Le lendemain matin, Primula se réveilla avec une affreuse migraine et des douleurs lancinantes dans tout le corps. Aussi mit-elle un certain temps pour émerger de l'état comateux dans lequel elle se trouvait. Quant elle eut enfin recouvré ses esprits, elle sentit qu'à ses côtés se trouvait une forme chaude et vivante. Croyant qu'il s'agissait du chien de la maison venu se glisser dans son lit, Primula tendit la main pour le flatter mais poussa un hurlement d'horreur quand elle vit qu'il s'agissait de...Bilbon.
« Ah, mais que fais-tu là ? Fit-elle en tirant la couverture pour dissimuler sa poitrine nue. »
Encore abruti par le sommeil et par le ravissement de la nuit passée, le pauvre hobbit balbutia :
« Mais ma Primula, tu ne te rappelles pas ? C'est toi qui...tu disais que Drogon..... »
« Tais-toi !Tais-toi ! Hurla Primula. Tu es immonde ! Tu as profité de l'absence de ton cousin pour abuser de sa femme ! Les gens ont raison, tu n'es qu'un vieux fourbe ! »
« Mais, Primula, laisse-moi t'expliquer, dit Bilbon en criant plus fort que sa cousine pour se faire entendre. Tu crois vraiment que j'aurais pu m'introduire de force ici ? »
« Non, mais.... »
« Rappelle-toi, tu étais très déprimée, tu avais beaucoup trop bu et tu m'as séduit. Et je me suis laissé faire. Je n'aurais pas du, je sais, mais.... »
« Mais quoi ? »
Cette fois, l'expression de haine apeurée avait fait place à la stupéfaction et à la gêne sur le visage de Primula. Au fur et à mesure que Bilbon parlait, les souvenirs de la nuit passée lui revenaient à l'esprit. certes, elle avait agit sous le coup de l'ivresse, mais elle avait pensé chaque parole dite à Bilbon. Voyant l'hostilité disparaître du visage de sa cousine, le pauvre hobbit prit courage et poursuivit :
« Mais....je t'aime, Primula ! Depuis des années ! Bien avant que tu épouses Drogon ! C'est par amour pour toi que j'ai persuadé Drogon de demander ta main ! Même après qu'il m'ait avoué sa stérilité ! Même quand j'avais la possibilité d'évincer à tout jamais ce rival ! Oh, Primula, si tu avais pu m'aimer comme je t'aime ! »
« Mais attend un peu....depuis toutes ces années, tu savais et tu ne m'as RIEN dit ? »
« Oui, Primula, je savais, je savais tout ! Mais tu aimais tant Drogon que je pensais que votre amour serait plus fort que le manque d'enfant. mais hier soir, ce que tu m'as dit....tous mes espoirs enfouis depuis tant d'années se sont réveillés et.....Oh, Primula, cette nuit a été la plus belle de toute ma vie ! »
« Tais-toi, mais tais-toi donc ! Quel horrible secret gardes-tu encore pour toi, Bilbon ? Comment as-tu pu penser que je pourrais t'aimer ? Que je pourrais laisser mon mari pour toi ? »
« Mais..... »
« Vas t'en et ne reviens jamais ! »
« Mais Primula..... »
« Allez, vas t'en ET NE REVIENS JAMAIS ! »
« Soit, dit Bilbon sur un ton lamentable, tout en se rhabillant. Mais je n'oublierais quand même jamais cette nuit . »
« Il le faut, pourtant, répliqua Primula sur un ton plus doux. Personne, jamais, ne doit l'apprendre. »
« Mais, Primula.... »
« Si tu m'aimes, tu ne diras rien. Maintenant vas t'en et prend bien garde que personne ne te voie. »
Sans plus mot dire, Bilbon se dirigea vers la porte de sortie, la mine plus triste et plus lamentable que jamais.
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Sans même prendre son petit déjeuner, Bilbon quitta Château-Brande pour regagner au plus vite Hobbitebourg et pendant plus d'un mois, il ne devait plus revoir Primula.
Pendant les trois premières semaines qui suivirent le départ de Bilbon, Primula redevint parfaitement sereine, résignée à attendre patiemment le retour de son époux. Mais un matin, elle fut prise de violentes nausées et ne put quitter son lit de toute la journée. Pensant à un moment de fatigue, la jeune hobbite n'y prêta pas attention mais le renouvellement quotidien de ses malaises et l'absence de menstruations l'amenèrent à admettre la réalité : elle était enceinte.
Pendant plusieurs jours, Primula garde son secret pour elle, puis, n'y tenant plus, se décida à aller se confier à la sage Amarrante qui, dans le passé, s'était révélé d'un très grand soutien. Au grand étonnement de Primula, sa sœur aînée ne sembla pas surprise par ses révélations.
« J'avais vu sortir Bilbon de ta chambre, Primula. C'est moi-même qui ai couvert sa retraite. »
« Que vais-je devenir, Amarrante ? Je ne pardonnerais jamais à Bilbon ce qu'il a fait ! Jamais ! »
Mais contre toute attente, le visage ordinairement bienveillant d'Amarrante se durcit.
« Pardonner ? Victime ? Mais dans cette affaire, ni Drogon, ni toi, ni Bilbon n'êtes excusables ! La seule victime est ce bébé dans ton ventre ! »
« Mais...mais comment ? »
« Oui, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! Certes, Drogon n'aurait pas du te cacher son état, mais toi, de ton côté, qu'as-tu fait, hein ?Tu voulais ce garçon comme un enfant veut un nouveau jouet ! Tu avais à peine 31 ans quand tu t'es mariée, tu aurais pu attendre un peu, mais non, non, il te le fallait tout de suite ! Tu t'es comporté et tu te comportes encore comme une petite fille trop gâtée ! Tu crois que je n'ai pas vu ton manège avec Bilbon ? Le pauvre, sa langue traînait par terre ! »
« Mais Amarrante, Bilbon a profité de mon ivresse pour... »
« Tu n'avais pas besoin de boire, c'est honteux pour une Brandebouc d'agir de la sorte ! Tu pouvais noyer ton chagrin autrement qu'en faisant des avances ostensibles à un pauvre garçon fou de toi depuis des années ! Alors maintenant, prend tes responsabilités ! Et puis au fond, vois le bon côté des choses ! Tu vas avoir l'enfant que tu as toujours voulu. »
« Mais que dois-je faire ? Gémit la pauvre Primula, complètement désarçonnée par le discours de sa sœur aînée. »
« Que faire ? Tu me demandes que faire ? Mais il faut avertir Bilbon immédiatement ! Ne pas perdre une minute ! Et sois gentille avec lui ! Son amour te sera fort utile lorsque ton mari aura eu vent de ton inconduite !
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Le lendemain de cette discussion, Primula prit la route d'Hobbitebourg pour aller annoncer la nouvelle de sa maternité à Bilbon. Elle avait justifié son voyage auprès de son père par le motif d'aller rendre visite à sa vieille amie Bell, établie à Hobbitebourg depuis son mariage avec Hamfast Gamegie. En voyant arriver la voiture de Primula dans le chemin des Trous du talus, les Gamegie, qui ignoraient tout de son altercation avec Bilbon, se réjouirent et coururent aussitôt informer Monsieur Sacquet de l'arrivée de sa cousine. Quant il vit Primula debout devant sa porte, le pauvre Bilbon manqua s'évanouir de bonheur. Puis il parvint tant bien que mal à reprendre ses esprits et dit :
« Oh, Primula ! Primula, tu m'as pardonné ! Comme je suis heureux, Pri..... »
« L'heure n'est pas aux effusions, Bilbon, j'ai des choses graves à te révéler. »
« Des choses....oh, oui, bien sur, entre donc ! »
Bilbon conduisit alors Primula dans le plus beau salon de Cul-de-Sac, qui, pour une fois, était rangé, Bell étant passé par-là la veille. Avec une gaucherie attendrissante, Bilbon servit du thé et des petits gâteaux à sa cousine qui les accepta avec un petit sourire triste. Puis, prenant son courage à deux mains, Primula avoua toute l'affaire à Bilbon. Quand cette dernière eut fini de parler, le pauvre hobbit ne savait plus s'il devait se répandre en larmes de joie ou de désespoir. Il parvint toutefois à articuler :
« Mais c'est merveilleux, Primula ! C'est un grand miracle ! Un petit bébé ! Un beau petit bébé aussi joli que sa maman, j'en suis sur ! »
« Mais enfin, Bilbon, ça n'a rien de merveilleux ! Répliqua Primula sur un ton revêche. Cet enfant n'est pas celui de mon mari ! Par Eru, que vais-je faire ? »
« Et bien, tu n'auras qu'à dire à Drogon que l'enfant est de lui ! Après tout, la stérilité n'est pas toujours définitive. »
« Il ne me croira jamais, tu as déjà vu un enfant naître avec deux mois d'avance et même plus ? Car Drogon ne sera pas rentré avant un mois au moins, j'ai reçu une lettre de lui hier. Et puis je ne veux pas lui mentir ! »
« Il t'a bien menti, lui ! »
« Avec ta complicité, Bilbon... »
Bilbon resta un instant interdit, puis soudain, s'écria !
« Et bien, j'ai trouvé le moyen de racheter mes fautes ! Je vais vous prendre avec moi, toi et l'enfant ! Je t'aime, Primula, et je serais un bon père ! »
« Mais je ne veux pas de ton amour ! Je t'aime bien, Bilbon, mais c'est tout, et je ne vais pas jouer la comédie pour me sortir de mon inconduite. Je voulais juste te tenir au courant des faits. Si Drogon me répudie, et bien ! Tant pis, je quitterais la Comté avec mon enfant ! »
« Et pour aller ou ? Demanda moqueusement Bilbon, furieux de se voir ravir son petit Sacquet tant désiré. »
« Je ne sais pas, je verrais bien le moment venu. Adieu, Bilbon ! »
« Tu ne restes pas ici pour la nuit ? Rassure-toi, je ne te ferais pas boire ! »
« Non, merci, je préfère me rendre au Dragon Vert. »
Sur ces mots, Primula se leva, se dirigea vers la porte et sortit du smial.
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Voilà, c'est tout pour aujourd'hui ! Si vous avez aimé, laissez-moi une petite rewiew pour me le dire !
