Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 4

Bon anniversaire, Harry !

Le matin de son anniversaire, Harry se réveilla d'assez bonne heure. Il voulut réveiller Ron pour commencer avec lui une bataille d'oreillers parce qu'il se sentait d'humeur joyeuse. Il pourrait fêter son anniversaire en compagnie de ses amis. Pour la première fois de sa vie ! Ron n'était déjà plus dans son lit. Il se vengerait de cette première contrariété de la journée sur son ami dans la matinée. Il descendit en courant presque jusqu'au réfectoire. Il ne s'attendait guère à ce qu'il vit sur la table de Gryffondor. Il savait que Ron et Ginny n'étaient pas riches, qu'Hermione n'avait sans doute pas eu l'occasion de penser à un cadeau, que son Oncle et sa Tante ne s'étaient jamais soucié de son anniversaire, et qu'il ne recevrait plus de hibou de Sirius pour célébrer cette date. Pourtant au milieu de la table, il y avait quatre paquets.

- Bon anniversaire ! s'écrièrent Ginny, Ron et Hermione d'une seule voix.

Le sourire de Harry s'élargit et une émotion qu'il n'avait jamais ressentie auparavant lui gonfla la poitrine. Il les aurait serré contre son cœur de toutes ses forces s'il n'avait craint de paraître ridicule.

Ron lui tendit un premier paquet. Harry reconnut un livre et il l'ouvrit rapidement. C'était une édition illustrée sur l'Histoire du Quidditch, et les lettres sur la couverture brillaient de l'éclat de l'or.

- C'est magnifique… murmura Harry un peu interdit.

- C'est le livre que Charlie t'a offert quand il a appris que tu avais gagné la coupe ! s'exclama Ginny avant que Ron n'eût pu la faire taire.

Harry le lui tendit vivement.

- Non, Ron… il est à toi ! Charlie n'apprécierait pas…

- Charlie a dit que je pouvais te l'offrir, dit Ron en rougissant.

Il n'aimait guère qu'on lui rappelât qu'il n'avait pas les moyens d'offrir un cadeau à son meilleur ami.

- Il a dit qu'il était à moi et que je pouvais en faire ce que je voulais. A fortiori, si c'était pour l'offrir à Harry Potter !

- C'est vraiment très gentil à lui, intervint Hermione.

- C'est parce qu'il est le plus gentil des Weasley, ironisa Ron.

Hermione baissa la tête et Harry remercia Ron.

- Il est à nous deux, dit-il. On se le prêtera.

Hermione lui tendit un autre paquet :

- De la part de Ginny et moi, dit-elle.

Harry découvrit un nécessaire d'entretien de baguette magique.

- Nous avons pensé que cela te serait très utile. Tu vas avoir besoin d'une baguette en parfait état pour affronter…

- C'est très utile en effet, lui sourit Harry. Merci à toi aussi Ginny.

Hermione offrait toujours des cadeaux très utiles.

Ron poussa alors devant son ami un paquet qui venait de la boutique de George et Fred. Ils lui souhaitaient un bon anniversaire dans une lettre qui se mit à chanter dès qu'il l'ouvrit. Il défit les ficelles du paquet et en sortit toutes sortes de friandises qu'ils connaissaient tous, ainsi qu'une nouvelle gamme de bonbons d'une couleur verdâtre. "Vous nous en direz des nouvelles" commentait une étiquette sur le papier qui les enveloppait.

- Si j'étais toi, commença Hermione prudemment, je ne goûterais pas à ça avant de m'être assuré que c'est sans danger.

Ron haussa une épaule et tendit la main vers un bonbon :

- Bien sûr que c'est sans danger ! Crois-tu que Fred ou George enverraient un cadeau dangereux à Harry ! Ils ne sont pas stupides ! Ils l'auront essayé sur eux avant !

Harry renonça à saisir le bonbon que lui tendait Ron avec insistance. Fred et George avaient un sens du danger largement différent du sien. Ils n'avaient pas hésité à tester sur eux-mêmes leurs boîtes à Flemme et Harry n'avait guère envie de se retrouver à l'infirmerie à cracher des limaces.

- Et puis c'est l'anniversaire de Harry ! s'écria Ron confiant, en croquant joyeusement son bonbon. Ils n'oseraient pas !

C'est alors que Ginny hurla de rire. Il tourna la tête vers elle et le fou rire qui la secoua lui mit les larmes aux yeux.

- Qu'est-ce qu'elle a ? demanda Ron.

Il fut pris d'un doute en voyant Hermione qui secouait la tête d'un air navré et Harry qui mordait ses lèvres pour ne pas rire. Il regarda vivement ses mains et ses bras qui n'avaient changé ni de forme ni de couleur. Il saisit un couvert en argent sur la table et entreprit de se mirer dans la lame d'un couteau. Le cri qu'il voulut pousser lui resta dans la gorge. Il était vert. Littéralement vert, du cou à la racine des cheveux. Ses taches de rousseur faisaient des points plus foncés sur le vert pâle de son visage.

- Je vais les tuer ! cria-t-il.

- Je te l'avais bien dit ! commença Hermione. Il ne faut jamais faire confiance à Fred et George !

Ron jeta un regard terrible à Ginny qui se tenait les côtes.

- Tu savais ! l'accusa-t-il.

- Je ne savais pas que cela ferait cet effet sur toi, réussit-elle à hoqueter. Sur Fred c'était du bleu ciel et George du bleu indigo.

- Et je vais rester combien de temps comme cela ! hurla Ron.

- Une ou deux heures ! put répondre Ginny. Ensuite, cela va s'atténuer progressivement et ce soir il n'y paraîtra plus.

- Allez, Ron ! dit Harry qui n'en pouvait plus de se retenir de rire. C'aurait pu être pire ! Ils auraient pu en envoyer pour ton anniversaire.

- Oui, mais là je n'aurais pas été seul à être ridicule, grogna Ron. J'en aurais d'abord offert à Hermione.

Harry voulut ouvrir le quatrième paquet.

- Laisse, dit Ron. C'est un gâteau de la part de maman, on le mangera cet après midi.

- Comment sais-tu que c'est un gâteau de maman ? interrogea Ginny.

- Parce qu'il était en train d'ouvrir le paquet quand je suis arrivée ! J'ai dû lui taper sur la main comme à un gamin curieux ! se mit à rire Hermione.

- Avec ta baguette ! reprocha Ron. Il ne faut jamais faire ça ! C'est dangereux ! Tu m'as un peu brûlé.

Hermione haussa les épaules.

- Où donc ?

- Là !

Ron lui présenta le dos de sa main et Hermione passa le doigt sur une légère trace brune en forme de petit croissant.

- C'est un bobo ! constata-t-elle.

- Tu sais, Hermione, les bobos guérissent mieux quand on fait un petit bisou dessus, déclara Ginny.

Ron lui lança un regard furieux et devint vert pomme. Hermione fronça le sourcil. Harry baissa les yeux sur son nécessaire à baguette pour ne pas éclater de rire.

- Je suis désolée, reprit Hermione. C'était un réflexe. Je ne te frapperai plus avec ma baguette.

- C'est beaucoup plus efficace quand tu frappes avec tes mains nues, il est vrai, fit remarquer Ginny.

Ron vira au vert sapin. Hermione rougit. Harry songeait qu'il n'avait jamais passé meilleur anniversaire depuis celui où Hagrid était venu l'arracher aux Dursley.

Un vol de hiboux le tira de ses réflexions. Il eut un coup au cœur, mais il se rappela que Sirius n'était plus là et que ce n'était pas ses vœux que les hiboux apportaient. Ils laissèrent chacun tomber une lettre devant, Harry, Ron et Hermione.

- Oh mon Dieu ! balbutia celle-ci. Les résultats des BUSE !

Elle pâlit brusquement, fixant l'enveloppe devant elle. Le vert sur le visage de Ron devint beaucoup plus clair. Il jeta un regard désemparé à Harry.

- Hé bien, fit ce dernier en ouvrant résolument son enveloppe. On les réclamait, les voici !

Il sortit un parchemin qu'il parcourut rapidement. Ron et Hermione le considérait avec angoisse.

- Alors ? demanda Hermione d'une petite voix.

- Je te le dirai quand tu me parleras des tiens, répondit Harry.

Hermione ouvrit son enveloppe, les mains tremblantes. Ron l'imita avec anxiété. Ginny les regardait tranquillement, en songeant que l'année suivante, ce serait son tour. Hermione poussa un soupir de soulagement et serra la lettre sur son cœur.

- Toutes ! murmura-t-elle. Mais je ne comprends pas pourquoi je n'ai eu que Effort Exceptionnel en Sortilèges…

Ron fit une grimace.

- A mon avis tu auras fait un hors sujet en voulant trop en mettre…

Il cherchait avidement dans la liste des matières le nom des Potions. Son cœur battait à se rompre : Optimal ! Il poussa un cri de victoire : il lui fallait absolument avoir cette BUSE pour prétendre à continuer ses études en tant qu'Auror.

- Oui ! Oui ! Oui ! Un O en potions ! Rogue va en être malade !

Il changea de tête aussitôt : Rogue ! il allait devoir les supporter, lui et ses remarques insultantes pendant encore deux ans… Du moins s'ils ne finissaient pas tous en chair à pâté pour le serpent de Vol… Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

- J'ai eu Optimal aussi, lui dit Harry. J'ai l'impression que Rogue sous-note ses élèves pour leur éviter d'avoir de mauvaises surprises aux examens…

Ron éclata de rire :

- Par Merlin ! Un O en potions ! Il risque de le prendre pour un affront personnel !

- Mais qu'est-ce que vous avez répondu à la question sur…

- Hermione ! s'exclama Ron. On s'en fiche ! Tout va bien ! Et maman ne finira pas à Ste Mangouste ! ajouta-t-il sur un clin d'œil à Ginny. Du moins, pas tout de suite !

Il se leva de table, l'air beaucoup plus serein.

- Je vais lui apprendre la nouvelle de ce pas ! Elle attendait les résultats avec plus d'impatience que moi !

- Je vais écrire à mes parents également, décida Hermione. Je vais leur dire que j'ai réussi mes examens avec des notes optimales.

- Sauf en sortilèges, glissa Ron à Harry. Tu viens avec nous ?

Harry hésita. A part ceux qui étaient là, il n'avait personne d'autre avec qui se réjouir de ses résultats. Le professeur Mac Gonagall peut-être. Elle lui avait promis qu'elle l'aiderait à devenir Auror, même si c'était la dernière chose qu'elle ferait. Elle serait sûrement heureuse de savoir qu'elle allait pouvoir tenir sa promesse. Il se demanda s'il ne serait pas malvenu de prendre la liberté d'écrire personnellement à un professeur, mais il avait tellement besoin de partager un moment avec quelqu'un qu'il accepta la proposition de Ron. Il les suivit, avec Ginny, dans les couloirs.

Ron avait repris son entrain et parlait pour ne rien dire, tandis qu'Hermione essayait de canaliser sa nouvelle joie de vivre. Soudain, ils entendirent un sifflotement familier.

- Voilà Peeves, constata Ginny.

Et en effet l'esprit insolent s'avançait vers eux de l'air de quelqu'un qui cherche une bonne farce à faire.

- Va-t-en Peeves, l'avertit Hermione.

- Je fais ce que je veux, Miss Pimbêche Gran…

Il éclata de rire. Il venait de voir Ron et celui-ci se souvint qu'il était vert.

- Weasley est tout vert ! Weasley est tout vert ! se mit à scander Peeves. Et pourquoi es-tu vert, Weasley ? C'est Miss Assommante Granger qui t'a mis dans cet état ? Ou bien es-tu simplement vert de jalousie ?

- C'est une farce de Fred et George, expliqua Harry qui voyait son ami passer par toutes les nuances du vert.

Peeves hurla de rire et se frappa les cuisses :

- Ces deux-là me feront mourir de rire !

- T'es déjà mort, Peeves ! rappela Ron. Et c'est dommage parce que je te tuerais bien de mes propres mains !

Peeves fit une grimace grossière et laissa passer les jeunes gens. Il les suivit cependant dans le couloir en chantant "Weasley est vert de jalousie ! Weasley est vert de rage ! Weasley est vert de peur ! Tout vert ! Tout vert ! Weasley est tout vert" sur l'air de Weasley est notre roi.

Stoïque, Ron faisait semblant de ne rien entendre. Il pensait que Peeves se lasserait vite et qu'il ne couinerait bientôt plus à ses oreilles. Ils se dirigeaient tous vers la salle commune des Gryffondor lorsque Rogue s'avança à grands pas vers eux. Ron chercha désespérément des yeux un endroit où se cacher, mais il était déjà trop tard. Rogue avait posé les yeux sur lui, un sourire sarcastique aux lèvres.

- Mr Weasley, êtes-vous malade ? demanda-t-il faussement inquiet. Ou bien est-ce un singulier hommage à la Maison de Serpentard ? Oh, je vois, vous avez reçu vos résultats d'examens…

- C'est une stupide plaisanterie de ses frères, Professeur, commença Hermione.

Rogue leva les yeux au ciel.

- Quand j'aurai besoin de vos explications, Miss Granger, je vous le ferai savoir. Je m'étonne cependant qu'un esprit aussi primaire que le vôtre puisse obtenir des résultats aussi… brillants.

Hermione ouvrit de grands yeux indignés. Elle sentit soudain Ginny qui lui donnait des coups de coudes dans les côtes. Ron était vert bouteille. Rogue fit un geste à Harry pour lui signifier de le suivre.

- Potter, nous avons à faire, dépêchez-vous. Oh !… Weasley, tâchez donc de conserver cette nuance-là : elle s'accorde à merveille avec les tons orangés de votre chevelure.

Ginny retint son frère par le coude gauche, Hermione par le coude droit. Elles l'entraînèrent dans la direction opposée à celle que prirent Harry et le professeur, tandis qu'on entendait de loin en loin Peeves qui chantait à tue-tête : Tout vert ! Tout vert ! Weasley est tout vert !

Rogue fit entrer Harry dans son bureau. Son visage était préoccupé et il ne fit aucune de ses remarques habituelles.

- J'ai dû parler au Professeur Dumbledore de ce que vous aviez vu dans votre sommeil, Potter ! commença-t-il sans préambule.

Harry se retint de poser les questions qu'il avait sur les lèvres au sujet du directeur.

- Oui, Monsieur, se décida-t-il à répondre ne sachant ce que Rogue attendait de lui.

- Et il s'est avéré que, effectivement, l'Elfe de Maison qui vivait 12 square Grimmaurd était mort depuis quelques jours.

Harry hocha la tête. La mort de Kréattur ne le touchait pas. Mais il ne pouvait pas dire qu'il y était indifférent.

- Et… ?… Monsieur …. Ajouta-t-il toujours perplexe.

Rogue leva les yeux vers lui :

- Je ne suis pas certain qu'il soit une bonne chose de nous obstiner à empêcher le Seigneur des Ténèbres…

- Vous voudriez que je le laisse me montrer ses pensées secrètes ? termina Harry à sa place.

Rogue sourit.

- Ses pensées secrètes ? Votre arrogance est décidemment…

- Je voudrais apprendre à contacter l'esprit de Voldemort, reprit très vite Harry. Je ne veux plus qu'il se serve de moi. Je ne veux plus me laisser manipuler par lui. S'il peut entrer dans mon esprit, je peux entrer dans le sien. Apprenez-moi à lire dans les pensées de Voldemort !

- Ne l'appelez pas par ce nom ! cria Rogue.

- Voldemort ! répéta Harry. Voldemort ! Ce n'est même pas son vrai nom ! Qu'est-ce qui vous fait si peur que vous ne pouvez pas le prononcer… Monsieur ?

Harry était furieux. Ils perdaient du temps à discuter autour d'un nom alors que… Il regardait Rogue et il ne le voyait pas. Soudain, il réalisa que le professeur se tenait le bras et qu'une grimace de douleur tordait son visage livide. Harry porta la main à son front sur sa cicatrice. Il se souvint que Bellatrix Lestrange ne pouvait elle non plus entendre prononcer ce nom sans entrer en fureur.

- Vous lui résistez, n'est-ce pas ? demanda Harry. Qu'est-ce qui se passe quand il tente de contacter ses Mangemorts ? C'est le souvenir de la douleur qui s'éveille en vous ?

Rogue le fixait avec une haine féroce. Il se taisait pourtant, les mâchoires crispées. Harry songea qu'il lui fallait un empire sur lui-même plus grand qu'il ne l'avait jamais soupçonné pour donner le change. Un instant il sentit dans son cœur une joie sans borne à l'idée de la souffrance de Rogue. Il réussit à réprimer le sourire qui lui montait aux lèvres. Il y eut un silence qui dura une éternité. Puis le professeur Rogue reprit son attitude raide et froide.

- Vous voulez que je vous initie à la légilimancie, Potter ? Le professeur Dumbledore pense que vous avez des dispositions. Et je dois reconnaître, bien qu'il m'en coûte, qu'il a sans doute raison. Mais éteignez donc cette lueur de victoire que je vois briller au fond de vos yeux, Potter, car dites-vous bien que ces capacités, vous ne les devez qu'à…

Dans un geste vif il effleura la cicatrice de Harry du bout de sa baguette.

- Ça !

Harry sentit un éclair douloureux traverser sa tempe. Il résista de toutes ses forces pour ne pas fermer les yeux. Il réprima le tremblement de son corps et le mouvement de sa main qui montait d'elle-même à sa tête. Rogue le fixait au fond des yeux.

- Severus…

L'intonation était interrogative et à la fois impérative. Rogue et Harry tournèrent en même temps la tête vers le professeur Lupin qui se tenait à l'entrée du cachot.

- La porte était entrouverte, dit Lupin en s'adressant à Rogue.

Il regardait tour à tour Harry et Rogue. Ce dernier rangea sa baguette. Il s'éloigna de Harry et leur tourna le dos.

- Vous veniez vous assurer que je suis bien les instructions du professeur Dumbledore, Lupin, demanda-t-il, sarcastique.

- Je sais que vous suivez toujours les instructions d'Albus, Severus, répondit Lupin de sa voix habituelle.

Harry se sentit à l'instant plus serein. Rogue leur fit face à nouveau, son visage recomposé et un sourire au coin des lèvres.

- Notre jeune monsieur Potter s'imagine qu'il peut rivaliser avec Vous-Savez-Qui dans le domaine de la légilimancie, continua Rogue.

- Et vous, qu'en pensez-vous, Severus ? demanda calmement Lupin.

- J'en pense, dit lentement Rogue, j'en pense qu'il est folie de mettre tout son espoir en une seule personne.

Harry sentit la main de Lupin sur son épaule.

- Mais Harry n'est pas seul, Severus, loin de là.

Rogue se mit à rire.

- Il l'est plus que vous ne le croyez ! Et il le sera lorsque le moment sera venu de…

Il se tourna vers Harry :

- Vos amis ne pourront rien pour vous, Potter, lorsque vous serez face à Lui. Comme ses amis n'ont rien pu pour votre père, le jour où il a défié le Seigneur des Ténèbres une fois de trop.

Lupin s'interposa imperceptiblement entre Harry et Rogue.

- Harry n'est pas James, prononça-t-il distinctement.

Et Harry se crut revenu quelques mois plus tôt dans la très vieille et très noble maison des Black, alors que Remus faisait cette même réflexion à Sirius. La colère le prit. Il repoussa Lupin.

- Cessez de parler de mon père ! cria-t-il. Vous parlez de lui comme si je le connaissais ! J'ignore qui il était ! J'ignore ce qu'il vous a fait ! Mais je regrette une seule chose : c'est qu'il ait jugé bon de vous sauver de ses griffes !

- Harry ! cria Lupin alors que le jeune homme quittait la pièce en courant.

Il se tourna vers Rogue, qui souriait d'un air mauvais.

- Il n'y arrivera jamais, laissa tomber le professeur avec une satisfaction qui révolta Lupin.

Il s'avança vers Rogue et le prit par le col de sa robe de sorcier.

- Qu'espères-tu ? Prends garde, Severus, qu'on ne te prenne à souhaiter ce genre de chose, car certains murmurent encore contre toi et cette fois, je ne sais si Dumbledore aura assez d'empire sur eux pour te sauver la mise une seconde fois.

Le regard de haine de Rogue fit reculer Remus.

- Cela ne finira donc jamais ? gronda Lupin.

Rogue releva la tête d'un air de défi;

- Alors, Sirius avait raison, dit tristement Lupin. Tu ne vaux pas mieux que lui.

Il lui tourna le dos et sortit du cachot. Sur le pas de la porte, il s'arrêta et se retourna :

- Ah, professeur Rogue, dit-il sur un ton las. Je vous remercie pour votre potion Tue-Loup. Une fois de plus, elle a fait son effet.

Rogue fit un signe de tête sec et rapide. Il leva la main et la porte se ferma sur les pas de Lupin.

Harry sentait la fureur en lui monter comme un torrent. Et soudain, il se souvint d'une phrase qu'avait dite Rogue : Dumbledore et lui avaient eu la même idée. Le Directeur de Poudlard, le chef incontesté de l'Ordre du Phénix avait confiance en ses possibilités. Voldemort ne l'avait-il pas marqué comme son égal ? Oh non ! il ne se sentait pas l'égal de Voldemort, mais il n'était pas non plus son esclave comme tous ses Mangemorts ! Le temps n'était pas leur allié. Il savait pourtant que le vieux directeur ne lui conseillerait pas la précipitation. Se préparer, avait dit Hermione. Se préparer le mieux possible en attendant le moment d'agir. Et revenir auprès de Rogue pour apprendre de lui tout ce qu'il savait de Voldemort. Ensuite, quand il en aurait fini avec Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, il se servirait de tout ce qu'il aurait appris de lui pour se retourner contre Rogue. S'il le pouvait encore…

La salle commune de la tour de Gryffondor était vide. Harry pensa que ses amis devaient être à la volière. Il se força à penser que c'était le jour de son anniversaire et qu'il avait décidé d'être heureux. Il entendit le rire clair de Ginny, et la voix de Ron, par-dessus la voix d'Hermione.

- Mais puisque je te dis que c'est une Vélane !

Harry sut immédiatement qu'il parlait de Fleur Delacour.

- Ça va Ron ! essayait de dire Ginny entre deux rires. On le sait que c'est une vélane ! Mais c'est une vélane qui a persuadé son père de financer en partie l'Ordre du Phénix !

- Et ce n'était pas du luxe ! renchérit Hermione. Parce que depuis que Sirius n'est plus là…

Ils se turent tous les trois en apercevant Harry. Ils crurent que sa pâleur était due à ce qu'il venait d'entendre.

- Bien joué, Herm ! grogna Ron.

- Au fait, Harry, continua-t-il sur un ton enjoué qu'il maîtrisait mal. J'ai complètement oublié de te demander hier soir ! Alors, il a dit quoi Rogue pour le Quidditch ?

Harry songea à cette conversation avec le professeur. Il avait suffit d'un froncement de sourcil de Rogue pour que Harry comprenne qu'il n'obtiendrait pas l'autorisation d'utiliser le terrain de Quidditch.

- Vous voulez que je vous permette de vous entraîner au Quidditch, Potter ? Mais un joueur exceptionnel comme vous n'a pas besoin d'entraînement. Ho, vous pensez sans doute à votre ami Weasley (un sourire de loup avait tordu sa bouche !) Vous voulez sans doute gâcher vos meilleures chances, Potter ! Vous savez bien que Weasley ne doit sa réussite qu'à sa maladresse. Quant à Miss Weasley, elle est très douée cette petite, ce serait dommage qu'un accident vienne briser sa carrière très prometteuse… (Il avait eut une moue ironique :) Ne me dites pas que vous voulez faire entrer Granger dans l'équipe ! Ho ! Vous m'avez fait peur, Potter, quoique ce ne serait pas une mauvaise affaire pour Serpentard…

- Alors ? insistait Ron. Il a dit quoi ?

- Il a dit ce que Hermione a dit qu'il dirait ! soupira Harry.

Ron lança un regard peu amène à la jeune fille.

- Pourquoi faut-il qu'elle ait toujours raison ! marmonna-t-il.

- Comme si Rogue allait vous autoriser à vous entraîner au Quidditch pour que vous puissiez battre les Serpentard l'année prochaine ! s'exclama Hermione. Et puis, il ne ferait jamais rien qui ferait plaisir à Harry.

Ron dut convenir qu'elle n'avait pas tort. Il souffla fortement.

- Mais qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire !

- Il nous reste la défense contre les forces du mal, répondit lugubrement Harry.

- Mais quand tu n'es pas là, Ron ne veut pas s'entraîner, rappela Hermione. Et tu passes beaucoup de temps avec le professeur Rogue…

Harry sourit car Ron, dans le dos d'Hermione, lui faisait signe qu'il était hors de question qu'il s'entraîne seul contre ces deux furies. Il était en train de cogner son index contre sa tempe tout en jetant un regard à Hermione quand celle-ci se retourna brusquement. Il devint vert vif et fut sauvé du lynchage par l'arrivée de Charlie. Ginny se précipita dans les bras de son frère en criant de joie. Elle se calma soudain :

- Cela veut dire que tu t'en vas ? s'inquiéta-t-elle.

Charlie décoiffa ses cheveux d'un geste affectueux.

- Je m'ennuie de mes dragons, dit-il en souriant.

- Qu'il reste avec nous, murmura Ron en tordant sa bouche vers Harry. Il y a toujours Hermione.

Cette dernière lui jeta un regard assassin. Elle répondit au salut de Charlie avec un sourire charmant. Le frère aîné de Ron serra la main de Harry. Il ne dit rien sur la couleur de son plus jeune frère, excepté un clin d'œil à Hermione : Fred et George ? murmura-t-il à l'oreille de la jeune fille. Elle hocha la tête d'un air navré.

Charlie les entraîna chez Hagrid pour voir Buck qu'il devait emmener le lendemain matin. En chemin Ron le harcela pour avoir des nouvelles et Charlie de guerre lasse, sortit un exemplaire de la gazette du Sorcier. Il datait de quelques jours, mais Ron se jeta dessus, lisant tout en marchant, au risque de marcher sur les pieds de ses amis. Il retint soudain une exclamation déçue !

- Qu'y a-t-il ? s'enquit Harry.

Ron tendit le journal à sa sœur.

- Papa ne sera pas ministre de la Magie !

- Pourquoi ? demanda Ginny, tout en parcourant avidement la une de la Gazette.

- Parce que c'est quelqu'un d'autre qui l'est ! s'exclama Ron.

- Tu tenais tant que cela à ce qu'il le soit ? interrogea Charlie, un sourire aux lèvres.

- C'aurait été bien pratique pour faire fermer son bec à cette fouine de Malefoy… songea Ron. Mais je suppose qu'il est bien content d'être resté au Département des Objets Moldus… soupira-t-il.

- Il a eu une promotion ! leur apprit Charlie avec étonnement. Maman ne vous l'a pas dit ? Elle aura dû oublier… Ca se comprend, remarquez…

Ginny et Ron étaient suspendu à ses lèvres.

- Elle ne voulait sans doute pas vous inquiéter…

Ron poussa un rugissement et se jeta sur son frère. Il prit à deux mains le col de sa robe de sorcier et le secoua :

- Parle ! supplia-t-il. Pourquoi maman a-t-elle le temps de penser à envoyer un gâteau à Harry et ne nous avertit-elle pas que papa est monté en grade !

- Parce que c'est arrivé le même jour où Percy est entré à Ste Mangouste…

Le visage de Ron prit un ton verdâtre et Ginny se précipita à son tour au devant de Charlie. Celui-ci remettait de l'ordre dans sa tenue.

- Tu es fort, Ron, constata-t-il. Remarque, j'aurais dû m'en douter vu la manière dont tu as maîtrisé Percy la dernière fois.

- Qu'est-il arrivé à Percy ? s'inquiéta Harry.

Il n'aimait pas beaucoup le troisième des fils Weasley, mais il savait que Ron avait de l'affection pour lui et qu'il avait été affecté plus tous les autres de ce qu'il prenait pour une trahison.

Charlie secoua la tête en riant. Il montra la tête de Ron :

- Mauve ! s'exclama-t-il.

Ginny éclata de rire, plus de soulagement que de joie. Harry entendit Ron soupirer bien qu'il murmurât un "bien fait !" peu charitable.

- Il n'a pas compris tout de suite qu'il s'agissait d'une farce des jumeaux et il s'est fait admettre au service des contre-sorts de Ste Mangouste. Bien entendu, ils n'ont rien pu faire pour lui, puisqu'ils ne savaient pas quel genre de sortilège avait été utilisé. Il leur a piqué une crise d'hystérie, les a menacé de toutes les sanctions possibles et ils ont fini par faire prévenir maman pour lui demander s'il fallait l'interner ou pas. Je crois que papa a un peu hésité avant d'autoriser les mages guérisseurs à le laisser sortir.

- Maman s'est déplacée pour lui ? demanda Ron incrédule.

- Moi, je l'aurais laissé un jour ou deux en compagnie de Gilderoy Lockhart ! dit Hermione sur un ton rêveur.

Ron lui jeta un regard étonné, il s'était attendu à ce qu'elle prît sa défense.

- Aussitôt sorti, continua Charlie, il est venu trouver Bill pour le sommer de faire son métier de conjureur de sorts.

- Et alors ? voulut savoir Ginny.

- Tu connais Bill, termina Charlie avec fatalisme. C'est un gentil garçon, mais il ne faut pas lui échauffer trop les oreilles… Il l'a fichu dehors et Percy lui a promis de lui faire retirer sa licence de conjureur de sorts !

- Non ! Mais c'est insensé ! s'indigna Hermione.

- C'est exactement ce qu'a dit Fleur, confirma Charlie. Et il lui a promis de la faire renvoyer du pays.

- Et … s'impartienta Ginny.

- Elle lui a mis sa main dans la figure.

- Non ! Mais… commença Ron. Il se prend pour qui ? termina-t-il sous les regards ironiques des quatre autres.

- C'est exactement ce qu'a dit Fleur, répéta Charlie en riant. Bref, conclut-il, les seuls à ne pas être embêtés ont été Fred et George !

- Il ne leur a pas cherché d'ennui avec leur boutique ? s'inquiéta Harry.

- Il a bien essayé, mais papa a été nommé au Département du Contrôle du Commerce Magique. Tu penses bien qu'il ne l'a pas laissé faire. Et puis, son nom a quand même circulé comme possible ministre de la Magie… Il est non seulement de bon ton au Ministère de connaître Arthur Weasley mais aussi de chercher à ne pas lui déplaire.

- J'imagine que depuis que Lucius Malefoy ne hante plus les couloirs du Ministère, il se trouve tout plein de monde pour saluer votre père, dit Hermione.

- C'est très juste, acquiesça Charlie.

Il adressa un signe de tête à la fois étonné et admiratif à l'intention de Ron :

- Elle n'est pas bête, ton amie.

Charlie se demanda pourquoi les taches de rousseur de son frère prenaient soudain cette teinte sombre, mais comme ils arrivaient à la cabane de Hagrid il ne put approfondir la question. Au grand soulagement dudit frère.

Ils passèrent le reste de la journée avec Charlie. Ginny réclama ses histoires de dragons préférées et le jeune homme se prêta volontiers au jeu des questions et des réponses. Hermione était très avide de tout connaître sur les dragons. Elle avait beaucoup étudié dans les livres et Charlie fut impressionné de la somme de connaissances qu'elle possédait. Ils avaient déjà évoqué les dragons lors du court séjour d'Hermione au Terrier, et il se rendit compte qu'elle avait approfondi le sujet depuis son arrivée à Poudlard.

- Elle veut faire un mémoire sur les dragons, ou quoi ? se moqua Ron à voix basse.

Harry haussa une épaule en signe qu'il n'en savait rien. Toutefois, il se demandait s'il n'avait pas raté une information quelconque sur les cours de l'année suivante, car connaissant Hermione, il était certain qu'elle ne posait pas ces questions pour rien. Au repas du soir, elle disserta sur l'espérance de vie des dragons. A la veillée, dans la grande salle commune des Gryffondor, elle s'étendit sur le sommeil des dragons. Et tandis que Ginny s'était endormie contre l'épaule solide de son frère aîné, elle parlait encore avec lui du vol majestueux des dragons. Harry avait sommeil et baillait à s'en décrocher la mâchoire. Il tirait la manche de Ron depuis bientôt une demi-heure sans réussir à le faire quitter la place. A croire que les dragons l'intéressaient plus qu'il ne voulait l'avouer. Enfin, Charlie se leva et donna le signal du coucher. Ils réveillèrent Ginny qui déclara vouloir retourner voler avec les dragons. Hermione l'aida à monter dans leur dortoir, à demi endormie. Charlie partagea la chambrée des garçons et prétendit avoir passé une excellente journée avec eux. Harry se dit que dans l'ensemble cette journée n'avait pas été si mauvaise que cela, pour un anniversaire. Ron ne dit rien, et c'est à peine s'il souhaita le bonsoir à son frère.