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Chapitre 5, The Return
- « Mais Harry! Tu sais pour Blaise et- »
Mais c'était trop tard, Harry n'eût jamais l'occasion d'entendre la réponse de son bien-aimé, happé une nouvelle fois par cette espèce de force invisible caractéristique du Korrigan.
Mais, malgré tout, il la connaissait, la réponse… Et jamais il n'aurait cru ressentir pareille douleur. Ce genre de douleur qui, malgré le temps et les médicaments, ne passe pas. Ce genre de douleur qui ne se guérit pas, tout simplement car elle n'est pas physique. Cette douleur qui, en fait, est la déchirure de l'âme.
Car oui, il savait… Il savait pour Blaise et Draco. Il savait qu'ils se mettraient ensemble. C'est ce que le blond allait lui dire, et il s'y attendait. Il s'attendait à ce que Draco ne partage pas cet amour… Mais c'est le genre d'évènement qui, même si on savait qu'il arriverait, même si on s'y était préparé pendant des années, fait toujours aussi mal. On s'y attendait, mais on ne s'y attend jamais, en fait. On ne peut éviter la douleur d'une peine d'amour. Le Draco froid de son monde, lui, l'avait compris bien avant, et s'est déjà formé une carapace imperturbable.
Lourdement, Harry retomba. Le corps étendu sur la pierre froide. Mais il n'était pas surpris, cette fois. Il savait ce que ça signifiait. Il releva la tête, et reconnu le bureau de Dumbledore, appuyant ainsi son hypothèse. Oui… Il était bel et bien de retour dans son monde… Mais sans Draco.
L'humain n'est jamais content, et Harry était une des nombreuses preuves vivantes. Quand il était dans l'autre monde, il voulait revenir ici. Mais, maintenant qu'il y était, c'est fou tout ce qu'il aurait donné pour repartir…
- « Allons, Harry. Ne sois pas triste comme ça… »
Harry releva la tête pour croiser le regard compréhensif de Dumbledore, qui se tenait devant lui. Il l'aida à se relever, puis s'assit derrière son bureau, présentant à Harry une chaise pour s'asseoir.
- « Et bien Harry, je crois que tu as fait la connaissance d'Uric Mordicus… Dit Dumbledore d'un air sombre. Cet homme était d'ailleurs, de son vivant, un très grand ami de Lucius Malefoy. Si tu veux mon avis, son portrait ne devrait pas être à Poudlard, malgré ses généreuses donations à ce château. Mais malgré que ses intentions soient mauvaises, tu sauras peut-être en tirer du bon… »
« Épargnez-moi le sermon, Monsieur… » Dit Harry d'une voix faible. « Je… N'ai vraiment plus la force d'affronter mes démons. »
« Bien… Alors je t'explique au moins ce qui t'es arrivé. Cette pierre noire en laquelle tu es entrée est interdite. Son nom est Korrigan. 'Korrigan', en gnomique, signifie 'possibilité'. C'est de là que vient le mot possibilité... Les possibilités du cœur, si on veut. Car le Korrigan ne choisit pas un évènement au hasard, loin de là. Il te fait vivre ce que ton cœur regrette le plus.
Dans ton cas, tu regrettais de n'avoir jamais pris la main de M. Malefoy, et le Korrigan t'as montré tous les changements qui auraient été provoqués si tu l'avais prise! Dans le monde du Korrigan, les personnes restent les même, Harry. Seulement tu les as vu sous un angle différent. Draco est aussi doux et attentionné dans la vie réelle que dans ce monde. Et tes amis Ron et Hermione peuvent être aussi froids et cruels en réalité. Est-ce que tu comprends, Harry, l'immensité des pouvoirs de cet objet?
Il te fait vivre, pendant une durée indéterminée, sous un angle différent. Il te montre ce qui se serait produit si jamais tu avais fais tel ou tel geste, agit de telle ou telle manière, ou fais un choix à la place d'un autre. Avec cette pierre, tout est possible! C'est pourquoi elle est si dangereuse… Imagine qu'elle tombe entre de mauvaises mains!
Il n'a pas un grand pouvoir, comme tel. Il ne peut détruire des planètes, il ne peut faire apparaître quoi que ce soit. Mais il a le précieux pouvoir de faire changer l'opinion, les valeurs et l'âme des gens.
Cet instrument est très précieux Harry, car avec lui, il faut apprendre de ses erreurs. Tu as fait une erreur en n'acceptant pas la main de Draco, et c'est ce que le Korrigan essayait de te faire voir. Il veut que tu répares les dégâts causés par cette action.»
- « Mais Monsieur, dit Harry, ce n'est pas si évident… Je veux bien essayer de me rapprocher de Draco. Après tout, je ne me suis pas attaché si vite à lui pour rien! Mais, de son côté, il ne voudra pas de moi. »
- « Peut-être est-ce là que tu te trompes, Harry… Draco n'est pas si froid et insensible qu'il le paraît. Et je peux t'assurer qu'il a encore très envie d'être ami avec toi. Seulement, il est très orgueilleux, et il ne s'est pas remis du fait que tu ais refusé son amitié. Je crois que c'était très important pour lui… »
- « Oui, ce l'était… Et j'ai gâché l'un des plus grand espoir de sa vie. Comme je suis stupide… Je m'en veux tellement! »
- « Vas-y, Harry. Va trouver Draco. Je pense qu'il te cherche. D'ailleurs, savais-tu que vos nombreuses rencontres dans les couloirs n'étaient pas le fruit de hasard? Que tous les duels verbaux dans les corridors étaient intentionnels? Oui, Draco est vraiment un être exceptionnel. Un de ces êtres qui, tout en assouvissant ses désirs, fait bien attention à ne pas provoquer les peurs profondes des gens. Il veut souvent te voir, te parler, alors il te provoque, t'insulte. Il ne vient pas te parler de manière civilisée car il sait que tu prendrais peur de le voir si doux, et que tu le repousserais encore plus. J'ai souvent remarqué que Draco avait cet espèce de sixième sens par rapport aux sentiments des gens… Malheureusement, il est incapable de voir les siens alors qu'ils sont au bout de son nez. Mais bon, je ne te retiendrai pas plus longtemps. Vas le rejoindre, Harry. Après tout, ça fait bien trois jours qu'il ne t'a pas provoqué. »
- « Trois jours? Mais, Monsieur, ça fait bien plus que trois jours! Je suis parti depuis au moins un mois et demi! »
- « Oui, c'est un effet étrange du Korrigan… Le temps s'écoule plus rapidement quand nous sommes dans ses profondeurs. »
- « Ah, d'accord… Merci pour tout, Monsieur! Vous êtes exceptionnel, aussi. »
Puis il se retourna pour quitter le bureau. Il attrapait la poignée pour refermer la poignée quand Dumbledore parla à nouveau…
- « Oh, et Harry! Sache que Draco ne voulait pas ton amitié pour rien… Tu es plein de ressource! Je te conseil de chercher Draco dans l'aile Ouest. Il s'y trouve, présentement. »
Harry prit vaguement le peine de se demander comment le Directeur savait où se trouvait Draco, mais il repoussa son interrogation au loin, sachant que le vieil homme était le mystère incarné, et qu'il ne fallait pas trop se poser de question. Il fit un signe de tête à Dumbledore puis partit.
Le Directeur tourna le regard vers le cadre vide où se tenait Uric Mordicus il y a quelques secondes. Il fronça les sourcils…
Harry, empli de détermination après sa conversation avec Dumbledore, se dirigea, comme conseillé, vers l'aile Ouest de l'immense château. Il mourrait d'envie de voir Draco, de l'entendre rire, de le serrer dans ses bras, de le toucher, de l'embrasser… Il mourrait de Draco!
Ainsi, quand il le vit, son cœur en manqua un battement. Il était de profil, il regardait par la fenêtre de vitraux le soleil qui se cachait derrière les hautes collines. Le couloir était désert, et chaque fenêtre laissait entrer les rayons chauds du soleil.
Harry s'arrêta et fixa Draco, son Draco. Tout semblait si parfait, la lumière caressant les mèches d'or et d'argent du beau Serpentard, illuminant la pièce. On aurait dit un rêve. Rien ne pouvait plus le sortir de cette transe qui semblait s'être emparé de lui. Il sentait un sourire mélancolique lui venir aux lèvres. Le rêve poursuivait son cours… Draco tournait maintenant la tête et Harry verrait bientôt ses yeux remplis de chaleur pour lui…
- « Tiens, Potter! Ça faisait longtemps que je n'avais pas été dégoûté par ton affreuse tête de Gryffondor naïf et niais! »
Quelle erreur… Harry avait oublié un instant qu'il n'était plus dans le Korrigan. Il avait oublié que Draco n'était plus accueillant et attentionné…
- « Qu'est-ce que t'as, Potter? T'as perdu ta langue? Ou bien c'est que ton cerveau n'a pas encore assimilé ma phrase? »
Oui, il retrouvait bel et bien l'ancien Draco. Il se rappelait maintenant pourquoi il le haïssait tant! Du calme, Harry, du calme. Ce n'est pas vraiment lui! C'est une carapace qu'il se construit! Il n'est pas vraiment comme ça. C'est seulement une protection… Instantanément, Harry se calma, n'en voulant plus du tout à Draco. Il lui sourit, ne répondant pas à la provocation. À la place, il s'avança vers le blond…
- « Mais… Qu'est-ce que tu fou, Potter? Éloigne-toi de moi! »
Harry ne répondit toujours pas. Il continua d'avancer, tendit les bras et attira Draco contre lui. Celui-ci ne réagit pas, trop choqué pour bouger. Harry passa les bras autour du cou de Draco et cala sa tête contre son épaule.
- « Tu m'as manqué », lui murmura-t-il à l'oreille.
Draco frissonna à ces mots. Mais que se passait-il? Harry disparaissait pendant trois jours, puis il revenait et lui disait qu'il lui avait manqué! Puis, malgré que son cœur lui criait de répondre à l'étreinte, Draco repoussa Harry, qui semblait soudain terriblement embarrassé.
- « Mais qu'est-ce qui te prends?! T'es malade ou quoi? Je ne te permets pas de me toucher! Il est hors de question que je me fasse contaminer par toi! »
Harry endossa le coup, se taisant. Il revenait à la dure réalité. Les choses ne seraient plus aussi faciles, maintenant. Draco ne viendrait plus tout simplement à lui, lui offrant tout le réconfort et le soutien qu'il avait besoin. Non, maintenant c'était son tour. C'était à lui d'approcher Draco, à lui de lui offrir son amitié et de le séduire.
Remarquant soudainement que Draco avait recommencé à l'insulter, il sortit de ses pensées…
- « …et tu as franchement un gros problème pour te montrer comme ça et- »
- « Arrête, Draco! » Ledit Draco tressaillit à l'écoute de son prénom. « Je sais très bien que tu n'es pas réellement comme ça! Je sais que j'ai souvent fait des suppositions qui se sont révélées complètement fausses à ton sujet, mais cette fois c'est vrai! Je le sais! Ce ne sont pas que des suppositions! Je sais que tu n'es pas réellement méchant, froid ou cruel… Je sais… »
Malgré qu'il soit très déstabilisé, Draco ne se laissa pas complètement démonté…
-« Bon! Voilà le retour de Monsieur je-suis-le-plus-mature-qui-essaie-de-comprendre-tous-le-monde Potter! Franchement, le Balafré, si tu crois savoir ne serait-ce qu'une particule de ma vie, je peux tout de suite t'affirmer que tu te trompes. Maintenant, si tu permets, j'ai mieux à faire que de subir le son de ton horrible voix. »
Puis Draco se retourna pour partir, craignant qu'Harry ne sache réellement quelque chose à son sujet. Mais qui aurait bien pu lui dire? Il n'avait jamais rien raconté à personne! De toute façon, il n'avait pas d'assez bons amis à qui le compter…
- « Je sais… Draco, je sais pour ton père… » Dit Harry d'une voix faible.
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