Hello ! Non, vous ne rêvez pas, après près de dix-huit mois voici enfin la suite de Quand tout Recommence. Pour ceux qui n'auraient pas lu cette fic, celle-ci peut se lire de manière indépendante.
Disclaimer : Harry Potter est et restera la propriété d'une grande Dame Anglaise. Moi, je l'emprunte de temps en temps mais je promets de le rendre quand j'aurai fini de jouer avec.
Chapitre 1 : Un étrange bijou
En ce dernier jour du mois d'août, le soleil baignait les pelouses de Poudlard, comme pour nier le fait que l'été allait se terminer, que, le lendemain, les cours allaient reprendre dans le vieux château. Tout était si calme qu'on aurait eu peine à imaginer que, à peine vingt-quatre heures plus tard, des centaines d'adolescents surexcités allaient chasser le silence de leurs voix juvéniles.
Insensible à ce charme particulier de la fin des vacances, un petit garçon courait en direction du château. Les cheveux châtain clair, les yeux verts, il était petit pour ses sept ans, presque huit comme il aimait à le rappeler, et d'une maigreur qui inquiétait souvent sa mère, bien que ses joues rouges témoignent de sa bonne santé. Jetant un coup d'œil à sa montre, le garçon accéléra encore son allure. Il allait être en retard pour le déjeuner, et ses parents allaient encore lui demander où il avait disparu. Il allait rougir, et ils devineraient qu'il était allé près de la forêt. Ce qui était strictement interdit, il le savait mais était irrésistiblement attiré par les bois. En fait, il n'était jamais aussi heureux que pendant le mois qu'ils allaient passer tous les ans chez ses grand-parents, qui tenaient un centre de vacances au milieu d'une grande forêt, dans laquelle il lui était permis de s'aventurer. Celle qui entourait Poudlard était interdite, son père ne cessait de répéter qu'elle était dangereuse.
Le petit garçon parvint enfin à la porte du château et l'ouvrit, constatant avec soulagement qu'il était moins tard qu'il ne le redoutait. Lorsqu'il arriva à la porte de l'appartement qu'il occupait avec ses parents et ses frères et sœurs, il fut accueilli par des cris. Quelqu'un subissait les foudres de son père. Il ressentit un profond soulagement : au milieu de cette agitation, on ne remarquerait pas son retard. Mais cette pensée fut rapidement remplacée par une autre : qu'avait-il bien pu se passer ? Il ne se rappelait pas avoir vu son père en colère, du moins contre l'un de ses enfants, plus de deux ou trois fois.
La famille était réunie autour de la grande table. Et son cœur se serra en voyant que c'était Sean, son frère jumeau, qui était la cible de la colère paternelle. D'un autre côté, ce n'était pas surprenant : Sean était toujours à chercher une bêtise à faire. Habituellement, rien de ce qu'on pouvait lui dire ne semblait avoir d'effet, mais cette fois ci il se tenait tête baissée sur sa chaise, les yeux aux sol et les épaules baissées.
« Est-ce que tu te rends compte de ce qui se serait passé si je ne m'étais pas trouvé juste en dessous ? Hurlait leur père. Tu aurais pu tuer ta mère, ou ton frère, puisque c'était apparemment ce que tu souhaitais. Ou n'importe lequel d'entre nous qui aurait eu la mauvaise idée de s'appuyer contre ce balcon. Mais est-ce que tu ne réfléchis donc jamais avant d'agir ?
Je suis désolé. La voix de Sean, d'habitude claironnante, était à peine audible.
Je l'espère bien. Non mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un fils pareil ? »
Sean semblait au bord des larmes, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien des années. D'habitude, c'était Finch qui se laisser aller à pleurer. Ce fut la voix de leur mère, douce mais ferme, qui mit fin au sermon, en plaçant une main sur le bras de son mari.
« Ca suffit, Harry. Je crois qu'il a compris. Il ne pensait pas à mal.
Je le sais bien. » Au grand soulagement de Finch, la colère de leur père semblait être un peu retombée. « Mais il va avoir huit ans, il devrait quand même avoir un peu plus de cervelle, non ? C'est une chute de près de dix mètres que tu étais en train de faire.
Mais tout s'est bien fini. Je vais bien, grâce à toi. N'en parlons plus. »
Harry sembla sur le point d'ajouter quelque chose, mais il se contenta de secouer la tête. « très bien, dit-il. Mais dorénavant, Sean, tu as intérêt à utiliser ta tête. Je n'ai rien contre les blagues, mais si tu mets encore qui que ce soit en danger, ça ira très mal. Compris ?
Oui papa.
Dans ce cas déjeunons. »
Dans le silence pesant qui suivit, et pendant que leur mère apportait les plats, Finch se glissa silencieusement à sa place, à côté de son jumeau. Aucun des enfants n'osait parler après la scène qui venait de se dérouler, et ce fut leur mère qui s'efforça de briser la gène.
« J'ai reçu un hibou de Méline » , annonça-t-elle. Finch leva aussitôt les yeux vers elle, intéressé. Méline Malefoy, puisqu'elle avait repris son vrai nom, était sa marraine, mais ils la voyaient peu depuis deux ans. Après avoir fini Poudlard à seize ans à peine, elle avait réalisé des études de guérisseuse en un temps record, et, à vingt ans, médicomage diplômée, elle était partie soigner et enseigner son art en Sibérie, là où les sorciers étaient le moins avancés. « Elle rentre en Angleterre, annonça Sylvie. Ils n'ont plus tellement besoin d'elle là où elle est, et on lui a fait une proposition comme testeuse de contre-sortilèges. »
Ce fut une explosion de joie dans la jeune génération de Potter. Finch était, bien sûr, particulièrement heureux, mais les autres également. Avant son départ, la jeune fille avait été régulièrement invitée chez eux, elle les avait bien souvent gardés le soir, et elle était pour eux un peu comme une grande sœur. Tous étaient heureux de la revoir.
Lorsque le dessert arriva, et que la conversation dévia sur les courses qu'ils avaient faites sur le chemin de traverse la veille, Finch murmura l'oreille de son frère :
« Qu'est-ce qui s'est passé, tout à l'heure ? Qu'est-ce que tu avais fait ? »
De nouveau, Sean baissa les yeux, mais il répondit, en chuchotant lui aussi : « J'ai scié les barreaux de notre balcon. Quand maman s'y est appuyée elle est tombée en bas. Papa a réussi à arrêter sa chute. »
Finch digéra l'information, un peu surpris. Ca ne ressemblait à pas à son jumeau, dont les plaisanteries étaient d'ordinaire inoffensives.
« Pourquoi ? » demanda-t-il.
Tu es tout le temps à t'y appuyer, répondit l'autre. Et je pensais que tes pouvoirs n'auraient pas pu rester dormants avec une telle chute. »
Finch hocha la tête. Il n'y avait pas besoin de plus d'explications. Alors que tous ses frères et sœurs avaient démontré très tôt, par une sorte ou une autre de magie accidentelle, qu'ils étaient des sorciers, lui, à huit ans, n'en avait jamais donné la preuve. Et bien qu'il leur restât trois ans, ce qui paraissait habituellement une éternité à des enfants si jeunes, bien que la plupart des tests aient montré une aptitude à la magie, au moins partielle, chez son frère, Sean commençait déjà à craindre que son jumeau ne puisse pas rester à Poudlard avec lui, et il s'ingéniait encore et toujours à trouver le moyen de le faire réagir, de réveiller ses pouvoirs. Finch, lui, ne s'inquiétait pas trop. Certes, il serait dur pour lui d'être séparé de son frère, et de tout sa famille, mais il savait, pour avoir entendu ses parents en parler, que s'il devait ne pas être un sorcier, il serait envoyé chez ses grand-parents, qu'il adorait. Son père lui avait répété bien souvent que ça n'avait aucune importance, et qu'il ne devait pas se faire de souci pour ça. Personne n'aurait une image différente de lui, qu'il soit ou non un sorcier. Après tout, leur mère était moldue, et tout le monde la respectait. Mais Sean ne voyait pas les choses de cette façon. Tout ce qu'il voyait, c'était que si son jumeau devait ne pas être un sorcier, ils seraient séparés. Et, bien qu'on ait difficilement pu trouver deux enfants plus différents, un lien extrêmement fort les unissait. Finch couvrait toujours les arrières de Sean quand une de ses plaisanteries risquait de mal tourner, et bien souvent il lui avait évité la colère de leurs parents. Sean, qui était l'aîné d'une demi-heure, estimait toujours de son devoir de protéger son frère, plus petit et plus fragile.
Le repas terminé, Sean semblait avoir retrouvé tout son aplomb, et l'incident était clos. Harry partit rapidement. Il avait une réunion avec les professeurs. Tout en marchant à grands pas dans les couloirs de Poudlard, le directeur ne pouvait empêcher un petit sourire de jouer sur ses lèvres. Sa colère, un peu plus tôt, avait été provoquée par la peur qu'il avait eue de perdre sa femme. Lorsqu'il l'avait entendue hurler, et qu'il avait levé les yeux pour la voir tomber du troisième étage, son cœur avait failli s'arrêter de battre. Pendant un moment, la rage qu'il avait ressentie à l'égard de son fils avait été extrêmement forte. Mais à présent il s'était calmé. Sean, il le savait, avait eu encore bien plus peur que lui, et il n'était sûrement pas près de recommencer. Il avait découvert il y avait bien longtemps qu'il lui était impossible de rester en colère très longtemps contre l'un de ses enfants. Tous étaient différents, ils avaient chacun leur caractère, pourtant, chacun à sa manière, tous l'emplissaient de fierté. James, à treize ans, allait entrer en troisième année. Il faisait déjà la gloire de l'équipe de Quidditch de Griffondor. C'était le portrait de son père au même âge, et beaucoup disaient que, par le caractère, il lui ressemblait aussi. Tout ce que savait Harry, c'est qu'il faisait preuve de plus de maturité que la plupart de ses camarades, et qu'on pouvait compter sur lui. En même temps, James n'était jamais le dernier lorsqu'il s'agissait de s'en prendre aux Serpentard, et il s'était bien souvent attiré des ennuis en essayant d'atteindre leur salle commune, ou d'organiser un duel avec Maxime Nott, son ennemi de toujours. Rien de ce que son père avait essayé de lui expliqué n'était parvenu à atténuer la haine que James portait à la maison rivale de la sienne, et il ne pouvait qu'espérer que cela s'en irait quand son fils grandirait. Mais il aurait aimé que Ron ne l'encourage pas autant.
Eleonore, sa seule fille, s'apprêtait à entrer à Poudlard. Il savait qu'elle n'y aurait aucune difficulté. Eléonore, ou Léo, comme l'appelaient souvent ses frères, au grand désespoir de leur mère, qui, ayant déjà trois fils, ne supportait pas qu'on affuble sa seule fille d'un diminutif masculin, ne leur avait jamais posé aucun problème. Avec ses cheveux châtains, généralement attachés en une lourde natte qui lui tombait dans le dos, et ses yeux irisés bleu-verts, elle semblait être le parfait mélange entre ses deux parents. Et Harry, dont le jugement était peut-être faussé par son orgueil de père, la trouvait jolie. Comme James, elle était plus mûre que les enfants qui entraient généralement en première année, mais elle le manifestait d'une manière différente. Elle était plus réservée, plus calme que son frère. Contrairement à lui, ce n'était pas une meneuse. Il ne pensait pas, cependant, qu'elle aurait du mal à se faire des amis, simplement, en dehors du fait qu'elle était sa fille, il ne pensait pas que le reste de l'école la remarque beaucoup. Contrairement à James, qui s'arrangeait toujours pour être au cœur des événements.
Les jumeaux étaient un autre problème. Sean était un enfant agité, toujours à faire des bêtises, sans se soucier des conséquences. Sylvie disait que la nature avait rempli son cerveau avec trop d'imagination et n'avait pas laissé de place pour le bon sens. Au même âge, James aussi avait eu tendance à monter blague sur blague, mais James savait toujours jusqu'où il pouvait aller, Sean semblait ne pas avoir conscience des limites. Pourtant, il était difficile de ne pas l'aimer, il était toujours animé de bonnes intentions, généreux, et ne cherchait jamais à échapper aux punitions que lui attiraient ses plaisanteries, ou à faire porter la faute à quelqu'un d'autre. Finch était bien différent. Fragile, rêveur, il préférait bien souvent la solitude du parc ou des bois aux jeux des autres enfants. En fait, les jumeaux auraient difficilement pu être plus dissemblables, que ce soit sur le plan physique ou de leur caractère. Sean avait hérité des cheveux noirs de son père, et des yeux bleus de sa mère, et il était beaucoup plus grand que son frère, blond aux yeux verts. Quelqu'un, il croyait se souvenir que c'était Hermione, avait un jour remarqué que c'était comme si la personnalité d'un seul enfant s'était séparée en deux facettes pour s'incruster dans chacun d'eux. Et c'était peut-être parce qu'ils trouvaient en l'autre ce qui leur manquait qu'ils étaient aussi liés.
En arrivant à l'entrée de son bureau, Harry ramena ses pensées vers des sujets plus sérieux. La moitié de son équipe attendait déjà dans l'antichambre de son bureau. Rogue, dont la taille s'était un peu épaissie mais qui ne s'était pas adouci pour autant, ricana de manière à lui montrer que, pour un directeur de Poudlard, il aurait pu être un peu plus ponctuel. Harry ne s'en formalisa pas, c'était ainsi depuis douze ans. Les autres le saluèrent chaleureusement, et il leur rendit leur salut, avant de les faire entrer. Cette année, il y avait de nombreux nouveaux parmi les professeurs de Poudlard. Bien entendu, il avait comme d'habitude été obligé de pourvoir le Poste de Défense contre les Forces du Mal. Il faudrait un jour qu'il essaie de trouver et de contrer cette malédiction. La jeune femme qu'il avait engagée l'année précédente était tombée enceinte, et avait mis au monde des quadruplés quelques jours plus tôt. Il n'était plus question pour elle de travailler. Harry avait trouvé pour la remplacer un vieil employé du ministère. Il espérait que l'homme ferait l'affaire, les candidats ne s'étant pas bousculés.
Le professeur Mac Gonagall avait pris sa retraite au mois de juin. Il se demandait comment l'école allait bien pouvoir fonctionner sans elle, qu'on avait toujours vu épauler solidement le directeur, qu'il s'agisse de lui ou du professeur Dumbledore. A l'annonce du départ de la vieille dame, il avait réussi à convaincre Hermione d'abandonner l'Arithmancie pour endosser les multiples casquettes laissées vides. Après tout, Cassandre, sa fille unique qui rentrait en quatrième année, ne justifiait plus depuis longtemps le poste allégé qu'était l'enseignement de l'Arithmancie, et Hermione avait trop de qualités pour que Harry se prive de son soutien plus actif. Il avait embauché pour la matière dont elle s'occupait précédemment un tout jeune homme, frais émoulu de l'université où il avait brillamment réussi.
Cette année là, il lui avait également fallu remplacer le professeur Binns, qui avait déclaré qu'il en avait assez de répéter toujours la même chose depuis des siècles, et Stellaire, qui enseignait les runes anciennes. Cependant, malgré les changements, il sentait qu'il y avait à Poudlard un groupe soudé, et qu'ils faisaient, et allaient faire encore cette année, du bon travail. Ce fut du moins ce qu'il dit dans son discours de bienvenue, s'attirant quelques applaudissements, et un sourire moqueur de Rogue.
Après le départ de son mari, Sylvie avait rangé la cuisine, puis elle s'était installée dans le canapé, avec en face d'elle la liste des nouveaux élèves qui devaient être répartis le lendemain. Elle s'intéressait particulièrement à ceux qui avaient grandi dans des familles moldues. Bien qu'elle n'ait jamais eu une fonction définie de manière officielle dans l'école, elle était devenue au fil des ans une sorte d'assistance sociale, ou peut-être plus exactement une « maman de remplacement » pour ceux qui arrivaient, à onze ans, dans ce monde étrange après qu'on les ait brusquement arrachés à leur famille. Les professeurs, les préfets, et la plupart des élèves n'hésitaient pas, quand ils trouvaient un enfant en pleurs, en proie au mal du pays ou simplement à un petit coup de cafard, à le lui envoyer. Elle avait ainsi noué des liens avec plusieurs jeunes sorciers, qui continuaient à venir la voir régulièrement même quand ils étaient parfaitement adaptés à la vie de Poudlard. Elle se sentait utile à l'école, surtout en ces débuts d'année, et c'était important pour elle. Bien qu'elle vécût depuis douze ans à Poudlard, et bien que pas un seul jour, en douze ans, elle ne l'ait regretté, elle devait bien souvent lutter contre le sentiment d'être une charge, une moldue qui n'avait pas sa place dans ce monde. Surtout ces derniers temps, depuis que les jumeaux commençaient à avoir moins besoin d'elle. Depuis deux ans, comme leurs aînés avant eux, ils allaient tous les matins à l'école élémentaire à Pré-au-Lard, et elle restait seule. Elle commençait à se demander ce qu'elle ferait lorsque tous ses enfants seraient élèves à Poudlard. Peut-être accepterait-elle enfin le poste de professeur d'Etudes des Moldus que Harry lui proposait depuis des années. Oui, ça pourrait être intéressant. Mais pas tant que les jumeaux continueraient de passer leurs après-midis à la maison.
Elle essaya de se concentrer sur les papiers qu'elle avait sous les yeux. Mais elle en fut empêchée lorsque la porte d'entrée s'ouvrit en coup de vent. Les cheveux ébouriffés, le visage bronzé, James entra, tenant son balai à la main.
« Déjà rentré ? S'étonna-t-elle, en souriant à son aîné. J'aurais cru que tu profiterais de ton dernier après-midi pour t'entraîner jusqu'au soir ! »
Il lui adressa ce sourire qui, sans nul doute, briserait un jour les cœurs s'il ne le faisait pas déjà.
« Madame Laigle est venue vérifier que le terrain était prêt pour la rentrée, c'était moins drôle avec elle en dessous à me crier de ne pas aller trop haut. En plus, je n'ai pas fini mon devoir de Potions, et Rogue va me tuer si je ne lui rends pas à temps.
James ! Protesta Sylvie, à la fois parce qu'il faisait ses devoirs à la dernière minute, et parce que le ton qu'il prenait pour parler de son professeur n'était pas convenable.
Désolé, s'excusa-t-il. Le professeur Rogue. Je vais monter. Papa est rentré ?
Non, il ne reviendra sûrement pas avant la fin de l'après-midi. Tu n'oublie pas que nous allons dîner chez Arthur et Molly, ce soir ?
Bien sûr que non. Voyons, maman, on y va tous les ans ! Et je suis drôlement pressé de revoir tout le monde. Ca n'est pas souvent que Cassie est loin de Poudlard. Et Fred m'a promis qu'il aurait plein de nouveautés à nous faire découvrir.
Quelle joie, ironisa Sylvie en prenant un air faussement mécontent. Et il va falloir combien de temps pour que tu te retrouves en retenue, et que Hermione vienne se plaindre que tu as fait perdre des points à Griffondor ? N'oublie pas qu'elle est ta nouvelle directrice de maison.
je sais. Ca va faire bizarre. Mais elle ne peut pas se plaindre, je ne fais pas perdre tant de points, et j'en fais gagner beaucoup plus.
On verra ça. En attendant monte faire tes devoirs.
Oui M'man. » il lui fit un salut militaire, et gravit les escaliers quatre à quatre. Sylvie le regarda, amusée, et soupira. Elle ne pouvait pas croire que cet adolescent était son fils. Il lui semblait que, la veille encore, elle l'avait bercé pour qu'il s'endorme. Et, à présent, il était presque aussi grand qu'elle, et sa voix était de plus en plus grave.
Repoussant les papiers qu'elle n'avait pas lus, elle se leva. Après tout, cet après-midi était le dernier tranquille pour tout le monde, et elle décida d'en profiter elle aussi pour faire un tour dans le parc, avant que les étudiants n'en reprennent possession. Elle emmènerait les petits, elle doutait que James puisse travailler correctement avec tout le bruit qui venait de la chambre de Finch. A ses cris et ses rires, et aux bruits fréquents d'explosion, elle comprenait que Sean y était occupé à ce qui était son jeu favori du moment : faire sauter de petites grenouilles en caoutchouc qui explosaient et produisaient des étincelles multicolores. Pour augmenter le plaisir, il utilisait des pétards Tadaboum pour lancer les grenouilles, au lieu du ressort qui était vendu avec les jouets. En fond sonore sur ce vacarme, une sonatine de Beethoven indiquait que Finch, imperturbable malgré l'agitation qui régnait dans sa chambre, était au piano. Elle se figea un instant pour tenter d'écouter. Les dons de son plus jeune fils pour la musique l'avaient toujours sidérée. A quatre ans, c'était à peine si on pouvait le détacher du vieux clavier qui occupait la salle à manger de ses parents à elle. Cette fascination les avaient poussés à acquérir eux aussi un piano, et à présenter Finch à Mr Claude, le vieux professeur qui venait enseigner la musique aux élèves de Poudlard qui le souhaitaient, la plupart nés de parents moldus. Celui-ci avait tout de suite exigé qu'on lui laisse l'enfant une fois par semaine, et la vitesse à laquelle il avait progressé était prodigieuse. Ce don, les sorciers ne savaient pas l'apprécier. La plupart étaient insensibles au charme de l'appareil moldu, lui préférant les harmonicordes ou autres xylophones à baguette. Mais lorsqu'elle regardait les petits doigts de son fils courir sur le piano, Sylvie en était toujours émerveillée. Le visage du petit garçon était également un spectacle à lui tout seul : il se transformait complètement dès que ses yeux se posaient sur la partition. Et c'était pour cela que, bien qu'il se révélât moins doué que les autres pour la magie, Sylvie était fière de son plus jeune fils. Pour cela aussi qu'il lui arrivait, secrètement, de souhaiter que le potentiel sorcier de Finch ne se révèle jamais, qu'il y ait au moins l'un de ses enfants dont elle puisse exhiber fièrement les dons dans ce qui avait été son monde, que ses parents puissent vanter les prouesses d'un de leurs petit-fils.
Elle entra sans bruit dans la chambre, et contempla les deux enfants. Le tableau qu'ils formaient était bien celui qu'elle avait imaginé, et elle sourit. Ce n'est que lorsque les dernières notes de la sonatine moururent sur le piano qu'elle parla, pour leur proposer un tour dans le parc. Ils furent tous deux enthousiastes, comme on peut l'être à sept ans.
« Est-ce qu'on ira voir Hagrid ? Demanda Sean qui adorait le géant.
Non, chéri, il est en réunion avec papa.
Dommage, dit Finch qui ne l'aimait pas moins que son frère.
Alors je prends mon balai, dit Sean. Leur père avait offert aux jumeaux, pour le précédent Noël, une paire de balais jouets qui leur permettaient de s'élever à une dizaine de centimètres au dessus du sol. Sean en était aussitôt devenu fou, il promettait de suivre les traces de James sur le terrain de
Quidditch, alors que Finch, à la grande déception de son père et de ses frères, n'avait aucun contrôle sur le sien et préférait de beaucoup garder les pieds sur le sol.
Si tu veux, répondit Sylvie en gratifiant le garçon brun d'un sourire. Dépêchez-vous de mettre vos chaussures, je vais voir si Eléonore veut venir avec nous. »
Elle trouva sa fille à son bureau, en train d'écrire avec énergie sur un morceau de parchemin. Près d'elle se tenait un hibou au pelage fauve, et une lettre que visiblement elle venait d'ouvrir.
« Qui t'a écrit ? Lui demanda sa mère.
Cindy » , répondit la jeune fille. La fille aînée de Gorges et Claire avait exactement son âge, et elles s'entendaient à merveille depuis toujours. Au grand désespoir de ses parents, qui ignoraient la présence des mots « sérieux » et « tranquillité » dans le dictionnaire, c'était une enfant calme et effacée.
« Pourquoi prends-tu la peine de répondre ? Demanda Sylvie. On les voit ce soir, et son hibou n'arrivera pas longtemps avant.
C'est juste un petit mot. Je n'aime pas renvoyer les hiboux à vide, j'ai l'impression qu'ils vont penser que je suis mécontente de leurs services. » Elle posa sa plume et attacha le parchemin à la patte du hibou, puis tapota doucement la tête de l'animal qui s'envola par la fenêtre ouverte après lui avoir amicalement mordillé l'oreille, puis se leva pour aller regarder dehors.
« j'ai l'impression que la journée ne finira jamais, dit-elle. C'est drôle de penser que demain je ne vivrai plus ici mais dans le dortoir d'une des maisons. Je ne sais pas comment j'aurais fait si papa n'avait pas été le directeur du collège, et si on avait habité ailleurs. Pour partir comme ça.
Tu t'y serais faite. Tout le monde y arrive. Mais je suis bien contente moi aussi que ma petite fille ne parte pas trop loin.
Tu crois que papa sera très mécontent si je ne suis pas à Griffondor ?
Pourquoi dis-tu ça ? Ton père est le directeur du collège, il sait que toutes les maisons ont leurs mérites.
Tu sais très bien que ce n'est pas vrai. Il ne dira rien, parce qu'il essaie d'être impartial, mais je sais qu'il serait déçu si je devais être à Serpentard, par exemple.
Il pourrait te surprendre. Tu sais que lui-même le choixpeau voulait l'envoyer à Serpentard. Et puis tu ne seras pas envoyée à Serpentard. Crois-moi, j'ai fréquenté suffisamment d'élèves de toutes les maisons pour m'en rendre compte. Tu seras Griffondor ou Serdaigle, probablement pas une Poufsouffle, mais certainement pas une Serpentard. Le seul de vous quatre que je pourrais voir à Serpentard, c'est Sean. Mais rien n'est moins sûr. Cesse de te tracasser, tout va très bien se passer. »
Sylvie avait complètement oublié pourquoi elle était entrée dans la chambre de sa fille, et ce furent des cris qui se chargèrent brusquement de le lui rappeler.
« Taisez-vous un peu les mioches ! J'essaie de travailler ! Sean je te préviens que si tu n'arrêtes pas immédiatement cette chanson stupide, ça va aller très mal pour toi. »
La voix de Sean répondit à celle de James quelques choses qu'elles ne comprirent pas, mais son ton insolent ne laissait pas beaucoup de doute sur la teneur de ses paroles. Pas plus que le cri énervé de l'aîné. La mère et la fille échangèrent un regard et éclatèrent de rire.
« Le dernier jour des vacances, remarqua Sylvie, James essaie toujours de diminuer la peine que nous causera son départ en se rendant insupportable. Le professeur Rogue lui fournit généralement une aide appréciable dans ce sens.» Puis elle se précipita hors de la pièce en appelant ses deux plus jeunes enfants. Quelques instants plus tard, le calme était revenu et, Eléonore ayant accepté de les accompagner, tous les quatre franchissaient les grandes portes en bois du collège. Bientôt, les trois enfants se mirent à courir dans le parc désert, se poursuivant en riant. Sean, juché sur son balai, était la proie que les deux autres s'étaient ligués pour attraper. Comme il utilisait souvent sa mère comme rempart, celle-ci finit par être entraînée dans le jeu, auquel elle participa de si bon cœur qu'elle fut surprise, en consultant sa montre, de constater qu'il était presque l'heure de partir chez les Weasley.
Un coup d'œil à ses deux plus jeunes fils lui fit comprendre qu'ils seraient en retard : comme à leur habitude, les enfants avaient trouvé le moyen de tant et si bien se rouler par terre qu'ils étaient couverts de poussière, et elle devrait leur faire prendre un bain.
« Allez, venez, déclara-t-elle fermement en commençant à se diriger vers le château. Eléonore et Finch s'arrêtèrent docilement de courir et vinrent se ranger à ses côtés. Sean fit partir son balai dans la direction opposée.
« Je viendrai quand tu m'auras attrapé, maman ! Lança-t-il de sa petite voix aigue. Sylvie soupira, et se prépara à une longue lutte pour faire rentrer l'enfant.
Finalement, une heure plus tard, après que Sean eut été convaincu de rentrer pour aller voir Gaston, le fils de Fred et Angélina, qui était presque aussi turbulent que lui, et après que les deux jumeaux aient été plongés rapidement dans un bain et habillés proprement, Sylvie considéra qu'ils étaient prêts pour partir. Entre temps, Harry était rentré, plutôt content de la réunion, Eléonore s'était changée elle aussi, et sa mère avait réussi à prendre cinq minutes pour passer des vêtements propres, se coiffer et se maquiller légèrement.
Ils avaient une bonne demi-heure de retard lorsqu'ils se regroupèrent dans le salon, mais cela n'était pas gênant : aucun des ménages Weasley n'était réputé pour sa ponctualité, sauf peut-être celui de Percy, et ils étaient à peu près sûrs de ne pas être les derniers. Mais ce n'est que lorsqu'ils furent tous prêts pour prendre la poudre de cheminette qu'ils remarquèrent l'absence de James.
« Qu'est-ce qu'il fait ? Demanda Harry. Il n'était tout de même pas concentré sur ses potions au point d'oublier les Weasley ! Ou de ne pas entendre tout le bruit que vous avez fait ! » Ca ne ressemblait pas à leur aîné de se faire attendre, et surtout de ne pas donner signe de vie.
Eleonore, demanda Sylvie, réalisant soudain qu'elle ne l'avait pas vu depuis qu'ils étaient rentrés de leur promenade, vas le chercher. Dis-lui qu'il se dépêche. » La jeune fille remonta l'escalier quatre à quatre, et ils l'entendirent frapper à la porte de son frère en criant son nom. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans qu'aucun des deux jeunes ne redescende. Sylvie commença à s'énerver. Harry avait sur le visage une expression qui n'était pas pour la calmer, lui aussi semblait irrité, ce qui lui arrivait rarement, et encore moins souvent deux fois dans la même journée. Finalement, n'y tenant plus, après qu'ils eurent appelé en vain James et sa sœur pendant, lui semblait-il, bien assez longtemps, Sylvie annonça : « Je vais les chercher », et s'élança à son tour dans l'escalier.
Harry la regarda grimper les marches avec agilité.
« Oh, j'aimerais pas être à la place de James, murmura Sean à l'oreille de son jumeau, suffisamment fort pour être entendu de leur père. Celui-ci fit taire les jumeaux et tendit l'oreille. Pourquoi aucun bruit ne leur parvenait-il du haut de l'escalier ? Sans qu'il puisse se l'expliquer, un sentiment de malaise grandissait au creux de son estomac, l'impression que quelque chose se passait là-haut qui ne devrait pas. Sans trop savoir pourquoi, mû peut-être par l'instinct qui lui avait fait survivre à Voldemort, il tira de sa poche sa baguette magique, et se plaça en position défensive devant ses deux plus jeunes fils. Un étranger pénétrant dans la pièce l'aurait sans doute pris pour un fou : depuis douze ans, aucune menace sérieuse n'avait pesé sur le monde des sorciers, et il était insensé d'imaginer que quoi que ce soit puisse se produire à Poudlard, encore moins dans les appartements de son directeur, qui était de loin le sorcier le plus puissant du moment. Pourtant, plus les secondes passaient, plus Harry était persuadé qu'il était arrivé quelque chose à sa famille. Sans les deux enfants qui, pour une fois silencieux, suivaient tous ses gestes avec une perplexité inquiète, il se serait précipité au premier étage pour savoir ce qui se passait, mais s'il y avait réellement un danger, n'allait-il pas s'en prendre aux jumeaux si Harry les laissait ? Mais les autres avaient peut-être besoin de lui… Si James avait simplement été dans sa chambre, et avait oublié l'heure, il n'aurait pas mis si longtemps à descendre, il brûlait d'impatience depuis des jours de retrouver les Weasley parmi qui il avait de nombreux amis, si, pour une raison ou une autre, il ne s'y était pas trouvé, Eléonore serait redescendue rapidement. Et si quelque chose l'avait retardé, Sylvie en aurait informé son mari, pour éviter qu'il ne s'énerve et au besoin pour lui demander son aide.
Toutes ces pensées traversèrent la tête de Harry en à peine quelques secondes, il n'en fut même pas réellement conscient, mais il savait qu'il y avait un grave problème. Et, parce que, même après tout ce temps, ce réflexe était encore profondément ancré en lui, il pensa immédiatement à ses anciens ennemis. Si un mangemort était là-haut, s'il en prenait à sa famille, il le paierait très cher.
« Restez derrière moi, ordonna-t-il aux jumeaux qui le regardèrent curieusement mais, sentant la sécheresse de sa voix, jugèrent préférable de ne pas le contrarier et se placèrent dans son dos.
« Vous ne me quittez pas sauf si ça tourne mal, dans ce cas vous filez direct au bureau du professeur Flitwick, c'est compris ?
Qu'est-ce qui se passe, papa ? Demanda Sean.
je ne sais pas. Mais on ne va pas tarder à le découvrir. » Suivi par deux enfants effrayés, il commença à gravir les marches. La porte de la chambre de James était la plus éloignée de l'escalier, et c'est vers elle qu'il se dirigea. Elle était à demi fermée, et il l'ouvrit d'un coup de pied.
La chambre était vide. Confirmé dans ses doutes, Harry ouvrit avec une panique grandissante les autres portes de l'étage. Il n'y avait personne. Il retourna dans celle de James. Si quelque chose était arrivé, c'était là que ça s'était produit. Il n'y avait aucun signe de lutte, les affaires de son fils aîné étaient légèrement en désordre, mais pas plus que d'habitude. Ce fut Sean qui remarqua le premier le médaillon en or qui se trouvait par terre près de la porte.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda-t-il en s'avançant pour s'en emparer. C'était un bijou qui semblait luxueux et qui n'appartenait pas à James. Harry comprit tout de suite que cet objet n'avait rien à faire là.
« Ne touche pas à ça ! Hurla-t-il à son jeune fils. Mais l'enfant avait déjà la main sur le bijou. A l'instant où il le toucha, un halo lumineux enveloppa son petit corps, et il disparut.
« Sean ! Cria Harry. Il fixa un moment l'endroit où le garçon avait disparu. Et les autres aussi, vraisemblablement. Il s'approcha du bijou, bien décidé à les retrouver, mais une pression sur sa manche le fit se retourner.
« Papa, demanda Finch d'une petite voix, où est Sean ? Où sont les autres ?
Je ne sais pas, répondit Harry, en se maudissant intérieurement. Quel père indigne était-il pour avoir oublié la présence de son fils cadet ? Il passa la main dans les cheveux de l'enfant qui semblait sur le point de fondre en larmes, et s'agenouilla pour être à son niveau. « Ecoute, Finch, dit-il, je veux que tu ailles trouver le professeur Flitwick. Tu lui racontera ce qui s'est passé, et tu restes avec lui jusqu'à ce que je revienne. C'est compris ?
Et toi, où tu vas ?
Je vais aller les chercher.
Je veux venir avec toi.
C'est beaucoup trop dangereux. Et puis, j'ai une mission pour toi. Tu diras à Flitwick de prévenir Ron et Hermione et qu'ils fassent des recherches sur cet objet. Ca nous aidera à revenir. D'accord ?
Mais quand allez-vous revenir ? Papa, je ne veux pas que tu partes, je ne veux pas rester tout seul ! Et si vous ne reveniez pas ?
Je te promets que je reviendrai, avec Sean, maman, Leo et James. Maintenant sois un grand garçon et vas-y. Ils ont besoin de moi.» Le petit garçon lui lança un regard plein d'anxiété et de détresse, mais il hocha la tête et partit. Harry respira profondément en le voyant disparaître dans le couloir. L'un au moins de ses enfants serait en sécurité ce soir. Puis il toucha à son tour le médaillon doré. Tout se mit à tourner autour de lui, alors que ce qu'il croyait être un Portauloin l'emmenait retrouver le reste de sa famille.
Après être sorti de la chambre de James, Finch se mit à courir. Des larmes roulaient sur ses joues. Il ne comprenait pas ce qui se passait, tout ce qu'il savait c'était que l'objet qui se trouvait par terre avait avalé sa mère, sa sœur, et ses frères. Et maintenant, son père allait disparaître, lui aussi, il en était sûr. Il avait confiance en Harry quand il disait qu'il allait revenir et ramener les autres, bien sûr. Après tout, son père ne mentait jamais. Et puis il pouvait tout faire. Mais pour l'instant, il était tout seul à rester au château. Il arriva enfin à la porte du professeur Flitwick, et tambourina à la porte.
« Professeur ! Appela-t-il d'une voix suraiguë, Professeur ! » Mais la porte restait fermée. La panique commença à s'emparer du petit garçon, qui se mit à frapper de toute la force de ses poings fermés contre le bois, en hurlant comme il n'avait jamais hurlé de sa vie. Son père avait dit que Flitwick serait là, qu'allait-il faire si ce n'était pas le cas ? Et il avait une mission. Il devait faire savoir à Ron et Hermione… Et si les autres ne pouvaient pas rentrer parce qu'il n'avait pas dit ce qu'il devait ! Il se remit à pleurer, en continuant de marteler le bois de la porte.
Une voix suave le fit sursauter. « Dis-donc, petit, ton très cher père aurait-il oublié de veiller sur toi ? Pourrais-je savoir pourquoi tu essaie ainsi de casser la porte ? Flitwick n'est pas là, c'est inutile de t'acharner. »
Grand, l'air féroce, les cheveux toujours aussi noirs bien qu'il ait depuis longtemps passé la cinquantaine, le professeur Rogue se tenait devant lui. Et Finch avait toujours été terrifié par lui. Il ne l'avait croisé que deux ou trois fois, et à chaque fois l'un de ses parents avait été avec lui, mais malgré leur présence le visage dur, et surtout les yeux féroces de l'homme, avaient suffis à le rendre muet. En tremblant, Finch fit un pas en arrière.
« Qu'est-ce qui se passe ? Demanda l'homme. Qu'est-ce que tu lui voulais, à Flitwick ? » Finch ne répondit pas, mais recula de nouveau. Son père et Ron, il le savait, n'aimaient pas Rogue. Il les avait entendus en parler assez souvent. Ils le traitaient de vieux râleur aux cheveux gras. Du moins quand ils pensaient que les enfants n'entendaient pas. Pourtant, son père le gardait dans son école comme professeur, et sa mère avait toujours dit qu'en cas de problème il pouvait demander de l'aide à n'importe lequel des professeurs du collège.
« Alors, petit, reprit le professeur. C'est Finch, ton prénom, n'est-ce pas ? Tu as avalé ta langue ? Je croyais t'avoir posé une question !
Ils ont disparu, balbutia enfin l'enfant. Il y avait un bijou en or, et ils ont tous disparu. Papa a dit que je devais rester avec Mr Flitwick et lui dire de dire à Ron et Hermione ce qui s'était passé, pour qu'ils les aident à revenir, mais il n'est pas là et...
Tous ? Qui, tous ? coupa l'homme. Il avait tiré sa baguette, les traits soudain en alerte.
Papa, maman, James, Leo et Sean.
Merlin, râla l'homme d'un ton qui fit trembler encore un peu plus le petit garçon, pourquoi faut-il que les Potter trouvent toujours le moyen de se mettre dans les ennuis, et que je sois si souvent celui qui doit les secourir ? Toi, ajouta-t-il en prenant sans douceur la main de l'enfant, tu viens avec moi. »
Rogue s'éloigna à grands pas dans le couloir, traînant derrière lui Finch qui n'arrivait pas, même en courant, à rester à sa hauteur et n'arrêtait pas de trébucher. Finalement, il poussa un soupir d'exaspération et, soulevant l'enfant, le jeta sur son épaule pour reprendre sa route. Il ne s'arrêta pas pour frapper en arrivant dans l'appartement des Potter. Il avait compris aux paroles du petit garçon qu'il s'était passé quelque chose de grave. Et si ce n'était pas le cas et que Potter père s'étonnait de sa présence, il en ferait retomber la faute sur le môme. Tout semblait en ordre, mais il ne baissa pas sa baguette pour autant. Des années à tromper Voldemort lui avaient appris à toujours rester sur ses gardes, à se méfier des situations les plus anodines Et ce n'était pas parce qu'ils vivaient en paix depuis douze ans que cette habitude s'était perdue. Au discours incohérent que le gosse lui avait fait, il avait compris que quelqu'un avait placé un Portoloin dans l'appartement des Potter. Avec des intentions qui n'étaient probablement pas bonnes. Il devait découvrir où ils avaient été emmenés et, au besoin, aider à les tirer de là. Bien sûr, Rogue n'aimait pas les Potter, aucun d'eux. Il ne les avait jamais aimés. Mais il devait bien reconnaître que Harry faisait du bon travail ici à Poudlard, et que sa disparition serait une grande perte pour le collège, voire pour la sorcellerie en général. Il posa l'enfant à terre, sans douceur. Avoir à se coltiner ce gamin peureux et pleurnichard était peut-être ce qui l'énervait le plus dans cette histoire. Il n'aimait pas beaucoup les enfants, s'exaspérant souvent des comportement puérils des première années. Dès qu'il se serait fait une idée plus nette de ce qui se passait, il trouverait quelqu'un à qui le refiler.
« Montre-moi où est cet objet, ordonna-t-il sèchement. Finch s'élança dans l'escalier, et le conduisit dans une chambre. Il désigna d'un doigt tremblant un bijou en or qui était posé par terre près de la porte. Rogue hocha la tête. C'était presque certainement un genre de portoloin. Mais les portoloins étaient habituellement transportés avec ceux qui les utilisaient. Qu'est-ce que c'était que cette nouvelle invention ? Il jugea préférable de ne pas y toucher pour l'instant. D'abord, prévenir d'autres personnes, se débarrasser du gosse, et ensuite ils aviseraient. Depuis qu'ils avaient fait l'expérience de Voldemort, les sorciers n'aimaient pas beaucoup les disparitions. Et puis, la rentrée était le lendemain, Potter ne pouvait pas ne pas être là.
Attrapant d'une main le jeune Potter, il redescendit dans le salon. Il jeta l'enfant dans un fauteuil et lui ordonna de rester tranquille. Il fouilla le dessus de la cheminée à la recherche de Poudre de cheminette, et, n'en trouvant pas, en choisit une qui servait à établir une communication, et en prit une poignée qu'il jeta dans le feu.
« le Terrier ! lança-t-il. Il savait que les Weasley étaient tous réunis là-bas ce soir là. Un visage ne tarda pas à apparaître dans l'âtre.
Molly, aboya-t-il. L'expression aimable de la mère de Ron se refroidit significativement.
Severus, répondit-elle. Que se passe-t-il ?
Est-ce que les Potter sont chez vous ?
Non, nous les attendons encore. Avez-vous quelque chose à dire à Harry ?
allez chercher les autres, je crois qu'ils ont disparu.
Disparu ? Mais c'est impossible ! Comment toute une famille pourrait-elle disparaître ?
Molly ! Nous n'avons pas de temps à perdre ! » Paniquée, la femme se mit à hurler les noms de ses enfants. Rogue soupira. Il détestait les cris et l'agitation des Weasley, qui lui rappelaient la salle commune des Griffondors aux pires moments. Un vacarme épouvantable lui parvint par la cheminée alors que la famille apprenait la nouvelle et se réunissait. Finalement, le visage d'Arthur apparut en face de lui.
« Nous sommes tous là à vous écouter » , dit-il.
Rapidement, Rogue raconta ce qu'il savait. Le silence régnait dans la pièce quand il eut finit.
« La première chose à faire est d'amener Finch ici, dit finalement Hermione, puis nous allons examiner plus en détail ce fameux bijou. Le problème est que nous ne savons pas si nous pouvons le manipuler sans risque.
Peut-être devrions nous attendre un peu, dit une voix que Rogue ne reconnut pas,. Après tout, il s'agit de Harry. Il devrait trouver le moyen de rentrer.
Peut-être, mais ça ne nous empêche pas d'essayer de comprendre ce qui lui est arrivé.
Vous devriez commencer par établir une connexion par poudre de cheminette, fit remarquer Rogue. Je n'en ai pas trouvé ici. »
Il se retira de la cheminée. Quelques instants plus tard, Ron en sortait, bientôt suivi de sa femme et de quelques autres Weasley, ou amis de la famille. Artur, et Percy, qui travaillaient toujours pour le ministère, Drago Malefoy, le seul que Rogue était heureux de voir, bien qu'il n'ait jamais compris ce qui avait poussé celui qui avait été son meilleur élève à épouser la jeune sœur de Ron. D'ailleurs, celle-ci suivait son mari.
"Je vais prendre Finch, et l'emmener au Terrier, expliqua-t-elle alors que Ron se retournait vers elle avec le même air protecteur qu'il devait déjà avoir quand ils étaient enfants, et que Drago, lui aussi, le regardait d'un air étonné. Je ne reste pas. Le pauvre chéri doit être complètement perdu. Où est-il ?"
La question était adressée à Rogue, qui répondit d'un ton sec : "Sur le canapé." Il accompagna sa phrase d'un mouvement de la main, mais ne prit pas la peine de regarder l'endroit où il avait laissé l'enfant.
"Il n'y est pas" , dit Ginny d'une voix plus aigue qu'à l'ordinaire. Rogue étouffa un juron et se résolut à lever lui aussi les yeux vers le canapé. Force lui fut de constater qu'en effet l'enfant n'était plus là. Qu'est-ce que ce petit idiot avait bien pu inventer ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement rester tranquille, faire ce qu'on lui demandait ?
"Vous ne pouviez pas le surveiller ?" Ca y était, maintenant Ronald Weasley était en colère. "C'est trop vous demander que de vous occuper d'un enfant de sept ans ?
Ron !" Hermione semblait scandalisée que son mari s'adresse ainsi à son ancien professeur. " Qu'est-ce qui te prend ? Professeur, vous n'avez aucune idée de l'endroit où il aurait pu aller ?
Je l'aurais su s'il avait quitté l'appartement. A mon avis, il est retourné dans la chambre où se trouvait cet étrange bijou.
Quoi ?" Si c'était possible, la femme avait pâli. "Vous pensez qu'il aurait pu essayer... de les suivre ?" Sans attendre de réponse, elle se précipita au premier étage, en appelant le petit garçon. Sans réponse. Il leur fallut bientôt se rendre à l'évidence, il avait suivi le reste de sa famille.
Dans la chambre de James, l'étrange bijou était toujours là, mais Rogue remarqua tout de suite qu'il avait changé : il était terne, presque noir par endroits, comme s'il avait vieilli de plusieurs siècles en quelques minutes. A l'aide de pinces, Drago le ramassa et le mit dans un sac. Plus tard, un groupe d'Aurors essayerait de percer son secret. Mais Rogue se doutait de ce que signifiait le changement d'aspect : l'étrange objet, il l'aurait juré, ne fonctionnait plus. Il avait dû être réglé pour fonctionner pendant un certain temps, ou pour transporter un certain nombre de personnes. Où qu'ils soient, les Potter devraient se débrouiller seuls.
