CHAPITRE III - L'ANNIVERSAIRE DE HARRY

On était le 31 juillet et Harry rêvait encore…Il faisait souvent ce même rêve et chaque fois, celui-ci se précisait de plus en plus. Contrairement aux événements réels qui avaient perturbé les rêves de Harry l'année précédente, il savait que cette fois-ci, ce n'était que produits de son imagination.

Il n'avait jamais vu d'endroit pareil. Les couleurs étaient si vives. Jamais, de sa mémoire, le rouge n'avait-il été plus éclatant et l'or plus éblouissant. Tout illuminait. Même dans ses rêves les plus fous, Harry n'avait jamais imaginé qu'un tel endroit puisse exister. Mais le plus étrange, c'est qu'il s'y sentait bien. Il s'y sentait en sécurité. Il ne savait pas pourquoi, mais cette salle avait un je ne sais quoi de mystique et il ne comprenait pas sa présence en un tel lieu. Ce qu'il savait par contre, c'est qu'il ne voulait pas le quitter. Il ne voulait pas se réveiller.

La pièce était parfaitement ronde et assez grande pour s'y perdre. Des vitraux décoraient les douze fenêtres rouges et or sur lesquelles couraient deux minuscules fils bleu et or entrelacés.

Au centre de l'immense salle, trônait une table magnifique. Harry tenta de s'en rapprocher pour toucher les reliefs qui la recouvraient, mais s'en trouva incapable. Ses pieds étaient soudés au sol. Assise sur plusieurs supports de bois d'ébène finement sculptés, sans doute par les meilleurs artisans de l'époque, cette immense table ancestrale, d'au moins quinze centimètres d'épaisseur, était gravée de douze symboles identiques que Harry crut reconnaître, mais sans arriver à les identifier.

Autour de la table, il y avait douze immenses chaises de bois à haut dossier, également sculptées dans le même bois mais aux motifs réduits, s'harmonisant parfaitement avec les douze chandeliers vraisemblablement faits d'or, placés à égale distance autour de la table. Devant chacune des chaises brûlait une chandelle écarlate donnant ainsi à la pièce sa couleur mystérieuse. Une épée différente pour chaque place, sertie de pierreries, également de couleurs différentes dont une seule était de rubis et d'or, était gravée sur son manche par le même symbole.

Harry pouvait percevoir chaque détail, chaque pierre qui composait le mur circulaire, ressentait la chaleur provenant des flammes de l'immense foyer et pouvait même sentir l'odeur du bois qui s'y consumait, mais il n'arrivait toujours pas à se rapprocher de la table. Au moment où il tentait une fois de plus de soulever un pied, il sentit un changement dans l'atmosphère. Une présence, puissante et menaçante. Ses cheveux se dressèrent sur la tête. Il essaya de marcher, mais ses pieds étaient moulés à même le plancher et ses bras étaient plaqués contre son corps. Il était complètement paralysé, comme stupéfixé.

Harry leva les yeux et le vit enfin. De l'autre côté de la table, debout devant l'une des immenses chaises, se tenait un homme aux proportions impressionnantes. Il était si grand qu'il semblait toucher le plafond et ses yeux noirs étaient tellement renfoncés dans leur orbite qu'on en voyait à peine leur couleur. Son regard de glace était fixé sur Harry. Il douta un moment que son rêve connut un dénouement agréable. En fait, il doutait même pouvoir se réveiller.

Au moment où il allait tenter quelque chose d'incroyable et complètement stupide, c'est-à-dire fuir dans la direction opposée, l'homme prit l'épée d'or et de rubis dans sa main droite, la sortit de son fourreau, l'examina puis, d'un coup sec, se sectionna l'index de la main gauche. Harry sursauta et vit l'homme ramasser son doigt et le remettre en place. Un éclair jaune jaillit alors de sa main et celle-ci redevint parfaitement normale, comme si cette scène n'avait jamais eu lieu. Il s'avança tranquillement vers Harry, souriant d'un air narquois. Plus il se rapprochait, plus Harry tentait de reculer, mais il ne pouvait faire ne serait-ce qu'un seul petit mouvement. Tout son corps se tendait vers l'arrière et il était à deux doigts de tomber. Un gargouillement sortit alors de sa bouche qui devint bientôt très sèche.

L'homme posa une main lourde sur l'épaule de Harry et soudain, son visage se transforma. Il sourit. Ses yeux encore agrandis de frayeur, Harry examina le visage de l'homme à la longue barbe taillée au carré et aux sourcils broussailleux. Il réalisa soudain que ses yeux étaient en fait d'un gris très foncé et qu'il semblait tourmenté. Il avait déjà vu ce regard.

Bienvenue Harry, dit-il alors.

Toc! Toc!

Harry sursauta et s'éveilla enfin.

- Hedwige! »

Harry repoussa ses couvertures et se dirigea vers la fenêtre. Voilà un petit moment qu'elle attendait à l'extérieur, sans frapper, comme si elle savait qu'elle attirerait des ennuis à Harry si elle s'impatientait. Toutefois, elle semblait épuisée et à bout de patience. Lorsque Harry ouvrit enfin la fenêtre pour laisser sa chouette entrer, il comprit tout de suite pourquoi. Autour de sa tête, voletait un oiseau minuscule infatigable et débordant d'énergie. « Mais que fait Coq avec toi? » Harry referma la fenêtre derrière eux. Il était minuit cinq.

Dans la chambre d'à côté, comme toujours, on entendait l'oncle Vernon ronfler. Harry s'était toujours demandé comment sa tante Pétunia avait jamais pu s'habituer à un tel vacarme.

Te voilà enfin! Mais qu'est-ce que c'est? demanda Harry sans remarquer que sa chouette s'était presque effondrée sur son lit. C'est de Ron?

Il avait presque oublié que c'était le jour de son anniversaire et que la journée précédente lui avait parue interminable. Depuis que le Ministère de la magie avait enfin accepté la réalité et le retour de Lord Voldemort, les courriers n'étaient plus interceptés. Au contraire, il recevait maintenant des nouvelles régulières de ses amis et chaque journée qui séparait l'arrivée d'une lettre d'une autre était déjà trop longue. Depuis qu'il les connaissait, ses amis n'avaient jamais oublié son anniversaire, sauf l'année précédente, mais, à ce moment là, ils étaient tenus au silence par Dumbledore.

Hedwige se posa doucement sur son épaule, jeta le paquet qu'elle tenait dans son bec sur ses genoux et lui mordilla doucement l'oreille avant de se diriger vers sa cage où l'attendait sa mangeoire pleine, de l'eau fraîche… et Coq. Elle fit entendre un hululement réprobateur pour cet intrus, et gonfla ses plumes afin d'utiliser le maximum d'espace pour le pousser à quitter sa cage, sans succès.

- C'est de Ron! Tu es allé chez Ron? Comment as-tu su que Ron avait quelque chose pour moi?

Il se doutait bien que Hedwige était allée visiter son ami pour s'assurer que personne ne l'oublierait. Elle le faisait toujours.

« Salut Harry, Bonne fête. Maman te souhaite un joyeux anniversaire et t'envoie quelques petits gâteaux et un bisou… et Ginny aussi évidemment. Elle va me frapper pour ça. Comment ça va? Moi pas trop mal. Mon père est appelé tous les jours au Ministère. Ma mère est très inquiète et hier, elle a éclaté. Ils se sont disputés… à propos de Percy. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça semble très sérieux.

Hedwige est passée au-dessus de la maison alors que Fred et George (de passage), Ginny et moi on se pratiquait un peu sur nos balais. J'espère que ça ne te dérange pas que je l'aie interceptée. On a joué un peu au Quidditch avec elle et je crois qu'elle n'a pas vraiment apprécié qu'on la prenne comme vif d'or pour quelques instants. Habituellement, on utilise Coq. Elle a quand même accepté de porter ton cadeau qui était bien trop lourd pour lui. Mais tu connais Coq, il tenait absolument à accomplir sa mission. Je lui ai donc donné cette lettre. Fred et George ont trouvé un appartement à Londres et ils ont déjà commencé à emménager. Je pourrai enfin avoir leur chambre.

Harry ouvrit le paquet en riant, mais s'étouffa en voyant ce que Ron lui avait envoyé.

- Oh Ron!

Il s'agissait d'un livre «Construire son propre balai de Quidditch» dont l'auteur inconnu était photographié derrière le livre. Harry adorait les livres de magie car, contrairement aux livres de Moldus, les images étaient toujours en mouvement et l'endos de celui-ci montrait l'auteur volant dans tous les sens sur son balai de couleur métallique et sur lequel on voyait clairement l'inscription «Stardust 2004».

« Maman aimerait bien que tu viennes passer les dernières semaines de vacances avec nous. Elle a demandé à Dumbledore, mais aucune réponse n'est encore arrivée, ce qui est assez étrange d'ailleurs. De ton côté, ce serait possible? Nous pensons que ta famille n'y verra pas d'inconvénients. Réponds-moi vite en renvoyant Coq. »

Toc Toc!

Harry leva les yeux vers la fenêtre. Deux hiboux, un grand-duc et une grande chouette au plumage que Harry jugea magnifique, attendaient patiemment à la fenêtre.

Aussitôt que Harry l'ouvrit, les deux oiseaux entrèrent, laissèrent tomber leur paquet sur le lit puis s'engouffrèrent dans la cage de Hedwige, forçant celle-ci et Coq à se presser contre les barreaux. Seuls les yeux courroucés de Hedwige indiquèrent qu'elle n'appréciait pas l'invasion de sa maison. Toutefois, les deux hiboux ne restèrent que le temps de boire un peu d'eau et s'envolèrent aussitôt désaltérés.

- C'est de Hermione… et Hagrid!

Dans le paquet qu'elle lui envoyait, elle avait laissé une carte.

« Bonjour Harry, comment vas-tu? Mes parents et moi sommes allés aux États-Unis cette année. Nous avons visité des sites épatants. Tu sais, là-bas, il y a eu beaucoup de chasses aux sorcières, dont celle de Salem. Quelle tragédie! Les Moldus avaient tellement peur des sorciers qu'ils ont même tué des enfants innocents. J'ai visité toutes les bibliothèques bien sûr, mais ils n'ont pas beaucoup de livres intéressants. J'ai bouquiné dans quelques librairies et là, j'ai trouvé quelques petites merveilles, comme le livre que je t'envoie. Évidemment, je ne l'ai pas lu. Je l'ai trouvé dans une librairie de Moldus et personne ne l'avait encore acheté. Pourtant, il a plus de 250 ans!

J'ai l'impression qu'il était sous la protection d'un sortilège repousse-moldu ou quelque chose de ce genre puisque même le caissier a eu de la difficulté à y mettre un prix. Je ferai des recherches quand nous serons à l'école. Comme il n'y en avait qu'un seul exemplaire, je l'ai gardé pour toi, mais tu dois absolument me le prêter ensuite. Ron et ses parents m'ont invitée à passer les dernières semaines de vacances chez eux. Ils t'ont invité aussi n'est-ce pas? J'espère que Dumbledore sera d'accord. »

Harry sourit. C'était bien de Hermione de lui donner un livre et de s'en réserver l'utilisation. Harry jeta un coup d'œil et resta sans voix, le souffle coupé. « Devenir un animagi ». Comment avait-elle pu trouver ce livre et en plus, dans une bibliothèque de Moldus américaine. C'était incroyable, Hermione avait toujours le chic pour dénicher le cadeau original. Il se promit d'y jeter un coup d'œil dès le lendemain, il était trop fatigué pour le faire maintenant.

Dans le paquet que lui envoyait Hagrid, il y trouva une photo de lui-même et de Graup, son demi-frère géant. En fait, on ne voyait que la tête de son ami et le torse du géant.

« Bonjour Harry, j'espère que tout va bien pour toi. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de t'acheter un cadeau puisque j'étais à l'extérieur. Mais je t'envoie un petit souvenir en attendant ton retour. Je t'envoie également quelques gâteaux que j'ai préparés à ton intention. La recette m'a été donnée par ma chère amie Mme Maxime. J'espère que tu les aimeras. »

Harry ouvrit d'abord fébrilement la lettre de Poudlard que lui adressait la directrice de la maison de Gryffondor avec la liste de ses effets scolaires et le résultat de ses BUSEs de l'année précédente :

« Monsieur Potter,

Je suis heureuse de vous faire parvenir les résultats de vos Brevets Universels de Sorcellerie Élémentaire. À la lecture de vos résultats, vous remarquerez que vous ne possédez pas suffisamment de BUSEs pour compléter les cours nécessaires à l'obtention de vos ASPIC en vue de vous préparer à votre formation d'Auror, si tel est toujours votre désir. Toutefois, tel que convenu lors de notre entretien d'orientation, nous organiserons à votre rentrée, avec la participation des professeurs des matières nécessaries, un horaire particulier en vue de parfaire votre formation.

Veuillez agréer, Monsieur Potter, mes meilleures salutations.

Minerva McGonagall

Directrice adjointe

École de sorcellerie de Poudlard

O:Optimal :

E:Efforts exceptionnels

A:Acceptable

P:Piètre

D:Désolant

Métarmophose : E

Potions : A

Défenses contre les forces du mal : O

Divination : P

Histoire de la magie : A

Astrologie : A

Botanique : E

Soins aux créatures magiques : O

Sortilèges : O

Il regarda ensuite les biscuits de Hagrid d'un air douteux et tenta de les croquer, mais sans succès. Ils étaient encore plus durs qu'à l'ordinaire. Décidément, les biscuits de géants étaient immangeables. Il les laissa tomber dans la mangeoire de Hedwige.

Ils vous plaisent? demanda Harry aux deux hiboux. Trempe-les un peu dans ton eau, Hedwige, ce sera plus facile, ajouta-t-il peu convaincant.

Hedwige les picora et Coq cherchait désespérément un endroit où prendre prise, mais vu l'impossibilité pour eux d'y percer le moindre trou, Hedwige les ignora et Harry les jeta aux poubelles.

Immensément heureux et reconnaissant, Harry alla ranger tous ses présents sous la vieille languette du plancher qui lui servait de cachette et installa les cartes sur son bureau. Il dormit ensuite jusqu'au lendemain d'un sommeil réparateur et sans rêve cette fois-ci.

- Aaaaaargh! Vernon! Vernon! Vite, viens ici. Aaaaah! Au secours…! Vernoooon!

L'oncle Vernon, assis au salon devant un bon feu en train de lire son quotidien favori, ramassa toute sa masse et tenta de se lever d'un bond. Malheureusement, il dû s'y reprendre à deux fois avant de pouvoir se propulser dans la cuisine où il trouva sa femme debout sur une chaise, de même que son fils, recroquevillé sur le comptoir de cuisine avec sur leur visage une expression de pure frayeur. Harry, arrivé à la course en même temps que son oncle, vit que les regards étaient tous tournés vers les portes d'armoires sous l'évier.

Dans le fond de l'armoire, un rat noir complètement effrayé, tentait de se cacher derrière les produits de nettoyage et une expression de dégoût apparut sur le visage joufflu et moustachu de l'oncle Vernon. La tante Pétunia, toujours sur la chaise, continuait de crier et Dudley tentait de ramener ses jambes immenses sur le comptoir, mais son corps gras et transpirant n'arrivait pas à tout entasser, de sorte qu'il en perdait presque l'équilibre. Harry, dans d'autres circonstances, aurait certainement trouvé la situation tout à fait hilarante.

Pendant ce temps, l'oncle Vernon avait eu le temps d'enfiler une paire de gants de jardin et tentait vainement d'assommer le rat à l'aide d'un outil de jardin tout en essayant de l'attraper de l'autre main.

- CE RAT EST À TOI? cria si fort son oncle que Harry crut un instant que ses tympans venaient d'éclater. – Un rat? Je n'ai pas de rat, se défendit Harry. Un sombre pressentiment l'envahit. Se pouvait-il que… Queudver… mais non, pas ici, c'était impossible.

- ET MOI JE TE DIS QUE CE RAT EST TOI! s'époumona l'oncle Vernon. ET TU VEUX SAVOIR POURQUOI IL EST À TOI CE RAT? Harry n'était pas très sûr de vouloir connaître la réponse, mais il savait que quoiqu'il réponde, il s'attirerait les foudres de toute façon.

- Euh! Bien sûr, pourquoi ce rat serait-il à moi?

- PARCE QU'IL TIENT UNE LETTRE, VOILÀ POURQUOI!

M. Dursley, une fois la lettre enfin agrippée, frappa le rat pour tenter de le déloger, mais celui-ci évita heureusement les coups, mordit férocement son bourreau, qui lâcha prise sur un cri de douleur comme jamais Harry ne l'avait entendu et réussit à s'enfuir à toutes pattes.

Tournoyant tout d'abord sur lui-même pour s'orienter, le rat disparut entre les barreaux de la chaise où se tenaient encore tante Pétunia et maintenant son fils, accrochés l'un à l'autre, défiant ainsi toutes les lois de la gravité. Le rat passa sous la table de cuisine effrayant encore plus les deux trapézistes puis disparut au ras du plancher vers le salon.

Harry le poursuivit à toute vitesse et n'eut que le temps d'ouvrir la porte de devant sur le rat reconnaissant avant que celui-ci ne file à toute allure. Harry était certain de ne jamais le revoir. Il devait maintenant affronter son oncle et tenter de récupérer sa lettre. D'ailleurs celui-ci venait justement à sa rencontre, sa main ensanglantée enroulée dans un linge à vaisselle, le visage violet boursouflé de colère.

Entre là toi, lui dit-il d'un ton glacial en le poussant avec une telle force vers le salon que Harry manqua le pas et tomba par terre. « Que signifie cette lettre et ce rat ? » Je croyais que vous utilisiez des hiboux C'est absolument répugnant. Pétunia et Dudley sont dans tous leurs états et regarde ma main. REGARDE MA MAIN! Ton rat m'a mordu. ET JE SAIGNE!

- Euh! Ce n'est pas mon rat et tante Pétunia n'a pas à s'inquiéter, tu sais, habituellement ils sont parfaitement propres. Mon ami Ron en avait un et …

En voyant le visage de son oncle virer du rouge au bleu, il se dit soudain qu'il venait de perdre une belle occasion de se taire.

- Alors? reprit son oncle, après que Harry eut ouvert sa lettre, de quoi s'agit-il? Va-t-on venir te chercher? Si ce sont tes zoulous d'amis qui te demandent, ceux qui ont osé me menacer, surtout dis-leur bien que tu acceptes leur invitation. Mais surtout, ajouta-t-il furieux, je ne veux absolument pas qu'ils viennent te chercher ici. Dis-leur bien surtout. Le plus tôt sera le mieux, ajouta-t-il en tournant le dos et retournant réconforter sa femme et son fils.

En montant dans sa chambre, Harry pensait qu'il était quand même drôle de voir comment son oncle et sa tante oubliaient toutes les règles de politesse quand il s'agissait de ses amis. Avait-on le droit de s'inviter comme ça chez des gens sans crier gare? Bien sûr que si, se dit Harry. Il savait bien que Ron et ses parents n'attendaient qu'un mot de lui. Il se dirigea d'un pas rapide vers sa minuscule chambre et referma la porte derrière lui puis ouvrit la lettre.

« Cher Harry, j'ai utilisé un autre mode de messagerie cette fois-ci pour ne pas attirer l'attention sur ta maison de Moldus. Ce rat est reconnu pour sa discrétion. Je voulais te donner de nos nouvelles. Nous avons réintégré la maison de Sirius. Tout semble plus triste que jamais. Tu seras surpris d'apprendre que même le tableau de sa mère est demeuré silencieux depuis que Dumbledore lui a appris le décès de Sirius. »

En lisant ces mots, son estomac se contracta de douleur. Il était encore trop tôt, beaucoup trop tôt, et il détestait la moindre allusion à son parrain. Il continua sa lecture avec une certaine rétience.

« D'ailleurs, Dumbledore libérera bientôt la maison du secret qui la tient invisible, nous changeons d'endroit. Cette maison est devenue peu sûre depuis qu'elle est convoitée par les héritiers de la famille Black, les Lestrange et les Malefoys notamment. Je suis maintenant responsable de Buck, mais plus pour longtemps. Il retournera bientôt vers son premier maître, c'est beaucoup mieux pour lui ».

À ces mots, Harry sentit monter en lui une bouffée de gratitude envers Dumbledore. Dans sa lettre Hagrid ne lui en avait pas parlé, peut-être ne le savait-il pas encore, mais il pouvait s'imaginer sa joie.

« Il se passe de drôles de choses au Ministère. On parle beaucoup de la prison d'Azkaban ces temps-ci et des Mangemorts bien sûr. As-tu eu mal à ta cicatrice dernièrement? Le professeur Dumbledore m'a chargé de t'informer qu'il a mandé un Gardien pour t'escorter jusqu'à Poudlard. Il restera avec toi toute l'année scolaire. Il est parfaitement fiable et fidèle à Dumbledore. Il est censé communiquer directement avec toi avant le début des classes. Ne t'inquiète pas, tout se passera bien. »

- Un gardien? S'écria-t-il. Mais, mais… de quoi aurai-je l'air? N'avait-il pas prouvé qu'il était capable de se passer d'une baby-sitter? Il pensa aussitôt à Mme Figg, à ses nombreux chats… et à l'odeur de vieux choux qui embaumait sa maison.

Depuis son retour dans la maison des Dursley, il la voyait plus souvent maintenant, mais les Dursley ne devaient jamais savoir qu'elle était liée au monde de la magie, même si à titre de Cracmol, elle était incapable d'en faire. C'était leur secret. Parfois Harry s'arrêtait chez elle et elle l'accueillait toujours avec plaisir. Elle lui parlait du temps jadis. Malheureusement, elle n'avait jamais connu ses parents, mais savoir qu'elle habitait le voisinage était réconfortant pour Harry. Il n'était plus vraiment seul.

« Je reprendrai bientôt contact avec toi et nous aurons la possibilité de nous voir. Ça te plairait? À bientôt. Remus Lupin. P.S. Joyeux Anniversaire Harry. »

Un peu déçu qu'aucun cadeau n'accompagne la lettre, mais content de savoir que l'on pensait toujours à lui, Harry rangea la lettre avec les cartes de ses amis. Il se souvenait du temps où ses anniversaires étaient les moments les plus pénibles de sa vie. Depuis quelques années cependant, depuis son entrée à Poudlard en fait, ces moments avaient pris une autre tournure et il les attendait maintenant avec impatience. Comme il avait hâte de retourner à l'école. Il n'en pouvait plus de demeurer dans cette maison. Et puis, ce gardien, de quoi avait-il l'air?