crois que… c'est parce que Harry et moi t'avons sauvé du troll des montagnes, non ? »
Hermione hocha la tête, l'air guère convaincu.
« Mais… on ne s'est jamais vraiment bien entendu, tous les deux. Admets-le. »
Ron la dévisagea, semblant ahuri. Harry fut tenté de s'en mêler, mais son ami parut se remettre de sa surprise.
« Mais qu'est-ce que tu racontes, Hermione ? » fit-il. « J'ai bien compris, n'est-ce pas ? Je ne suis pas bête au point de ne pas saisir le sens de ce que tu dis ? Tu supposes que… nous ne sommes pas vraiment amis ? C'est ça ? »
Hermione se mordilla la lèvre inférieure. Les larmes menaçaient de rouler sur ses joues à tout moment. Cependant, elle releva courageusement la tête et regarda un Ron hébété dans les yeux.
« Oui. » dit-elle d'une voix qu'elle voulut posée. « Oui, c'est ce que je suppose. C'est… c'est ce que j'affirme, même. Deux vrais amis ne se disputent pas. Pas ainsi. Pas tout le temps. »
Ron ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises. Harry encouragea mentalement son ami. Lui non plus n'aurait su que dire face à une telle situation. Hermione voulait-elle renoncer à leur amitié ?
« Hermione, je… » répondit enfin Ron, l'air découragé. « Pourquoi penses-tu ça ? Les disputes, tout le monde en a. Je me dispute tout le temps avec mes frères, mais… ça ne veut pas dire… Hermione… Tu… Je… Je ne comprends pas… »
Harry regarda Hermione sécher une larme au coin de son œil. Il ne voulait pas qu'elle mette fin à leur lien fraternel. Sans elle, ce n'était plus le trio. Sans elle, Ron et lui n'auraient plus de sagesse, ils feraient n'importe quoi n'importe comment. Sans elle, il n'aurait plus de confidente, plus d'épaule où pleurer. Sans elle, ce ne serait… plus pareil. Et Harry ne voulait pas qu'une nouvelle chose d'agréable, de douce, change dans sa vie.
Ron parut avoir les mêmes pensées que lui. Il fit un pas en avant, et posa une main hésitante sur l'épaule d'Hermione, cherchant à capter son regard.
« Tu… tu n'envisages pas de… de ne plus rester avec nous, n'est-ce pas ? » demanda-t-il d'une voix craintive. « Tu ne veux pas dire que… tu ne vas plus être avec Harry et m… »
« Ron… » soupira Hermione. A la grande surprise de Harry et de Ron, elle souriait. « J'aime Harry comme un frère. Jamais je ne songerai à le quitter. Je te parle de toi et de moi. De nous. Laisse Harry en dehors de ça. »
« Je crois que je comprends encore moins bien… »
Hermione roula des yeux, un sourire amusé au coin des lèvres. Harry dut avouer que lui non plus ne comprenait plus vraiment. Il se sentait toujours décontenancé en présence d'une fille qui pleurait, mais une fille qui pleurait et souriait en même temps, cela le déroutait complètement.
« Ce que je veux dire » reprit Hermione « c'est que nous ne nous aimons pas comme des amis. »
« Mais je… »
« Ce qu'il se passe entre nous est plus fort que de l'amitié. Tu ne crois pas ? »
Harry fronça les sourcils, perplexe, mais Ron, lui, fixa Hermione un instant, comme pour vérifier qu'elle disait bien la vérité. Au bout d'un moment, où ils se regardèrent sans ciller, ils se sourirent mutuellement. Harry en fut agacé : ça sentait le secret à plein nez, et le secret qu'ils n'avaient pas la moindre intention de lui faire partager.
« Je vois » dit Ron en hochant la tête. « Donc, pour toi, toutes ces disputes seraient parce que toi… et moi, nous… »
« Oui » répondit Hermione. « Tu n'es… pas d'accord ? »
« Oh, si, au contraire. Je te suis à cent pour cent. »
« Parfait, dans ce cas. »
Le silence régna quelques instants – durant lesquels Harry en profita pour réfléchir à leurs paroles, selon lui pas très claires. Puis :
« Je penses – mais ce n'est qu'une suggestion, bien sûr – que… qu'une… déclaration comme ça devrait être… officialisée ?… » dit Ron en se grattant l'arrière de la tête.
« Ca m'a l'air intéressant » approuva Hermione. « Et tu… penses à quoi, exactement ? »
« Oh, eh bien… tu sais. »
Hermione acquiesça. Harry ne comprenait pas.
« Alors… j'ose ? » demanda encore Ron, son visage prenant feu.
« Oui. »
Ron et Hermione se contemplèrent d'un regard mi-éperdu, mi-embarrassé, puis Ron s'avança d'un pas hésitant vers son amie.
Pour Harry, le mot ami signifiait partager des choses, se confier l'un à l'autre, se faire confiance, et toutes ces choses-là. Le mot ami signifiait, selon lui, quelqu'un de proche, de très proche, que l'on pouvait aimer de tout son cœur, que l'on pourrait protéger au péril de sa vie, quelqu'un dont on ne pourrait se passer de la présence. Tout en gardant des relations platoniques.
Ron ne devait pas avoir la même vision des choses. Dès qu'il fut face à Hermione, proche, très proche d'Hermione, il se pencha en lui prenant les mains. Ils fermèrent les yeux en même temps, et leurs mains s'étreignirent lorsque leurs lèvres se heurtèrent.
Harry eut la désagréable impression de recevoir un coup de poing dans la poitrine. Ils étaient… Ils faisaient… Mais ce ne pouvait être cela. Ses yeux le trahissaient. Ron et Hermione ne pouvaient être en train de s'embrasser. Ils étaient amis. Ils n'éprouvaient pas ce genre de sentiments l'un pour l'autre.
Mais le fait était là. Sous son regard. Leurs lèvres se caressaient, leurs doigts s'entrelaçaient. Ils étaient dans un autre monde. Un monde où la guerre, les ennuis, la peur, n'avaient pas sa place. Un monde où Harry n'avait nulle place.
Leur baiser était amoureux. Leurs lèvres semblaient être tombées amoureuses les unes des autres. C'était doux. C'était tendre.
C'était écœurant.
Son souffle se coupa un bref instant alors que sa gorge se nouait. Il serra les poings, ses jointures virèrent au blanc. Il crispa ses mâchoires pour s'empêcher de dire… quelque chose de très désagréable. Harry sentait son cœur se faire étreindre par un étau brûlant, par une douleur cuisante. Il mit un instant à se rendre compte de ce qu'il ressentait. Il sentait trahi.
Harry donna un coup de poing dans le mur, puis sortit en trombe de la salle commune.
« Harry ? »
Il ne prit pas garde à l'appel de son amie. Son amie ? Pouvait-il encore les qualifier ainsi, elle et Ron ? De vrais amis ne se bécottent pas pendant que le troisième souffre et meure à petits feus.
Il traversa les couloirs au pas de courses, le cœur battant de rage. Il s'inquiétait pour eux, il les avait sauvés plus d'une fois, il faisait tout pour les réconcilier après chacune de leurs disputes, et ils osaient s'embrasser ? Dans son dos, qui plus est. Et le pire, sans doute, était qu'il savait très bien comment se déroulerait le reste. Ron et Hermione se tiendraient d'abord par la main, discrètement. Puis ils passeraient un peu plus de temps ensemble, de plus en plus, de plus en plus souvent sans lui. Ensuite, ils finiraient par ne plus se soucier de lui ou pire, de l'ignorer afin que leur couple évolue loin de la guerre et de sa malchance maladive. Harry prit une profonde inspiration, s'efforçant de contenir le cri de rage qui menaçait de s'échapper de sa gorge.
Sans qu'il s'en rende tout à fait compte, il se trouva dans le parc, éclairé par la lune, sombre, désert, froid. Il se rendit d'un pas vif sous un grand saule, près du lac, puis se laissa tomber à ses pieds. D'un œil un peu vide, il se repassa la scène à laquelle il avait assisté, et il songea aux pensées incohérentes qui venaient de défiler dans sa tête.
Ron et Hermione étaient ses amis. Il les aimait. Alors pourquoi leur bonheur ne lui inspirait-il que de la colère ? Harry soupira : il savait très bien pourquoi. Il voulait connaître lui aussi un tel bonheur, mais en serrait sans doute privé à jamais. Et il les enviait. Il était jaloux d'eux.
Il aurait voulu pouvoir penser qu'il lui suffisait d'avoir une discussion avec eux, d'être heureux pour eux, d'accepter leur relation. Mais il ne le put. Chaque songe qu'il voulut positif ne fit qu'accentuer cet arrière goût d'amertume. Il leur en voulait. C'était stupide, mais il leur en voulait. Et temps qu'il ne se serait pas calmé, il ne pourrait remonter dans la tour des Gryffondors sans craindre de leur crier dessus. Harry prit sa tête entre ses mains.
La brise froide devint soudain glacée. La température ambiante chuta d'un coup. Harry frissonna. Il eut l'impression d'entendre un pas derrière lui. Sa main sur sa baguette, toujours prête dans sa poche, il se retourna lentement. Il perçut un ricanement narquois. C'était mauvais signe.
Alors qu'il se préparait à s'enfuir à toutes jambes vers le château, une ombre vaporeuse et pourtant matérielle bondit sur lui. Harry, prit par surprise, n'eut pas le temps d'esquiver. L'ombre l'enveloppa de toutes ses ténèbres, se rétracta autour de lui, puis ne fit plus qu'une avec lui.
Harry poussa un hurlement déchirant, puis s'effondra au sol.
A suivre…
Alors, verdict ? Ce n'est pas très gais et ça risque de continuer sur cette lancée. J'espère que vous êtes impatient de lire la suite, car moi je le suis de l'écrire. Cette fic ne sera pas bien longue, mais assez je l'espère pour être à peu près intéressante. Alors, ne décrochez pas tout de suite !
Bye, Sam Dreamangel
