Auteur : Aèle

Base : Gundam wing

Disclaimer : je ne veux pas avoir l'air de répéter ce que les autres disent, mais les persos ne sont pas à moi (depuis le temps que vous en entendez parler…) et donc blablabla, comme d'hab, ça change pas

«- Il te reste cinq minutes. »

Heero me regarde sévèrement, alors que le temps imparti passe sans que j'ai bougé.

«- Je vais finir par croire que tu ne veux pas manger avec moi.»

Il est fort. Il y a pensé tout seul. Quoi ? Bien sûr que je l'aime. Mais je refuse quand même. Logique, non ? Le gouffre me retient.

«- Encore une minute. Quand elle sera passée, je t'emmène, peu importe ta tenue.»

Je me dirige vers la commode de ma chambre sous son regard qui dit clairement "enfin !". Je prends un T-shirt que j'enfile avant d'aller me te au lit. Eteignant la lumière, et tournant délibérément le dos à Heero. Je grogne quand la lumière se rallume. Pas que j'ai plus sommeil que moi, mais c'est une question de principes.

«- Trowa, écoute moi. Je sais que j'arrive sans prévenir. Je sais aussi que tu ne veux voir personne. Mais je ne peux plus. Tu te détruis. Tu le sais aussi bien que moi. Et … je ne veux pas … que tu partes. Je veux te voir faire ton numéro au cirque. Avec les animaux, et celui de funambule. Je veux te voir faire ce sourire qui te rend unique. Je veux t'écouter jouer de la musique jusqu'à ce que tu n'aies plus de souffle. Je veux te voir vivre. Et être là pour le voir. Et partager ces moments avec toi.»

Son discours s'éteint sur le silence qui enveloppe ma vie depuis quelques mois. Je me suis mis en boule pendant qu'il parlait. Il s'est approché du lit et attend fébrilement ma réponse. Je me retourne et le regarde. Je suis maintenant sur le dos et il me semble grand. Très grand. Je lui fais un sourire. Celui qu'il dit aimer.

Si ce qu'il dit est vrai, alors il m'aime.

«- Partager ? Avec les autres ?

Seulement si tu le veux.»

Il a l'air rassuré que j'ai répondu. Mais ma voix était rauque. Normal, quand on passe un mois et demi presque sans parler.

Partager ? Aimer ? Il voudrait que je vive ? Mais je vis déjà. L'ombre me suit toujours, mais je vis.

«- Je vis déjà.

Tu te détruis.»

Me détruire ? C'est la deuxième fois qu'il dit ça.

«- C'est faux.

C'est vrai. Tu sembles attiré par la mort.»

Non. Ce n'est pas la mort qui m'intéresse. La mort n'est qu'une tangente. Je suis attiré ? Oui. Par ce gouffre qui me hante même quand je suis réveillé. Ce gouffre qui surgit sous mes pieds à chaque instant. Il symbolise cette inutilité qu'est devenue la mienne après la guerre. Un soldat sans guerre ? Un pantin sans fil. Sans aucune attache, aucun repère. Ce gouffre qui me fait voir à quel point je me suis trompé.

Combien de temps suis-je resté à penser ? Il me semble que la nuit est maintenant bien avancée.

«- Tu es parti. Avec les autres.

Nous l'avons dit au nouvel an, Hilde et moi nous sommes trompés.

Je ne comprends plus.

Je suis revenu pour toi. Comme toujours.»

Suis-je sensé applaudir ? Heero Yui se raccroche à la vie pour moi. C'est trop beau pour être vrai. Je me rappelle pourquoi je l'aime. Mais il est trop tard. Même avec tout mon amour, et avec le sien aussi, je ne peux pas résister à ce gouffre. Je m'approche du bord. Je le sais maintenant. Je n'ai jamais cessé de m'en approcher.

«- Il est trop tard. Il y a le gouffre. Il m'appelle. Je suis si fatigué, Heero. Trop tard. Je t'aime, mais il est trop tard.

Non ! Trowa, il n'est jamais trop tard ! Bat-toi ! Aucun appel n'est irrémédiable ! Tu dois te battre encore ! Et je t'aiderai ! Mais s'il te plait, bat-toi !»

En fermant les yeux, j'ai vu ceux d'Heero s'agrandire d'effroi, et je l'ai entendu hurler.

«- TTTTTTTRRRRRROOOOOOOOOOOWWWWWAAAAAAAAAAAAA !»

Ce soir, il neige. Je le vois par la fenêtre.