Rencontre aux sommets
La pluie. Fines gouttelettes d'eau tombant sur les vitres d'un château encore endormi. Severus Rogue se retournait pour la centième fois dans son lit aux draps chiffonnés. Le sommeil lui avait encore fait défaut, et le visage d'Adam semblait s'être à jamais gravé dans son esprit.
Un point noir bisa le ciel encore orangé se rapprochant peu à peu de la tour la plus haute de Poudlard. Le point semblait se multiplié à vue d'œil, il n'y en avait plus un mais toute une nuée se détachant peu à peu les uns des autres.
Un bruit sec raisonna dans la pièce. Un murmure, un gémissement ; s'en suivirent des pas lourds et agacés. L'homme marcha jusqu'à la fenêtre et tourna la clinche dans le sens des aiguilles d'une montre. Les premiers points noirs avaient pris forme, et les hiboux s'engouffraient dans la petite pièce du bureau où dormait Albus Dumbledore. Il jeta un regard à sa montre à douze aiguilles et soupira.
Albus Dumbledore était le plus grand sorcier que la terre comptait et sa mort provoquerait sûrement un deuil international. Sa sagesse était reconnue et ses fonctions multiples dans le gouvernement actuel ne l'empêchaient pas d'être un fabuleux directeur pour Poudlard.
Il avait pris la tête de la résistance dès les prémices de la guerre, il y a quarante ans et avant cela, il avait vaincu et débarrassé la terre du précédent mage noir en quête de gloire et de puissance un sorcier du nom de Grindelwald. Mais ce dernier était un enfant de cœur à côté de Lord Voldemort, la recherche de l'éternité par celui-ci y étant pour beaucoup.
Lord Voldemort, c'était la source de tous ces problèmes actuels. Il prit la première lettre : une beuglante. Il pointa sa baguette sur le papier cartonné rouge et la plaça à une distance raisonnable de ses malheureux tympans vieillissants et la laissa exploser.
Soupir
Il se faisait vieux pour ce genre de choses. Il était fatigué de devoir sans cesse se justifier de ces choix. Il laissa les volatiles, très nombreux en ce dimanche matin, déposé leur courrier et descendit se préparer.
Le week end avait commencé de la sorte. Des lettres, des centaines de lettres des parents d'élèves, des membres du ministère, des membres de la communauté lui demandant s'il n'avait pas perdu l'esprit. Les membres de l'équipe pédagogique ne le laissaient pas non plus dans une paix totale et ceux malgré le fait qu'ils aient été prévenus depuis des semaines. Il s'en souvenait bien.
C'était un mardi matin, le courrier venait de lui apporter la lettre qu'il attendait avec impatience. Il savait que le risque était grand mais il faisait confiance à son instinct qui en dépit des années de doutes ne l'avait jamais trompé.
Il était descendu à la salle des professeurs, lieu préféré des enseignants même l'été grâce à son excellente situation spatiale. La fenêtre était ouverte et des branches d'un pin environnant entraient dans la pièce et dansaient à gré de la légère brise de vent de fin août.
Il s'était éclaircit la gorge en entrant, ce qui avait eu pour effet de faire disparaître le murmure des conversations.
J'ai une grande annonce à vous faire et vous feriez mieux de vous assoire mes chers amis et collègues
Cela avait été une amorce des plus inutile. Tous les professeurs avaient compris à sa façon de se caresser la barbe que ce qu'allait leur dire le directeur était grave. Ils redoutaient forts en leur inconscient que ce ne soit encore des relevés nécrologiques, et tous se préparaient à accuser le choc.
Bien, nous allons accueillir en septembre une élève un peu … enfin, nous allons accueillir en septembre la fille de Voldemort
VOLD… s'étonna avec horreur le professeur Mc Gonagall dont les yeux semblaient avoir triplé de volume
Pardon ? dit avec incrédulité le professeur Fitwick
Etes vous devenus fou Albus ? répéta le professeur Mc Gonagall
Les discussions avaient été interminables et le directeur ne voulait pas se justifier. Après que le soir fut tombé depuis quelques heures et que la situation n'évoluait pas, il finit par annoncer
Je peux comprendre vos arguments et je n'ai qu'une chose à vous dire : les enfants sont la promesse d'un monde meilleur alors que ceux qui ne me font pas confiance partent, je ne leur en voudrais pas, ils pourront même reprendre leur poste dans sept ans
C'était la dernière chose qu'il avait dit avant de prendre sa plus belle plume d'oie et d'envoyer trois parchemins par l'intermédiaire de son phénix.
Le dimanche ne s'annonçait pas fort différent. La rumeur de la venue d'Héra s'était rependue comme une traînée de poudre et il était heureux que les journaux soit interdits dans l'enceinte du collège pour ne pas que les élèves s'embrasent davantage.
Le soir était tombé et après avoir réglé les problèmes du Magenmagot, et fixer les dernières peines de condamnations aux partisans ou aux collaborateurs des forces du mal, Albus ressentit le besoin de prendre l'air. Il prit Fumseck qui dormait tranquillement sur son perchoir et lui chuchota quelque chose avant de le laisser sortir dans la nuit naissante.
Le réveil sonna neuf heures. Héra ne dormait déjà plus depuis longtemps mais elle ne se lassait pas de voir ses deux camarades de chambrée se raidir de terreur à l'idée qu'elle puisse se lever. Agathe avait rejoint le dortoir le jeudi précédent mais elle était encore moins présente qu'Héra. Son lit était défait mais froid, ce qui signifiait qu'elle avait dormit là, mais qu'elle était debout depuis au moins deux heures.
Héra prit Ebola, lui chuchota dans la langue des serpents, qu'elle seule devait avoir la capacité de maîtriser dans ce château, un ordre qui lui donna le sourire et elle reposa le serpent, apparemment satisfaite d'elle-même. Lorsqu'elle sortit de la pièce on pu entendre des hurlements apeurés émanés du fond du couloir où dormait les filles de premières années.
Héra regardait avec plaisir les autres membres de sa maison accourir pour voir ce qui se passer. Non pas pour secourir les malheureuses mais plutôt car le spectacle était rare en ces lieux et que les occasions de rire ou de frémir l'étaient encore plus.
Le déjeuné fut bref, Héra avait des projets pour ce dimanche. Elle avait déjà gaspillé son samedi dans les travaux de cours et ne comptait pas prendre du retard sur ses plans.
Ebola la rejoignit juste à temps et ses crocs coulant de venin apporta une immense satisfaction à la jeune fille. Elle félicita ce dernier et le plaça autour de son cou.
Ebola était un serpent familier. Il lui avait été offert le jour de sa naissance par son père sous forme d'un œuf bien sur envoûté et spécial. Le serpent naquit le jour des 1 an de Héra, et il grandit petit à petit au rythme de la petite fille. Sa mission en tant que familier était l'accompagnement de sa maîtresse mais Héra savait depuis de nombreuses années que même si Ebola était à elle, IL gardait un pouvoir sur lui.
Elle croisa quelques élèves en se rendant dans le parc mais personne n'osa l'interrompre et les murmures se taisaient sous son passage. C'était un des avantages lorsqu'on était la fille du plus grand mage noir de tout les temps, personne ne se mettait sur son chemin, peu de gens osait l'approcher et quiconque aurait essayé aurait subit les courroux de son « papa ».
Cela faisait des heures qu'elle marchait en vain. Le soleil avait passé sa position de Zénith et il n'y avait rien.
quand je pense qu'on ose interdire l'accès à cette forêt, elle est aussi déserte que le cerveau de « Bousetigrow » ! lâcha t-elle en s'asseyant sur une pierre
Tu dois continuer, lui murmura le serpent
Oui je sais mais c'est fatiguant, je pensais au moins trouver un indice, mais ri …
Un phénix passa au dessus de leur tête et Ebola se cacha sous la cape de la Serpentard. Elle se remit en marche jusqu'à ce que la nuit commence à tomber. Elle avait atterri au pied d'une colline. La pente était rude mais elle voulait bénéficier de cet avantage géographique pour se repérer un peu au milieu de ce labyrinthe vert.
Le phénix se posa à ses pieds. Héra n'eut pas le temps de le saisir qu'il s'était déjà envolé.
Maudit piaf, maudit-elle à l'encontre du volatile
Je ne croit pas que maudit soit réellement le terme, commença une voix derrière elle
Héra se retourna et vit le vieil homme.
Encore que, devoir mourir, renaître de ses cendres et mourir encore et ce durant l'éternité, c'est peut être cela l'enfer en quelques sortes …
…
Une élève de première année dans la forêt interdite, reprit la voix
Et bien oui, dit Héra avec une fausse confiance
Le vieil homme lui sourit. La jeune fille lui rendit son sourire. Elle savait qu'était venu le temps de la justification. Elle s'était promit de ne pas mentir à cet homme. Elle ne le connaissait que de réputation car il était et est encore le « meilleur ennemi » de son père mais ce ne fut que lorsqu'elle le vit la semaine dernière dans la grande salle qu'elle su pourquoi.
Le silence se fit. Ce fut une fois encore le directeur qui rompit le silence.
Alors ? Lui demanda t-il
Alors … répéta t-elle en scrutant son regard
Nous savons pourquoi nous sommes là, toi et moi
Oui mais je crois que vos espérances vous trompent, sir
Non, je suis sur que non… Mais pourquoi Poudlard ?
Pour comprendre
…
Le silence se fit de nouveau. Ebola s'impatientait dans la capuche de la cape d'Héra.
Un nécromilier ? demanda le vieil homme
Oui en effet, répondit la jeune fille
Les cours se passent bien ? Questionna le directeur
Oui
Rien de spécial, pas de problème particuliers ? continua le directeur
Vous savez Sir, dans ma vie je n'ai connu que deux catégories de personne. Ceux qui ont peur de mon père et donc de moi et ceux qui veulent approcher mon père et donc qui se servent de moi. Je ne suis pas dupe, je sais que je vivrais ma vie, par et pour mon père, c'est le destin qui a tracé ma route et rien ni personne ne pourra changer cela. Je ferai honneur à l'héritage de mon père, je m'appelle Héra Voldemort, ce nom résonne dans mon âme et dans mon cœur, je suivrais la voie et personne, pas même vous ne saura se mettre sur mon passage.
La jeune fille s'éloigna d'un pas rapide en direction du château, elle était à la fois excitée et énervée. Il avait réussi à faire naître en elle l'impulsivité. Elle détestait cette caractéristique de son caractère. Cela lui causerait sa perte et pourtant elle sortait victorieuse de cette journée. Elle s'était promit de ne pas jouer un jeu avec cet homme et elle en avait appris beaucoup sur lui de cette façon. Elle se coucha immédiatement en prenant soin de décorer les drapes de ces deux victimes de chambrée de la marque des Ténébres et sombra rapidement dans la transe.
L'homme sourit et se retourna. Il avait vu juste, il en avait désormais la certitude, il rentra au château et pour la première fois depuis des lustres il se posa tranquillement dans son fauteuil, un elf de maison lui apporta une bouteille de whisky pur feu et un verre. Il avait ce soir quelque chose à fêter.
