Chapitre 7

PROJET

Peu après Halloween, Lily et Amos avait eu une discussion au sujet de leur amour et avait tout réglé, au grand désespoir de James, qui continuait à jouer les meilleurs amis. Élise et Sirius se collaient encore plus qu'auparavant – si c'était possible, s'était empressé d'ajouter James – et Stéphany avait abandonné Remus après le bal pour son bel Antonio, avec qui elle entretenait une relation secrète.

Le mois de novembre s'entamait donc à grand pas, et, bientôt, tous les élèves de sixièmes années furent ensevelis sous une tonne et demi de devoirs et d'études. Remus avait finalement abandonné les réunions de Préfet et assistaient à un entraînement de Quidditch sur trois, au grand damne de James, qui était sur le bord de la crise de nerf. Stéphany avait des sessions régulières d'études avec son beau professeur de sports, ce qui la faisait, par miracle, réussir dans chaque matière. Lily devait avaler des potions contre le mal de tête aux six heures, étant donné ses réunions de Préfètes, qui avait doublé lorsque Remus avait abandonné les siennes, et l'étude. Élise et Sirius passaient des soirées complètes à étudier, et Élise passait ses notes de cours à Sirius, qui était partagé entre le terrain de Quidditch et du sommeil à rattraper par les pleines lunes – comme si j'allais lui dire, avait fait Sirius lorsque James lui avait demandé la date à laquelle il comptait lui avouer sa condition d'Animagus –.

-Tu crois qu'ils se passent le mot pour nous faire suer ? demanda James à Sirius un matin quelconque.

Il tenait doucement Lily, qui s'était endormie sur son épaule.

-Probablement.

Il tourna le regard vers Élise qui essayait patiemment de lui expliquer les raisons du dernier traité différenciant les sorciers des animaux fantastiques. Remus était absorbé par son livre de potion. Stéphany lisait un livre sur les origines du réfrigérateur pour son cours d'étude des moldus.

La cloche sonna et tous prirent leurs affaires, James réveillant Lily, pour se rendre en potion.

Ils entrèrent tous dans la classe. La plupart des Serpentard étaient déjà assis à leur place et parlaient bruyamment. Lily et James prirent les places qui leurs étaient assignées, c'est-à-dire devant Rogue et Madeleine Garossa.

La porte s'ouvrit en claquant et tout le monde se tourna pour apercevoir le professeur Ruffiange.

Il s'agissait d'un homme très vieux – les maraudeurs avaient estimé son âge à 451 ans lors de leur deuxième année – et qui souffraient d'une incroyable myopie, malgré ses lunettes pratiquement aussi épaisses que les verres des télescopes de la NASA. Il portait la plupart du temps une vieille robe grise, qui laissait voir son dos voûté comme un bossu. Le vieil homme, en plus d'être pratiquement aveugle et désavantager par la nature, était en partie sourd, et sa voix ne portaient pas jusqu'au fond de la classe. Sa peau ressemblait à une vieille prune desséchée, et était pâle comme un fantôme. Le professeur privilégiait tout de même Serpentard, la maison de ses folles années, et le simple fait de faire partie de cette maison donnait un dix pourcent dès le début de l'année.

-Chers élèves, prenez vos livres à la page 601 et continuez en la lecture jusqu'à la page 673.

Les élèves prirent leur livre. Bientôt, le silence le plus absolu s'installa en classe. James vit Lily sortir un cahier et y écrire ce qu'il y avait de plus important dans sa lecture. James se maudit intérieurement de ne pas avoir penser à cette technique de drague plus tôt.

Il commença donc sa lecture.

Les potions de Sommeil ont différents degrés de somnolence : la faible, la moyenne, la forte, et l'éternelle : en d'autres mots, la Mort.

James s'endormit presque aussitôt.

-Tu aurais pu te forcer à rester éveillé, commenta Lily, en lui passant tout de même ses notes de cours.

-Désolé, mais soixante-douze pages mal écrites sur les potions de sommeil, c'est plus fort que moi. Alors, pour faire une potion de sommeil, l'ingrédient principal, c'est la poudre de sang de vampire ? questionna James.

-Parce que ?...

-Parce qu'elle permet de dormir le jour comme les vampires.

-Et si c'est une potion pour dormir la nuit…

-De la poudre de griffes de Doxy puisqu'elles envoient dans les pommes quiconque se fait mordre par elles.

-Bien.

-Et si c'est pour dormir dans les bras de quelqu'un qu'on aime ?

Lily regarda James comme s'il débarquait d'une autre galaxie.

-Un Philtre d'Amour sans limite. Mais ce n'était pas au sujet du cours d'aujourd'hui.

-Qui reste pour les vacances de Noël ? demanda Lily en s'asseyant sur un sofa, revenant d'une rencontre de Préfète.

-Je dois aller chez mon père, fit Remus.

-Sept réunions familiales, si je manque, ma mère me tue, conclut Stéphany.

-Vous trois ? demanda Lily, pleine d'espoir en se tournant vers sa meilleure amie et les trois maraudeurs restants.

-En fait…, commença Élise maladroitement.

-Élise aimerait me présenter à ses parents, finit Sirius. On croit qu'on en est rendu là dans notre relation.

-COOL ! cria James en se jetant sur eux. J'ai une belle-sœur !

-Potter, bouges-toi ! marmonna Sirius en le poussant, le faisant tomber sur le sol.

-Hey ! Faux frère !

-James, tu rentres chez toi pour les vacances de Noël ? demanda Lily.

-En fait, je n'y avais pas vraiment songé. Je crois que je vais rester ici. Houppy a dû voir que ma chambre était vide et a dû y entasser toute la poussière de son ménage, fit James en réfléchissant tout haut.

-Je reste aussi, fit Lily en lui souriant. Je n'ai pas beaucoup envie de voir ma sœur pendant les vacances.

James sourit et Lily l'aida à se relever.

Le cours de survie des élèves de sixième année était différent des autres cours qu'ils devaient sans cesse subir. Premièrement, le cours était divisé en deux semestres, et non pas en quatre trimestres. Le premier trimestre était occupé à la survie des sorciers en ville, alors que la seconde partie du cours était occupée par la survie en forêt. De plus, ils n'avaient pas à se servir de leurs baguettes magiques et on leur interdisait de parler de Quidditch, de sortilège et de potions.

De plus, le professeur Grasset, une femme dans la quarantaine avancée, avait plutôt des allures d'homme. Ses cheveux étaient très courts et ses yeux ressemblaient à ceux d'un bouledogue. Sa bouche était tordue en une grimace vaguement dégoûtante et elle devait avoir au moins trois menton.

Les élèves de sixième année étaient déjà dans la classe et avait sorti des parchemins et des plumes. Lily avait sortit un crayon de plomb et un cahier moldu, à la grande surprise de James, qui examinait avec attention le graphite à l'intérieur du crayon.

La porte s'ouvrit avec fracas et Mrs Grasset entra.

-Vous pouvez fermer vos cahiers et ranger vos plumes. Aujourd'hui, je vous présente le nouveau projet.

Un immense document de plusieurs dizaines de pages apparut devant eux. Lily le prit immédiatement et se mit à le feuilleter.

-C'est complètement stupide, fit-elle sans se soucier de baisser sa voix. On dirait qu'elle veut nous faire passer un examen de survie dans Londres, sans magie.

-C'est exactement cela, Miss Evans, fit Mrs Grasset. Alors, ouvrez votre document.

La première page se tourna d'elle-même.

-Vous logerez à l'hôtel Queen-Elizabeth. Votre chambre vous y sera attribuée. Vous logerez avec la personne qui vous a été attribué. Vous devrez passer une semaine avec cette personne à vous promener dans le Londres moldu. Vous avez une bourse de deux milles dollars…

Elle claqua des doigts et un portefeuille de cuir apparut sur leur table.

-… et vous devrez, en plus de décrire précisément tout ce que vous ferez dans ce journal de bord, avec ce stylo à bille,…

Les effets apparurent devant eux.

-… survivre avec votre argent, c'est-à-dire payer votre déjeuner et votre dîner. Le petit déjeuner est compris avec l'hôtel et celui-ci vous est déjà payé. Y a-t-il des questions ?

Elle promena un regard vers la salle et soupira lorsqu'elle vit Sirius qui brandissait sa main dans les airs.

-Black, est-ce une question pertinente ?

-Plus que toutes celles que vous m'avez entendues dire, professeur.

-Très bien. Alors ?

-Avons-nous le droit de parler de Quidditch ?

Mrs Grasset soupira.

-Non.

-Mais on est en pleine finale de la Coupe d'Europe !

-J'ai dit non. La prochaine fois que vous voudrez parler de Quidditch dans cette classe, Mr Black, je vous prierais d'allez voir la directrice adjointe. D'autres questions ? Non ? Très bien ! Le Magicobus viendra nous prendre le dimanche vers six heures. Vous êtes dispensés de la fin de ce cours, et je vous suggère fortement d'en profiter pour commencer vos valises. Merci.

Les élèves se levèrent et partirent.

James entra de justesse dans le bus et vint s'asseoir à côté de Lily après avoir déposé son bagage sur le support prévu à cet effet.

-Tu aurais pu te dépêcher, fit remarqué Lily sans levé les yeux du livre qu'elle lisait.

-Mon cadran n'a pas sonné. Qu'est-ce que tu lis ? demanda-t-il.

-Hamlet.

-Jambon laid ?

-Non. C'est l'histoire d'un prince du Danemark qui voit le fantôme de son père décédé.

-Te connaissant, il y a plusieurs femmes qui militent pour leur droit dans cette pièce.

-Non, il n'y a que deux femmes : la mère d'Hamlet et Ophélia, la fille de Polonius. Et c'est un vieux roman, il a été écrit vers 1600. Je ne crois pas qu'une seule femme de cette époque connaissait le mot 'révolte'. Mais c'est un roman célèbre.

Voyant le regard perdu de James, elle ajouta :

-Il a été écrit par William Shakespeare.

-Ce nom ne me dit rien.

-Voyons ! C'est l'auteur de Roméo et Juliette !

-C'est l'histoire où les deux amants se suicident ?

Lily secoua la tête et retourna à sa lecture.

-Lis m'en un bout, demanda doucement James.

-C'est Ophélia qui parle. Mon bon seigneur, comment c'est porté Votre Honneur tous ses jours passés ?

-Je vous remercie humblement : bien, bien, bien, répondit James.

-Monseigneur, j'ai de vous des souvenirs que, depuis longtemps, il me tarde de vous rendre. Recevez-les donc maintenant, je vous prie.

-Moi ? Non pas, je ne vous ai jamais rien donné.

-Mon honoré seigneur, vous savez très bien que si. Les paroles qui les accompagnaient étaient faites d'un souffle si embaumé qu'ils en étaient de plus en plus riches. Elles ont perdue leur parfum, reprenez-les ; car, pour un noble cœur, le plus riche don devient pauvre, quand celui qui donne n'aime plus. Tenez, monseigneur !

-Ha ! ha ! vous êtes vertueuse !

-Monseigneur !

-Et vous êtes belles !

-Que veut dire votre seigneurie ?

-Que si vous êtes vertueuse et belle, vous ne devez pas permettre de relation entre votre vertu et votre beauté.

Voyant que Lily ne répondait pas à sa réplique, James leva les yeux du roman et lui jeta un regard. Elle avait les yeux tournés vers la ville de Bristol, qui défilait sous ses yeux.

-Ça va ? demanda-t-il.

-Oui. Ta réplique m'a simplement fait réfléchir.

-Sur quel point ?

-Si Amos et moi devions coucher ensemble à une certaine date prédéfinie, et que cette date est en ce moment ce que je crains le plus au monde, et qu'il me dit toujours que je suis belle, mais jamais qu'il m'aime, est-ce que ça peut marcher ?

James eut mal. Il eut l'impression qu'on venait de lui transpercer le cœur avec un couteau. Lily allait faire l'amour avec Diggory.

-Lily, faire l'amour, c'est quelque chose qui se passe impulsivement. On sait qu'on aime la personne plus que tout au monde et suite à des évènements, on couche avec elle. On ne planifie pas ça comme un examen d'une matière scolaire.

Lily sourit doucement.

-Ce serait tellement plus facile.

James soupira.

-Ouais.

-On entre ! s'exclama Lily.

Ils entrèrent dans la boutique du centre d'achat dans lequel ils se trouvaient depuis près de deux heures. La boutique se nommait Le royaume du Père Noël. Il s'y trouvait des dizaines de disques de Noël de partout dans le monde, des Pères Noël plus ou moins vulgaire, des bas de Noël personnifié, des Casse-noisettes, des sapins, des boules de Noël, bref, tout ce que l'on retrouve pour Noël.

-Oh ! Il est trop mignon !

Lily attrapa la main de James et le traîna vers un Père Noël qui entamait une valse de Vivaldi avec la Mère Noël.

-Et regarde là !

Elle s'approcha d'un train qui faisait le tour d'un village enseveli sous la neige.

-Oh !

Lily plaqua ses mains contre sa bouche et s'approcha d'un bas, qui illustrait probablement un conte moldu que James ignorait.

-C'est la petite fille aux allumettes ! Regarde, elle est là !

Elle pointa la fillette blonde qui était recroquevillée, vêtue de loques, trois allumettes autour d'elle.

-Et, en brûlant les allumettes que son père lui ordonne de vendre le jour de Noël, elle aperçoit une table garnies au travers d'un mur, puis un four chaud, et finalement sa grand-mère décédée. Sa grand-mère la prend dans ses bras et, lorsque les gens la voies le lendemain matin, ils croient que la petite fille aux allumettes est décédée de froid, mais aucun des passants n'arrivent à s'expliquer son petit sourire.

-Tu aimerais avoir ce bas ? demanda James.

-Oui !

-Madame ?

Une vendeuse dans la trentaine s'approcha d'eux.

-Nous aimerions avoir deux de ces bas, s'il vous plait, fit James en lui pointant le bas en question. Un au nom de Lily et un au nom de James.

-Un au nom d'Amos, aussi, s'ils vous plait, fit Lily.

-Je vais vous les chercher.

James soupira. Pourquoi est-ce que Diggory s'amusait toujours à gâcher ses chances avec Lily ou au Quidditch ?

-Je ne lui avais pas trouvé de cadeau de Noël. Tu crois qu'il va aimer ?

-J'en suis…

-Excusez-moi, fit la vendeuse. J'ai bien le bas de la fillette aux allumettes avec les noms de James et Lily, mais celui d'Amos n'est disponible qu'avec le bas traditionnel.

-On le prend quand même, annonça Lily.

Élise et Sirius étaient assis côte à côte dans l'espace restaurant du centre d'achat. Élise grignotait une lasagne et Sirius, qui avait fini depuis longtemps sa pizza au saucisson, son hamburger et sa pointe de gâteau au chocolat, avait passé un bras autour de sa taille.

-Tu as hâte de voir mes parents ? demanda Élise.

-Ouais.

Sirius laissa tomber son front sur la table.

-Je ne leur ai pas encore acheté de cadeaux !

Élise sourit et glissa ses doigts dans ses cheveux noirs.

-Ils n'en veulent pas de tes cadeaux. Ils veulent te voir toi.

-Non, ils veulent voir ton petit ami parce qu'ils veulent le meilleur parti pour leur fille. Et si j'arrive fauché comme les blés, ils ne me laisseront pas sortir avec toi.

Élise sourit.

-Il te reste une semaine.

-On entre là ? demanda Stéphany en pointant une boutique de vêtement médiévaux.

-Ok.

Stéphany fit rapidement le tour de la boutique, essaya deux ou trois ensembles et s'arrêta devant une robe rouge moulante dans le haut et très large dans le bas, ainsi qu'un corset pourpre qui se portait sur le dessus des vêtements.

-Ce sera tout ? demanda la caissière.

Le regard de Stéphany s'était arrêté sur un jeu d'échec médiéval, taillé dans de l'ébène, et où les pièces étaient en diamants.

-Combien pour le jeu d'échec.

-Cinq cents.

-Je vais le prendre aussi.