Chapitre deux : premiers pas

Le cours venait de finir. Héra n'avait peut être pas appris beaucoup, pour ne pas dire rien, mais cela la changeait de n'être plus seule, du moins, plus le seul être vivant dans une immense demeure ténèbre et impersonnel qui avait été son « prison » pendant les onze dernières années. Elle savait, de toutes façons, qu'il ne lui restait pas beaucoup à apprendre : « quand on a eu Lord Voldemort comme précepteur pendant plus de dix ans, l'enseignement suivant ne peut être qu'accessoire » comme le répétait souvent son père.

Les élèves se précipitaient déjà vers la grande salle pour se sustenter d'une première matinée de cours plus ou moins chargée selon les années et les maisons. Héra riait de voir cet attroupement passionné, car cela lui rappelait certaines « balades » familiales dont seuls ses parents, investigateurs, avaient le secret.

Héra allait entrer dans la salle lorsque deux garçons lui coupèrent la route. C'était encore les deux jeunes Gryffondors. Le premier était un garçon assez petit aux cheveux noirs et aux yeux d'un vert émeraude, qui contrastait indubitablement de son camarade, un grand rouquin aux yeux bleus qui devait être tomber dans une marmite de soupe de légume verts étant petit pour avoir, si jeune, atteint une telle croissance.

La complicité semblait être acquise depuis longtemps entre ces deux là ; et, en effet, elle était la transmission directe de l'amitié entre leurs parents : un cadeau trans-générationnel en quelque sorte.

James Potter, était le fils du célèbre auror Harry Potter, plus connu sous le nom de « celui qui a survécu » et d'une mère auror, aujourd'hui décédée, Emily Ducker. Il était enfant unique, comme la plupart des élèves du collège mais n'avait pas eu les privilèges de la situation.

Son père s'était plutôt bien et vite remis de la mort prématurée de sa femme et ses conquêtes féminines n'avaient d'égal que ses conquêtes militaires. Il avait au profit de son travail au ministère et à la brigade de l'Ordre du Phénix, délégué l'éducation de son fils à des nourrices et cela dès les premiers mois.

James était un enfant des plus détestables. Il ne pouvait supporter le choix de vie de son père, et son comportement n'avait en fait pour origine un appel à l'aide, un cri au désespoir mais cela est vite devenu une seconde peau, et le faux self (1) a engendré un double maléfique qui aujourd'hui avait pris le dessus sur la personnalité du jeune homme.

Arthur Weasley était issus de l'union harmonieuse de deux sorciers : l'explorateur Ronald Weasley et la Médicomage à qui l'on doit le traitement des maladies magiques tropicales liés aux morsures de Runespoor (2), Hermione Granger.

Faisant la fierté de ses parents depuis la naissance, le « petit » Arthur était un enfant délicieux, dont la curiosité n'était jamais rassasiée : ce qui le mettait souvent dans des situations délicates, surtout auprès de créatures dangereuses. Le garçonnet avait très vite était complexé par son physique. Dépassant déjà de plus de deux têtes n'importe lequel des enfants de sa classe, il avait dû subir les sobriquets les plus monstrueux, ce qui le fit se replier sur lui-même et perdre un peu de cette richesse de l'enfance, l'innocence et la témérité.

Le parrain du James était bien sur Ronald Wesaley et inversement pour Arthur. Les trois parents ayant été inséparables du temps de leur propre scolarité, ils n'envisageaient pas autrement les relations entre leurs enfants respectifs. Leurs rencontres étaient toutefois ponctuelles, aux occasions habituelles de Noël ou des courtes vacances que s'accordait Harry mais l'année précédente avait beaucoup modifié cette configuration.

En effet, la nouvelle maîtresse de Harry n'était autre que Hermione Granger. Le père d'Arthur étant incessamment en voyage pour la société de commerce d'animaux qui l'employait, la jeune femme c'était sentie bien seule et avait profité du congé forcé que le ministère avait fait prendre à Harry (pour acharnement sur suspect) pour combler son emploi du temps sentimental.

Le petit Arthur encore trop naïf ignorait cette liaison, au contraire de James qui, habitué aux écarts de son père et son obstination à ne rien respecter, avait tout de suite saisie la nature des rencontres entre les deux adultes.

Les deux garçons étaient une fois encore en train de se disputer pour une raison obscure comme la plupart du temps. Celui qui était l'instigateur de ces disputes était bien sur James, qui n'avait trouvé que cet unique moyen pour faire comprendre à Arthur que ce dernier était comme un frère pour lui. Arthur avait bien saisie cela et ce devait d'ailleurs être pour cette raison qu'il se laissait emporter dans des conflits sans buts, ni raisons à tout bout de champs.

Héra les regardait quand soudain sa ta tête lui sembla terriblement lourde. Elle se laissa reposer contre la paroi lisse du mur derrière elle. Elle savait ce que cela signifiait mais elle ne voulait pas que cela se reproduise. Une larme perla le long de sa joue, son pouls s'accélérait, son sang semblait stagné au niveau de ses orbites qui lui masquaient désormais la réalité. Elle ferma les yeux, contrôla sa respiration, seul élément sur lequel elle avait encore une emprise sur ce corps qui céder, et se concentra de toutes ses forces pour bloquer l'intrusion. La crise ne dura guère plus de quelques minutes mais elle avait été intense. Elle se releva doucement, prenant garde de ne pas s'évanouir en rétablissant le circuit sanguin des pieds jusqu'à sa tête sur toute sa hauteur. Elle chancelait encore mais elle décida à regret que le déjeuner devrait attendre et se rendit d'un pas rapide à la volière.

Le premier cours de l'après midi allait apporter son pesant d'amusement et Héra se sentait en terrain conquis dans ce cachot pourtant de réputation si terrible et surtout si peu accueillant. Elle prit place au premier rang, une place que le professeur Rogue ne manquerait pas d'éviter à l'avenir. Le cours rassemblait l'ensemble des élèves de première année. La promotion était encore mince cette année, et les conflits qui s'abattaient en ce moment même quelque part dans le monde n'allaient certainement aider à remédier à cette situation pour la prochaine génération.

En effet, la guerre faisait des ravages. Comme souvent en matière conflictuelle, elle avait des origines profondes et même si des longues pauses (treize ans et douze ans) marquaient son histoire, on pouvait dater le début du conflit à environ une quarantaine d'année. Cette partie de la guerre avait débuté cinq ans auparavant, elle n'avait longtemps été, en particulier pour le large public fervent lecteur de la gazette (qui était tomber sous le contrôle et la censure ministériel après l'annonce du retour du Seigneur de Ténèbres), qu'une suite de batailles sans lien de corrélation. Puis un jour, après le massacre de la Saint Merlin, les gens ne purent plus se voiler la face, et il fallut se décider à appeler un chat un chat et à déclarer l'état de guerre. Bien que la résistance s'organisait déjà depuis plusieurs mois autour d'Albus Dumbledore (qui avaient une fois encore sentit le retour en force des Mangemorts), quand la guerre fut officiellement annoncé au public, le ministre de l'époque, un certain Fudge, qui ne laissa son nom dans l'histoire que sous le pseudonyme « celui qui a conduit le monde à sa perte deux fois », signa contre toute attente et aucun débat auprès de ses conseillers, un traité d'abdication ; ce qui lui valu un coup d'Etat monumental et un séjour des plus expéditif à Azkaban.

Ce fût alors la ministre actuelle Nymphadora Tonks, qui prit le contrôle des opérations à la fois militaires et politiques. Dans l'autre camps, les armées s'organisaient et la tardive annonce d'état de guerre à la population à la fois sorcière et moldue avaient joué en leur faveur.

Les premières victimes avaient été les nés de moldus. Un véritable génocide, digne des pires épidémies réunies en un seul chao. Les Mangemorts, dont les rangs grossissaient de semaine en semaines, faisaient des rafles terribles. Peu survivaient et quelques uns étaient « conserver » en tant que cobayes vivant pour tester leur sortilèges, pour avaler leur potions, en tant que sujets d'entraînement à la formation des nouvelles recrues, ou plus simplement en temps qu'objet d'amusement pour leur penchant un peu sadique, caractéristiques des plus appréciées par leur maître à tous, Voldemort.

Puis ce fut au tour des Cracmols. Aucun répit pour ces sorciers qui étaient désignés comme faisant honte à leur sang. Pas un n'avaient été épargné. Leurs dessins étaient inconnus pour la plupart des gens, mais Voldemort avait réussi à pousser l'horreur du genre humain au-delà des limites du possible. Les rares à savoir étaient les proches du maître ou encore les « expéditeurs » (sorte de patrouilles d'élite spécialisée pour les « sales travaux ».

Les rumeurs parlaient de démembrements, d'autre parler de séquestrations lugubres, d'autres encore évoquaient des théories bien plus macabres et innommables. C'était très certainement ces derniers qui étaient dans le vrai.

Pas une semaine ne faisait pas son lot d'orphelin ou d'endeuiller. Et si par chance aucun affrontement n'avait fait de victime, les « troupes de la mort », se rattraper très vite afin d'atteindre leur quota. Leur devise était « tuer d'abord et réfléchir après ».

Ainsi ces populations étant décimées, la guerre emportant encore chaque semaines, des centaines de valeureux sorciers se battants pour la liberté, et la chute de Voldemort : les possibilités de recrutement scolaires se retrouvèrent limiter à quelques vingtaines par année.

La cloche retentit, le cours allait commencer. Les élèves jetaient tous un regard terrifié à Héra, et le pas du professeur de potion fit sursauter la plupart d'entre eux trop absorbés à surveiller chaque geste de la petite brune au nom mortifiant.

Le professeur prit la liste et fit l'appel. Il passa de Potter à Weasley. Héra avait remarqué. C'était la seconde fois aujourd'hui que les professeurs n'appelaient pas son nom. Elle s'en moquait. Cela l'amusait même. Voir le pouvoir que son nom avait sur ses semblables avaient très tôt absorbé sa curiosité, vous me l'accorderez : malsaine !

Le professeur Rogue n'avait jamais été aussi nerveux à un cours. En fait, il n'avait même jamais été aussi nerveux de toute sa vie. Et pourtant il était passé par tant d'épreuve dans sa vie déjà très avancée. Echappé à la mort, il connaissait, risquer sa vie à chaque seconde, il savait mais se retrouver en face de la fille de Voldemort, à fortiori sans connaître ni ses intentions, ni ses aspirations… Mais c'était en fait la position de tous dans cette salle, seule Héra semblait pleinement sereine.

Son serpent entra dans la salle, il n'était jamais loin d'elle, ordre de son père. Il s'enroula tranquillement autour de sa chaise sans provoquer le moindre bruit dans la salle d'un silence absolu à peine salit des bruits de respiration des différents être emplissant la pièce.

La porte s'ouvrit à la volée. Une furie blonde entra dans la salle de cours, se précipita pour glisser un mot au professeur qui répondit d'un petit signe de tête sans prononcer le moindre mot. Agathe regarda la salle et se mit à côté d'Héra.

Cette solution était la plus aisée, car la configuration de la classe ne laissait pas vraiment d'autre choix à la jeune élève. En effet, outre le bureau professoral où régnait le professeur Rogue, et les deux Serpentards au premier rang ; les quatre premières rangées avaient été désertées, quant au deux rangs du fond, les élèves s'y étaient largement regroupés allant même jusqu'à partager la paillasse près de la porte à plus de cinq, le sixième n'ayant que deux doigts sur cette dernière.

Le professeur fit son cours en expliquant bien les démarches réglementaires quant à l'utilisation de potion, leur application et les décrets de loi qui régissaient leur application.

C'était une nouvelle partie du programme, la loi était désormais enseignée à chaque cours par chaque professeur. L'idée émanait de la ministre en personne et avait été plutôt bien accepté par le corps enseignant. Les élèves se servaient souvent de cette digression disciplinaire pour bavarder et certains élèves particulièrement agitateurs entraînaient leur professeur dans des débats juridiques, qui n'aboutissaient jamais que sur une punition des dits élèves ou une suppression de points : les professeurs n'étant plus dupes de ces manœuvres depuis longtemps.

La sonnerie marqua la fin des deux premières heures de l'après midi. Héra et les autres élèves se rendit tranquillement au prochain cours. Il avait lieu au second étage, dans la salle de défense contre les forces du mal. Le nom du professeur inscrit sous la matière dans l'emploi du temps était RJ Lupin. Héra sourit.

Agathe avait décidé de ne plus lâcher la jeune Serpentard. Héra l'avait bien sur remarqué mais une fois encore elle ne semblait pas ni contrarier, ni particulièrement contente. Masquer ces sentiments était un art que maîtrisait à la perfection la jeune fille, et personne ne pouvait deviné le fil de ses pensées et encore moins la nature de celles-ci.

Le professeur était déjà dans la salle de cours. Il semblait à la fois très jeune et très vieux. Pour quiconque ne l'aurait jamais rencontré, il penserait que l'homme devait avoir atteint l'âge de la retraite. Héra regarda sa montre. Elle sourit une fois de plus.

Les élèves étaient très calmes et le cours se déroula sans aucunes anicroches, à l'appel, pour la première fois, Héra pu répondre présente. « Bon point pour lui » pensa t-elle. Le cours portait sur les conditions d'utilisation de la magie dans un but défensif. Ce serait l'objet du cours de la première partie de l'année, la seconde étant réservée à l'apprentissage de la magie dans un but offensif.

En fonction du contexte, les choses changent. Rémus Lupin se souvenait très bien de la première fois où il avait fait cours de défense. Cela remontait déjà loin, et malgré un temps d'arrêt dans sa carrière professorale, il se sentait très compétant. Cette pause professorale …

Ses pensées furent troublées par un élève qui leva la main pendant que les autres recopier tranquillement la leçon copiée au tableau.

Professeur Lupin, appela une voix

Professeur ! répéta avec insistance la voix

Oui ? demanda Lupin

Je voulais savoir si vous allez nous entraîner dès ce semestre

Héra ne se retourna pas. Elle savait à la fois qui avait posé la question et le sujet de la question. Elle connaissait très bien cet entraînement, celui là même qui avait conduit à l'échec du plan de son père des années auparavant …

cf Winnicott pour plus de renseignement … Enola c'est pour toi !!

cf les animaux fantastiques