Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 11
Chez Weasley Frères
- Bien, dit Mrs Weasley en sortant de chez l'apothicaire, nous avons terminé Alastor, nous pouvons rentrer.
- Heu, M'man ? On devait passer voir Fred et Georges là…
- Il est tard, Ronnie, répondit Mrs Weasley sans le regarder. N'est-ce pas Alastor ?
Les quatre jeunes gens avaient les yeux fixés sur lui.
- En fait, c'est sur la liste, Molly…
Ron soupira. Il retint à peine un geste de victoire. Sa mère fit semblant de ne rien voir.
- Puisque c'est sur la liste, Alastor, conduisez-les. Finalement, j'ai encore quelques achats à faire.
Ron partit en avant et Harry dut courir pour le rejoindre :
- Ta mère est fâchée avec les jumeaux ? s'inquiéta-t-il.
- Non ! Elle a simplement juré qu'elle ne mettrait les pieds dans leur fichue boutique que le jour où ils se décideront à lui dire comment ils ont eu l'argent pour l'ouvrir.
Ron se mit à rire. Harry l'imita, un peu gêné. Si Mrs Weasley apprenait un jour d'où leur venait l'argent, il aurait intérêt à transplaner en Roumanie, se cacher au milieu des dragons.
Ils arrivèrent devant la porte de la boutique. Elle ne payait pas de mine et l'enseigne n'était pas grande. Ils entrèrent et la boutique fut pleine. Un long hurlement de mort retentit lorsque Harry ouvrit la porte. Il faillit la refermer immédiatement, mais Ron riait dans son dos.
- Ils ont réussit à imiter Betty ! s'écria-t-il.
Betty était la goule qui hantait le grenier du Terrier. Ron poussa Harry et ils entrèrent comme Fred sortait de l'arrière-boutique.
- Georges ! Viens vite ! On a de la visite !
Il saisit Ginny à pleins bras et la souleva de terre pour lui donner deux gros baisers sur chacune de ses joues. Il se tourna vers Hermione et celle-ci l'avertit d'un geste de sa baguette qu'il n'avait pas intérêt à faire de même avec elle. George sortit de la réserve en poussant un cri de joie. Il donna une bourrade dans le dos de Ron, serra les mains de Harry, ébouriffa la chevelure rousse de sa sœur, fit un signe de main à Maugrey et… il se mit à sourire bêtement devant Hermione. Il prit sa main délicatement et s'inclina dessus pour y déposer un baiser.
- Hermione ! Tu es d'une beauté rayonnante !
La jeune fille le fixa d'un air méfiant. Fred poussa son frère de l'épaule.
- Ne fais pas attention, Hermione, prévint-il. Je t'avais bien dit, Georges, de ne pas tester sur toi cette Poudre aux Yeux de l'Amour… Oui, je sais on doit trouver un autre nom…
George ne lâchait pas la main d'Hermione malgré les efforts de celle-ci pour la retirer de celles du jeune Weasley.
- Laisse-moi ta main, Hermione chérie, je veux la garder dans la mienne jusqu'à la fin des temps… soupira George, le regard perdu dans les yeux d'Hermione.
- Ne t'inquiète pas, reprit Fred. Il est sous l'effet du sortilège, ça va passer… Il dirait la même chose à un Graphorn des Montagnes.
Hermione eut un sourire sarcastique : "En effet, me voilà, tout à fait rassurée à présent."
Pendant ce temps, Harry observait Maugrey qui grommelait dans sa barbe. Son œil tournait frénétiquement. "Bon travail ! murmurait-il. Mais pas de sortie de secours… Piège à rats… Oui, oui…. Mais pour qui ?…." Il sentait sa cicatrice qui chauffait et son cœur se mit à battre non de peur mais d'excitation.
Ron essayait désespérément d'attirer l'attention de ses frères. Il demanda à Fred :
- Auquel d'entre vous dois-je ceci ?
Il montrait son visage encore légèrement vert. Fred montra George, George daigna délaisser la contemplation d'Hermione pour désigner Fred. Ce dernier s'approcha de Ron et prit son visage entre ses mains : "Magnifique ! s'écriait-il. Tu as ça depuis quand ? L'anniversaire de Harry ? Tu vois, George, je t'avais bien dit que tu rajoutais trop de… Ho, regarde-moi ça, George, les taches de rousseur foncent quand il rougit…"
Ron se dégagea vivement.
- Vous mériteriez mon poing dans la figure ! grommela-t-il.
- Pour une Dragée Arc-en-Ciel, ça serait cher payé, répliqua Fred. C'est joli comme nom, ça hein ?
Il leur fit un clin d'œil : "C'est moi qui l'ai trouvé !"
- Vous voulez voir nos nouveautés ? reprit-il avec un empressement tout commercial.
- Non, merci ! fit Hermione qui s'essuyait le dos de la main sur sa robe et essayait de tourner le dos à George.
- Moi, je voudrais passer commande, dit Harry en sortant des pièces de la bourse qu'il avait remplie chez Gringotts. Il faudrait que vous livriez une petite caisse de Bombabouses, qualité Weasley, à Poudlard… chez Hagrid, réfléchit-il tout haut.
- Harry ! s'indigna Hermione.
- Qu'est-ce que tu veux en faire ? s'étonna Ron.
- Ce n'est pas pour moi, c'est pour Peeves !
- HA-RRY ! répéta Hermione atterrée.
- Une promesse est une promesse ! déclara ce dernier en payant pour la caisse et la livraison. Avant la rentrée, si possible. Après, Rusard ne laissera plus rien passer…
Il y eut un silence, entrecoupé des soupirs agacés d'Hermione qui tentait d'échapper aux attentions intempestives de George. Ginny s'éclaircit brusquement la voix pour demander s'ils avaient des nouvelles de Percy. Ron lui jeta un regard courroucé tandis que les jumeaux éclataient de rire.
- Oh oui ! s'écria Fred. Après son court mais désolant internement à Ste Mangouste, il est venu nous trouver. Lui aussi voulait nous mettre son poing dans la figure !
- Et alors ? voulut savoir Ron, tout en prenant un air indifférent.
- Il s'est heurté à notre dispositif anti-Percy… dit George, distraitement, tout sourire envers Hermione.
- Vous ne lui avez pas fait trop mal, s'inquiéta un peu Harry.
- Non ! Non ! se mit à rire Fred, ce n'est que son orgueil masculin qui en a pris un coup.
Chacun le regardait avec des yeux ronds. Sauf Maugrey qui se mit à ricaner.
- Quoi ? finit par demander Ron.
- Disons que c'est une partie de son anatomie typiquement masculine qui a le plus souffert de son intrusion en notre demeure !
Maugrey éclata de rire. Ron fit une drôle de grimace. Harry rentra la tête dans les épaules. Ginny et Hermione firent "HHHHHHH" en portant leur main à leur bouche pour ne pas avoir l'air de rire trop fort.
- Vous y êtes allés un peu fort, cette fois ! dit quand même Ginny;
- Bah ! fit Fred. Il aura une bonne raison pour jouer les sopranos, comme ça !
- Un dispositif anti-Percy, répéta Maugrey d'un air intéressé…
- Oui, reprit George. Papa nous avait parlé de votre système de poubelles anti-intrus…
- Et nous l'avons quelque peu adapté… poursuivit Fred.
- Pour ne pas dire amélioré ! termina George avec un regard plein d'orgueil à l'intention d'Hermione.
- Il faudra qu'on parle tous les trois, dit alors Maugrey… mais un autre jour, et pas devant Molly…
- Quand vous voudrez, Alastor, accepta Fred avec fierté.
- Nous sommes à votre…. Commença George….
Il cria soudain :
- Couchez-vous !
Et il saisit Hermione par le poignet pour la forcer à se baisser. Fred fit de même avec Ginny. Ron et Harry se tournèrent en même temps. Derrière la vitrine, sept ou huit sorciers, la capuche de leur manteau cachant leur visage, se tenaient prêts à lancer une volée de sortilèges contre la vitre. Harry et Ron sortirent leur baguette. Un "Protego" à quatre voix retentit, alors que des éclairs rouges venaient mourir sur la vitrine. Maugrey n'avait pas bougé et Harry se demandait pourquoi lorsqu'il vit surgir derrière les Mangemorts plusieurs figures familières. Lupin était là, ainsi que Tonks, et le vieux Mondingus, Kingsley Shackelbolt et d'autres encore dont il avait oublié le nom. Une nuée de Stupéfix s'envola de tous les côtés. Les Mangemorts, un instant déconcertés par la résistance de la vitrine, reprirent très vite leurs esprits.
- Joli réflexe, les enfants ! reconnut le vieil Auror.
Il tendit la main à Ginny pour l'aider à se relever, tandis que Ron aidait Hermione à se défaire de George. Il jeta cependant aux jumeaux un regard sceptique de son œil unique.
- Curieuse tactique, vous deux… Vous dormiez pendant les cours de Défense contre les Forces du Mal ?
- On est des spécialistes des enchantements…
- … pas des Aurors en puissance !
- Vous les aviez vus ! s'écria Harry hors de lui en s'adressant à Maugrey. Pourquoi ne pas nous avoir avertis !
- Parce que vous ne risquiez rien, la vitre a été enchantée et nous avions prévu qu'ils risquaient d'attaquer ici. C'est un trou à rats et la rue est en impasse.
Il poussa Ginny et Hermione par l'épaule, alors que des Stupéfix frappaient la vitre de plein fouet. Ron regardait la scène qui se jouait dehors, la bouche ouverte.
- Viens, garçon, lui cria-t-il. La vitrine ne tiendra pas longtemps encore.
- Mais… s'indigna Harry. Nous n'allons pas les aider.
- Ca va venir ! lui répondit Maugrey. Allez tous à l'abri, jeunes gens. Il y en aura pour tout le monde…
Il leur montra le comptoir et s'accroupit derrière pour se mettre à l'abri.
- Je me disais bien que nous avions de drôles de clients ces derniers temps, murmura Fred.
- Mais pas un aussi joli qu'Hermione… dit George.
Ron retira la main de son frère des cheveux de la jeune fille.
- Laisse-la, George ! grommela-t-il. Fred, tu ne peux pas le désensorceler ?
- Tu plaisantes ? On est en plein test, là. Il faut que nous sachions le temps que cela dure, l'effet complet, et les effets secondaires !
- Les effets secondaires ! grogna Ron. Je vais t'en donner moi, des effets secondaires ! Et pour quoi ne lui tapes-tu pas sur les doigts avec ta baguette, à lui ! se plaignit-il à Hermione. Une petite décharge magique, ça lui remettrait les idées en place.
- Parce que cela me plait peut-être qu'on me traite comme n'importe quel Graphorn des Montagnes…. Répondit la jeune fille distraitement.
Elle désigna Harry à Ron d'un signe de tête discret. Ron suivit son regard et vit Maugrey qui retenait Harry par la manche de son manteau de sorcier.
- Il va falloir l'avoir à l'œil, murmura-t-elle.
Ron lui montra sa baguette pour lui signifier qu'il était prêt à toute éventualité. Il y eut un bruit sec de verre brisé et le vacarme de la rue pénétra dans la boutique. Maugrey repoussa Harry en arrière pour l'empêcher de se jeter dans la bataille.
- La patience et la prudence devraient s'apprendre à l'école ! grommela le vieil Auror.
Fred risqua un œil au dessus du comptoir. George l'imita.
- Ne vous inquiétez pas pour votre vitrine, leur dit Maugrey. Je la ferai réparer aux frais du Ministère…
Hermione chuchota : "Ron ? Tu peux me lâcher à présent." Ron ouvrit brusquement ses bras qu'il avait refermés sur elle, comme pour empêcher la vitrine de la blesser.
Soudain, un rire de dément retentit à l'extérieur. Harry se figea. Elle était là. Il sentit la haine remonter à sa tête dans une vague de chaleur et de serrement de cœur.
- Elle est là pour moi ! dit-il à haute voix.
Sa cicatrice le brûla. Il voulait qu'elle le trouve et qu'elle le tue. Une joie sardonique s'empara de lui. Il ne savait pas qu'il devait le tuer de sa propre main pour annuler la prophétie. S'il mourrait de la main de Bellatrix ou d'un autre, qu'adviendrait-il ? Dumbledore avait-il la réponse ? Il ne l'avait pas affronté pour le tuer cette nuit-là au Ministère. Voilà pourquoi Maugrey voulait l'empêcher de combattre et lui tenait fermement le bras pour le maintenir à l'abri.
- Bellatrix Lestrange, chuchota Ron à l'oreille d'Hermione.
Celle-ci frissonna. Le rire de cette folle résonnait encore dans sa tête.
- Bébé Potter… Où te caches-tu petit bébé Potter ? Derrière le manteau de ce vieux sénile de Dumbledore ? Il ne sera pas toujours là pour te protéger… pauvre petit bébé Potter sans son papa et sa maman….
- Harry ! gronda sourdement Maugrey.
- Et sans son gentil parrain… pauvre Sirius enfermé injustement pendant des années…
Elle se mit à rire et son rire se rapprochait de la boutique. Elle cria soudain :
- Débarrassez-moi de ces imbéciles ! Et amenez-moi ce….
- BELLATRIX LESTRANGE ! hurla rageusement une voix de femme.
Son rire se fit plus démoniaque et strident.
- Non ! Hestia ! bondit Maugrey.
Il sortit de l'abri du comptoir, et Harry se crut libre d'aller défier Bellatrix Lestrange. Mais la plus fidèle des Mangemorts de Voldemort ne semblait plus s'inquiéter de lui. Elle était tournée vers la grand-mère de Neville et lui faisait face en ricanant.
- La vieille mégère est de retour !
Mrs Londubat leva sa baguette :
- AVADA KEDAVRA !
Bellatrix Lestrange se mit à rire encore tout en levant lentement sa baguette à deux mains. Ses lèvres murmuraient une incantation presque muette. Le sortilège de Hestia Londubat se heurta à un bouclier invisible. Sous les yeux horrifiés de Neville, qui arrivait en hâte, le sort de sa grand-mère se retourna contre elle. Neville tendit le bras :
- EXPELLIARMUS !
La baguette vibra dans les mains de Bellatrix Lestrange. Elle lutta un instant pour résister au sortilège. La lumière verte de l'Avada, déviée par l'intervention de Neville, ne frappa pas Mrs Londubat de plein fouet. Elle s'écroula cependant alors que Neville se précipitait vers elle. Bellatrix leva à nouveau sa baguette vers le jeune homme. Trois éclairs projetèrent leur lumière vers la femme. Son bouclier ne suffit pas à les contrer. Bellatrix s'envola en arrière dans un grand bruit de poubelles.
Neville se penchait sur sa grand-mère en pleurant. Son col en renard était brûlé et son chapeau gisait à plusieurs mètres. Maugrey et Harry arrivèrent au même moment auprès du petit-fils et de la grand-mère.
- Pardon, Grand-Mère, sanglotait Neville. Je suis désolé, je n'aurais pas dû te désobéir quand tu m'as dit de rester…
Mrs Londubat fit un sourire douloureux :
- Neville… murmura-t-elle doucement.
Elle s'accrocha à Maugrey :
- Prévenir Algie… Neville…
Elle perdit connaissance. Maugrey se releva. Son œil magique tournait sur lui-même dans une ronde insensée.
- Ramenez-moi cette raclure de chaudron de Bellatrix Lestrange ! Hurla-t-il. Stupéfixez-moi ces crottes de Troll ! Empêchez-les de transplaner, par la barbe de Merlin ! Non pas toi, Tonks ! Tu fais venir les médicomages ! Vite ! Mondingus! Occupe-toi des gosses !
- Mais nous voulons vous aider ! se récria Harry.
Et il lança un Stupéfix sur un Mangemort qui émergeait d'un premier sortilège.
Hermione et Ron faisaient de même et Ginny lança deux ou trois Chauve-Furie sur quelques encapuchonnés qui tentaient de la neutraliser. Les jumeaux revenaient avec Lupin et Shackelbolt de l'impasse aux poubelles où avait disparu Bellatrix. Ils secouèrent la tête en signe qu'ils étaient arrivés trop tard. Harry serra les poings de rage.
- Votre piège n'a pas marché ! s'écria-t-il.
- Tu es toujours en vie, lui rappela Maugrey, et nous avons quelques Mangemorts en moins en circulation. Tu devrais plutôt penser à ton ami, garçon.
Il se pencha sur Neville et le releva.
- Nous allons l'emmener à Ste Mangouste, mon gars, dit-il. Ils vont la soigner. Tu as fait exactement ce qu'il fallait.
Neville lui adressa un regard plein de larmes.
- Elle n'est pas morte, n'est-ce pas…
- Non, répondit Maugrey en grimaçant ce qu'il croyait être un sourire. Où as-tu appris à lancer de tels Expelliarmus ?
Neville désigna Harry du menton.
- Avec Harry, Professeur.
Harry lui rendit son pauvre sourire.
- Viens, Neville, allons nous mettre à l'abri.
Autour de la rue, les badauds s'étaient approchés malgré le service d'ordre organisé par les Aurors. Ils entendirent des cris parmi la foule et Ron rentra la tête dans les épaules.
- C'est ma mère ! fit-il. Ca va encore être ma faute !
En effet, Molly accourait pour une inspection en règle de ses enfants. Elle jeta un regard effaré sur la vitrine brisée et les jumeaux jurèrent y avoir vu un éclair de satisfaction. Elle prit ses instructions de Maugrey, et Neville sous son aile. Elle regroupa ses troupes et, accompagnée de Lupin, commença à se frayer un passage parmi les curieux.
- Hermione ! cria George.
Il courut jusqu'à elle, à la grande contrariété de Ron. George prit la main d'Hermione et la contempla d'un long regard langoureux.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Mrs Weasley décontenancée à Harry.
- Je crois que George est pris à un de ses propres sortilèges, Mrs Weasley, soupira le jeune Potter.
- Hermione, soupirait George. Donne-moi un baiser. Un tout petit baiser. Puisque tu t'en vas loin de moi.
- Autant embrasser un Troll ! répondit Ron à la place d'Hermione. Mais fiche-lui donc la paix, George !
- Merci, Ron, lui sourit poliment Hermione. Mais je peux me débrouiller toute seule.
Elle retira sa main de la main de George et lui envoya une claque magistrale.
- Aïe ! fit George.
Il porta la main à sa joue douloureuse et regarda Hermione avec le plus grand des étonnements.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il sans plus la moindre trace de ferveur.
Hermione lui tapota gentiment le bras :
- Je crois qu'on peut appeler cela des effets secondaires, dit-elle en lui offrant son plus joli sourire. Et tu as de la chance, tu aurais pu tomber sur un vrai Graphorn des Montagnes…
Elle lui tourna le dos et reprit son chemin, manifestement soulagée. Ron fit un salut moqueur à son frère et la rejoignit.
- Qu'est-ce que tu veux, Ron, soupira Hermione agacée.
- Rien, répondit Ron, un sourire élargi d'une oreille à l'autre. Enfin, je voulais te dire… Tu es le Graphorn des Montagnes le plus joli que j'ai jamais vu…
Du coin de l'œil, elle l'observa un instant. Elle décida de prendre cette réflexion comme un compliment. Elle serra un peu plus contre elle ses paquets et le regard de Ron tomba à nouveau sur le sachet qui portait les couleurs de la boutique de lingerie. Il ne put s'empêcher de se demander à nouveau ce qu'il pouvait bien contenir. Mrs Weasley, remise de sa surprise, mais fort satisfaite au fond d'elle-même de la déconfiture de George, rassembla ses petits autour d'elle. Lupin fermait la marche, tandis que Tonks et Mondingus les suivaient à distance. Ils quittèrent les lieux du combat tandis que les Médicomages arrivaient. Neville jeta un dernier regard sur le corps de sa grand-mère que les médecins examinaient. Lupin le poussa en avant et la foule se referma sur eux.
La petite pièce du Chaudron Baveux était calme. On n'entendait par moment que quelques soupirs d'impatience de Ron. Assis à ses côtés, Neville pleurait en silence et Harry tournait et retournait dans sa tête les évènements de la matinée. Mrs Weasley se leva et se mit à faire les cent pas. Elle adressait des sourires forcés à ses enfants et à Hermione.
- Il ne va plus tarder, répétait-elle de temps en temps, plus pour se persuader du retour imminent de Remus Lupin que pour en convaincre les jeunes gens.
Soudain, dans un craquement sec, Bill apparut.
- Bill ! Mon Chéri ! s'écria sa mère en courant vers lui.
Il grimaça de douleur lorsqu'elle le pressa contre son cœur. Sa chemise était déchirée et une brûlure rougissait la poitrine du jeune homme. Mrs Weasley s'affola :
- Il faut que tu ailles à Ste Mangouste ! Il te faut soigner cela tout de suite !
- Tout à l'heure, Maman, la rassura Bill. Ce n'est rien qu'une égratignure et j'ai autre chose à faire… Je suis juste venu voir comment vous alliez. Personne n'est blessé ? Fred et George non plus ?
- Mais où as-tu attrapé cela ? s'inquiéta Molly en l'inspectant pour voir s'il ne lui cachait rien de plus grave.
- Nous avons eu quelques échauffourées avec des Mangemorts un peu partout sur le chemin de traverse. Ils espéraient diviser nos forces, je suppose. Heureusement, la paranoïa de Maugrey a servi à quelque chose pour une fois.
Harry frissonna.
- Mais, mon chéri, insistait Mrs Weasley, c'est une bien vilaine blessure…
- Hum ! fit Hermione qui s'était approchée. Vous permettez ?
Elle marmonna une incantation tandis que sa baguette faisait des arabesques au-dessus de la blessure de Bill. Celui-ci sentit aussitôt un apaisement de la douleur.
- Waouh ! fit-il. Tu es plutôt douée Hermione ! Tu veux devenir médicomage ?
- Non, répondit Hermione un peu gênée.
- Mais c'est un sortilège de réparation qu'on n'apprend qu'en septième année ! s'exclama Mrs Weasley…
- Oui, reprit Hermione d'une petite voix. Mais j'ai pensé que ce serait vraiment très utile de connaître un tel sort, compte tenu…
Malgré elle, elle tourna la tête vers Harry et Ron, un peu interloqué. Ron haussa les épaules. Et voilà, sa mère n'allait pas manquer de faire remarquer qu'Hermione était plus avancée dans ses études que lui. Elle était plus avancée dans ses études que ceux qui avaient passé leurs ASPIC l'année précédente !
- Il faudra faire quelque chose pour la cicatrice… continua Hermione sur un ton plus décidé.
- Ne t'inquiète pas pour ça, Hermione ! répondit Bill en riant. Les cicatrices, ça plait aux filles ! Pas vrai Harry ?
Harry rougit et cacha la sienne avec une mèche de cheveux. Mrs Weasley gronda son fils aîné à voix basse.
- Avez-vous pu savoir où étais passée…? Commença Harry pour chasser sa gêne.
- Non, l'interrompit brusquement Bill. Elle s'est évaporée…
- Elle aura transplané… murmura Neville comme pour lui-même.
- Oui ! grinça Ron. Elle sera retournée auprès de son Maître, cette sale raclure de chaudron maudit !
- Ronald Weasley ! s'écria sa mère scandalisée.
- Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Fol-Œil ! se défendit mollement Ron.
- Ronald Weasley ! répéta sa mère en le menaçant de l'index. J'entends encore un mot de ce genre dans ta bouche et… Et… je te lave la bouche avec du sang de gorgone…
Ginny éclata de rire : "Vaut mieux pas que tu assistes à un match contre Serpentard, alors !"
Molly Weasley devint rouge de honte :
- Vraiment, Ron, tu me déçois beaucoup aujourd'hui !
Ce fut au tour de Bill de se mettre à rire :
- Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
- Il reluquait les dessous d'une gravure de mode dans le magasin de lingerie ! répondit Ginny.
- Où on nous a obligé d'entrer ! grommela Ron entre ses dents.
- M'man ! Tu n'as pas recommencé ! se moqua Bill.
- Ron ! Ne réponds pas, s'il te plait ! Tu feras moins le fier quand ton père saura cela ! dit Mrs Weasley.
- Et quand les jumeaux sauront cela, donc ! se mit à rire Bill derechef.
- Je suis mort ! s'écria Ron en cachant son visage aux reflets verts dans ses bras. Autant crier partout que ma mère m'a obligé à entrer dans un magasin de dessous féminins avec ma sœur et… son amie !
A son grand étonnement, il sentit qu'on lui tapotait l'épaule avec compassion…
- Tu sais, moi, disait Neville, ma grand-mère avait tellement peur que j'échappe à sa surveillance qu'elle m'obligeait à entrer avec elle dans la cabine d'essayage. Mon Oncle Algie prétend que c'est pour ça que je n'ai pas de petite amie…
Il prit un air rêveur quelques secondes. La voix de Ginny le ramena au présent.
- Mais non, Neville. Tu n'as pas de petite amie parce que tu n'en cherches pas… C'est comme Ron… Ha non, Ron, c'est parce qu'il n'en trouve pas…
Ron replongea la tête entre ses bras.
- Qu'est-ce que j'aimerais être fils unique !
Harry et Neville échangèrent un sourire triste. Bill embrassa tendrement sa mère et sa sœur. Il embrassa également Hermione et la remercia encore. Il fit un salut aux garçons et un clin d'œil à son frère. Il était prêt à transplaner lorsque sa mère le retint :
- On te verra ce soir ? pria-t-elle.
- Je ne pense pas, Maman, répondit Bill doucement. J'ai encore énormément de travail. Demain, c'est au tour des Sixième Année de Serpentard de faire leurs courses…
- Tu parles d'un boulot, grogna Ron. Pas besoin de les protéger des Mangemorts, eux…
- Détrompe-toi, Ron, répliqua son frère sérieusement.
- Quand je pense que tu vas protéger ce… Ron jeta un rapide coup d'œil à sa mère et songea au sang de gorgone… Drago Malefoy…
- Malefoy n'est pas le seul Serpentard, trancha Bill.
Il envoya encore un baiser de la main à Ginny et disparut. Ron évitait le regard de sa mère. Il avait encore réussi à attirer son attention. Et la sienne était désespérément attirée par le sac d'Hermione. Il vit soudain avec terreur Ginny et la jeune fille s'installer à la table, tout près, pour commenter leurs achats. Elles avançaient la main vers les paquets de "La Sorcière Elégante". Elles n'allaient tout de même pas déballer leurs petites affaires partout devant eux… Il tourna la tête vers sa mère :
- On ne pourrait pas manger un peu en attendant ! demanda-t-il d'une voix un peu trop suraiguë pour être naturelle.
La porte de la pièce s'ouvrit devant Lupin et Maugrey en grande discussion.
- Ah ! fit l'Auror. Manger ! Vous, les jeunes, vous ne pensez qu'à ça…
Il prit un moment pour fixer Ron de son œil valide tandis que l'autre observait Lupin qui fermait la porte derrière lui.
- Enfin… reprit Maugrey, pas tout le temps…
- Alastor ! gronda Molly.
- Quoi ? fit Fol-Oeil alors que Ron maudissait le ciel de s'être levé ce matin-là. Vous avez eu cinq garçons avant lui, Molly ! Vous devriez savoir comment ils fonctionnent ! La nourriture, le Quidditch et les filles ! Il n'y a rien de plus normal ! Et croyez-moi, si tous les garçons de son école en étaient aux mêmes préoccupations, mon travail n'en serait qu'allégé !
Il glissa son bon œil vers Harry et Neville et Mrs Weasley baissa la tête. Lupin cacha un sourire derrière un semblant de toux :
- Alastor, ne deviez-vous pas donner quelques nouvelles ?
Il désigna discrètement Neville de la tête, qui attendait les yeux écarquillés et le souffle court qu'on veuille bien lui dire comment allait sa grand-mère.
- Hem… fit Maugrey visiblement gêné. Les médicomages l'ont amenée à Ste Mangouste. Ton oncle Algie est auprès d'elle.
- Mais comment va-t-elle ? ne put s'empêcher de crier Neville.
- Comme quelqu'un qui a reçu un Avada… répondit Maugrey de moins en moins à l'aise.
Il se tourna vers Remus et lui dit : "Vas-y, mon garçon, tu t'y prendras mieux que moi !"
L'angoisse de Neville était à son comble. Ginny était prête à courir vers son ami au moindre signe de malaise. Lupin s'avança et parla doucement, ainsi qu'il en avait l'habitude.
- Ta grand-mère est entre de bonnes mains, assura-t-il. Elle a déjà reçu les soins les plus urgents. Son état est grave, je ne te le cacherai pas, mais il n'est pas critique. Elle a repris connaissance.
Neville poussa un long soupir de soulagement, aussitôt suivi par une grimace inquiète :
- Elle est furieuse contre moi, n'est-ce pas ?
Lupin le regarda avec étonnement.
- Et pourquoi le serait-elle ? Tu lui as sauvé la vie, Neville.
- Ouais ! intervint Maugrey. C'était une très bonne idée, cet Expelliarmus. Et un sacré bon Expelliarmus en plus…
- C'est que je lui ai désobéi, reprit Neville en baissant les yeux. Elle m'avait dit de rester…
- La désobéissance est la preuve d'un esprit critique et d'une intelligence vive, Neville, l'interrompit Lupin, avec un rapide coup d'œil à Harry.
- Remus ! l'interrompit Mrs Weasley. Crois-tu qu'il soit bien prudent de dire de pareilles choses devant ces deux… non ces trois là !
Et elle désignait Ron, Harry et Hermione.
- Ce ne sont plus des enfants, Molly, lui répondit Lupin.
Il leva la main pour la faire taire.
- Tu les vois peut-être encore comme tels, mais ils ont l'âge de voir la vérité en face. Ils sauront faire la part des choses. Et ils sont plus qu'impliqués dans cette histoire.
Mrs Weasley se forçait à rester calme.
- Vraiment, Remus, voilà que tu parles comme S…
Elle jeta un regard affolé à Harry. Le jeune homme se raidit. Ron et Hermione se tinrent prêts à intervenir eux aussi. Cependant Lupin continuait calmement.
- Entre l'attitude de Sirius et la tienne, Molly, il doit sûrement y avoir un juste milieu. Veux-tu leur faire confiance et les laisser trouver le chemin eux-mêmes ?
- Je ferai ce que Dumbledore dira de faire, admit Mrs Weasley.
Elle ne voulait pas d'une dispute avec Remus. Elle ne voulait pas laisser transparaître son angoisse devant les enfants. Même si Lupin prétendait qu'ils n'en étaient plus.
Un long silence régna un moment. La voix d'Hermione sembla les réveiller tous :
- Est-ce que cela veut dire que Neville rentre avec nous à Poudlard ?
Neville ouvrit la bouche et la referma aussitôt. A Poudlard ? Avec eux ? Mais… et ses affaires ? Et Trevor ? Il leva des yeux pleins d'espoirs vers Lupin. Remus leur sourit :
- Oui, à Poudlard avec vous… Tu vois, Molly, ajouta-t-il avec un soupçon de malice, Dumbledore leur fait confiance, lui…
