Willow rentrait enfin de son cours. C'était toujours très intéressant mais ces cours étaient très éreintants et Willow en revenait toujours épuisée. Elle entra dans la vaste propriété de Giles, prête à savourer le thé que Giles lui préparait toujours mais pourtant, elle ne put réprimander un frisson. Elle ressentait une impression étrange. Comme si quelque chose qu'elle redoutait mais qu'elle attendait aussi était sur le point de se produire. Elle refoula cette impression qui n'avait pas lieu d'être et entra d'un bon pas dans la maison pour y rencontrer Giles.
W : Bonsoir !
G : Willow ! Alors ce cours ?
W : Epuisant !
G : Tu as faim ?
W : Je suis affamée !
Elle se retourna vers la table et y vit quelque chose qui la troubla.
W : Trois couverts ?
G : Oui, nous avons un invité.
W : Qui ça ?
Sans qu'elle sache pourquoi, le rythme cardiaque de Willow se mit à accélérer. L'étrange impression qu'elle avait ressenti quelques minutes auparavant lui revint 100 fois plus forte et ses jambes flageolaient. Elle n'entendit pas la réponse de Giles, ni même s'il lui en avait donné une, mais elle entendit derrière elle une voix familière… trop familière. Elle fit volte-face et découvrit l'homme qu'elle connaissait depuis l'enfance, qui l'avait sauvée 3 mois auparavant et qu'elle n'avait pas revu depuis.
W : Alex ?
Al : Salut toi.
Willow était figée sur place, elle ne pouvait plus bouger, paralysée par la surprise et la peur. Elle se tourna brièvement vers Giles, les yeux agrandis par la confusion, avant de refaire face à Alex mais à peine retournée, elle se sentit happée par une masse et plongée dans une odeur qu'elle reconnaîtrait entre mille. N'y tenant plus, Alex avait franchi les quelques mètres qui les séparaient et avait pris sa meilleure amie dans ses bras. Willow enfouit sa tête dans la chemise d'Alex et se mit à sangloter.
Al : Ne pleure pas.
W : Je suis désolée.
Al : Ne le sois pas.
Giles s'éclipsa discrètement de la pièce et Alex mena Willow jusqu'au canapé où il la fit asseoir.
Al : Hey, tu crois que j'ai envie de te revoir en larmes après tant de temps ?
W : Je suis désolée.
Al : Désolée pour quoi ?
W : Pour tout.
Al : Tu crois pas que tu t'es déjà assez excusée avant de partir ?
W : Pourquoi t'es venu comme ça ?
Al : Mais tu donnais pas de nouvelles alors j'ai décidé d'en donner moi-même !
W : Je pouvais pas revenir, Alex.
Al : Oui mais il existe un outil formidable de nos jours appelé téléphone !
W : Oui mais…
Al : J'attendais de tes nouvelles… Tu me manquais…
W : Toi aussi.
Al : Giles cuisine bien ?
W : Il se débrouille. Pourquoi ?
Al : Parce que j'ai du mal à l'imaginer aux fourneaux !
W : Je t'assure qu'il se débrouille !
Al : Bon viens, on va voir ça !
Il la prit par la main et l'entraîna vers la cuisine.
Giles regardait avec amusement Willow qui ne cessait de faire des aller-retours entre sa chambre et la salle de bains fébrilement. Elle fouillait frénétiquement dans ses bagages pour vérifier qu'elle n'oubliait rien.
G : Willow ?
W : Oui ?
G : Tu es sûre que vous ne partez qu'un week-end ?Tu as assez de bagages pour toute une semaine… ou même deux…
W : Vous trouvez ?
G : Oui.
W : J'ai l'impression d'oublier quelque chose !
G : Tu as tout revérifié une dizaine de fois !
W : Oh, je suis toute excitée ! Je suis jamais allée à Londres ce qui est stupide quand on sait qu'on est en Angleterre… Sauf pendant mon bref passage à Heathrow mais c'était pas vraiment une visite et je devrais me taire… Qu'est-ce qu'il fait Alex ?
G : T'inquiète pas, il ne partira pas sans toi.
A ce moment, Alex entra :
Al : Ca y est, t'es prête ?
W : Oui !
Al : Willow ! Il y a beaucoup trop de valises là !
W : Tu trouves ?
Al : Non mais attend, tu vas m'en virer ! Celle-là et celle-là, au revoir !
W : Non, pas celle-là, il y a mes sous-vêtements dedans !
Al : C'est bon, me raconte pas ta vie !
W : Bon, on y va ?
Al : C'est parti !
G : Amusez-vous bien et Willow, n'oublie pas que tu as un cours lundi.
Al : Vous en faîtes pas beau-papa, je vous la ramène à l'heure !
Alex et Willow quittèrent la pièce en ricanant. Giles resta un moment à fixer la porte, l'air pensif. Il alla ensuite jusqu'à la fenêtre d'où il put voir les deux jeunes gens monter dans un taxi. Cela faisait 2 mois qu'Alex était arrivé à Westbury et Willow était rayonnante. Giles ne l'avait pas vu aussi heureuse depuis des mois. Elle faisait d'immenses progrès dans ses cours et sa formation serait bientôt terminée. Il était désormais sûr qu'elle s'en sortirait…
Alex et Willow pénétrèrent dans un hôtel londonien et se dirigèrent vers la réception :
Al : Bonjour, j'ai réservé deux chambres au nom de Harris.
Réceptionniste : Je suis désolée mais je n'en ai qu'une seule.
Al : Comment ça ? Non, vous devez vous trompez, Alexandre Harris.
R : Non, une seule chambre.
Al : Bon, est-ce qu'on peut en avoir une deuxième ?
R : Je suis désolée mais l'hôtel est complet.
Al : Mais vous savez qu'être désolée ! (à Willow) On va devoir chercher un autre hôtel.
W : Alex, il est tard et j'ai pas envie de chercher un hôtel dans toute la ville. On peut dormir dans la même chambre pour deux nuits, c'est pas grave…
Al : Tu es sûre ?
W : Mais oui.
Al : Okay. On prend la chambre !
Willow était assise sur le grand lit de la chambre d'hôtel. Elle épluchait une dizaine de brochures de visite de la ville. Elle éleva la voix :
W : Je te préviens, demain je t'emmène faire du shopping !
Alex émergea de la salle de bains.
Al : Ah ouais ? T'as fait notre itinéraire ?
W : Ouais !
Elle rangea les brochures tandis qu'Alex prenait des couvertures qu'il étalait sur le sol.
W : Mais qu'est-ce que tu fais ?
Al : Bah je prépare mon lit. Enfin, entre guillemets.
W : Mais Alex, le lit est assez grand pour nous deux !
Al : Tu crois ?
W : Mais enfin Alex, sois pas ridicule ! On peut dormir dans le même lit quand même ! Tu vas pas dormir par terre !
Al : Bah… si tu es sûre…
W : Mais oui ! Allez, viens !
Il alla la rejoindre et s'allongea à côté d'elle.
Al : Shopping, hein ?
W : Ouais ! Il faut absolument qu'on aille dans un immense magasin de jouets. Il doit y avoir des milliers de jouets ! Ca va être génial et il faudra qu'on finisse la journée dans un pub et qu'on aille voir le Big Ben ! Qu'est-ce que t'en penses ?
Elle se tourna vers lui et constata qu'il s'était endormi pendant qu'elle parlait. Elle sourit et remonta les couvertures sur lui avant de l'embrasser sur la joue. Elle ne savait pas comment elle aurait fait s'il n'était pas arrivé quelques semaines auparavant. Il l'avait tellement aidée. Elle éteignit la lumière et se coucha à ses côtés. Heureusement qu'il était là…
Le lendemain matin, Willow avait tiré Alex du lit très tôt pour faire le tour de la ville. Bien sûr, la première destination que Willow avait choisi avait été le magasin de jouets. Ils y avaient passé plus d'une heure et ressemblaient vraiment à des enfants. Alex s'était surpris à contempler Willow. Elle avait vraiment changé depuis quelques semaines et dans le bon sens. Aujourd'hui, elle avait vraiment été resplendissante, innocente et pure, comme il aimerait la voir plus souvent. Quand il la voyait si belle, si éblouissante, il était captivé. C'était agréable comme sensation. Mais maintenant ça lui faisait peur. Il était captivé au début mais maintenant, il avait des papillons dans le ventre dès qu'elle se trouvait à moins de 2 mètres de lui (dormir dans le même lit qu'elle avait frôlé la torture !), ça en devenait étourdissant. Il n'aimait pas ce que ça signifiait. Ca signifiait qu'il était en train de tomber amoureux d'elle, à moins que ça ne soit déjà fait et il ne fallait pas que ça arrive. Trop de complications en perspective. Le fait qu'ils n'étaient que tous les deux, Giles était souvent occupé, jouait beaucoup et ça ne serait jamais arrivé à Sunnydale. Et c'était pour ça qu'il allait proposer à Willow de rentrer avec lui. Il était temps pour tous les deux.
Alex et Willow se trouvaient dans un taxi qui les ramenait à la demeure de Giles. Willow regardait par la fenêtre qui donnait sur le temps pluvieux.
Al : A quoi tu penses ?
W : A notre week-end qui a été trop court !
Al : Il y en aura d'autres.
W : Vraiment !
Al : Bien sûr !
W : Cool !
Le taxi se gara. Alex paya le chauffeur et lui et Willow gagnèrent rapidement la maison pour éviter d'être trempés.
Al : Giles ! On est rentrés !
W : Il doit encore être à une réunion.
Al : T'es sûre que c'est pas juste un prétexte pour aller draguer dans un pub ?
Willow lui passa devant en lui donnant une petite tape avant d'aller s'asseoir au salon.
Al : Willow, il faut qu'on parle.
W : A propos de quoi ?
Al : Tu crois pas qu'il est grand temps de rentrer à Sunnydale ?
W : Quoi ! Non !
Al : Pourquoi ?
W : Parce que je ne suis pas prête ! Je ne maîtrise rien !
Al : Giles n'arrête pas de dire que tu fais d'immenses progrès !
W : D'immenses progrès ne veulent pas dire une formation terminée !
Al (en s'asseyant à côté d'elle) : Willow, ma choupinette, je sais de quoi tu as peur. J'ai appelé Buffy plusieurs fois ces dernières semaines et tout le monde a hâte que tu reviennes. Tout le monde t'attend pour t'accueillir à bras ouverts là-bas.
W : Et si je les déçois ? Et si mes pouvoirs m'échappent encore !
Al : Je sais que ça n'arrivera pas.
W : Qu'est-ce que tu en sais ?
Al : Qu'est-ce que tu veux dire ?
W : Tu es génial pour me faire sourire ou rire, me remonter le moral et me soutenir mais tu ne sais pas ce dont je suis capable.
Al : J'étais aux premières loges quand tu as essayé de détruire le monde.
W : Mais tu n'as rien vu…
Al : Je n'ai rien vu parce que tu ne me laisses pas voir. Il y a cette partie de ta vie à laquelle je n'ai pas accès. Quand tu es en cours, je fais le tour de la propriété, je monte à cheval, je fais la conversation à Giles, tout et n'importe quoi mais je ne suis jamais avec toi. Parce que tu refuses que je vois ce côté de toi…
W : Tu veux voir ? Alors tu vas voir.
