CHAPITRE VII - À LA MÉMOIRE DE SIRIUS BLACK
Quelques jours plus tôt, Harry avait reçu un appel téléphonique des parents de Hermione lui disant qu'ils viendraient le chercher le 1er septembre pour le mener à la gare de Londres et ce, à la grande satisfaction de son oncle et de sa tante.
L'oncle Vernon avait pris l'appel et malgré les craintes de Harry, quand il avait compris que la conversation le concernait, son oncle avait trouvé le père de Hermione, un dentiste, tout à fait respectable et plein de bonnes manières.
- Ce sont des gens normaux, dis-tu? demanda l'oncle Vernon incrédule à la veille du départ. Comment se fait-il que des gens normaux comme eux ont des enfants comme elle? ajouta-t-il méprisant.
Tante Pétunia à ses fourneaux ne perdait pas un seul mot de la conversation. Elle jetait quelques fois un coup d'œil par la fenêtre dans un réflexe naturel à la recherche de quelque détail croustillant chez ses voisins.
- Ils ont dit qu'ils passeraient me chercher demain matin vers 9h30, rappela laconiquement Harry, sans répondre à la question de son oncle.
Vu de l'extérieur, Harry était calme et serein, mais son cœur battait la chamade. Enfin l'été était terminé. Enfin, il retournait à Poudlard. Il n'en pouvait plus d'attendre. Il avait tellement hâte que ses mains en tremblaient presque. Il ne dormirait certainement pas cette nuit.
La soirée s'éternisa et Harry monta se coucher tôt. Ses bagages étaient prêts, ses cheveux lavés quoique toujours rebelles. Hedwige était dans sa cage et couvait son oeuf adoré. S'il s'endormait maintenant, la nuit passerait plus vite. Il se changea, enleva ses lunettes et s'étendit.
Finalement, vers 4h30, incapable de dormir, il se leva et alla à la fenêtre. Hedwige, éveillée, se tenait à la porte de sa cage, fébrile.
- Tu veux sortir Hedwige? Vas-y, je vais surveiller ton œuf.
Avec un air reconnaissant et une petite becquée à l'épaule de Harry, elle prit son envol et disparut. Harry approcha une chaise de la cage. Il mit un peu de mousse sur l'oeuf pour le tenir chaud, comme l'indiquait les instructions qu'avait laissées Dobby, puis s'assit pour une longue attente. Quelques minutes plus tard pourtant, ses lunettes glissèrent sur son nez alors que le sommeil l'envahissait.
Il n'était plus chez lui.
- Ah non, pas encore pensa-t-il. La même terreur que les fois précédentes l'envahit, et ce malgré qu'il sentait la chaleur rassurante de l'immense foyer de la grande salle rouge et or. Il rêvait éveillé, il le savait.
- S'il vous plaît non, non, gémit-il. On le tira soudainement par les pieds et il repartit en arrière. À son réveil, il avait déjà tout oublié.
Son oncle et sa tante avaient rencontré les parents d'Hermione un peu plus tôt et avaient effectivement constaté leur respectabilité, surtout quand ils avaient réalisé qu'ils possédaient une belle grosse berline luxueuse. Il était plausible que seuls des gens "normaux" pouvaient posséder ce genre de voiture et que seuls des gens "normaux" pouvaient se plaindre du trafic. En effet, les parents d'Hermione étaient arrivés avec une demi-heure de retard et s'étaient tant excusés que finalement, ils avaient été invités à prendre le thé.
Hermione et Harry étaient demeurés à l'extérieur, impatients de partir. C'était la première fois que Hermione venait chez Harry et quand celui-ci lui proposa enfin de visiter la maison, elle accepta avec empressement.
La rencontre avec Dudley fut intéressante. En effet, il était resté saisi en voyant une "fille" dans sa maison, mais n'avait pas tardé à reprendre ses esprits et s'était enfermé dans sa chambre. Elle était peut-être une fille, elle était peut-être même très jolie, mais elle était « bizarre comme l'autre ». Quant à Hermione, elle avait trouvé la maison assez ordinaire et Harry lui avait montré le placard sous l'escalier. Des larmes étaient soudainement apparues dans les yeux d'Hermione et quand son regard avait croisé celui de Harry, elle avait rougi.
- Je... je suis désolée, bégaya-t-elle, c'est juste que...
- Ce n'était pas si mal tu sais, j'aurais juste aimé vivre dans une autre maison. Et chez toi, c'est comment? demanda-t-il soudainement. Harry ne connaissait presque rien de la vie de Hermione en dehors des murs de Poudlard.
- Et bien, j'ai une grande maison de pierres, avec plusieurs cheminées, un grand living, une grande cuisine, une très grande chambre. J'ai ma propre salle de bain et…
- Mais est-ce que tes parents te permettent de laisser tes livres, ton balai et toutes tes affaires traîner où tu veux? la coupa-t-il.
- Bien sûr que non. Nous sommes très ordonnés chez moi et mes effets scolaires sont dans mon placard et...
- Non, ce n'est pas ce que je veux dire, la coupa-t-il à nouveau. Est-ce qu'ils te laissent faire tes devoirs d'été dans la cuisine ou dans le living? Tu peux leur parler de ce que tu fais?
- Ah oui, ça oui, ils me laissent faire dit-elle en souriant. Parfois, le week-end, ils s'assoient près de moi et me regardent mélanger des potions. Ils adorent ça, surtout quand je leur montre le résultat. Papa est sujet à des migraines terribles et la première année, j'ai demandé un remède à madame Pomfresh, c'est-à-dire un remède pour Moldus bien sûr. Elle en connaît énormément sur le sujet, tu sais. Le professeur McGonagall m'a donné l'autorisation de la préparer uniquement pour mon père.
- Vraiment? s'étonna Harry. Tu es vraiment son petit chouchou tu sais, dit-il, taquin. « Non, non, c'est une blague » ajouta-t-il en voyant le froncement de ses sourcils. « Et quoi d'autre? »
- Et bien, il y a aussi Guignol, mon chien…
- Un chien? Tu as un chien? Tu ne nous en as jamais parlé. J'aurais bien aimé avoir un chien. Mais à l'instant même où il prononça ces mots, sa gorge se serra et ses mains se crispèrent. Un flot d'émotions l'envahit aussi soudainement qu'une tempête de sable sur le désert. « Non, pas devant Hermione, pas devant elle » supplia-t-il. Mais c'était trop puissant pour qu'il puisse endiguer la vague de colère et de douleur intense qui s'empara de lui, il ne pu rien faire. Il sentit une puissance inconnue descendre en lui et tout à coup, toutes les portes de la maison claquèrent en même temps avec un telle force que les fenêtres en vibrèrent.
Puis le silence…
- Harry, qu'est-ce que tu as fait? dit Hermione à voix basse, comme si chuchoter pouvait réduire les effets d'une tel ouragan. « Que se passe-t-il? » ajouta-t-elle paniquée. « Harry, tu me fais peur ». ARRÊTE! cria-t-elle quand les portes claquèrent à nouveau, mais avec moins de force cette fois-ci.
En bas, les discussions s'étaient tues depuis un moment déjà, puis tout se passa rapidement. La porte de la chambre de son cousin s'ouvrit. Complètement affolé, Dudley croisa son père dans l'escalier, alors que celui-ci montait au pas de charge, et s'enfuit par la porte de devant.
- Toi, tu t'en vas, asséna l'oncle Vernon foudroyant, sans jeter un regard à la jeune fille, puis il tourna les talons brusquement et redescendit l'escalier aussi rapidement qu'il était monté.
En bas, la mère de Hermione attendait déjà dans la voiture et son père aida rapidement Harry à ranger les bagages dans le coffre arrière puis ils démarrèrent sans demander leur reste. Harry sut gré aux parents d'Hermione de ne poser aucune question et le voyage jusqu'à Londres se fit dans le plus grand silence.
Harry risqua quelques regards vers Hermione, mais celle-ci l'évita et ne lui adressa pas la parole. Harry était désolé. Il ne savait que dire. Il tenta à quelques reprises d'engager la conversation avec les parents de Hermione, mais sans succès. Il avait toujours le chic pour tout gâcher, se dit-il.
Il profita des quelques minutes de silence qui lui restait pour tenter de comprendre ce qui s'était passé. À l'époque où il ne savait pas encore qu'il était magicien, la colère ou la peur avait provoqué chez lui de drôles de réactions, mais jamais aussi violentes. Si Hermione ne voulait plus lui parler, à qui pourrait-il se confier? Ron? Non, il ne comprendrait pas. Quand il s'agissait d'émotions, son meilleur ami était complètement nul, comme l'avait fait judicieusement remarquer Hermione l'année précédente.
Il retrouva quand même un peu de paix quand il pensa à son ami. Il était censé les rejoindre à la gare. Après quelques jours passés chez Dimitri Marchenko, Ron était retourné au Terrier, alors que Hermione réintégrait le foyer de ses parents.
Tandis qu'ils cherchaient une place libre dans le stationnement de la gare, ils entendirent un grondement sourd qui s'intensifia alors qu'un bolide noir se rapprochait d'eux. Harry et Hermione jetèrent un coup d'œil dans la vitre arrière puis se regardèrent en souriant.
- C'est Dimitri papa, jeta Hermione à son père, tu le connais, il était avec Harry l'autre jour dans le Chemin de traverse, tu te souviens? Je crois qu'il va nous accompagner jusqu'à la gare, ajouta-t-elle toute joyeuse.
Harry ne put s'empêcher de remarquer que la mère de Hermione semblait tout à coup nerveuse et se trémoussait sur son siège. Son mari lui jeta un regard furieux.
Ils se dirigèrent avec leurs bagages vers la barrière qui séparait la gare moldue du Quai 9¾. Harry portait la cage de Hedwige avec précaution puisque son oeuf allait vraisemblablement éclore bientôt.
Comme ils avaient encore quelques minutes devant eux, Hermione embrassa rapidement ses parents et Harry en profita pour les remercier de l'avoir emmené, mais ne s'attarda pas auprès d'eux et traversa rapidement la barrière. Il jeta un regard rapide autour de lui, s'attendant à apercevoir son gardien, mais aucune trace de lui nulle part.
- Harry, Hermione, entendirent-ils crier tout à coup. Dépêchez-vous, nous partons!
Ron était là entre deux wagons. Ils embarquèrent dans le train et Harry se dirigea vers le fond du train, alors que Hermione et Ron se dirigèrent vers l'avant où le wagons des préfets les attendait.
- À tout à l'heure lança Harry.
Depuis que ses amis étaient devenus préfets l'année précédente, Harry devait passer la première partie du voyage seul. Il s'empressa donc de trouver un wagon qui l'accueillerait. Malheureusement, la première porte qu'il ouvrit était sans conteste la seule cabine qu'il aurait voulu éviter.
- Regardez qui voilà, lança une voix froide et sarcastique.
Harry referma rapidement la porte et s'éloigna. Il n'avait pas envie de se mesurer à Drago Malefoy pour le moment, le temps viendrait bien assez tôt. Comme chez les Dursley plus tôt cette journée-là, il sentait encore la colère l'envahir et il ne voulait absolument pas se laisser emporter. Manifestement, Drago, lui, avait envie de lui parler car la porte de la cabine s'ouvrit brusquement et il le suivit dans le couloir avec ses deux gardes du corps, Crabbe et Goyle.
- Alors Potter, tu n'es pas encore mort? J'espérais que tu disparaîtrais durant les vacances. Manifestement, tu étais bien "gardé"?
Harry se tourna tellement brusquement vers lui que Malefoy eut un mouvement de recul.
- Que veux-tu dire exactement? demanda-t-il sèchement.
Mais Malefoy ne répondit que par un rire sardonique et les deux autres l'imitèrent bêtement.
- Bah, j'ai entendu dire certaines choses c'est tout. Tu n'es plus capable de te défendre seul maintenant? Maintenant que ton gros toutou n'est plus là, j'imagine que tu …
Déjà Harry l'attrapait à la gorge et le poussait brusquement contre le mur, faisant vibrer les parois. Crabbe et Goyle s'approchèrent de lui, en faisant craquer leurs jointures.
- Vous arrêtez maintenant, les menaça-t-il entre ses dents serrées. Et toi, ajouta-t-il en se tournant vers Malefoy comme s'il était prêt à le tuer, ne traverse pas mon chemin. Dumbledore a foutu ton père en prison et je te ferai regretter d'être venu au monde si jamais tu oses t'approcher de moi ou de mes amis. C'est clair?
Les yeux agrandis par la surprise, et peut-être de peur, Malefoy était incapable de bouger, ses pieds effleurant à peine le sol.
- HARRY! entendit-il crier derrière lui. HARRY, ARRÊTE! Hermione, qui venait dans sa direction, sa baguette fermement serrée dans sa main, le tira vivement par la manche, lui faisant lâcher prise.
Les portes commencèrent à s'ouvrir dans le couloir et plusieurs têtes apparurent dans l'embrasure, puis évidemment, les curieux s'agglutinèrent autour d'eux, avides d'assister à un duel, ou encore mieux, et combien plus excitant, à une bagarre.
- Lâche-moi Hermione, laisse-moi le…
- Non Harry, cette fois, tu vas M'ÉCOUTER. Tu vas t'attirer de sérieux ennuis, ajouta-t-elle sévèrement, avec un air à la McGonagall-quand-elle-était-très-très-contrariée.
- Laisse tomber Harry, ajouta calmement Ron, qui venait d'arriver. Ça ne vaut pas la peine. Et toi Malefoy, tu le laisses tranquille ou alors tu pourrais bien avoir affaire à moi.
Malefoy, qui récupérait à peine son souffle, jeta un regard haineux à son entourage, tourna les talons et se dirigea vers sa cabine, mais au dernier moment, il se ravisa:
- Je te revaudrai ça Potter, cracha-t-il et toi aussi Sang-de-bourbe, ajouta-t-il, puis la porte du compartiment se referma avec fracas sur lui et ses comparses.
- Harry! Nous serons obligés de dire au professeur McGonagall ce que tu as fait, dit Hermione, d'un air sévère. Tu ne nous laisses pas le choix.
Harry jeta un regard de dégoût à Hermione et Ron, qui rougissait déjà, puis se dirigea vers une cabine qu'il ouvrit, espérant qu'elle serait libre.
- Harry, susurra une voix dès qu'il regarda à l'intérieur, tu peux entrer. Sans jeter un regard à Hermione et à Ron, il entra et s'assit près de Luna Lovegood, une condisciple qu'il avait rencontrée l'année précédente. Bien que la plupart des élèves la considéraient comme un peu bizarre, Harry avait découvert en fin d'année qu'elle était en fait très sensible et très seule, mais très courageuse. Ils avaient combattu ensemble.
- Salut Harry, le saluèrent Neville et Seamus. Ginny, assise près de Dean, rougit légèrement et sa main, que tenait celle de Dean, disparut brusquement dans la poche de son sweater. Harry fit comme s'il n'avait rien vu.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé Neville? demanda Harry, remarquant tout à coup la cicatrice qui barrait son menton fuyant.
- C'est justement ce que nous étions en train de lui demander, ricana Dean. On a pensé qu'il voulait peut-être te faire concurrence, mais pas de chance pour lui, on préfère ton éclair.
Tout le monde rit, même Neville. La cicatrice qu'il portait au menton avait plutôt l'air d'avoir été provoquée par une explosion. Elle était indéfinie, sans forme précise.
- J'ai essayé de faire mes devoirs de potions, répondit-il, toujours avec cet air d'excuse. Habituellement, un de mes oncles m'aide toujours, mais ils étaient tous en vacances et j'ai dû m'arranger seul, alors...
Les autres éclatèrent de rire, faisant vibrer la fenêtre et les oiseaux s'affolèrent dans leur cage.
- Et toi Harry, qu'est-ce qu'il t'est arrivé? demanda Dean peu après. Tu vas avoir de sérieux ennuis tu ne crois pas? Malefoy est préfet et il va te faire payer ce petit tour, ça c'est sûr. En tout cas, c'était bien fait pour lui, mais je n'ose imaginer la réaction de Rogue quand il apprendra que tu as osé toucher son petit protégé.
- Tu as vu comment ce petit ver de terre tremblait? ajouta Seamus en riant. Je suis sûr qu'il a fait dans son pantalon.
- Dis Harry, t'as fait quoi cet été, demanda Dean? Je m'attendais à entendre parler de toi dans la Gazette du Sorcier, mais ils ont simplement annoncé le retour de Tu-Sais-Qui, alors j'ai abandonné.
- Ouais Harry, il t'est arrivé quoi cet été? demanda Seamus. C'est vrai qu'il n'y avait pratiquement rien dans les journaux. J'espère qu'ils ne vont pas encore essayer de tout cacher. Dumbledore ne le permettrait pas. Il baissa la voix pour ajouter: Tu vas encore nous donner des cours de défense cette année?
Harry éclata de rire devant l'enthousiasme de ses amis. Il n'avait pas réussi à placer un mot, mais quand il vit leur regard soudain sérieux et Luna Lovegood qui s'était redressée sur son siège, son rire s'étrangla dans sa gorge.
- Bien sûr que non. Je suis sûr qu'Ombrage ne reviendra pas… du moins, je ne crois pas. Ils seraient fous. Et puis de toute façon, Dumbledore ne le permettrait pas. Pas après ce qui s'est passé au Ministère.
- Moi j'espère que Firenze sera toujours notre professeur d'Astrologie, soupira Ginny rêveuse.
Dean se redressa brusquement sur son siège. « Pourquoi? Il était complètement nul, il ne nous disait jamais rien, toujours à faire de stupides devinettes ».
Les autres se regardèrent et sourirent. Dean? Jaloux?
Une heure plus tard, Ron et Hermione entrèrent dans la cabine et Harry fit semblant de ne pas les remarquer, même si pour cela, il lui fallut se serrer encore plus, écrasé entre Dean et Luna. Il ne croisa pas non plus leur regard et demeura silencieux.
Puis ce fut l'heure du déjeuner. Pour la première fois depuis qu'il était à Poudlard, Harry vit Ron sortir quelques pièces de monnaie de son pantalon, ce que Hermione remarqua aussi. Ron rougit brusquement.
- Euh, tu veux quelque chose Harry? demanda finalement Ron d'un ton hésitant, comme s'il avait peur que Harry se moque de lui.
Harry s'imagina très bien ne pas lui parler jusqu'à la fin du voyage, mais finalement, ce n'était jamais marrant de bouder ses amis, surtout Ron.
- D'accord, je veux bien.
Et leur dispute fut momentanément oubliée.
Après quelques visites de routine dans les couloirs, Hermione et Ron réintégrèrent le wagon de Harry jusqu'à la fin du voyage. Ils se changèrent peu avant leur arrivée et lorsque le train stoppa enfin, Ron et Hermione se dépêchèrent de descendre afin de gérer la sortie des élèves vers les carrioles.
Harry suivit les autres. Il fut étonné de ne pas voir Hagrid et, comme d'habitude, il s'en inquiéta.
- Ron, par ici, cria-t-il. Celui-ci ravi, arriva en courant et, le souffle court, embarqua dans la carriole que Harry avait réservée.
- Où est Hermione, demanda Harry?
- Aucune idée, répondit Ron, à bout de souffle. Pas vu.
- Ils jetèrent un regard à l'extérieur. Dean, Seamus, Ginny et Luna les rejoignirent rapidement, mais toujours pas de trace de Hermione.
- Je vais la chercher, suggéra Harry, le pied déjà sur la marche.
- Mais non Harry, les carrioles avancent déjà. Elle a dû trouver une autre place ailleurs. Ne t'en fais pas, répondit Ron.
- Tu as remarqué? Hagrid n'est pas là, répondit Harry. Qui s'assurera qu'elle est bien montée s'il n'est pas là pour surveiller?
Harry, manqua tomber quand les voitures se mirent en marche, son pied étant resté coincé contre la portière.
- Allez, viens Harry, dit Seamus en le tirant à l'intérieur, on va la revoir à Poudlard. Jamais ils ne laisseraient personne ici. Elle a dû s'asseoir ailleurs. Elle doit être avec Neville. Je crois qu'il a un petit faible pour elle, ajouta-t-il moqueur. D'ailleurs, tu as remarqué comme elle a changé? Elle est devenue si… Pourquoi tu me regardes comme ça? demanda-t-il à Ron, dont le visage s'était soudainement durci. Tu as un problème?
Les voitures tirées par les Sombrals, invisibles à la plupart des élèves, les emmenèrent vers le château et bientôt, ils traversèrent les murs de l'enceinte.
- Je meurs de faim, se plaignit Ron.
- Moi aussi, répondit Harry, j'espère que tout ira vite.
- Ouais, répondit Ron. Tu vois Hermione?
- Non, pas encore. Elle est peut-être dans la grande salle? suggéra-t-il.
- Allons-y alors, et ils se dirigèrent verre la grande salle à manger d'un pas pressé avec les autres élèves tout aussi affamés. Ils n'avaient pas encore atteint la grande porte que…
Au moment où ils atteignirent la porte : RON! HARRY!
- Enfin te voilà! Où étais-tu? demanda Ron les sourcils froncés.
- J'ai été retardée. Elle était tout essoufflée, les cheveux épars et les yeux agrandis.
- Ah oui? Pourquoi? demanda un Ron soupçonneux.
- Entrons, suggéra-t-elle, nous bloquons l'entrée. Je vous expliquerai plus tard.
En effet, les trois compagnons s'étaient arrêtés dans le centre de l'allée et les autres élèves commençaient à s'impatienter. Ils entrèrent rapidement, stoppèrent net, puis se regardèrent, estomaqués.
Au centre, comme d'habitude, étaient alignées les quatre longues tables pour chacune des maisons, mais sur un niveau supérieur étaient également alignées quatre autres tables, suspendues dans les airs, où étaient assises plusieurs personnes dont Harry reconnut entre autres le photographe aperçu une fois chez Fleury & Bott et aussi la fameuse Rita Skeeter, journaliste à la Gazette du Sorcier.
- Regarde Ron! Ton père et ta mère sont là, s'exclama Hermione.
- Hein! Où ça?
- Là, répondit Harry se dirigeant vers leur table et en pointa du doigt juste au dessus. Les parents de Ron leur envoyèrent joyeusement la main.
- Vous avez vu? chuchota Neville, qui était déjà assis, il y a deux places libres à la table des professeurs et il y a une autre table… et le directeur n'est pas là.
- Ce sont la chaise de Hagrid et celle d'Ombrage qui sont libres, fit remarquer Hermione. Je me demande si…
- Où est Dumbledore? s'inquiéta Harry. Il n'a jamais manqué.
- Ça c'est vrai, répondit Ron, lui aussi préoccupé. Si lui n'est pas là…
Ils n'étaient pas les seuls à se questionner sur l'absence du directeur et sur la présence de tous ces gens, mais on s'interrogeait surtout sur l'identité du nouveau professeur de défense contre les forces du mal.
- Regardez, s'écria tout à coup Hermione, là, derrière, ajouta-t-elle en pointa discrètement du doigt. C'est Tonk, et le professeur Lupin. Mon Dieu, ils sont tous là. L'Ordre du Phénix, chuchota-t-elle, ils sont tous là.
Alors que Harry et Ron avaient encore le nez dans les airs et la bouche grande ouverte, la porte de la grande salle s'ouvrit avec fracas et Hagrid fit son entrée, suivi de Dumbledore et de quelques autres personnes, dont notamment le Ministre de la magie et son assistant Percy Weasley. Un homme à l'aspect tout à fait ordinaire les accompagnait, de même qu'une femme très jeune et extrêmement jolie. Des sifflements se firent bientôt entendre, aussitôt réprimés par le regardant flamboyant du professeur Rogue qui déjà se levait tranquillement de son siège, menaçant. Les fantômes eux-mêmes semblaient impressionnés par la jeune femme et discutaient d'elle à voix basse.
- C'est quoi ça? demanda Ron et qu'est-ce que Percy…
- Tu savais? coupa Harry Tu le savais n'est-ce pas? jeta-t-il à Hermione.
- Quand nous sommes arrivés à la gare tout à l'heure, j'ai vu le Ministre et Percy discuter, mais ils étaient seuls et j'ai décidé de rester pour écouter, chuchota-t-elle. Elle n'avait visiblement pas l'intention d'en dire plus.
- Tu n'as pas fait ça? Tu n'as pas osé? demanda Ron estomaqué. Toi? Une préfète? Tu écoutes aux portes maintenant?
- Aux portes du ministère en plus? ajouta Harry, le sourire aux lèvres.
- OH! Arrêtez tous les deux. Vous êtes des idiots. Arrêtez! chuchota-t-elle vivement, alors que les garçons continuaient à sourire bêtement. Je me demande qui sont ces deux-là? Taisez-vous, arrêtez de rire voyons!
Le professeur McGonagall venait d'entrer avec les nouveaux élèves et Harry remarqua qu'ils étaient bien minuscules cette année.
- Dis, Hermione, ils discutaient de quoi Percy et le Ministre? demanda-t-il.
- Chut! Plus tard! rétorqua-t-elle.
- Allez Hermione, dis-le nous. On ne te laissera pas tranquille, insista Ron.
Hermione fit la sourde oreille et regarda les nouveaux qui s'avançaient vers l'avant de la salle, inquiets et serrés l'un contre l'autre. Comme c'était la coutume, le professeur McGonagall plaça le Choixpeau magique en évidence sur le tabouret pour que tous puissent entendre sa nouvelle chanson.
- Je me demande bien ce qu'il va nous annoncer cette année, demanda Ron à haute voix.
- Chut! répondit aussitôt Hermione le doigt sur les lèvres. Tais-toi.
Le Choixpeau magique resta immobile quelques instants, comme s'il voulait s'assurer de l'attention de tous, puis entonna:
« Il y a de cela bien des années
Tandis que Poudlard venait de commencer
À enseigner à ses étudiants émerveillés
Tout le savoir acquis par quatre sorciers
L'intrépide Godric Gryffondor, inculquait les règles
Aux plus hardis et audacieux
Alors que la brillante Rowena Serdaigle
Instruisait les esprits lumineux
Le malin Salazar Serpentard
Favorisait plutôt les débrouillards
L'aimable Helga Poufsouffle, quant à elle
Défendait les autres laissés pêle-mêle.
Pendant de longues saisons continuèrent-ils ainsi
Jusqu'au jour ou l'un des quatre alliés
Las d'être toujours rejeté selon lui
Disparut dans l'ombre et jamais ne fut retrouvé
Chargé aujourd'hui de cette étrange mission
De répartir les élèves dans les quatre maisons
Je commence parait-il à m'épuiser
Et peut-être vais-je mal juger.
Posez-moi sur votre tête, je serai mieux placé
Pour le temps qu'il me reste à gouverner
Laissez-moi encore décider
Quelle sera votre maison cette année.
Mais avant de vous quitter,
À celui qui a été nommé
Un message du Chevalier
M'a été transmis pour t'informer
Les rêves donnent parfois sur l'infini
Le temps n'existe plus, Il est ici
Ouvre la porte et reçois le comme un roi
À celui qui a été nommé, Il est venu pour toi. »
Puis le Choixpeau magique s'écrasa sur lui-même et ne bougea plus. Même si les élèves ne comprirent pas la signification du dernier quatrain, les applaudissements furent assez joyeux et fusèrent de toute part. On semblait soulagé. Rien de terrible n'avait été annoncé. Des murmures s'élevèrent dans la salle, mais dès que le Professeur McGonagall ouvrit le parchemin qu'elle tenait entre ses mains et qu'elle jeta un regard bref, mais explicite aux élèves turbulents, le silence tomba à nouveau.
Elle récita la liste des nouveaux par ordre alphabétique et l'un après l'autre, ils furent répartis dans leur maison respective. Il est clair que les élèves de Gryffondor n'étaient pas les plus silencieux quand ils accueillaient un nouveau condisciple.
Dès qu'elle eu terminé, le directeur se leva tranquillement, la remercia puis il étendit les bras comme s'il voulait étreindre toutes les personnes présentes.
- Je ne vais pas vous embêter encore avec toutes les recommandations habituelles. Mangez. Puis il se rassit sans rien ajouter.
Les applaudissements furent, cette fois-ci, démesurément enthousiastes.
Même s'ils en avaient l'habitude, année après année, les étudiants s'émerveillaient toujours de la qualité et de la quantité des aliments qui leur étaient proposés. Ils mangeaient avec appétit et l'humeur était joyeuse. Chacun racontait à son voisin les exploits de ses vacances d'été, comme si les événements passés n'avaient jamais existé. Le sujet « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » fut évité. On en parlerait bien assez tôt.
Ron se pencha sur Hermione : « Alors, dit-il, tu vas nous dire maintenant ce qu'ils se disaient, mon frère et Fudge?
Il était évident qu'Hermione n'était pas à très à l'aise à l'idée de parler en présence d'un public aussi nombreux. Elle regarda autour d'elle pour s'assurer que ses condisciples étaient occupés ailleurs puis se pencha vers ses amis.
- J'ai cru comprendre qu'il se préparait une sorte de cérémonie et c'est pourquoi ils sont tous ici. Ils parlaient vraiment à voix basse, alors je n'ai pas très bien compris, mais il semble que ça se passera ce soir.
- Une cérémonie? demanda Ron. Une cérémonie pour quoi?
- Je ne sais pas, mais j'ai aussi entendu parler de la Croix Blanche et…
- La Croix Blanche? coupa Ron, tu es sûre?
- C'est quoi la croix blanche? demanda Harry.
Les deux amis se tournèrent d'un seul mouvement vers lui.
- Comment? Tu ne sais pas ce qu'est la Croix Blanche? demanda Ron d'un air que Harry jugea un peu insultant.
- Non, et alors? rétorqua-t-il agacé. Il se tourna vers Hermione. « Alors? ».
- Si tu avais pris la peine de lire « Histoire de la magie » depuis les 5 dernières années…
- Ah, ça va, n'en rajoute pas toi aussi, coupa-t-il. Cette fois-ci, il était vraiment agacé et le ton monta un peu.
- La Croix Blanche, continua Hermione, comme si elle n'avait jamais été interrompue, est une distinction remise à une personne s'étant démarquée par son courage et sa loyauté à combattre pour le compte du Ministère de la Magie.
- Et d'après toi, ils veulent la donner à qui? Et pourquoi ici? demanda Ron, en quoi ça nous concerne? À ma connaissance, personne ne mérite cette médaille. Après un moment de silence, Ron proposa cependant: « Cedric Diggory? »
Mais Harry avait déjà sa petite idée. « Non, pensa-t-il, ce ne peut être vrai. Ils n'avaient tout de même pas l'intention de… »
Comme le silence se fit dans la salle, Harry leva les yeux vers la table des professeurs. À cet instant, toutes les assiettes furent vidées et nettoyées instantanément. Dumbledore s'était de nouveau levé.
- Nous sommes heureux de vous accueillir encore une fois cette année dans l'enceinte du château. Maintenant que toutes les panses sont bien remplies et avant que le sommeil ne commence à nous gagner, j'aimerais, comme chaque année, vous rappeler que M. Rusard a affiché près de son bureau la liste des 513 objets interdits d'usage dans l'enceinte du château. Il m'a aimablement demandé de vous suggérer de la consulter avant le début des classes… et durant toute l'année, si vous en ressentez la nécessité. Je désire également mentionner aux nouveaux arrivés que la forêt qui entoure l'école est strictement interdite aux élèves et que les plus anciens feraient bien de s'en rappeler.
Les trois amis échangèrent un regard, mais ne dirent pas un mot. La dernière fois que Harry et Hermione y étaient allés, ils avaient dû affronter une horde de centaures furieux.
- Comme vous avez pu le constater, nous accueillons aujourd'hui quelques personnalités. Vous connaissez tous M. le Ministre de la magie Cornelius Fudge et son très dévoué assistant, M. Percy Weasley.
Les deux hommes se levèrent, mais assez curieusement, peu d'applaudissements de la part des élèves saluèrent leur geste. Ils se rassirent aussitôt, embarrassés. La plupart, particulièrement à la table des Gryffondor, se souvenaient avec quel mépris ils avaient traité Harry l'année précédente. Le ministre jeta un regard de reproche à Dumbledore, mais celui-ci s'était déjà tourné vers ses autres invités.
- J'ai également le plaisir de vous présenter M. François Prioreux, qui arrive tout droit de la Belgique. M. Prioreux passera un certain temps avec nous afin de compléter la rédaction de son tout nouveau livre sur l'histoire des écoles de magie. Il a déjà passé l'année dernière avec l'Académie Beaux-Bâtons et se dirigera à l'automne vers Durmstrang qui l'ont aimablement invité. Il désire entre autres mettre à jour certaines données existant sur Poudlard et qui seraient devenues, selon le Ministère, trop désuètes. Il travaillera en étroite collaboration avec M. Binns, votre très cher professeur d'histoire de la magie. Vous le verrez donc circuler un peu partout dans l'école. M. Prioreux m'a très humblement demandé de solliciter votre collaboration afin de l'ignorer totalement pour de ne pas troubler ses recherches.
À ces mots, les élèves éclatèrent de rire et M. Prioreux sourit timidement, les joues colorées. Il avait l'air impressionné par tout ce bruit, mais soulagé qu'on lui réserve tout de même un accueil chaleureux.
- Il va faire ton bonheur Hermione, chuchota Ron, c'est sûrement un rat de bibliothèque comme toi.
Hermione l'ignora totalement.
- Et enfin, je désire vous présenter Mlle Amanda Dumoine qui arrive tout droit du Ministère de la magie française et qui a gentiment accepté le poste de professeur de défense contre les forces du mal.
Une bombe explosa dans la salle, ou c'est du moins l'impression que tous en eurent, quand tous les garçons se levèrent et applaudirent en même temps.
- Regarde Rogue, chuchota Ron à Harry avant de se lever et d'ajouter sa voix aux cris et sifflements de ses condisciples.
Harry jeta un coup d'œil au professeur de potions et ce qu'il vit lui donna la chair de poule. Il regardait le professeur Dumoine avec une telle fureur que Harry pensa un moment qu'il allait la tuer. Son expression était si menaçante que même Dumbledore dû le remarquer puisqu'il se pencha vers lui et lui chuchota à l'oreille. Rogue détourna aussitôt son regard de la jolie professeur et joignit ses mains, l'air indifférent.
Amanda Dumoine, toutefois, ignorante de ce qui se passait derrière son dos, afficha un sourire si éclatant que Harry en oublia aussitôt Rogue. Elle était vraiment jolie, encore plus jolie que Cho. Les autres garçons semblaient éblouis et se laissèrent un instant aller à leur enthousiasme. Même le professeur Flitwick, juché à côté d'elle sur de nombreux coussins, était tout frétillant.
- Franchement! entendirent Ron et Harry près d'eux. Non, mais regardez-vous, dit Hermione froidement condescendante.
Ils n'eurent pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que déjà le directeur demandait le silence. Les sifflements durèrent encore quelques secondes, puis le silence se fit enfin.
- Je suis heureux de constater que votre nouveau professeur fait l'unanimité. Peut-être acceptera-t-elle de rester avec nous indéfiniment...Comme des cris commencèrent à fuser à nouveau, le directeur leva les deux mains en signe d'apaisement. Le professeur Dumoine sourit doucement.
- Comme vous avez pu le remarquer, nous avons dû ajouter quelques tables afin d'accueillir convenablement quelques hôtes supplémentaires tous aussi prestigieux les uns que les autres. Leur présence à notre table n'est pas due au simple hasard, comme vous vous en doutez bien.
- Ce que j'ai à vous dire ce soir ne sera pas facile et je vous demanderai encore quelques minutes de votre silencieuse attention.
- Vous avez tous appris, par vos parents, par les journaux ou autrement, le retour de Lord Voldemort il y a de cela un peu plus d'un an.
Un frémissement d'horreur traversera l'ensemble des auditeurs. Personne, vraisemblablement, ne s'attendait à ce que le directeur aborde ce sujet si tôt.
- Comme vous vous en doutez, les difficultés que son retour a pu occasionner parmi la communauté magique sont innombrables. Vous devez savoir que plusieurs personnes ont perdu la vie à cause de lui et de ses partisans. Chacun de vous connaissez sans doute quelqu'un qui a perdu un proche dans son combat contre Voldemort et nous déplorons toujours le décès de votre compagnons de classe, Cedric Diggory.
Quelque part dans la salle, retentirent des sanglots bruyants et une image de Cho larmoyante s'imposa à l'esprit de Harry.
- Aussi, c'est avec la permission du Ministère que je peux maintenant vous faire certaines révélations sur ce qui s'est passé il y a 15 ans, quand Lord Voldemort a perdu ses pouvoirs.
Tous les regards se tournèrent vers Harry qui s'était figé sur place. Un voile obscurcit son regard. On entendait des murmures un peu partout.
- Vous savez probablement tous aujourd'hui que Lord Voldemort a lâchement assassiné Lily et James Potter dans leur maison il y a 15 ans. Ce que vous ne savez pas cependant, c'est qu'ils étaient protégés par un sortilège de Fidelitas qui aurait dû les cacher à sa vue. Après la mort des Potter, les partisans de Voldemort ont aussi fait d'autres ravages. Ils ont, entre autres, infligé le sortilège Doloris à un autre couple célèbre, dans le seul but de leur soutirer des renseignements strictement secrets. Il s'agit de M. et Mme Londubat, les parents de Neville qui étudie avec vous à la maison de Gryffondor. M. et Mme Londubat se trouvent depuis hospitalisés à Ste-Mangouste.
Toutes les têtes se détournèrent de Harry pour dévisager Neville et celui-ci s'écrasa sur sa chaise. Certains regards étaient compatissants, d'autres estomaqués, mais du côté des Serpentard, ils affichaient pour la plupart une certaine satisfaction.
Les Potter étaient aimés de tous, mais peu d'entre vous savent à quel point ils étaient proches de trois autres personnes : Le professeur Lupin, ici présent, Peter Pettigrow et Sirius Black, le parrain de Harry.
Encore une fois, des murmures s'élevèrent dans de la salle, tant chez les élèves qu'au niveau supérieur. Tous les regards étaient à nouveau braqués sur Harry, qui continuait de fixer ses mains crispées sur son pantalon.
- Malheureusement, plusieurs preuves nous ont révélé que M. Pettigrew servait les intérêts de Lord Voldemort sans que ses amis, ou moi-même, n'ayons eu connaissance de ce fait. Sirius Black était détenteur du secret du lieu de résidence des Potter et lui seul savait où ses amis étaient cachés. Vous savez tous ce qui se passa ensuite. Sirius Black a été accusé du meurtre des Potter et plusieurs sorciers et moldus ont également trouvé la mort dans ce qui semblait alors être sa tentative d'évasion.
- Harry, ça va? chuchota Hermione, inquiète.
Harry ne répondit pas.
- Harry, dis quelque chose, supplia-t-elle, alarmée.
C'est alors qu'il la regarda droit dans les yeux et ce qu'elle y vit l'effraya. Elle poussa un cri de surprise.
- Non Harry, non! dit-elle aussitôt. Arrête ça tout de suite… je t'en prie, ajouta-t-elle suppliante, la main plaquée sur sa bouche.
- Quoi? Quoi? demanda brusquement Ron. Qu'est-ce qui se passe? Harry, ça va? remarquant enfin le changement d'attitude de son ami. Harry le regarda avec une telle haine que Ron bondit en arrière, suivant son seul réflexe de fuite contre une telle attaque.
- Dites-lui d'arrêter, cracha-t-il entre ses dents serrées. Tout de suite. Je le déteste, je vais le…, il ne peut pas faire ça…
Jamais Harry n'avait autant haï Dumbledore qu'en ce moment. Il n'avait pas le droit! Il n'avait pas été prévenu! De quel droit affichait-il le meurtre de ses parents comme une glorieuse aventure? De quel droit?
- Certains d'entre nous, continua Dumbledore, avons appris il y a peu de temps, c'est que Sirius Black avait, quelques heures avant le drame, transféré son secret à leur ami commun, M. Pettigrew, par peur d'être lui-même trahi. Malheureusement, le traître n'était pas celui escompté et M. Pettigres fit part à Lord Voldemort du lieu de résidence de la famille Potter. C'est ainsi que l'histoire a pris fin… ou plutôt qu'elle a débuté. Pendant les douze années qui ont suivi, nous avons tous cru que Sirius Black avait trahi la confiance des Potter. Et pendant ces 12 années, il a été incarcéré à Azkaban pour des meurtres qu'il n'avait jamais commis.
Jamais un professeur n'avait retenu l'attention d'autant d'auditeurs dans une même salle. Personne n'entendait le vent qui frappait contre les fenêtres du château. Même leur respiration était contenue, de peur de perdre, ne serait-ce qu'un seul détail qui aurait par mégarde échappé à leur attention.
- En juin dernier, Lord Voldemort et ses alliés ont attaqué le Ministère de la magie dans un combat qui les a opposés à quelques membres sorciers chevronnés et habilités à riposter à une telle attaque. Sirius Black faisait partie de ceux-ci.
Dumbledore fit une pause, but une gorgée d'eau et après avoir jeté un bref mais perçant coup d'œil du côté des Gryffondor, il continua :
- Malheureusement, Sirius Black a perdu la vie dans ce combat. Il était un homme d'honneur, courageux et tendre avec ses proches. J'ai eu le plaisir de le côtoyer personnellement, ainsi que certains d'entre vous. Aussi, dans le but de rétablir officiellement l'honneur et la réputation de Sirius Black, le Ministère de la magie publiera demain dans la Gazette du Sorcier, un démenti formel sur toutes les activités criminelles faussement attribuées à Sirius Black et rétablira tous ses droits et héritages en faveur de son seul héritier. Il sera donc lavé de toutes les accusations et son nom sera définitivement rétabli. Monsieur le Ministre dirigera cette cérémonie. Encore une fois, je demande votre attention habituelle dans le plus grand silence, termina-t-il en invita d'un geste le Ministre à prendre la parole.
On entendait déjà la plume de Rita Skeeter gratter fiévreusement le parchemin et le photographe mitraillait inlassablement les personnes présentes de son appareil-photo.
- Monsieur le directeur, Mesdames, Messieurs, chers professeurs et élèves de Poudlard, je vous remercie de votre attention et de votre présence ici ce soir. Comme le disait notre très cher directeur, le Ministère de la magie a pensé, vu les événements de juin dernier, qu'une cérémonie en vue de rétablir Sirius Black dans ses droits avec les honneurs qui lui son dus, était devenue nécessaire. Nous aurons donc, entre autres, le plaisir de remettre post mortem la Croix Blanche entre les mains de son seul héritier ici présent, c'est-à-dire votre très cher camarade Harry Potter...
- NON, cria Harry. NON, VOUS NE FEREZ PAS ÇA. Harry, déjà debout dans le centre de l'allée, marcha droit sur le Ministre, sa baguette fermement serrée dans sa main.
- IL N'AURAIT PAS VOULU DE VOTRE FOUTUE MÉDAILLE. IL N'AURAIT
PAS VOULU ÇA. ARRÊTEZ ÇA TOUT DE SUITE.
Le professeur McGonagall avait déjà bondi de sa chaise et s'interposa entre Harry et la table des professeurs, mais nul n'aurait pu dire en cet instant qui elle cherchait ainsi à protéger.
- Restez où vous êtes, menaça-t-il à son intention, sa baguette levée contre elle. Restez où vous êtes, ne m'approchez surtout pas, la forçant ainsi à s'arrêter.
En désespoir de cause, elle se tourna, silencieuse, vers Dumbledore, ne sachant manifestement pas quoi faire. Tous les regards étaient rivés sur la scène.
- Harry, assieds-toi je te prie, le pria Dumbledore, doucement, mais fermement.
- Vous… VOUS, cria-t-il en contournant soudainement le professeur McGonagall et en se plantant devant Dumbledore, vous savez qu'il n'aurait rien voulu de tout ça. VOUS LE SAVEZ!
- Rassieds-toi je te prie Harry, ajouta Dumbledore, avec cette fois un ton nettement plus autoritaire.
- NON, cracha Harry. NON, JE NE M'ASSOIRAI PAS. Et vous ne m'expliquerez rien du tout. Vous allez arrêter ça, tout de suite. Vous n'avez pas le droit. VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT!
Sa colère était tellement intense que toutes les fenêtres volèrent en éclat, les portes de la grande salle claquèrent et les tables s'élevèrent dans les airs, s'entrechoquant entre elles. On entendit des cris de frayeur.
Une grande rafale de vent s'engouffra dans la grande salle et, à la grande stupéfaction de tous, Harry fut soudainement propulsé dans les airs, les yeux agrandis d'horreur et se mis à tournoyer sur lui-même.
- NOOOOOON! cria-t-il. AIDEZ-MOI!
Dumbledore réagit instantanément. D'un seul mouvement de sa baguette, les fenêtres se remirent en place, intactes, les portes de la grande salle se refermèrent et les tables furent doucement déposée à leur place d'origine. Mais, Harry tournait toujours de plus en plus vite, les bras serrés contre lui. Il avait la nausée, mais surtout, il était mort de peur.
Alors que le directeur dirigeait sa baguette magique vers Harry, les portent s'ouvrirent une dernière fois avec fracas et un homme tout en noir fit son apparition. L'expression de son visage était d'une telle férocité que plusieurs filles poussèrent un cri d'effroi. D'un seul regard, il évalua la situation.
Dimitri Marchenko s'éleva aussitôt dans les air et arrêta net la progression de Harry. Ils retombèrent tous les deux sur le sol et le Gardien, retenant toujours Harry, croisa le regard de Dumbledore. « Je l'emmène », dit-il.
Dumbledore le regarda un moment, puis acquiesça silencieusement et le Gardien sortit aussitôt de la salle, emportant Harry sous son bras.
