Je suis sincèrement désolée, mais là, je suis trop claquée pour faire des RAR individuelles. Je remercie Lola, Mimichang, Ilys, LN, Alix, Mag(gy), Diony et pour leurs reviews. Je m'excuse vraiment bien bas paske vous m'avez fait de très belles reviews et je peux pô y répondre :'( Pardooooon !

Ilys, merci pour ta review sur le MdP, ça m'a fait très plaisir -), ainsi que sur les OS, pour toi et Alix.

Aud, un conseil : prends des anti-vomitifs. Je tiens quand même à préciser que j'ai demandé à Lola si je devais mettre cette scène et elle m'a dit oui ! (tu verras laquelle toute seule lol) Sinon, merci beaucoup puisque c'est toi qui a lancé la machine de ce chapitre lol.

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Chapitre 10 : Plus jamais

Depuis qu'ils connaissaient leurs animagi, James, Sirius et Peter semblaient animés d'une volonté encore plus forte de parvenir à leurs fins, ce qui n'était pas forcément une bonne chose connaissant l'impatience de James et Sirius – il leur faudrait en effet encore près de trois ans en suivant les étapes avant de pouvoir se transformer. Rajouté à cela qu'ils avaient besoin d'un cours de conjuration qui n'aurait pas lieu avant deux mois pour l'étape suivant celle d'extériorisation – les livres n'étant pas assez précis sur le sujet qui les intéressait –, James et Sirius avaient particulièrement besoin d'action en cette période où les fêtes de Noël approchaient.

- Ça fait un moment qu'on ne s'est pas occupés de nos chers Serpentard, ils doivent se sentir délaissés, lança James.

- C'est vrai que vous les avez totalement ignorés le semaine dernière. Un pur hasard que leurs ammonites sporifères leur aient explosés à la figure lors de leur cours de botanique et que vous vous soyez trouvés dans le coin, remarqua Remus, qui n'était jamais emballé à l'idée de faire des farces trop ciblées.

- Il ne s'agissait que des Serpentard de notre année, balaya Sirius d'un geste de la main. Pas assez impressionnant.

- C'était quand même quelque chose que de les voir persuadés qu'une armée d'elfes de maison bleus à pois jaunes armés de poêles à frire s'attaquait à eux, rigola Peter.

- Surtout qu'ils avaient tous les mêmes hallucinations, reconnut Remus en lançant un regard en coin à James.

- Il est possible que j'aie ajouté un petit sortilège, dit-il vaguement. Mais bon, l'idée, vois-tu, ce serait d'atteindre la totalité de la maison Serpentard.

- Et pourquoi pas toute l'école ? suggéra Remus en soupirant.

- C'est les Serpentard qu'on veut viser, lui fit remarquer Sirius d'un ton narquois.

Il faisait tourner entre ses doigts – à la limite de la déchiqueter – une lettre envoyée par ses parents le matin même. James se doutait qu'il mettait du cœur dans ce projet en grande partie à cause de ce courrier, qui ne devait pas porter d'excellentes nouvelles. Remus aussi devait l'avoir compris, car il n'opposa pas une aussi virulente opposition qu'à l'ordinaire.

- Et vous comptez faire quoi ? finit-il par demander, l'air résigné.

- C'est justement l'ordre du jour, déclara James avec un grand sourire. Toutes les propositions sont les bienvenues !

- Déjà, il faut frapper en plein cœur si on veut tous les atteindre, donc dans leur salle commune, dit Sirius en prenant un air de conspirateur.

- Il nous faut donc un cheval de Troie, poursuivit Remus, qui s'impliquait totalement dans le projet maintenant qu'il l'avait approuvé.

- Pour quoi faire des chevaux ? demanda Peter en haussant un sourcil.

- C'est une expression moldue, sourit son ami.

Il leur expliqua rapidement le stratagème des grecs lors de la guerre de Troie. Le garçon avait souvent tendance à sortir des références moldues, surtout relatives à la littérature, du fait de son père et il oubliait à chaque fois que ses amis n'y connaissaient rien.

- Ils vont quand même trouver ça bizarre qu'on leur fasse un cadeau, remarqua James. Ils sont crétins mais il y a des limites à tout. On verra ça après. La principale question est de savoir ce qu'on va leur faire.

- Noël approche, trouvons quelque chose en rapport avec ce thème puisque les décorations vont être mises d'ici la semaine prochaine, proposa Peter.

- Voilà qui me donne une idée pour nos chers condisciples, dont la plupart fait grand état de la tenue vestimentaire et de l'image, ricana Sirius.

Il leur exposa son idée qui fut vite acceptée à l'unanimité. Les Serpentard en prendraient pour leur fierté sans qu'il n'y ait de danger, ce qui rassurait Remus.

Comme pour la majorité de leurs farces à grande échelle, ils auraient besoin de divers ingrédients et sortilèges ainsi que du charme de retardement. Ils utilisaient quasiment toujours ce dernier puisqu'il leur permettait de choisir le moment exact où tout le processus s'enclenchait, empêchant ainsi les victimes de réchapper au regard de tous. James et Sirius étant de véritables génies en tout domaine, il n'était quasiment jamais arrivé qu'une de leurs farces échoue ou prenne une tournure indésirable. Dans les rares cas où cela s'était produit, Remus avait été là avec des contre-sorts ou des sortilèges de réparation – les deux autres auraient pu s'en charger mais ils manquaient de volonté dans ces moments là. Ils étaient parfaitement rodés à toute situation et le savaient très bien.

En descendant à la Grande Salle pour le dîner, les Maraudeurs croisèrent de nombreux Gryffondor qui félicitèrent James pour sa performance lors du dernier match.

Celui-ci les avait opposés aux Serdaigle et, au grand dam de James, ce n'était pas tant la rencontre en elle-même que la confrontation entre Faith Graster et Morgan Jordan qui était attendue. De nombreuses rumeurs avaient en effet couru sur la seconde année de Serdaigle et le cinquième de Gryffondor quant à leurs talents respectifs. L'attention sur Graster avait par ailleurs été renforcée par son frère qui, installé dans les tribunes de Poufsouffle, arborait les couleurs de Serdaigle et hurlait des encouragements à sa sœur. C'était quelque chose que de voir le calme et fort Carl Graster aussi excité.

James avait été assez contrarié par cette attention détournée de sa personne, lui qui voulait être la vedette du match. C'est sans doute ce qui lui avait donné autant de fougue. Après quelques minutes de jeu qui avaient confirmé les précédentes rumeurs et affirmé la suprématie des deux équipes pour le talent de chaque joueur, le jeune attrapeur s'était lancé dans une série de manœuvres et de feintes aussi risquées qu'inutiles qui avaient eu l'effet escompté, à savoir attirer l'attention sur lui.

Remus et Sirius avaient échangé un regard blasé devant cet étalage qui ressemblait bien à leur ami mais avaient dû reconnaître que l'admiration de Peter – et de bien d'autres – était totalement justifiée. La souplesse, l'adresse, la témérité, James conjuguait tous les talents nécessaires à son poste et nul n'aurait pu dénigrer le don qu'il avait. A croire qu'il était né pour être attrapeur – il avait même déjà la part de prétention qui était l'apanage des meilleurs champions, ce poste étant le plus individuel d'une équipe de Quidditch.

Au final, James aurait certes pu attraper le Vif plus tôt et ainsi élargir l'écart qui avait été de cent quarante en faveur de Gryffondor, mais il avait surtout gagné l'estime de tout le collège – moins la plupart des Serpentard – au vu de son indéniable talent.

Suite à cela, comme ses amis l'avaient supposé, il avait été d'une prétention pour le moins impressionnante, se baladant dans le château comme l'aurait fait une grande star. Les compliments qui fusaient en tous sens n'avaient pas été pour arranger sa trop haute estime de lui-même mais Sirius avait su en quelques répliques bien placées lui ramener les pieds sur terre à un niveau supportable.

Le jeune Black était d'ailleurs bienheureux d'avoir réglé cette affaire avant, car il ne se serait pas senti, en l'instant, de s'en occuper et aurait même risqué de se montrer franchement désagréable envers son ami.

Il fallait dire que la dernière lettre de ses parents n'avait rien de très réjouissant et lui avait ramené à l'esprit certains problèmes auxquels il devrait bientôt faire face. Ce n'était certainement pas pour rien que sa présence au 12 Square Grimmaurd était requise pour Noël.

Ses quatorze ans approchaient et avec eux la menace des différents projets de sa famille. Parmi eux figurait celui des fiançailles, qui promettrait une alliance profitable à une puissante famille de la bonne communauté sorcière. A cela s'ajoutait la rentrée à Poudlard de son frère. Comme s'il n'était pas suffisant de voir sa face de mouton chez lui, il devrait également la supporter au collège. Sirius comptait bien lui mettre les points sur les i avant l'année prochaine.

Sa mère annonçait par ailleurs qu'ils auraient des invités pour les fêtes. Des membres d'une famille qu'il ne connaissait que de nom de par sa puissance, les Travers, ainsi que sa cousine Bellatrix et son mari Rodolphus Lestrange.

Le garçon n'avait aucune envie de revoir Bellatrix, qui semblait avoir pris pour modèle sa tante Nocera, mais dans le même temps, cela pourrait être amusant. Il avait en effet appris cinq mois plus tôt que sa cousine attendait un enfant et elle devait en être à son sixième ou septième mois. Si on disait qu'une femme enceinte était belle, il avait plutôt tendance à rire en imaginant Bellatrix dans cet état.

- Alors finalement, tu vas y aller ? demanda James après que Sirius les ait mis au courant du contenu de la lettre.

- Quelque part, j'en ai l'utilité. Alphar veut bien me servir d'alibi pour cet été, quand on sera chez Remus, mais il a insisté sur le fait que c'est moi qui devais l'annoncer à mes parents.

- C'est plutôt étrange, remarqua Remus, surpris. A voir ton oncle, j'aurai plutôt cru qu'il t'aurait évité au possible de voir ta famille.

Sirius haussa les épaules.

- Je lui ai fait remarquer que moins je voyais mes parents, mieux je me portais, et il m'a répondu un truc du genre : « Au plus tu les verras, au plus vite du prendras la décision qui s'impose. »

- "La décision qui s'impose" ? répéta Peter. Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Aucune idée ! Mais même Andromeda s'y est mise en appuyant la remarque, alors…

- J'espère juste que tu en reviendras… grommela James.

Remus eut un sourire alors que Sirius répondait en riant que ce ne serait sûrement pas ses parents qui auraient raison de lui. Il se dégageait de Sirius et James une relation si fraternelle, quasiment fusionnelle, que Remus ne cessait de s'en émerveiller. Il existait un lien sans égal entre ces deux là et il espérait bien un jour pouvoir lui aussi s'abandonner ainsi entre les mains de quelqu'un d'autre avec cette confiance tout autant aveugle que justifiée.

La remarque inquiète de James avait fait se contracter Peter et il était heureux qu'aucun ne s'en soit rendu compte. Depuis que le garçon savait qui était la famille de Sirius, il ne pouvait empêcher des frissons de le parcourir à chaque fois que le sujet était abordé. Systématiquement, lorsque Sirius rentrait chez lui, il se demandait s'ils allaient jamais le revoir et était à chaque coup stupéfait de le voir revenir aussi nonchalant, ironique et fort que d'ordinaire – voir plus. Lui-même n'avait jamais osé s'opposer à ses cousins, mais connaissant Sirius, il se doutait qu'il ne se laissait pas faire et que sa famille mettait de grands espoirs en lui.

De nombreuses fois, Peter avait songé en parler avec lui, mais en plus du fait que Sirius détestait parler de sa famille, celui-ci n'appréciait guère que Peter se montre froussard et il n'avait aucune envie de le décevoir ou de décevoir James. Il avait donc préféré se taire, oubliant l'idée d'en parler à Remus, qui avait bien assez de soucis avec sa lycanthropie. Il ne trouvait pas grand-chose à la bibliothèque au sujet des maladies mentales mais ne désespérait pas d'enfin découvrir un remède pour sa mère. Après, tout ne pourrait qu'aller mieux.

- De toutes façons, rien ne peut m'atteindre ! s'exclama Sirius. Et si on allait s'occuper de notre petite affaire ?

- Vous avez là d'excellentes suggestions, monsieur Patmol ! répondit James avec un clin d'œil.

Ils sourirent tous en voyant un groupe de Serdaigle qui passait à ce moment regarder James avec étonnement au surnom dont il venait d'affubler son ami. La proposition du garçon avait contre toute attente obtenu la majorité des voix au vote, aussi chacun s'était vu attribuer un surnom en rapport avec son animagus et plus précisément avec la partie qu'ils avaient fait apparaître.

Le plus facile à trouver avait été celui de Peter. En raison de la confusion première qu'il y avait eu à l'apparition de la queue, James avait proposé "Queudver", qui avait été accepté avec enthousiasme par le garçon.

Ceux de James et Sirius avaient été plus difficiles à inventer. Sirius avait été le premier à en trouver un pour James par tâtonnement – « Durbois, Boidur, Cornedure, dure… drue… Corne… drue ! » – et le meneur non officiel des Maraudeurs s'était ainsi retrouvé surnommé "Cornedrue".

Par réaction, c'était James qui avait imaginé celui de Sirius, cherchant à le mettre en relation avec le sien et aussi avec la douceur des coussinets de la patte. Comme Sirius refusait catégoriquement qu'on le surnomme "Padou" ou un autre nom du même style, James avait finalement proposé "Patmol", le "mol" du pseudonyme étant une réponse directe au "drue" de "Cornedrue" et faisant également référence à la douceur des pattes.

Si Remus avait cru échapper à cette lubie des surnoms, il fut vite détrompé par les regards perçants de ses amis, jugeant que "hurleur de lune" était bien trop long. Après plusieurs essais peu concluant du genre "Hurlune" ou "Luneur", James avait finalement eu l'idée d'apporter une sonorité proche à la dernière suggestion pour transformer le "Luneur" en "Lunard", arguant par ailleurs qu'on associait assez souvent la figure du loup à celle du renard.

Ainsi donc, les Maraudeurs avaient désormais des noms qu'ils considéraient leur appartenant entièrement, et nul doute que Cornedrue, Patmol, Queudver et Lunard avaient de beaux jours devant eux.

Dans la semaine qui suivit, les étudiants découvrirent un matin que le château avait été décoré pour les fêtes de Noël. Aux plafonds des couloirs et des salles de classe flottaient des étoiles étincelantes qui éclairaient d'une douce lumière les coins les plus obscurs. De nombreuses guirlandes multicolores ondoyaient sur les murs entre des boules de Noël présentant diverses scènes d'hiver. Cette année, pour apporter une touche d'originalité, Dumbledore avait déclaré une chasse aux cadeaux. De nombreux paquets voletaient dans les couloirs, narguant les élèves, et ceux qui les attrapaient – les plus rapides et les plus adroits – récupéraient par la même occasion un bon paquet de bonbons en tous genres. Grâce à James, les Maraudeurs s'étaient d'ailleurs fait une réserve assez conséquente.

Les quatre garçons étaient parvenus à réunir tout ce dont ils avaient besoin pour leur blague d'avant Noël et se faufilaient discrètement en ce dimanche soir jusque dans les cachots, à l'entrée de la salle commune des Serpentard. Tandis que Remus et Peter faisaient le guet, James et Sirius s'approchèrent du mur nu qui donnait l'accès à la salle des Serpentard et sortirent d'un sac un long serpent d'une couleur gris sombre. Ils le dissimulèrent dans l'ombre, assez près de l'ouverture secrète pour qu'il puisse s'y faufiler dés que quelqu'un la passerait et s'éloignèrent rapidement en retenant un fou rire.

Remus allait parler lorsqu'une voix désagréable s'éleva derrière eux.

- Bande de vauriens ! Je vous y prends ! Cette fois, vous n'allez pas m'échapper !

Bien qu'ils n'enfreignent en rien les règlements de l'école, des Gryffondor n'avaient rien à faire dans les cachots à cette heure où le couvre-feu se rapprochait dangereusement, aussi préférèrent-ils prendre leurs jambes à leur cou sans demander leur reste alors que Rusard vociférait derrière eux en les prenant en chasse.

- Il nous bloque l'accès au hall ! gémit Peter, qui commençait déjà à s'essouffler. Comment on va s'en sortir ?

- La salle des tableaux ! répondit James en accélérant le rythme.

Tant bien que mal, le concierge et sa chatte sur leurs talons, les Maraudeurs atteignirent le couloir qu'ils avaient découvert en début d'année. Sans même s'arrêter devant, James lança un "collaporta !" sur la porte fermée et continua jusqu'au couloir suivant où le passage du tableau s'était dévoilé. Ils y pénétrèrent sans ralentir et Sirius prononça la formule d'ouverture dès que Peter fut entré, refermant par la même le passage. Il ne fallut pas longtemps avant qu'ils entendent Rusard passer devant au pas de course puis le silence revenir.

- Bon ! Tant qu'on est là, si on allait explorer une nouvelle salle ? proposa James en désignant un tableau au hasard.

- James, on peut atterrir n'importe où dans le château, protesta Remus. Tu sais l'heure qu'il est ? Dans trois jours, c'est la pleine lune. Si vous voulez y aller, libre à vous, moi je rentre à la tour.

- On va pas rentrer tard ! Allez ! Viens ! insista Sirius. Ça va te détendre, j'en suis sûr !

- Ce qui va me détendre, c'est de rejoindre mon lit, sourit le garçon. Vous me raconterez ce que vous avez découvert demain matin. Pour ma part, je fais un saut aux cuisines puis je vais me coucher. Passez une bonne soirée.

Avant qu'ils aient pu réagir, il avait traversé le tableau menant aux cuisines et James grommela un peu.

- On serait vraiment pas rentré tard…

- Avec la lune qui monte, il vaut vraiment mieux qu'il se repose, remarqua timidement Peter.

- Ouais, je sais, soupira James. Alors ? On y va ?

Il désigna un tableau qui représentait un couloir très bas de plafond et le traversa sans attendre la réponse des deux autres. En fait de couloir, ils se retrouvèrent dans un passage très étroit, une espèce de boyau au bout duquel une faible lumière se diffusait et où des voix se faisaient entendre. Avec prudence, ils avancèrent jusqu'à se retrouver sur une corniche qui surplombait une salle aux airs confortables où se trouvaient plusieurs fauteuils moelleux et des tables basses. Ils se trouvaient vraisemblablement au-dessus de la cheminée et pouvaient voir deux de leurs professeurs en train de discuter – ou plutôt de se disputer.

Fitevil et Carvi se tenaient l'un en face de l'autre, l'air assez contrarié tous deux.

- Je peux savoir ce que tu recherches ? demandait la femme avec hargne.

- Ce serait plutôt à moi de te le demander, répliqua l'homme, qui paraissait mieux se contrôler. Est-ce que tu réfléchis au moins aux conséquences de tes actes ?

- Tu ne comprends pas ! Tu ne peux pas comprendre ! Tu ne sais pas ce que c'est que…

Elle se tut et respira bruyamment, comme pour se calmer.

- Je veux que tu arrêtes ça immédiatement Wilhelm, déclara-t-elle froidement.

- Pour te laisser le champ libre avec le gamin ? Jamais. Je ne te le laisserai pas.

- Tu crois que tu pourras toujours être là ? ricana Fitevil. Je finirai bien par pouvoir l'avoir à moi seule, et alors…

- Et alors quoi ? Tu ne peux même pas lui dire la vérité, tu sais qu'il ne te suivra jamais.

- Pourquoi tu ne me le laisses pas ? s'exclama sa collègue, l'air de devenir hystérique. Il y en a d'autres dont tu peux t'occuper, non ? Pourquoi tu ne me laisses pas celui là ?

- Je ne peux pas te laisser faire Angèle. J'espère te faire revenir sur la bonne voie mais je dois avant tout penser aux gamins. Ils sont notre avenir.

- Tu ne…

La femme fut coupée par la porte d'entrée de la salle qui s'ouvrait, laissant entrer le professeur Achear, qui regarda ses deux collègues avec étonnement.

- Angèle ? Wilhelm ? Que faites-vous encore là ?

- Nous devions avoir une discussion Proterio, mais je pense qu'elle est terminée.

Tout en disant cela, Fitevil avait adressé un regard noir au professeur de botanique et sortit d'un pas sec sous l'œil surpris du directeur-adjoint.

- Wilhelm, que se passe-t-il ? demanda-t-il, les sourcils froncés. Depuis quelques temps, je trouve Angèle fatiguée et soucieuse. Elle m'inquiète.

- Je sais Proterio mais… Je m'en occupe, ne vous en souciez pas. Angèle traverse une passe difficile et j'essaie de l'en tirer… J'espère bien y arriver.

Il fixait la porte d'un air appréhensif et vraiment inquiet qui dissuada Achear de poursuivre cette conversation, il préféra changer de sujet.

- En fait, je vous cherchais justement, dit-il. Le professeur Dumbledore a reçu une missive de madame Chourave récemment, confirmant votre contrat.

- Il me reste encore deux ans, il me semble, remarqua Carvi, surpris.

- Oui, ne vous inquiétez pas, il ne s'agit pas de cela. Vous savez, madame Chourave a toujours porté les enfants dans son cœur, elle n'est partie que pour parfaire sa formation et j'ai entendu dire que vous vous plaisiez à votre poste.

- A vrai dire… J'ai signé pour huit ans et je suis en poste depuis cinq ans, six si on compte cette année, depuis le départ du professeur Chourave en fait. Les trois premières années, je pensais toujours que ce ne serait qu'une bonne expérience mais depuis deux ans…

- Ce n'est pas en s'attachant à un élève qu'on devient professeur, remarqua Achear.

- Je sais mais vue la situation…

- C'est justement parce que la situation est ce qu'elle est que la direction ne dit rien, le coupa son collègue. Écoutez, je comprends que vous vous soyez attaché à monsieur Lupin, d'autant plus du fait de votre histoire personnelle, mais d'ici trois ans, vous devrez partir. Il ne faut pas que vous vous liiez trop à lui.

- Vous n'aimez pas beaucoup les loups-garous, n'est-ce pas Proterio ?

Le directeur de Poufsouffle tiqua légèrement.

- J'essaie autant que possible de ne pas mettre mes opinions en avant dans ma profession, Wilhelm. Je n'ai rien contre les loups-garous, mais je n'irai jamais jusqu'à chanter leurs louanges. Malgré tout, j'estime beaucoup monsieur Lupin, ne serait-ce le fait qu'il est l'un des pires élèves en ma matière. Je pense simplement que sa condition l'amènera à être souvent seul et qu'il vaut mieux pour lui qu'il apprenne dès à présent cela, pour son propre bien.

- Je ne peux pas l'abandonner, il me fait confiance. Je suis certain que madame Chourave accepterait de me prendre comme assistant sur deux années supplémentaires. Bien sûr, d'ici là, les choses peuvent changer, et j'espère d'ailleurs de tout mon cœur que Remus n'aura plus besoin de moi d'ici deux ans. Mais je préfère me préparer à toute éventualité le concernant.

- Vous l'appelez par son prénom ?

Carvi se mordit la lèvre inférieure, il n'avait pas dû faire attention.

- Vos choix ne regardent que vous mais vous vous engagez sur une voie dangereuse. Le jeune Lupin ne remplacera pas votre sœur, Wil…

- Je ne fais aucunement la confusion, le coupa brusquement son collègue d'un ton froid qui ne lui ressemblait pas. Vous n'êtes qu'un observateur extérieur, vous ne pouvez pas savoir ce que c'est. Je sais parfaitement que R… Lupin n'est pas ma sœur. Il aurait d'ailleurs du mal, à moins d'être hermaphrodite, n'est-ce pas ? ajouta-t-il, ironique. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'aimerai aller dormir.

Il lui passa devant et Achear poussa un soupir après qu'il se soit éloigné.

- Ces jeunes, grommela-t-il. Ils croient qu'on peut tout arranger avec des bons sentiments.

Il repartit en fermant la porte derrière lui.

Les trois garçons attendirent d'être seuls avant de sauter au sol de la pièce, se regardant avec étonnement.

- C'est plutôt bizarre la conversation que Fitevil a eue avec Carvi, non ? remarqua finalement James. De quoi parlaient-ils ?

- J'en sais rien, mais ça avait l'air de nous concerner… Enfin, les élèves je veux dire, répondit Sirius.

- Je pensais pas que Carvi était si proche de Remus, intervint Peter. J'ai toujours trouvé étonnant que Remus n'arrête pas d'aller le voir même en étant avec Océane, mais je comprends mieux maintenant…

- Vous croyez que ça pourrait avoir un rapport avec le traître dont parlait Skeeter aux Trois Balais ? demanda James, les yeux pétillants.

Peter eut un frisson à cette remarque mais Sirius roula des yeux.

- Tu vas pas remettre ça ? Tu as dit toi-même qu'avec Dumbledore, on n'avait rien à craindre. Et puis les affaires des profs sont leurs affaires.

James voulut dire quelque chose mais la petite voix de Peter le devança.

- Vous croyez… qu'on devrait en parler à Remus ?

Les deux autres le regardèrent avec étonnement un instant puis Sirius fronça les sourcils.

- Vaut mieux pas…

- Pourquoi ça ? s'étonna James.

- T'as pas remarqué qu'il est limite parano vis-à-vis de Fitevil ? Si on lui parle de ça, il va encore plus se casser la tête. Depuis quelques temps, il a décompressé, autant le laisser tranquille.

James était stupéfait par les paroles de son ami. Bien sûr il avait raison, mais ce n'était pas vraiment son genre de remarquer ce genre de choses.

- Tu sais que tu me fais peur parfois ? se moqua-t-il. J'ai l'impression que Remus déteint sur toi.

- Je suis pas influençable, figure-toi, grogna Sirius. Tu ferais mieux de sortir ta cape. Si les gargouilles qui gardent l'entrée nous voient sortir, elles vont se poser des questions.

- Quelles gargouilles ?

- Celles de la salle des profs, répondit James en cherchant sa cape d'invisibilité.

- Comment vous savez qu'on est là ? s'étonna Peter.

Sirius poussa un soupir désespéré alors que James avait un sourire incrédule sans lui répondre. Ils sortirent sans se faire remarquer – les gargouilles étant juste surprises de voir les portes s'ouvrir toutes seules – et retournèrent à la tour Gryffondor. Remus dormait déjà lorsqu'ils entrèrent dans le dortoir et ils firent le moins de bruit possible pour se coucher, s'abandonnant rapidement aux bras de Morphée.

o

Severus terminait un devoir d'histoire lorsque la porte de la salle commune s'ouvrit pour laisser passer des cinquième année. Un coup d'œil à l'horloge lui indiqua que la salle serait bientôt bondée de monde et il préféra rassembler ses affaires et se rendre dans son dortoir pour trouver un peu de calme – les autres restaient souvent tard dans la salle commune.

Il mettait le pied dans le couloir menant aux dortoirs lorsqu'un cri le fit se retourner. Les élèves faisaient cercle autour d'un serpent qui restait immobile au milieu de la salle et Severus fronça les sourcils en se demandant d'où il venait.

Lucius Malefoy ouvrit la bouche pour dire quelque chose, visiblement mécontent, mais le serpent eut le même geste au même moment et une épaisse fumée orange sortit de sa gueule à grande vitesse. En l'espace de quelques secondes, la totalité de la pièce fut enfumée et le produit se répandait dans les dortoirs alors que des cris et des bruits de chute retentissaient partout dans un tumulte que personne ne pouvait voir. On n'y voyait pas plus loin que le bout de son nez mais, au bout de quelques minutes, le brouillard se dissipa entièrement, révélant le capharnaüm des chaises renversées, des feuilles éparpillées et des élèves qui étaient tombés au sol.

La confusion la plus totale régnait, personne ne comprenant ce qu'il venait de se passer – Severus remarqua par ailleurs que le serpent avait disparu.

- Qui a fait ça ?

La voix colérique de Malefoy fit frissonner les élèves qui se regardèrent les uns les autres et le troisième année préféra rejoindre son dortoir sans attendre la suite. Il ne comprenait pas du tout ce qu'il venait de se passer, mais puisque aucun effet secondaire ne semblait se déclarer, il préféra oublier et se replongea dans un livre sur les potions qu'il avait pris à la Réserve sous un mot du professeur Achear.

Le lendemain, l'incident du serpent semblait clos. Plus personne n'en parlait ou ne s'en inquiétait, sauf quelques paranoïaques notoires. Installé à la table Serpentard, Severus prenait sans grand entrain son petit déjeuner tout en écoutant Wilkes et Nott parler du dernier devoir d'astronomie. Tout se passa si vite que, sur le coup, Severus ne comprit pas ce qui lui arrivait. Il y eut un gigantesque « pop ! » qui résonna dans la grande salle et, la seconde d'après, il se retrouva avec le nez au niveau du bord de la table.

Ce ne fut que lorsqu'un rire immense emplit la salle qu'il reprit ses esprits et regarda à côté de lui pour découvrir… Un lutin… Habillé d'un costume vert et rouge, avec un bonnet possédant un grelot et des oreilles pointues. Le parfait lutin, aide du père Noël, qu'on trouvait dans les livres pour enfants, en fait. Sauf que lorsqu'il se tourna vers lui, le lutin n'avait rien de chaleureux et ressemblait étrangement à Avery qui aurait perdu la moitié de sa taille. La totalité de la table des Serpentard s'était vue transformée en une bande de joyeux lutins moitié moins grands que leur taille d'origine et aucun ne parvenait à enlever ces vêtements ridicules, ne serait-ce que le bonnet.

Le regard furieux de Severus fila droit vers la table des Gryffondor où les Maraudeurs étaient écroulés de rire – à l'instar de toute la Grande Salle d'ailleurs. Il ne pouvait s'agir que d'eux, personne d'autre ne faisait des blagues aussi stupides et puériles que celles-ci. Il n'eut cependant pas le temps de sortir sa baguette pour leur faire ravaler leur rire que Dumbledore avait fait cesser l'hilarité générale.

- Allons ! Du calme je vous prie. Ma foi, je ne pensais pas que la maison Serpentard tenait l'esprit de Noël autant à cœur, déclara-t-il avec un demi-sourire.

Severus n'en croyait pas ses oreilles. Il se moquait d'eux ou quoi ? Le Serpentard avait soudainement des pulsions meurtrières vis-à-vis de son directeur, comme ses comparses, mais le vieux sorcier fut à nouveau plus rapide.

- Je pense que nous allons trouver le moyen de vous rendre votre apparence normale, mais pour le moment les cours doivent commencer. Rendez-vous dans vos salles de classe en silence je vous prie.

Les élèves de Serpentard avaient connu maintes humiliations depuis l'arrivée de la bande à Potter, mais jamais ils ne s'étaient sentis aussi ridicules qu'affublés comme des lutins et, par-dessus le marché, avec la même taille qu'eux ! Malefoy était en rage et avait déjà passé sa colère sur des Gryffondor pourtant innocents, mais ce n'était pas Severus qui allait les plaindre, loin de là.

Au déjeuner, aucune solution n'avait encore été trouvée et, juste après les cours, Severus préféra aller prendre l'air pour se calmer plutôt que de se rendre dans les cachots. Il s'installa dans une cour intérieure peu fréquentée en espérant avoir la paix, mais c'était sans compter sur sa perturbatrice de tranquillité attitrée.

- Salut Severus ! Tu sais que tu es mignon comme ça ?

- Sors encore une réflexion de ce genre et je te transforme en bonzaï, siffla Severus.

- Pourquoi en bonzaï ?

- Pour que je puisse te piétiner malgré ma taille, grommela le Serpentard.

- Tu es de mauvaise humeur on dirait ! lança joyeusement Tara.

- Je ne vois vraiment pas ce qui te fait dire ça, répliqua-t-il avec acidité.

Sans qu'il puisse réagir, Tara le prit soudain dans ses bras et s'assit sur un banc en le déposant sur ses genoux.

- Lâche moi ! Je suis pas une poupée !

- Non, ça je sais, mais Dumbledore a raison, tu es parfaitement dans l'esprit de Noël ! Et l'esprit de Noël, c'est la famille !

Elle joignit ses paroles à un baiser sur la joue de Severus avant de le serrer avec douceur contre elle. Le garçon se sentait vraiment mal à l'aise dans cette étreinte, et il était d'autant plus furieux qu'il n'avait vraiment pas envie que Tara le voit dans cet état.

- Tu sais, moi j'en profite, je peux jamais te serrer vraiment dans mes bras quand tu as ta taille normale.

- Tu n'arrêtes pas de m'enlacer, grommela Severus.

- Oui, mais tu me rends jamais la pareille, répondit Tara en rigolant.

- Tu as peut-être l'impression que je le fais, là ? s'énerva Severus.

- Mmmmh…. Non, c'est vrai, sourit-elle. Tiens, pendant que j'y pense, on va passer les fêtes de Noël ensemble !

Severus arrêta de bouger pour se dégager et la regarda avec étonnement.

- Comment ça ?

- Je ne veux pas déranger les Meadowes plus que nécessaire. Ils ont insisté mais je leur ai dit que je désirai passer les fêtes ici. Il ne reste pratiquement personne de Gryffondor et je crois que c'est pareil pour les autres maisons, alors on va pouvoir passer les fêtes en famille.

Elle avait dit cela avec tant de naturel, tellement de facilité, que Severus ressentit la sincérité de ces mots jusqu'au fond de son être. Tara avait changé depuis quelques temps. Il ignorait ce qui avait bien pu se passer mais elle semblait avoir récemment retrouvé totalement son goût de la vie, plus qu'avant, même. Quelque part, Severus avait l'impression que ça avait un rapport avec Evans et Distort, car leur relation – à ses yeux en tout cas – avait évolué, mais cette explication lui déplaisait fortement.

- Tu sais, personne ne viendra ici.

Tara lui avait murmuré ces mots au creux de l'oreille et Severus finit par fermer les yeux et se laissa aller dans l'étreinte de sa cousine. Juste une fois, juste cette fois, il voulait simplement la sentir vraiment près de lui, même s'il savait pertinemment qu'elle n'était jamais très loin.

Cela lui rappelait une époque lointaine où les yeux de sa mère étaient encore vivants, où elle lui souriait juste par bonheur de le voir près d'elle, lui disant des mots rassurants quand son père était absent. Severus se sentait mal, vraiment très mal, et sans qu'il s'en rende compte, des larmes coulèrent sur ses joues. Il en aurait certainement été horrifié et aurait pris la fuite s'il l'avait remarqué, mais pris dans la sensation de chaleur que lui procurait la barrière protectrice des bras de Tara, il n'y prit pas garde. Juste une fois, il voulait se laisser aller. Parce que venant de sa mère, c'était une chose qu'il n'aurait jamais plus, quoi qu'il arrive. Son père ne l'aurait jamais permis. Plus jamais…

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Il ne restait plus qu'une semaine avant les vacances de Noël et les élèves avaient l'esprit bien loin des cours. Ils pensaient plus volontiers aux batailles de boules de neige qui suivraient la dernière sonnerie et aux feux de cheminée qui les attendaient dans leurs salles communes en regardant dehors les gros flocons tomber dans la nuit.

Le mardi soir, Remus avait décidé d'emmener Océane en ballade au bord du lac gelé. Cette nuit là, le ciel était totalement dégagé et la nuit claire dévoilait les montagnes enneigées alentours. Le garçon avait lancé un sortilège de chauffage à leurs vêtements pour lutter contre le froid de l'hiver et il avait passé un bras autour de ses épaules, la tête de la jeune fille posée sur la sienne. Ils avançaient en regardant le ciel, Remus lui désignant les constellations que son père lui avait montrées. Ils finirent par s'installer au pied d'un arbre après que Remus ait rendu imperméable leurs robes et Océane se cala contre lui en regardant le lac, parfaitement heureuse de la situation.

S'ils se voyaient assez souvent, il restait rare que Remus lui consacre une soirée entière, étant le plus souvent avec les autres Maraudeurs, elle profitait donc d'autant plus de ses attentions. Elle le trouvait parfois un peu distant et elle sentait bien qu'il lui cachait quelque chose, mais vu la difficulté avec laquelle ils s'étaient mis ensemble, elle préférait ne rien brusquer et le laisser aller à son rythme, elle se sentait déjà chanceuse de pouvoir être ainsi avec lui.

Le regard de Remus portait plus haut dans le ciel, sur une constellation qu'il n'avait pas montré à Océane, sans trop savoir pourquoi. Il se souvenait encore de ce que son père lui avait dit au sujet de la constellation du Cygne, lors du Noël de ses onze ans, et à chaque fois que son regard tombait sur la Croix du Nord, il avait l'impression que les étoiles tentaient de lui dire quelque chose mais qu'il n'était pas assez attentif pour le comprendre.

- Que regardes-tu ? lui demanda Océane.

- Mmh ? Lacerta, le lézard, indiqua-t-il en montrant une constellation juste au-dessus de celle du cygne. On l'appela ainsi à partir de 1690, d'après l'appellation que lui donna l'astronome allemand Johannes Hevelius.

- C'est incroyable tout ce que tu peux savoir, sourit Océane.

- Mon père est un passionné d'astronomie et de littérature et ma mère des créatures magiques, je n'ai pas vraiment de mérites, remarqua le garçon.

- Il existe une constellation relative à l'amour ?

Remus ne répondit pas immédiatement.

- En fait il en existe plusieurs, la mythologie grecque regorge d'histoires de ce genre, répondit-il finalement, un peu mal à l'aise.

Océane ferma les yeux et s'installa encore plus confortablement, ce qui détendit quelque peu le garçon. Ils restèrent un long moment sans bouger, profitant de la présence l'un de l'autre.

Remus n'aurait jamais cru qu'il puisse se sentir aussi bien auprès de quelqu'un qui ignorait tout de son secret, et pourtant c'était le cas. Il se demandait cependant souvent s'il aimait réellement Océane comme on aimait une petite amie, et non une amie. Etait-il normal qu'il ne se sente pas vraiment coupable de ne rien lui révéler ? Il ne lui disait rien, il ne lui mentait pas vraiment, mais elle avait tout de même le droit de savoir. Peut-être était-ce le bon moment.

- Océane ?

- Oui ?

- … Tu as envie de patiner ?

- Maintenant ? s'étonna la jeune fille en se redressant pour le regarder.

- Pourquoi pas ?

- Je ne sais pas très bien patiner, rougit-elle.

- Je vais t'apprendre.

Elle l'observa un instant avec amusement.

- Y a-t-il une chose que tu ne saches pas faire ?

- Les potions, répondit-il très sérieusement.

Ils éclatèrent tous les deux de rire et Remus aida Océane à se relever. A l'aide d'un sortilège, ils transformèrent leurs chaussures en patins à glace et Remus s'avança sur la glace avant de se retourner pour tendre ses mains à son amie.

- Je vais te tenir.

- Il fait sombre tout de même. Attends.

D'un coup de baguette, elle fit apparaître des bulles de lumières qui la rassurèrent. Elle n'était pas prête à aller sur la glace sans rien voir. Elle attrapa les mains du garçon et avança avec précaution. Elle faillit bien tomber mais il la rattrapa à temps.

Pendant plusieurs minutes, Remus lui donna des conseils, la lâchant peu à peu. Riant beaucoup, cela n'aidait pas Océane à maintenir son équilibre, mais elle finit par savoir assez bien patiner malgré tout. Alors qu'ils allaient revenir sur la terre ferme, elle fit cependant un faux pas qui l'aurait envoyée en vol plané si Remus ne l'avait pas rattrapée à bras le corps.

Pivotant sur elle-même après s'être remise de sa frayeur, elle décida qu'une belle peur valait le coup de se retrouver ainsi blottie dans les bras de Remus Lupin. Ses yeux lavande plongèrent dans l'ocre de ceux de Remus et elle les ferma lentement alors que leurs visages se rapprochaient. Leurs lèvres se scellèrent avec douceur et le garçon passa lentement sa langue sur les lèvres de sa compagne qui les entrouvrit avec délice.

Ils s'embrassèrent un long moment, goûtant l'un à l'autre, savourant sa saveur si particulière, avant de se séparer, les yeux brillants et le sourire aux lèvres. Ils revinrent au château l'un contre l'autre, oublieux du reste du monde.

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Ce mercredi après-midi là ne changeait pas des autres. Après avoir mangé avec ses amis et passé une heure avec Océane, Remus s'était rendu dans le bureau de Carvi pour poursuivre ses tentatives de contrôle du garou.

Il leur avait fallu près d'un mois pour déchiffrer la totalité du carnet et le professeur avait ensuite tenu à bien en saisir toutes les interprétations possibles avant d'autoriser Remus à utiliser la méthode de Wolfang Weruish. Pour le principe, Remus avait déjà eu quelques expériences, à savoir avoir une emprise sur le loup, l'intermédiaire. Mais il était en revanche plus difficile de l'infiltrer, surtout qu'il risquait d'entrer en contact avec le garou s'il n'y prenait pas garde, et le garçon avait dû mettre toute sa volonté dans la maîtrise de sa peur.

Aujourd'hui, Remus se sentait plutôt détendu et confiant, il avait le sentiment que, cette fois, il pourrait parvenir à ses fins avec l'intermédiaire. Carvi s'en était rendu compte et avait préféré lui rappeler les mises en garde et les risques encourus. Le garçon n'avait pas semblé vraiment l'écouter, lui assurant qu'il connaissait tout cela et serait prudent, et ça n'avait pas été pour rassurer le professeur. Néanmoins, Remus n'ayant jamais été aussi confiant, il jugea que, peut-être, cela signifiait qu'il pourrait y arriver cette fois, aussi l'autorisa-t-il à se concentrer.

Remus gardait toujours les yeux ouverts, fixés sur un point, pour parvenir à se concentrer. Au lieu d'aller à la recherche de l'intermédiaire, il l'appelait à lui, et avoir un point de fixation lui permettait de ne pas se faire entraîner. Il sentit au fond de lui le loup devenir plus présent, dans ses muscles, dans ses sens, il le sentait qui prenait possession de son corps, mais au lieu de le laisser faire, il tentait d'englober ces sensations avec son esprit humain, se réappropriant toutes ces capacités propres au loup.

Jamais il n'avait été aussi loin dans le contrôle de l'intermédiaire et il en fut si heureux qu'il relâcha un temps sa concentration, ne réalisant pas que quelque chose de plus primaire, plus sauvage, s'était infiltré dans les sens du loup. Lorsqu'il reprit sa concentration, il ne le repéra pas et poursuivit le processus qui consistait à augmenter les capacités de l'intermédiaire à son avantage. Ce qui se passa ensuite n'était certainement pas prévu.

Derrière les sens aiguisés et la force phénoménale, le garçon sentit soudain une puissance bestiale monter en lui à une telle vitesse qu'il ne put la contenir. Il tenta bien de la repousser mais son esprit sembla exploser sous l'effet de cet esprit rustre et sanguinaire.

Le professeur Carvi gardait les yeux fixés sur son élève, il ne le lâchait jamais avant qu'il n'ait prononcé le moindre mot, mais il sut rapidement que quelque chose ne se déroulait pas comme prévu. Les paupières de Remus se fermèrent fortement et lorsqu'elles se rouvrirent, ses yeux étaient devenus deux fentes entourées d'or. Il rejeta sa tête en arrière et poussa un cri guttural.

Des mouvements brusques agitèrent ses muscles et il se tourna soudain vers Carvi. Le professeur eut tout juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter que le garçon ne saute sur lui, grognant et menaçant. Il tenta bien de le stupéfixer mais, à son effarement, le sort rebondit sur son corps. Il évita une nouvelle attaque et s'entoura d'une protection contre laquelle son élève se heurtait à chaque fois.

Remus finit par se rendre compte qu'il ne pouvait rien contre l'homme et poussa un autre cri bestial avant de planter ses dents dans son avant bras avec rage, le sang ne tardant pas à dégouliner le long de son bras et de sa mâchoire. Il relâcha lui-même sa prise, se projeta avec violence contre le mur et recommença plusieurs fois.

Comme il ne s'occupait plus de lui, Carvi put se jeter sur le garçon et lui injecta à l'aide d'une seringue qu'il avait conjuré un sédatif. L'adolescent le projeta avec violence contre son bureau avant de tituber à travers la pièce.

Sonné un instant, le professeur eut du mal à mettre sa vue au point et lorsqu'il recouvrit toutes ses facultés, il aperçut le corps du garçon qui tombait au sol. Il se dépêcha de le rejoindre et attrapa son visage pour le forcer à le regarder dans les yeux, ceux-ci étant restés ceux de la bête.

- Remus ! Remus, il faut que tu reviennes, tu m'entends ? Remus ! C'est le professeur Carvi ! Reprend le contrôle bon sang ! s'exclama-t-il, paniqué.

Un tic agita le visage du garçon. Il ferma à nouveau les yeux et ne les rouvrit qu'une minute plus tard, parfaitement humains.

- Remus ? demanda Carvi, inquiet.

- J'ai… mal… souffla son élève.

Le professeur le serra contre lui avec soulagement, tentant de faire cesser les tremblements de Remus.

- Plus jamais, dit-il entre ses dents serrées. Plus jamais tu ne feras ça. C'était de la folie de ma part, je… Plus jamais, tu m'entends ? Remus, jure-le moi ! Plus jamais tu n'essaieras.

- Plus jamais, souffla le garçon.

Ses yeux reflétaient maintenant une peur intense. Le garou était parvenu à prendre possession de son corps en dehors de la pleine lune. Il ne s'était pas transformé physiquement, mais bien psychiquement. Remus était écœuré, il se dégoûtait lui-même. Plus jamais… Non, plus jamais il ne tenterait de contrôler. Il n'était pas assez fort, c'était la bête qui avait fini par prendre le contrôle. Il avait essayé, il avait failli y perdre totalement son humanité.

Il se dégoûtait plus que jamais, comme s'il se rendait soudain compte qu'il n'était réellement plus humain. Depuis ce jour maudit où il s'était fait mordre, il avait perdu son humanité. Le corps tremblant, il laissa le professeur le serrer en le suppliant intérieurement de ne jamais le lâcher.

(à suivre…)

ATTENTION : J'entre en période intensive de révisions. Je vais essayer de vous mettre les prochains chapitres comme d'hab mais je promets rien. Cette année sera finie d'ici deux chapitres. Je vais également faire de mon mieux pour la terminer avant de partir en exams (à partir du 26 mai). Voilà, vous verrez bien, en fait -) Bizous !