Noirs Désirs
Résumé : Post Poudlard. La guerre fait rage au sein du monde sorcier. Et comme dans toutes les guerres, les soldats saignent et cherchent le réconfort comme ils le peuvent. Harry ne fait pas exception à la règle.
Couple : HPDM
Rating : R
Auteur : Myschka
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, et quelque part, il vaut mieux, vu ce que je leur fais subir. Et les chansons sont de Noir Désir.
Avertissement : Ceci est un slash, à savoir une histoire décrivant des relations homosexuelles explicites. Homophobes, allez vous faire pendre ailleurs, ça nous fera des vacances. C'est une histoire un peu sombre, pas forcément bonne pour le moral, je ne sais pas ce que ça vaut, alors âmes sensibles, sachez à quoi vous attendre.
Note préliminaire : Encore et toujours du Noir Désir. Dans ce chapitre, la chanson qui m'a donné l'idée de cette fic. J'aimerais tellement savoir dessiner pour pouvoir représenter les images qu'elle m'a inspirées...Merci à tous ceux qui lisent, bises.
Un grand merci à ma meilleure amie Eva et à ma femme d'amour Mi-chan (Mimi Maxwell-Chang), mes bêtas, pour leurs corrections et leur soutien !
RAR :
Zoomalfoy : Merci pour tous tes commentaire, ça me fait très plaisir que tu aimes. Tu as bien deviné, Draco apparaît dans ce chapitre XD Bisous et à bientôt.
Ellie351 : Merci pour ta review. Je suis heureuse que ça te plaise et que les textes de Noir Désir t'inspirent. Draco apparaît dans ce chapitre, rassure-toi XD Bisous et à bientôt !
Alexiel : Tu veux savoir où Blaise l'emmène ? Ben, c'est dans ce chapitre :D Merci pour ta review, bisous !
Mily Black : Rassure-toi, ça se met en place :D J'espère que tu continueras à aimer mon histoire ! Bisous, à bientôt.
Vif d'or : Merci pour ton commentaire XD Oui, c'est triste, et ça va continuer à l'être. Ce n'est définitivement pas une histoire joyeuse, alors j'espère que tu continueras à aimer. Bisous, à bientôt.
Chapitre 03 : Ange-bleu
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C'eût été un euphémisme de dire que Harry n'était pas familier des milieux interlopes londoniens. Pour être tout à fait honnête, il n'avait jamais mis les pieds dans le quartier où Blaise l'avait traîné. Et lorsque ce dernier poussa la lourde porte en métal rouge, le Survivant ne put retenir un léger frisson d'appréhension.
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En entrant dans la salle, il réprima une exclamation étonnée. Il s'était attendu à un cloaque quelconque, connaissant les goûts particuliers de son ami – qui bien que venant d'une très ancienne et très respectable famille, appréciait particulièrement les endroits un peu glauques et dangereux – mais le décor qui s'offrait à ses yeux curieux était tout à fait surprenant.
On se serait cru dans un vieux cabaret du Chicago des années folles, à la fois un peu miteux et un peu luxueux, avec ses lumières rouge sombre ou bleu profond, ses miroirs Art Nouveau et ses sièges tendus de velours pourpre élimé. Un endroit enfumé qui sentait des relents fiévreux de désespoir, de sexe, de tango et d'alcool, un endroit qui aurait semblé un peu désuet s'il n'était pas rempli de créatures toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Travestis magnifiques, divas abîmées, éphèbes à peine sortis de l'enfance, soldats pleins de tristesse et de sueur, s'accrochant au bar comme autant de chefs d'œuvre en péril. Et plus loin au fond de la salle immense, une scène où défilaient indifféremment transformistes et musiciens de rock, joueurs de jazz et strip-teaseuses. A la fois surréaliste et sublime.
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Blaise le conduisit à une table en face de la scène, un peu en retrait et à moitié cachée aux regards indiscrets par de lourds rideaux couleur lie-de-vin. Les jeunes gens s'effondrèrent sur les fauteuils confortables et allumèrent, en un mouvement parfaitement synchronisé, leurs cigarettes. Une serveuse brune et frêle, à l'allure fatiguée, et qui ne semblait pas avoir plus de 16 ans, passa prendre leur commande, et revint quelques minutes plus tard avec une bouteille de vodka. En la regardant s'éloigner, Harry se sentit tout d'un coup terriblement triste. La gamine avait sans doute perdu ses parents à cause de la guerre, ou n'avait de toute façon pas les moyens de faire autrement pour subvenir à ses besoins. Une fois de plus le jeune homme grimaça de colère en pensant à l'homme qui était responsable de tout cela. Un homme que malgré tous ses efforts il n'était pas capable de localiser. Il vida son verre d'un geste rageur, sous les yeux compatissants de Blaise.
Alors qu'ils écoutaient d'une oreille distraite une femme au piano chanter des ballades mélancoliques, le Survivant demanda à son compagnon comment il avait eu connaissance de ce club. Blaise leva un sourcil indifférent et haussa les épaules.
« Tu sais, nombreux sont les sorciers qui ont préféré se cacher au milieu des moldus à cause de la guerre. Le bouche-à-oreille, pour faire simple. J'ai entendu dire qu'il y avait des créatures magnifiques ici, pour peu qu'on veuille bien y mettre le prix. »
Harry ricana, déconcerté.
« Tu veux dire que tu m'as amené dans un bordel ? »
« On ne peut pas vraiment dire ça. Normalement, on ne touche pas, mais les temps ont changé. Si l'on est assez convaincant, et pas trop pauvre, ou qu'on tombe sur une personne compréhensive…Il y a des arrangements avec le ciel…»
Harry ne répondit pas, songeur. Il comprenait le point de vue de son ami. Quand on ne savait pas si l'on serait encore vivant dans une semaine ou un mois, on avait peur de s'attacher, on avait peur d'aimer. Et pourtant, par les temps qui couraient, tout le monde avait besoin de réconfort, quel qu'il fût. Et il ne faisait pas exception à la règle, malgré tout ce qu'il pouvait dire.
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Blaise avait repéré une jeune femme – du moins Harry pensait que c'en était une, il n'était pas trop sûr – un peu plus loin au bar, et l'avait laissé seul quelques instants. Le jeune homme eut un sourire désabusé. Il n'avait pas l'aisance de son compagnon, et l'idée de se trouver quelqu'un juste pour une nuit l'avait toujours un peu dérangé. Bien sûr, il avait eu quelques aventures – encore et toujours ce besoin de se sentir vivant –, mais chacune d'entre elle lui avait laissé comme un goût amer dans la bouche, un sentiment d'inachevé. Pourtant, il s'interdisait de tomber amoureux, de peur que Voldemort ne s'en serve comme un moyen de lui nuire. Depuis Sirius, il refusait de trop s'attacher aux gens. La perte d'un autre être cher lui eût été insupportable. La culpabilité l'eût achevé.
Ce n'était pas une bonne idée d'être venu, finalement. Harry avait le sentiment que sa propre solitude l'étouffait. Il valait mieux partir, et laisser Blaise seul avec sa conquête de la soirée. Il allait se lever pour payer ses consommations et prendre congé de son ami, lorsqu'il fut interrompu par les accords d'une chanson qu'il ne connaissait que trop bien. Une chanson d'un groupe de rock français qu'il aimait particulièrement, et dont les mots le touchaient au plus profond de son âme. Une chanson de circonstance, vue la situation.
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Une voix d'homme, rauque et un peu écorchée, s'éleva dans un silence quasi-religieux. Harry leva les yeux vers la scène, et resta figé de stupeur.
Oh Marlène
les cœurs saignent
et s'accrochent en haut
de tes bas
Devant lui se tenait la plus belle créature qu'il lui eut été donné de voir. De longues jambes fines et nerveuses, gainées de bas noirs. Un corps mince mais indéniablement masculin, aux proportions parfaites, dont le costume largement inspiré de celui du personnage de Lili Marleen eût été ridicule sur n'importe qui d'autre, mais qui était simplement magnifique sur lui. Et surtout, un visage à la beauté glacée spectaculaire, à moitié caché par un chapeau haut-de-forme. Harry expira brutalement. C'était tout simplement le travesti le plus beau qu'il eût jamais vu. Seule sur un tabouret au milieu de la scène éclairée de bleu, l'apparition chantait des mots qui lui transperçaient le cœur.
Un ange bleu.
Oh Marlène
dans tes veines
coule l'amour
des soldats
Et les soldats l'aimaient, cette Marlène de pacotille pourtant si pleine de grâce un peu fragile, un peu bancale. Tout le monde était tourné vers la scène, et la salle ordinairement pleine de bruits et de rires s'était tue, buvant silencieusement les paroles déchirantes, laissant les cigarillos se consumer aux rebords des cendriers et les glaçons fondre dans les verres d'alcool.
Harry se ralluma machinalement une cigarette, hypnotisé par la voix enrouée et profonde du jeune homme. Cette chanson l'avait bercé aux premiers temps de la guerre, quand il était encore étudiant, et il ne se doutait pas à ce moment-là qu'il l'entendrait un jour dans un sous-sol londonien, si bien rendue par cette voix où se devinait à peine une pointe d'accent. Peut-être que le garçon avait vécu en France…
Et quand ils meurent ou s'endorment
c'est la chaleur de ta voix
qui les apaise, et les traîne
jusqu'en dehors des combats
Comme il l'aimait cette voix un peu cassée qui semblait si bien connaître ses sentiments. Harry à présent ne voulait plus partir, ne voulait plus jamais quitter cette table dissimulée au fond de ce club étrange, et il voulait rester toujours à écouter l'ange fatigué qui lui faisait oublier son destin. Ce soir plus que tous les autres, il ne voulait plus être Celui-Qui-A-Survécu, il voulait simplement oublier la mort et les combats, et se perdre encore et encore dans la contemplation de cette apparition.
Oh Marlène c'est la haine
qui nous a amené là
Oui. C'était la haine, la haine d'un seul homme qui avait contaminé des centaines d'autres. La haine d'un enfant qui avait été mal aimé, mal orienté, et qui n'avait pas su contrôler sa colère face à des gens qui ne l'avaient pas compris et qui l'avaient méprisé. Et c'étaient la haine et ce sentiment d'injustice qui avaient conduit à la terreur, à encore plus de haine et d'injustice.
La haine appelle la haine.
Et c'était encore la haine, et non plus l'espoir de la paix, qui guidait les gestes de ceux qui luttaient contre cet homme aigri, cet homme maudit, cet homme trop ambitieux pour son propre bien. La haine encore qui les faisait tenir tous, qui les forçait à ne pas abandonner le combat. Harry n'était plus dupe depuis longtemps. Si Neville était devenu le combattant qu'il était, c'était par haine pour Bellatrix et pour venger ses parents. Si Ron n'agissait plus que comme une machine à tuer, si Ginny n'avait pas encore craqué, c'était à cause de leur haine pour Percy qui les avait trahis. Si Blaise avait rejoint l'Ordre, c'était encore à cause de la haine de ses anciens camarades de Maison. Et si Harry et Severus continuaient de lutter, c'était par haine pour Voldemort. Chacun avait ses raisons, mais tous avaient en commun la haine de l'ennemi.
Mais Marlène, dans tes veines
coulait l'amour des soldats
Seulement ce soir, Harry ne voulait plus haïr. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité, il voulait juste aimer. Et, Dieux, comme il l'aimait à cet instant, ce jeune homme à la grâce troublante. Comme il aimait ses gestes lents et empreints d'une sensualité déconcertante, et ce corps parfait, et ce visage à la fois dur et délicat, presque aristocratique. Une œuvre d'art échouée au milieu de tous ces corps qui semblaient vulgaires et sales en comparaison.
Il représentait tout ce qu'il restait de beau dans ce monde en proie au chaos. La seule chose un peu harmonieuse – non, non, parfaitement harmonieuse – au milieu de cet endroit qui n'était plus qu'un rade comme les autres, avec les mêmes paumés, les mêmes toxicos, les mêmes alcooliques qu'ailleurs.
Le seul point d'ancrage auquel voulait se raccrocher Harry. Le seul pour lequel il voulait encore se battre.
Eux quand ils meurent
ou s'endorment
c'est dans le creux de tes bras
qu'ils s'abandonnent
et qu'ils brûlent
comme une clope
entre tes doigts
Oui, Harry brûlait. Il brûlait d'une adoration irrationnelle et déraisonnable pour cette voix qui lui paraissait si douce et si pleine de tristesse, et il aurait aimé s'endormir dans les bras graciles et blancs.
Les dernières notes de la chanson moururent dans la gorge du garçon pâle, et toute la salle eut l'air de sortir d'une transe. Harry se leva mécaniquement. Il ne savait pas bien ce qu'il voulait faire, la seule chose dont il était sûr, c'était qu'il ne devait pas laisser partir l'ange qui s'apprêtait à quitter la scène sous les applaudissements bruyants des clients. Il fallait qu'il le voit encore, qu'il le touche, qu'il lui parle au moins une fois.
Il s'approcha de la scène à présent seulement éclairé d'une faible lumière dorée, et Harry eut l'impression qu'elle se dégageait du corps du jeune homme, comme un aura douce et apaisante. La proximité du corps mince envoya des vagues de chaleur dans sa poitrine et dans ses reins. A présent qu'il était plus près, ce n'était plus une apparition désincarnée qu'il avait sous les yeux, mais bien l'homme le plus désirable qu'il eut jamais rencontré.
Il leva son incroyable regard vert sur le garçon – si jeune, à peine son âge, pensa-t-il – qui se dirigeait vers les coulisses derrière la scène, et s'excusa d'une voix hésitante, bafouillant presque sous le coup de l'émotion.
L'ange bleu se retourna et fixa Harry d'un air surpris, puis effrayé. Le Survivant retint sa respiration devant la perfection du visage qui se présentait à lui. Un visage aux traits d'une incroyable finesse, des cheveux d'un blond presque blanc, retombant en longue mèches soyeuses sur des yeux magnifiques.
Des yeux d'une couleur unique, d'un gris qui rappelait le mercure liquide.
Le cœur de Harry manqua un battement, et il articula péniblement.
« Draco Malfoy… »
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MARLÈNE (Noir Désir)
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On est gentil de ne pas tuer l'auteur, merci. Sauf si on n'a pas envie d'avoir la suite, bien entendu XD. Pour les menaces de mort, ou les déclarations d'amour, c'est le bouton en bas à gauche. Je vous aime.
