Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 8
Un sacrément bon conjureur de sorts
- Potter, vous n'êtes pas avec moi !
La voix de Rogue ramena Harry dans le cachot sombre et humide.
- Heu… non, Monsieur.
- Dois-je vous rappeler que c'est vous-même qui avez demandé à prendre des cours de légilimancie ?
- Non, Monsieur… Mais je n'ai pas tellement l'esprit à cela aujourd'hui…
Le rire de Rogue s'éleva, sarcastique.
- Et quand le Seigneur des Ténèbres viendra vous tourmenter, Potter, vous lui demanderez de repasser un jour où vous aurez l'esprit à cela ?
- Non, Monsieur !
Rogue soupira. Ce garçon n'était vraiment pas dans son assiette. Rien de ce qu'il lui avait dit n'avait réussi à le mettre en colère.
- Ecoutez, Potter, dit-il de la voix la plus froide qu'il pouvait employer. Je sais que le sort de votre amie Granger vous préoccupe. Mais il ne faut pas que vous vous laissiez distraire. Ce que vous faites ici est autrement plus important que…
- Que quoi… Monsieur ?
Rogue cacha un sourire.
- Vos amis se sont mis dans une situation critique sans votre aide, ce qui est en soi un exploit de leur part et de la vôtre. Ils s'en sortiront sans votre aide… Et s'ils ne s'en sortent pas…
Le professeur sentit Harry frémir.
- Hé bien, c'est qu'ils ne devaient pas s'en sortir. Vous vous battez contre le Seigneur des Ténèbres, Potter. Des deuils et des peines, voici ce qui vous attend.
- Je sais déjà le deuil et la peine, ragea Harry.
- Ho ! non ! Potter ! Vous ne savez encore rien de cela !
La voix de Rogue s'était faite plus basse :
- Vous croyez savoir ce que c'est que souffrir, dans votre chair ? Dans votre cœur ? Dans votre âme ? Mais vous ne savez rien des souffrances qu'Il peut infliger. Perdre ses amis n'est rien comparé à la douleur qu'il réserve à ceux qui se croient assez forts pour espérer le vaincre.
Ses yeux noirs étaient plantés dans ceux de Harry. Le jeune homme sentait son cœur battre de plus en plus vite. Un violent malaise le prit. Il détacha son regard de celui du professeur. De quoi Rogue avait-il été le témoin ? Ou le complice ?
- Je ne laisserai pas Hermione mourir sans rien tenter… murmura-t-il.
- Mais Granger n'est qu'un maillon de la chaîne, Potter. S'il se brise, on le remplace…
- Vous voudriez qu'elle meure ! Vous voudriez qu'elle meure, n'est-ce pas ! hurla-t-il enfin.
Rogue ne répondit pas tout de suite. Il joua un instant avec sa baguette, réprimant un sourire de victoire.
- Je ne dis pas que je me réjouirais pas de l'absence de Miss Granger à mes cours, Potter, répondit-il sur un ton léger. Mais croyez-le ou non, je ne souhaite pas sa mort. Disons, que cela m'est égal…
Harry referma ses doigts sur sa baguette. Il réfrénait avec difficulté une forte envie de meurtre.
- Bien, fit Rogue. Avez-vous l'esprit à nouveau enclin à la guerre ?
- Oui, Monsieur ! grogna Harry.
A la fin du cours, Rogue le congédia sans un regard. Harry n'avait pas réussi à lire en lui. Cependant Rogue n'avait pu non plus pénétrer son esprit. Il manquait peu pour que le jeune homme passe ses défenses. Et le professeur ne savait s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter.
Ron faisait les cent pas entre la salle commune de Gryffondor et les escaliers qui montaient à la volière. Il entendait Peeves qui chantait à tue-tête : "Tout vert ! Tout vert ! Weasley est tout vert". Il se mit à fredonner le même air, machinalement. Lorsqu'il s'en rendit compte, il hurla : La ferme ! Peeves ! Malheureusement, Rusard passait par là et lui lança un regard torve. Il ne lui dit rien pourtant, car il lui semblait que depuis peu le jeune Weasley avait perdu la tête. Il ne doutait pas que les médicomages de Ste Mangouste viennent le chercher bientôt pour l'enfermer chez les fous dangereux.
Enfin, Ron aperçut Ginny. Il s'avança vivement vers elle et lui demanda, d'un air qu'il croyait détaché :
- Alors, ça y est ?
Ginny lui jeta un regard de côté.
- Quoi donc ?
- Tu l'as faite ?
- De quoi tu parles ?
- Tu le fais exprès ? explosa Ron. La lettre à… à ….
- A Viktor Krum ? proposa poliment Ginny.
Ron ne put que hocher la tête.
- Non, j'attends Harry. Il doit m'aider à la rédiger. Il faut qu'on lui explique la gravité de la situation, sans l'affoler outre mesure.
Ron ricana :
- Tu sais, Krum est un grand garçon, il sait ce que c'est que de prendre un cognard derrière les oreilles.
Ce fut au tour de Ginny de hocher la tête :
- Alors, c'est ce que ça t'a fait ? Un cognard derrière les oreilles ?
Ron se sentit rougir. Les points verts qui avaient été des taches de rousseur foncèrent brusquement. Ginny sembla n'y prendre garde. Elle pencha la tête sur le côté, sérieuse soudain.
- Parfois je me demande si tu souhaites vraiment qu'elle reprenne connaissance.
Ron manqua d'air. Comment osait-elle ?
- C'est vrai, continuait Ginny. Tout le monde sait que tu ne l'apprécies guère et après ce que tu lui as dis voici quelques jours… franchement, je me pose des questions…
- Mais…Mais… balbutiait Ron au bord de l'implosion. Mais je lui ai fait des excuses !
Ginny leva les yeux au ciel :
- Oh oui ! soupira-t-elle. Des excuses comme ça, moi je ne les aurais pas acceptées !
Ron haussa les épaules.
- Elle sait bien que je regrette d'avoir dit tout ça… Elle m'a pardonné, tu peux le faire aussi, non ? Après tout je suis ton frère !
- Et toi ? Tu as pardonné à Percy ?
Ron ouvrit la bouche et la referma sans un mot.
- C'est bien ce que je pensais, murmura Ginny.
- Mais ce n'est pas pareil ! s'exclama Ron outré.
- En effet, dit Ginny. Percy n'est encore responsable de la mort de personne.
Ron resta au milieu du couloir, la bouche ouverte et les bras ballants.
- Mais… Mais… moi non plus ! Tout de même !
- Si tu le dis !
Elle revint brusquement vers lui, et pointa le doigt sur sa poitrine :
- Mais, je te le dis, Ronald Bilius Weasley, Hermione est mon amie, et si elle meurt, ça, je ne te pardonnerais jamais.
Ginny quitta son frère sans ajouter un mot. Ron était stupéfait. Il n'avait pas encore repris ses esprits que Peeves apparut à sa droite, tout près de son oreille. Ron décida de faire comme s'il n'était pas là. Mais c'était compter sans l'effronterie de l'esprit :
- Alors, Rouquin ? C'est le Bulgare Volant qui va gagner le droit d'embrasser Miss Pimbêche ?
- Peeeeeeeeeeeves ! siffla Ron entre ses dents.
- On dirait que ça t'embête ? Mais peut-être qu'elle meurt d'envie d'être embrassée par son ténébreux attrapeur ?
Peeves se mit à rire, tout en imitant de grotesques bruits de baisers. Ron se retourna d'un mouvement vif et lança son poing….-Peeves disparut dans un cri- contre le mur de pierres. Il hurla un juron d'une grossièreté que n'aurait pas reniée l'esprit frappeur. Le rire de Peeves se répandit dans le couloir comme une traînée de poudre à furoncles.
Ron baissait les yeux sous le regard exaspéré de Mrs Pomfresh. Son poing était enflé et il ne pouvait plus fermer les doigts. Il suivait les circonvolutions de la baguette de Mrs Pomfresh. Il l'entendait murmurer, mais il ne savait si c'étaient des incantations ou des imprécations. Enfin, son poing eut bientôt retrouvé sa taille normale.
- Heu… merci, Mrs Pomfresh.
Celle-ci grogna quelque chose qui ressemblait à "pas de quoi", à moins que ce ne fût "à la prochaine fois" ? Ron se fit tout petit, ce qui ne lui était guère facile. Il rejoignit Hermione. Il prit une fois de plus sa main. Pattenrond n'était pas auprès de sa maîtresse. Le jeune Weasley remonta les couvertures, en un geste dérisoire. Il avait entendu Mrs Pomfresh parler avec Remus Lupin lorsqu'il était venu soigner son poing meurtri. "Elle s'en va" avait dit le médicomage et Lupin avait caressé le front d'Hermione.
- Que dit Dumbledore ? avait demandé l'ancien professeur.
- Il dit que nous avons encore quelques jours devant nous… mais vous connaissez Albus, mon cher Remus. Confiant jusqu'à la dernière seconde.
- Il n'a peut-être pas tort, Pom-pom… il n'a peut-être pas tort…
La voix de Lupin résonnait encore dans l'esprit de Ron. Mais celle du vieux Centaure dont il ignorait le nom prenait parfois le dessus. Tu n'es pas prêt à faire ce qu'il faut pour qu'elle vive… Mais que devait-il faire ? Laisser venir Krum l'embrasser, comme le prétendait sa crétine de sœur ? C'était une idée idiote, complètement idiote ! Elle fréquentait trop Luna ! Mais si elle avait raison ? Il ne s'apercevait pas que les larmes qu'il avait retenues durant des jours coulaient à présent sur ses joues. Il pressait la main fine d'Hermione dans les siennes. Il la serra contre sa joue mouillée. Si elle avait raison ? Si un baiser pouvait l'éveiller ? Devait-il laisser Krum remporter cette ultime victoire ? Il essuya ses yeux du revers de sa manche. C'était donc cela qu'on attendait de lui ? Son absence lui était déjà insupportable. Comment pourrait-il lui survivre ? Il prit une inspiration profonde. Elle serait là. Il la verrait encore. Il entendrait encore sa voix. Il aurait encore deux années – si Vous-Savez-Qui les laissait vivre- à être à ses côtés. Et Harry avait besoin d'elle.
Ron sursauta. Il y avait quelqu'un à côté de lui. Il se retourna et vit le visage étonné de Bill. Il se leva d'un bond pour le serrer contre lui.
- Doucement ! s'écria celui-ci en riant. Je n'imaginais pas que tu serais aussi heureux de me revoir, petit frère !
Un peu confus, Ron se rassit.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? demanda-t-il. Ils t'ont appelé pour que tu conjures le sort !
Bill sourit devant le visage vert luisant d'espoir de son frère. Il se pencha vers Hermione. Elle semblait une morte.
- Non, répondit-il en essayant de conserver un ton serein. Je suis venu te dire la façon de penser de Maman.
Ron fit une grimace.
- Je la connais déjà, elle m'a envoyé une de ces beuglantes !
- Ne te plains pas, Ronnie ! C'est moi qui l'ai dissuadée de venir en personne !
Il décoiffa les cheveux roux de son frère en un geste affectueux. Ron soupira :
- Je t'écoute, dit-il, résigné.
- Je crois que tu as assez de soucis comme cela, estima Bill.
Il s'assit au pied du lit d'Hermione et désigna le visage de Ron : "Les jumeaux ?" Ron acquiesça de la tête : "Ca devait disparaître au bout d'une journée !" soupira-t-il.
- Ca doit être une question de dosage, reprit Bill le plus naturellement du monde. Moi, c'est parti au bout d'un jour et demi.
- Oh ! Tu t'es retrouvé tout vert, toi aussi, dit Ron distraitement.
Il ne voulait pas du silence, ni des questions de Bill. Il aurait parlé… de Ronflaks cornus avec Luna Lovegood pour ne pas rester seul avec ses pensées.
- Non, moi, j'étais tout rose ! Tu imagines l'effet chez Gringotts le lendemain !
Il se pencha légèrement vers Ron, comme pour une confidence :
- Tu sais pourquoi les gobelins sont toujours sérieux et revêches ? Parce que quand ils rient ils sont encore plus laids !
Ron ne put s'empêcher de sourire.
- Et qu'est-ce qu'en a dit vél… heu… Fleur ?
- Le rose est sa couleur préférée !
Ron donna un coup de coude à Hermione. Il songeait plutôt que la jeune Française avait lancé un de ses "Ho ! mais c'est insensé !" qu'Hermione imitait à la perfection. Il se tourna vers cette dernière… et se souvint qu'Hermione… les larmes revinrent à ses yeux. Il les retint de toutes ses forces, crispant ses mâchoires à s'en faire mal.
- Tu as l'air de ne pas aller trop mal, reprenait Bill plus sérieusement. Mais vous auriez pu trouver des endroits moins dangereux pour vous embrasser dans les coins.
Ron sursauta :
- Quoi ? mais on ne… Et pourquoi tu parles comme Peeves ?
- Vous vous êtes faits surprendre par Peeves, vous aussi ?
- On ne s'est pas fait surprendre… parce qu'il n'y avait rien à surprendre… On cherchait pas à s'embrasser. On cherchait…
Ron abandonna. Il ne savait même pas ce qu'ils étaient allés chercher. Et puis à quoi bon discuter des raisons pour lesquelles ils étaient descendus si loin dans les souterrains. Il haussa les épaules.
- C'est vrai que tu l'as ramenée tout seul de la forêt interdite ? reprit Bill au bout d'un moment de silence. Tu es drôlement courageux, Ronnie. Remarque, moi, je n'en ai jamais douté.
Il se tut un long moment. Ron fixait les cheveux bruns d'Hermione qui s'étalaient sur l'oreiller pour ne pas avoir à croiser le regard de son frère aîné.
- Tu sais, Ron, reprit Bill, je l'aime bien, Hermione. Elle n'a aucun sens de l'humour, mais je l'aime bien quand même.
- Ce n'est pas vrai ! dit Ron en reniflant.
- Mais si ! Je t'assure ! Je l'aime beaucoup.
- Non, le reprit Ron, ce n'est pas vrai qu'elle n'a pas le sens de l'humour. C'est juste qu'elle croit qu'elle va perdre toute son autorité si elle s'amuse à avoir le sens de l'humour…
- C'est bien ce que je dis… assura Bill dans un sourire.
Il se leva et posa la main sur l'épaule de Ron.
- Il faut que tu descendes, Ron. Je ne suis pas venu uniquement pour te transmettre le bon souvenir de Maman. Nous t'attendons tous en bas.
Il était sur le point de se retirer lorsqu'il se rappela quelque chose. Il revint vers le lit et se pencha sur le front d'Hermione.
- De la part de Molly, Hermione, dit-il. Et de celle de Charlie.
Il déposa deux baisers légers sur le front de la jeune fille.
- Et de la mienne.
Il embrassa à nouveau son front doucement. Puis il remit en place les mèches de sa frange. Il sortit sans rien ajouter.
Ron reprit la main d'Hermione dans la sienne. Il embrassa le bout de ses doigts. Il n'avait plus qu'à espérer que Krum voudrait venir pour son Heurrrmion'. Il s'en voulait terriblement de ressentir cette colère. Harry et Ginny étaient persuadés que seul Viktor pouvait la ramener. Oui, c'était sans doute cela dont voulait parler le Centaure : était-il prêt à la perdre pour la sauver ? Comme si la question se posait ! Il se leva lentement, sa main toujours dans la sienne, puis il posa ses lèvres sur le front de la jeune fille, à l'endroit même où Bill avait posé les siennes. Un souvenir lui vint, un baiser sur la joue qu'elle lui avait donné avant ce fameux match de Quidditch… Alors il embrassa aussi sa joue. Pour la première et la dernière fois sans doute. Elle était aussi froide que les statues des cimetières.
- Adieu, Hermione, murmura-t-il dans un souffle.
Ses lèvres effleurèrent le coin des siennes.
- Si tu savais comme je regrette tout ce que j'ai pu te dire… Et puis de toutes façon, à quoi ça sert, tu m'entends pas ! Quand tu te réveilleras, ce sera Krum que tu verras à côté de toi !
Il se traita de stupide. Il n'allait pas croire à ces histoires. Elle allait mourir, tout bêtement.
- Mais c'est ta faute aussi ! Qu'as-tu toujours besoin de tout savoir !
Il ne pouvait se résoudre à lâcher sa main. Encore un peu ! disait une petite voix dans sa tête. Si elle meurt, tu ne la reverras plus jamais et si Krum la réveille, c'est lui qu'elle chérira. Il fut sur le point de renoncer à sa décision. Il se rappela qu'on l'attendait. Dans un geste de désespoir il se pencha sur le visage d'Hermione et embrassa ses lèvres glacées. Son visage ruisselait. Il l'embrassa encore. Puis il reposa sa main sur le drap et s'enfuit en courant. Dans le couloir, il réalisa qu'il ne pouvait aller plus loin. Les larmes l'aveuglaient et le souffle lui manquait. Il s'appuya contre le mur pour se ressaisir. Il entendit du bruit derrière lui. Il pensa que Peeves revenait se moquer de lui. Cela n'avait pas d'importance.
- Ron ? Ca ne va pas ? demanda la voix de Ginny un peu inquiète.
Il se tourna vers sa sœur, sans s'inquiéter du spectacle qu'il offrait. Elle fit une grimace :
- Tu n'es déjà pas très beau au naturel, mais là tu fais vraiment peur, Ronnie !
- Tu as fait la lettre ? demanda-t-il. Crois-tu que Coq pourrait la porter ? Je n'ai aucune confiance en Errol sur ce coup-là.
- Oh… fit Ginny. Tu prêterais Coq pour faire venir Viktor ?
Ron hocha la tête, sans pouvoir cesser de pleurer.
- Hé bien, nous verrons… répondit Ginny un peu décontenancée. Harry nous prêtera Hedwige, sûrement.
Ron hocha à nouveau la tête. Il chercha un mouchoir dans sa poche et se moucha bruyamment. Il tamponna ses yeux. Ginny prit son bras et ils descendirent en silence dans la salle des repas.
- Il était en chemin, déclara Ginny en entrant.
Ron essayait d'avoir l'air dégagé. Tous les yeux étaient braqués sur lui. Rogue surtout l'embarrassait. Il le fixait avec insistance, et Ron avait l'impression qu'il pouvait lire en lui. En fait, il savait qu'il pouvait lire en lui puisque Harry le lui avait dit.
- Bien, reprit Bill. Donc, Harry tu es d'accord pour jouer les appâts ?
- Je te l'ai déjà dit, Bill, je ferai ce que Dumbledore voudra que je fasse. Et s'il veut que je joue les appâts au Chemin de Traverse…
- Tu iras aussi Ron ?
Ron fit oui de la tête.
- Cela peut se révéler très dangereux, Weasley !
La voix de Rogue le mit dans une rage qu'il ne contrôla qu'en se mordant violemment la joue. Il sentit le goût du sang dans sa bouche.
- Ron en est conscient, Monsieur.
Le ton de Bill était poliment froid.
- Je suppose que Ginny voudra venir aussi, dit Lupin avec une note amusée dans le ton.
Bill et Ron répondirent en même temps.
- Non !
- Et pourquoi non ? demanda calmement Ginny. Tout doit paraître aussi naturel que d'habitude, n'est-ce pas ce que vous avez dit ?
- Maman va vous tuer de ses propres mains, Remus, grimaça Bill.
- Molly ne ferait pas de mal à une mouche, sourit Lupin.
- Sauf s'il arrive malheur à l'un de ses enfants !
- C'est juste, intervint Rogue. Je suis contre cette idée ! C'est beaucoup trop dangereux !
Ron fut sur le point de demander depuis quand Rogue s'inquiétait de la sécurité de Harry et de ses amis, lorsqu'il remarqua que le professeur ne le regardait plus. Il fixait un point derrière son épaule. Lupin, à côté de Rogue se leva d'un bond. Harry s'était arrêté dans son geste pour remonter ses lunettes. Bill s'exclama à voix basse :
- Par le chaudron de Morgane !
Ginny poussa un cri de joie et sauta hors du banc. Ron se retourna vers l'entrée de la salle. L'arrivée du Seigneur des Ténèbre en personne ne l'aurait pas saisi davantage. Il se leva sans avoir conscience qu'il se levait. Ginny ramenait Hermione par la main, le visage rayonnant. Elle la fit asseoir à l'endroit où Ron se tenait quelques secondes plus tôt. Rogue se tourna vers Bill, soupçonneux :
- Vous avez fait quelque chose ?
- Non ! se récria Bill sur la défensive.
- L'as-tu embrassée ? demanda Ginny complètement excitée.
- Non ! Enfin, oui. Un baiser sur le front, de la part de maman, un autre de la part de Charlie et un troisième de ma part à moi-même !
Ginny poussa un cri de victoire :
- Tu as conjuré le sort Bill !
- Oui ?… Mais c'est que je suis un sacrément bon conjureur de sorts, sœurette !
Rogue le regardait comme s'il ne croyait pas qu'il fût un si sacrément bon conjureur de sorts. Lupin, le menton dans sa main, regardait Ron qui baissait la tête. Harry enleva ses lunettes pour les essuyer à son T-Shirt. Il les remit sur son nez et constata qu'il n'avait pas la berlue.
- Bien, dit-il, on n'aura pas à écrire à Krum, comme ça !
- Est-ce que quelqu'un se déciderait à m'expliquer ce qui se passe ? demanda soudain Hermione de la voix la plus ferme que la fatigue lui permettait d'émettre.
Ginny se mit à rire et la serra contre elle. Rogue se leva, encore un peu étourdi de surprise.
- Il me semble, Miss Granger, que c'est vous qui avez quelques explications à nous donner.
Hermione eut brusquement envie de se faire toute petite.
- A quel sujet, Professeur ? s'enquit-elle.
Rogue eut un éclair de fureur au fond des yeux. Heureusement pour Hermione, Mrs Pomfresh fit son apparition, visiblement contrariée que sa patiente s'en soit allée sans avertir. Pattenrond la précédait et il se jeta dans les bras de sa maîtresse avec force miaulements. Mrs Pomfresh ramena la jeune fille à l'infirmerie. Hermione n'insista pas trop pour rester en compagnie des autres. Elle ne se sentait pas d'attaque pour affronter la colère de Rogue. Elle ne se sentait pas non plus vraiment fatiguée, cependant elle préféra obtempérer lorsque Mrs Pomfresh la borda dans son lit. Elle mangea ce qu'elle lui apporta car elle avait très faim et attendit que ses amis viennent lui rendre visite.
Elle entendit d'abord une course dans le couloir, puis Harry et Ginny se précipitèrent vers elle tandis qu'elle se redressait pour les accueillir.
- Raconte ! se hâta Ginny. Qu'est ce que tu faisais en bas ? Est-ce que ça un rapport avec les dragons ?
- Racontez ! disait en même temps Hermione. Qu'est-ce qui s'est passé pendant mon… absence ?
- Non ! la coupa Harry. Toi d'abord, on n'a pas trop de temps…
Il s'assit au bord du lit et Ginny fit de même de l'autre côté.
- Où est Ron ? demanda Hermione.
- On s'en fiche ! la pressa Ginny. Vite !
- Hé bien, commença Hermione, voilà : j'ai beaucoup réfléchi à cette histoire de dragon qui serait caché aux fins fonds de Poudlard. Je me suis dit que si Serpentard avait pu créer une chambre des secrets pour y loger son basilic… quelqu'un d'autre aurait pu faire pareil pour y accueillir… autre chose.
- Mais pourquoi un dragon ? C'est énorme un dragon ! Plus qu'un énorme basilic !
Ginny parlait précipitamment.
- Et à quoi ça sert un dragon endormi ? termina Harry.
- Vous avez compris cela ? réfléchit Hermione.
- On n'avait qu'à te regarder pour comprendre, lui rappela Ginny. Alors, pourquoi ?
Hermione ouvrit la bouche…
- Dehors !
Ils sursautèrent tous les trois. Rogue était à la porte. Harry voulut discuter. Toutefois, Ginny prit son bras et l'entraîna hors de l'infirmerie.
- Trop tard, lui souffla-t-elle.
Harry la suivit, fou de rage.
- On ne saura plus rien d'elle, à présent ! tempêta-t-il. Il va la faire taire.
- Tu connais Hermione, elle trouvera un moyen… essaya Ginny pour le calmer.
- Vraiment ? Et tu crois qu'elle apprécierait de se retrouver comme cette idiote de Marietta, avec des pustules sur le visage, parce qu'elle aura parlé contre l'avis de Rogue ?
- Ce n'est pas vraiment le genre de Rogue, dit Ginny un peu rêveuse. Lui, il pratiquerait plutôt le renvoi pur et simple, avec bris de baguette et interdiction formelle de remettre un pied dans un quelconque endroit magique.
La porte se rouvrit brusquement pour laisser sortir Rogue qui ne leur jeta pas un regard. Ils risquèrent un œil à l'intérieur avant que Mrs Pomfresh vînt fermer la porte. Hermione était assise dans son lit et pleurait, les mains sur le visage.
Harry, Ginny, Ron et Hermione attendaient devant le cachot du professeur Rogue. Le matin même Hermione avait quitté l'infirmerie. La joie de voir leur amie enfin en meilleure forme avait été de courte durée. Le professeur de Potions leur avait fait savoir qu'il attendait Miss Hermione Granger et Monsieur Ronald Weasley dans son bureau après le déjeuner. Ron n'avait rien mangé et son visage était blafard malgré la couleur verte qui commençait à peine à s'estomper. Hermione paraissait très nerveuse. Elle n'arrêtait pas de tirer sur ses cheveux, comme pour les remettre en place, tout en répétant.
- Qu'est-ce qu'il peut bien nous faire ? Hein ? Il n'est rien arrivé de méchant ? Non ? La seule chose qui peut arriver…
- C'est qu'il nous renvoie ! avait terminé Ron d'une voix lugubre.
- Il n'en a pas le droit ! s'était écrié Harry. C'est Dumbledore qui décide !
Ils n'avaient plus rien ajouté, de peur de se rendre compte que Rogue avait plus de pouvoirs qu'ils ne lui en prêtaient.
Rogue ouvrit la porte. Il sourit d'un air satisfait devant leurs mines déconfites.
- Entrez donc, tous les deux ! commanda-t-il à Ron et Hermione.
Ginny serra la main de son frère et fit un sourire confiant à Hermione.
- Entrez donc ! s'impatienta Rogue. Le Professeur Dumbledore a admis qu'une leçon vous serait profitable à tous les deux. Il m'a donné carte blanche quant à l'exécution de la sentence…
Ron déglutit. Hermione ferma les yeux. La porte se referma sur eux.
