Toudoudou …Petite page de pub : Allez lire les fabuleuses merveilles d'Abella, et de Galouz, si vous êtes là, vous avez pas le choix maintenant, faut allez les lire. Nan, nan, c'est pas une demande… c'est un ordre. Et c'est bon pour ton bifidus actif.


Un adieu à l'ange.

Résumé: Détestez moi, à nouveau :p


Le mince morceau de bois tomba à terre comme au ralenti, et dans un bruit pratiquement inaudible, symbole de la bataille achevée, du sol trop souillé par le sang des élèves et professeurs de Poudlard. Les yeux du garçon étaient dirigés vers les deux pupilles sans vies de ceux du vieillard à ses pieds. Vieillard ? Sorcier surpuissant. Autrefois. Il n'avais plus l'air que d'une masse informe, d'un grand sac de toiles aux pieds du garçon qui a survécu. Jadis, il fut le plus grand mage noir qui n'ait jamais foulé cette terre. Maintenant, ses traits grossiers et imbibés de sang touchaient vulgairement le sol rougi.

Mort. Harry Potter avait vaincu Voldemort.

Comme dans un essaim d'abeilles, des voix commencèrent à s'élever, chuchotant d'abord… puis des exclamations de joie retentirent, des cris de victoires, des poings levés, quelques acclamations pour le sauveur… Comment pouvait-on être heureux ? Avec tous ces corps sans vie qui jonchaient le sol de la grande salle ? Pourquoi on ne pouvait pas juste… s'asseoir…oublier… et mourir ? Le brun ne pouvait pas expliquer ce sentiment de vide, car il n'en était pas conscient. Tout ce qui l'entourait ce moment était si noir… si froid. Et pourtant, la destinée était accomplie… ne pouvait-on pas juste… être libre ?Oui, les chaînes avaient été desserrées au moment ou l'âme du sorcier avait quitté son corps. Mais la sienne, son âme à lui, où était-elle passée ? Les chaînes étaient plus présentes que jamais, oppressantes. Il étouffait. Il avait tué. Les voix bourdonnaient puis se dissipaient, comme au ralenti. La liesse… la menace avait été vaincue une seconde fois par Harry. Comme un bon petit soldat, il était à son tour devenu un meurtrier. On essayerait de lui dire que c'était don destin… que c'était une sorte de… légitime défense.

Il avait tué, tout simplement.

Ses yeux ne voulaient pas quitter ceux du mage noir. Son corps tout entier était retenu ici, droit et fier. Un esprit enfermé, dans un corps enchaîné. Il n'étaient pas si différents… ils étaient des meurtriers. Morts tous les deux. Deux fantômes, deux ombres décharnées.

Ils avaient tué.

Il tomba à genoux, devant le corps, fixant toujours les deux billes noires ébènes de sa nemesis. Il aurait même pu pleurer, si ses yeux n'étaient pas devenus si secs. Une larme aurait pu s'attarder au coin de ses longs cils, mais elle ne vint jamais. Il continuait à fixer , stoïque, deux fentes injectées de sang, qui avaient assisté à toutes les plus grandes horreurs. Il le narguait… Il était vraiment mort, lui. Son esprit autant que son corps. Et qu'est ce que ça changeais ? Un autre mage allait apparaître… il y aurait toujours des guerres comme celle ci.

Voldemort souriait. Lui, il était libre maintenant.

Avec un effort exceptionnel, Harry leva lentement sa main tremblante, et l'approcha avec hésitation du visage du vieillard.

« Harry… »

Il sursauta légèrement à l'appel de son nom, mais sa main avançait toujours, et des flashs de la bataille lui revenaient en mémoire, violents. Les hommes, les femmes tombés au combat… ils avaient tous une vie, quelqu'un qui les attendais chez eux… et il les voyait tomber un à un… et il se demandait pourquoi il avait laissé faire ça, pourquoi il n'avait pas pu tous les sauver. Pourquoi on le faisait passer pour le sauveur du monde alors qu'il était simplement impuissant. Le rire du sorcier raisonnait encore dans son esprit, tandis qu'il revoyait encore et encore des visages tomber à terre, des yeux suppliants ne ne pas les laisser mourir le fixant, des flashs verts, si nombreux…

« Harry, c'est fini. »

Il allait enfin toucher le visage lorsqu'il sentit une main retenir la sienne, des doigts s'entrelacer dans les siens. Il leva ses grands verts vers ceux de son meilleur ami. Ron agrippa sa main un peu plus fort et la serra.

« C'est fini. »

Et comme un coup de poignard, toute la réalité de la situation lui sauta aux yeux, et les voix s'amplifièrent. Des cris, des murmures et des sanglots... Non, rien n'était fini, ça ne faisait que commencer…

« Tu saignes… » murmura le brun d'une voix anormalement rauque.

Ron passa furtivement sa main libre sur son front, d'ou coulait un mince filet de sang. Il sourit légèrement.

« C'est rien. »

Il aida son ami à se relever , pour l'emmener loin de ce corps. Et il passa pour la dernière fois la porte massive de la grande salle, sans un regard en arrière.

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Dans le bureau de Dumbledore, personne ne sut nommer la nature de cette ambiance. Des sourires s'échangeaient, des sanglots étouffés se faisaient entendre… Lui n'entendait rien. Assis sur la chaise , en face du grand sorcier, la tête posée sur ses genoux repliés, il observait en silence le plumage de Fumseck. Le phoenix, il representait l'espoir, pour lui, auparavant. Et ou l'a conduit cet espoir ? A devenir un meurtrier. Encore une ironie du sort… violente. Dumbledore remuait les lèvres, il semblait être en pleine conversation avec Hermione.

Qu'est ce qu'il faisait là? Il l'ignorait. Il était né pour la prophétie, s'était battu pour la prophétie, avait tué un homme pour la prophétie. Il ne vivait que pour la prophétie. Et tout ça, c'était révolu maintenant.

Il se leva lentement sous les yeux de ses camarades. Le silence régnait, lorsque le jeune garçon quitta la salle sans un regard pour ses amis. Hermione sursauta légèrement lorsqu'elle entendit la porte claquer, et elle ferma les yeux douloureusement. Ron s'apprêtait à la suivre, mais Dumbledore l'arrêta d'un regard.

« Il a besoin d'être seul. » murmura le vieillard, les yeux dans le vague.

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« Potter. »

Le brun continua d'avancer, une grande lassitude rythmant sa marche. Devant le lac, deux ombres effrayés, ne sachant pas exactement quelle était leur place ici.

« On se prend déjà pour une star ? Hé ben… t'as pas perdu ton temps. »

Toujours pas de réponse, et le jeune homme ne s'était pas tourné, n'avais pas envoyé à la face du blond une réplique cinglante. Rien.

« POTTER ! On ignore pas un Malfoy ! »

Il rattrapa en quelques pas le brun, ce n'était pas difficile, il avançait avec l'allure d'un mollusque. Il empoigna son bras, et le brun se tourna, comme une poupée de chiffon, un simple pantin. Draco ressentit toute la peine du monde devant ce regard, et ce sourire triste. Il n'aurais jamais pensé qu'il pouvait tant souffrir. Vide. Complètement. Il déglutit difficilement et pour une fois, ne sut quoi dire.

« Je peux y aller? demanda doucement le brun.

-No… NON ! »Hurla Draco en resserrant son emprise sur le bras du brun. « Il est hors de question que … »

Il grimaça et relâcha rapidement le bras du brun. Il ne devait plus fixer ces yeux, la source de tous ses malheurs, et il se détestait pour être aussi faible devant le survivant. C'est pourquoi il reporta son attention sur la lente danse des vagues sur le rebord du lac. 'L'amour vous donne des ailes pour vous couper les jambes' avait-il lu. C'était tellement vrai… mais lui, il avait perdu sa dignité et son honneur en s'attachant autant à deux émeraudes brillantes. Du moins, c'est ce que Snape lui avait dit. Snape qui était au courant des sentiments de Draco pour le survivant, lui avait fait promettre de ne rien tenter. La situation aurait été trop complexe… trop dangereuse. Et pour une fois, il obéit aux ordres, et ne dit rien. Instantanément, un masque de glace apparut sur son visage, et toute chaleur s'effaça. Il était si occupé à être quelqu'un d'autre, qu'il n'avait pas senti Harry se défaire de son emprise.

« POTTER !

-Oui ? » murmura une petite voix.

Il se tourna vivement dans un bruissement de cape, et involontairement, de la tendresse apparut dans ses grands yeux . Il se mit face à Harry, installé sur le banc, les yeux dans le vague. Il avait l'air tellement perdu, ça en devenait effrayant. Il mit ses mains dans ses poches, cherchant une position parfaite, puis opta finalement, et nerveusement , par un stratégique croisement de bras.

« Qu'est ce qui va pas ? » murmura le blond avec un regard suppliant. Il se maudit intérieurement pour être aussi incapable de rester froid et distant.

Deux grands yeux verts se posèrent sur lui. Il se racla la gorge, signifiant au brun que non, il n'y avait aucune tendresse dans sa voix, sa gorge était juste affreusement sèche. Harry baissa la tête, l'air plus perdu que jamais.

Draco ne sut quoi faire. Il n'avais jamais été dans ce genre de situation, et il n'allait pas fuir, un Malfoy ne fuit pas devant la difficulté. Bien sûr, il avait déjà consolé Pansy, enfin consolé est un bien grand mot, il avait juste écouté ses jérémiades en se contentant de lâcher un 'uh uh' de temps en temps. Mais il n'avait jamais vu une peine aussi grande. Mis à part celle qui l'habitait.

« Il paraît que c'est terminé... »murmura simplement Harry.

Le vent faisait flotter ses cheveux, comme pour le narguer de leur liberté. Il glissa précieusement sa main dans sa poche et en sortit sa baguette. Draco put admirer ses fines mains tachées par le sang de l'ennemi. Harry regarda une dernière fois sa baguette avec un sourire triste, avant de la lancer violemment dans le lac…et elle coula directement au fond.

« Et ça ne l'est pas. » fit doucement Draco.

Le sourire du survivant s'effaça, et il murmura gravement :

« Non, ça ne l'est pas. Rien ne sera jamais termin

-Et tu ne seras jamais normal , Potter… » tenta de plaisanter le blond. « Je veux dire… t'es lui… le survivant. C'est toi qui leurs donne le courage de continuer…juste en étant toi. T'es Harry. Notre garantie contre la mort…»

'Et ma garantie contre le désespoir'… pensa le blond.

Harry esquissa un sourire, entendre son prénom dans la bouche de sa nemesis lui avait fait un bien inexplicable.

« Je ne peux pas… être simplement moi. J'essaye d'être un autre, quelqu'un de courageux, de brave…

- Alors sois-toi même » s'empressa de répondre le blond. « Prend un peu confiance en toi, te laisses pas abattre. T'as tué le méchant… le survivant, Harry Potter, le courage même…

-Je suis pétrifié. » coupa Harry. « Mais je n'en ai pas le droit. » Ajouta-t-il tristement.

Le blond soupira doucement.

« Tu as tous les droits, tu les a toujours eu. Tu as le droit d'avoir mal, de pleurer, de… »

Et Draco se rendit compte que lui non plus , n'en avait pas le droit. Un Malfoy reste fier, droit, face à l'adversité. Un Malfoy est fort, il ne pleure pas, ne montre pas ses failles. Un Malfoy n'a aucune faille. Draco pensa qu'il devait être le vilain petit canard de la famille, car en cet instant, tout ce qu'il avait envie de faire, c'était pleurer et se blottir contre ce corps chaleureux dont il rêvait tant. Il ravala les larmes qui se pressaient aux bords de ses yeux. Il s'était trop forcé à ne pas pleurer, il avait fait tant d'efforts pour que personne ne remarque sa peine… et ça avait tellement bien fonctionné.

« Tu devrais rentrer à l'intérieur. » il grogna en désignant du menton le petit chemin qui menait à la porte du château. Mais évidemment, il n'en avait aucune envie. Il voulait que Harry reste à ses cotés encore un peu… et même un peu plus longtemps. Qu'il parte le plus tard possible. Ou jamais.

« Et ça changerais quoi ? » demanda Harry en relevant les yeux. Lui non plus n'avait pas envie de s'en aller. Parce que avec Draco, il n'était pas forcé de jouer un rôle. Ils étaient tous les deux tellement habitués aux masques, aux façades, que de s'en servir entre eux aurait été ridicule, et tout bonnement inutile. Car Harry voyait Draco comme il était vraiment, il l'avait toujours su, et inversement. Le monde sorcier aurait été choqué qu'apprendre que le petit con arrogant, et le sauveur de monde sans peur, n'avaient aucune espèce d'existence. Il ne s'agissait que de deux adolescents perdus. Mais ça, personne n'avais voulu , ne serais-ce que tenter de le comprendre.

« Tu ne serais plus seul. » répondit simplement le blond. Il ricana amèrement. Il avait toujours été entouré, choyé, adoré… Mais il avait toujours été seul. Tout ça n'était que pure illusion. L'amour… le bonheur… Illusion. Chimères. Juste des mots lancés en l'air.

« Je suis pas seul. T'es là. » murmura Harry.

Il fit un léger sourire en coin qui s'apparentait à de la reconnaissance, au blond. Draco fronça les sourcils. Pour la première fois, ses lèvres minces s'étiraient en un vrai sourire, qui était destiné au blond, et à personne d'autre. Et ces yeux, maintenant à demi clos, ces yeux sans éclats, qui était posés sur lui, rien que sur lui… Ca ne présageait rien de bon. Doucement, il s'installa à ses cotés, prenant garde de ne pas le quitter des yeux, et une odeur de sang vint emplir ses narines. Potter était blessé. Son pouls s'accéléra. Il eut juste le temps de passer ses bras autour des hanches de Potter avant que celui-ci ne s'effondre.

« POTTER ! Ce salaud t'as bless ? Et tu sors dans cet état ? Mais qu'est ce que tu voulais prouver ?!? » il hurla, des sanglots soudains dans la voix. Personne n'a jamais eu, et n'aura plus jamais l'occasion de voir un Malfoy dans cet état.

Harry, les yeux à demi clos par la douleur, murmura presque inaudiblement :

« Rien… juste… mourir dans mon coin. »

Il resserra son emprise, veillant à ne pas trop serrer le survivant.

« Tu vas pas mourir ! On a encore besoin d'un héros ! Je vais appeler Dumbledore, et…

-Non ! C'est inutile… » coupa Harry.

Il se savait mourrant, et ne voulait pas passer ses derniers instants dans une chambre d'hôpital, entouré d'hypocrites pleurant sa mort, fêtant sa victoire. Il ne voulait pas que ses amis le voient comme ça, eux qui le croyaient si fort. Il ne voulait pas mourir ailleurs que devant le lac, ailleurs qu'ici. Car pour une fois depuis longtemps, et malgré la douleur, il se sentait bien entre les bras protecteurs de son ennemi.

Draco paniqua, il eut peur pour quelqu'un pour la première fois de sa vie. Toutes ces émotions, en si peu de temps, et si brusquement… c'était trop. Il ne pouvait plus. Il n'en avait plus la force. Une larme coula lentement le long de sa joue, une larme au bout de 18 ans. Il avait l'air si vulnérable, et si perdu. Il avait besoin de Potter.

« Je peux faire quelque chose ? » il demanda d'une voix tremblotante.

Harry leva ses yeux vers lui, avec un sourire triste.

« Sois simplement toi. »

Et le blond fit la seule chose sensée qu'il n'eut jamais fait dans sa misérable vie. Il posa ses lèvres sur celles de Potter, caressant son visage de milliers de fils d'or, qui tombaient en cascade sur les amoureux maudits. Ce n'étais pas bestial, violent, mais pure, chaste, et doux. Juste des lèvres posées les unes contre les autres. Juste deux anges enlacés. Une fois.

Draco releva la tête pour voir les deux émeraudes briller d'une lueur qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.

« Merci. » souffla le brun.

Draco sourit légèrement.

« Je t'en prie, Potter. »

Harry leva une main hésitante vers le visage du blond, les yeux toujours plongés dans les siens, et chassa du pouce la larme qui s'attardait sur sa joue blême.

« Ne pleure pas. C'est fini maintenant.

-Oui, Amour, c'est fini. »

Il agrippa la main de Draco, et ferma les yeux. Pour ne jamais les rouvrir.

FIN