Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 14
A la rescousse
La main de métal s'ouvrait et se fermait, menaçante, devant le visage horrifié de Percy. Tout au bout de cette main terrifiante, il y avait un être que le jeune Weasley n'avait jamais vu. Il était petit et contrefait. Sa figure surtout inspirait à Percy un profond dégoût mêlé de crainte. Ses petits yeux perçants le fixaient toujours et son nez froncé sur deux proéminentes incisives lui donnaient l'air d'être prêt à mordre. Des tics retroussaient sa lèvre supérieure et lui faisaient un masque grimaçant digne des gravures maudites des livres de magie noire.
- Qui êtes vous ? glapit Percy.
- Tu ne me reconnais pas, Percy ? fit la voix doucereuse. Nous avons pourtant passé ensemble plusieurs longues années. Mais je n'étais pas assez bien pour toi, hein Percy ? Le grand Percy Weasley s'est dépêché de refiler à son petit frère le sale petit rat indigne de son rang de Préfet… Le bel Hermès convenait mieux à son image… Cette sale bête a manqué me croquer pour son dîner à peine était-il entré dans la place. Tu vois, Percy, continuait le personnage en se rapprochant, quand j'ai vu que c'était toi que ces imbéciles m'avaient ramené, j'ai été un peu déçu… Ton petit frère Ron aurait pu me donner bien plus de renseignements que je ne pourrais en tirer de toi. Mais j'aurais éprouvé beaucoup de peine d'être obligé de lui faire mal. Car il m'aimait bien, lui. En tout cas, il n'avait pas honte de moi et il ne me méprisait pas. Oh oui, j'aurais été très malheureux de devoir le faire souffrir. Mais avec toi, Percy… je sens que je vais très bien m'amuser…
- Croû… Croûtard ? risqua Percy d'une voix blanche… Ron n'avait pas menti… ?
- Le petit Ron n'a pas menti, reprit l'homme. Et je suis Peter Pettigrew pour toi, Percy. Allons, épargne mon temps et tes souffrances, mon garçon. Apprends moi ce que mon maître veut savoir : où est ce petit idiot d'Harry Potter ?
- Je… Je ne sais pas ! cria Percy. Je n'ai rien à voir avec cet individu. Je suis un agent du Ministère et vous vous exposez à de graves ennuis si vous vous obstinez à me retenir contre ma volonté !
- Tss ! Tss ! Tss ! grimaça Pettigrew. Tu as toujours autant de mal à comprendre les choses les plus évidentes, mon petit Percy. Il va falloir t'expliquer…
Il fit un geste à l'un des Mangemorts encapuchonné et celui-ci leva sa baguette.
- Endoloris !
Percy sentit la douleur parcourir son corps comme une vague ininterrompue. Attaché sur la chaise, il ne pouvait même pas se tordre de douleur. Aucun son ne sortait de sa bouche ouverte.
Pettigrew leva à nouveau la main et le Mangemort rompit le sortilège. La douleur ne quitta pas Percy pour autant.
- Voyons si ce jeune homme sera plus coopératif à présent… Percy ? Où est Harry Potter ?
- Je ne sais pas ! assura Percy quand il put parler. Je n'ai aucun contact avec lui ni même avec ma famille depuis plusieurs mois… j'ignore tout de Harry Potter.
- Tu n'es pas raisonnable, Percy. Le maître des ténèbres ne va pas être content… et nous savons tous ce que cela signifie, n'est-ce pas Percy…
Des gouttes de sueurs perlèrent au front du jeune Weasley. Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom… C'était impossible… Il vit deux baguettes se lever. Il ferma les yeux. Il voulait hurler mais il ne le pouvait pas. Un violent soubresaut le jeta à bas de la chaise. Il ne sentit pas le choc de sa chute. Il se tortillait à présent sur le sol humide. Il n'avait conscience que de la douleur qui allait lui faire exploser le cerveau.
Le professeur Rogue examinait la lettre que lui avait remise Rusard. Ce dernier se tenait devant lui et Ginny Weasley, l'air satisfait de celui qui a rempli sa mission. "Chère Luna, j'ai hâte de te voir à la rentrée. Je suis désolée que tu n'aies pu partir à la recherche des Ronflaks cornus avec ton père. Mais je suis sûre que ce n'est que partie remise…
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Ronflak cornu, Miss Weasley ? demanda Rogue soupçonneux.
- C'est la marotte de Luna, Professeur, lui répondit Ginny avec un sourire indulgent.
- Miss Lovegood… fit Rogue avec une moue de mépris.
Il parcourut le reste de la lettre." J'ai enfin trouvé l'énigme des runes du dernier exemplaire du Chicaneur que tu m'as envoyé." Suivait la retranscription de la dite énigme en runes qu'il survola distraitement ainsi que sa traduction qui évoquait des Ronflaks cornus.
- Des ronflaks cornus ! renifla Rogue.
Il tendit la lettre à Ginny. Rusard parut déçu.
- Merci, Mr Rusard… dit Rogue. Vous pouvez laisser cette jeune personne envoyer sa lettre.
- Vous êtes sûr, Professeur ? regretta le concierge.
Rogue leva un sourcil.
- Parfaitement sûr, Mr Rusard… Mais continuez à faire votre office avec votre diligence coutumière. Et veillez surtout sur Miss Granger…
- Oh celle-là, je l'ai à l'œil ! murmura Rusard en quittant la pièce.
Rogue laissa tomber un regard peu amène sur Ginny.
- Vous désirez, Miss Weasley ?
- Avez-vous des nouvelles de Percy, Monsieur ? demanda Ginny, la voix tremblante.
- Non, fit Rogue sur un ton un peu trop sec pour être naturel. Mais je vous assure que chacun fait de son mieux. Et si personne n'interfère dans les affaires de l'Ordre, je suis sûr que nous retrouverons votre frère dans les plus brefs délais…
- Oui, Monsieur, murmura Ginny, les yeux baissés.
Elle quitta le bureau de Rogue et courut à la volière où Hermione l'attendait. Elles glissèrent dans la lettre déjà vérifiée par Rogue un autre feuillet plus explicite ainsi que des instructions pour que la réponse de Luna passe également le barrage d'une censure éventuelle.
- J'espère que ça va marcher ! soupira Ginny les doigts croisés, alors que le hibou s'éloignait à tire d'aile.
- S'il y a quelque chose à trouver, Luna le trouvera, tu peux en être certaine… assura Hermione.
Elles redescendirent lentement, peu pressées de retrouver la mauvaise humeur de Ron. Il ne s'était pas privé de donner son avis sur l'utilité de faire appel à Loufoca Lovegood. Hermione n'avait rien osé dire de peur d'envenimer les choses. Harry s'était tu, le visage fermé. Ginny s'était contentée de soupirer très fort. Curieusement, ç'avait été Neville qui l'avait prié, poliment mais fermement, de cesser de critiquer la jeune fille et de cesser de l'appeler Loufoca.
L'attente commença, trop longue. Chaque aile qui apparaissait dans le ciel faisait battre leur cœur un peu plus vite. La fébrilité de Ron ne cessait d'augmenter. Hermione ne lui parlait plus et seul Pattenrond s'obstinait à vouloir lui apporter un peu de réconfort. Ginny essaya de ramener son frère à de meilleurs sentiments. Elle lui apprit qu'elle avait eu des nouvelles de Dean et que celui-ci lui avait dressé la liste des présents que les moldus faisaient à l'élue de leur cœur.
- Qu'est-ce que tu veux que cela me fasse ? lui avait-il répondu sèchement.
- On sera bientôt en septembre… lui rappela sa sœur.
- Et alors ?
- Ron, tu es un idiot qui ne sait pas ce qu'il veut ! Et franchement, si j'étais Hermione, je laisserais tomber !
Elle tourna les talons, alors que Ron se retournait vers elle :
- Laisser tomber quoi ?
Il la suivit jusqu'à la cabane de Hagrid où Harry et Neville se trouvaient. Le géant n'était pas chez lui. Ils savaient cependant qu'il avait fait de brèves apparitions à Poudlard. Ils n'avaient pu lui parler mais il leur avait fait passer un mot plein de fautes d'orthographe pour leur demander de nourrir Crockdur durant son absence qui devait se prolonger. Hermione arriva en courant.
- Désolée, leur dit-elle, essoufflée. Rusard me colle aux semelles depuis que Rogue lui a demandé de me surveiller. J'ai dû feinter pour quitter le château.
La cabane de Hagrid était en effet le seul endroit de l'école où ils pouvaient parler en toute sécurité, loin des oreilles indiscrètes de Rusard et sa Miss Teigne, ainsi que de ce voyou de Peeves.
- Je n'ai entendu personne se plaindre de ton absence, se moqua Ron.
Harry lui jeta un regard désabusé.
- Que voulais-tu nous dire, Hermione ? demanda-t-il.
A ce moment, plusieurs hiboux s'annoncèrent. Ils portaient une petite caisse qu'ils déposèrent devant Harry.
- Les bombabouses pour Peeves ? supposa Ginny.
Les hiboux repartirent aussitôt.
- Si j'étais toi, Harry, j'attendrais la rentrée pour dire à Peeves que son cadeau est arrivé. Sinon, Rusard aura beau jeu d'accuser l'un d'entre nous… avertit Hermione.
- Beau conseil de Préfète ! railla Ron
- Ex préfète, tu veux dire, soupira Hermione d'un ton lugubre.
- Tu n'as qu'à t'en prendre à toi-même…
- Je ne m'en prends à personne d'autre, répliqua Hermione.
Harry leva les yeux au ciel.
- Alors, Hermione ? brusqua-t-il. Qu'est-ce que tu avais de si important à nous dire ?
Hermione prit une grande inspiration :
- Je crois que j'ai trouvé le moyen de vaincre Voldemort, dit-elle très vite.
Le silence lui répondit.
- De la main l'un de l'autre, continua-t-elle. Cela veut dire exactement ce que cela veut dire. Harry, Voldemort ne peut supporter le contact, mais toi tu le peux ! Souviens-toi de la manière dont tu as vaincu Quirrell !
Harry leva les mains jusqu'à son visage. Il se rappelait parfaitement l'effet qu'elles avaient provoqué sur le professeur Quirrell. Mais il secoua la tête, tristement.
- Non, Hermione, dit-il à regrets. Il supporte mon contact à présent qu'il a repris forme quasi humaine. Il peut me toucher sans risquer de perdre la vie. Je suppose qu'en prenant mon sang, il a aussi pris la protection que ma mère m'a donnée.
Hermione ne cessait de sourire pourtant.
- De l'extérieur peut-être…
Harry la regardait complètement interdit.
- Je ne comprends pas, se décida-t-il à dire.
- Réfléchis, Harry, chuchota Hermione. Tu nous as raconté qu'il t'avait possédé ce soir-là au Ministère et qu'il n'avait pu te contrôler tout à fait… que tu l'avais expulsé de ton corps et de ton esprit… Il ne peut supporter ton contact indéfiniment…
- Oui, sans doute, dit-il. Mais crois-tu qu'il me laissera l'approcher suffisamment et garder le contact assez longtemps pour le blesser mortellement ?
Hermione secoua la tête lentement. Il ne voyait où elle voulait en venir. Il se rappela la lutte de Voldemort à l'intérieur de lui, ce soir-là au Ministère. Il l'avait laissé épuisé, mais le Seigneur des Ténèbres, lui aussi avait souffert. Il lui avait fallu toute sa puissance pour lui imposer sa volonté, sans y parvenir vraiment. Harry déglutit deux ou trois fois. Il secoua la tête à son tour, très vite.
- Non Hermione, c'est impossible… Je ne peux pas faire cela. Je ne sais pas le faire… C'est de la magie noire d'un niveau terrifiant…
- Quoi ?! fit Ron excédé de ne rien comprendre.
- Elle veut qu'Harry prenne possession de V..Voldemort, murmura Ginny, pâle et défaite.
Ron se tourna vers Hermione, hagard.
- Elle est folle !
Harry remonta ses lunettes sur son nez :
- Dans l'absolu, je suppose que non, répondit Harry. Il a eu énormément de mal à rester dans ma peau… Si je possédais son corps, si je réussissais à le posséder…
- Tu le détruirais de l'intérieur… souffla Neville, épouvanté.
- Ou du moins tu l'affaiblirais assez pour pouvoir le vaincre plus facilement, ajouta Ginny un peu plus pragmatique.
- Mais… je serais affaibli aussi, objecta Harry. Et je n'arriverai jamais à un tel niveau. Il a des années et des années de pratique de la magie noire… Vous n'y pensez pas ! Vous êtes folles toutes les deux ! s'écria-t-il soudain. Il est bien plus puissant que moi !
- Il est bien plus puissant que nous tous réunis, dit froidement Hermione. Cela veut-il dire que nous devons baisser les bras et nous résigner à voir régner le Seigneur des Ténèbres sur le monde des sorciers pour l'éternité ? Il faudra que tu t'entraînes. Il faudra travailler d'arrache-pied.
- Oui, fit Harry, livide. C'est bien ce que je disais, il faudra que je devienne comme lui…
Ginny s'approcha vivement :
- Non ! s'écria-t-elle. Tu ne seras jamais comme lui !
- C'est pour cela que tu auras besoin de nous, reprit Hermione, plus sûre d'elle à présent que Harry ne refusait plus en bloc son idée. Nous t'empêcherons de franchir la limite dangereuse. Si Dumbledore a raison et que l'amour que tu portes en toi est l'arme qui vaincra Voldemort, alors nous te nourrirons de tout notre amour. Et cet amour prendra tant de place dans ton cœur qu'il fera exploser la pierre qu'il a la place du sien.
Harry sourit à Hermione :
- Attention, Hermione, tu te laisses emporter par ton enthousiasme… Tu as beaucoup plus confiance en mes capacités que moi-même. Et je te rappelle que je serai seul face à Voldemort lorsque le moment viendra de l'affronter…
Il songea aux paroles de Rogue quelques jours plus tôt et son sourire se transforma en grimace d'amertume. Il soupira.
- Il faudra convaincre Dumbledore de me laisser les clés de la Réserve Interdite, railla-t-il pour détendre l'atmosphère devenue lourde.
Neville était bouche bée. Et Ron allait exploser. Il n'aurait su donner un nom à tous les sentiments qu'il éprouvait. Ils étaient tous fous ! Et il ne savait qui d'Hermione ou de Harry était le plus fou des deux ! Il fallait qu'il dise quelque chose, là, tout de suite, sous peine de sombrer lui aussi dans la démence.
- Et tu as trouvé cela toute seule ! cria-t-il presque.
- Non, répondit Hermione. C'est toi qui m'as mise sur la voie.
Ron resta la bouche ouverte. Il se rappela ce jour sur les bords du lac. La sensation qu'il avait ressentie lorsqu'elle avait posé sa main sur son visage. Ce frisson qui l'avait saisit tout entier et la brûlure sur sa peau. Ses bras autour de son cou et ses lèvres qui effleuraient les siennes. Il ne put penser à rien d'autre.
- Je suis quand même content de servir à quelque chose… murmura-t-il à la place de la réplique cinglante qu'il aurait voulu lui renvoyer.
Heureusement pour lui, un hibou les survola à ce moment. Il laissa tomber une lettre sur la tête de Ginny.
- C'est Luna ! s'exclama la jeune fille.
Elle ouvrit l'enveloppe et tendit à Hermione le feuillet couvert de runes pendant qu'elle parcourait la lettre.
- Qu'est-ce qu'elle dit ? s'impatienta Ron.
- Qu'elle est désolée de n'avoir pu répondre plus tôt. Elle a dû vérifier la réponse des runes dans les archives… Ah oui… cela doit vouloir dire que les recherches ont été plus difficiles que prévu…
- On s'en fiche ! Qu'est-ce qu'elle dit d'autre ? s'impatienta encore Ron.
- Elle a trouvé l'adresse ! jubila Hermione. Elle a l'adresse complète et… elle nous a même fait un plan !
Neville et Harry se précipitèrent vers la jeune fille.
- Maintenant, il ne nous reste plus qu'à savoir comment sortir de Poudlard pour aller chercher Percy… dit Neville d'un air rêveur.
- On sait comment sortir, répondit brutalement Ron. On n'a qu'à aller dans la cheminée de la cabane hurlante.
- La cheminée n'est plus raccordée au réseau, rappela Hermione passablement agacée par l'attitude du jeune homme. Dommage que McGonagall soit repartie en même temps que Remus…
- Tu ne vas pas remettre ça ! l'interrompit Ron. Ils vont nous prier de nous mêler de ce qui nous regarde et de laisser faire les adultes !
- Pourtant, murmura Harry, il se pourrait qu'elle ait raison encore une fois.
- Ils ne voudront jamais nous laisser aller avec eux ! ragea le jeune Weasley. Et il faudrait d'abord qu'ils nous croient.
- Il faut quand même essayer, soupira Hermione que l'idée d'aller voir Rogue pour lui expliquer qu'ils croyaient avoir fait mieux que les Aurors de l'Ordre n'enchantait guère.
Harry montra l'exemple cependant et se dirigea vers le Château. Lorsqu'ils virent s'avancer Rusard, un sourire satisfait aux lèvres, ils surent que la partie était perdue d'avance.
- Nous voulons voir le professeur Rogue, lui annonça Harry d'un ton ferme.
- Alors, il faudra repasser, mon petit gars, dit Rusard souriant de toute sa bouche édentée.
Harry ne l'avait jamais vu sourire autant, même lorsque Ombrage avait pris les rênes de l'école. Cela n'était pas bon signe.
- Le Professeur Rogue est sorti et j'ignore quand il sera de retour.
- Mais nous ne l'avons pas vu sortir ! s'écria étourdiment Neville.
- Les cheminées ne sont pas faites pour les chiens ! répliqua Rusard en ricanant.
- Il n'y a aucun professeur responsable ? demanda subitement Hermione.
- Oh ! Mais ne vous imaginez pas que vous êtes livrés à vous-mêmes, jeunes vauriens ! Le professeur Rogue m'a donné carte blanche… C'est moi qui commande à présent et je vous ordonne de rentrer dans votre salle. Interdiction de vous déplacer à plus de deux dans les couloirs ! Interdiction de traîner ailleurs que dans votre salle. Interdiction d'aller dans la Grande Salle entre les heures des repas.
- On peut tout de même aller aux toilettes ! grogna Ron. Ou bien faut-il une autorisation spéciale ?
- Ha Ha ! Mes gaillards ! Vous verrez ce que c'est que la méthode Rusard…
Il fit tinter ses clefs et reprit sa route en ricanant. Les jeunes gens restèrent au milieu du couloir un peu désemparés. Sauf Hermione.
- Ginny, va chercher Hedwige à la volière, commença-t-elle. On aura besoin d'elle pour envoyer un message à Dumbledore. Tout le monde a sa baguette ? Alors, va la chercher Neville ! On se retrouve dans le bureau de Rogue.
- Parce que tu crois qu'il l'a laissé ouvert ? demanda Ron.
- Non, c'est pourquoi tu vas te faire une joie de l'ouvrir ! Tu as ta baguette ? Alors sert-en ! Harry tu restes avec moi. Fais venir Peeves !
- Quoi ? fit Ron.
- Il faut bien que quelqu'un occupe Rusard pendant que tu seras en train d'entrer par effraction chez Rogue. Allez, va ! Et vérifie s'il y a assez de poudre de cheminette pour tout le monde !
Ginny partit à la volière. Neville vers le dortoir. Ron se mit à courir à regrets vers le bureau de Rogue. Harry appela Peeves.
- Peeves ! répétait-il. Potter a quelque chose pour toi.
Un bruit grossier se fit entendre au dessus de leur tête.
- Peeves ! J'ai tenu ma promesse. La caisse de bombabouses est arrivée tout droit de chez les Frères Weasley.
Peeves descendit au niveau d'Hermione et Harry, l'œil pétillant de malice.
- Mais avant de te la donner, je veux que tu fasses quelque chose pour moi.
- Mais c'est très malhonnête ! se récria l'esprit frappeur.
- En effet, dit Hermione avec un sourire. C'est une honteuse malhonnêteté, comme toi seul peux l'apprécier, Peeves.
- La flatterie ? fit Peeves dans un long sifflement. Ce doit être terriblement important. Qu'est-ce que je dois faire et pourquoi ?
- Tenir Rusard occupé dans sa loge.
- Ainsi que Miss Teigne.
- Moui… et pourquoi ? C'est lui que tu veux bécoter aujourd'hui, beauté fatale ?
- Quoi ? fit Harry.
Hermione lui fit signe de laisser tomber.
- Très bien, Peeves, dit-elle. Si tu ne fais pas ce qu'on te demande, nous aurons des ennuis. Mais si tu le fais, et que nous réussissions ce que nous avons en tête, alors il se peut que nous ayons encore plus d'ennuis.
- Des problèmes en perspectives pour Harry Potter et ses amis, et une caisse de bombabouses par-dessus le marché… réfléchit Peeves. D'accord !
Harry retint un geste de victoire.
- Tu es géniale, Hermione, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Peeves fit une pirouette.
- A nous deux mon vieux Rusard ! Au fait, le rouquin est au courant pour vous deux ?
Il disparut en riant alors que Hermione haussait les épaules. Harry était prêt à partir vers le bureau de Rogue, mais Hermione le retint. Puis il y eut un grand bruit du côté de la loge du concierge. Harry et Hermione se cachèrent dans un couloir adjacent. Ils entendirent le pas précipité de Rusard et ses imprécations couvrirent le rire de Peeves.
- Maintenant ! dit-elle.
Ils se mirent à courir. Elle posa la main sur la poignée de la porte et ils entrèrent essoufflés dans le bureau. Neville et Ron attendaient devant la cheminée. Ginny tenait Hedwige dans sa cage.
- Vous voilà enfin ! s'écria Ron. Mais qu'est-ce que vous faisiez donc !
- On négociait, répondit Harry qui reprenait son souffle.
- On y va ? décida Ron.
- Vous croyez que la cheminée des Pettigrew est toujours reliée au réseau ?
- Celle des Black l'était bien, murmura Harry avec un pincement au cœur.
Il se ressaisit. Il prit du papier sur le bureau de Rogue et écrivit l'adresse où ils allaient. Il sortit Hedwige de sa cage et attacha la lettre à la patte de l'oiseau.
- Ron et moi, on y va d'abord, décida-t-il. Ensuite, Hermione et Neville. Et enfin, Ginny et Hedwige. Attendez la lueur verte pour entrer dans l'âtre…
- On dirait Fol-Œil, essaya de plaisanter Ron.
- La paranoïa a parfois du bon… cita Harry.
Il entra le premier dans la cheminée, la baguette à la main. Ron en fit autant. D'une voix qui tremblait à peine, il lança l'adresse de la maison des Pettigrew et lâcha la poudre de cheminette. Des étincelles vertes naquirent dans l'âtre. Neville et Hermione prirent place à leur tour. Ginny caressa la tête d'Hedwige qui s'impatientait à son poignet. Le cœur battant, elle surveillait à la fois la porte du bureau et le foyer. Les étincelles, enfin ! Elle disparut dans l'explosion de la poudre de cheminette.
Percy s'éveilla en sursaut. Il était glacé et il comprit qu'ils ne le laisseraient pas dormir, une fois de plus. Ils ne prenaient même plus la peine de le remettre sur son siège pour l'interroger. Où était Potter ? Qu'est-ce qu'il en savait, lui ? Il pouvait bien être au diable, il s'en fichait. Ils avaient tout essayé sur lui. La douleur, la brûlure, le froid, le manque de sommeil… Où pouvait bien être Potter ? Après tout qu'est-ce qu'il en avait à faire de ce Potter ? Sans Potter, il ne serait pas là à souffrir le martyre dans cette cave immonde. Ils pouvaient bien lui faire ce qu'ils voudraient à Potter, il s'en fichait. Non ! Non ! Il ne fallait pas qu'ils trouvent Potter ! Parce qu'ils trouveraient Ron et Ginny aussi ! Ils étaient toujours avec Potter. Il avait averti Ron que ce garçon ne lui apporterait que des problèmes. Tant pis pour lui ! Non ! Pas Ron et Ginny… Il avait une musique dans la tête. Une berceuse que chantait sa mère. C'était doux et chaud comme un baiser. Il sentit la main de métal saisir ses cheveux pour soulever sa tête :
- Qu'est-ce que tu dis, Percy ? Tu te décides à parler ?
- Il chante, Peter… Je t'assure qu'il chante… il est en train de devenir fou…
Un coup de pied dans l'estomac de Percy, destiné à le faire taire, le fit rire. La main d'argent s'abattit sur sa gorge. Pettigrew le souleva de terre et le rassit brutalement. Il ne voyait plus. Ses lunettes étaient brisées quelque part par terre. Ses yeux gonflés par les larmes, les coups et la fatigue ne percevaient qu'une vive clarté. Ses poignets n'étaient qu'une plaie. Son corps tout entier brûlait de fièvre. Il sentit le souffle fétide de Pettigrew contre sa joue.
- Ecoute-moi, Percy…
Sa voix était aiguë et coupante comme une menace.
- C'est la dernière fois que je pose la question…
- Peter !
- Pas maintenant !
- Elle n'arrête pas de poser des questions, Peter ! Elle veut savoir où tu es, ce que tu fais… Elle interroge ceux qui étaient ici hier… Elle va finir par apprendre…
- J'AI DIT : PAS MAINTENANT !
- Mais… Peter, elle sait que tu cherches à la doubler. Elle a déjà commencé à prévenir le Maître contre toi…
Percy sentit que Pettigrew s'éloignait de lui. Il entendit la porte de la cave se fermer brutalement et il fit noir.
- Dobbs ! Lumière ! commanda Pettigrew.
Dobbs ? Bobby Dobbs ? Du département des transmissions magiques ? Ce n'était pas possible ! Il comprenait à présent pourquoi l'un des Mangemorts lui paraissait plus violent que les autres dans l'administration des sortilèges de torture. Il n'avait jamais aimé ce Dobbs et celui-ci le lui rendait bien.
- Qu'est-ce qui te fais rire, Percy…
La voix de Pettigrew à son oreille était étrangement douce.
- Tu as mal, Percy ? Il suffirait d'un seul mot, Percy, et je mettrai fin à tes souffrances…
Percy se mit à rire de plus belle.
- Vous allez me tuer, de toutes façons…
- Peut-être que oui, Percy. Peut-être que non. Peut-être que je vais me souvenir de ces années passées dans la douceur de ton foyer, Percy… Peut-être que je vais aller chercher ton petit frère Ron et peut-être que lui se montrera plus raisonnable…
La main froide caressait la tête rousse de Percy.
- Pas toucher à Ron… souffla-t-il.
Les doigts d'argent se refermèrent sur les cheveux et tirèrent la tête en arrière.
- Alors dis-moi où Dumbledore cache Potter…
- Dans … Dans…
Pettigrew approcha son oreille poilue de la bouche tuméfiée de Percy.
- Dans la poche du manteau de Hagrid !
Percy éclata d'un rire strident. La main d'argent se leva et retomba contre sa joue. Le jeune homme bascula une fois de plus. La bouche en sang, il cracha une ou deux dents avant de toucher le sol. Il ne cessait de rire pourtant.
- Arrête de rire ! sale rouquin morveux !
Un, deux, trois coups de pied lui cassèrent quelques côtes de plus. Il se mit à tousser. Il avait le goût du sang dans la bouche et dans le nez cette odeur d'immondices.
- Chut ! fit Ron alors que personne ne parlait.
La pièce était sombre et poussiéreuse comme tous ces endroits inhabités depuis longtemps.
- On aurait dû lâcher Hedwige de l'école, chuchota Hermione.
- Tu pouvais pas y penser plus tôt ! riposta Ron.
- Chut ! fit Harry à son tour.
Il s'approcha de la vitre brisée. Les contrevents étaient fermés. Il essaya d'actionner le loquet. Il était rouillé et le bruit qu'il fit avait dû alerter la ville entière. Ils cessèrent tous de respirer. Hermione s'avança vivement vers la fenêtre :
- Silencio ! chuchota-t-elle.
Elle entrouvrit la fenêtre et Ginny glissa Hedwige dehors. Elles refermèrent la persienne et écoutèrent de tout leur être… Le silence était plein du battement de leur pouls à leurs oreilles.
- Qu'est-ce qu'on attend ? s'impatienta Ron.
Plus vite ils auraient sauvé Percy, plus vite il pourrait se remettre à le détester sans remords.
- Peter !
- Quoi encore ?
- Il y a quelqu'un là-haut !
- C'est elle ?
La voix de Pettigrew frémit légèrement.
- Je ne sais pas Peter…
- Alors qu'est-ce que tu attends pour y aller voir ?
Il retourna Percy du bout du pied.
- J'ai toujours pensé que tu étais un imbécile, Percy. Je me rends compte à quel point j'avais raison !
Percy entendit le bruit de ses pas qui s'éloignaient.
- Il ne sait rien. Toujours rien du côté de chez les Granger ? Elle doit être avec Potter. Je rentre auprès du maître. Tuez-le et débarrassez-vous du corps. Qu'ils le trouvent, ça les fera toujours réfléchir.
La porte s'ouvrit brutalement.
- Peter ! En haut…
Il y eut un bruit de chute.
- C'est elle ? hurla Peter.
- Non ! cria une autre voix. On dirait des Aurors !
- Quoi ? Ce n'est pas possible !
Il y eut un cri et le bruit d'une chute dans un escalier.
- Stupéfix ! cria l'un des Mangemorts.
Peter referma au verrou la porte sur lui.
- Alohomora ! hurla une voix familière.
Dans le bruit du verrou qui s'ouvrait Percy cria : "Ron ! Je suis là !"
Un coup de pied dans le visage le fit taire. Il y eut trois cris simultanés et la porte s'ouvrit dans un craquement douloureux. Percy se sentit soulevé du sol. La main d'argent était froide sur sa nuque.
- Percy !
La voix de Ginny était stridente. Elle cria : Stupéfix !
- Ginny ! Non !
- Harry ! A droite !
- Neville attention !
Percy écarquillait ses yeux boursouflés autant qu'il le pouvait. Des éclairs rouges et verts se croisaient. Il entendait des incantations sans savoir qui les lançait. La main de métal serrait sa nuque de plus en plus fort.
- Harry Potter !
La voix de Pettigrew était triomphante.
- C'est lui que tu veux, Harry ? C'est cette vermine rampante que tu es venu chercher ? Est-il si cher à ton cœur, Harry, que tu sois venu à moi !
- Laissez-le, Queudver ! C'est entre vous et moi…
Pettigrew se mit à rire.
- Non ! Non ! Non ! Harry ! C'est entre le maître et toi ! Et c'est moi qui vais t'amener à lui… grande sera ma récompense.
- Comment pensez-vous m'amener à lui ? Vos hommes sont à terre et mes amis vous tiennent au bout de leur baguette.
Peter jeta un regard fébrile autour de lui. Ce petit morveux disait vrai. Ces gamins avaient eu raison de ses Mangemorts. C'étaient de nouvelles recrues qui n'étaient pas encore aguerries, c'était un fait… mais tout de même. Il pouvait encore transplaner, mais ce serait perdre l'occasion de tenir celui que voulait son maître.
- Tu le veux ? Viens le chercher !
Il montrait Percy pendu au bout de sa main. Ron s'avança dans un réflexe. Hermione le retint.
- Accio Percy ! dit-elle.
- Bien joué, Hermione ! se mit à rire Queudver qui resserrait l'étreinte de ses doigts sur le cou du jeune homme.
- Hermione, arrête ! haleta Ron. Tu vas le tuer !
Pettigrew leva sa baguette et la pointa sur Harry.
- Toi d'abord, Harry… Stupéfix !
Au moment où Harry prononçait son "protego", Hermione fit un signe de tête à Neville. Il cria "Expelliarmus !" aussitôt imité par Ginny. Ron ne sut pas ce qu'il cria. Queudver fut projeté contre le mur de la cave. Percy poussa un gémissement lugubre lorsqu'il échappa à l'étreinte des doigts de métal. Il vint s'écraser aux pieds d'Hermione et il s'évanouit. Ron s'agenouilla auprès de son frère. Il était dans un état… méconnaissable.
- Mais qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? murmura-t-il des sanglots dans la gorge.
Harry se pencha sur Percy et le chargea sur son épaule.
- Ron, si tu m'aidais, ce serait mieux…
Le jeune homme souleva son frère et imita Harry.
- Qu'est-ce qu'on fait de lui ? demanda Neville en désignant Peter encore assommé.
Harry hésita.
- Laissons-le là, décida-t-il. Il ne peut aller loin, il est évanoui. Les Aurors ne vont pas tarder. Ils se chargeront de lui.
Un profond dégoût s'emparait de lui. Il le tenait au bout de sa baguette. Neville l'observait du coin de l'œil. Harry détourna la tête.
- Vite, quittons cet endroit, il faut amener Percy se faire soigner.
Ils entreprirent la remontée des étroits escaliers qui menaient à la cave. Ce fut une tâche difficile. Percy pesait son poids. Il était grand et Harry de plus petite taille que Ron et son frère. Ils étaient au milieu des escaliers lorsqu'ils entendirent du bruit au rez-de-chaussée. La porte d'entrée était ouverte et des gens marchaient dans le couloir.
- Voilà les Aurors ! soupira Neville.
- Attendez ! fit Hermione. Je crois que Neville et moi devrions passer devant puisque Ron et Harry sont encombrés.
- Et comment veux-tu passer ? demanda Ron très ironique.
Il était le premier et soutenait son frère, tandis que Percy s'étalait sur deux marches. Puis venait Harry qui poussait Percy. Sur quatre marches, à eux trois, ils prenaient toute la largeur de l'escalier.
- Laissez-moi passer au moins… Si c'étaient les Aurors, ils auraient appelé puisque c'est nous qui les avons fait venir.
Harry serra sa baguette un peu plus fort. Hermione le bouscula un peu pour passer devant. Elle marcha sur la main de Percy qui traînait sur la marche.
- Pousse-toi ! intima-t-elle à Ron.
- C'est trop dangereux Hermione…
Elle le repoussa contre le mur d'une main ferme. Il baissa les yeux quand elle passa devant lui. Elle leva la tête vers la porte qui donnait sur le rez-de-chaussée. Les bruits de pas s'étaient tus. Elle monta quelques marches.
- J'ouvre la porte… chuchota-t-elle.
