Chapitre 2 : Godric's Hollow
Il faisait nuit. Une nuit noire, calme, profonde, mais il faisait déjà nuit. Dehors, dans une petite rue étroite, sur les balcons des maisons, étaient suspendus des citrouilles qui étaient les seuls lampadaires dans ce vieux village. Derrière un buisson, dans une haie, étaient cachés deux personnes :
« Passez-moi les jumelles, Wellington. » demanda une voix froide et calme. Ce dernier tendit à une sorcière en tenue rose bonbon une paire de jumelles d'opéra en or.
« Pas des jumelles d'opéra, des jumelles d'ESPIONNAGE !
- Oui, oui, d'accord. » La femme fouilla dans un sac poubelle et trouva une grosse paire de jumelles sophistiquées noires. Elle se pencha dans la haie et scruta la rue, en particulier une maison. Cette maison était assez vieille, du XIXème siècle. Des cariatides étaient sculptées dans le mur, donnant un air riche et prospère aux personnes qui devaient habiter là-dedans. La balustrade était finement sculptée. Les pierres étaient encore toutes blanches.
« Que voyez-vous, Catherine ? Demanda Wellington d'un air anxieux.
- Rien. Un paysage morbide, et des citrouilles allumées.
- Ce n'est pas immoral, de laisser faire ça et faire ainsi du voyeurisme ?
- Qu'y pouvons-nous de tout façon ? Autant regarder ce qui se passe et de le rapporter à Dumbledore. Ç a nous sera de toute façon utile plus tard.
- C'est pour l'Ordre ou c'est pour le Département des Mystères ?
- Les deux.
- Et comment compte-vous vous infiltrer là-dedans ? Catherine ?
- Wellington, vous savez bien que ce n'est pas la première fois que j'espionne V O L D E M O R T, dit-elle en épelant. J'ai fait mes preuves. Et c'est pourquoi Voldemort me fait confiance.
-Mais…
-CHUT ! Écoutez… et regardez. Prenez mes jumelles, je me transforme. » Et Wellington vit Catherine se transformer petit à petit en panthère.
« Je le vois ! Chuchota-t-il. Il a transplané. Dieu qu'il est impressionnant ! » La panthère Catherine acquiesça d'un signe de tête.
« Il est si bizarre avec ses yeux rouges. On dirait qu'il cherche sur une carte. Euh…, fit-il en voyant l'expression outrée de Catherine, il regarde le plan de la maison des Potter. Comment a-t-il pu se procurer son plan ?
- Avec Black, fit-elle. Black lui a dit où était la maison des Potter, il lui a sûrement donné le plan.
- Vous ne le suivez pas ?
- Je reste le regarder hésiter. C'est si amusant de voir un mage noir rester aussi idiot. On dirait qu'il s'est trompé d'endroit. Oh, que c'est dur de savoir où on est ! » Catherine repartit et suivit Voldemort. Elle se trouvait maintenant dans son dos. Voldemort glissait silencieusement vers la porte d'entrée… Catherine secoua la tête. Voldemort remua sa baguette et la porte s'ouvrit amplement. Wellington observa de loin la scène, depuis ses jumelles. L'oreille gauche de la panthère remua : on entendait des bruits à l'intérieur. Voldemort entra dans la maison mais Catherine ne le suivit pas : même une panthère se ferait remarquer. Il entra dans l'entrée, au papier peint orangé et au bric à braque en tas, puis il se dirigea vers la porte d'à côté, personne n'étant dans la pièce. Il mit plusieurs longues minutes à farfouiller dans la maison pour enfin trouver Lily et James Potter, effrayés, mais qui faisaient des efforts considérables pour ne pas le paraître. Lily tenait le petit Harry, à peine un an dans ses bras. Ses yeux étaient encore un peu bleus : ils n'avaient pas encore pris leur couleur verte. Il gazouillait gentiment et tapa des pieds en balançant des bras.
« Encore une fois qu'on se voie ? Dit James pour ne pas prendre au sérieux la menace qui se trouvait devant lui.
- Ce sera ta dernière, Potter.
- Comment le savez-vous ? Je ne savais pas que vous aviez un véritable don de voyance !
- Vraiment, Potter ? Siffla glacialement Voldemort.
- Que faites-vous là ? Vous voulez demander des bonbons ?
- Pas exactement Potter, et tu sais très bien pourquoi. » Soudain un grand vacarme se passa en bas. Catherine la panthère était montée sur une étagère bancale. Mais elle avait fait exprès : c'était pour attirer l'attention de Voldemort. D'ailleurs, elle imitait une querelle impliquant Dumbledore :
« Mais Albus …
- Ç A SUFFIT ! JE SUIS LA POUR RÉ GLER UNE AFFAIRE TRÈ S IMPORTANTE ! » L'imitation était si excellente qu'elle attira Voldemort en-bas. Il ne s'agissait pas que Dumbledore soit en bas pour le gêner tout de même ! Cela laissa suffisamment de temps à James Potter pour dire ses dernières paroles :
« Lily ! Prends Harry et va-t-en d'ici ! Moi, je vais aller le défier !
- Mais James…
- Il n'y a pas de mais ! Je t'en supplie ! » Et il descendit en bas.
Une scène indescriptible se produisit sous les yeux de Catherine : Voldemort, se rendant compte que Dumbledore n'était nulle part dans les parages, en profita pour tendre un piège à James Potter :
« AVADA KEDAVRA ! » C'était fini, James Potter était étendu dans le sol, les bras en croix, le regard vide. Il était mort.
Voldemort remonta, suivi par Catherine, plus déterminé que jamais à en arriver à ses fins.
« AVADA KEDAVRA ! » C'était également fini pour Lily. Posé par terre, Harry bavait et tapait des pieds. Voldemort marmonna lui-même dans son coin ; Catherine ricana en entendant les paroles.
« Ah ah ! Dit-il sur un ton de détective amateur qui venait de prendre quelqu'un la main dans le sac. Je t'ai eu ! AVAVA KEDAVRA ! » Ce qui se produisit là, jamais Catherine ne l'avait vu dans sa vie, même fût-il dans un de ses plus fabuleux rêves.
Quand le sort fut jeté, le faisceau lumineux verdâtre fut renvoyé par le petit garçon en faisceau « halogène » - d'après la description de Catherine - vert. Redevenue humaine, elle se frotta les yeux tellement elle en était éberluée par le spectacle qui s'offrait devant ses yeux. Stupéfait, Voldemort vit se renvoyer à lui-même le faisceau lumineux. Un rayon doré se produisait alors, encerclant les trois, même Catherine. Avec un bruit de détonation, Voldemort se ratatinait sur lui-même. Enfin, c'est tout ce que put voir Catherine, car elle en était très éblouie. Quand elle rouvrit ses yeux, elle ne vit plus qu'une volute de fumée s'évaporant peu à peu, une cape noire étendue sur les sol… et le bébé Harry avec une cicatrice au front ! Catherine le récupéra bien vite en le berçant et en le ramenant au-dehors. Elle marcha dans la roue et alla retrouver Wellington, sorti de la haie.
« Auriez-vous vu Dumbledore ?
- Non, mais je crois qu'il est dans le coin. Que s'est-il passé ? Dit-il en regardant Harry.
- Pire que je ne le pensais. Je n'ai pas vu grand-chose, dit-elle en marchant. Enfin, je ne vais pas donner plus de détails.
- Ah, vous voilà enfin, Catherine !
- Conformément à l'opération «Marionnette pourrie», c'est Hagrid qui ramène Harry, bien évidemment sans transplanter, pour éviter tout risque de désartibulage ? Récita par cœur Catherine.
- Qui a donné le nom à cette opération ? Demanda Wellington.
- C'est en lisant un conte à ma fille, répondit Catherine.
- Votre fille ? Celle qui a deux ans ? N'est-ce pas un peu précoce ?
- Je n'en ai qu'une seule, pas trente-six. Ma foi, elle est bien précoce, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas lui lire de conte le soir…
- Hum, hum, fit Dumbledore. Nous avons d'autres conversations plus intéressantes actuellement. Qu'est-il arrivé Catherine ? Voldemort est toujours là ?
- Non, il n'est plus là. Mais je ne peux pas vraiment vous dire le pourquoi du comment, c'est assez inexplicable… Mais en attendant, il vaudrait mieux s'occuper de Harry. A un an, on ne reste pas devant des personnes bouches bées à le contempler. » Et Catherine lui raconta tout ce qu'elle avait vue.
Catherine avait la vingtaine-trentaine, les cheveux sombres d'ébène, la bouche rouge lippue, une capeline, une cape et une robe rose indien assorties. Elle avait les yeux turquoise, un tout petit plus vert que bleu. Elle avait des nattes soigneusement relevées, des boucles d'oreilles brillantes et des petites ballerines roses.
« Bon, Catherine, il va falloir faire l'état des lieux… Ah, vous voilà… Hagrid. » dit Dumbledore en voyant arriver Rubeus Hagrid, un géant colossal dont la hauteur impressionna Catherine :
« Eh, bien.. dit-elle en voyant Hagrid, le petit sera bien gardé. Mais comment allez-vous le ramener et où ?
- J'ai déjà tout prévu, dit tranquillement Dumbledore. Hagrid le ramènera chez son oncle et sa tante à Little Whinging. C'est dans le Surrey, c'est le comté à l'est d'ici.
- Bon. Très bien. Connaissant Lily et sa sœur, je ne suis pas sûre qu'elle soit vraiment contente de le trouver sur le seuil de sa porte… J'imagine qu'elle n'est pas encore au courant de l'affaire ?
- Bien évidemment. Aussi j'ai pris le soin de rédiger une lettre. C'est même vous qui m'avez aidé, Catherine.
- Ah, mais oui ! dit Catherine en se tapant le front de la main. Je suis vraiment bête en ce moment.
- Allons donc. Je connais bien votre mère. Je sais que vous avez une excellente réputation. »
