Chapitre 2
ÉLISABETH STRAPSKI
Sirius regarda pour la millième fois le tableau indiquant les arrivées et les départs des avions. Celui du Canada allait arriver dans cinq minutes, selon le tableau.
À l'extérieur, la nuit était encore en majorité, même si le soleil commençait à se lever et à faire voir ses beaux rayons rougeâtres dans le ciel. Il arrivait à le voir par les immenses baies vitrées.
Quatre minutes.
Il avait mangé un muffin et un verre de lait au chocolat en patientant. C'est vrai que, même si elle lui avait dit qu'elle arriverait à six heures, lui était arrivé à quatre. Ce n'était pas ça qui allait la faire entrer au pays plus tôt.
Deux minutes trente.
Il s'approcha de la baie et regarda, au loin, un avion arrivé.
Deux minutes.
L'avion se posa, faisant trembler la bâtisse.
Une minute.
Les passagers restaient à l'intérieur. On fit apporter une échelle et ils commencèrent à descendre.
Sirius dû patienter encore un long moment. Il aurait dû se douter des douanes, ces choses maléfiques qui éloignaient les amoureux de leur bien-aimée.
Finalement, elle arriva. Ses longs cheveux blonds et soyeux arrivant juste sous sa poitrine volant au vent. Ses yeux bleus scrutèrent autour d'elle dans l'espoir de trouver quelqu'un venu l'attendre, ou peut-être de simple indication pour aller prendre ses bagages.
Sirius s'approcha d'elle et celle-ci sembla le remarquer.
Il y a au moins quelqu'un qui n'a pas oublié que je revenais aujourd'hui, fit-elle en lui souriant.
Comment pourrait-on vous oublier, gente demoiselle ? fit Sirius en la serrant dans ses bras.
Tu m'as manqué, murmura-t-elle en se collant contre lui.
Il l'embrassa tout doucement.
J'ai un endroit super à te montrer quand tu auras pris tes bagages, murmura-t-il en accotant son front sur le sien.
J'ai hâte de voir ça.
Ils partirent vers la douane des bagages et attendirent un bon cinq minutes avant que la valise d'Élise ne daigne montrer signe de vie. Sirius, en galant gentleman, l'attrapa.
Tu veux qu'on aille manger quelque chose ? proposa-t-il. Il y a un resto hyper sympa par là.
D'accord.
Ils marchèrent vers le restaurant main dans la main, en parlant du voyage, des vacances, de l'école…
Qu'est-ce que vous prendrez ? demanda la caissière.
Café, muffin, crêpes pour moi et pour mademoiselle…
Des crêpes et un thé, ajouta Élise en souriant.
Un instant.
Elle partit à l'arrière, sans doute pour leur préparer ce qu'ils avaient commandé, ou peut-être aussi pour draguer le commis.
Tu bois du thé avec des crêpes ? fit Sirius en faisant une grimace.
C'est ça, moque toi, répliqua Élise.
Je ne me moque pas c'est juste un peu étrange.
Mais oui, c'est ça.
Élise…
Non.
Il déposa un baiser sur ses lèvres. Élise ferma les yeux, profitant du moment.
- Hum Hum !
Ce léger toussotement les ramena à la réalité. Ils rompirent le baiser et Sirius regarda la caissière qui secouait la tête en signe d'énervement.
Merci, bonne fin de journée, fit Sirius en prenant le plateau sur lequel reposaient les différents plats.
Ils se dirigèrent vers une petite table à part et s'assirent.
Tu es certaine que tu ne veux pas du sucre dans ton thé ? demanda Sirius après cinq minutes de silence.
Sirius !
Mais tu manges des crêpes avec ça ! Je m'inquiète !
T'es pas sympa de te moquer !
Ok.
Ils recommencèrent à manger.
Élise serra un peu plus son bras droit autour de la taille de Sirius qui tourna également à droite. Ils étaient partis de l'aéroport depuis une bonne vingtaine de minutes et étaient maintenant en route vers la maison d'Élise.
Sirius lui avait ajusté son second casque de moto. Ils avaient mis au point un système de contrôle de la moto ultra sophistiqué : elle le serrait à droite, il tournait à droit, elle le serrait à gauche, il tournait à gauche, elle le serrait des deux côtés, ils étaient arrivés. Mais le dernier était encore loin et il tourna à gauche, comme le lui indiquait le serrement.
On est arrivé ! annonça Sirius en enlevant son casque. Enlèves-toi !
Élise s'exécuta et se posta à côté de lui.
Enlèves-moi mon casque, fit-elle avec des yeux de chiens battus.
Je t'ai montrée comment l'enlever à l'aéroport, répliqua-t-il.
J'ai… oublié ?
Sirius soupira et enleva son casque, la gratifiant en même temps d'un baiser.
Je dois y aller, murmura-t-elle.
Elle jeta un coup d'œil à l'entrée.
Mes parents sont absents, remarqua-t-elle. Tu veux entrer ?
Sirius la regarda quelques instants.
Ok, fit-il. Je rentre la moto dans ta cour.
Élise monta sur la pelouse et Sirius monta lentement l'allée. Il débarqua de l'engin et alla rejoindre sa petite amie devant la porte d'entrée.
Elle glissa la clef dans la serrure et la fit tourner vers la droite. Elle retira la clef et poussa la porte.
Entre, fit-elle.
Il passa la porte et regarda autour de lui. C'était une maison assez simple vue de l'extérieur, mais l'intérieur était une tout autre histoire. Décorés de vert et de brun, les murs étaient également recouverts d'un papier peint à fleur et les meubles étaient de bois de merisier sculpté et recouvert d'un tissu rejoignant les tons du papier peint.
C'est très…, commença Sirius en voulant exprimer poliment son dégoût.
Affreux ? fit Élise en riant.
Non, pas affreux, répondit-il rapidement. Disons plutôt… Original ?
Alors c'est original ascendant affreux ?
Sirius regarda autour de lui en réfléchissant.
Non, c'est affreux tout court.
Ce sont mes parents. Ils sont historiens et disons que le métier prend souvent le dessus sur la maison.
Sirius sourit tristement et l'embrassa. Elle sourit et lui rendit son baiser. Elle mit une main sur son torse et il s'éloigna aussitôt.
Sirius…
Oui ma beauté ?
Je t'aime.
Sirius sourit et l'embrassa.
Je t'aime aussi.
Elle sourit à son tour.
Tu veux aller manger ?
Avec grand plaisir.
Il passa un bras autour de ses épaules et elle en plaça un autour de sa taille. Sirius grimaça et elle enleva son bras immédiatement.
Je t'ai fait mal ? s'inquiéta-t-elle.
Non, je t'assure que ce n'est pas toi c'est…
Qu'est-ce que tu as ?
Je…
Il enleva son chandail à manche courte et se mit dos à sa petite amie.
Oh mon Dieu…
Le dos de Sirius était couvert d'ecchymoses et de cicatrice et, le long de sa colonne vertébrale, on voyait une grande plaie qui avait dû être fermée quelques jours avant.
-Je l'aime, Père, elle est encore plus belle que toutes les filles de la terre et c'est la première pour qui je ressens le véritable amour.
Son père défit la ceinture de ses pantalons et, d'un sortilège, enleva la chemise de marque de son fils. Ensuite, du côté de la boucle de métal, il lui donna quatre coups de ceinture, qu'il prit sans broncher, même lorsqu'il sentit un peu de sang sur son dos.
-Répète-moi encore une fois que tu aimes cette Élisabeth Strapski ou reçois encore une lettre d'elle et je te jure que tu te plaindras d'avoir dit ces paroles.
Sirius enfila sa chemise et commença à manger son bol de céréales en entendant les reproches de son père.
-Une moldue ! Tu as une correspondance avec une moldue ! cria son père.
-Elle n'est pas moldue, répliqua calmement Sirius. Elle est sorcière.
-Oh, c'est vrai. Strapski… Strapski… ce nom ne me dit rien… Est-ce que tu traînerais avec des Sang-de-Bourbes, fils ? questionna sèchement son père.
-Ce n'est pas une Sang-de-Bourbe. Mais bien sûr, monsieur mon père est trop idiot pour se rendre compte que les sorciers de moldus valent mieux que ceux de sang sorcier.
-Je t'interdis de m'insulter. File dans ta chambre.
-De toute façon, j'y allais. Il y a des fois où l'air de la maison empeste trop, si tu voies ce que je veux dire…
Qui… Qui t'a fait ça, Sirius ? demanda Élise en pleurant.
Mon père. Ce n'est pas grave, beauté. Je vais m'en sortir. Je m'en suis toujours sorti avec mes blessures.
Oh mon Dieu, Sirius, je… Je suis tellement, tellement désolée…
Sirius se tourna et la prit dans ses bras.
Ne t'en fait pas avec ça. Ce n'est rien et tu n'as pas à être désolée puisque ce n'est pas ta faute.
Comment peuvent-ils te faire ça ? Ils sont indignes !
C'est courant dans les familles de sorciers, ma beauté.
Est-ce que Dumbledore est au courant ? Et comment fais-tu pour les cachées quand tu es à Poudlard ? Est-ce que Pomfresh te donne des médicaments pour les faire cicatrisées ?
Du calme, beauté fatale. Dumbledore est au courant et il a prit toutes les mesures nécessaires afin que rien ne m'arrive à Poudlard. Pomfresh me donne des médicaments et me garde durant les deux premiers jours à Poudlard.
C'est pour ça que tu n'es jamais là à la rentrée…
Exactement. Donc, elle me donne des médicaments et une potion de sommeil et ensuite, tout s'en va.
Combien y a-t-il de personnes au courant ?
Voyons… Toi, James et Remus. Chez les profs, il y a Dumbledore et Pomfresh, et aussi McGonnagall.
Une larme coula sur la joue d'Élise et Sirius la berça doucement.
Allonge-toi, je vais préparer le déjeuner.
Elle se sépara de Sirius et le guida vers sa chambre, puis le fit immédiatement se couché sur le seul véritable divan de la maison.
Je remonte dans trois minutes, le temps de mettre le repas au four.
Elle l'embrassa rapidement et partit immédiatement.
Sirius en profita pour regarder la chambre. Les murs avaient été peinturés rouge et le plafond était or. Les meuble était blanc et le lit était recouverte d'une couverture également rouge, quoique recouverte d'un lion. Il regarda aux murs et découvrit différentes peintures. Deux entre autres attirèrent son attention.
La première était la peinture d'un jeune homme aux cheveux noirs juste sous les oreilles qui souriait. Ses yeux noirs paraissaient plus enjoués que quiconque et Sirius pensa que, en cet instant, l'auteur aurait sans doute dessiné des yeux tristes et sombres.
L'autre était des plus hétéroclite. Elle représentait quatre animaux : un chien, un cerf, un rat et un loup beaucoup plus grand que la moyenne. Sirius le regarda quelques instants et se demanda si elle savait qui se cachait sous ces déguisements.
Je t'ai manqué ?
Sirius sortit de sa rêverie et regarda Élise entrer.
Tu m'as manqué encore plus que tu ne peux l'imaginer.
Elle sourit et alla s'asseoir à côté de lui.
J'ai apporté quelque chose qui devrait te plaire. Ferme les yeux.
Il s'exécuta en souriant. Quelques secondes plus tard, il sentit une crème froide sur son dos et des mains d'ange venir le masser doucement.
Hmmm… Tu es merveilleuse, murmura-t-il.
Je savais que ça te plairait.
Je t'adore…
Moi aussi.
Elle le massa doucement et, lorsque Sirius sembla s'être endormi, elle lui donna un baiser sur la nuque et partit.
Sirius se réveilla le lendemain en ayant une faim de loup. Il se leva et enfila sa chemise, puis descendit. Il se dirigea vers la cuisine, mais, comme il ne l'avait pas vu la veille, il atterrit une fois dans la salle de bain et une autre dans une immense bibliothèque.
Puis, s'avouant vaincu, il se transforma en chien. Il identifia l'odeur du café et se dirigea au rez-de-chaussée. Puis, il l'identifia comme venant du bout du corridor et se retransforma avant de continuer son ascension vers la cuisine.
Il trouva Élise qui déjeunait, une tasse de café fumant entre les mains, vêtue d'une camisole et d'une paire de pantalon bleu ciel.
Tu es debout depuis longtemps ? demanda Sirius.
Chéri, il est treize heures cinquante, répliqua-t-elle en glissant une mèche de cheveux blond derrière son oreille.
J'étais un peu fatigué, s'excusa-t-il.
Elle sourit.
Assis-toi, je vais te chercher du café et de quoi manger.
Il hocha la tête et obéit. Quelques instants plus tard, un immense bol de café se trouvait devant lui ainsi qu'une assiette de mets espagnol.
J'ai adoré ! s'exclama-t-il en poussant son assiette vide.
Contente que ça t'ait plus. Tu restes encore un peu ?
Non, je suis désolé. Je dois aller sur le Chemin de Traverse, aujourd'hui.
Je peux t'accompagner ?
Non, désolé beauté. J'y vais avec James.
C'est pas grave. Si tu veux, on y retournera ensemble d'ici la fin des vacances.
Promis.
Et si tu veux quelque chose à manger, va chez Florian Fortarôme et dit lui que tu es mon petit ami. Florian est mon cousin.
Je n'y manquerai pas.
Il se leva et lui donna un baiser sur la main.
Au revoir, mademoiselle Strapski.
Élise sourit alors que Sirius la gratifiait d'un baiser sur la joue.
Ne m'oublie pas, murmura-t-elle.
Jamais je ne t'oublierai.
Il l'embrassa et partit.
