Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 9
La sentence
Harry et Ginny attendaient à quelques pas du bureau de Rogue. Ils n'osaient parler, ni même croiser leur regard de peur de penser au pire. Enfin, après une vingtaine de minutes, qui parurent plus longues qu'une éternité aux deux jeunes gens, la porte s'ouvrit à nouveau. Ron et Hermione sortirent sans un mot. Ron était décomposé, Hermione bouleversée. Elle ne put aller très loin. Elle dut se retenir au mur et se mit à sangloter, comme si l'émotion contenue durant la journée se libérait enfin. Ginny et Harry accoururent, le cœur au bord des lèvres.
- Est-ce que vous êtes…? Commença Ginny.
- Renvoyés ? termina Harry terriblement angoissé.
Ron hocha la tête.
- Pire ! sanglota Hermione.
Harry interrogea Ron du regard : que pouvait-il y avoir de pire que d'être renvoyé de Poudlard ?
- Je suis… inter… interdite…. Interdite….
- de bibliothèque, termina Ron à sa place.
Hermione cacha son visage contre le mur.
- Pour toute l'année ? demanda Ginny dans un souffle effaré.
- Jusqu'à nouvel ordre… répondit Ron.
Harry soupira. Ce n'était donc pas si grave. Ginny se tourna vers son frère :
- Et toi, Ron ?
- Je suis sous surveillance : un seul pas de travers et je rentre à la maison…J'ai cru entendre Maman !
Il frissonna.
- C'est tout ? demanda Harry, de plus en plus soulagé. Il n'a pas parlé de…
Il dessina sur sa poitrine la forme du badge des Préfets avec un regard inquiet à Hermione.
- Il a dit qu'il verrait avec Dumbledore pour qu'on nous retire nos insignes de Préfets…
Hermione, qui paraissait se calmer, repartit de plus belle.
- Je ne crois pas que Dumbledore… commença Harry.
Il s'interrompit sur un haussement d'épaule de Ron.
- Ho tu sais, moi…. Je m'en moque un peu de n'être plus Préfet… Je l'ai été une année, Maman ne pourra pas dire que je ne l'ai jamais été. C'est plutôt pour… -il fit un signe de tête vers Hermione- que cela m'embête. J'ai essayé d'expliquer que c'était moi qui l'avait entraînée, mais il ne m'a pas laissé parler.
Hermione cessa de pleurer et se rapprocha de Ron.
- C'était stupide, dit-elle en se mouchant. Jamais Rogue n'aurait cru que…
- Pourquoi ? l'interrompit Ron avec colère. Parce que je suis trop stupide pour avoir les mêmes idées que toi ?
- Non ! s'exclama Hermione un peu soufflée.
- Alors pourquoi n'aurait-il jamais pu croire que c'était moi qui t'avais entraînée dans les sous-sols à la recherche de je ne sais quelle absurde théorie à vérifier ?
- Parce que si c'était le cas, tu n'y serais pas allé avec moi…
Elle posa une seconde le regard sur Harry puis baissa la tête. Ce fut au tour de Ron de se sentir mal à l'aise. Ils prirent le chemin de la salle commune de Gryffondor. Ginny et Harry mourraient d'envie d'interroger Hermione sur ses recherches et sa découverte. Elle n'avait rien voulu dire de plus depuis la visite de Rogue que : j'ai fait une promesse. Ginny avait essayé de lui poser des questions auxquelles elle n'aurait qu'à hocher ou secouer la tête pour dire oui ou non, elle n'avait pas voulu marcher dans la combine de la jeune fille. La petite Weasley avait alors tenté d'approcher la réserve des livres interdits où Rogue s'était empressé d'enfermer à nouveau l'édition spéciale de l'Histoire de Poudlard. Cependant, il avait en même temps triplé les protections et Hermione avait refusé d'aider son amie à les faire sauter. Tandis qu'ils montaient les escaliers vers la salle de Gryffondor, Ginny revint à la charge. Harry lui fit un signe de tête pour la faire taire, mais Ron fut plus rapide.
- Arrête ! s'écria-t-il. Ca suffit ! Je ne veux plus entendre parler de cette histoire et Hermione non plus ! Par contre je voudrais qu'on m'explique ce qu'on va aller faire au Chemin de Traverse, parce que je n'ai pas tout compris ce que Bill a raconté. Je croyais que cette année, c'était trop dangereux de faire les courses de la rentrée.
- Tu étais là, pourtant ! répliqua sa sœur un peu vexée. Je suis sûre qu'Hermione a compris quand Bill le lui a expliqué.
Harry sourit à l'air entendu qu'avait pris Ginny.
- Arrête, Ginny, avait murmuré Hermione, gênée.
Son amie lui avait expliqué l'idée qu'elle avait eue en la voyant endormie après les paroles de Dumbledore. Et cela l'avait fait rire d'abord. Ensuite, comme Ginny insistait sur le baiser de Bill, elle avait trouvé l'idée stupide, sans le dire.
- A moins, avait ajouté Ginny, que ce soit celui qu'il t'a donné de la part de Charlie qui ait conjuré le sort ? Tu crois que ça marche par procuration ?
Hermione avait eu envie de rire, toutefois, elle s'était rendu compte que Ron n'était pas très à l'aise et elle avait changé de sujet. Elle ne savait pas ce qui s'était passé. Elle ne se souvenait que de cet éclair de magie et du noir tout autour d'elle. Elle avait rouvert les yeux à l'infirmerie, seule, dans le silence.
Lorsqu'ils arrivèrent à la grande salle, Hermione prétexta une migraine et monta au dortoir. Elle ne put empêcher Ginny de la suivre, dans l'espoir de lui arracher un quelconque renseignement. Ron s'installa dans un coin et ouvrit un livre sur le Quidditch qu'il fit semblant de lire. Harry hésita un moment avant d'aller le rejoindre.
- Tu ne lui as pas raconté comment tu l'avais ramenée à travers la Forêt, lui reprocha-t-il.
- Qu'est-ce que ça peut faire ? Ron Weasley est un héros ! Youpi ! Dommage que personne ne le sache ! se moqua-t-il, un peu amer.
- Il n'y a pas que cela, continua Harry en baissant la voix.
Et comme Ron, le regardait sans comprendre, il ajouta sur le même ton confidentiel :
- Qu'est-ce qui s'est passé à l'infirmerie ? Je ne crois pas que Bill ait conjuré le sort.
- Bien sûr que Bill n'a pas conjuré le sort ! répondit Ron avec humeur. Personne n'a conjuré le sort. Elle s'est réveillée toute seule quand le sort n'a plus eu d'effet !
- Si Hermione a raison, Ron… s'il y a bien quelque chose qui dort, là en bas, et que ce quelque chose est ensorcelé par un sortilège d'endormissement… -C'est ce que crois Hermione !- Si elle a raison, alors le sortilège doit être très puissant et quasi permanent. Tu as entendu Dumbledore, Ron. Il dépasse toutes ses compétences.
- Cesse donc de tourner autour du pot, Harry ! grommela Ron. Je ne suis pas un débile mental. Va droit au but !
- Est-ce que tu l'as embrassée ? se décida Harry brusquement.
Il s'attendait à une explosion de dénégation.
- Je lui ai simplement dit adieu, murmura son ami. J'allais descendre vous dire d'envoyer un hibou à Krum le jour même. Tu comprends, Harry, je ne pouvais me résoudre à la voir morte. Même si c'était pour la voir dans les bras de quelqu'un d'autre.
- Ron ! souffla Harry. C'est toi qui as conjuré le sort !
Ron éclata de rire :
- Ne me dis pas que tu crois à cette histoire ! Je suis bien incapable de conjurer quoi que ce soit ! Et surtout pas un sortilège aussi puissant que tu le prétends !
- Alors, demanda Harry en souriant, comment expliques-tu qu'elle se soit réveillée juste après que tu… lui aies fais tes adieux…
- Ho mais je n'explique rien du tout ! Elle s'est réveillée et je ne cherche pas plus loin ! Je suis simplement très heureux que ce soit arrivé avant l'arrivée de… Krum !
- Ron ! insista Harry. Il faut lui dire que c'est toi qui…
Ron se leva d'un bond et se dressa devant Harry.
- Non ! Elle ne doit jamais savoir ! Harry, promets-le-moi ! Hermione ne devra jamais apprendre…
Harry lui faisait de gros yeux derrière ses lunettes. Un tic déformait sa joue gauche. Ron se tourna brusquement, dans le reflet des lunettes de Harry il venait d'apercevoir…
- Hermione ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu avais mal à la tête.
- Qu'est-ce que je ne dois jamais apprendre, Ron ?
Harry se leva à son tour.
- Il est l'heure, dit-il. Je dois voir Rogue, là. Je vous laisse…
Il partit vivement, retenant un fou rire devant l'image de Ron, plus vert que jamais.
- Hé bien, continuait Hermione, j'attends ta réponse, Ron.
- Heu….
Ron cherchait à toute vitesse ce qu'il pourrait lui offrir comme réponse. Elle soupira, les yeux au ciel et il sentit qu'il devait se dépêcher de trouver.
- Je ne voulais pas que tu saches, commença-t-il lentement pour gagner du temps, que… j'avais… déchiré ta robe !
Hermione le regarda d'un air dubitatif.
- Ta robe, celle que tu portais le jour… ce jour-là, quoi… En fait, je me suis accroché à la robe pour ne pas tomber et… c'est stupide n'est-ce pas… je suis tombé quand même… parce que la robe s'est déchirée…
- Tu te moques de moi !
- Non ! Bien sûr, il n'y a pas que la robe… Je me suis servi de ta baguette ! Et je sais fort bien que tu détestes qu'on se serve de tes affaires ! Et puis aussi je t'ai laissée tomber sur la tête… plusieurs fois…
Hermione passa machinalement la main derrière son crâne.
- De toutes façons, trancha-t-elle, je saurai ce que tu me caches, Ron Weasley.
Ron lui sourit de l'air dégagé de celui qui n'a rien à cacher. Il avait hâte qu'elle remonte dans son dortoir, pour aller mettre son poing dans la figure de Harry. Mais elle ne quittait pas sa place, devant l'une des tables où ils avaient si souvent travaillé ensemble durant ces cinq années écoulées. Elle remit ses cheveux en place pour la troisième fois en deux minutes. Même Ron comprit qu'elle essayait de lui dire quelque chose qui avait du mal à sortir. Il la voyait si mal à l'aise qu'il… décida de la laisser se débrouiller toute seule. Il la fixa, conscient que ses taches de rousseur viraient à nouveau au vert sapin, mais le regard ferme.
- Je te fais mes excuses, Ron, commença Hermione. Je n'aurais jamais dû t'entraîner dans cette triste aventure. Ginny m'a dit pour la Beuglante. J'écrirai à ta mère pour lui expliquer que tu n'es pour rien dans tout ceci.
- Oh… ce n'est pas la peine, tu sais, l'interrompit Ron. Elle doit commencer à oublier, alors, il vaut mieux ne pas ramener cela sur le tapis. Mais je te remercie de ton intention.
- Je verrai Dumbledore aussi, continua Hermione, avec encore un sanglot. J'irai lui rendre mon insigne de Préfète et je lui demanderai de te laisser le tien.
Ron fit un geste de la main :
- Laisse tomber ! Je ne crois pas que je tiens à être Préfet, si tu ne l'es pas…
Il vit le sourire d'Hermione qui naissait sur ses lèvres. Une onde de panique l'envahit.
- Ils nommeraient Lavande Brown ou Parvati et elles sont pires que toi ! Elles m'obligeraient à faire mon boulot de Préfet !
- Les jumeaux ne seront pas là, cette année. Ce sera beaucoup plus facile pour toi, répondit Hermione en souriant à demi.
Elle se tut un instant, comme pour remettre de l'ordre dans ses idées.
- Et je voulais aussi…
- C'est bon, Hermione, excuses acceptées….
Ils avaient parlé en même temps et ils se mirent à rire.
- Je voulais te dire merci, Ron.
- Tu as accepté mes excuses minables, je peux bien accepter les tiennes. D'autant que ce n'est pas si souvent…
Il se mordit les lèvres et esquissa un geste d'excuses. Hermione l'arrêta :
- Non, Ron. Je voulais te remercier de m'avoir ramenée… d'où tu sais…
- Si je t'avais laissée là-bas, c'est pas une Beuglante que j'aurais reçu de ma mère, c'est son pied au derrière !
- Ginny et Harry m'ont raconté que tu avais traversé la forêt interdite…
- Alors, tu sais tout ce qu'il y a à savoir, dit Ron.
Il fuit son regard.
- De toute façon, tu aurais fait pareil pour moi, non ? reprit-il d'un air indifférent.
- Oui, admit Hermione. Mais moi, j'aurais utilisé un sortilège de lévitation.
Ron sentit ses joues chauffer.
- Ben… c'est ce que j'ai fait, commença Ron. Mais c'est comme ça que ta robe s'est déchirée…
Hermione secoua la tête.
- J'aurais bien voulu te voir…
- J'aurais bien voulu que tu me voies… murmura-t-il comme pour lui même.
- Et pourquoi t'es-tu servi de ma baguette ? demanda Hermione d'un air sévère. Je t'avertis que si tu me dis : pour curer le nez d'un Troll, je ne te croirais pas !
- Non, non ! grimaça Ron au souvenir du Troll des toilettes. C'était juste pour repousser quatre araignées géantes !
- T'es sérieux ?
- Enormes, elles étaient ! Heureusement je me suis souvenu d'une formule que Harry m'avait apprise en deuxième année. Et bang : des deux baguettes ! Elles étaient sur le dos, comme les galettes de maman ! Sauf que j'avais pas vraiment envie de vérifier si elles étaient bien cuites !
L'expression d'admiration dans les yeux d'Hermione lui fit chaud au cœur. Il se rapprocha de la table d'un air détaché.
- Pourquoi n'as-tu rien dit ? s'écria Hermione.
- Parce que Ginny se serait empressée de tout raconter à mes frères et que cela aurait fini par remonter jusqu'aux oreilles de maman ! Elle a des oreilles à rallonge incorporées ! Et là, ça aurait fini par chauffer pour les miennes ! Elle s'imagine toujours que je suis le petit garçon qui pleurait parce que les gnomes lui faisaient peur.
- C'est typique des mères, approuva Hermione sur un hochement catégorique de la tête. La mienne n'arrête pas de me répéter combien elle est fière d'avoir une grande fille qui fait tant de grandes choses, et elle continue à m'appeler sa Mimine Chérie.
Ron s'étrangla à demi :
- Mimine !
- Mais si tu le répètes à quiconque, je te transforme en pot de chambre, Ronnie ! le menaça-t-elle.
Ron éclata de rire. Mimine Chérie ! Cela valait le petit-Ron-à-sa-Maman dont l'affublaient Fred et George ! Il se rapprocha encore d'Hermione. Il avait oublié le bureau de Rogue et l'angoisse qui l'avait étreint quand le professeur avait évoqué le spectre du renvoi de la jeune fille. Il ne pensait plus à la colère qui l'avait saisi lorsqu'il avait été si dur avec elle qu'elle avait pleuré devant lui. Ils ne s'en sortaient pas si mal. Et Dumbledore ne laisserait jamais Hermione quitter Poudlard. Il ne se rendait pas compte qu'il la regardait avec intensité.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en passant la main dans ses cheveux à nouveau emmêlés.
- Rien, dit Ron. Je suis simplement heureux que tu sois de retour parmi nous. Seulement, la prochaine fois, mets-moi dans la confidence.
Hermione baissa la tête :
- C'était une idée tellement folle ! murmura-t-elle. Il fallait d'abord que je fasse toutes ces recherches.
- Le basilic ne t'a pas servi de leçon, apparemment ! grimaça Ron. Je sais garder un secret et je suis capable de comprendre plus de choses que tu ne le crois. C'est comme Harry. Il nous cache plein de choses, je le sens. Du moins, il m'en cache à moi…
Hermione secoua la tête :
- Je n'en sais pas plus que toi… et j'ai très peur pour lui.
- Pourquoi ? demanda Ron soudain inquiet.
Hermione s'assit et il en fit autant à côté d'elle. A voix basse, tout près de son oreille, elle lui fit part des doutes qui l'assaillaient depuis la mort de Sirius. La fureur de Harry paraissait s'être endormie, mais elle sentait encore en lui des soubresauts de colère. Sa hargne envers Rogue couvait derrière le respect manifeste qu'il lui témoignait. Il s'était jeté à corps perdu dans la légilimancie et l'occlumancie. Elle craignait qu'il ne défie Voldemort un peu trop tôt. Elle avait peur de ce jour où il leur faudrait se rendre au Chemin de Traverse. Non parce que des Mangemorts les y attendraient sûrement, mais parce que Harry voudrait venger Sirius. Elle se doutait qu'il n'avait pas tout dit de ce qui s'était passé le soir de la bataille au Ministère. Il taisait quelque chose d'important, elle en était certaine. Quelque chose de terrible et de déterminant.
Lorsqu'elle se tut, Ron fut bien obligé de convenir qu'il en était arrivé aux mêmes conclusions, dans l'ensemble.
- Qu'est-ce que tu crois qu'on doit faire ? chuchota Ron.
- Rien, répondit Hermione.
Il baissa un œil sur elle, surpris.
- Il faut attendre qu'il veuille nous parler, reprit-elle sobrement.
- Mais s'il fait une bêtise…. ?
- Nous serons auprès de lui, comme toujours, affirma-t-elle. N'est-ce pas ?
Ron hocha la tête, impressionné par le ton grave de la jeune fille. Hermione posa sa main sur le poignet de Ron et le serra. Il sentit sa peur et il oublia la sienne. Il mit sa main sur celle d'Hermione.
- Nous serons là pour veiller sur lui, confirma-t-il.
- Et qui veillera sur vous ?
Ils se tournèrent vivement vers Ginny. Ron retira sa main et Hermione la sienne.
- Tu écoutes aux portes ? essaya-t-il de railler.
- Depuis toujours, riposta Ginny. A fortiori quand il n'y en a pas…
Elle s'assit au bout de la table et prit le même air intéressé que son frère et leur amie :
- Et vous complotiez quoi tous les deux ?
- Rien du tout ! répondit Ron d'un air coupable.
Elle se mit à rire :
- Ronnie ! Tu mens très mal !
Elle se tourna vers Hermione.
- Tu ne veux toujours pas nous dire ce que tu as appris sur le dragon de Poudlard ?
Hermione se leva brusquement. Ron saisit le bras de sa sœur :
- Je t'ai déjà dit d'arrêter, Ginevra !
Sa voix était dure et son regard brillant de colère. Ginny fut frappée du changement de physionomie de son frère. Hermione posa la main sur l'épaule de Ron et celui-ci lâcha sa sœur.
- J'ai juré le Serment des Sorciers, dit Hermione dans le silence revenu.
Le frère et la sœur levèrent les yeux vers elle, ébahis et effarés.
- Il t'a obligée ? grinça Ron avec indignation.
Hermione serra un peu plus sa main sur son épaule.
- Non. Le professeur Rogue a voulu que je lui dise tout ce que je savais, ce que j'avais appris, ce que j'avais deviné. Ensuite il m'a demandé de jurer sur ma baguette de garder le secret le plus complet. Et je l'ai fait.
Ginny regardait Hermione la bouche ouverte.
- A présent, je vous serais reconnaissante de ne plus poser de questions à ce sujet.
Elle fixait surtout Ginny.
- Tu as compris ? grogna Ron. Voilà tout ce qu'on récolte à vouloir être trop curieuse !
Il réalisa ce qu'il était en train de dire au moment où il le disait. Il tourna la tête vers Hermione, vaguement inquiet.
- Désolé, Hermione… Je ne parlais pas pour toi !
- Je ne l'ai pas pris pour moi, dit-elle, ironique. Moi, je faisais de la recherche historique…
Elle tapota l'épaule de Ron pour lui signifier qu'elle ne lui en voulait pas.
- Bien, conclut-elle. Je vais à la bibl…
Elle s'interrompit et battit très vite des cils plusieurs fois.
- Il fait beau ! s'exclama Ron en se levant d'un bond. On pourrait peut-être aller faire le tour du lac.
Hermione hocha la tête sans parler. Ginny leur fit signe qu'elle se débrouillerait sans eux.
Harry sortit du bureau de Rogue furieux une fois de plus. Il lui fallait de l'air. Il croisa Miss Teigne dans le hall et celle-ci se hâta de disparaître dans un miaulement réprobateur. Il sortit sur le parvis du château et aperçut Ron et Hermione qui revenaient d'un pas de promenade des bords du lac. Il s'avança à leur rencontre, le visage fermé et le cœur plein d'une colère amère. Même Ron se rendit compte que quelque chose n'allait pas.
- Tu es en colère ? demanda-t-il.
Harry lui lança un regard plein d'irritation, avant d'admettre que ce n'était pas contre lui qu'il devait s'emporter.
- Oui, dit-il plus calmement. Ce sale type… Il veut exclure Hermione de notre virée au Chemin de Traverse !
- Ce n'est pas grave, dit Hermione, espérant le calmer.
- Si c'est grave ! l'interrompit Harry. Il veut t'éloigner de tout ce que nous pourrions faire en liaison avec l'ordre ! Et toi aussi Ron !
- Il ne veut pas que j'aille au Chemin de Traverse ?
-Ho ! Non ! Il a simplement l'intention de dire deux mots à ta mère !
- Maman ne se laissera pas influencer par Rogue, voulut se rassurer Ron.
Harry lui fit un sourire sarcastique :
- Il a l'intention de mettre les mots "Hermione" et "préjudiciable pour ta santé" dans la même phrase, Ron !
- Il n'a pas le droit ! s'écria le jeune Weasley. Maman ne se laissera pas distraire par de si basses manœuvres !
Hermione le regardait, étonnée de tant de véhémence.
- Maman aime beaucoup Hermione, dit-il fermement en espérant que ses taches de rousseur ne deviennent pas trop foncées. Elle me dit tout le temps que je devrais prendre exemple sur elle…
- Ron, tu en fais trop là, lui souffla Hermione.
Harry remonta ses lunettes sur son nez pour cacher un sourire. Mais déjà Hermione se tournait vers lui.
- Pourquoi t'a-t-il dit cela ? s'interrogea-t-elle.
- Il ne me l'a pas dit ! se récria Harry.
Et en même temps, il comprit. Il comprit pourquoi Rogue l'avait congédié sans remarques ni réflexions. Il comprit pourquoi des éclairs de colère brillaient dans ses yeux. Et il sut que Hermione aussi avait compris. Il avait réussi. Il avait réussi à entrer dans l'esprit de Rogue pour en extirper les quelques bribes d'information qu'il cherchait.
Ron poussa un "HMMMM !" étouffé. Il venait de comprendre lui aussi.
- Heu… Harry ? demanda-t-il. Si jamais tu lis dans mes pensées, tu jures de ne jamais me le dire ?
- Il faudrait d'abord que je sache comment j'ai fait pour pouvoir recommencer…
- Peut-être te fallait-il simplement une bonne raison de le faire ?
Hermione parlait calmement. Harry songea en effet que jusque là il n'avait jamais vraiment désiré savoir ce que cachaient les pensées détestables de Rogue. Il n'avait pas envie de revivre le malaise qui l'avait saisi lorsqu'il avait entrevu sa misérable enfance. Il n'avait pas plus envie d'en savoir davantage sur les relations entre son père et celui qu'il appelait Servilus. Il avait peur d'apprendre aussi tout ce dont Rogue s'était rendu complice au service de Voldemort. Même la colère qu'il ressentait à son égard n'avait pu l'amener à forcer sa propre censure. Il avait fallu qu'Hermione et Ron soient en danger à cause du professeur pour qu'il trouve le moyen de se plonger dans ses pensées profondes. Il avait cherché ses deux amis au fond de l'esprit de Rogue et il les y avait trouvés. Il ne s'étonnait plus que le professeur l'eût renvoyé sans une remarque cinglante. Il lui aurait tout de même fallu reconnaître sa défaite.
- Oui, dit-il tout haut. Je sais comment il faut faire : il suffit de le vouloir…
Ron l'observait d'un air inquiet.
- Tu ne vas pas…
Il jetait des regards implorants à Hermione.
- Tu ne vas pas le faire, n'est-ce pas ? finit par dire Ron.
- Quoi ? lui demanda Harry éberlué.
- Essayer de chercher l'esprit de…
Hermione s'interrompit. Ron frissonna.
- Non ! s'écria Harry. Pas encore !
