Je voudrais..je voudrais te parler de ta mère, Frodon

Ma mère ? Mais pourquoi ?

Ecoutes-moi, mon petit, tu vas comprendre. Quand Primula avait à peu près l'âge de Lily, c'était la plus jolie de toutes les hobbites de la Comté, avec ses longs cheveux bruns et ses beaux yeux bleus et tous les garçons étaient amoureux d'elle. Même moi. Surtout moi. Oui, je n'ai pas toujours été un vieux fou excentrique. Quand j'étais jeune, j'étais très rêveur et très timide. Oui, c'est pour ça que je n'ai jamais eu le courage d'aborder Primula. Et puis le vieux Gorbadoc n'était pas commode, il voulait ce qu'il y avait de mieux pour sa fille. Et il avait bien raison. Ta mère, quant à elle, était très gracieuse et très gentille. Elle souriait à tous les garçons qui lui faisaient la cour, sans rien accorder à personne. En fait, elle avait déjà fait son choix depuis très longtemps, oui, depuis toute petite. Elle était amoureuse de mon cousin, Drogon Sacquet, mais c'était justement le seul qui ne lui faisait pas ouvertement les yeux doux. Et ça la rendait très malheureuse. Alors, pour arriver à ses fins, elle s'est rapproché de moi. Elle savait que j'étais intime avec Drogon et que je pourrais aisément agir pour elle. Un jour, elle m'a donc avoué ses sentiments. J'en ai eu le c?ur brisé, malgré toute l'affection que je portais à Drogon, mais je n'ai rien laissé paraître, et je suis allé parler à mon cousin de Primula.

Ca a du être très dur, Bilbon.

Attends de connaître la suite, mon garçons. Les sentiments de Primula étaient bel et bien partagés par Drogon. Mais ce dernier n'osait pas lui parler. Fort de mes informations, il est allé trouver ta mère. A cette époque, les Sacquet étaient très bien vus dans toute la Comté et le vieux Gorbadoc était enchanté de cette union. Drogon et Primula se sont fiancés immédiatement et trois mois après, ils étaient mariés. Seulement...

Seulement ?

Ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. ce n'était pas faute d'essayer, mais vingt ans après leur mariage, Drogon n'avait toujours pas d'héritier. mais ils s'étaient résignés, et leur amour était tellement fort qu'ils se trouvaient bien ensemble malgré tout. Mais un jour..

A ce moment du récit, Bilbon se tut et alluma une pipe pour se donner du courage.

Un jour, Drogon fut obligé de s'absenter pendant plusieurs mois de la Comté. C'était au moment des fêtes de Yule, les plus importantes de la Comté. Il devait se rendre auprès du jeune fils d'Arathorn, alors poursuivi par les ennemis du Gondor. Ta mère en a eu le c?ur brisé, elle ne savait pas si elle reverrait un jour son mari. Elle était très déprimée. Moi, de mon côté, j'essayais de la consoler du mieux que je pouvais, mais la pauvre n'arrêtais pas de pleurer. Mais un soir, le sept de Yule, je m'en souviendrais toujours..Oh, non, c'est trop difficile.

Je vous en prie, Bilbon, poursuivez.

Promets moi de m'écouter jusqu'au bout, quoi que je dise.

Je vous le promet, mon Oncle.

Eh bien, Primula avait trop bu, elle n'était plus elle-même. Je l'ai raccompagné jusqu'à chez elle, j'avais peur qu'elle fasse une bêtise. Puis je l'ai suivi jusqu'à sa chambre et là..nous avons fait l'amour. mais c'était Drogon qu'elle appelait, c'était son nom qu'elle criait. Je n'ai jamais rien vécu d'aussi beau et d'aussi douloureux à la fois. J'étais enfin avec la femme que j'aimais, mais c'était un autre qu'elle embrassait, un autre qu'elle comblait de caresses.

Mais c'est abominable ! Mon pauvre papa !

Ca ne s'est produit qu'une seule fois, mon garçon, je te le jure. Seulement, quelques temps plus tard, Primula a appris qu'elle était enceinte. Elle a aussitôt décidé de dire la vérité à ton père dès son retour. Après le premier choc, Drogon a pardonné à sa femme. Et à moi aussi. Et puis cet enfant était attendu comme un miracle. Et quel enfant ! ! Je n'ai jamais vu de petit hobbit aussi mignon que toi, avec tes grands yeux bleus, les yeux de ta maman. Ce fut le plus beau jour de ma vie que celui de ta naissance. Enfin je le voyais, mon petit Sacquet que j'avais tant voulu ! Mais c'était pour moi une torture que de réaliser que mon enfant allait appeler un autre papa, que j'allais le voir régulièrement sans être autre chose pour lui qu'un vieux cousin. Et quand tes parents moururent, ce fut pire. Je ne savais que faire. J'étais partagé entre l'envie d'enfin prendre mon fils auprès de moi et celle de te laisser auprès de tes cousins avec qui tu t'entendais si bien. Et puis tu ressemblais trop à ta mère. J'avais peur de me trahir en te voyant tous les jours. C'est pour cela que j'ai attendu tes vingt ans pour te prendre avec moi.

Comment..comment avez-vous pu me mentir si longtemps, s'écria Frodon, les yeux pleins de larmes. Pendant des années, vous m'avez laissé pleurer un hobbit qui n'était pas mon père ! Mais que suis-je donc pour vous ? Un moyen de maintenir votre lignée, c'est tout ! Vous avez abusé de ma mère comme vous avez abusé de moi !

Mais mon cher petit, tu es la prunelle de mes yeux, je te le jure ! Je suis si fier de toi ! Pourras-tu..pourras-tu me pardonner ?

Je ne sais pas, Bilbon, le choc est trop violent..Je..je vais aller me coucher et réfléchir à tout ça.

Sans ajouter un seul mot, Frodon quitta le salon tel un spectre et regagna sa chambre ou l'attendait Lily, assise dans son lit, un livre à la main.

Qu'est ce que tu as, chéri ?

Je..je..Lily, Bilbon est mon père.

Je le savais, répondit tranquillement Lily.

Comment ça ? Il te l'as dit ? Il semblerait donc que je sois toujours le dernier informé dans ce smial !

Il ne m'a rien dit. Je m'en doutais, parce que son attitude envers toi a toujours été celle d'un père. Bilbon est une personne individualiste. Il ne t'aurait pas donné autant d'amour si tu n'avais pas été son fils, c'est évident.

Mais il m'a menti, Lily !

Il avait peur de te perdre. Certes, il n'a pas très bien agit, mais tu devrais lui pardonner. C'est le grand-père de notre bébé.

Je..je ne sais pas. Fais-moi un câlin, mon amour.

Cette nuit là, Frodon s'endormit péniblement, d'un sommeil sans rêve, blotti dans les bras de son épouse.