shadalie : merci beaucoup, voilà ce qui se passe : j'espère que tu vas aimer ce chapitre !

bellasidious : la voilà, on peut pas dire que ce soit de longs chapitre mais deux en deux jours quand même !

satya : désolé pour toutes tes corvées, dis toi que après l'effort le réconfort !

lola : voilà t'as fini ta conclusion, plus de baratin lis ça (tu vas être contente)

Le secret d'Agathe

La lune était haute dans le ciel étoilé. Un hibou hululait tranquillement à la cime d'un puissant chêne non loin du cachot des Serpentards. Des bruits de pas retentirent dans un coin de la pièce calme. Les pas se firent plus rapides, et une porte grinça soudainement. L'homme dans la force de l'âge venait de se lever pour la cinquième fois depuis près de trois heures. Ses cheveux retombant dans les yeux cernés, visiblement épuisé par des insomnies persistantes.

Severus Rogue était professeur de potion depuis de très nombreuses années, il avait eu une vie des plus tourmentée et pourtant, pour la première fois de sa vie, il avait vraiment peur. Un peur incontrôlable qui ne le quitter pas depuis plusieurs années, mais qui depuis trois semaines se faisait intense.

Il se regarda dans le miroir et grogna. Ouvrant le robinet, il laissa échapper un jet d'eau glacé sur son torse chaud. Il referma le robinet en jurant et plongea ses mains dans le lavabo pour se rafraîchir le visage. L'eau dégoulina jusqu'à ses pieds nus mais il ne sourcilla pas, pataugeant au passage dans la petite flaque.

Il sortit de la petite salle de bain et alla se placer près de la plus grande fenêtre de la pièce. Son regard allait du hibou tranquille au saule cogneur qui battait des branches pour faire fuir les rongeurs nocturnes décidés à vouloir bâtir leur résidence dans son tronc.

Il se retourna et marcha jusqu'au lit encore tiède. Il avait chaud. Il s'allongea donc au dessus des couvertures, resta de longues minutes sans faire le moindre geste, fixant le plafond gris et regardant les ombres bougées au gré des branches dansant dans le vent. Le sommeil l'avait définitivement quitté. Il soupira. Il ferma les yeux mais perdit vite la patience dont il était déjà en temps normal dépourvu.

Il se releva, mit ses pantoufles ainsi que sa robe de chambre et dans un large mouvement du bras, fit ouvrir la porte qui donnait sur le couloir des cachots sans même utiliser sa baguette sagement rangée dans la poche droite de son vêtement de nuit.

Dès qu'il eut franchit la porte de son appartement, il percuta non sans maladresse le concierge du château.

Qui va là? demanda le concierge

Hum, moi répondit le professeur en sortant sa baguette afin d'éclairer le petit couloir

Severus ? Vous m'avez pris par surprise, avoua le concierge

Excusez moi mais j'ai à faire, dit abruptement Severus Rogue en bousculant encore une fois l'homme, volontairement cette fois

Encore ses insomnies ? demanda Argus Rusard

Bien sur que non, j'ai simplement du travail qui ne peut pas attendre, alors excusez moi je vais vous laisser, répondit sans ménagement le professeur en marchant rapidement vers le bout du couloir

Très bien, dit le concierge qui reprenait déjà sa marche vers l'aile ouest

Le professeur entra dans son bureau derrière la salle des potions, s'installa derrière la table et ouvrit un tiroir dont il sortit un cadre, un verre et une bouteille de Whisky. Il remplit à moitié le verre et prit dans sa main droite le cadre qui contenait une photo.

La photo était une photo moldue apparemment car les personnages photographiés ne bougeaient pas. On pouvait y voir une femme rousse aux yeux bleue, d'une beauté incroyable tenir un bébé. Cette photo inspirait la sérénité, car la jeune femme, de toute évidence heureuse, transmettait ses sentiments à travers l'intensité de son regard, et l'enfant paraissait si paisible à ses côtés. Elle aurait pu faire la promotion d'une potion tranquillisante à elle seule.

Rogue renversa la photo, vida d'un seul trait son verre. Ses larmes coulaient silencieusement sur ses joues pour finir leur descente sur le bois du meuble. Il se resservit un verre, puis un autre, vidant la bouteille de plus de la moitié de son contenu et s'écroula ensuite sur le bureau.

A quelques mètres de là, se trouvait le dortoir des serpentards. La nuit n'était pas de tout repos. Rien ne l'avait laissé présager mais c'était ainsi.

Agathe n'était couché que depuis quelques minutes, elle avait du échapper aux rondes d'un concierge zélé qui lui compliquait sensiblement les choses. Cela faisait maintenant trois semaines que les cours avaient repris, elle n'en pouvait déjà plus. Elle savait que sa mission serait compliquée, son père l'avait mis en garde, mais elle devait se poursuivre dans le temps, et à ce rythme là, elle doutait de la probabilité de chance de réussite.

Héra se réveilla au moment précis où elle avait franchi la porte de la chambre. Elle n'était pas la seule, Marie ne dormait pas non plus.

La tension entre les membres féminins de première année était très perceptible. On ne pouvait ignorer la tyrannie que voulait imposer Héra aux deux autres, tout comme on ne pouvait négliger la colère et le désir de vengeance, encore contrôlés, des deux autres. Agathe était toujours soit absente, soit en train de travailler ; et pour les trois autres, sa présence dans le dortoir n'était matérialisée que par un lit, une armoire et une malle aux initiales A.M.

Agathe tomba raide dans un lit encore frais et s'endormit aussitôt.

Héra se releva en même temps que Marie. Les deux jeunes filles se scrutaient dans l'obscurité, chacune sachant que l'autre l'observer. Ce fut Héra qui rompit le silence

Peur de s'endormir ? demanda t-elle avec ironie

Peur de quoi ? à moins que ton père ne fasse son entrée dans le dortoir on ne craint pas grand-chose, répondit spontanément la jeune fille

La peur est un noble sentiment pour le bourreau d'une victime, j'aime voir la peur dans le regard des gens, et je t'épargnerai peut être le moment venu si tu me montrais ce que je veux voir, annonça dans un demi rire Héra

Plutôt mourir que de te donner ce que tu désires, dit Marie en prenant sa baguette dans sa main gauche

Que tu sois exhaussé ma chérie ! ria Héra en prenant un ton de génie de la lampe en mimant le geste d'un sort lancé

Tu te crois forte n'est ce pas ? demanda Doriane plus tranquillement que Marie

Que veux tu dire ? dit Héra surprise de la question et du fait qu'elle soit elle aussi réveillé sans qu'elle s'en soit rendue compte

Ton père est craint mais certainement pas respecté, il est responsable de milliers de mort, tout le monde le déteste, mais toi tu n'es rien, rien d'autre que le monstre qu'il a mis au monde ! envoya d'un trait Doriane comme si elle avait répété cette phrase des millions de fois dans sa tête sans que jamais les mots ne sortent de sa bouche

L'effet avait été immédiat. Héra n'avait bien sur pas supporté la remarque. Elle avait bondit sur le lit de Doriane et maintenait son cou avec force, ses doigts devenant blanc sous la pression, usant de ses mains car n'ayant pas eu le temps de prendre sa baguette. Marie sortit elle aussi de son lit, toujours munie de sa baguette et avait Héra dans la ligne de tir.

Recul immédiatement espèce de monstre ! ordonna Marie avec une voix tremblante qu'elle essayait de masquer

Elle va crever pour ce qu'elle vient de dire, répondit Héra en continuant d'exercer une pression importante sur le cou de Doriane qui battait des bras en essayant de repousser la jeune fille

Tu me laisses pas le choix, annonça Marie en levant sa baguette

Le problème de Marie était qu'à ce moment précis, son cerveau avait du mal à focaliser sur la chose la plus importante : trouver la formule appropriée. Elle n'avait pas une grande expérience de pratique de la magie, même si théoriquement elle connaissait un nombre incroyable de sortilège. L'urgence et le stresse provoqués par la situation, brouillaient sa mémoire et elle sortit les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit

Arquendo Spirenta, hurla t-elle en pointant sa baguette sur Héra

Un filet jaune translucide sortit de sa baguette pour percuter Héra qui lâcha de ce fait une Doriane, devenue violette qui haletait en retrouvant l'usage de ces poumons. Héra avait disparu derrière le lit et Marie approcha pour voir le résultat obtenu.

Ce sortilège était très utilisé dans le pays de sa mère, la Pologne. Ses grands parents avaient été des éleveur de cochon et pour faciliter le marquage des bêtes, le sort « arquendo spiranta » permettait de maintenir le porc ficelé par les quatre pattes et le groin emprisonné dans une muselière pour éviter les cris de douleur quand le fer brûlant entre en contact avec la peau de l'animal.

Doriane avait vite récupéré et les rires de démence de Marie poussaient sa curiosité. Elle se releva doucement et passa sa tête au dessus du lit. Héra était sur le dos, une corde retenait ses pieds et ses mains collés et une muselière lui cachait la moitié du visage. Doriane s'écroula de rire dans le lit, sachant inconsciemment que même si cela avait été un bon moment, elles le regretteraient tôt ou tard.

Agathe fut bien sûr réveillé par les rires bruyants de ses colocataires et compris en un instant que la situation allait dégénérer. Elle se releva rapidement sans que les deux autres ne s'en rendent compte trop absorbé dans leur crise de fou rire. Elle relâcha les liens à l'aide de sa baguette, et ôta le masque de cuir du visage de la jeune fille qui lançait des éclairs avec ses yeux. Agathe recula après avoir accomplie sa mission.

Héra se tenait devant les filles qui venaient seulement de comprendre la libération de leur victime. Le silence se fit. Héra respirait bruyamment, et rapidement. Elle tenait ses poings serrés et s'apprêtait à commettre un double meurtre. Ce devait également être la pensée des deux jeunes filles qui s'étaient rapprochées contre le mur derrière elles. Elles étaient en train de rassembler leur dernière volonté quand un éclair passa dans la pièce.

Héra ressentait une violente haine, qui la prenait de tout son être. Elle n'arrivait plus à être rationnelle, elle n'avait qu'une idée en tête, faire mal. Leur faire mal. Elles ne pouvaient pas se moquer impunément de Héra Voldemort, elles allaient le regretter.

Un second éclair passa. Cette fois, ce dernier mit feu à un paquet de parchemin qui traînait sur le bureau devant la fenêtre. Agathe, qui était à un mètre de ce dernier, n'osa toutefois pas bouger.

Héra resserra les poings, ses ongles entrant dans sa chair, sa vison se troubla.

L'eau dans la carafe sur le bureau se mit à trembler. Le feu prenait petit à petit un peu plus d'importance, s'élargissant aux livres de métamorphose de Doriane et Marie.

Une douleur lui parcouru tout d'un coup la colonne vertébrale et atteignit son paroxysme lorsqu'elle arriva dans le haut de la nuque. Elle ne bougea toutefois pas. Personne ne bougeait dans la pièce, c'était comme si le temps s'était arrêté pour une raison inconnue. La douleur devenait de plus en plus difficile à contenir et Héra su à ce moment là qu'elle allait devoir se calmer sinon IL saurait.

Dans un mouvement désordonné, elle se retourna et fit exploser la fenêtre et une partie de l'armoire d'Agathe. Les trois autres regardaient la jeune fille, la peur se lisant très clairement dans chacun de leur regard. Héra ne leur accordait plus le moindre intérêt, et sortit violement et sans un mot de la chambre.

Elle courut vite et longtemps. Elle courrait comme pour échapper à une terrible sentence. Elle courrait pour fuir, fuir ce qu'elle craignait le plus en ce monde. La peur de soi même.

Elle avait atteint rapidement la forêt interdite et commençait à dépasser largement les limites « autorisées ». Ses jambes bougeaient mais ce n'était pas son cerveau qui commandait ses muscles. Elle avançait, elle manquait de souffle, toussait mais continuer de courir. Elle se prit le pied dans une branche camoufler sous de la mousse et s'étala de tout son long sur le sol sec et broussailleux.

Elle se replia en position fœtale. Elle pleura un long moment.

Le soleil allait se lever, les oiseaux se réveillaient lentement, la nature se remettait en marche mais elle restait là. Elle ne bougeait pas, ne pleurant plus depuis des heures. Les yeux dans le vide. Elle se sentait si mal, si mal de ne s'être encore une fois pas contrôlé, de n'avoir pas fait face dans ce moment de crise. Elle avait envie de vomir.

Elle avait eu peur de l'avoir alerté mais elle était sure que si cela avait été le cas, IL serait déjà là. Elle avait eu cette nuit assez d'émotion pour ne pas avoir à supporter cela en sus. Doriane avait vu juste, elle avait vu en elle, la peur l'avait submergé et elle n'avait pas réussir à la contrôler. « N'être rien ». C'était bien ce qu'elle pensait d'elle. La peur de n'inexistante était un sentiment qui ne la quittait jamais. Elle n'avait pas eu le choix de sa vie, elle devait continuer un combat qui n'était pas le sien mais elle assumait. Enfin, elle croyait assumer.

C'était pour cela qu'elle avait convaincu son père de l'avoir permis de venir ici, pour accomplir ce pour quoi elle était vivante, faute de le savoir elle-même, elle acceptait sa destinée. Mais elle savait aussi paradoxalement que le chemin n'était pas droit devant elle, elle devait accomplir autre chose avant. Elle devait faire passer ses priorités avant celle de son destin, quitte à changer ce même destin. Elle avait mal à la tête et son malaise ne passait pas.

Elle détestait ces moments de vide, elle se sentait ridicule et pourtant c'était justement ce genre de moment qui la faisait avancer vers ce pour quoi elle était vraiment ici. Personne ne savait à part le choixpeau. Il serait son seul allié muet dans cette quête. Elle devait se reprendre, elle devait continuer et la solution ne se trouverait certainement pas dans cette forêt, sur ce sol terreux. Elle se releva. Elle prit une profonde respiration. Elle fut pris d'un vertige qui l'obligea à se rassoire. Son estomac lui rappela qu'elle n'allait pas bien. Elle se releva plus doucement cette fois et elle vomit. Adossé contre un arbre, elle attendait le signal de son corps pour repartir. Elle avait de la fièvre, son front était brûlant.

Elle marcha lentement, s'arrêtant souvent pour reprendre ses esprits. Il était tard dans la soirée lorsqu'elle passa les portes du château. Elle passa les portes du grand hall et s'effondra pour la dernière fois sur la pierre froide.

Agathe qui revenait de la volière vit la jeune fille s'écroulait. Elle lui porta immédiatement secours et l'emmena à l'infirmerie. L'infirmière lui apporta les soins nécessaires et Agathe fut remerciée de sa garde. En sortant de l'infirmerie, elle du remonter à la volière. Elle était fatiguée de cette histoire.

Elle monta une à une les marches qui permettait d'atteindre son but. Elle s'assit sur les pailles de la pièce haute, aux vitres cassées, tapissée de fientes d'oiseaux et dont le sol regorgé de petits cadavres mammifères en tout genre. C'était la nuit, les hiboux qui n'étaient pas en mission postale, étaient en train de subvenir à leur instincts primaires : la chasse. Il ne restait pas un messager et elle devait impérativement envoyer les dernières nouvelles.

Son père avait été très clair à ce propos, ces communications devaient être régulières et, au minimum, quotidiennes. Il voulait connaître le moindre détail sur la fille de son maître. Agathe savait à quel point tout cela était important, elle le devait à son père. A sa mère aussi.

Mais elle était si fatiguée, elle ne supportait pas sa nouvelle vie et aurait donné n'importe quoi pour en changer. Elle non plus n'avait pas choisi son destin, mais elle se sentait néanmoins responsable de la mission qui lui incombait.

Un hibou passa par un des carreaux cassés mais Agathe ne le vit pas, elle dormait profondément, prenant sa revanche sur les nuits sans sommeil qu'elle venait de passer depuis des semaines. Elle dormit longtemps et ce ne fut que les cris apeurés, à l'étage du dessous, d'un Rusard complètement affolé par les nouvelles du matin, qui annonçaient une fois de plus une série de meurtres qui la sortie de son coma. Elle griffonna quelques mots sur les événements de la nuit sur un bout de parchemin et l'attacha à la patte droite d'un hibou moyen duc, pas tout à fait ravi d'être ainsi solliciter de si bonne heure pour porter une missive, de la plus grande importance soit elle.

La nuit avait encore été longue et blanche pour le professeur de potion. Il raya un jour sur son calendrier. Il jeta un coup d'œil au miroir qui lui renvoya une image des plus terrifiantes. Il avait l'air de faire deux fois plus que son âge. Ses cernes pouvaient contenir facilement des litres d'eau. Il fit exploser le miroir et maugréant contre le sommeil. Il sortit de la chambre après s'être douché. Son humeur était encore plus exécrable que ces derniers jours et les élèves du premier cours, des troisièmes années de gryffondor et pouffsouffle, allaient en faire les frais.

Il entra dans la grande salle et le vit. Il se sentait rassurer. Il était là en train d'avaler calmement son petit déjeuner, seul, comme d'habitude. Severus Rogue n'avait qu'une envie à ce moment précis, apaiser ses peurs en le prenant contre lui et en le rassurant tranquillement comme quand il était petit et qu'il faisait des cauchemars mais il ne pouvait pas, il ne pouvait le faire sans risquer de le perdre une fois pour toute.

Il s'assit tranquillement à la table des professeurs et le regarda du coin de l'œil, pensant, criant intérieurement : Adam je t'aime !