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Chapitre deuxième : Guérisons

« Elle eut une légère grimace et porta une main à ses côtes. Le maléfice dont Dolohov avait fait usage contre elle, bien que moins efficace que s'il avait pu prononcer l'incantation à haute voix, avait néanmoins, selon les propres termes de Madame Pomfresh, « fait assez de dégâts comme ça ». Hermione devait prendre chaque jour dix potions différentes mais elle allait beaucoup mieux et en avait déjà assez de rester à l'infirmerie. »

La deuxième guerre commence, in l'Ordre du Phénix, p 951.

Le plafond de la pièce tournait violemment. Hermione referma les yeux un instant. Aussitôt, des images assaillirent son esprit.

Draco.

Une douleur profonde, insoutenable.

Puis Ron.

De la tristesse… de l'amertume… de la haine ?

Tout s'embrouillait dans son esprit, comme un cauchemar qui prend de la distance au réveil. Un sentiment d'irréalité confus accompagnait ces brumes de visions. Cependant, Hermione avait le sentiment que ces choses là étaient bien réelles, ou du moins l'avaient été…

Elle se calma, et parvint malgré son engourdissement à se focaliser sur des sensations et des images qui devenaient de plus en plus floues. Harry. Oui, elle avait vu Harry. Mais pas celui qu'elle connaissait si bien, non. Harry, comme affaibli. Et Snape. Sans savoir pourquoi, l'image de son ami était associée à celle du maître de potions de Poudlard.

Un spasme de douleur dans la poitrine effaça d'un seul coup sa vision. Elle poussa un hoquet de douleur.

« Hermione ? »

Une main fraîche se posa sur son front brûlant. Dumbledore.

Hermione ouvrit péniblement les yeux, craignant que les vertiges ne la reprennent. La bouche sèche, elle articula avec difficulté : « … professeur ? »

« Reste calme Hermione, tout va bien maintenant, mais repose toi, tu es encore faible »

« Professeur… qu'est ce que… »

« Les explications viendront, Melle Granger, ne vous inquiétez pas. »

Apaisée par ces paroles, Hermione ferma les yeux et sombra dans le sommeil.


Ils apparurent devant le 12 square Grimmauld. Le plus important est fait, le gamin est sauf. Le mangemort peut crever, pensa amèrement Severus. Personne ne me regrettera. Ses jambes vacillèrent.

J'ai si mal.

Severus s'effondra sur les genoux, entraînant dans sa chute Harry, encore bâillonné. De l'épaule il tenta de maintenir le professeur droit, mais celui-ci, trop lourd, glissa au sol, inconscient. Harry tenta tant bien que mal de se redresser et se hissa jusqu'à la sonnette du quartier général.

A l'intérieur de la maison de Sirius, l'ambiance n'était pas franchement folichonne. Hermione était tombée dans le coma et avait été transférée en lui sûr sans que personne n'ait pu trouver l'origine de son état.

Ron s'en voulait terriblement de n'avoir pu l'empêcher de manipuler le gousset violet, et Arthur, en provenance du ministère venait d'annoncer que la maison des Dursley avait été prise d'assaut par des mangemorts, incendiée, et que deux cadavres non identifiés avaient été retrouvés devant les décombres fumantes par les Aurors dépêchés sur le site.

Bill et Charlie Weasley avaient accouru aux nouvelles, et Ginny avait rejoint ses parents au QG juste après qu'Hermione eut été transférée par Dumbledore à Poudlard. Rémus tentait de la rassurer dans le salon, et avait confié à Emmeline Vance le soin d'expertiser le gousset.

Molly s'affairait en cuisine, tant pour nourrir tout ce monde, que pour ne pas céder à la panique dans l'inactivité.

DRIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiingggggg !!!

Faudrait penser à changer cette sonnette, on dirait un elfe des glaces rouillé… songea Rémus.

« Laissez, j'y vais, ce sont certainement les jumeaux. » lança Molly. Le large tapis devant l'entrée, étouffait ses pas. Depuis le salon, on entendit alors les cliquetis du mécanisme de l'entrée, puis un large silence.

« Harry !!! Oh merlin ! Tu es vivant ! » Molly serrait de toutes ses forces un Harry, toujours bâillonné, et qui tentait visiblement de se dépêtrer des bras affectueux, mais envahissants de Mme Weasley.

« Mais qu'est ce qui t'es arrivé !!! Tu es tout noir !! Oh Merlin ! Le feu évidemment !! »

Ron, qui avait accouru avec les autres à la mention du nom de son meilleur ami dit à sa mère :

« Peut être que si tu le lâchais, et que tu l'aidais à se détacher, il pourrait envisager de te répondre… »

« Oui, oui, bien sûr » Moly relâcha prudemment son paquet et entreprit de lui délier les mains et enlever le bâillon de sa bouche.

« Snape !! Il va très mal !! Il faut l'aider !! » furent les premiers mots qu'Harry articula. Et désignant l'extérieur, il expliqua :

« C'est lui qui m'a sauvé, et il est tombé inconscient après avoir transplané ici. »

Bill et Charlie réagirent les premiers et sortirent récupérer le corps de leur ancien maître de potions. Après une rapide concertation ils l'allongèrent sur le divan du salon, surmonté du blason de la maison Black.

Sans prendre le temps de saluer les autres, Harry se précipita à ses côtés, et s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur. Interdits, Ron et Ginny écarquillèrent les yeux lorsque Harry pris la main de son professeur toujours inconscient.

Rémus, qui assistait à la scène, demanda à Arthur de contacter Dumbledore pour l'informer de la situation et le rassurer sur l'état de Harry.

« Harry, qu'est ce que tu fais ? » s'enquit Ron.

« Je crois que c'est les barrières de protection qui l'ont affaibli » répondit Harry, en remontant délicatement la manche sur l'avant bras de son professeur.

La marque des ténèbres saignait abondamment, et son contour était d'un noir profond. Elle semblait drainer la vie au dehors du corps de Severus.

Harry posa ses deux mains de part et d'autres de la blessure et tâcha de focaliser son attention sur celle-ci. Il faisait cela instinctivement, sans savoir si cela aurait une quelconque efficacité ou pas. Il devait le faire. Après tout, cet homme qu'il détestait et qui le détestait en retour venait de lui sauver la vie. C'était comme si au delà de la haine réciproque, s'était forgé un lien entre les deux sorciers.

Harry prit une profonde inspiration et commença à « ressentir » la blessure. Il devinait les différentes couches de peau et la chair meurtrie au plus profond d'elle-même. Il sentait le flux sanguin qui pulsait le sang hors de la marque.

La magie qui l'avait protégé qui venait d'infliger à cet homme cette blessure mortelle.

En empêchant toute magie ayant trait à Voldemort de pénétrer dans la maison des Dursley, les barrières avaient protégé Harry des mangemorts, mais risquaient maintenant de coûter la vie à son sauveur.

Il devait donc pouvoir inverser le processus et réparer le sortilège. Il le savait. Il le devait.

Harry prit son souffle, et focalisa son attention sur le bras de son maître de potion. Il laissa ses sens le guider et la magie affluer au bout de ses doigts, se contentant de la canaliser vers la blessure. Chaque couche de peau commença à se suturer, de la plus profonde, à la plus superficielle.

Le processus semblait aller de lui-même, lorsqu' Harry ressentit une forte douleur à sa cicatrice. La marque des ténèbres contenait les mêmes empreintes de magie noire, la même signature de Voldemort. Il vacilla un instant, provoquant l'inquiétude de ses amis qui l'observaient dans sa tâche. Serrant les dents, il redevint maître de lui-même, prolongeant la douleur pour la transformer par sa volonté en énergie supplémentaire.

Un rayonnement pourpre, faible d'abord, puis de plus en plus perceptible forma un halo de lumière autour d'Harry, obligeant les autres protagonistes à reculer. Des vagues de chaleur émanèrentnt de ses mains, réchauffant le corps engourdi de Severus qui passa d'un coma profond, à un sommeil apaisé.

Il avait réussi.

La blessure n'était plus visible. Seule subsistait, narguant tous les regards, la marque des ténèbres, signe d'un asservissement indéfectible de l'homme à son maître sombre.


L'infirmerie de Poudlard était un lieu clair et frais. Les joueurs de Quidditch constituaient le principal apport en patients de Mme Pomfresh, et ses stocks de Poussos devaient être constamment approvisionnés. En cette période de l'année, elle aurait dû être vide de tout occupant. Cependant Mme Pomfresh avait été appelée en fin de matinée par Dumbledore pour une urgence, au quartier général de l'Ordre du Phénix.

Pom Pom, comme l'appelait affectueusement le directeur, connaissait l'existence de l'ordre, depuis sa première constitution, durant la première guerre. Mais Dumbledore avait considéré que sa présence était indispensable à Poudlard, et qu'il n'était pas nécessaire que leur infirmière dévouée prenne des risques inconsidérés pour l'Ordre, au regard de son utilité essentielle pour l'école. Mme Pomfresh avait acquiescé sans ciller devant le refus du directeur de la voir impliquée au cœur des missions secrètes.

Pour autant, elle n'avait pas été mise à l'écart. Durant ces temps sombres, elle avait été plusieurs fois convoquée en urgence au milieu de la nuit pour soigner des blessés, et parfois, hélas, constater les décès de ceux qui, il n'y avait pas si longtemps de cela, avaient été des patients impertinents de son infirmerie scolaire, après des matchs de quidditchs agités entre Serpentard et Gyffondor.

Elle avait elle-même diagnostiqué l'état cataleptique des Londubat. Elle avait reconnu le corps de Marlene Mc Kinnon, parmi ceux de sa famille, tuée par les mangemorts. C'est encore elle qui avait fermé les yeux de Gideon et Fabian Prewett, tué après avoir lutté contre cinq mangemorts. Dolohov les avait soigneusement torturés et Mme Pomfresh avait reconnu sa même signature magique dans la blessure d'Hermione Granger, après la bataille du département des mystères. La jeune étudiante avait eu de la chance, car le sort qui l'avait frappé n'avait pas été énoncé à voix haute, et avait perdu de sa force. Toutefois, Mme Pomfresh été restée inquiète quant aux séquelles de cette mauvaise blessure, n'étant que trop méfiante vis-à-vis des dégâts que pouvaient provoquer la magie noire. Son pressentiment s'était confirmé à la vue de l' « urgence » pour laquelle Dumbledore l'avait appelé.

La blessure s'était rouverte, et Hermione était plongé dans un état proche du coma. Son pouls faible avait alerté Pom Pom qui avait demandé l'autorisation de transférer sa patiente à Poudlard. Dumbledore avait quant à lui disparut, vaquant sans doute à ses nombreuses affaires., ne revenant que plusieurs heures après pour s'enquérir de l'état de la jeune fille. Préoccupé, il avait glissé quelques mots à Mme Pomfresh, avant de s'éclipser dans son bureau.

Arrivé dans celui-ci, le directeur se laissa tomber, fatigué, dans son fauteuil, et lorgna sur une étagère pour voir si Dobby avait bien reconstitué ses stocks de bonbons au citron, puis satisfait par ce qu'il avait entrevu, il porta la main à son tiroir pour se sustenter de quelques friandises spéciales qui y étaient entreposées. Il réfléchirait mieux gavé de glucose, il le savait.

« Albus !! ». Le directeur sursauta, comme un gamin pris la main dans le pot de confiture, et referma précipitamment son tiroir.

Dans la cheminée était apparue la tête d'Arthur Weasley, et Dumbledore soupira.

« Je vous dérange Albus ?

Non, non, répondit aimablement Dumbledore, pffiou, j'ai cru que c'était Minerva… Que puis-je faire pour toi ?

Harry vient d'arriver au quartier général.

Ahh très bien, Severus a réussi sans trop de mal ?

On va avoir besoin de toi. Sa marque… elle semble le vider de tout son sang.

J'arrive tout de suite. Le temps de descendre aux limites de l'école pour transplaner. »

Et empochant une poignée de bonbons au citron, Albus Dumbledore quitta son bureau. Il lui fallait une dizaine de minutes pour atteindre les frontières de l'école, et il espérait vaguement que les choses ne s'aggraveraient pas trop vite. Il avait bien songé, en envoyant Severus chercher Harry, que les barrières de protection en place chez les Dursley ne le laisserait pas approcher. Mais il n'avait pas prévu que Severus braverait cette difficulté pour un élève qu'il savait détesté par le maître de potions. Peut être se trompait-il. Cette haine n'était pas si tenace. Dans un chuintement sonore, Dumbledore disparu des environs de Poudlard et transplana directement dans les salons de l'Ordre. Il arriva en plein processus de guérison, derrière le groupe qui observait Harry.

D'abord étonné que celui-ci soit penché sur Severus, le directeur de Poudlard manqua presque un battement lorsqu'il vit de larges ondes pourpres surgir d'Harry, alors pleinement concentré sur la blessure de son professeur allongé. Cela ne se peut… et pourtant, cela expliquerait tant de choses. Le directeur plissa les yeux, semblant réfléchir à un souvenir lointain.

Essoufflé et épuisé, Harry se retourna alors péniblement vers les autres, qui étaient encore abasourdis par le spectacle de magie pure auxquels ils venaient tous d'assister. Faisant mine d'ignorer ces regards, Harry sembla chercher quelqu'un et haussa un sourcil interrogateur :

« Je ne vois pas Hermione. N'était elle pas censée être avec vous ? »


Elle se dirigea vers le seul lit occupé de son infirmerie, et approcha de la bouche de sa patiente une potion verte. L'odeur devait en être très forte car Hermione ouvrit les yeux en gémissant :

« … mais qu'est que… ? protesta d'une voix faible Hermione.

C'est une potion de fortification, tu es encore fragile, tu dois la boire. »

Hermione s'exécuta à contrecoeur et entrouvrit les lèvres pour laisser passer le liquide. Yeurk, on dirait de la crème de potiron moisie…Sa gorge sèche accueillit difficilement l'intrusion et elle se mit à tousser, réveillant ses douleurs à la poitrine.

« Ta blessure s'est refermée, mais c'est tout récent. La cicatrisation sera accélérée par le baume que j'ai appliqué, mais le meilleur remède reste le repos, conseilla d'une voix docte l'infirmière.

Levant les yeux vers la gardienne de son intégrité physique, Hermione demanda :

Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

Eh bien, environ une douzaine d'heures. » Dans sa voix perçait une inquiétude qu'Hermione ressentait vive.

Elle ne se souvenait de rien. Ou plutôt de vagues impressions.

« Le professeur Dumbledore est passé me voir. » énonça t-elle à voix haute.

« Oui, il voulait rester te veiller, mais a été rappelé au Quartier Général de l'Ordre. Je dois le prévenir de ton réveil. »

Et sortant de dessous sa blouse un pendentif en forme de phénix, elle lança :

« Appareo ad Dumbledore ! »

Un instant plus tard, son pendentif se mit à scintiller entre ses doigts, et Hermione entendit une voix parler à travers lui :

« Adsum !! »

Auquel Mme Pomfresh répondit dans un sourire : « A tes souhaits, Albus !! »

Une forme vaporeuse, comme projeté par le phénix apparut devant le lit d'Hermione, et Dumbledore adressa un salut à l'infirmière de Poudlard.

« Alors, quelles sont les nouvelles, Pom Pom ?

Melle Granger est réveillé. Et de votre côté ?

- Tout va bien. Severus se repose, et Harry est en train de se restaurer avec les Weasley. Il s'est produit quelque chose d'étrange cependant….

- Professeur, le coupa Hermione, est-il arrivé quelque chose à Harry ? A la mention du nom de son meilleur ami, elle avait ressenti une vive inquiétude, un mauvais pressentiment qu'elle n'arrivait pas à s'expliquer.

- Non, non, tout va bien. Il est juste un peu fatigué. Il a dû puiser dans ses forces pour soigner Severus. »

La dernière phrase du directeur la laissa songeuse. Harry et Severus. Elle se souvenait de quelque chose à présent, elle en était sûre.

« Professeur, est – il possible de se souvenir de quelque chose que l'on n'a pas vécu ?

Non, Hermione. Notre mémoire est infidèle, mais elle n'est pas douée de vie propre. Ton esprit peut combiner plusieurs souvenirs, comme lorsque tu rêves, mais il n'ira pas créer au-delà de ce que tu peux imaginer.

… dans ce cas, n'existe –t-il pas un moyen de me souvenir plus clairement de mes rêves ? »

Le directeur soupira :

« Tu n'as pas rêvé, Hermione. Je devrais attendre pour te le dire, mais tu es bien trop perspicace. Le sort que tu as subi dans le département des mystères visait à atteindre tes fonctions vitales, non pas en les détruisant, mais en les vieillissant prématurément. Toutefois, tu n'as été que partiellement atteinte.

Oui, mais je suis guérie, maintenant. Comme pour contredire ses propos, sa blessure se mit à l'élancer.

Jusqu'à hier, c'était en bonne voie. Cependant…

Vous voulez dire que je vais mourir prématurément de vieillesse ? s'inquiéta Hermione.

Non ! Non ! Dumbledore fit un geste, et Hermione vit qu'il enfournait dans sa bouche une pastille. Ta magie a résisté, cependant, le gousset que tu as touché dans la cave faisait parti, selon le rapport fourni par Emmeline Vance, d'un lot d'objets dérobés au département des mystères par les mangemorts lors de la première guerre.

Qu'était-ce ? Il ressemblait à un retourneur de temps, mais…

Cet artefact servait à prédire l'heure d'un évènement précis. Il semble que ta blessure et ta magie aient interagit avec, notamment par le fait que tu aies par le passé, été utilisatrice de retourneur de temps.

Mais pourquoi me suis-je évanoui ?

Le directeur chercha ses mots un instant.

Disons que tu as expérimenté dans ta chair le champ des possibles.

Le visage d'Hermione s'éclaira dans un élan de compréhension.

J'ai voyagé dans le futur !!!

Le directeur grimaça :

En quelques sortes, oui. Mais le futur est mouvant, et seul le présent le construit réellement. C'est pour cela que tu n'en as que quelques souvenirs vagues, quelques impressions. Le directeur marqua une pause. – Cependant, ce que tu as vu pourrait nous être fort utile si tu t'en souvenais. »

La communication se coupa, la forme vaporeuse disparut dans une brume argentée.