Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 13
De la cave au dortoir
Amos Diggory rentrait d'une très longue journée au Ministère. La nuit profilait ses ombres menaçantes sur la campagne qu'il survolait rapidement. Non qu'il lui tardait de rentrer dans sa maison vide à présent que son fil n'était plus là pour l'égayer, mais il n'aimait pas laisser sa femme trop longtemps seule. Elle ne s'était pas encore remise de la mort de Cédric et il craignait qu'elle ne commette quelque acte irrémédiable. Il fut soudain tiré de ses sombres pensées par un long hurlement de mort. Il manqua tomber de son balai puis réalisa qu'il approchait de chez les Weasley. Il soupira de soulagement. Ce devait être Betty, la goule qu vivait dans le grenier du Terrier. Cependant, ce cri avait attiré son attention vers la demeure des Weasley d'où il lui sembla apercevoir des éclairs de lumière. Cela l'intrigua. Il savait Arthur au Ministère pour une bonne partie de la soirée encore. Bill était en mission auprès de Mme Maxime, en France, afin de coordonner la lutte contre Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom. Charlie était reparti en Roumanie depuis deux semaines à présent. Et Arthur avait confié à Amos que Molly ne passait plus de nuits seule à la maison depuis que les jumeaux avaient décidé d'emménager dans leur boutique pour être plus près de leur "affaire". Peut-être avait-elle changé d'avis. Il décida d'aller jeter un œil, afin de voir si tout allait bien. Il fit virer son balai et fonça droit vers le Terrier. Les éclairs se faisaient plus vifs et Betty hurlait de plus belle.
Amos Diggory mit pied à terre dans la cour. Il se précipita, la baguette à la main, vers la maison. Il en vit sortir un groupe de sorciers qui tenaient un corps entravé de cordes et en capuchonné. Il allait hurler un Stupéfix quand des lueurs vertes s'allumèrent dans l'ombre. Il n'eut que le temps de crier : Protego ! Il fut frappé de plein fouet par plusieurs sortilèges. L'un d'entre eux perça la barrière magique et il tomba à la renverse, ses doigts crispés sur sa baguette.
Lorsque Arthur Weasley le trouva le lendemain matin, gisant au milieu des taupinières, il était toujours inconscient mais il vivait encore. Quand il reprit connaissance vingt-quatre heures plus tard, dans la chambre de l'Hôpital Ste Mangouste, la première chose qu'il vit fut son épouse qui pleurait au pied de son lit, et Molly Weasley qui la consolait. Il se redressa brusquement malgré la douleur dans sa poitrine et le cri terrifié de Mrs Diggory.
- Molly ? s'exclama-t-il. Mais qui donc ont-ils emmené ?
Le fond de l'air était un peu plus frais que d'ordinaire comme si un parfum d'automne flottait déjà dans l'été finissant. Ron et Hermione attendaient sur les bords du lac que leurs amis vinssent les rejoindre. Ils se taisaient depuis un moment, Ron n'osant troubler les réflexions d'Hermione. Il était appuyé contre le tronc d'un saule dont les branches leur faisaient de l'ombre.
- Tu n'as pas chaud, Hermione ? finit-il pas demander.
Il prit ses cheveux entre ses mains et releva l'épaisse chevelure brune au-dessus de la tête de la jeune fille. Des boucles courtes restèrent collées à sa nuque en sueur. Elle se dégagea d'un geste agacé. Depuis qu'ils étaient installés, il n'avait pas arrêté de toucher ses cheveux pour enlever des brins d'herbes, pour remettre une boucle en place, pour mesurer leur longueur dans son dos… Il replaça une mèche derrière son oreille.
- Arrête, Ron ! grommela Hermione. Tu m'empêches de réfléchir.
Elle donna une tape légère sur ses doigts qui revenaient à la charge sur son front.
- Mais qu'est-ce que vous avez donc avec mes cheveux, toi et Georges !
Ron rougit.
- Ho ! C'est sans doute parce qu'ils ne sont pas roux… Tu réfléchissais à quoi ? demanda-t-il pour changer de sujet.
Il s'avança un peu et se mit à jeter des petits cailloux dans le lac.
- Arrête, Ron ! Tu vas déranger le calamar…
Il continua malgré tout et elle lui prit la main pour l'en empêcher.
- Cela te plairait d'être dérangé par une pluie de cailloux quand tu fais ta sieste ?
Il dégagea sa main et reprit sa place contre le tronc du saule. Deux jours s'étaient écoulés depuis qu'ils avaient ramené Neville du Chemin de Traverse. Le visage de Ron avait repris une teinte normale et il avait presque oublié les sourires charmeurs de la Vélane sur la photo publicitaire. Il songea cependant avec amertume que la complicité qui s'était installée ce jour-là entre lui et Hermione avait complètement disparu. Elle avait retrouvé ses airs autoritaires à présent qu'un nouveau défi se présentait à elle. Elle ne pensait qu'à la prophétie et au moyen de vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
- Tu réfléchissais à quoi ? répéta Ron.
Il savait quelle serait la réponse et qu'il éprouverait à nouveau ce serrement de cœur intolérable lorsqu'elle lui répondrait "à Harry". Cependant, le silence entre eux lui était insupportable. Que faisaient donc les autres pour tarder autant ?
- Je me disais que nous avons sûrement la solution à portée de main, soupira Hermione.
- Si Dumbledore ne l'a pas trouvée, lui qui a eu le temps de l'étudier des milliers de fois, en un peu plus de seize ans… comment peux-tu espérer que nous la trouvions nous-mêmes.
Il essayait de trouver un ton sarcastique, mais ce fut une phrase désespérée qui sortit de sa bouche.
- Parce qu'elle doit être simple… Les choses les plus simples, nous ne les voyons pas, souvent, car elles sont trop proches de nous. De la main de l'autre, Ron, tout est dans cette phrase…
- Tu diras ce que tu voudras, reprit Ron dubitatif, mais franchement, je ne vois pas Tu-Sais-Qui et Harry se mesurer dans un pugilat effréné pour savoir lequel doit laisser la place à l'autre…
- Moi non plus, soupira Hermione.
Elle remonta jusqu'à la hauteur de Ron, contre le tronc du saule. Elle savait qu'il s'inquiétait pour leur ami bien plus qu'il ne le laissait paraître. Il n'avait pas très bonne mine. Il ne dormait pas très bien. Neville avait cru plaisanter lorsqu'il avait regretté de ne pouvoir partager le dortoir des filles à cause de l'escalier tonitruant, car depuis qu'il était arrivé à Poudlard, entre les cauchemars de Harry et ceux de Ron, il n'avait pu fermer l'œil. Personne ne l'avait cru. Tout le monde savait que Neville avait un sommeil de plomb. Hermione, toutefois, ne voulut pas l'interroger sur la nature de ses mauvais rêves. Ils n'avaient plus reparlé de cette aventure dans les souterrains du château. Elle voyait bien que cela le gênait, à cause sans doute de ces songes qui révélaient la peur qu'il avait ressentie. Elle aussi faisait des rêves, mais leur souvenir au matin s'évaporait. Elle n'éprouvait malgré tout aucune angoisse lorsqu'elle s'éveillait. Bien au contraire, elle se sentait légère et sereine. Et elle ne pouvait en parler à Ron, lui qui se réveillait en proie au plus grand désarroi selon Harry.
- Tu vas bien ? demanda-t-elle avec sollicitude.
- Oui, grogna Ron.
Elle se mit à rire et s'agenouilla à côté de lui. Assise sur ses talons, elle était juste à la hauteur du jeune homme.
- Regarde moi dans les yeux, Ron, et répète ce que tu viens de dire !
Ron tourna la tête vers elle et essaya de ne pas ciller alors qu'il lui assurait qu'il allait bien. Il ne put s'empêcher de rougir sous l'œil perspicace d'Hermione. Pourvu qu'elle ne dise pas "Oh ! Mon pauvre Ron…" Elle fit pire. Elle posa sa main sur sa joue, comme une caresse. Ron se sentit à la fois glacé et brûlant de fièvre. Il repoussa violemment la main d'Hermione et se releva brusquement.
- Ne recommence pas ça ! cria-t-il dans un souffle.
Hermione se releva à son tour, lentement, les yeux fixés sur sa main. Lorsqu'elle croisa le regard désemparé de Ron, le sien était rayonnant.
- Ron ! Tu es merveilleux !
Elle sauta à son cou et lui donna un baiser pour la peine. Elle lui cria de la suivre tandis qu'elle courait vers le château. Ron, les doigts sur ses lèvres, songeait qu'il avait dû dire ou faire quelque chose de suprêmement intelligent. L'ennui, c'est qu'il ne savait pas quoi…
Hermione courait dans les couloirs, les yeux toujours rivés sur la main qui avait touché la joue de Ron ; et si elle ne renversa pas Argus Rusard, c'est que celui-ci lui cria du plus loin qu'il la vit : ON NE COURT PAS DANS LES COULOIRS ! Hermione était si excitée qu'elle ne prêta aucune attention aux imprécations de Rusard. Elle passa devant lui en lui montrant sa main :
- C'est une urgence ! lui cria-t-elle.
Il crut qu'elle lui faisait un geste insultant et il la menaça de la suspendre par les pieds avec les chaînes qu'il entretenait avec tendresse dans l'espoir d'un retour aux châtiments corporels. Hermione hurla le mot de passe du fond du couloir et la Grosse Dame s'empressa de faire pivoter son tableau. Hermione s'engouffra dans la salle commune :
- Harry ! Harry ! J'ai trouvé !
Elle montrait sa main, qu'elle cacha aussitôt derrière son dos.
Le professeur McGonagall l'observait par-dessus ses lunettes carrées.
- Miss Granger ? dit-elle avec surprise.
- Bonjour, Professeur, répondit celle-ci avec aplomb. J'ignorais que vous étiez de retour.
Elle jeta un regard à Neville, de crainte que Minerva McGonagall ne fût venue lui annoncer de mauvaises nouvelles. Celui-ci avait juste l'air un peu plus étonné qu'à l'habitude.
- Miss Granger, je doute que mon retour vous empêche de n'en faire qu'à votre tête… Et puisque nous parlons d'écervelé… Savez-vous où se trouve Mr Ronald Weasley ?
- Il arrive, Professeur McGonagall…
La voix de Rogue fit sursauter Hermione. Le professeur Rogue sortit de l'ombre de la fenêtre. Son visage était sombre.
- Je vous ai dit que les Weasley sous ma protection….
Hermione vit Harry lever un sourcil. Lui aussi avait du mal à considérer la surveillance du professeur comme une protection.
- Je sais, Severus, l'interrompit le professeur McGonagall. Albus m'a demandé de vérifier par moi-même… Je ne doute aucunement de l'attention que vous portez aux jeunes gens qui vous sont confiés… et vous vous acquittez de votre mission avec beaucoup de constance, car la tâche n'est pas facile, je dois l'avouer.
Hermione baissa la tête. Pourvu que Ron se dépêche d'arriver, que McGonagall lui dise ce qu'elle avait à lui dire et qu'elle puisse parler à Harry. Ron arriva quelques minutes plus tard, l'esprit dans les nuages.
- Oh ! fit-il devant tous les yeux fixés sur lui. Qu'est-ce que j'ai fait ?
Il interrogea ses amis du regard. Ginny paraissait perplexe. McGonagall se posta devant lui, le visage sérieux et les lèvres pincées. Ron sentit une vague inquiétude s'insinuer en lui.
- Avez-vous des nouvelles de vos frères, Ronald ?
- Pas depuis quelques jours, Professeur…
Il essayait de capter l'attention de Harry. Avait-il fait un rêve… ?
- Fred et George ne vous ont pas avertis d'une quelconque intention de revenir dans votre demeure…
- Fred et George ne m'avertissent jamais de leurs intentions, Professeur. Ne sont-ils pas à Londres ?
- Ils y sont, Ronald, ils y sont ! le rassura le Professeur McGonagall. Et William est bien en France. Charlie en Roumanie. Vos parents… où ils doivent être…
- Mais, alors ? Pourquoi…. ?
Ron lançait des regards désespérés à tout va.
- Il semblerait que quelqu'un se soit fait enlever dans votre maison, il y a deux jours…
Ron fixait le professeur McGonagall sans comprendre.
- Et Percy ? demanda Ginny d'une petite voix.
- Percy ne met plus les pieds à la maison, rappela sèchement Ron.
- Votre père lui a fait passer un message par le Ministère, Ginevra, répondit McGonagall. Il n'a pas encore eu de réponse. Mais comme votre frère refuse de parler à Arthur, il ne sait pas s'il ne veut pas répondre ou s'il ne le peut pas. Il est en train de s'en assurer…
- Il est en train de s'en assurer… répéta Ron, livide.
A ce moment, Remus Lupin pénétra dans la pièce.
- Albus veut vous voir d'urgence, Severus, dit-il.
Et tandis que Rogue quittait la salle de Gryffondor avec empressement, il ajouta à l'intention de Minerva :
- Percy n'a pas paru au Ministère depuis avant-hier soir.
Ginny mit la main sur sa bouche, alors que Ron bousculait le professeur McGonagall et Neville pour courir aux toilettes.
Il faisait noir. Il était couché à même le sol, les mains attachées dans le dos et les pieds encore entravés par le maléfice. Ses mâchoires commençaient à retrouver leur mobilité. Pas assez cependant pour hurler à ces deux imbéciles de Fred et George toute la fureur dont il était capable.
La douleur autour de ses orbites et à la naissance du nez lui fit prendre conscience qu'il portait un bandeau sur ses lunettes. Cette fois, ils étaient allés trop loin. Beaucoup trop loin.
- Bred ! Gorge ! Dédagez-boi dout de duite.
Le silence lui répondit. Il ne savait depuis quand il était ici. Tout ce dont il se souvenait c'était être entré dans le Terrier vide et sombre, décidé à attendre Fred et George pour leur dire sa façon de penser. Ensuite, il y avait eu des éclairs rouges et il avait cru à un autre piège, comme dans leur fichue arrière-boutique. Il n'avait plus pu bouger. On lui avait mis un sac sur la tête et il avait perdu sa baguette. Puis il avait reçu un coup sur le crâne.
Les gargouillis de son estomac lui disaient qu'il était là depuis longtemps. Vingt-quatre heures, peut-être plus. Sûrement plus. Et qu'est-ce que c'était que cette odeur ? Où donc les jumeaux l'avaient-ils emmené ? Et qu'allait-on dire au Ministère lorsqu'on constaterait son absence inexcusée ? Il serait renvoyé, c'était certain. C'était donc cela que ses deux bons à rien de frères avaient comploté : son renvoi du Ministère !
- Fred ! George ! hurla-t-il, constatant par la même occasion que l'effet du sortilège se terminait.
Il y eut un bruit de porte et des pas s'approchèrent.
- Ha oui ! Il est réveillé !
Percy sentit qu'on le soulevait par le col.
- Qui êtes-vous ? couina-t-il. Si c'est Fred et George qui vous ont commandé de m'enlever, sachez que je suis un agent du Ministère et que vous vous exposez à de graves ennuis ! Je ne sais pas ce que Fred et George vous ont promis, mais…
- La ferme ! lui cria au visage l'inconnu.
Il le posa rudement sur une chaise qui craqua dangereusement.
- Mais enfin ! Que voulez-vous ? gémit Percy apeuré.
Il écoutait de toutes ses oreilles. Des pas ! Plusieurs personnes.
- Fred ! George ! Allez, les gars ! D'accord, on oublie tout et on recommence ! Hein ? D'accord ? Répondez, quoi !
Un rire lui répondit. Un rire étrange qui le figea. Un rire grinçant et terriblement ironique.
- Tiens ! Tiens ! Tiens ! Qui m'avez-vous amené là ? Ne serait-ce pas ce bon vieux Percy ?
La voix était inconnue au troisième fils des Weasley. Pourtant celui qui parlait semblait, lui, le connaître.
- Alors, Percy, on est moins fier. On ne regarde plus les gens de haut !
- Je vous regarderais peut-être de haut si je pouvais vous voir ! répondit Percy avec morgue, mais la voix tremblante tout de même.
Il sentit qu'on lui tirait les cheveux sur l'arrière du crâne. Le bandeau tomba sur ses genoux. Percy cligna des paupières. Il y avait peu de lumière, pourtant elle lui fit mal aux yeux. Ses lunettes en écailles de dragon étaient tordues. L'un des verres était fendu. Il s'habituait à cette demi obscurité traversée de lueurs vives. Il voyait des ombres, deux ou trois ; et une silhouette devant lui, penchée, presque difforme.
- Bien, Percy, à présent, passons aux choses sérieuses…
La voix se fit menaçante et Percy vit briller devant ses lunettes brisées l'éclair de l'argent.
- Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien vouloir à Percy ?! criait Ron en arpentant le dortoir des garçons à grands pas nerveux. Tout le monde sait qu'il est à côté de la plaque ! Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien lui vouloir…
Les autres le laissaient gesticuler sans un mot. Neville, Ginny et Hermione se serraient les uns contre les autres, assis sur le lit du jeune Londubat, comme pour faire bloc face à la violence de leur frère et ami. Harry se balançait au milieu de son lit, le menton sur ses genoux repliés et les bras autour de ses jambes.
- Peut-être veulent-ils le recruter… hasarda Neville.
Ron ricana :
- Percy en Mangemort ! Ha ! Ha ! Voilà qui serait fort drôle ! Ce serait transgresser bien trop de règlements ! Et sa carrière, vous n'y pensez pas ! Non ! Non ! D'ailleurs, il ne croit pas au retour de… Vous-Savez-Qui…
- Et puis Rogue a dit que les Mangemorts n'avaient rien à voir… commença Hermione.
Ron lui fit face, brutalement :
- MAIS QU'EST-CE QU'IL EN SAIT ROGUE ?! Hurla-t-il. ET DEPUIS QUAND ON LUI FAIT CONFIANCE A ROGUE ?
- Mais, balbutia la jeune fille, Dumbledore lui fait confiance…
- DUMBLEDORE ! continua Ron sur le même ton. QU'EST-CE QU'IL FAIT DUMBLEDORE ? IL S'EN FICHE DE PERCY ! ET VOUS AUSSI VOUS VOUS EN FICHEZ !
- Ce n'est pas vrai, Ron, essaya de le calmer Ginny. Hermione a raison : ce n'est pas Percy qu'ils voulaient. C'était un Weasley…
- PEUT-ETRE ! MAIS C'EST PERCY QU'ILS ONT PRIS ! ET… ET PEUT-ETRE EST-IL DEJA MORT PENDANT QU'ON PERD DU TEMPS…
- Et que veux-tu que nous fassions, Ron ?
Ron fit volte-face. Harry s'était levé et le fixait avec gravité. Le cœur du plus jeune des fils Weasley se mit à battre la chamade. Jamais les mots ne franchiraient ses lèvres.
- Tu… Tu… toi, tu pourrais savoir ce qu'il mijote…
D'un bond, Hermione fut aux côtés de Ron :
- Tu ne peux pas lui demander cela !
Ron ne la regarda pas.
- Tu n'as pas le droit de lui demander cela ! scanda à nouveau Hermione d'une voix suraiguë.
Ron se tourna violement vers elle. Soudain, surgi de nulle part, Pattenrond fut entre eux, le dos hérissé et la moustache frémissante.
- Je l'ai fait… et je n'ai pas trouvé de trace de Percy dans l'esprit de Voldemort.
La voix d'Harry glaça Ron. Hermione battit des cils comme si elle allait tourner de l'œil.
- Tu as fait quoi ? demanda Neville.
- Il est allé dans l'esprit de Voldemort pour trouver ce qu'il avait fait de notre frère, expliqua lentement Ginny.
- Tu… Tu n'as rien trouvé… bégaya Ron.
Harry secoua la tête.
- Mais quand as-tu fait cela ? demanda à son tour Hermione.
- Quand vous vous êtes assoupis…
- JE NE ME SUIS PAS ASSOUPI ! cria Ron. Et puis qu'est-ce que j'en ai à faire de ce traître de Percy ? Je m'en fiche !
Il courut à son lit et tira le rideau du baldaquin pour se cacher à ses amis. Pattenrond sauta sur la couverture et on entendit la voix étranglée de Ron qui priait Hermione de rappeler sa saleté de chat.
- Pat… murmura la jeune fille sans conviction. Tu sais, Ron, il veut juste te consoler…
- Je n'ai pas besoin d'être consolé ! dit encore la voix désemparée du jeune homme. Il me déteste ! Il allait me sauter à la gorge il y a un instant.
Hermione soupira. Il ne conviendrait jamais que c'était lui qui était prêt à sauter à sa gorge à elle quelques minutes plus tôt…
- Pourtant Mr Diggory a assuré que c'étaient bien des Mangemorts qu'il a vu sortir de la maison… réfléchit tout haut Ginny.
- Peut-être, avança Hermione prudemment, qu'ils agissaient pour leur propre compte… afin de plaire à leur maître.
- Tu penses à Bellatrix Lestrange ? demanda Neville;
Il fit une grimace que les autres répétèrent malgré eux.
- Si c'est Bellatrix Lestrange qui a commandité l'enlèvement de ton frère, je ne donne pas cher de Percy…
Un drôle de bruit étouffé parvint du lit de Ron.
- Je ne crois pas, se hâta de dire Hermione d'une voix assurée.
- Pourquoi ? demanda Neville. Elle a déjà échoué deux fois, elle aura à cœur de regagner la confiance de son maître…
- Parce qu'au moment où Mr Diggory dit qu'il a vu les Mangemorts, Harry lui nous assure que Bellatrix Lestrange était en train de passer un mauvais quart d'heure…
Neville ouvrit de grands yeux stupéfaits. Harry ferma à demi les siens.
- Elle n'avait pas besoin d'être sur place, objecta Ginny.
- Bien sûr, acquiesça Hermione en reprenant sa place d'un air un peu suffisant… mais ce genre d'embuscade se prépare à l'avance et Bellatrix Lestrange ne doutait sûrement pas de sa réussite au Chemin de Traverse.
Il y eut un silence, même plus troublé par les reniflements de Ron derrière son rideau.
- Mais, alors ? Qui ? Interrogea Neville.
Personne n'avait de réponse. Pattenrond sauta du lit de Ron et se mit en chasse dans les coins de la pièce.
- En tout cas, c'est quelqu'un qui sait que les Weasley me portent un intérêt assez fort, murmura Harry.
- Tu crois qu'on a enlevé mon frère pour te forcer à réagir et sortir de ta cachette ? s'inquiéta Ginny.
- Plutôt pour obtenir des informations sur l'endroit où Dumbledore cache Harry, répondit Hermione avec assurance.
- C'est ce qui m'inquiète, grimaça Harry. Lorsqu'ils verront que Percy ne leur est d'aucune utilité…
- Et ils s'en apercevront très vite…. Intervint Ginny.
- Est-ce que vous croyez que les Malefoy….
Harry interrompit Neville.
- Lucius est encore en prison.
- Il reste sa femme, dit Neville d'un air peu convaincu.
- Alors il ne reste que Bellatrix Lestrange… soupira Ginny.
Hermione secoua obstinément la tête.
- C'est trop subtil pour elle. Des heures de surveillance, à l'insu même de Vous-Savez-Qui… une opération menée au crépuscule… aucune revendication… non ! Bellatrix Lestrange œuvre au grand jour. Elle se vante de ses exploits. Elle crie la gloire de son maître. Elle ne se cache pas. Elle n'agit pas pour son propre compte. Et comme Harry l'a souligné, celui qui a organisé tout ceci connaît non seulement les Weasley, mais aussi les liens qui les unissent à sa personne. Il doit aussi être assez proche de son maître pour prétendre parler en son nom et pour que les Mangemorts lui obéissent sans poser de questions…
Harry remonta ses lunettes sur son nez. Une vision s'imposait à lui au fur et à mesure que Hermione parlait. Une vision si désagréable et abjecte qu'il ne pouvait prononcer le nom qui lui venait à l'esprit. Ce fut Ron qui bondit hors de son lit en hurlant :
- Croûtard !
- Pettigrew ! murmura Harry avec dégoût.
- Je croyais qu'il était mort, dit Neville.
- Non, répondit Harry d'une voix blanche. Il a trahi mes parents, il a fait accuser Sirius à sa place, ils s'est caché sous la forme d'un rat durant douze ans et il a rejoint son maître pour devenir son plus fidèle serviteur il y a deux ans.
Cela le soulageait de parler ainsi de cet infâme personnage.
- Je croyais que son plus fidèle serviteur était Bellatrix Lestrange, fit Neville. Et j'ignorais que les rats et les serpents faisaient bon ménage…
- Il faut trouver Croûtard ! répétait Ron fébrilement. Il faut trouver Croûtard ! Ensuite on n'aura qu'à aller chercher Percy et je me ferais un plaisir d'entendre ses excuses puisqu'il ne pourra plus nier le retour de Vold…
Il frisonna si violement qu'il se mordit la langue. Il retint un juron et se précipita vers Hermione, qui se poussa vers Neville, dans un geste effrayé.
Ron repoussa sa sœur pour prendre sa place. Il s'assit à côté d'Hermione et saisit ses deux mains.
- Réfléchis, Hermione ! la pria-t-il instamment. Je te jure que si tu nous trouves où il se cache, je laisserai Pattenrond croquer ce sale petit rat…
- Vraiment, fit la jeune fille d'un air pincé. Tu ne le traiteras pas d'assassin cette fois ?
Elle dégagea ses mains avec quelque difficulté.
- Je ne sais pas où se cache Pettigrew. Je crois que nous devrions en parler au Professeur McGonagall. L'Ordre a davantage de moyens que nous de savoir où il peut être.
Ron ricana :
- Et tu crois qu'ils vont nous prendre au sérieux ?
Il se leva devant elle.
- Tu n'as pas envie d'aller délivrer Percy de ses ravisseurs. Tu voudrais qu'ils le torturent et lui fassent regretter tout le mal qu'il a fait à Maman, qu'il nous a fait à nous tous…
Ginny posa la main sur le bras de son frère.
- Ron ! Calme-toi ! Hermione n'est pour rien…
- Elle refuse de nous aider !
- Ronnie, Percy est comme il est, mais il est notre frère. Personne ne peut te reprocher de continuer à l'aimer malgré tout. Et personne ne pourra te reprocher de le pleurer si jamais…
- Il n'est peut-être pas trop tard, dit rapidement Hermione. Allons trouver le professeur McGona…
Elle se tut devant le regard courroucé de Ron.
- Si seulement nous savions où il peut se cacher ! ragea Harry.
- Les membres de l'Ordre le sauraient peut-être, insista Hermione.
- Non, dit brusquement Harry. Ils le chercheraient auprès de Voldemort et c'est loin de lui qu'il doit cacher Percy…
- Pourquoi ? risqua Ron.
- Parce qu'il veut récolter toute la gloire pour lui seul, Ron. Réussir à ramener Harry Potter à son maître, comme un cadeau, au nez et à la barbe de cette harpie de Bellatrix Lestrange.
Il sourit à Hermione.
- Aurais-tu une idée de l'endroit où il se cache ?
- Il ne peut se cacher que dans un endroit déserté, ignoré de Tu-Sais-Qui et suffisamment familier pour lui donner une impression de sécurité.
Ron retint son souffle. Elle était stupéfiante. Et pourtant la colère le disputait à l'admiration. Pourquoi répondait-elle à la demande de Harry alors qu'elle avait refusé lorsqu'il l'avait suppliée de l'aider à sauver son frère ?
- La maison de sa mère !
Harry réfléchissait à toute vitesse. Sa mère qui avait reçu le doigt arraché de Peter et qui était morte peu après. Oui, bien sûr, Voldemort était bien revenu dans la maison de ce père qu'il haïssait. Peter Pettigrew ne pouvait que suivre les traces de son maître. Son excitation fit soudain place au désarroi. Il ignorait où se trouvait cette maison. Et il n'avait aucun moyen de le savoir…
- Il faudrait que quelqu'un fouille dans les archives du Ministère… soupira Neville. Ils doivent avoir son adresse puisqu'ils ont envoyé le doigt à sa mère…
Hermione tordit plusieurs fois sa bouche.
- Oui, Hermione ? fit Ginny pour l'encourager.
- Il faut demander à Luna…
Ron tourna les yeux vers Hermione. Etait-elle devenue folle ?
- Il faut lui demander de chercher dans les archives du journal de son père.
- Hermione ? l'appela doucement Ron. Le Chicaneur est un journal à potins… C'est du père de Luna Lovegood dont tu parles… Tu sais cette fille qui croit que les Ronflaks cornus existent…
- Je sais ! trancha sèchement Hermione. Mais la mort de Peter Pettigrew est un évènement qui n'est pas passé inaperçu aux yeux du Chicaneur. Il suffit que nous ayons un indice pour nous permettre de chercher plus loin…
- Et comment vas-tu t'y prendre ? demanda ironiquement Ron. Crois-tu que Rogue va nous laisser envoyer un message du genre : Luna fouille donc dans les archives du Chicaneur pour nous dégotter l'adresse de cette bonne vieille Mrs Pettigrew que nous allions arracher Percy Weasley des griffes de son monstrueux fils…
- Ca, c'est ton problème Ron. Percy n'est pas mon frère, et ainsi que tu me l'as opportunément rappelé, je ne l'ai jamais beaucoup aimé. Je trouve d'ailleurs que je t'ai un peu trop mâché le travail.
Elle appela Pattenrond et quitta le dortoir, le visage fermé. Harry leva les bras au ciel.
- On a besoin d'elle, Ron !
Il fit signe à Ginny de suivre la jeune fille pour lui faire changer d'avis.
- Venez vous deux, commanda-t-il à Ron et Neville, interdit.
Il descendit à la suite de Ginny. Neville regarda Ron, immobile à quelques pas de lui.
- Qu'est-ce qui se passe entre Hermione et toi, Ron ?
- Rien, grogna Ron.
Neville croisa les bras :
- Je ne suis pas tout à fait stupide, tu sais…
Ron soupira fortement.
- Laisse tomber Neville…
- Comme tu veux, Ron… dit Neville en se levant. Mais si j'étais toi, je changerais de tactique.
- Et tu ferais quoi ? demanda Ron.
- Tout dépend de ce que tu cherches…
- Je ne voudrais surtout pas gâcher notre amitié, soupira Ron à nouveau.
- On ne peut pas tout avoir, répondit Neville. Et parfois, il faut se résoudre à faire des choix et prendre des risques. Comme au Quidditch, quand tu es allé marquer ces buts au risque d'en prendre toi-même quelques uns et entendre les Serpentard chanter cette horrible chanson…
- Hermione vaut quand même mieux qu'une partie de Quidditch, murmura Ron, tout en se demandant si c'était bien lui qui prononçait ces mots.
- Je ne te le fais pas dire, approuva Neville. Alors tu pourrais peut-être te montrer un peu plus gentil avec elle. Tu n'es pas le seul garçon au monde, et tu as un caractère épouvantable.
Neville agita son index comme pour souligner ce qu'il venait de dire. Puis il prit les escaliers qui menaient à la salle commune. Ron resta seul. Un caractère épouvantable ? Lui ? qui était la patience et la délicatesse mêmes ! C'était elle qui était insupportable et qui prenait la mouche pour un rien ! Mais qu'est-ce qui lui avait pris de demander des conseils à Neville ? Cette fille allait le rendre fou ! Elle avait failli lui faire oublier Percy. Il se mit à sourire pour lui-même. Neville ! Conseiller du cœur ! Fallait-il être désespéré pour s'adresser à lui ! Il commença à descendre pour rejoindre les autres. Qu'allait-il bien pouvoir mettre dans cette fichue lettre pour que Luna comprenne ce qu'ils voulaient sans attirer l'attention des professeurs ? Il n'avait pas l'amorce du début d'une seule idée quand il arriva dans la salle. Hermione était attablée, tous les autres autour d'elle, et traduisait en runes le texte qu'elle destinait à Luna Lovegood.
