Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 12
Retour à Poudlard
Neville était stupéfait. La cabane hurlante, le tunnel, le saule cogneur, Pattenrond qui les attendait sagement pour leur ouvrir le passage, la tête de Rusard quand il vint accueillir ce petit monde, ses bagages qui étaient déjà là… Il pressait ses amis de questions et ceux-ci lui répondaient volontiers. La seule ombre au tableau, ce fut la haute silhouette de Rogue qui les attendait en bas des escaliers de la tour de Gryffondor.
- Mr Londubat, dit le Professeur sur un ton sarcastique. Il ne manquait plus que vous !
Neville sentit son pouls s'accélérer.
- Je ne vous rappelle pas les règles de cette école, Mr Londubat. Au besoin, Mr Rusard s'en chargera. Prenez place dans votre dortoir. Je vais de ce pas faire prévenir Mrs Pomfresh de votre retour prématuré. Je ne doute pas que cela l'enchante de vous savoir parmi nous.
Il fixa son regard sur Neville, manifestement conscient de la crainte qu'il inspirait au jeune homme.
- Avez-vous des nouvelles de Mrs Londubat, votre grand-mère ?
Neville hocha la tête. Il avait la gorge sèche.
- Elle… elle est toujours vivante, dit-il, se rendant compte qu'il ne pouvait prétendre savoir si elle mal ou bien.
Rogue hocha la tête à son tour.
- J'en suis heureux.
Harry le fixa longuement. Rogue connaissait-il le sens de ce mot ? Il ne baissa pas les yeux lorsque le professeur tourna la tête vers lui, juste avant de tourner les talons, sur l'ordre à Remus de le suivre dans son bureau.
- Il ferait geler le lac en plein été, murmura Ron tandis qu'il se laissait tomber dans un fauteuil de la salle commune des Gryffondor.
Il mourait de faim, il avait mal aux pieds, et il n'arrivait pas à s'ôter de l'esprit le mystère du contenu du paquet qu'Hermione avait oublié près du livre sur le Quidditch.
Harry racontait à Neville l'arrivée de Lupin et Tonks à Privet Drive, le Magicobus et leur arrivée à Poudlard. Il lui expliqua en quoi consistaient la légilimancie et l'occlumancie. Neville, médusé, écoutait en silence. Ron regardait ses livres neufs avec satisfaction. Il n'avait aucune envie de monter dans son dortoir. Il n'écoutait plus Harry, il fixait le paquet. Il fallait absolument qu'il sache ce qu'il contenait.
- Hé Ron !
Il sursauta. Harry riait. Il se sentit rougir.
- Neville voudrait savoir pourquoi tu es tout vert !
- Fred et George ! répondit sobrement Ron.
Neville hocha la tête. Harry l'observait toujours.
- Hé Harry ! fit Ron. N'essaie pas de lire dans mes pensées !
Harry éclata de rire.
- Je n'ai aucune envie de lire dans tes pensées en ce moment, Ron !
Il se leva et ramassa ses livres et ses emplettes. Il invita Neville à le suivre pour laisser Ron à ses pensées intimes. Ron fut seul et le sac d'Hermione était devenu une vraie torture. Sa main s'avança toute seule… et s'abattit sur le livre de Quidditch alors qu'Hermione déboulait en bas des escaliers qui menaient à son dortoir.
- C'est mon livre, dit-il avec une tête de coupable alors que la jeune fille ne lui faisait aucun reproche.
- En effet, il est à toi, répondit-elle d'un air intrigué.
Et devant Ron stupéfait, elle commença à ouvrir le sac de la lingerie. Elle en sortit une robe de sorcier. Ron aurait presque éclaté de rire de soulagement.
- Elle est jolie, n'est-ce pas, disait Hermione.
Ron hocha la tête. Il se sentait tellement stupide. Hermione s'appliquait à plier la robe et Ron remarqua que des étoiles brillaient dans le bleu nuit du tissu.
- Elle est très belle, dit-il enfin avec sincérité. Elle t'ira vraiment bien.
- Elle n'est pas pour moi, reprit Hermione. Elle est pour ma mère. Elle était en vitrine lorsque nous sommes allés au Chemin de Traverse en juillet et j'ai vu qu'elle lui plaisait beaucoup.
- Ta mère porte des robes de sorciers ! s'étonna Ron.
Hermione terminait de ranger la robe roulée dans une enveloppe. Elle attacha une autre enveloppe au paquet et écrivit une adresse dessus.
- Elle trouve que cette robe ferait un très joli négligé…
- Un quoi ?
- Un négligé. Un déshabillé… quelque chose qu'on porte quand on est dans l'intimité de sa maison, pour être à l'aise…expliqua Hermione. Et en même temps je lui dis que nous sommes tous bien rentrés à Poudlard. Je ne veux pas qu'elle s'inquiète quand elle lira dans la Gazette demain que des Mangemorts ont attaqué Harry Potter et ses amis…
- La Gazette ? La Gazette du Sorcier ? s'étonna Ron. Mais tes parents…
- Sont moldus ? Je sais, Ron, répondit Hermione ironique. Rassure-toi, la Gazette vient à mon nom et elle est livrée uniquement le soir.
Ron se mordit les lèvres. La dernière chose qu'il voulait faire, c'était blesser son amie.
- Tu veux venir avec moi à la volière ? demanda-t-elle soudain. On ira ensuite aux cuisines voir s'il n'y a rien à manger. Je te jure que je ne parlerai de rien d'autre aux Elfes de Maison que d'un peu de nourriture pour nous et nos amis…
Ron hésita. Puis il s'aperçut qu'elle lui montrait des yeux le dortoir des garçons et que ses lèvres articulaient le nom de Harry. Il se leva vivement et dit bien haut, d'une manière totalement naturelle aux oreilles d'un sourd :
- Oui, bien sûr, Hermione ! Je viens avec toi à la volière.
Hermione soupira et leva les yeux au ciel. Ils quittèrent la salle commune et se dirigèrent vers la tour de la volière. Au début, Hermione ne parla pas.
- Tes voisins ne sont pas intrigués de voir tous ces hiboux autour de chez toi ? demanda enfin Ron.
- Mes parents ne reçoivent pas beaucoup de hiboux, Ron, répondit Hermione sur un ton préoccupé. Toujours en soirée. Celui que je vais envoyer arrivera juste au crépuscule.
Ron se tut, puis comme Hermione ne parlait toujours pas, il reprit :
- Pourquoi as-tu frappé George ? Je croyais que les filles aimaient qu'on leur dise ce genre de choses…
- Quand ceux qui les disent sont sincères, en effet, sourit Hermione. Mais quand ils sont ensorcelés, ce n'est pas pareil…
- Ah bon ? fit Ron pas convaincu.
Hermione s'arrêta au milieu du couloir et le regarda en face :
- Imaginons, Ron Weasley, qu'une fille pour qui tu as… disons de l'intérêt… accepte de sortir avec toi uniquement parce qu'elle sera sous le charme d'un sortilège… Qu'est-ce que tu dirais ?
- Bien sûr, j'aimerais mieux qu'elle succombe à mon charme naturel, mais après tout si l'occasion…
Il se tut car il comprit à son air que ce n'était pas la réponse qu'elle attendait.
- En fait, dit-il, tout dépend de la fille et de la nature de l'intérêt que je lui porte…
Il fit une grimace :
- Est-ce que cela veut dire que tu as de l'intérêt pour George ?
Hermione éclata de rire et reprit son chemin :
- Mon Dieu ! Non ! Pas George !
- Pas Bill non plus, j'espère…
Hermione lui jeta un regard en coin.
- Ni aucun autre de tes frères, Ron, rassure-toi.
Ron parut soulagé. Elle se remit à rire, un peu caustique cette fois.
- Je me demande parfois si tu es vraiment mon ami, dit-elle à voix basse.
- Pourquoi cela ? s'inquiéta Ron.
- Parce que, soupira Hermione, tu voudrais bien de ton ami Harry pour ta sœur, mais tu ne veux de moi pour aucun de tes frères.
Ron ouvrit la bouche, désemparé.
- Mais, ce n'est pas du tout ce que je veux dire !
Hermione soupira à nouveau, alors qu'ils arrivaient à la volière :
- C'est justement le problème avec toi, Ron, tu ne veux jamais dire ce que tu dis…
Ron referma la bouche, tout aussi désemparé. Hermione accrocha son paquet à la patte d'un hibou de l'école et le regarda s'envoler.
- Qu'est-ce que vous faites-là, tous les deux ?
Rusard était à la porte, un peu essoufflé.
- On envoie du courrier, répondit Ron avec insolence.
- Oui, oui, je vois bien votre petit manège à tous les deux… Mais je vous ai à l'œil ! Le professeur Rogue m'a dit de vous surveiller de près ! Et c'est ce que je fais ! Surtout vous, Miss Je-fourre-mon-nez-partout !
- Je le sais, Mr Rusard, répondit Hermione sans sourire. Vous me suivez où que j'aille depuis que je suis sortie de l'infirmerie. Aussi pour vous éviter la fatigue de nous suivre, je vais vous dire où j'ai l'intention d'aller : mon ami Ron Weasley et moi-même avons l'intention de nous rendre aux cuisine demander aux Elfes de nous préparer une collation, car nous avons raté le repas de midi. Ensuite, nous retournerons à notre salle commune rejoindre nos amis. Quant à ce que nous ferons après, je l'ignore. Aussi vous ferai-je parvenir la suite de mon emploi du temps dès que je le connaîtrai moi-même.
Elle fit un petit signe de tête à Rusard médusé et passa devant lui sans un regard. Ron lui adressa son sourire le plus narquois et la suivit.
Ils descendirent jusqu'aux cuisines où les Elfes n'osèrent se montrer que lorsque Ron les appela et leur ordonna de leur servir un goûter dans la salle commune des Gryffondor. Il ne fit aucune remarque pourtant, devant la mine abattue de son amie. Ils reprirent leur chemin vers la tour de Gryffondor.
- Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu as frappé George, reprit Ron pour chasser le silence. Tu savais que cela romprait le charme ?
- Parce que cela me démangeait depuis un moment ! répondit Hermione. Et tu veux vraiment savoir pourquoi ? Parce que lorsque nous nous cachions sous le comptoir, quand il a essayé de m'embrasser dans le cou – tu sais au moment où tu as demandé à Fred de le désensorceler ?- il m'a dit qu'il regrettait de ne pas avoir remarqué ma grande et sublime beauté avant de partir de Poudlard car il m'aurait bien emmenée derrière le terrain de Quidditch.
- Vraiment ? s'étonna Ron. Pour quoi faire ? Tu n'entends rien au Quidditch !
Hermione haussa légèrement les sourcils. Etait-il idiot ou le faisait-il exprès. Il ouvrit la bouche à nouveau. Non, il était seulement un peu lent d'esprit.
- QUOI ? hurla-t-il. IL N'A TOUT DE MEME PAS OSE !
- Tu comprends pourquoi ma main me démangeait terriblement depuis ce moment-là !
- MAIS POURQUOI NE ME L'AS-TU PAS DIT À CE MOMENT-LA !
- Parce que cela ne te regardait pas, et que je me préoccupais plus de Harry que des hormones sous influence de George.
- MAIS IL N'AVAIT PAS À TE DIRE CE GENRE DE CHOSES ! PAS A TOI !
- Et pourquoi pas ? Suis-je si laide ? Ou si ennuyeuse ? De toutes façons, il était ensorcelé, souviens-toi. Il aurait fait les mêmes propositions à un Graphorn des Montagnes.
- MAIS PARCE QUE TU ES… TU N'ES PAS… Tu es MON amie… et lui c'est… c'est… une raclure de fond de chaudron !
Il ne comprenait pas pourquoi Hermione riait. Il avait envie de mettre son poing dans la figure de George et il l'aurait fait, si seulement il l'avait eu sous la main. Et un air connu leur parvint des couloirs droit devant. "Tout vert ! Tout vert !". Ron devint pâle.
- Alohomora ! chuchota très vite Hermione.
Elle le poussa sur la droite, dans une salle de classe. Elle referma la porte alors que Peeves apparaissait au bout du couloir. Le sifflotement léger de l'esprit frappeur se rapprochait. Hermione collait son oreille à la porte. Ron soupira. Il ouvrit la bouche pour remercier son amie de sa présence d'esprit. Elle leva brusquement la main devant son visage pour le faire taire, l'oreille toujours aux aguets. Ron retint son souffle. Peeves n'en finissait pas de passer devant la porte. Ron voyait le pouls d'Hermione battre rapidement à sa gorge. Elle avait toujours sa main devant sa bouche. Il songea qu'il s'en fallait de quelques centimètres –quelques millimètres en fait- pour que ses lèvres touchent ses doigts. Dans un soupir de soulagement, Hermione décolla son oreille de la porte et baissa sa main.
- Il est parti…
Ron fit un sourire amer. S'il n'était pas aussi stupide, il aurait pris la main et embrassé les doigts. C'est ce qu'aurait fait Bill en tout cas, ou Charlie… ou même Fred et George… Bon, George, lui, il aurait sûrement pris sa main dans la figure… Mais ils n'auraient pas hésité. Et maintenant il était trop tard. Il avait tellement envie de l'embrasser à nouveau… mais il ne voulait pas risquer de se faire repousser. Si elle lui riait au nez, ou pire si elle prenait cet air navré qu'elle avait souvent en le regardant, il ne s'en remettrait pas. Elle lèverait les yeux au ciel et secouerait la tête." Mon pauvre Ron…" soupirerait-elle désabusée… Il en serait mortifié et plus jamais il n'oserait la regarder en face.
- Ron ? Tout va bien ?
Hermione l'observait un peu inquiète.
- Hein ? Heu… oui, je pensais… qu'il ne manquait plus que ce bon à rien de Peeves pour couronner le tout !
- Mauvaise journée, n'est-ce pas ? lui sourit Hermione.
- Dès que j'ai entendu Fol-Œil prononcer le nom de ma mère, j'ai su que ce ne serait pas la journée dont je rêvais… J'ignorais à quel point !
Il s'assit à l'une des tables de cours.
- Je n'ai jamais eu pire moment… sauf le jour de mon premier match, et tous les entraînements qui l'ont précédé, et tous ceux qui ont suivis, et le jour où ma baguette m'a ignominieusement trahi et où je me suis lancé à moi-même ce sort de Crache-Limace… et ce ne sera rien comparé à celui où les jumeaux sauront que maman m'a traîné dans une boutique de…
- Tu crois que Bill le leur dira ?
Ron lui lança un regard désabusé :
- Tu es bien une fille unique, toi !
Il passa ses mains sur son visage.
- En tout cas, je n'ai aucun souci à me faire pour mon avenir, reprit-il. Une brillante carrière de Riddikulus s'offre à moi !
Hermione se mit à rire.
- La preuve ! dit-il.
Elle s'assit sur la table où Ron avait pris place.
- Non, Ron, expliqua Hermione. Je ne ris pas à cause de toi. Je me demande comment le même trait de caractère peut parfois m'exaspérer comme il n'est pas permis et d'autres fois me laisser aussi admirative.
Ron leva un sourcil intrigué :
- Et quel trait de caractère ?
- Ton incroyable capacité à ne jamais rien prendre au sérieux.
- J'ignorais que tu admirais cela ! dit-il sincèrement. Je croyais que tu prenais cela pour de la stupidité.
- Parfois, oui, avoua Hermione. Mais je sais que tu n'es pas aussi bête que tu voudrais le faire croire.
- Tu dis toujours que je suis immature et influençable, avec la capacité émotionnelle d'une cuillère à thé !
- Oui, aussi… murmura Hermione avec un sourire.
- Je me disais aussi… répondit Ron avec un pincement au cœur.
Hermione décoiffa ses cheveux en riant.
- Où serait le mérite d'aimer ses amis s'ils n'avaient que des qualités ?
- J'en ai autant à ton service… répondit-il un peu vexé
- Je le sais…
Elle rejeta ses cheveux en arrière d'un geste familier. Un air insupportablement supérieur, aurait-il dit quelques semaines plus tôt. Il se rendait compte qu'il connaissait chacun de ses gestes et chacune de ses expressions par cœur. Et cette manière adorable qu'elle avait de froncer son nez annonçait qu'elle allait aborder un sujet sérieux. Elle allait lui parler de Harry.
- Qu'est-ce que tu penses de cet après-midi, commença-t-elle. Je te disais bien que Harry nous cachait des choses…
Ron fut sur le point de lui rappeler que c'était lui qui avait le premier émis des doutes sur la confiance que leur accordait leur ami.
- J'aimerai que tu me dises d'abord ce que toi tu en penses, préféra-t-il répondre pour lui laisser croire qu'il avait longuement réfléchi à la question.
- Neville a parlé d'une prophétie, reprit Hermione lentement.
- Elle a été "brisée", se souvint Ron.
Il eut soudain une illumination : le globe de verre !
- Je crois que Harry sait ce qu'elle contenait, dit Hermione.
- Non ! Il en aurait parlé…
- A moins qu'elle soit si terrible qu'il n'aura pas voulu nous inquiéter… Sinon pourquoi reprendre ses cours d'occlumancie avec un homme qu'il déteste à ce point ?
Ron secouait la tête comme pour se persuader qu'elle avait tort. Quelque chose de terrible, ce ne pouvait être que la mort de Harry. Et cela, il n'était pas prêt à l'admettre.
- Voldemort voulait cette prophétie et à présent qu'elle a été détruite seul l'esprit de Harry doit en être le dépositaire. Voilà le pourquoi de l'occlumancie… Voilà pourquoi, il ne nous a rien dit.
- Parce qu'il n'a pas confiance ! dit Ron sur un ton amer.
- Parce qu'il veut nous protéger.
Ron se leva brusquement et arpenta la salle à grandes enjambées. Il réfléchissait mieux en bougeant et puis, il fallait qu'il s'éloigne d'Hermione. C'était elle, et son parfum de pomme verte, qui lui brouillaient les sens.
- Harry disait que Tu-Sais-Qui cherchait une arme… réfléchissait-il à haute voix. Et voilà que c'était une prophétie… La prophétie ? Une arme contre Harry ?
Il cessa de marcher soudain et tourna vers Hermione un visage bouleversé.
- Oh non ! murmura-t-il devant les yeux pleins de larmes de son amie.
Il venait de comprendre pourquoi elle lui avait demandé de l'accompagner ; pourquoi elle l'avait emmené dans cette salle solitaire… Elle était parvenue aux mêmes conclusions que lui, et bien avant lui…
- Tu ne crois pas que cette prophétie annonçait la mort de Harry, s'étrangla-t-il.
Il courut à Hermione toujours assise sur la table où ils écoutaient les cours du professeur McGonagall l'année précédente, assis chacun d'un côté de Harry… Une larme coula sur la joue d'Hermione, malgré ses efforts pour la retenir.
- Il faut empêcher cela ! s'écria-t-il.
Sa voix était blanche. Comment empêcher une prophétie de s'accomplir ? Comme un écho de sa pensée la voix d'Hermione dit :
- Comment ? Nous ne savons même pas de quoi parle exactement cette prophétie. S'il ne veut rien dire, nous ne saurons rien… Tu sais comme il peut être entêté parfois…
- Pas autant que toi, insista Ron avec espoir.
- J'ai peur de perdre sa confiance. Tu sais comme il peut avoir des réactions violentes…
- Je serai là pour lui envoyer un stupéfix s'il te fait le moindre mal. Oui, c'est cela : un stupéfix, on le pend par les pieds au lustre du grand hall et on lui balance un sortilège du Chatouillis jusqu'à ce qu'il parle !
Hermione se mit à rire à travers ses larmes :
- Et comme ça, il ne nous parlera plus jusqu'à la fin de notre vie !
- Ou plutôt de la sienne, si tu as raison, répondit Ron sombrement.
Hermione étouffa un sanglot. Elle détourna la tête pour qu'il ne la voie pas pleurer. Ses mains tremblaient.
- Et si nous ne pouvons rien faire ? demanda-t-elle en baissant les yeux.
Ron prit ses mains dans les siennes pour les empêcher de trembler autant.
- Hé ! Normalement, c'est moi qui dois dire ce genre de choses ! Et toi tu dois répondre – il prit le ton péremptoire qu'elle affectionnait- chaque problème a sa solution. Il suffit de la chercher. D'ailleurs, les prophéties n'ont pas plus de sens que l'existence des Ronflaks Cornus ! Si c'était de l'arithmancie, je ne dis pas… mais une prophétie ! Pfff !
Elle réussit à sourire. Il chercha dans son regard un signe de raffermissement de sa part. Si elle ne reprenait pas confiance, il ne tarderait pas à paniquer aussi.
- Ne me regarde pas, pria-t-elle en se détournant.
- Laisse-moi me convaincre que la froide Hermione Granger est bien humaine, répondit Ron. Pour une fois où tu ne pleures pas à cause de moi…
Il voulait la faire sourire. Elle éclata en sanglots.
- Non ! s'exclama Ron désemparé. Je t'en prie, Hermione ! Bon sang ! Je te jure que je vais faire regretter ça à Harry !
Un nouveau sanglot la secoua et elle cacha son visage contre l'épaule de Ron. Il lâcha ses mains et la serra contre lui. Elle mit ses bras autour de son cou, tandis qu'elle reniflait bruyamment. Ses cheveux sentaient bons et il songea qu'Harry ne méritait peut-être pas sa colère, en fin de compte.
Hermione s'était calmée. Elle s'était mouchée, avait essuyé ses yeux et juré que la prochaine fois, elle aurait le bon goût de s'enfermer dans les toilettes. Ils convinrent qu'ils iraient trouver Harry et lui diraient qu'ils étaient vraiment très inquiets pour lui. Ils tombèrent d'accord sur le fait que Ron parlerait le premier, car Hermione estimait qu'Harry prendrait mieux la chose si cela venait de lui. Elle lui donna quelques conseils cependant, lui rappelant les mots à éviter et notamment l'expression "Hermione pense que…"
Juste avant de quitter la salle de classe, elle mit les mains sur ses joues :
- Je ne suis pas trop rouge ?
Ses yeux étaient rouges ; son nez était rouge ; ses joues étaient rouges ; et elle avait au milieu du front une marque qui représentait le dessin du bouton de col de la chemise du jeune homme. Ron fit une grimace et Hermione fila jusqu'à la vitrine d'une des armoires du fond de la classe. Elle s'en servit comme d'un miroir agita sa baguette Lorsqu'elle revint, Ron ouvrit la bouche de stupéfaction.
- J'ai encore des traces ? s'inquiéta-t-elle. Je ne voyais pas bien dans la vitrine.
Il secoua lentement la tête. Non seulement elle n'avait plus la moindre marque ni la moindre rougeur, mais elle paraissait embellie.
- Comment as-tu fait ça ? interrogea-t-il.
Hermione rougit.
- J'ai utilisé un sortilège de Ginny… avoua-t-elle presque à contrecœur.
- De Ginny ? répéta Ron incrédule. Ma Ginny ?
Hermione hocha la tête. Elle lui fit promettre de ne rien dire.
- C'est un secret entre les filles de son dortoir et elle… Elles les appellent les sortilèges de coquettes.
- Mais, elle n'est qu'en quatrième année ! Et tu n'es pas dans son dortoir !
- Mais elle est mon amie… et elle trouve que je ne suis pas assez coquette. Elle dit que je devrais m'arranger un peu.
- Mais ce ne sont pas ses affaires ! s'exclama Ron presque avec colère. Et qu'est-ce qui t'a pris d'utiliser des sorts d'une fille qui n'est qu'en quatrième année ! Cela ne te ressemble pas ! Tu as plus de prudence d'habitude !
- Ca marchait pour elle et ses amies… je me suis dit que je pouvais m'en servir sans risque…
- Mais… balbutia Ron, si tu t'arranges encore davantage, tous les garçons vont se retourner sur ton passage à la rentrée…
- Et alors ? demanda Hermione.
- Il y en aura forcement au moins un qui viendra te faire le même genre de proposition que t'a faite George…. Et cette fois il ne sera pas sous l'effet d'un sortilège quelconque…
- Et alors ? insita Hermione un peu amusée.
Ron essaya de se raisonner. Il répondit :
- Alors, ton nouveau petit ami n'appréciera peut-être pas l'intérêt que tu portes à Harry !
Il la regardait avec défi. Qu'elle trouve donc quelque chose d'intelligent à répliquer à cela !
- C'est juste, approuva-t-elle. Je veillerai donc à choisir "mon nouveau petit ami" parmi ceux qui portent à Harry le même intérêt que moi !
Elle passa devant lui, retenant un sourire. Et comme il ne bougeait pas, elle revint sur ses pas.
- Allez Ron ! pria-t-elle doucement. Ce sortilège ne dure que quelques heures. Et je te promets de ne jamais l'utiliser à des fins… disons… indécentes. Et puis… qui oserait me faire de quelconques propositions malhonnêtes alors que tout le monde sait que j'ai deux chevaliers servants aussi forts, courageux et grands sorciers que Ron Weasley et Harry Potter ?
Ron n'arriva pas à décider si elle se moquait de lui ou pas.
- Un grand sorcier, moi ? dit-il.
- Plus que tu ne le crois, répondit Hermione.
Elle se mit à rire et l'entraîna à sa suite. Ils remontèrent rapidement jusqu'à la tour de Gryffondor. La grosse dame souffla lorsqu'elle les vit arriver. Elle n'appréciait guère de voir perturber ses vacances. Le panneau bascula.
- Mais… Harry… disait la voix de Neville. C'est un sortilège impardonnable !
- Et alors ? Moi, je lui aurais envoyé un Avada à cette pourriture ! Ou du moins un Doloris !
Hermione retint Ron sur le pas de l'entrée. Il sentit la main de la jeune fille serrer son poignet. Ils écoutèrent de toutes leurs oreilles.
- Pourquoi ne l'as-tu pas fait dans ce cas ? demanda calmement la voix de Neville.
- J'étais trop loin, prétexta Harry. Ensuite, tu as été plus rapide que moi.
Le rire de Neville retentit, un peu triste.
- Tu plaisantes ! Moi ? Plus rapide que Harry Potter ? Non ! Je crois plutôt que tu n'avais pas envie de te mesurer à elle…
- Je la tuerai ! cria Harry.
- Je te la laisse, murmura Neville.
- N'as-tu pas envie de lui faire payer ce qu'elle a fait à tes parents ?
- Sa mort ne changera pas grand-chose pour eux… répondit le jeune Londubat. Et je ne pourrais jamais la tuer. Elle est trop puissante.
- C'est sa folie et sa haine qui lui donnent sa puissance, ragea Harry.
- Oui, approuva Neville. Il faudrait être aussi fou et aussi haineux qu'elle pour la tuer. Es-tu prêt à cela Harry ?
Et comme le jeune homme ne répondait pas, Neville ajouta :
- Pas moi, en tout cas…
Il y eut un silence. Ron allait dire à Hermione d'avancer car la grosse dame soufflait de plus en plus fort, impatiente de refermer son tableau sur eux.
- De toutes façons, reprit la voix de Harry, il se pourrait bien que ni toi ni moi n'ayons à salir nos mains pour elle. Son maître la paiera sûrement lui-même pour ses bons et loyaux services.
- Oui, chuchota Neville. Voici deux fois qu'elle échoue, n'est-ce pas…
Hermione cessa de respirer. Sa main se serra davantage autour du poignet de Ron. Celui-ci se rapprocha pour entendre mieux les voix qui s'étaient faites plus basses. Il dégagea son poignet et prit la main d'Hermione. D'une pression de ses doigts, il interrogea la jeune fille. Elle croisa son regard et lui fit signe d'attendre.
- Non, trois… corrigea Harry. L'autre fois au ministère, non seulement elle n'a pu me tuer, mais elle n'a pu ramener la prophétie et à présent, grâce à toi, elle est perdue pour lui.
- Alors ma maladresse a été une bonne chose… hésita Neville. Même si la prophétie est perdue pour tout le monde…
- Non, répéta Harry. Pas pour tout le monde.
Hermione et Ron croisèrent leurs doigts sans même s'en rendre compte. Ils entendirent l'un des deux jeunes gens bouger dans la salle.
- Mais il y a quelque chose que je n'aime guère, c'est qu'on écoute aux portes ! Ginny descend donc, je t'en prie.
Ron allait soupirer de soulagement lorsque Harry reprit :
- Et vous deux, dépêchez-vous d'entrer ! Que la Grosse Dame referme cette fichue porte pour faire cesser les courants d'air !
Ron se trouva entraîné par la main d'Hermione jusque dans la salle. Ginny arrivait au bas de l'escalier, sans la moindre gêne, à l'inverse de son frère dont les taches de rousseur avaient viré au vert foncé. Hermione avança d'un pas, tirant Ron à sa suite.
- Harry ! commença-t-elle.
Puis elle se souvint de ce qui était convenu avec Ron. Elle le poussa en avant, s'apercevant à l'occasion qu'ils se tenaient toujours par la main. Ron lui lança un regard éperdu. Ils se lâchèrent et Ron se retrouva seul face à Harry et Neville éberlués.
- Harry ! reprit Ron sur un signe d'encouragement d'Hermione. Je ne tournerai pas autour du pot : nous sommes très inquiets pour toi et nous savons que tu nous caches des choses… Nous voulons t'aider, mais nous ne savons comment faire.
Il se tut car il avait dit tout ce qu'il avait à dire. Harry n'avait toujours pas repris la parole. Neville les regardait encore stupéfait. Ron se tourna vers Hermione, comme pour l'appeler à son secours. Elle s'avança jusqu'à lui.
- Nous nous sentons si inutiles… dit-elle d'une toute petite voix.
- Alors vous savez ce que j'ai ressenti toute l'année dernière et ce que je ressens encore… répondit Harry.
Il baissa les yeux. Ron le regardait avec mauvaise humeur.
- Et que crois-tu que nous ressentions ? Nos parents nous traitent comme des enfants et toi tu ne nous fais pas confiance. Après, on s'étonne qu'Hermione en soit réduite à aller satisfaire son besoin de mystère au fond des entrailles de Poudlard…
Harry se mit à rire :
- Parce que c'est ma faute à moi, si vous êtes allés faire les pitres tous les deux dans les sous-sols de l'école !
- Tu ne leur as rien dit de la prophétie perdue ? s'étonna Neville.
- Elle n'est pas perdue ! répliqua Harry avec impatience.
- Est-ce qu'elle est l'arme dont voulait s'emparer Tu-Sais-Qui ? demanda Hermione d'une voix tremblante.
Harry secoua la tête.
- Voldemort voulait s'en emparer parce qu'il n'en connaît qu'une partie. Il pense qu'en apprenant la suite, il aura le moyen de me détruire.
Ron déglutit difficilement. Hermione avait eu raison, une fois de plus.
- Mais… ce n'est pas vrai, intervint calmement Ginny.
Elle quitta la dernière marche des escaliers et s'avança à côté de son frère.
- Cette prophétie ne peut donner à Voldemort aucune indication pour te détruire, n'est-ce pas. Continua la jeune Weasley.
Ron fut ébahi de la facilité avec laquelle sa sœur prononçait le nom de Voldemort. Hermione fixait Harry de toute son attention. Ron était blême. La voix de Neville rompit le silence.
- Grand-mère connaît cette prophétie, dit-il d'une voix pénétrée comme s'il réfléchissait tout haut. Quand je lui ai parlé du soir du Ministère et de la prophétie, elle a poussé un grand soupir et elle a tapoté mon épaule.
- Bien sûr quelle la connaît ! s'écria brusquement Harry. Puisque toi aussi tu étais concerné avant que Voldemort me fasse cela !
Il souleva sa mèche brune d'un geste rageur. Sa cicatrice brûla son front d'un élancement douloureux. La colère. Harry se retint à la table devant lui. Il se força à fermer son esprit. Pas maintenant que la prophétie emplissait ses pensées. Ginny s'avança vers lui, dans un mouvement d'inquiétude. Hermione la rattrapa avant qu'elle ait le temps de s'approcher trop près. Ce fut Ron qui l'empêcha de s'écrouler. Il le repoussa violemment. De toute la force de cette colère qui n'était pas la sienne. Ron recula de quelques pas et revint à la charge. Il tint Harry aux épaules, aussi éloigné de lui que le lui permettait sa haute taille.
- Ca va, Ron !
La voix de Harry était presque joyeuse. Il regarda Neville effaré, à demi levé sur sa chaise.
- Je crois que Bellatrix Lestrange est en train de passer un très mauvais quart d'heure…
A ce moment, sur la table, apparurent des assiettes remplies de sandwiches de toutes sortes. Les jeunes gens hésitèrent. Harry leur désigna la table et se servit lui-même. Il avait presque oublié la faim qui le tenaillait depuis leur retour à l'école. Ron se jeta sur les sandwiches. Quand il en eut avalé quatre ou cinq, il se sentit prêt à écouter les explications de son ami. Il se rendit compte alors que Hermione n'avait pas bougé. Elle observait Harry, debout, seule, au milieu de la pièce. Elle était encore un peu pâle. Ron dut se raisonner pour ne pas éprouver une jalousie qu'il savait injustifiée. Il lui fit un signe, pour l'inviter à venir à table, à côté de lui. Il lui servit un sandwich à la confiture et un verre de jus de citrouille. Elle vint prendre place à table mais ne toucha pas au goûter malgré les efforts de Ron.
- Tout va bien, Harry ? demanda-t-elle, anxieuse.
- Oui, Hermione… Qu'est ce qui te fait croire le contraire ?
- Je me disais juste qu'il était un temps où tu nous aurais réunis de toi-même dans un coin tranquille pour nous raconter tes découvertes… Alors je me demande ce que tu nous caches de si terrible…
Harry remonta ses lunettes sur son nez.
- Tu ne renonces jamais, Hermione…
- Parce que tu renonces, toi, quand tes amis sont en danger ?
Ron lui donna un coup de coude. Une lueur de ressentiment brilla dans les yeux de Harry. Elle s'éteignit bien vite.
- Non, répondit-il en baissant la tête.
Il observa ses amis tour à tour. Ils étaient là pour lui. Il ne pouvait en douter.
- Je suppose qu'il est inutile de vous demander de jurer le secret…
Neville fut le seul à lever la main pour promettre son silence. Ginny lui fit baisser le bras, en lui assurant que personne ne doutait de sa loyauté.
Harry répéta alors les paroles de la prophétie.
- Mais ce n'est pas une arme pour te détruire ! s'écria Ron en riant de soulagement.
- Non ! répondit Ginny en écho. C'est une arme pour le détruire lui !
- A condition de savoir en quoi consiste ce pouvoir que tu as… réfléchit Hermione.
Ron donna une grande claque dans le dos de Neville. Le jeune homme était livide et n'avait pas encore ouvert la bouche.
- Qu'est-ce que tu dis de ça, Neville ! s'exclama Ron. Et cette andouille d'Hermione qui avait réussi à me flanquer la frousse !
Il se tourna vers la jeune fille, prêt à lui faire remarquer qu'elle avait eu tort cette fois. Elle fixait Neville avec inquiétude, comme Ginny et Harry.
- Neville ? dit ce dernier. Qu'est-ce qu'il y a ?
Neville sembla inspirer difficilement :
- Il y a… Il y a… balbutia-t-il… Que si tu n'avais pas zigouillé Tu-Sais-Qui… je serais… mort !
Il se leva brusquement et vint saisir Harry par les épaules.
- Merci, Harry ! dit-il solennellement avant de le serrer contre lui.
- Je n'ai rien fait ! se défendit Harry.
- Tu m'as sauvé la vie ! s'écria Neville.
- J'en suis vraiment heureux, tu sais, répondit Harry, mais je ne l'ai absolument pas fait exprès…!
- C'est égal ! insista Neville qui se rasseyait. Demande moi ce que tu veux et tu l'auras… à condition que ce soit quelque chose que je sois capable de faire.
- Heu… J'y réfléchirai, Neville… dit Harry ravi que son ami ait décidé d'arrêter là les preuves de sa gratitude.
Il y eut un silence qu'Hermione rompit d'un "hum" peu discret. Harry leva les yeux vers elle.
- Je suppose que Dumbledore et toi avez discuté de cette prophétie, dit-elle. Nous savons à présent pourquoi V…ous-savez-qui voulait te tuer. Nous savons à présent aussi pourquoi Dumbledore t'a poussé à faire tes preuves ; nous savons que ce ne sera pas par la magie que tu vaincras…Vous-savez-qui. Ron ! Arrête de me donner des coups de coude chaque fois que je ne prononce pas son nom ! Nous savons que toi seul peut le vaincre, de tes propres mains…
- Nous savons tout cela ? demanda Ron incrédule tandis que Hermione se levait et arpentait la pièce.
- C'est terrible ! frissonna Ginny.
- Mais comment peux-tu être sûre de tout cela ? s'affola un peu Ron sans faire attention à l'intervention de sa sœur.
- Ron ! s'énerva Hermione. Est-ce que tu écoutes quand on parle sérieusement ? Tu ne te souviens pas de ce que nous a raconté Harry : sa baguette et celle de… Voldemort ne peuvent combattre l'une contre l'autre.
- Je lui prête volontiers la mienne, même si cela doit la briser sous le choc…
- Ne dis pas de choses stupides, Ron, s'il te plait ! hurla Hermione au comble de l'agitation. De la main de l'autre ! De la main de l'autre ! Ne comprends-tu pas ce que cela veut dire !
Ron pâlit brutalement et son teint vert ne devait rien aux sortilèges des jumeaux.
- Que je dois devenir comme Voldemort pour pouvoir espérer le vaincre un jour…
Harry regarda fixement Neville qui baissa les yeux. Ron se sentit si mal à l'aise qu'il crut qu'il allait vomir. Ginny était secouée de frissons.
- Et si… et si quelqu'un d'autre essayait de le tuer ? parvint-elle à demander.
- Je l'ignore… répondit Harry. Mais j'ai l'impression que ce ne serait pas très bon pour moi…
- Oui… fit Hermione tout en réfléchissant. Lorsque tu nous as raconté comment le Professeur Dumbledore t'avait protégé de Voldemort au Ministère, je me suis demandée pourquoi il n'avait pas tenté de l'affronter… C'était l'occasion rêvée -Voldemort se trouvait face à lui- occasion qui ne se retrouverait pas de sitôt…
- Tu crois que s'il avait vaincu Voldemort à ce moment-là… Harry serait mort… murmura Ginny.
Elle frissonna une fois de plus.
- Peut-être, dit Hermione, ou peut-être est-ce seulement parce qu'il sait que seul Harry a le pouvoir de vaincre Voldemort… un pouvoir qu'il ignore…
- Mais quel pouvoir ? balbutia Ron. Tout ce qu'Harry sait, Vous-Savez-Qui le sait à la puissance mille…
Harry fit une grimace. Ron avait parfois une de ces manières de balancer les vérités à la figure qui faisait froid dans le dos.
- Dumbledore dit que ce pouvoir que j'ai et que Voldemort ignore c'est…
Harry hésita. Il se sentait un peu ridicule. Tous l'écoutaient avec une attention palpable.
- L'amour… souffla-t-il.
Ron agrandit ses yeux sous la surprise. Neville fronça son nez. Visiblement, il se demandait comment on pouvait vaincre un maître en magie noire avec de l'amour. Ginny fit :"Oh!" et Harry ne voyait pas ce qu'elle voulait exprimer par là. Quant à Hermione, elle rangea cette information dans un coin de sa mémoire.
- Car il pense, reprit Harry, que c'est l'amour que ma mère avait pour moi, et qui l'a poussée à se sacrifier pour me sauver, qui m'a protégé… Que cet amour est toujours vivant en moi et que c'est cela qui vaincra les pouvoirs maléfiques de Voldemort.
- Mais… fit Neville. Comment ?
- Je l'ignore… lui répondit Harry. J'ignore comment, moi, qui n'ai que cinq années d'études de la magie, je pourrais vaincre un mage noir qui la pratique au niveau le plus extrême depuis plus de cinquante ans maintenant. Peut-être devrai-je me sacrifier moi aussi pour vous, comme ma mère s'est sacrifiée pour moi, afin de vous sauver tous de Voldemort…
- Arrêtez de prononcer ce nom ! cria Ron la tête dans les mains.
Il se leva face à Hermione.
- Pourquoi faut-il que tu aies toujours raison ! lui reprocha-t-il violemment.
La lèvre inférieure de la jeune fille se mit à trembler. Elle fit un effort sur elle-même et détourna la tête vers Harry.
- Bien ! fit-elle extrêmement tendue. Nous réfléchirons à cela plus tard, quand nous serons calmés. A présent, Harry, la suite, s'il te plait…
Ron leva les bras au ciel : cela ne lui suffisait donc pas ? Harry lui sourit, d'un sourire en coin. Non, elle ne renonçait jamais. Et il savait que c'était tant mieux pour lui. Il leur parla de ses rêves qui revenaient et notamment de celui concernant le meurtre de Kréattur.
- Et alors ? fit Ron de mauvaise humeur dès que Harry eut expliqué à Neville qui était Kréattur. Il n'a eu que ce qu'il méritait.
Il croisa le regard d'Hermione et la défia durement.
- Alors ? reprit Harry. Pourquoi avait-il besoin de le tuer ?
- Mais qui se soucie d'un vieil elfe à demi fou, grossier, qui passait la moitié de son temps à farfouiller dans les poubelles et l'autre moitié à radoter à voix haute ! s'exclama Ron.
Harry leva la tête vers lui, le visage soudain éclairé.
- Ron ! Tu es génial !
- Moi ? fit le jeune rouquin. Mais… bien sûr !
Il interrogea Ginny du regard. Mais Hermione déjà se frappait le front.
- Les Malefoy ! s'écria-t-elle. Qu'a-t-il vu ou entendu chez les Malefoy qui soit si important que Voldemort s'en inquiète ?
Ron haussa les épaules, prêt à faire à nouveau preuve de ses géniales idées :
- Lucius Malefoy est un Mangemort, tout ce qu'il a pu voir chez lui est compromettant !
- Mais nous savons que Lucius Malefoy est un Mangemort, reprit Hermione avec une patience forcée.
Ron leva les yeux au ciel :
- Ha oui ! J'oubliais ! Nous savons des tas de choses dont nous ne savons que faire…
- C'est ça ! l'interrompit Hermione, l'index levé. Je suis sûre que nous savons déjà ce que Vol… Vous-savez-qui veut nous cacher, corrigea-t-elle tandis que Ron fermait les yeux d'exaspération.
- Quel dommage que nous n'ayons pas les oreilles à rallonge des jumeaux, soupira Ginny. Nous pourrions avoir quelque information supplémentaire que les adultes nous cachent. Je voudrais bien savoir ce que Rogue et Remus se sont raconté tout à l'heure !
Ron se mit à ricaner :
- Tu rêves, petite sœur ! Je suis sûr que Rogue a immunisé son bureau contre toute sorte d'oreilles, à rallonge ou pas !
Hermione se laissa tomber sur le siège à côté de lui.
- Je me demande… commença-t-elle, si tu ne devrais pas laisser Tu-Sais-Qui connaître la prophétie. Il cesserait peut-être de t'envoyer ses Mangemorts…
- D'un autre côté, fit remarquer timidement Neville, ce qu'il ignore à ce sujet l'empêche de se concentrer totalement sur la manière de reprendre le pouvoir.
Hermione approuva d'un hochement de tête.
- Laisse donc l'Ordre s'occuper des Mangemorts et de Bellatrix Lestrange, dit âprement Ron. Nous, nous nous chargerons de la protection de Harry. Si Harry pense qu'il doit cacher la prophétie à… Vous-savez-qui, c'est son droit…
Hermione ne répondit pas tout de suite. Puis elle fit un autre "hum" et Ron murmura "Qu'est-ce qu'il y a encore ?!"
- Cette prophétie… commença-t-elle et Harry sut quelle était la question qu'elle allait poser.
- C'est Trelawney qui l'a faite.
- Quoi ? S'écrièrent Neville, Ron et Ginny.
- Mais elle a aussi prédit le retour de Pettigrew ! défendit Harry.
Hermione leva la main.
- Je n'ai rien dit… Si Dumbledore lui fait confiance…
- Tu n'as plus confiance en Dumbledore ? railla un peu Ron.
Hermione haussa une épaule.
- Ce n'est pas cela, finit-elle par murmurer. Seulement, Dumbledore a beaucoup d'affection pour toi, Harry… et nous savons tous que l'affection que l'on éprouve pour ceux qui nous sont chers peut parfois nous pousser à commettre des erreurs…
Ce fut au tour de Ron de faire des "Hum Hum". Il lui sembla que le fantôme de Sirius venait de flotter parmi eux. Pourtant, le regard que Harry posait sur Hermione n'était pas dur et malheureux. Il paraissait simplement stupéfait par la perspicacité de la jeune fille. Ron se tourna vers Hermione et lui fit un sourire plein de fierté qu'elle ne remarqua pas. Il oublia le ressentiment qu'il avait éprouvé envers elle quelques instants plus tôt à cause des images pénibles qu'elle avait évoquées concernant Harry. Il songea que l'amour qu'il ressentait pour elle était pleinement justifié, car elle était belle, intelligente, généreuse et que ses cheveux sentaient bon la pomme verte.
