Alex était assis au bureau de Giles et s'amusait à tourner en rond sur le grand fauteuil en cuir. Willow arriva un dossier à la main et à la vue d'Alex qui lambinait de manière plutôt comique, un immense sourire illumina son visage.
W : Ca va ? Je te dérange pas trop ?
Alex le va les yeux vers la porte d'un air surpris et s'arrêta de tourner.
Al : Willow ! Euh, non tu me déranges pas. Je faisais une petite pause !
W : Je vois ça.
Elle s'avança jusqu'à lui après avoir fermé la porte derrière elle, déposa le dossier sur le bureau et embrassa Alex.
W : Je t'ai apporté le dossier que tu voulais.
Al : Tu aurais pu demander à quelqu'un de le faire pour toi.
W : Oui mais j'avais envie de te voir.
Alex la prit par la taille et elle grimpa à genoux sur le fauteuil avant de mettre ses bras autour du cou d'Alex et de l'embrasser. Il commençait à passer ses mains sous le tee-shirt de Willow quand le téléphone sonna.
Al : Ah.
W : Bon, je te laisse alors.
Elle descendit du fauteuil et commença à s'éloigner.
Al : Oh non !
W : Salut !
Elle quitta la pièce et Alex décrocha le téléphone tout en la suivant du regard.
Al : Bureau de Rupert Giles, observateur en chef du Conseil des observateurs !
G : « Observateur en chef » ! Alex, contente-toi de dire « Bureau de Mr. Giles » !
Al : Giles, vous pouviez pas dire que c'était vous avant que j'ai fini ma phrase !
G : Je ne voulais surtout pas t'interrompre…
Al : Alors, les nouvelles sunnydaliennes sont bonnes ?
G : La maison de Buffy est envahie de potentielles, Faith vient de débarquer en cavale et un nouvel ennemi est arrivé en ville. Je te laisse imaginer l'ambiance…
Al : Je préfère pas ! Et vous m'appelez pour…
G : Je me demandais si nous pourrions disposer de ton appartement pour loger quelques potentielles parce que la maison de Buffy commence à déborder.
Al : Oh ! Vous voulez mettre plein de filles en chaleur et totalement irresponsable dans MON appartement ! Mais vous êtes fou !
G : Alex, où veux-tu que nous les mettions ces filles !
Al : Je sais pas moi… Autre part !
G : Ca fait 6 mois que ton appartement est inoccupé, il pourrait servir à quelque chose ! A moins bien sûr, que tu ais l'intention de rentrer dans un futur proche…
Al : C'est très drole ce que vous racontez, Giles.
G : Je ne rigole pas Alex. Quand toi et Willow allez rentrer ?
Al : Comment voulez-vous que je sache ?
G : Il est plus que temps de rentrer ! Et ne me dis surtout pas que Willow n'est pas prête parce qu'elle est largement prête !
Al : J'ai essayé de lui en parler mais…
G : Mais ça ne t'arrange pas plus qu'elle de rentrer !
Al : Quoi !
G : Je t'en prie Alex ! Ce n'est pas sain de vous isoler comme ça. Je sais qu'il y a quelque chose entre vous mais c'est pas une raison !
Al : Hey, est-ce que je vous ai demandé de commenter ma relation avec Willow !
G : Alex…
Al : Non ! Ca vous regarde pas, je suis désolé ! De toute façon, je vois pas pourquoi ça vous dérange !
Il s'apprêta à raccrocher au nez de Giles mais il reporta le combiné à l'oreille :
Al : Et je vous interdis d'utiliser mon appartement !
Et il raccrocha définitivement. Il se leva brusquement du fauteuil et alla se poster à la fenêtre. Planté comme ça devant la fenêtre, il ressemblait sûrement à Angel qui faisait semblant de réfléchir d'un air lugubre ! Mais même si c'était le cas, il s'en foutait. Giles avait raison… Giles avait raison, bon sang ! En même temps, c'était Giles… Willow et lui s'étaient repliés sur eux-mêmes. Ils s'étaient crées un monde à eux dont tout le monde était exclu. En dehors de quelques employés qu'ils croisaient au bureau et des prêtresses, ils ne fréquentaient personne. Alex connaissait les raisons de Willow : elle voulait se créer un monde où elle contrôlait tout, connaissait tout le monde et elle ne connaissait personne mieux que lui. Mais Willow ne connaissait pas les raisons d'Alex. Il l'aimait et il savait que s'ils retournaient à Sunnydale, c'en serait fini de leur histoire. Il savait qu'elle ne l'aimait pas… pas comme il aimerait qu'elle l'aime… Il était la transition. Non, même pas. Il était le substitut. De Tara. Elle était morte mais pourtant, Alex la sentait dans tous les gestes de Willow. Elle la portait encore en elle. Peut-être même ne la quitterait-elle jamais… N'importe qui n'aurait pas supporté la situation mais pas Alex… Il l'avait et c'était tout ce qui comptait. Sauf qu'il en avait marre de se voiler la face. C'était mauvais pour eux. Lui il s'en foutait, après tout du moment qu'il était avec Willow, la situation aurait pu être bien pire ; mais Willow devait faire face au monde réel et le meilleur moyen d'y arriver était de retourner à Sunnydale. Même si cela signifiait qu'il devrait la perdre…
Willow était inquiète. En pleine journée, Alex avait quitté le bureau et était rentré sans même la prévenir. Il devait y avoir un problème et sans vraiment savoir pourquoi, elle était très inquiète et même plus que ça. Elle arriva à la petite maison de Giles au pas de course et entra rapidement. Elle grimpa les marches quatre à quatre et alla retrouver Alex dans la chambre. Elle le trouva en train de faire ses bagages :
W : Qu'est-ce que tu fais ?
Alex se tourna vers elle.
Al : Will…
W : Qu'est-ce que tu fais !
Al : Mes valises.
W : Ca, je le vois bien ! Mais pour quoi faire !
Al : Je rentre, Willow.
Les yeux de Willow se remplirent de larmes.
W : Pourquoi ?
Al : Parce qu'il est temps de rentrer.
W : C'est à cause de moi ?
Al : Quoi ?
W : T'es pas bien avec moi ?
Elle se mit à pleurer et Alex se précipita pour la prendre dans ses bras.
Al : Arrête, je suis bien avec toi mais il faut pas rester ici !
W : Je veux pas que tu partes ! Je veux qu'on soit ensemble !
Al : Rentre avec moi.
W : Non !
Al : Willow, tu veux qu'on soit ensemble mais on sera ensemble là-bas !
W : Mais je veux qu'on soit ici, tous les deux, rien que toi et moi !
Al : Ca c'est plus possible.
W : Mais pourquoi !
Al : Parce qu'on fuit la réalité, on s'isole, on vit dans notre bulle !
W : Et alors !
Al : Et alors tu sais très bien que c'est pas ça la vraie vie.
W : Je m'en fiche.
Al : C'est pour ça que je dois être lucide. C'est facile de fuir la réalité et c'est génial mais il y a un moment où il faut redescendre sur Terre.
W : Alors tu me quittes ?
Al : J'en ai pas envie. Mais si tu viens avec moi, j'aurais pas à le faire.
Willow lui tourna brusquement le dos pour regarder par la fenêtre.
W : Non.
Alex hocha la tête, attrapa sa valise et, après avoir regardé longuement Willow qui lui tournait toujours le dos, quitta la pièce. Willow se retourna alors comme pour vérifier qu'il était vraiment parti. Elle s'appuya contre le mur et se laissa glisser à terre tout en fixant la porte restée ouverte :
W (en murmurant) : Je t'aime.
Elle ferma les yeux et éclata en sanglots.