Chapitre premier : la rentrée

Une goutte coula le long de la vitre jusqu'à atteindre le bord de la surface métallique. Puis une autre vint la rejoindre, créant une pression suffisamment importante pour les précipiter toutes deux unies en un élément droit sur les rails. Il pleuvait. La jeune fille regardait par la fenêtre mais rien ne semblait la troubler. Et certainement pas un élément aussi futile que l'eau du ciel.

Le trajet avait duré une éternité. Le compartiment était vide et cela ne semblait pas non plus atteindre la fillette. La solitude était une seconde nature pour elle, elle avait comme lié un pacte avec elle à la naissance.

Les rires des autres enfants ne perturbaient pas sa réflexion même si cela allait faire la troisième fois en moins de cinq minutes qu'elle consultait sa montre. La pluie était désormais le seul maître dans la nature et les éclairs de l'orage n'allaient pas tarder à éclairer ce spectacle de désolation.

C'était maintenant la quatrième fois, décidemment le temps ne semblait pas de son côté. Elle délaissa la fenêtre pour plonger pour la troisième fois dans un manuel. Après avoir tourné les pages, elle se résigna. Elle les connaissait par cœur ces livres.

Un groupe d'élève passa pour la millième fois lui sembla t-elle devant son compartiment. Elle avait déjà souhaité leur envoyer un sortilège, elle en était plus que capable mais elle savait aussi qu'on ne lui pardonnerait pas de se faire remarquer aussi vite.

Le train arriva en gare. Elle ne se précipita pas pour en sortir. Depuis que ce dernier était parti de Londres quelques heures plus tôt, elle n'avait souhaité qu'une chose et désormais, elle regrettait déjà sa position tranquille loin des feux de la rampe. Dans quelques minutes, elle allait devoir affronter son destin, ou plutôt le destin qu'on avait tracé pour elle.

Le train devait être désert aucun bruit ne retentissait. Elle prit sa respiration et descendit du train. Elle n'avait pas réalisé à quel point le train pouvait contenir d'élèves. En effet, on l'avait déposé tôt et si elle n'était pas la première, elle était du moins dans les premiers à prendre place dans le Poudlard Express.

Premières année par ici ! hurla une voix des plus graves et puissantes

Un petit groupe se forma. L'homme qui devait être un géant compte tenu de sa taille semblait chercher quelque chose dans la foule. Puis, décidant sûrement que le temps ne se prêtait pas à une longue attente, des carrosses apparurent.

Mon père m'avait dit qu'on arriverait en barque, se plaignit une petite voix

Oui mais réfléchi un peu, t'as vu le temps ? lui répondit une autre

L'entente entre les élèves s'était faite rapidement, la peur de la nouveauté aidant à rapprocher les êtres. La balade n'avait rien de très champêtre, les bestiaux, sorte de chevaux aux yeux terrifiants, soufflaient bruyamment sous le poids de leur charge alourdie par la boue qui coinçait les roues.

Les trois élèves qui partageaient sa voiture avaient l'air terrifié et frigorifié. Héra ne leur accorda qu'un regard, trop occupée à essayer d'apercevoir le château. Puis, il s'imposa enfin à eux, Poudlard dans sa magnificence, ses lumières prit bientôt l'entière place dans le paysage désolé d'une forêt humide et peu accueillante.

Un professeur attendait les nouveaux venus. Son air peu sympathique était plus troublé qu'à l'ordinaire.

Le professeur Minerva Mc Gonagall n'en était pas à sa première rentrée, elle était certainement la doyenne des professeurs du Collège et elle imposait par son charisme à chacun de ses élèves un grand respect. Pourtant, cette rentrée n'était pas une rentrée comme elle en avait déjà tant vécue, et elle allait être marquante, non seulement pour la carrière du professeur mais aussi pour Poudlard.

Bien, je vois que vous êtes tous là, annonça solennellement le professeur en cherchant elle aussi quelqu'un dans le petit groupe de première année. Je vous souhaite à toutes et à tous, la bienvenue dans notre institution. Vous … s'arrêta t-elle en croisant le regard d'Héra .. allez être réparti...

La voix du professeur s'était fait tremblante mais peu d'élève avaient senti la différence, chacun étant trop anxieux sur la destinée qu'on allait lui infliger. Héra savait bien pourquoi le professeur avait ainsi réagit.

Les portes de la grande salle s'ouvrirent aux nouveaux élèves. Quatre rangées de tables dominaient la spatiale de la pièce. De part et d'autre des tables se trouvaient des élèves assis tranquillement, la plupart n'accordant qu'un léger intérêt à ce qui se passer. Prenant la file des élèves groupés par deux, le professeur Mc Gonagall monta la première sur l'estrade et sortit de sa poche un parchemin roulé qui apparemment contenait la liste des nouveaux élèves. Elle commença à appeler les élèves les uns après les autres, mais Héra ne se souciait pas encore de son sort. Elle fixait l'ensemble des professeurs qui comme répondant aux règles d'un jeu implicites la rechercher eux aussi.

La tension dans la grande salle était palpable. Jamais une rentrée n'avait été aussi tendue et pourtant, les quelques années de guerre qu'ils venaient d'essuyer n'avaient pas épargné les sensibilités. Pas une personne dans cette salle n'avait échappé à la perte d'au moins un de ses proches mais pourtant, cette rentrée était pesante.

Le groupe de première année s'était considérablement rétréci et Héra attendait d'une seconde à l'autre à être appelée à son tour. Puis, ce fut le cas.

Héra Voldemort, appela la voix cette fois nettement tremblante de la sous-directrice

Le silence se fut dans la salle. Héra approcha du tabouret où se trouvait le choixpeau et s'en coiffa seule.

Hum… cela faisait longtemps que j'attendais cela … hum … tu sais où je vais t'envoyer n'est ce pas ? Tu viens chercher les réponses et non la gloire, tu as le poids de la tradition sur tes épaules … allez va petite Héra et n'oublie pas ce que tu es venue chercher ! SERPENTARD

Le son de cette dernière parole raisonna dans la salle comme la lame de la guillotine sur le billot. Quelques applaudissements discrets retentirent de la dernière table mais Héra ne s'en vexa pas et alla droit à la table de la maison qui fût créer jadis pas son ancêtre Salazar Serpentard.

Le directeur fit son discours habituel de début d'année. Il semblait être le seul à prendre les choses naturellement. Nul doute qu'il avait du être pour beaucoup dans le choix de l'acceptation de la jeune fille à Poudlard. Il commença comme tous les ans depuis ces dernières années par se recueillir sur les morts durant l'été et il adressa ses profonds regrets aux familles et proches des victimes. Tous les regards glissèrent du directeur vers la jeune fille brune aux yeux verts. Il poursuivit ensuite sur les recommandations d'usage et autres réglementations institutionnelles dont la pratique faisait désormais obligation.

Le festin fut lancé, les plats apparurent mais les discussions ne s'élevaient jamais au dessus du murmure. Les professeurs ne quittaient pas la jeune Serpentard des yeux. Enfin, presque tous les professeurs, le seul dont elle n'avait encore croisé le regard était son propre directeur de maison : Severus Rogue.

Sur les coups de vingt deux heures, le directeur annonça la fin du repas et renouvela ses vœux de réussite pour l'année scolaire. Des élèves plus âgés se levèrent en appelant les nouveaux de chaque maison. Le préfet de Serpentard était un garçon assez bourru qui s'appelait Terry Weasley. Il était roux et Héra connaissait bien ses parents. A vrai dire, elle connaissait plutôt bien les parents de nombre d'élève de sa maison pour leur appartenance au clan des Mangemorts mais elle ne dit rien et suivit sans traîner ses nouveaux « amis ».

Le dortoir des filles n'était pas des plus agréable. Les murs de pierres brutes assorties parfaitement au sol de même nature avec pour seules décorations quatre lits et quatre armoires. Héra entra la première dans la pièce et choisi le lit le plus éloigné de la porte. C'était quelque chose que lui avait appris son père. Son père …

Il n'avait pas très bien accueilli le fait qu'elle choisisse de faire ses études à Poudlard est pourtant elle était là. Elle regrettait un peu ce choix en ce moment même, et les paroles du choixpeau revinrent à son esprit : « n'oublie pas ce que tu es venue chercher ».

Des cris retentirent dans la salle commune, des élèves étaient installés dans différents canapés de cuir vert, d'autre attablés autour d'un verre de jus de citrouille en train de chuchoter. Une fois encore, le silence s'installa quand Héra passa le seuil de la pièce. Elle en avait l'habitude et ne le remarqua même pas : sa vie était silence. Le seul qui ne se taisait pas devant elle était la raison pour laquelle les autres devenaient muets.

Le professeur de potion se tenait au milieu de la pièce, entouré par un groupe d'élèves. Son regard ne s'attarda pas sur la jeune fille et il déclara aussi abruptement que possible :

je ne peux rien faire, allez voir le directeur … le prochain qui se plaint se verra retirer des points de maison, ai-je été clair ? incita t-il avant de quitter la pièce

Les heures passant, les élèves quittaient la salle commune. Héra restait là tranquillement à regarder le feu. Sur les coups de minuit, un animal se glissa dans la salle commune. Son long corps froid rampant le dallage de la pièce, sortant régulièrement sa langue reptilienne afin de se repérer dans ce lieu inconnu. Il lui glissa le long de la cheville atteignant son but en se plaçant autour du cou de la fillette.

Ah Ebola, tu m'as retrouvé, articula t-elle dans une langue inconnue

Ssssssi, lui cracha le serpent

Elle resta encore un moment dans la salle des Serpentards, regardant chaque détail de l'architecture de la pièce, chaque motif de chaque décoration qui ornaient les murs puis, décida enfin d'aller se coucher.

Héra dû réprimer un fou rire en voyant le spectacle qui se dresser devant elle. Les deux filles qui partageaient son dortoir s'étaient rassemblait dans moins de deux mètre carrés. Elles dormaient dans le même lit chacune tenant sa baguette dans la main. Etant donné la position que l'une tenait par rapport à l'autre, elles avaient apparemment instaurés un tour de garde mais devant la fatigue la sentinelle avait lâché sa position et sombré dans le sommeil.

Héra se coucha après avoir placé son serpent dans le panier qui était son nid et s'endormit aussitôt.

Le lendemain, Héra se réveilla avant les deux autres. Le spectacle n'avait en rien perdu sa situation comique étant donné que la baguette de l'une s'était logée dans la narine gauche de l'autre qui était dans une position d'équilibre plus que précaire.

Après être passé à la salle de bain et après avoir déposé son serpent dehors, elle se rendit dans la grande salle. Un garçon qu'elle avait aperçu la vieille était en grande conversation avec un autre tous deux de la maison Gryffondor si on en croyait leur uniforme.

Allez James dit le moi, supplié le premier

Oh non Arthur, certainement pas, t'es trop nul pour moi ! ria le second

Des idiots si tu veux mon avis, ponctua une voix derrière elle

Pardon ? demanda Héra en se retournant

Je disais des idiots, répéta la voix

La voix appartenait à une jeune fille de l'âge d'Héra. Elle était d'une blondeur étonnante et ses yeux bleus faisait de cette fille l'une des plus belle qu'Héra n'avait jamais vu.

Pardon je ne me suis même pas présentée, dit la jeune fille en tendant sa main, Agathe, Agathe Malefoy

Héra Voldemort, répondit Héra spontanément avec défi

Ca je savais déjà …Je viens d'arriver ce matin, le directeur m'a réparti à Serpentard, alors on se verra plus tard

Héra lui fit un signe de tête et continua de regarder les deux garçons. Le petit déjeuné fut plus conforme à ce qui devait être, seules quelques personnes se retournaient encore sur elle. Les emploi du temps furent distribués par un directeur de maison qui visiblement n'avait pas beaucoup dormi.

La tranquillité de ce repas fut troublée par la voix du directeur

Bonjour miss, lui adressa t-il avec un sourire

Bonjour Sir, lui répondit-elle avec étonnement

Héra reposa sa cuillère et se rendit dans la salle de sortilège au troisième étage, lieu de leur premier cours de l'année. Elle était la première sur les lieux et lorsque le cours commença, elle fit connaissance d'un petit homme bien curieux.

Il s'appelait Fitwick. Elle ne connaissait ce professeur que de nom, étant donné qu'il n'avait pas été un des professeurs de son père mais elle trouva que son enseignement gagnerait en clarté s'il articulait ses phrases sans bégayement et s'il arrêtait de sursauter à chaque fois qu'un élève s'adressait à lui.

C'était devenu un jeu pour Héra. Elle aimait voir l'effet qu'elle provoquait sur les autres, et parfois et même souvent, elle s'en amusait terriblement. Elle avait bien peu de choses à apprendre de ces professeurs, elle le savait, mais elle mettait toutefois un point d'honneur à être digne de son héritage.

Le premier cours portait sur les bases et en un rien de temps Héra s'ennuya terriblement. Le professeur évitait autant que faire se peut de la regarder et une fois encore elle commençait à regarder sa montre. Si elle avait dû avoir une meilleure amis dans ce monde, cela aurait être sa montre, elle passait un temps incommensurable à regarder ce cadran brillant et orné de ses trois aiguilles. Elle aimait savoir que des choses ne changeaient pas, cela la rassurait et le mouvement de la trotteuse avait un effet apaisant, si apaisant et distrayant qu'elle n'avait même pas entendu la porte qui s'ouvrait et l'élève entrait dans la salle de cours provoquant la chute du petit professeur.

C'était Agathe, elle revenait droit du dortoir et était revêtu de l'uniforme des Serpentard. Elle s'assit devant Héra lui adressant au passage un grand sourire.