Disclaimer : Non, malheureusement ce n'est pas moi qui ai la chance de posséder Harry et ses amis et de gagner des millions avec. Je me permets cependant de les emprunter pour quelques pages.
Chapitre 2 : Perdus
Jurant entre ses dents pour la énième fois depuis qu'il avait été aspiré hors de sa chambre, James écarta rageusement les branchages qui lui barraient la route. Il tournait en rond, il en était sûr. Mais quel idiot avait-il été, aussi de vouloir examiner de plus près l'étrange pendentif qui s'était soudain matérialisé au pied de son lit ! Il aurait dû se douter tout de suite qu'il y avait quelque chose de louche là dessous. Son père lui avait assez répété de prendre garde à tous les objets qu'il ne connaissait pas et qui semblaient magiques, et en particuliers quand il était dans sa chambre. Cette chambre qui avait été la bibliothèque privée des directeurs avant que l'un d'eux ne décide qu'il était stupide de conserver tant d'ouvrages de valeur pour son usage personnel et n'en fasse don à la bibliothèque du collège. Harry craignait que les puissants sorciers qui avaient utilisé la pièce pendant des années n'aient laissé des traces de leur passage, et il avait beaucoup hésité avant de laisser James en faire sa chambre, mais celui-ci aimait la grande pièce et la vue imprenable qu'elle avait sur le terrain de Quidditch, et son père avait fini par céder. Après avoir fait promettre à James de venir le trouver immédiatement s'il découvrait quoi que ce soit d'anormal… A l'époque, cela avait beaucoup énervé le garçon, qui ne voyait pas comment la pièce qui n'avait pas servi ou presque depuis près de deux cent ans, aurait pu contenir quelque chose de dangereux, mais à présent il se mordait les doigts de n'avoir pas pris plus au sérieux les inquiétudes de son père. Mais aussi comment aurait-il pu penser, en découvrant soudain ce bijou brillant, qu'il s'agissait d'un portoloin ? A peine l'avait-il touché qu'il s'était retrouvé dans cette forêt si épaisse qu'il devait à chaque instant se frayer un passage au milieu des arbres. Si encore il s'était agi d'un Portoloin comme ceux qu'il connaissait, il lui aurait suffit de le toucher à nouveau pour rentrer chez lui, mais celui-ci semblait ne pas offrir d'espoir de retour : l'objet avait disparu de sa main quand il avait été amené ici. Et il tournait maintenant depuis des heures dans ce bois sans avoir rencontré la moindre trace de vie.
Fatigué, James s'assit sur un tronc. Quand tu ne sais plus quoi faire d'autre, arrête-toi un peu pour réfléchir. Il ne se rappelait pas qui lui avait dit ça un jour, mais le moment semblait approprié pour appliquer le conseil. Sauf qu'en l'occurrence, réfléchir ne réussit qu'à obscurcir un peu plus son horizon déjà peu glorieux. Il n'arrivait pas à trouver un moyen de sortir de là, et il fallait pourtant bien qu'il y parvienne, la perspective de mourir de faim dans cette horrible forêt ne l'enchantant que modérément. Où était-il ? Le seul endroit où il avait déjà vu des arbres aussi denses, c'était dans la forêt interdite qui entourait Poudlard. Mais là bas, les arbres n'étaient denses que par endroits, ailleurs Hagrid ou certains occupants de la forêt se chargeaient d'éclaircir un peu la végétation et d'aménager des chemins. Certes, il avait l'impression de tourner en rond, mais il avait tout de même dû parcourir une certaine distance… Ce qui était peut-être une faute. S'il était resté à son point de départ, peut-être son père aurait-il pu le retrouver. Après tout, Harry était le sorcier le plus puissant que le monde ait vu depuis bien des années. Il l'avait tellement entendu dire qu'il avait envie de hurler quand un de ses camarades de collège lui parlait de son père en ces termes avec de la vénération dans la voix, mais il était bien forcé de reconnaître que c'était vrai. S'il était irrité, bien souvent, d'être « le fils de Harry Potter », il en ressentait aussi une certaine fierté. Son père avait été le héros de sa petite enfance, et encore maintenant, sa seule présence était toujours pour James un gage de sécurité. Mais à présent qu'il était seul, il ne pouvait compter que sur lui-même. Il n'était pas sans ressources, il n'était pas que le fils du directeur, c'était ce qu'il essayait de prouver depuis trois ans. Il devait s'en sortir seul. Après tout, peut-être était-il moins loin qu'il ne le pensait de chez lui. Cette forêt ressemblait malgré tout à la forêt interdite… Peut-être y avait-il dans une partie qu'il n'avait jamais explorée un sortilège qui forçait les gens à tourner en rond, qui les empêchait de sortir… Il ne sortirait pas d'ici en restant assis. Se relevant, il utilisa sa baguette pour laisser un signe rouge sur un arbre proche. Cette marque lui servirait de point de repère si jamais il se remettait à tourner en rond. Et elle indiquerait à ses parents, ou à quiconque aurait l'idée de venir le chercher dans ce bois, qu'il était passé par là. Et, sans grand espoir car il avait déjà essayé des dizaines de fois depuis qu'il était là, il envoya une gerbe d'étincelles rouges.
Cette fois, quatre paires d'yeux captèrent le signal. A quelques centaines de mètres à peine, Harry, Sylvie, Léonore et Sean se trouvaient eux aussi dans l'immense forêt. La mère était arrivée juste à temps pour rappeler sa fille qui s'éloignait déjà, et elles avaient compris que, si elles étaient arrivées là toutes les deux et que personne ne les avait vues, il y avait de fortes chance pour que d'autres suivent le même chemin. Toutes deux espéraient que ce serait Harry, et l'arrivée de Sean les avait déconcertées, mais elles s'étaient félicitées d'être restées, ce qui avait évité au petit garçon de se retrouver seul dans l'épaisse forêt. Certes, Sean n'était pas du genre à s'effaroucher facilement, mais il y avait de quoi faire faire des cauchemars à l'enfant le plus courageux. Et Harry avait suivi de peu le petit garçon. De toute la famille, il était le seul qui s'était attendu à être transporté quelque part lorsqu'il avait touché le bijou, et il avait sa baguette levée et sur le visage une expression concentrée.
En apercevant sa femme et ses enfants, il s'était précipité pour les serrer dans ses bras, bien qu'il ne les ait quittés que quelques minutes auparavant.
« Papa, où sommes nous ? » Avait alors demandé Léonore. La question avait fait redescendre tout le monde sur terre. Et la petite fille avait regretté d'avoir posé la question quand son père avait répondu avec un air sérieux qu'elle ne lui connaissait pas : « Je ne sais pas, chérie. » puis, voyant l'effet que sa réponse avait sur sa famille, il avait souri et ajouté : « Mais nous n'allons pas tarder à le savoir. Ne vous inquiétez pas, nous allons rentrer à la maison.
Nous devons d'abord retrouver James, avait alors dit Sylvie. Je me demande où il est.
je pense qu'il est venu ici comme nous. Mais j'ignore combien de temps avant. Le connaissant, il a dû partir en exploration. Ne t'inquiète pas, nous allons le retrouver. » Sylvie avait hoché la tête, et Harry savait ce qu'elle pensait. Leur fils de treize ans était seul quelque part dans cette forêt. Ils devaient le retrouver avant qu'il ne lui arrive malheur. Sans prévenir, et provoquant un sursaut chez les autres, le sorcier prit soudain sa forme animagus. Ses sens étaient bien plus développés ainsi, et il pouvait sentir la trace de son aîné. Très certainement, James était venu ici. Il renifla plus attentivement. Aucune effluve ne trahissait la présence d'un quelconque danger. Il pouvait certes distinguer la trace d'un sanglier, ce qui ressemblait à l'odeur d'un loup, mais il aurait été surprenant qu'aucun animal ne vive dans cette immense forêt. De plus, les traces étaient anciennes, et il s'agissaient d'animaux sortant préférentiellement la nuit. Lentement, pour permettre à sa famille de le suivre, il se mit à suivre la piste de son fils. D'abord, le retrouver et s'assurer qu'il allait bien. Ensuite, ils pourraient essayer de comprendre où ils étaient, comment ils y étaient arrivés, et surtout ce qu'ils devaient faire pour rentrer chez eux. Il ne se faisait pas trop de souci pour cela : dès qu'il saurait où ils étaient, et il finirait forcément par trouver une piste humaine s'il restait sous sa forme de lion, il trouverait le moyen de fabriquer un Portoloin pour Pré-au-Lard.
Il continua à flairer le sol. Il pouvait sentir des effluves humaines, en plus de celles de son fils, mais les traces étaient trop anciennes pour qu'il puisse en dire beaucoup plus. A voir l'état de la forêt, elle ne devait pas être très fréquentée. Lorsque les étincelles rouges furent soudain visibles à une centaine de mètres du petit groupe. Sylvie poussa un petit cri de soulagement, et Harry reprit sa forme humaine. Tous se mirent à appeler James avec une vigueur renouvelée en se dirigeant vers l'endroit où étaient apparues les étincelles. Ce n'est qu'en entendant la voix de son fils aîné lui répondre que Harry comprit à quel point il s'était inquiété. Se guidant mutuellement à la voix, le groupe et l'adolescent ne tardèrent pas à se rejoindre. James parut si soulagé de les voir que pour une fois il ne tenta pas de protester lorsque sa mère l'étreignit avec fougue. Mais la joie des retrouvailles ne dura que quelques minutes, jusqu'à ce que James se tourne vers son père.
« Où sommes nous ? Demanda-t-il. Quel était ce étrange objet qui m'a amené ici, et comment allons-nous rentrer à la maison ?
Dès que je saurai où nous sommes, je fabriquerai un portoloin. Mais pour ce qui est de cet étrange pendentif, je n'avais jamais rien vu de semblable. Je n'ai pas eu le temps de l'étudier.
Tu veux dire…Toi non plus tu ne savais pas que tu allais atterrir ici ? Mais alors… ? Comment se fait-il que tu aies amené les petits ?
Ils ont été pris de la même manière que toi, avant moi, répondit Harry d'un ton distant. Il était inquiet. Il avait beau répéter à sa famille de ne pas s'en, qu'ils allaient rentrer rapidement, il savait que ce ne serait probablement pas si simple. Avoir combattu Voldemort toutes ces années auparavant, et, plus généralement la vie qu'il menait dans le monde de la magie depuis, lui avaient appris une chose : ce genre d'incidents n'arrivaient jamais par hasard. Ce n'était pas le hasard qui avait fait appraître cet objet dans la chambre de James. Quelqu'un avait voulu les transporter ici. Pourtant, cela, il en était certain, personne n'était entré chez lui déposer le bijou. Il devait y avoir un sort qui l'avait fait apparaître là, et c'était un acte de magie assez élevée. D'un autre côté, il fallait être un sorcier de très haut niveau pour créer un portoloin comme celui-ci, capable de rester en place après avoir accompli son office, et de transporter à la chaîne plusieurs personnes. Harry pensait que lui aurait pu y arriver, après certainement quelques tâtonnement, mais ce n'était pas pour autant à la portée du premier sorcier venu. Et il n'aimait pas l'idée qu'un sorcier inconnu, extrêmement puissant, les ait fait venir ici. Lorsqu'il était sous sa forme de lion, il n'avait décelé aucune présence hostile, mais le flair de l'animal n'était pas infaillible, et cela ne voulait pas dire qu'on n'était pas là à les observer. D'un autre côté, aucun des anciens mangemorts auxquels il avait immédiatement pensé, puisqu'ils étaient ses principaux ennemis, ne lui semblaient capable de tels exploits. Alors ? Un nouveau mage noir à la puissance voisine de celle de Voldemort ? Tout avait été si calme ces derniers temps qu'il avait du mal à croire. De plus, c'était dans la chambre de James qu'était apparu le Portoloin, or il doutait que le jeune homme en ait été la cible. C'était plus probablement lui que l'on avait fait venir ici, et cela signifiait que le sorcier qui avait fabriqué l'objet avec l'intention de le faire apparaître là ignorait que la bibliothèque allait disparaître, et, que, quelques années plus tard, le bureau privé qui l'avait remplacée serait utilisé comme chambre pour un adolescent. A moins que l'on ait prévu que toute la famille serait prise au piège… Pourquoi ? Pourquoi s'en prendre à une femme moldue et à des enfants ?
Harry se remit en marche. Il n'y avait qu'un seul moyen de savoir dans quel but on les avait amenés ici, et c'était de poursuivre l'exploration. Il reprit pour quelques instants sa forme de lion, le temps de sentir ce qui les entourait. Les traces humaines étaient plus fortes, ici, qu'à l'endroit où ils avaient atterri, et il se dit que peut-être ils allaient finir par quitter la forêt et tomber sur un village. Il reprit sa forme humaine, et utilisa le sortilège pointe au Nord pour éviter de tourner en rond comme l'avait fait James. Mais au bout de cinq minutes à peine, il fut forcé de s'arrêter. Sean grognait et refusait plus loin.
« Je suis fatigué, protesta-t-il quand son père voulut le prendre par la main pour le faire aller plus loin. Je veux rentrer à la maison, et aller chez les Weasley. Je veux retourner avec Finch. J'en ai assez de cette forêt.
Nous allons rentrer à la maison, répondit Harry, mais pas tout de suite. Nous devons d'abord marcher pour sortir de la forêt et savoir où nous sommes. Tu es un petit homme courageux, n'est-ce pas ?
J'en ai assez de marcher ! » Harry soupira. Ce n'était pas étonnant que le petit garçon soit fatigué et énervé. Mais ils ne pouvaient pas s'arrêter maintenant… Se penchant sur son fils, il le souleva. Une fois confortablement installé sur son dos, Sean sembla trouver l'aventure moins désagréable. Mais alors qu'ils se remettaient en route, Sylvie arriva à sa hauteur.
« Harry, dit-elle, Sean n'a pas tout à fait tort. Nous n'avançons pas vite… combien de temps crois-tu qu'il va nous falloir pour sortir de la forêt, et qu'allons-nous trouver quand ce sera fait ?
Je l'ignore, et tu le sais. Même si je crois que nous somme tout près de la lisière du bois.
Il est près de dix heures du soir, et il va bientôt faire nuit. Léonore aussi est épuisée, même si elle le montre moins que Sean, et même James, qui erre depuis des heures. Aucun d'eux n'a dîné.
Je sais tout cela, coupa Harry. Mais je ne comprends pas bien où tu veux en venir. Si nous nous arrêtons, il va faire tout à fait nuit, et j'ai l'impression que la nuit sera fraîche. Nous devons continuer. Je suis désolé, mais nous n'avons pas le choix. Dans quelques heures nous serons chez nous.
Ce n'est pas vrai et tu le sais. Ce ne sera pas si simple. Nous n'allons pas tomber sur un deuxième pendentif qui nous ramènera chez nous, ou un autre objet du même genre.» Harry s'arrêta un instant pour la regarder. Sylvie faisait souvent preuve d'une finesse étonnannte. Elle semblait, elle aussi, en être arrivée à la conclusion que la personne qui les avait fait venir ici avait eu un but. Et, apparemment, elle avait également décelé les doutes de son mari, bien qu'il ait tout fait pour les cacher.
« D'accord, admit-il, je ne suis pas certain qu'on nous laisse rentrer chez nous si facilement. Mais que pouvons-nous faire d'autre qu'avancer jusqu'à ce que nous rencontrions quelqu'un ? » Au moment où il prononçait ces mots, il sut qu'il y avait une autre solution. Une qu'il avait préféré ne pas envisager, parce que cela signifiait admettre qu'ils avaient un problème grave, et que cela inquiéterait les enfants comme ceux qui devaient les chercher à Poudlard et au Terrier. Mais il devait reconnaître qu'il n'avait aucune idée de ce qui les attendait quand ils rencontreraient les gens qui habitaient cet étrange pays qui semblait si sauvage, et il préférait éviter d'y exposer les enfants dans l'immédiat. Ou Sylvie, qui pouvait être aussi désarmée que Sean si la magie était impliquée. D'un autre côté, il était hors de question qu'il les laisse seuls dans la forêt, surtout s'il faisait nuit. Peut-être, quand il ferait jour, pourrait-il les laisser à l'abri d'une barrière magique. James avait sa baguette, il saurait comment le prévenir en cas de problème… Oui, c'était beaucoup plus sûr ainsi. Sauf que cela signifiait qu'ils devraient passer la nuit ici.
« Tu penses que c'est plus raisonnable, n'est-ce pas ? Demanda-t-il à Sylvie.
Je ne sais pas, répondit sa femme en se serrant contre lui, comme pour puiser un peu d'énergie et de réconfort dans la chaleur de son corps. Nous n'avons rien à manger, et la nuit, tu le disais, va être fraîche.
Ce n'est pas un problème. » S'apercevant que ses aînés étaient loin devant eux, il les rappela. « James ! Léo ! On s'arrête ! » Ils se retournèrent, surpris, mais revinrent vers leurs parents.
« Que se passe-t-il ? Demanda James. Pourquoi on ne continue pas ?
On va chercher un endroit pour passer la nuit, répondit son père. Je crois qu'il y a une clairière, derrière nous, qui fera parfaitement l'affaire.
Tu veux dire que nous allons passer la nuit ici ? C'est ma faute, n'est-ce pas ? Je n'aurais jamais dû vouloir toucher ce fichu pendentif ! Mais…
ce n'est pas de ta faute, Jamesie, coupa Harry qui n'utilisait plus que rarement ce diminutif affectueux, et je ne veux plus t'entendre dire de telles bêtises. N'importe qui aurait fait la même chose à ta place, la preuve c'est que nous avons tous été amenés ici les uns après les autres. Demain, j'irai chercher un moyen de rentrer, mais tes frères et sœurs sont trop fatigués pour que nous continuions tous ensemble, et je ne veux pas vous laisser seuls cette nuit. Et, après tout, vous n'avez jamais fait de camping. Ca peut être très amusant, n'est-ce pas, Sylvie ?
Certainement » , répondit sa femme, bien que son ton manquât un peu de conviction. Sylvie aimait beaucoup camper, mais elle craignait que dormir à la belle étoile le ventre creux n'amuse pas beaucoup les enfants. Cependant, Harry était parvenu à leur remonter le moral, et c'est d'un pas presque léger qu'ils regagnèrent la clairière.
« Finch va être vert de jalousie de ne pas être venu camper avec nous, remarqua Sean dans le dos de Harry. Celui-ci, en le sentant peser plus lourd, et parce qu'il était obligé de le retenir, avait pensé que l'enfant dormait, et fut surpris de l'entendre parler. Cependant, à la voix pâteuse du petit garçon, il comprit qu'il ne s'était pas trompé de beaucoup.
Tu pourras tout lui raconter quand nous rentrerons, lui dit Sylvie, et Sean acquiesça. Ses parents échangèrent un regard. L'absence de leur plus jeune fils était à leurs yeux un soulagement. Ils se faisaient bien assez de souci pour les trois enfants pris avec eux dans cette aventure. Au moins l'un d'eux était en sécurité. Du moins, c'était ce qu'ils pensaient.
A quelques kilomètres de là, Finch était terrorisé. Jamais il n'avait eu aussi peur. La forêt était immense, ses parents n'étaient nulle part. Il n'aurait jamais dû se sauver comme ça. Il aurait dû rester avec le professeur Rogue. Peut-être serait-il maintenant chez les Weasley, en train de jouer avec les autres, au lieu de se retrouver tout seul ici. Ses parents étaient sûrement rentrés aussi, maintenant… Est-ce qu'on allait venir le chercher ? Après tout, personne ne savait qu'il était là, et tout le monde lui avait dit de ne pas y venir. Il avait désobéi, et maintenant, il était ici tout seul. Au début, il avait marché en appelant ses parents, persuadé qu'ils n'étaient pas loin. Mais personne n'avait répondu. Il ne se rappelait plus à quel moment il avait compris qu'ils n'étaient pas là, qu'il ne les trouverait pas. Il s'était assis par terre, adossé à un tronc, et s'était mis à pleurer sans pouvoir se retenir… Maintenant, il faisait plus sombre, il n'allait pas tarder à faire nuit… D'habitude, il aimait les bois, il aimait y être tout seul, même le soir il n'avait pas peur. Mais il ne savait pas où il devait aller pour sortir de celle-là. Sûrement il y avait des loup-garous la nuit dans cette forêt, ou des vampires… Persuadé d'avoir vu une ombre bouger, il se retourna en sursaut. Mais il n'y avait rien. Il était seul… Une broussaille craqua, et il se leva d'un bond. Le vent soufflait doucement dans les arbres, et ce bruit auquel il n'avait prêté que peu d'attention auparavant résonna soudain aux oreilles du petit garçon. Il lui semblait entendre des rires étouffés… Sans prendre la peine de regarder, cette fois, il se leva d'un bond et se mit à courir. Il ne voulait pas savoir quelle créature horrible, quel monstre riait ainsi en attendant de le dévorer, il voulait juste en être le plus loin possible. A chaque instant, il s'attendait à être rattrapé, à sentir sur ses épaules les griffes du monstre.
Ce fut une racine qui arrêta sa course endiablée. Il poussa un cri quand il sentit son pied arrêté. Lorsque ses genoux heurtèrent le sol, il les ramena sous lui et ferma les yeux, attendant la venue de la créature. Tout son corps était secoué de sanglots secs, de frayeur et de désespoir. Il n'osait pas regarder autour de lui de peur de voir le monstre approcher. La voix grave et un peu cassée qui s'éleva soudain le fit sursauter.
« Ohé ! Y a quelqu'un ici ? Qui a crié ? Eh, petit, tout va bien ? »
Finch osa enfin relever la tête. Il réalisa qu'il se trouvait à la lisière du bois. Un homme venait vers lui. C'était un géant, la seule personne qu'il connaissait qui était plus grande était Hagrid. En fait, l'homme ressemblait un peu à Hagrid, comme lui, il portait une barbe noire hirsute qui lui cachait une partie du visage. Il était habillé d'un pantalon gris, sale et un peu déchiré, et d'une chemise fermée qui avait dû être blanche. Il se pencha sur l'enfant, le regarda avec curiosité.
« Ca va ? Demanda-t-il à nouveau. Qu'est-ce que tu fais là tout seul ? Où sont tes parents ?
je ne sais pas, répondit Finch d'une petite voix.
Tu sais pas ? Mais comment t'es arrivé là ? On a pas beaucoup d'étrangers par ici. Et tu sortais de la forêt, hein ? Faut pas y aller, et surtout pas le soir. Y a des bêtes que t'as pas envie de rencontrer là-dedans. Qu'est-ce qu'un môme comme toi pouvait bien y faire ?
Je n'ai pas fait exprès.
T'étais perdu, hein ? T'as eu de la chance de sortir de là, on peut errer des jours dans ce bois, même quand on le connaît. Mais tu m'as pas dit, d'où tu viens ?
De Poudlard. Vous savez où c'est ? Vous pouvez m'y ramener ? » Finch entrevoyait enfin une lueur d'espoir. Il était sorti de la forêt, et l'homme qui ressemblait à Hagrid allait l'aider à retrouver ses parents.
Jamais entendu parler. » Finch sentit ses espoirs se volatiliser. Cet homme ne connaissait pas Poudlard. Il était sûrement moldu, et il ne pourrait pas l'aider. Et il ne devait pas lui raconter ce qui s'était passé, il ne fallait pas parler de magie à des moldus.
« Je me demande ce que c'est que cette histoire, marmonnait le géant. Allez, viens.
Où ?
Faut bien que tu dormes quelque part. Tu serais pas un peu simplet, des fois ? Parce qu'un idiot, on en a déjà un dans le village, ça nous suffit. » Finch le regarda sans répondre. Il ignorait la signification du mot simplet, et il n'avait pas envie de faire des efforts pour comprendre. Il était trop fatigué. Tout ce qu'il comprenait était que cet homme, bien qu'il soit moldu, allait s'occuper de lui. Il n'aurait pas à passer la nuit dans la forêt.
« C'est bien ce que je pensais, dit simplement l'homme. Je parlerai de toi à l'intendant demain, qu'il en réfère au Seigneur. Je me demande ce qu'on va bien pouvoir faire de toi. » Pendant qu'il parlait, Finch s'était levé. Ses genoux étaient écorchés après sa chute, il avait la gorge sèche d'avoir trop couru, et l'impression d'être si fatigué qu'il aurait pu s'endormir debout. Il avait froid, aussi, peut-être en contrecoup de la terreur qu'il venait d'avoir. L'homme le jaugea un instant, puis il le souleva et le mit sur son épaule. « accroche-toi, dit-il. J'ai pas envie d'y passer la nuit. »
Elle avait beau vivre depuis des années dans le monde de la magie, l'étendue de ce que pouvait faire son mari parvenait encore à surprendre Sylvie. Lorsqu'ils étaient arrivés dans la clairière où ils avaient décidé de passer la nuit, elle s'était dit qu'il allait trouver le moyen de leur faire un abri, et de leur tenir chaud. Il avait, en quelques mouvements de sa baguette magique, réuni au centre de l'espace un gros tas de branches et brindilles, auquel il avait mis le feu. Puis, repérant un énorme groupe arbres en bordure de la clairière, il s'était concentré quelques instants et l'avait métamorphosé en une cabane de rondins avec étage.
« Je préfère ne pas mettre le feu à l'intérieur, avait-il expliqué, je n'ai pas envie qu'un incendie nous réveille. » James avait sifflé la performance de son père. Sean, tout excité par ce qu'il venait de voir, s'était précipité dans la maison dont il s'était approprié un coin. Certes, ce n'était qu'une cabane rudimentaire et non meublée, mais Sylvie restait stupéfaite de la manière dont Harry avait résolu leur problème. Il avait ensuite fait se matérialiser des lits. Il avait ensuite repris sa forme de lion et était retourné dans les bois. Cela avait surpris sa femme, il avait semblé désireux de ne pas les laisser. Mais elle sentait qu'il n'était pas allé loin. Au bout d'à peine quelques minutes, il était revenu, ayant repris forme humaine. Il avait à la main des sandwich sur lesquels les enfants se précipitèrent. Ce n'était que plus tard qu'il avait expliqué à sa femme comment il avait fait : sous sa forme de lion, il n'avait eu aucun mal à capturer deux lièvres. Il avait ensuite utilisé une magie mal connue mais relativement simple pour transformer la viande crue en sandwichs complets. Et, finalement, cette nuit qui s'annonçait sous les pires auspices s'était terminée par une veillée joyeuse au coin du feu. Ils avaient même chanté les derniers airs à la mode sur la Rytm.
Finalement, tous étaient allés se coucher. Sean et Léonore s'étaient endormis presque immédiatement, mais au bruit qu'il faisait en se retournant sans cesse dans son lit, ils avaient compris que James mettait du temps à trouver le sommeil. Ses parents étaient eux aussi resté longtemps éveillés, à se demander où ils pouvaient bien se trouver. Mais tout le monde dormait profondément dans la petite cabane le lendemain matin lorsque Harry s'était glissé hors du lit. Il avait depuis des années l'habitude d'être debout de bonne heure. Il n'était plus que rarement réveillé brusquement par des cauchemars à quatre heures du matin, mais il aimait l'ambiance pure et neuve d'un jour qui se lève. C'était dans ces moments là qu'il réfléchissait le mieux. Et, vu la situation dans laquelle ils se trouvaient, il avait bien besoin de réfléchir.
Finch s'éveilla dans une pièce obscure. Il sut immédiatement qu'il n'était pas dans son lit : la couche sur laquelle il était étendu était bien trop dure, et il régnait partout cette odeur de crasse et de fumée… Pourtant, il n'y avait pas de feu. L'obscurité était totale, et lui faisait peur. Et il faisait si froid ! Où était-il ? Il ne se souvenait plus de rien après que le géant l'ait pris sur son dos…
Ses mains et ses pieds étaient tout engourdis par le froid, et il bougea légèrement pour tenter de rétablir la circulation. Ce faisait, il toucha le bord du lit de sa main droite, et son pied gauche effleura une surface délicieusement chaude. Il allait se blottir tout contre quand la surface bougea avec un petit gémissement, et il comprit qu'il s'agissait du corps endormi de quelqu'un. Finch s'écarta et se pelotonna le mieux possible dans le lit dur. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, il n'osait pas réveiller la personne qui dormait, et il avait trop peur de ce qui pouvait se trouver dans la pièce pour se lever. Mais il avait aussi trop peur, et trop froid, pour se rendormir. Lorsque les larmes lui montèrent aux yeux, il ne chercha pas à les retenir et éclata en sanglots silencieux. Mais ses yeux séchèrent d'eux-mêmes quand des murmures vinrent trouble le calme.
« tu es déjà réveillé, Bob ? Il est bien tôt pour se lever !
Le soleil se lèvera bientôt. Et n'oublie pas que je suis de corvée au château. Et que je dois amener le mioche à Marsault avant.
Je me demande vraiment qui il est. Il a des vêtements bizarres, je n'en ai jamais vus de pareils. Mais ils sont si fins qu'il doit venir d'une famille riche. Et il a des mains de noble.
Si vraiment il a le sang bleu, c'est une raison supplémentaire pour le rendre à Marsault. J'ai aucune envie d'être tenu pour responsable de l'enlèvement d'un petit de duc ou de comte, même un peu simplet. Je vais allumer le feu.
Je nourris le bébé et je te fais chauffer ta soupe. »
Il y eut le bruit de pas sur un sol dur, puis, rapidement une petite flamme s'éleva, et, bientôt, un grand feu brûlait dans la cheminée, qui éclaira un peu la pièce. Finch put distinguer, accroupi devant le foyer, le géant qui l'avait ramassé la veille. Celui qui devait s'appeler Bob. L'homme s'activait, rajoutant des bûches afin d'obtenir une belle flambée. A l'aide de la pâle lueur qui éclairait maintenant la pièce, il distinguait le lit dans lequel il était couché, et découvrit avec stupeur que cinq personnes y étaient allongées. Les autres étaient serrés, probablement pour se tenir chaud.
Des gémissements d'un tout petit enfant se firent entendre, et sa mère lui parla doucement. Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi, puis une autre forme se leva, et vint placer une marmite sur le feu. Bientôt, des effluves alléchantes s'élevèrent dans la pièce. Une ombre recouvrit soudain Finch. L'homme qui l'avait ramassé la veille était penché sur lui.
"Tu es réveillé, Petit ? Lui demanda-t-il aussi doucement que le lui permettait sa grosse voix bourrue.
Finch se contenta de hocher la tête. Les autres formes étendues près de lui ne bougeaient pas, ils devaient dormir.
"Alors viens, lui dit l'homme. Lève toi si tu veux manger quelque chose avant de partir." L'enfant obéit. Il faisait froid loin des couvertures, mais il avait faim. Il trouva ses chaussures au pied du lit, et les enfila avant de s'approcher de la grande table. Il s'assit sur l'un des bancs, à la place que lui désigna l'homme. Près du feu, il faisait meilleur.
La femme ne tarda pas à les rejoindre.
"Alors c'est toi qui t'es perdu dans la forêt ? Demanda-t-elle à Finch. Comment t'appelles-tu ?"
Il le lui dit. Elle l'observa attentivement à la lumière du feu.
« Il est drôlement délicat remarqua-t-elle. J'ignore s'il est noble, en tous cas il n'a jamais travaillé. D'où viens tu, petit ? Ajouta-t-elle en direction de Finch.
De Poudlard, répondit l'enfant.
Où ça ?" A la question de Bob, et son air étonné, Finch se rappela soudain qu'il ne devait pas parler de Poudlard. L'étrangeté de la situation lui avait fait oublier un instant cette règle. Et puis, ces gens n'avaient pas l'air de moldus. Les moldus avaient l'électricité, il faisaient rarement des feux. Mais ils ne semblaient pas non plus avoir de magie, et s'ils ne connaissaient pas Poudlard, c'était qu'ils étaient moldus, non ? Il se rendit compte que les deux adultes attendaient une réponse.
"Euh… balbutia-t-il. Je viens d'un collège", essaya-t-il d'expliquer. Mais comment expliquer où était Poudlard, quand il ne savait pas où il était ? Et pouvait-il en dévoiler l'emplacement à des moldus ?
Que font tes parents ? Demanda l'homme. Que faisais-tu dans cette forêt ?
Papa est le directeur du collège. Maman travaille aussi là. Je me suis perdu dans la forêt.
Mais pourquoi étais-tu dans cette forêt ? Insista la femme. Est-ce que tes parents y étaient aussi ?
Oui… Enfin, je crois… Je ne sais pas !" L'homme et la femme échangèrent un regard.
"Je ne sais pas de quoi est faite sa tunique, dit l'homme. Ce n'est pas de la laine, ni du lin. Et elle est remarquablement courte. Et je n'ai jamais rien vu de ressemblant. Sans parler de ses chausses !"
Finch releva la tête vers eux. De quoi parlaient-ils ? Qu'est-ce que c'était qu'une tunique ? Et ses chausses… voulaient-ils parler de ses baskets ? Ou de son jean ? Une fois de plus, il se demanda où il avait atterri. Où était-il? Et que ces gens allaient-il faire de lui ? Ses yeux se remplirent de larmes.
"Eh, Petiot, dit la femme. T'inquiète pas, va, on va les retrouver tes parents. Et en attendant, on s'occupera bien de toi au château. Bois ton infusion."
Finch plongea ses lèvres dans le liquide. C'était bizarre, à la fois amer et fade. Il regrettait le chocolat qu'il avait toujours à Poudlard. L'homme, qui avait fini sa coupe en émettant des bruits de succion, lui mit un gros morceau de pain dans la main.
"Viens, voir l'intendant pour te déposer risque d'être long, et je ne veux pas être en retard." Il se leva. Les formes étendues dans le lit commençaient à remuer quand Finch sauta à bas de son banc pour le suivre. L'homme marchait vite, et le petit garçon devait presque courir pour ne pas se laisser distancer. Le soleil commençait à peine à se lever, baignant d'une lumière blafarde un village de petites maisons de bois au toit de chaume. Finch n'avait jamais rien vu de semblable, mais l'homme marchait trop vite pour qu'il puisse s'y attarder. Un peu plus loin, sur une colline, se dressait un château-fort semblable à ceux qu'il avait vu sur les livres d'images de Grand-mère. C'est vers ce point, apparemment, qu'ils se dirigeaient.
James se réveilla inhabituellement tôt. Le soleil commençait à peine à se lever quand il se glissa hors de la cabane, doucement pour ne pas réveiller ses frères et sœurs. Il ne fut pas surpris de trouver son père, déjà debout, assis sur un tronc dans la clairière à côté de la cabane, et vint s'installer à côté de lui.
"Bonjour, Jamesie, fit son père en souriant. Bien dormi ?
oui, répondit le jeune homme en grimaçant. Il n'aimait pas ce diminutif de son enfance, que d'ordinaire seule sa mère utilisait. Il y eut un bref silence, puis il demanda : "Tu as trouvé un moyen de rentrer chez nous ?"
Harry secoua la tête. "Je n'en sais pas plus qu'hier soir, dit-il. Ecoute, cette forêt a l'air on ne peut plus calme. Je crois que je vais essayer d'en trouver les limites… Seul. Est-ce que tu as ta baguette sur toi ?
Oui." James tira l'objet de la poche de son pyjama, un peu nerveux. Il n'aimait pas l'expression qu'il voyait sur le visage de son père.
S'il se produit quoi que ce soit d'inquiétant, lui dit le directeur de Poudlard, émets des étincelles et je transplanerai auprès de vous. D'accord ?
D'accord. Ne t'inquiète pas, que pourrait-il nous arriver ici ?
J'ai appris à me méfier de tout ce qui sortait de l'ordinaire. Je ne pense pas que vous soyez attaqués, mais on ne sait jamais. Surtout, tu m'appelles tout de suite, même si ce n'est rien. Je sais que tu es capable de te défendre, mais je ne veux prendre aucun risque tant que nous ne savons pas où nous sommes.
Je sais, papa, répondit James. J'espère que tu trouveras quelque chose."
Sur ce, son père se métamorphosa. James avait beau avoir assisté à cette transformation un nombre incalculable de fois, et joué, enfant, avec le lion qu'était son père, la métamorphose le surprenait toujours. Après que le félin ait disparu entre les arbres, le jeune garçon rangea sa baguette à portée de main, et s'installa confortablement sur la souche pour attendre le réveil des autres.
Harry ne mit pas longtemps, sous sa forme de lion, pour trouver des odeurs humaines. Il en fut soulagé. Au moins, il y avait des gens qui habitaient ce pays. Il se mit à suivre les traces, et se retrouva bientôt en lisière de la forêt. Cela ne faisait qu'une heure, à peine, qu'il était parti, mais il avait dû parcourir plusieurs kilomètres depuis l'endroit où il avait laissé le reste de la famille. Et il accéléra encore son allure. Autant il désirait trouver des gens, de préférence des sorciers, le plus rapidement possible pour essayer de comprendre ce qui se passait, autant il répugnait à laisser sa famille seule. James n'avait pas commencé sa quatrième année…
A la sortie du bois, il se retrouva sur un chemin plus large, mais mal entretenu. L'aube commençait à poindre, et il pouvait voir des champs de blé et d'une autre céréale qu'il ne reconnaissait pas de part et d'autre de lui. Plus loin sur sa droite, il distinguait une petite colline, avec une forme sombre au sommet, qu'il mit quelques instants à identifier. C'était un château, protégé par d'épaisses murailles. Un château fort, très probablement. A cet endroit, il y avait trop d'odeurs humaines qui se mêlaient pour qu'il parvienne à en suivre une. Ses oreilles sensibles de félin se dressèrent soudain. Au loin, il entendait nettement des pas. Qui s'approchaient. En une fraction de seconde, Harry se métamorphosa, reprenant sa forme habituelle. Les gens de ce pays, quels qu'ils soient, n'avaient sûrement pas l'habitude de voir des lions se promener au milieu de leurs champs. Il ne sortit pas sa baguette, par crainte de rencontrer des moldus, mais s'arrangea pour pouvoir la sortir librement de sa poche à tout moment. Deux silhouettes apparurent, avançant dans la direction du château. Un homme de grande taille, qui tenait par la main un enfant. Tous ses sens en alerte, il alla à leur rencontre. Plus il avançait, plus la mince silhouette de l'enfant lui semblait familière, mais il faisait trop sombre encore pour qu'il distingue clairement les visages des deux arrivants. De plus, le soleil qui se levait derrière eux les assombrissait encore. A première vue, il ne semblaient pas menaçant, et Harry se détendit quelque peu. Son regard se fixa sur l'enfant… Il savait maintenant qui il lui rappelait. Mais pourtant, c'était impossible ! Il était resté à Poudlard !
Bob avançait d'un bon pas. Il savait, à la manière dont il tirait sur son bras, que l'enfant avait du mal à le suivre, mais il ne pouvait pas ralentir. Marsault, il le savait, n'apprécierait pas qu'il sollicite un entretien pendant les heures où il était censé accomplir ses corvées. Certes, l'intendant ne serait certainement pas réveillé lorsqu'il arriverait au château, mais il pourrait confier l'enfant à une servante en attendant, et demander à voir l'intendant le soir, à moins que l'autre ne le convoque avant.
Il remarqua soudain un homme qui venait vers eux. Grand et mince, c'était très certainement un étranger. Sans cheval, et sur une route déserte avant l'aube, cela ne lui disait rien qui vaille, cependant il continua d'avancer. Les brigands sortaient généralement plus tôt dans la nuit, pour traquer les fêtards. Et l'homme semblait trop mince pour présenter un réel danger, de plus il n'était pas armé. Par précaution, il cacha cependant l'enfant derrière lui.
"Hé ! L'interpella l'homme. Bonjour monsieur. Excusez moi de vous déranger, mais je suis un peu perdu. Pourriez-vous m'indiquer où nous sommes ?"
Bob s'apprêtait à donner le renseignement demandé, bien qu'il trouvât la question un peu étrange au vu du château de Foxlane qui se trouvait juste au dessus d'eux, et consituait un point de repère évident, mais, l'enfant dans son dos se mit à se débattre.
"Reste tranquille, siffla-t-il, mais en vain. Le petit garçon échappa à son emprise et se précipita sur l'homme.
Papa ! Cria-t-il en se jetant dans ses bras. L'étranger le souleva, l'air stupéfait, et le tint un instant à bout de bras. Bob, les observant, constata qu'effectivement les vêtements de l'homme étaient très semblables à ceux de l'enfant, qui l'intriguaient depuis la veille au soir. Tous deux portaient ces culottes qui leur descendaient jusqu'aux pieds, non resserrées aux genoux, et des hauts qui ne ressemblaient pas vraiment ni à des tuniques, ni à des chemises, dans cette matière étrange qu'il ne connaissait pas. L'enfant s'agrippait à celui qu'il avait appelé son père, et celui-ci le serrait fortement contre lui, tout en continuant d'arborer une expression surprise.
"Finch ? Demanda-t-il enfin, d'une voix douce. Mais que fais-tu là ? Pourquoi n'es-tu pas resté au château ?" bien que le ton n'ait pas été sévère, l'enfant s'écarta et rougit.
Finch ? Insista l'homme. Réponds moi."
Bob sentit que les deux autres l'avaient oublié, mais il ne s'écarta pas. Il ne voulait pas s'immiscer dans une conversation privée, mais le fait que deux étrangers se trouvent sur les terres du village à cette heure était suffisamment rare pour exiger des explications.
"Je voulais faire comme tu as dis, fit enfin le petit garçon, en regardant son père dans les yeux. Je suis allé frapper chez le professeur Flitwick, mais il n'était pas là. Et Rogue est arrivé, il s'est mis à crier. Je lui ai dit ce qui s'était passé, et il est allé voir le bijou, mais après il s'est mis à crier encore plus fort, et il m'a emmené chez lui, et s'est mis lire des livres, comme s'il n'en avait rien à faire de ce qui vous était arrivé. Alors…"
Finch n'en dit pas plus, mais c'était suffisant. Harry cala son fils dans ses bras et poussa un profond soupir. Nul besoin d'être Trelawney pour comprendre ce qui s'était passé. Finch était terrifié par le professeur de Potions, depuis toujours. Il faut dire que les manières de celui-ci ne s'étaient pas vraiment arrangées avec l'âge. Et que l'enfant n'était pas particulièrement brave… S'il s'était agi de Sean, les choses se seraient passées bien différemment - Non, en pareille situation, Sean n'aurait sans doute pas attendu de voir Rogue pour désobéir à l'ordre de son père. Pouvait-on reprocher à un enfant de huit ans à peine d'avoir peur d'un homme sombre et acariâtre, qui avait toujours une remarque cynique à faire à qui portait le nom de Potter ? Harry se surprit à maudire réellement Rogue, comme cela ne lui était plus arrivé depuis l'époque où, étudiant, il avait fini par comprendre qui était réellement le vieil ennemi de son père. Sans aucun doute, celui-ci n'avait sorti ses livres que pour essayer de comprendre ce qui avait bien pu leur arriver, mais il n'avait eu aucun geste pour rassurer l'enfant, sans doute s'était-il montré aussi revêche que d'habitude, plus encore si ce qu'il avait appris l'avait inquiété.
Enfin, se dit-il, l'essentiel était assuré : certes, Finch s'était retrouvé lui aussi dans ce monde, mais il l'avait retrouvé, et rien de mal n'était arrivé. Et, de plus, Poudlard était au courant de leurs mésaventures, ce qui signifiait que, de là-bas, on devait chercher à les ramener. Il réalisa soudain que l'homme qui accompagnait son fils était toujours là, et se tourna vers lui.
"Vous venez de loin ? Lui demanda celui-ci. Votre môme, il avait l'air complètement mort de fatigue, hier soir.
De très loin, répondit Harry, sans donner plus d'explication. Merci de vous être occupé de lui, je n'ose pas imaginer ce qui se serait passé si vous ne l'aviez pas trouvé. ajouta-t-il. Il tendit la main et se présenta.
Je m'appelle Bob, répondit l'homme en serrant la main tendue. Et c'est pas que je veuille paraître impoli, mais on m'attend au château. Je suis de corvée pour réparer un pan de la muraille qui s'est effondrer. Et ils n'aiment pas beaucoup les retardataires.
C'est à ce château que vous allez ? Demanda-t-il en désignant la masse qu'il distinguait à présent clairement.
Quel autre ? S'esclaffa l'homme. Le plus proche est à près de deux jours de marche. Vous qui voyagez, vous devez le savoir ?
Je vous l'ai dit, je suis perdu, répondit Harry. Il ignorait toujours où il était tombé, mais une chose était sure : il n'existait pas d'endroit semblable dans son univers au XXIe siècle, en tous cas pas d'endroit où on parle anglais. Donc, soit le bijou les avait transporté dans un des univers parallèles dont certains hurluberlus soupçonnaient l'existence, soit ils avaient voyagé dans le temps… Les deux possibilités lui semblaient aussi incroyables l'une que l'autre.
Pardon ? Demanda-t-il en s'apercevant que l'homme lui avait parlé.
Je demandais où vous comptiez aller comme ça. Vous avez pas l'air équipé pour voyager.
Je ne sais pas exactement où je vais, répondit Harry. Je cherche… Je suis à la recherche d'un chevalier du nom de Godric Griffondor, dit-il, je dois discuter de questions de la plus haute importante avec lui." Prononcer le nom du fondateur de Poudlard était certes risqué, mais c'était la première explication à peu près plausible qui lui était venue à l'esprit, et il pensait, s'il était remonté dans le temps, que ce nom éveillerait la curiosité d'éventuel sorciers. Tant pis s'il était mort depuis des années. Mais cela n'eut aucun effet visible sur Bob.
"Jamais entendu parler, dit-il simplement. Mais peut-être si vous venez au château le seigneur vous accordera-t-il une audience. S'il est assez bien pour ça."
Le visage de l'homme s'assombrit alors qu'il prononçait ces mots.
"C'est ce que je vais faire, décida Harry. Mais je vais d'abord aller chercher le reste de ma famille. Merci beaucoup pour votre aide."
Bob pressa le pas pour grimper sur la colline, par peur d'être en retard. Il jeta néanmoins un coup d'œil discret derrière lui, juste le temps de voir l'inconnu, son fils à la main, s'enfoncer dans la forêt. Un mystère entourait cet homme et cet enfant. Il les croyait sans mal lorsqu'ils disaient venir de loin : tout, depuis leur accent jusqu'à leurs chaussures, lui était inconnu. Et leurs manières, surtout. Ils avaient une allure de nobles : grand, bien nourris mais pas particulièrement musclés, la peau fine et non burinée par les travaux au grand air, pourtant, ils l'avaient traité en égal, l'avaient vouvoyé. Et pourquoi un chevalier aurait-il emmené toute sa famille à la recherche d'un de ses collègues ? Ca n'avait pas de sens. Bah, se dit-il, ça n'était pas son affaire. Il avait fait ce qu'il pouvait, maintenant s'ils se présentaient au château ce serait l'affaire du seigneur de Foxlane, et s'ils décidaient de passer leur chemin… Nul ne pouvait les empêcher d'aller voir ailleurs. Ils n'avaient pas l'air dangereux. Bob chassa ces pensées et prit la direction du mur écroulé qu'il avait pour mission, avec deux autres paysans, de réparer. La journée s'annonçait suffisamment fatigante pour qu'il ne s'encombre pas l'esprit avec les histoires des étrangers de passage.
Je fête ma toute nouvelle connexion internet en postant enfin ce chapitre. Si je vous dis que ça fait des mois qu'il était écrit, vous allez beaucoup m'en vouloir ? (Dans ce cas, vous feriez mieux d'en vouloir à ceux que je ne citerai pas qui ont interdit l'accès à en le qualifiant de site « pour adulte »… Ils ont pas dû bien regarder…)
Merci beaucoup pour toutes vos reviews. Merci aux « anciens » de continuer à me soutenir, et aux « nouveaux » pour m'avoir fait savoir qu'ils suivaient mes fics.
A bientôt
Antares2
