Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 2

A Poudlard

Harry leva les yeux et distingua la forme sombre de son baldaquin au dessus de sa tête. Il tâtonna sur sa table de nuit à la recherche de ses lunettes et se rendit compte qu'il les avait encore sur son nez. Du moins, une partie des lunettes était accrochée à son oreille gauche tandis que l'autre s'enfonçait dans sa joue. Il tenta de les remettre à leur place. La branche droite était complètement tordue et elle lui resta dans la main lorsqu'il entreprit de la redresser. Il prit sa baguette : occulus reparo ! La branche n'était pas tout à fait droite, mais cela irait. Enfin, il put voir clairement autour de lui. La lumière d'un matin d'été pénétrait par la fenêtre. Le lit de Ron était vide et encore défait. Il était à Poudlard. Il faisait jour. Et il n'aurait pas à revoir Rogue avant quelques jours.

Il descendit dans la grande salle commune. Elle était si vide que Ginny assise à la table de Gryffondor semblait toute petite devant son petit déjeuner. Elle lui fit un signe de la main lorsqu'il entra. Il se dépêcha de s'attabler, car il avait grand-faim.

- Bonjour Harry, sourit Ginny tandis qu'il dévorait littéralement une tartine de pain beurré.

Un grand bol de chocolat chaud se matérialisa devant lui.

- Tes moldus ne te donnaient pas à manger ? demanda la jeune fille. Je croyais que les gros yeux et la grosse voix de Maugrey suffiraient à convaincre de te traiter mieux qu'ils ne le faisaient jusqu'à présent.

- L'Oncle Vernon est au régime, répondit Harry la bouche pleine.

Ginny ne comprit pas ce qu'il voulait dire. Elle se contenta de sourire davantage. Quand il fut rassasié, il mangea plus calmement et put enfin tenir une conversation avec Ginny.

- Tu te rappelles de la manière dont nous sommes montés dans nos dortoirs ? questionna-t-il.

- Hermione dit que le professeur Lupin nous a fait monter avec un sortilège de locomotion. Nous étions tous endormis. Hermione s'est réveillée au moment où le professeur Rogue était en train de marmonner quelque chose au dessus de ta tête.

Harry s'étrangla de stupeur.

- Elle l'a laissé faire ?

- Que voulais-tu qu'elle fasse ? s'étonna Ginny. Elle était ensorcelée. Et puis si cela avait été dangereux, Remus ne l'aurait pas laissé faire.

- Et Tonks non plus, voulut se rassurer Harry.

Il se fit alors la remarque qu'il n'avait pas dormi aussi paisiblement que cette nuit depuis des mois. Il s'était senti si fatigué, la veille, alors que les diligences les ramenaient vers l'école. Il voulut changer de sujet :

- Où sont Ron et Hermione ?

- Hermione est allée voir Hagrid. Elle s'inquiète pour lui et Graup. Et elle voulait voir Buck.

- Buck ? Il est ici ? s'étrangla à nouveau Harry.

- C'est le seul endroit où il pourrait être, fit Ginny. Il ne pouvait plus rester Place Grimmaurd, avec Kreattur… et depuis que l'Ordre a déménagé…

- Mais, il ne peut rester ici non plus, l'interrompit Harry. Il est recherché et si Malefoy le sait à Poudlard, c'en sera fini de lui et de Hagrid !

- C'est pour cela que Charlie est venu de Roumanie, le calma Ginny.

- Charlie ?

- Croyais-tu qu'il était venu simplement pour empêcher les jumeaux de transformer Percy en blague à tabac ? A moins que tu n'aies pensé qu'il était simplement en vacances ?

- C'est la version officielle ? demanda Harry.

Ginny hocha négativement la tête :

- Officiellement, il est là pour rapatrier un animal magique dans son pays d'origine. Papa s'est débrouillé pour ressortir un vieux parchemin de déclaration de naissance de Dragon et cela servira de laissez-passer à Buck.

- Buck n'a rien d'un dragon, s'étonna Harry. C'est un hippogriffe !

- Je sais qui est Buck ! se moqua Ginny. Quelques sorts de désillusion devraient lui permettre de passer sans problèmes les frontières. Du moins celles de notre pays. Buck n'est pas sous le coup d'un mandat d'arrêt international !

- C'est quand même bien tombé que Charlie se trouve au Terrier pour empêcher que cela tourne au vinaigre, soupira Harry.

- C'était justement pour le voir que Percy est venu à la maison pendant que papa et maman n'y étaient pas !… Et c'est moi qui aie empêché que cela tourne au vinaigre, rappela la jeune fille avec une grimace.

Harry lui fit un sourire d'excuses.

- Et Ron ? Il est allé voir Hagrid lui aussi ?

- Non, il est allé se promener dans le parc…

Elle n'acheva pas. Ron s'avançait dans la pièce, l'air maussade. Ginny se pencha vivement au-dessus de la table pour lâcher rapidement et à voix basse :

- Pas un mot sur Charlie…

- Bonjour Harry ! As-tu bien dormi ?

Le ton allègre était un peu forcé, mais pas autant que le sourire crispé du jeune homme.

- Bonjour Ron, balbutia Harry. Tu… tu vas bien ?

Un grognement lui répondit. La porte de la salle s'ouvrit à nouveau et Hermione entra. Elle leur fit un grand signe de la main, et un large sourire. Elle se hâta vers la table. Ginny lui fit place à côté d'elle.

- Comment va Buck ? demanda Harry qui ne doutait pas de la voir apporter de bonnes nouvelles devant son sourire épanoui.

- Il va le mieux du monde. Sa blessure est guérie. On pouvait faire confiance à Hagrid.

- Sale Kreattur ! grommela Ron.

Hermione fut sur le point de parler, mais elle y renonça. Elle préféra continuer sa conversation avec Harry. Elle était soulagée de savoir que Charlie le ramènerait en Roumanie et que l'hippogriffe pourrait faire le voyage jusque là-bas sans problème.

- Si elle avait pu, elle l'aurait ramené elle-même là-bas, grinça Ron.

Ginny leva les sourcils à l'intention de Harry, qui ne saisit pas le sens de son intervention. Hermione préféra ne pas répondre directement.

- Tout ce qui m'importe c'est sa sécurité. Charlie m'a assuré qu'il lui trouverait quelqu'un pour s'occuper de lui. C'est vraiment le plus gentil des Weasley, à part Ginny bien sûr.

- Merci pour les autres, gronda Ron.

- Il est très serviable, continua Hermione sans prendre garde à lui. Nous avons beaucoup parlé ensemble. Il fait un travail exceptionnel en Roumanie.

- Tu parles ! comme si chasser le dragon était si exceptionnel que cela ! marmonna Ron entre ses dents.

- Je parle du travail qu'il fait pour l'Ordre, reprit Hermione sans montrer son agacement. Il a déjà recruté nombre de sorciers importants dans les pays de l'Est.

- Comme si un joueur de Quidditch était si important que cela ! ricana Ron.

Hermione prit une grande inspiration et se tourna résolument vers lui.

- Qu'est-ce que tu as contre Charlie ? demanda-t-elle. Vide ton cœur, Ron, qu'on en finisse.

Ron leva vers elle des yeux éberlués :

- Mais je n'ai rien contre Charlie ! s'exclama-t-il médusé. Si ce n'est qu'il n'a pas à faire le commissionnaire, ni pour ce…. Krum, ni pour son Heurrrmion, imita-t-il.

Ginny mit précipitamment sa main sur sa bouche pour ne pas éclater de rire. Harry ouvrit tout grand les yeux et la bouche. Il venait de comprendre.

- Que veux-tu dire ? l'interrogea Hermione froidement.

- Parce que tu crois que je ne sais pas pourquoi tu as ensorcelé tes cheveux ? J'ai vu Charlie vous prendre en photo, toi et ton stupide chat, avec son appareil. Il ne faudrait pas me prendre pour plus bête que je ne suis ! Comme si tu ne lui en avais pas déjà envoyé, des photos de toi.

- C'étaient des photos moldues, expliqua Hermione. Viktor les trouve un peu… figées. Et comme cela, il verra Pattenrond. Et puis, qu'est-ce que cela peut bien te faire ?

- Mais cela ne me fait rien du tout, explosa Ron, rouge comme il ne l'avait jamais été. Vraiment rien du tout. Seulement, cela me fait de la peine pour toi. Tu es ridicule avec ces cailloux aux oreilles. Et cette coiffure, vraiment ! Mais quel sortilège as-tu donc employé ? J'imaginais qu'une fille comme toi aurait au moins su choisir l'incantation qu'il fallait…

- Je n'ai employé aucun sortilège, répondit Hermione. Cela s'appelle démêlant et après-shampooing, c'est moldu. Et je ne suis pas plus ridicule avec ces boucles d'oreilles que toi lorsque tu t'admires devant le miroir avec dans une main ton insigne de Préfet et de l'autre ta médaille de Quidditch.

Cela sembla calmer Ron un moment. Ginny n'osait lever les yeux sous peine de fou rire immédiat. Harry fixait Ron avec stupeur. Hermione, dans un geste de provocation, ramena les mèches qui encadraient son visage derrière ses oreilles, découvrant ainsi les pendants d'oreilles. Ron serra les mâchoires et se renfrogna un peu plus.

- D'ailleurs, reprit Hermione perfidement, je croyais que tu étais le plus fanatique des supporters de Viktor Krum.

Harry vit un éclair passer dans le regard de Ron. Il ne sut dire si c'était une lueur de rage, ou de désarroi.

Le bruit de la porte qui s'ouvrait leur offrit une diversion bienvenue. Tous levèrent les yeux vers le fond de la salle avec espoir, et cet espoir fut déçu.

- Bonjour, professeur Rogue, dit Ginny.

Rogue s'approcha lentement. Il dévisagea chacun des jeunes gens.

- Bonjour, Miss Weasley, répondit-il tout en fixant Harry. Voilà la Maison Gryffondor réduite la portion congrue. Alors, Potter, qu'est-ce que cela fait d'être à l'abri de Poudlard tandis que vos camarades risquent chaque jour leur vie à l'extérieur ?

Harry allait répondre lorsqu'il aperçut du coin de l'œil le regard de Ron se durcir davantage. Il mit la main sur son épaule pour le retenir. Il se souvint qu'il avait fait la même réflexion à Sirius plusieurs semaines auparavant et il savait ce qu'il cherchait.

- Vous savez comme moi, professeur, que je ne suis à l'abri de Voldemort, ni à Poudlard, ni ailleurs.

Il avait réussi à garder son calme, comme le lui avait préconisé Lupin. La bouche de Rogue eut un tic nerveux à l'énoncé du nom-qui-ne-devait-pas-être-prononcé.

- Vous vous imaginez être le seul, Potter ? le nargua Rogue.

- Hem Hem… professeur Rogue ? demanda Hermione d'une petite voix.

- Miss Granger ? répondit le professeur sarcastique.

- Pouvez-vous nous dire quand nous aurons les résultats de nos examens, s'il vous plaît ? Ou bien pourquoi ils sont si longs à arriver ?

Rogue détacha son regard de celui de Harry. Il baissa les yeux sur Hermione.

- Croyez-vous avoir rendu des devoirs si exceptionnels, Miss Granger, que les examinateurs ne pourraient faire autrement que de vous féliciter chacun personnellement par Hibou spécial ?

Hermione rougit.

- Non, Monsieur, fit-elle en baissant les yeux.

- On les a quand même bien passé, ces fichus examens, Monsieur, releva Ron avec une colère à peine rentrée. La moindre des choses serait de les corriger. Personnellement, ils peuvent en faire ce qu'ils veulent. Mais si Hermione a hâte de savoir comment son travail est jugé, c'est compréhensible.

Les yeux de Rogue se posèrent alors sur Ron.

- Vraiment, Weasley ? J'ai entendu dire que vous vouliez devenir Auror… c'est une carrière pleine d'avenir en ce moment. Si tant est qu'on puisse parler d'avenir… Nous verrons si vos parents auront lieu d'être fiers de vous. Il est vrai que leurs autres enfants leur donnent toute satisfaction : un fils dresseur de dragons, un autre à la solde de ces sournois de gobelins, un autre encore zélé fonctionnaire, et deux habiles hommes d'affaires…

Il se mit à rire, d'un rire sardonique, comme s'il venait de faire une excellente plaisanterie.

- Et vous. Je suppose qu'ils se demandent toujours ce qu'ils vont faire de vous, Weasley.

Il se tourna vers Ginny qui soutint son regard.

- Heureusement, ils peuvent garder espoir en leur fille. Il parait que vous avez de grands potentiels magiques, Miss Weasley. Vous avez surtout de la chance que le Ministère ait les yeux fixés ailleurs en ce moment, jeune demoiselle, ou vous auriez pu avoir des problèmes pour usage abusif de la magie. Cela aurait été quelque peu gênant pour un homme dont le nom est souvent accolé à celui de futur ministre de la magie…

Les taches de rousseur de Ginny foncèrent tout à coup, mais elle ne baissa pas les yeux.

- Tâchez de prendre un peu plus garde à vos émotions, Miss Weasley, la prochaine fois que vous lancerez un sortilège. Vous êtes à peu près la seule qui rendiez mes cours de potions intéressants pour moi dans les classes de Gryffondor. Je ne voudrais pas vous perdre.

Harry jura qu'il avait vu se dessiner un sourire au coin des lèvres de Rogue. Mais déjà ce dernier reportait son attention sur lui.

- A propos de cours de potions, Potter. Nous devons encore travailler certain sujet que vous ne maîtrisez guère. Je vous ferai prévenir lorsque nous pourrons commencer.

Harry hocha la tête, sous l'œil interrogateur de Ron. Travailler ? Pendant les vacances. ?

- Bien, fit Rogue en détaillant la salle des yeux. Je croyais trouver le Professeur Lupin ici, mais apparemment… le loup n'est pas encor sorti du bois, ce matin.

Harry retint un tremblement de la main.

Rogue souriait, l'air fort content de lui. Il salua les jeunes gens d'un signe ironique de la tête. Avant de partir il ajouta :

- Jolis fragments de météorites, Miss Granger. Vous savez, bien sûr, que la poussière d'étoile filante entre dans la composition des potions d'attachement.

Hermione rougit. Ron se pencha vers Ginny :

- Des quoi ?

- Des philtres d'amour… traduisit la jeune fille pour son frère.

Ron leva vers Rogue des yeux pleins de haine. Le professeur ne cessait de sourire. Harry songea qu'il serait facile désormais à Severus Rogue de mettre le jeune homme hors de lui. Il pensa tristement que Dumbledore avait tort de croire que l'amour que l'on a dans le cœur était une force, c'était une faiblesse. Mais il fallait alors admettre que Voldemort avait raison, et cela il ne le pouvait pas. Il ne le voulait pas.

Harry se leva et partit derrière Rogue, laissant ses amis médusés. Il le rattrapa dans le couloir.

- Professeur ? se força-t-il à appeler.

Rogue ralentit l'allure, imperceptiblement.

- Que voulez-vous, Potter ? Je suis fort occupé, moi.

- Professeur, répéta Harry en arrivant à sa hauteur. Je voudrais savoir pourquoi le professeur Dumbledore m'a fait venir à Poudlard aujourd'hui, alors qu'il a toujours refusé…

Rogue s'arrêta net.

- J'ignore pourquoi le professeur Dumbledore a fait cela et il n'a du reste aucun compte à rendre ni à moi, ni à vous.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, reprit Harry en s'exhortant au calme. Je voulais dire : pourquoi ici, pourquoi pas au QG…

Il surprit le regard de Rogue qui se fit plus attentif au silence du château. Il se tut et Rogue resta un moment sans parler.

- Sans doute, reprit Rogue lentement, sans doute Monsieur le Directeur tient-il à ce que certaines choses restent cachées à de jeunes cervelles, afin d'éviter que des incidents comme ceux des derniers mois n'arrivent à nouveau…

Harry sentit monter du plus profond de son être une douleur qu'il croyait endormie. Un incident ! La mort de Sirius reléguée à un incident ! dont il le rendait responsable ! Alors que… Non, il était responsable de la mort de Sirius. Lui, Harry, et personne d'autre. Il détestait Rogue plus qu'il ne l'avait jamais haï, pour lui rappeler sans cesse que sans lui Sirius serait encore vivant. Il ne pourrait pas. Il ne pourrait pas passer tout ce temps avec lui. La colère le submergea. Il avança vers le professeur. Une main se referma sur son épaule et le retint en arrière. La voix de Lupin lui parut étrangement calme.

- Bonjour Severus, disait-elle.

- Bonjour, Lupin. Vous êtes encore là ?

- Encore est un reproche, Severus, reprit Lupin avec un soupçon d'ironie. Vous auriez pu dire : vous êtes toujours là.

- Toujours et jamais sont des mots que j'utilise avec circonspection, Remus, lui répondit Rogue. C'est que je vous croyais parti depuis que nous avons reçu le message du professeur Dumbledore.

- Vous avez bien raison, Severus, d'agir toujours avec circonspection, sourit Lupin. J'attendais simplement de voir Harry. J'ai un message pour lui aussi, à propos de chaussettes et de Mrs Pomfresh.

Rogue hocha la tête tandis que Harry se frappait le front. Le professeur s'éloigna rapidement. Lupin fixa du regard sa robe noire qui flottait derrière lui jusqu'au moment où il disparut dans un autre couloir.

- Harry ! fit-il doucement.

Pourtant sa voix fit l'effet d'un reproche au jeune homme.

- Il m'a provoqué…voulut se défendre Harry.

- Je le sais bien ! répliqua Lupin. C'est la méthode Serpentard : repérer les faiblesses de l'adversaire et frapper là où cela fait mal. Connais tes faiblesses, Harry. Accepte-les et ce ne seront plus des faiblesses.

Et comme Harry baissait toujours la tête il continua :

- Regarde-moi : dans quelques jours ce sera la pleine lune. Je ne dis pas que cela m'enchante, mais je ne la crains plus.

- Je serais curieux de voir ce qu'en dirait un Epouvantard, railla Harry.

Lupin se mit à rire.

- C'est bien, Harry. Tu commences à comprendre. On combat un adversaire avec ses propres armes, et un Serpentard avec des mots. Dans quelques jours, Severus sera de retour et vous recommencerez les exercices.

- Et vous ? demanda Harry à qui l'idée de se retrouver seul avec Rogue ne souriait décidemment pas.

- N'as-tu pas écouté ? La pleine lune m'éloignera de vous quelque temps. Mais je serai là. Ne te trompe pas d'ennemi Harry.

Harry fit ses adieux à Lupin et retourna vers la salle commune où ses amis devaient l'attendre. Il s'attendait à des questions pressantes et il tentait d'imaginer des réponses plausibles sans découvrir trop de ce qu'il devait leur cacher. Pour leur propre bien.

Il entra dans la pièce. Ron s'était rapproché de Ginny. Hermione était debout.

- Elle s'appelle Luna, Ron ! assénait-elle avec exaspération.

- Et moi, je dis que Loufoca lui va beaucoup mieux, la contredisait Ron avec entêtement. D'ailleurs, tu ne te prives pas non plus de te moquer d'elle.

- Je ne me suis jamais moquée d'elle ! démentit Hermione.

- Tu n'es quand même pas très tendre avec elle, fit remarque Ginny avec un sourire narquois.

Hermione leva les yeux au ciel.

- Et elle me le rend bien ! riposta-t-elle. Mais ne comprenez-vous pas qu'en l'appelant ainsi, vous ne faites qu'entrer dans son jeu ! Je ne fais qu'essayer de la ramener à la réalité.

- Pourquoi ? demanda simplement Ginny.

- Mais parce qu'il le faut !

- Pourquoi le faudrait-il ? insista Ginny. Elle ne fait de mal à personne. Et elle n'a jamais essayé d'emmener quiconque dans ses délires. Elle a eu assez les pieds sur terre pour accepter de nous suivre au Ministère sans se poser de questions. Quelle importance qu'elle croie en l'existence de Ronflaks cornus !

- Mais elle est si intelligente, murmura Hermione. Vous imaginez ce qu'elle serait si elle s'enlevait toutes ces bêtises de la tête !

- Elle serait exactement comme toi ! répondit Ron avec une grimace d'horreur contrefaite. Finalement, tu as raison, Ginny ! Laissons Loufoca Lovegood telle qu'elle est !

Ginny lui lança un long regard de reproche. Harry se rapprocha de la table et il eut le temps de voir des larmes dans les yeux d'Hermione, avant qu'elle ne détourne la tête. Ron la fixait avec défi. Il ne paraissait pas se rendre compte qu'il venait de faire énormément de peine à la jeune fille.

- Heu, fit Harry pour détourner l'attention sur lui. Vous savez où est… Tonks ?

- Elle est partie très tôt ce matin, répondit Hermione après un toussotement.

- Elle n'avait sans doute pas envie de se retrouver en tête à tête avec Rogue, dit Ron en riant. Si ce qu'elle nous a raconté sur ses exploits en cours de potions sont vrais, il doit lui garder une rancune tenace pour avoir fait régulièrement exploser ses chaudrons.

- Elle avait sans doute autre chose à faire, corrigea Hermione.

Ron leva les yeux au ciel :

- Génial ! s'écria-t-il. On va passer de supers vacances ! Comme si avoir Rogue comme chaperon ne suffisait pas ! Aïe !

Ginny venait de lui lancer un coup de pied dans le tibia. Harry remarqua à nouveau les yeux d'Hermione qui se remplissaient de larmes.

- Je vais voir Buck, mais avant je dois parler à Mrs Pomfresh, dit Harry. Tu viens avec moi, Ron.

- J'en ai pas trop envie, commença Ron.

- Ce n'était pas une question, Ron, trancha Harry.

Il lui fit un signe de tête impératif et Ron le suivit. Harry se dirigea vivement vers l'infirmerie et transmit le message de Dumbledore à Mrs Pomfresh, qui s'occupait de l'intendance pendant les vacances. Il apprit ainsi qu'ils n'étaient pas seuls au château et que le professeur Trelawney logeait également à Poudlard. Elle n'était pas tout à fait remise encore du traitement que lui avait infligé le professeur Ombrage. Mrs Pomfresh les informa toutefois qu'en l'absence du professeur Rogue, ils pouvaient s'adresser à elle, ou bien au professeur Binns en cas d'un quelconque problème. Elle fixa Harry avec un regard entendu, puis elle toisa Ron et poussa un soupir désabusé. Elle leur souhaita de passer de bonnes vacances et reprit ses occupations habituelles.

Ron ne cessait de ricaner tandis qu'ils reprenaient le chemin du parc pour rejoindre la cabane de Hagrid.

- Passez donc de très bonnes vacances, imita-t-il tandis qu'ils sortaient de l'infirmerie. Tu parles ! Trelawney et Binns ! de quoi mourir d'ennui ! En tout cas, Hermione a réussi à mettre une sacrée pagaille chez les Elfes de Maison !

- Tu crois qu'elle avait une quelconque idée de ce qu'elle allait déclencher avec son histoire de SALE ? demanda-t-il encore alors qu'ils arrivaient dans le Hall. J'aimerais que Dumbledore apprenne le rôle qu'elle a joué là-dedans !

Ils traversèrent le parc en direction de la Forêt Interdite, à l'orée de laquelle se trouvait l'habitation de Hagrid. Ils virent Firenze près du lac, la tête levée vers le ciel, immobile et silencieux.

- L'année prochaine, dit Harry, je préfèrerai avoir Firenze que Trelawney comme prof de divination. Ils étaient chouettes ses cours, tu ne trouves pas ?

- Allongé sur le sol, les yeux dans les étoiles tandis que Firenze nous racontait je ne sais quel histoire de destinée, c'était l'idéal ! Heureusement qu'Hermione n'était pas là ! Elle m'aurait donné des coups de coude dans les côtes pour m'empêcher de m'endormir.

Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Sincèrement, Ron, tu devrais parler à Hermione !

- Pour lui dire quoi ? se récria-t-il.

- Ce que tu penses réellement, à propos d'elle… et de sa relation avec Krum !

Ron ouvrit de grands yeux stupéfaits :

- Mais je ne fais que cela ! Depuis le début je n'arrête pas de lui dire que ce type est un guignol et qu'elle devrait le laisser tomber !

- Ne le lui dis plus ! Dis-lui que cela t'ennuie qu'elle sorte avec un autre que toi !

- Mais où es-tu allé chercher ça !

Harry commença à énumérer en comptant sur ses doigts :

- Petit un, quand elle est là tu n'arrêtes pas de l'asticoter avec Krum. Petit deux, tu lui fais des scènes de jalousie à propos de tout et de n'importe quoi. J'ai même cru que tu allais te montrer jaloux de Charlie. Petit trois, tu ne supportes pas que Rogue dise quoi que ce soit contre elle. Petit quatre, quand elle n'est pas là tu n'arrêtes pas de parler d'elle.

- Ca ne va pas dans ta tête ! protesta Ron. Et d'ailleurs tu n'es pas très bien placé pour me donner ce genre de conseil !

- Merci de me le rappeler, railla Harry. Et puisque tu le prends comme ça, petit cinq : tu ne cesses de vouloir l'impressionner !

- Je voudrais bien voir quand j'ai essayé de l'impressionner !

- En entrant dans l'équipe de Quidditch, par exemple, répondit Harry. Qu'est-ce qui t'a pris de vouloir te mesurer à Krum sur ce terrain ?

- J'ai gagné la coupe quand même ! rappela Ron un peu vexé. Et elle n'était même pas là pour le voir, murmura-t-il amèrement. Elle s'est même endormie durant la fête de la victoire.

Harry sourit, amusé.

- Tu sais bien, Hermione et le Quidditch…

- Je sais, mais là quand même…! Elle aurait pu, je sais pas moi, faire un petit effort.

Ils reprirent leur chemin en silence. Harry se décida enfin à dire à Ron qu'Hermione pleurait lorsqu'ils avaient quitté la Salle Commune.

- Je ne me souviens l'avoir vue pleurer qu'une fois, Ron, quand elle t'a entendu dire qu'elle n'avait pas d'amis… dit-il tandis qu'ils approchaient de la cabane d'Hagrid.

- Tu oublies la fois où son épouvantard s'est transformé en McGonagall pour lui apprendre qu'elle avait raté tous ses examens ! s'écria Ron en riant.

Harry ne put rien ajouter. Hagrid s'avançait avec un large sourire. Il les amena près de Buck et celui-ci s'agenouilla devant Harry. Il caressa sa tête un long moment.

- Sirius te manque à toi aussi, murmura-t-il.

Hagrid confirma ce qu'avait dit Hermione. Charlie devait venir le chercher avant de repartir vers la Roumanie. Harry demanda des nouvelles de Graup. Hagrid était fort optimiste. Il avait gagné la confiance de son demi-frère et il réussissait à communiquer avec lui à présent d'une manière moins brutale. Il portait encore quelques cicatrices sur le visage, mais il assura que cela faisait partie des risques intrinsèques à la fréquentation des géants, fussent-ils de la famille.

Le reste de la journée passa lentement. Hermione et Ron s'évitèrent. Ils ne virent aucun professeur au repas de la mi-journée. Dans l'après-midi, ils se rejoignirent sur les bords du lac pour profiter de l'été. Hermione avait apporté quelques livres qu'elle feuilletait. Ron leva les yeux au ciel. Ginny posa une question sur un point d'histoire de Poudlard et la jeune fille se lança dans une explication circonstanciée. Ron les interrompit brutalement tout en se bouchant les oreilles.

- Arrêtez ! s'écria-t-il. C'est le sujet des examens des BUSE ! Je ne veux rien savoir !

- Tu sauras si tu dois t'inquiéter ou pas ! riposta Hermione, vexée de cette interruption.

- J'aurai tout le temps de m'inquiéter quand j'aurai reçu mes résultats ! lança Ron.

- Ca ! se mit à rire Ginny. Avec Fred et George qui n'ont pas passé leurs ASPIC, tu as intérêt à assurer, petit frère ! Sinon maman est bonne pour Ste Mangouste !

Ron fit une grimace comique.

- Heureusement qu'ils ont leur fille pour relever le niveau de la famille ! se moqua-t-il.

Hermione se racla la gorge.

- Hem ! Hem ! fit-elle.

- Par pitié, Hermione ! grogna Ron. Ne joue pas les Ombrage ! Il n'y a personne d'autre que nous ici, tu n'as pas besoin de te rendre intéressante.

- Ron ! souffla Harry sur un signe de dénégation.

- Hé bien, reprit Hermione sans relever les remarques acerbe du jeune Weasley, je me disais que nous pourrions profiter du fait que nous somme entre nous pour nous entraîner à la Défense contre les Forces du Mal…

- Quoi !? s'écria Ron. Mais elle est complètement malade, cette fille !

Hermione se leva d'un bond. Ses livres roulèrent dans l'herbe. Elle s'enfuit en courant vers le château.

- Bien joué, Ron ! reprocha Ginny.

- D'autant qu'elle a raison, releva Harry en suivant Hermione des yeux.

Il reporta son attention vers Ron. Son regard était dur.

- Crois-tu que Voldemort attendra la fin des vacances pour rechercher à nouveau l'affrontement ?

Ron baissa la tête. Ginny fronçait toujours les sourcils.

- Tu es vraiment stupide, Ron Weasley ! dit-elle.

Elle ramassa les livres d'Hermione et laissa les garçons seuls. Ron lança un caillou dans le lac, avec rage.

- J'en ai assez d'être coincé ici sans pouvoir rien faire ! grinça-t-il.

- Le moment viendra, Ron, dit Harry doucement.

- Oui, le moment viendra, répéta Ron avec humeur, et tout le monde fera preuve de courage, d'intelligence, de force et d'adresse ! Et Ron Weasley se retrouvera stupidement stupéfixé avant même d'avoir pu ouvrir la bouche pour lancer un sort !

- Pas si nous reprenons les entraînements comme l'a suggéré Hermione, fit remarquer Harry avec un sourire d'encouragement.

- Ha oui, Hermione… murmura Ron. Mais qu'est-ce qui lui a pris tout à coup ?

- Une envie pressante d'aller aux toilettes ? proposa Harry, un sourire narquois aux lèvres. J'espère qu'il n'y aura pas de Troll cette fois.

Il quitta Ron lui aussi et se rendit dans la salle commune des Gryffondor. Il monta dans le dortoir et entreprit de défaire ses bagages. Il n'avait pas beaucoup de vêtements. Il lui faudrait une nouvelle robe de sorcier. Il songea soudain qu'ils n'auraient peut-être pas l'autorisation de se rendre au Chemin de Traverse pour faire ses achats de rentrée. Ce serait sans doute là-bas que Voldemort l'attendrait. Il devait avoir des espions qui l'informeraient que les élèves avaient reçu la liste des livres et des affaires scolaires. Il pensa aux Malefoy. Drago serait-il au rendez-vous de la rentrée ? Combien manqueraient à l'appel ? Certains des Mangemorts étaient à Azkaban, y compris Lucius Malefoy, mais pour combien de temps ? Les Détraqueurs avaient déserté la prison. Comment empêcher de puissants sorciers de s'évader ? Drago l'avait plus qu'insinué : son père ne se laisserait pas emprisonner sans combattre. Que tramait Voldemort. La guerre était déclarée à présent. Les partisans des deux côtés se dévoilaient. Et il faudrait aussi compter avec le Ministère. Il espérait ardemment que Arthur Weasley serait nommé Ministre de la Magie. Ron n'avait pas tort quand il désespérait de se retrouver prisonnier de Poudlard. Harry se sentait tout aussi inutile. Rogue ne manquerait pas de le lui rappeler, sans doute. Et soudain, il sut ce qu'il devait faire. Il faillit courir au cachot qui servait de bureau au professeur de potions. Il se souvint qu'il était parti avec Remus le matin même. Il serra les poings de contrariété. Quelques jours avait dit Lupin, dans quelques jours ils seraient de retour. Il se jeta sur le calendrier pour savoir quand la lune serait pleine. Quatre jours ! Il lui faudrait attendre quatre jours ! Quatre jours d'une longueur effrayante. Puis il se mit à rire. Il n'aurait jamais cru qu'il aurait hâte de se retrouver face au professeur Rogue !