Genèse de la haine

Clac. Clac. La branche percutait une fois de plus la vitre de la fenêtre. Elle était réveillée. Ses yeux étaient grand ouverts mais son corps pesant de semblait pas décider à faire le moindre geste. Elle tenta de bouger un doigt, puis la main et enfin le bras. Les courbatures se faisaient fortement sentir.

Le sortilège que leur avait infliger le directeur avait été d'une puissance inouïe. Elle avait appris quelque chose de cette expérience, les sortilèges les plus simples peuvent faire suffisamment souffrir pour ne pas s'inquiéter de maîtriser les plus complexes. Elle avait ressentie une terrible souffrance au niveau de la colonne vertébrale au moment même où le sortilège atteint sa personne. Elle n'avait ensuite plus été capable du moindre mouvement même si son esprit était toujours aussi vif. Elle avait dû s'endormir sous le poids de le douleur aux alentours de minuit (la lune était bien haute dans le ciel).

Elle s'était peu à peu redressée jusqu'à être en position assise. Son corps craquait sous chaque mouvement, réveillant un à un chaque muscle, articulation ou tendon. Le soleil était levé mais ce devait encore être le matin car il n'était pas encore à son zénith. Aucun bruit ne parvenait jusqu'à elle. Elle balança ses jambes hors du lit dans un geste brusque et douloureux. Elle se leva complètement et attrapa sa baguette posée sur la table de chevet. Elle fit taire en un mouvement cette branche qui l'avait tant horripilé depuis ces nombreuses heures.

C'était en général la première chose qu'elle faisait le matin, c'était un rituel, elle touchait sa baguette, comme pour se rassurer, pour matérialiser la réalité d'un objet qui était à la fois son amie, son ennemie et une partie d'elle-même. Elle la regarda avec nostalgie. Elle se souvint le jour où Ollivander était venue au manoir pour prendre les mesures.

Elle jouait tranquillement dans sa chambre avec Ebola. Son père l'avait fait appeler par un de leurs nombreux elfes de maison. Swiff avait pénétré dans la chambre et avait ensuite pressé la jeune fille de sortir. Elle n'avait alors que dix ans mais son père ne voulait pas qu'elle ait une baguette normale, il voulait la confectionner sur mesure.

Le vieil homme n'avait pas l'air de craindre son père. C'était la première chose qu'elle avait lue dans son regard. Peu de gens pouvaient se targuer de ce courage et Héra respectait cela.

Il approcha de la fillette et plaça sa main sous son menton et la contempla avec insistance, plongeant son regard dans le vert profond des yeux de Héra, nullement décider à se laisser impressionner.

Il lui sourit après un long moment et annonça

Vous avez raison, elle est prête, dit-il d'une voix neutre

Il ne pouvait en être autrement, dit le maître de sa voix puissante

Si vous le dites, ajouta t-il sans conviction

Faites ceux pour quoi on vous paye et taisez vous ! conclut Voldemort en regardant l'homme prendre des mesures de sa fille

Le mètre faisait le tour de la fillette. Cela la chatouillait mais elle ne broncha pas pour autant. Son père l'avait éduquer dans cette vision des choses : une Voldemort ne doit pas se montrer faible, en danger ou terrifier. C'était plus qu'une devise, c'était le modèle de l'éducation qu'elle avait reçu depuis sa naissance.

Elle était la fille de Lord Voldemort, elle s'en était toujours montrer fière. Elle avait beau être la seule héritière, elle n'avait pas été élevée selon la politique de l'enfant roi. Si ses parents avaient lu les théories de Rousseau (1), elle aurait su à quoi rattaché son éducation.

En effet, elle n'avait jamais rien obtenue sans rien, ses parents ne voulant lui inculquer aucune règle, elle devait les apprendre à ses dépends. Sa mère ne changeant pas ses couches, elle du apprendre à être propre ; se brûlant contre les cuisinières du manoir, elle appris à ne plus les approcher … Ainsi de suite pour tout.

Les mesures devaient être terminé et le mètre retomba au sol comme quitté d'un coup par toute magie. Le vieil homme notait avec précision chaque ligne du long manuscrit. Il lança un dernier regard à la fillette qui n'avait pas bougé d'un poil. Il ne souriait plus. Il soupira.

Héra remonte dans ta chambre, ordonna d'une voix franche et claire Lord Voldemort

Oui lord, dit elle sans sourcillé

Je te ferai appeler pour le dîner ma puce, lança t-il finalement à la fillette qui passait le seuil de la porte

Héra n'avait absolument pas l'intention d'en rester là. Elle voulait savoir ce que son père avait prévu pour elle mais elle avait appris à ces dépends que la curiosité n'était pas une chose à tenter avec son père et le sortilège du doloris qu'elle reçut d'un coup lui enfonça une fois de plus la règle dans la tête. Elle se tordit sous la douleur et n'entendit pas les bribes de conversations qui s'échapper de la discussion entre les deux hommes. Elle se souvenait juste que le vieil homme était sorti de la salle et lui avait murmuré à son oreille : « tout se joue désormais entre vous, je fournit des armes égales ».

Ce ne fut que trois mois plus tard, le jour de ses onze ans qu'elle la reçue en guise de cadeau d'anniversaire. Elle était en bois de noyer, et son élément magique était mixte : une écaille de Naguini associé à une plume de phénix.

Elle tenait sa baguette. Elle ne dit pas un mot et avança lentement sous les douleurs musculaires jusqu'à la porte. Elle regarda autour d'elle. L'infirmerie était vide, les lits de part et d'autres étaient vides, et l'infirmière était sans doute partit déjeuner à la grande salle. Elle allait presque atteindre la porte lorsqu'un bruit attira son attention. Elle revint sur ses pas et franchit la petite porte qui séparée les deux pièces qui composait l'infirmerie. Elle approcha du dernier lit près de la fenêtre.

L'occupant semblait dormir car la forme ne bougeait que régulièrement et imperceptiblement sous le mouvement respiratoire calme. Elle approcha encore. On ne voyait rien d'autre qu'une touffe de cheveux d'un noir de jais tranché avec la couleur grise blanche des draps froissés.

Elle approcha encore jusqu'au pied du lit du malade. Un oiseau passa soudain. Son attention fut attirée par lui. Les nuages passaient tranquillement masquant par endroit le ciel bleu. Il ne devait pas faire froid se dit-elle comme absorber par l'hypnotisme nuageux.

La touffe de cheveux laissa soudain dans un battement de bras la place à une tête. Le charme de la météo fut rompu en une seconde. Elle savait ce qu'elle devait faire, elle avait été élevée pour cela et IL ne lui pardonnerait certainement pas une aussi belle occasion. Elle leva sa baguette en approchant doucement du lit. La pointe de sa baguette n'était plus qu'à quelques centimètres de James Potter dont le sommeil profond ne sembla nullement perturbé.

Elle rassembla ses forces et l'oiseau repassa mais cette fois elle ne lui accorda pas le moindre regard. Elle respirait calmement, mais son cœur battait à tout rompre. Elle avait oublié la douleur de son corps et se concentra sur son objectif. Elle attendait le signal. Elle attendait un signe. Elle attendait …

Héra était encore une petite fille d'à peine une huitaine d'année quand son père commença son « éducation » comme il l'appelait si bien. Elle se souvenait bien de ce jour, ils étaient tous les deux dans le parc derrière le manoir aux contours inquiétant et à la pierre noire de quartz.

C'était une belle matinée d'été. Ses cheveux avaient été coiffés en deux couettes tressées de part et d'autre de sa tête. A chaque extrémité avait été posé un élastique bleu sur lequel une figurine en plastique trônée et dont les yeux bougeait en fonction des mouvements de la petite fille. Elle portait une petite robe sombre qui lui tombait jusqu'au genoux, recouvrant les nombreuses égratignures, trophées de ses escapades aventurière dans les méandres et autres catacombes du château.

Il avait plu la veille et la petite fille jouait à tremper ses chaussures de cuir bleu marine surmonté de petites socquettes blanches, dans une flaque d'eau en veillant bien à éclabousser le plus de monde possible et en particulier Peter Pettigrow. Cet homme était l'un des collaborateurs de son père et c'est lui qui fut chargé de la protection d'Héra à sa naissance. Certes ce n'était pas le seul (la jeune fille ne pouvait jamais être seule bien longtemps), mais Héra le détestait particulièrement, chose qu'elle avait bien fait comprendre à son père. Le jeu cessa lorsqu'elle vit son père arrivé à sa hauteur.

Elle aimait beaucoup son père, il était très prévenant à son égard mais ce n'était jamais bon signe, lorsqu'il ordonnait à Pettigrow ne l'amenait à un rendez vous fixé.

Il regarda sa fille est lui dit ses quelques mots, ces mots qui resteraient à jamais graver dans son esprit : « Tu devras tuer l'héritier ». A ce moment précis Héra ressentit une violente décharge derrière la nuque, elle eu d'un coup très froid, sa vision se troubla mais elle ne bougea pourtant pas. Elle resta figer le pied droit dans la flaque d'eau ne sentant pas le liquide monter tranquillement le long des fibres de ses chaussettes faisant transformer le blanc en beige. Elle avait la bouche grande ouverte et les yeux exorbités, puis elle se laissa tomber sur ses genoux, se mordant au passage la langue sans aucun murmure.

IL s'en alla sans autre cérémonie, laissant là une fillette de huit ans, en proie à l'incompréhension et à la peur, un filet de sang coulant légèrement le long de sa bouche s'en même se retourner, l'air satisfait et vainqueur.

Elle avait oublié ce souvenir jusqu'à ce moment précis. Sa baguette toujours fixée sur le visage du garçon aux traits sereins. De longues minutes passèrent et la porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée, dévoilant deux joueurs de Quidditch mal en point hurlant à plein poumon après une infirmière qui arriva derrière eux.

Héra baissa sa baguette mais ne la rangea toutefois pas. Elle n'avait pas bougé mais le sommeil de James commençait à le quitter, son inconscient alerté par le bruit d'agonie qui parvenait à ses sens. Elle pointa sa baguette sur l'index du garçon et prononça une formule. Une fissure se forma soudain, laissant échapper une large goutte de sang qui coula lourdement sur le drap du jeune homme, elle posa son propre doigt sur la fissure stoppant l'hémorragie. Elle souriait en se penchant à son oreille : « le sang a coulé James Potter ».

Les yeux du garçon s'ouvrirent brusquement mais quand il arriva enfin à se relever sur son séant, maugréant contre des courbatures douloureuses, la jeune fille avait déjà quitté la pièce.

Il quitta à son tour rapidement l'infirmerie, ne laissant pas le temps à l'infirmière de lui opposer une résistance. Il voulu rattraper la Serpentard mais au détour d'un couloir il percuta avec grand fracas sa pauvre directrice de maison, et son paquet de parchemin d'élève de seconde année.

Excusez moi, professeur, dit il rapidement

Potter ! hurla le professeur

Je suis vraiment désolée, bégaya t-il sentant bien que ce n'était pas le moment de fanfaronner

Je peux savoir ce qui justifie une telle course poursuite dans un couloir Monsieur Potter ? lui adressa t-elle en rassemblant à l'aide de sa baguette ses copies largement éparpiller sur le sol

Et bien, ce n'était pas une course poursuite, professeur, je voulais simplement… s'arrêta t-il en regardant la tâche de sang qui s'agrandissait largement sur la toile du parchemin qu'il tenait

Je me fiche de savoir ce que c'était, j'ôte 10 points à Gryffondor, et je vous demanderai à l'avenir de respecter un peu plus le règlement concernant la limitation de vitesse dans les couloirs, suis-je claire ? demanda le professeur en posant un regard sévère sur le jeune garçon

Oui professeur, répondit le garçon en se relevant

Le professeur s'éloigna vers la salle des professeurs et James restait planté comme un piquet se tenant le doigt et regardant la coupure qui venait de se rouvrir. Il pensa à cet instant que Héra lui avait dit et laissa échapper un juron en donnant un coup de pied monumental d'une extrême force, à une pauvre armure qui céda sous la violence su coup et se repartit en morceaux dans un bruit métallique bruyant et résonnant. Il se sentait idiot et en colère, il venait de se faire dominer par celle qu'il considérera à partir de ce jour comme son ennemie. Son ennemie.

C'était la veille du départ pour Poudlard. James était tranquillement installé dans sa cabane, une planche de bois en haut d'un olivier juste au dessus de la tombe de sa mère. Après que Hermione eut droit à sa petite affaire qui, l'avait si on en jugeait par les cris poussés, avait du satisfaire la jeune femme à la hauteur de ses besoins, Harry était venue s'assoire près de son fils.

Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait souvent, James tenait une comptabilité très précise de ce genre de démonstration. Il approcha de la cabane de James.

Je peux monter ? demanda t-il en criant vers le ciel violet

Je monte ! dit-il en enfourchant la petite échelle de corde qui permettait d'atteindre la plateforme

Alors mon fils, pas trop nerveux pour demain ? demanda t-il encore

Pourquoi le serais je ? répondit –il d'une manière des plus froides

Et bien, car tu es un Potter, les murs de Poudlard sont gravés des noms de ton grand père et de moi-même ! annonça t-il fièrement en bombant le torse

Dans ce cas, t'avais qu'à m'inscrire sous le nom de maman, je ne t'aurais pas fait honte ! grogna t-il en lançant une pierre sur un gnome qui venait de franchir les barrières du jardin

Ne sois pas idiot, tu es un Potter, conduis toi comme tel, dit Harry non sans maladresse

C'est ça, hésite pas à ne pas m'écrire surtout, tu pourras sauter toutes les femmes que tu veux sans te soucier de rien, pour peu que tu te sois déjà soucier de quelque chose que toi-même, marmonna t-il

Je t'interdis de dire cela, ordonna Harry en levant la main sur son fils

Ben vas y qu'est que t'attends, t'es qu'un minable alors vas y, et je dirais bien aux autres que mon père « Le Grand Harry Potter » n'est un faible qui frappe son fils unique ! menaça t-il en se levant comme pour mieux s'affirmer

Asseyez toi, dit-il calmement, je ne veux pas me battre avec toi, en particulier pas ce soir, James. Je veux te dire quelque chose, si tu n'as qu'une chose à retenir de toute ta vie, c'est celle là, commença t-il en se relevant pour faire assoire son fils en le prenant par l'épaule

La seule chose que j'aurais à retenir ! répéta t-il, de toutes façons, on peut pas dire que tu m'ais appris grand-chose à part peut être comment oublier la mère de son fils en se faisant la femme de son meilleur ami dans le dos de celui…

La gifle arriva d'un coup. James était soufflé non pas par la violence de la baffe mais surtout de sa soudaineté. Harry se baissa de nouveau et s'assit sur le bord de la cabane, ses jambes dans le vide. James était toujours debout, le choc étant passé, il était désormais vexé d'avoir été ainsi traité par cet homme qu'il aimait autant qu'il méprisait.

Ta mère je ne l'ai jamais oublié, lâcha t-il après de longue minutes de silence, elle était … ce n'est pas d'elle dont je dois te parler mais d'une rencontre que tu vas faire à Poudlard

Quelle rencontre ? demanda James en regardant le dos de l'homme visiblement las et fatigué en cette triste dernière journée d'août

Tu verras le moment venue, tu dois te rappeler d'une seule et unique chose James, dit Harry en se relevant et en faisant cette fois face son fils

Qu'est ce que c'est que cette chose ? demanda James avec une certaine inquiétude dans la voix

Je ne peux rien faire mais toi tu peux mettre fin à la guerre mon fils, pour cela tu dois vaincre l'ennemie, dit il clairement et distinctement

Quoi ? qu'est ce que tu racontes ? La guerre, mais comment je …quel ennemi ? bégaya t-il sans arriver à finir ses phrases

Souviens t-en mon fils, je compte sur toi, conclut-il en descendant de la plateforme

James avait voulu en demander d'avantage mais il ne pouvait plus articuler le moindre mot. Jamais son père ne lui avait parlé ainsi, avec autant de mystère et de sérieux. Il descendit à son tour et s'installa dos contre la stèle de sa mère. Il regarda le soleil se couchait lentement et disparaître de l'horizon. C'était la fin des vacances, c'était la fin d'une vie. Il toucha la photo de la pierre tombale et traça de son doigt les contours du petit portrait et de l'inscription.

maman, pourquoi ? supplia t-il en tombant sur le marbre encore chaud d'avoir été chauffer longuement par l'astre.

Il pleurait. Ce soir là, il ne rentra pas dormir.

Son ennemie. Il comprenait désormais le sens des paroles de son père. Il donna un coup au heaume de l'armure qui alla percuter un mur au bout du couloir avec une puissance étonnante. Le bruit masqua l'arrivée de la jeune fille.

Et bien mon petit Jamessy, on s'en prend aux armures désormais ? dit une voix douce et calme derrière lui, remarque c'est peut être plus à ton niveau que quoique ce soit d'autre

Agathe, tiens quelle mauvaise surprise, lâcha James en se retournant sur la jeune fille, que me vaut l'honneur de cette rencontre des plus inopportunes ?

Je venais voir comment tu te portais et je vois que le sortilège de stupefixion n'a pas améliorer ta capacité réflexive… constata Agathe en tournant autour de lui

Qu'est ce que tu me veux ? demanda t-il en essayant de ne pas quitter les yeux perçant de la Serpentard

Tu le sauras bien assez vite mon ami, passe le bonjour à mon cousin ! dit-elle dans un rire des plus angoissants.

Ce n'était décidemment pas son jour, Héra, Mc Gonagall et maintenant Agathe, son corps n'était plus douloureux mais il se sentait extrêmement las. Le fait qu'Agathe attende quelque chose de lui n'était pas des plus rassurant mais il n'était pas un poltron, il respira et la colère lui remonta dangereusement jusqu'à la gorge. « Je vous aurais » hurla t-il en prenant le chemin de la volière.