Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 21
Hermione : le retour
Le dimanche matin Hermione se réveilla à l'infirmerie. Elle avait l'esprit dans du coton et lorsque Mrs Pomfresh vint la voir pour lui administrer ses remèdes, elle se recoucha et se rendormit. Elle dormit jusqu'à la fin de la matinée. Dans l'après midi, elle s'assoupit dans un fauteuil de la salle de Gryffondor alors que Ron lui expliquait avec fierté ses théories d'échiquier. Il en fut un peu vexé, jusqu'à ce que Ginny lui explique que ce devait être à cause de la potion de sommeil que Rogue lui avait donnée. Il haussa alors les épaules : il avait l'habitude qu'elle dormît pendant ses heures de gloire. Ce qui ne l'empêcha pas d'aller lui chercher une couverture pour ne pas qu'elle eût froid. Elle émergea vers la fin de l'après midi, regrettant de n'avoir pu travailler autant qu'elle le voulait –elle n'avait pas travaillé du tout d'ailleurs. Elle remonta aussitôt à l'infirmerie où elle s'endormit avant que Mrs Pomfresh eûtt le temps de lui donner ses potions. Elle dormit toute la nuit d'un sommeil paisible.
Le lundi matin, lorsqueMrs Pomfresh vint la réveiller, elle se sentait plus sereine. La guérisseuse lui fit prendre ses potions et la pressa d'aller chercher ses affaires dans son dortoir afin de se rendre dans la Grande Salle pour prendre un sérieux petit déjeuner. Hermione lui obéit du mieux qu'elle put. Plus elle se hâtait plus elle avait l'impression de ralentir. Lorsqu'elle arriva à la Grande Salle, ses amis avaient déjà pris leur petit déjeuner. Malgré les conseils de Mrs Pomfresh, elle renonça à s'attabler pour se rendre immédiatement en salle de cours avec le Professeur Flitwick. Elle n'eut que le temps d'entrer dans la classe, ses camarades se bousculaient déjà pour prendre leur place. Elle réalisa qu'elle ignorait quelle était celle qui lui était réservée. Harry lui fit signe pour lui désigner la chaise entre Ron et lui. Il l'aida à sortir ses livres et ramassa sa baguette qu'elle fit tomber de sa poche. Le Professeur Flitwick se déclara fort heureux de la revoir parmi eux et lui souhaita la bienvenue. Il enchanta pour elle son chapeau pointu qui se mit à chanter, à la manière du Choixpeau Magique, "Yes, she's a very good fellow ! Yes she's a very good fellow ! Yes she's a very good fellooooow ! That noone can denies !" Toute la classe applaudit. Hermione rougit beaucoup et remercia le professeur et ses camarades. Elle s'appliqua du mieux qu'elle put à réaliser les sortilèges qu'il leur enseigna. Ron comprit alors son désarroi. Sa baguette lui échappa dix fois au moins. Sa main était lourde et ses doigts refusaient de lui obéir. Il la regardait s'acharner à répéter sans succès le mouvement du sortilège, oubliant ses propres exercices. Harry lui faisait de gros yeux, lui-même gêné de réussir chacun de ses ensorcellements. Elle jeta même sa baguette sur la table, de déception, alors que le professeur félicitait Neville pour ses progrès étincelants. Elle se laissa retomber sur son banc, épuisée et dépitée. Flitwick s'approcha d'elle et prit sa main qu'il tapota un moment. Il pria les autres de cesser de chuchoter et de se remettre au travail, s'ils le voulaient bien. Il dut répéter pour Ron qui fixait toujours Hermione, hébété. A la fin du cours, il la retint un instant, ce qui lui valut d'arriver très en retard dans la classe de potions du professeur Rogue. Sous l'œil narquois de Malefoy, et dans le ricanement niais de Crabbe et Goyle, elle traversa la salle lentement jusqu'à se présenter au professeur. Il ne lui laissa pas le temps de s'excuser.
- Vous êtes en retard. Très en retard, Granger, dit-il froidement. Vous dérangez mon cours et vos camarades. Cinq points de moins pour Gryffondor…
Il lança un regard glacé à Ron Weasley qui renonça à ouvrir la bouche.
- Weasley ? Vous alliez dire…
Ron frémit. Il sentait à nouveau le talon de la chaussure d'Harry qui écrasait son gros orteil et il fixait sans comprendre le regard effaré d'Hermione qui lui faisait "non" de la tête.
- Je me disais, Monsieur, répondit simplement Ron à peine ironique : pourquoi cinq points de moins seulement ?
Les Gryffondor tournèrent la tête vers lui : était-il fou ? Les Serpentard étouffèrent quelques rires discrets. Rogue cligna des yeux plusieurs fois.
- Oh ! Je vois ! fit-il enfin. Vous vous dites : ce vieux professeur Rogue s'affaiblit. La pitié l'empêche de priver Gryffondor de ses chances de remporter la coupe ! Sachez, Monsieur Weasley, que ces cinq points seulement de moins se renouvelleront à chaque retard de Miss Granger. Nous verrons ce que ces cinq points seulement de moins coûteront à la valeureuse Maison de Gryffondor à la fin de l'année.
Ron frissonna. Non à cause de la perspective de la coupe perdue, mais parce que Rogue semblait estimer qu'Hermione ne redeviendrait jamais… Il pâlit et baissa la tête. Pourquoi n'avait-il pas tenu sa langue ?
Rogue se retournait vers Hermione, impassible.
- Prenez place, Granger… dépêchez-vous !
Puis, comme s'il se souvenait d'un détail :
- Mais les groupes sont déjà formés, comme vous le constatez, Granger. Je ne vais pas désorganiser ma classe pour vous, vous le pensez bien. Et vos camarades seraient fort ennuyés de vous avoir pour partenaire…
Il fit comme s'il ne voyait pas la main de Neville qui s'agitait désespérément au-dessus des têtes.
- Monsieur ! finit par s'écrier le jeune Londubat. Moi, ça ne me dérange pas !
- Croyez-vous avoir besoin d'aide pour faire fondre vos chaudrons ? demanda Rogue sans se tourner vers lui.
Les Serpentard se mirent à rire. Harry sentit son cœur se serrer. Pourquoi ? Pourquoi Rogue prenait-il plaisir à torturer ainsi Hermione devant tous et lui préparait-il des potions pour la soigner en secret ? Ginny leur avait appris, et elle le tenait de Mrs Pomfresh elle-même, qu'il avait rajouté des remèdes à ceux déjà prescrits par les médicomages de Ste Mangouste. Ron avait prétendu qu'il lui empoisonnait lentement le corps et l'esprit, mais Ron disait n'importe quoi. N'est-ce pas… ?
Rogue désigna à Hermione la table devant son bureau. Pour surveiller son chaudron, prétendit-il, afin qu'elle ne fît pas exploser la salle. Voire même l'école tout entière. Hermione rougit et baissa la tête sans un mot. Elle rata sa potion car elle n'eut pas le temps de la terminer. Rogue lui demanda de la lui préparer pour le prochain cours. Il savait, dit-il, qu'elle aurait à cœur de travailler sans aide.
Ron et Harry l'attendaient dans le couloir.
- Je t'aiderai, dit Ron. Je la ferai à ta place, même.
- Merci, Ron, refusa Hermione. Je me débrouillerai.
Harry voulut l'aider à porter ses livres. Elle les serra contre elle. Elle les pria de partir en avant, s'ils ne voulaient pas arriver en retard au cours de McGonagall, et faire perdre des points de plus à Gryffondor.
- McGonagall ne te punira certainement pas pour ton retard ! répliqua Ron, avec évidence.
- Elle non, mais nous peut-être que oui, intervint Harry.
Il tira sur la manche de la robe de Ron pour le forcer à le suivre. Il savait déjà qu'Hermione n'assisterait pas au cours de métamorphoses. Et comme Ron insistait, il lui chuchota : "Plus tard, Ron ! On réglera ça plus tard !"
Hermione ne vint pas non plus au repas de la mi-journée. Sa place entre Ron et Harry resta vide. Les commentaires allaient bon train. Tous s'étaient rendus compte qu'elle était plus atteinte qu'ils ne le croyaient. Et Dean assura que s'il lui était arrivé la même chose il serait allé lui aussi se cacher, car c'était comme si elle avait perdu tous ses pouvoirs.
- Elle n'a pas perdu ses pouvoirs ! cria Ron. Elle est simplement… désespérée.
Personne n'osa lui répondre que c'était lui qui avait l'air désespéré.
- Il faut la retrouver, dit Harry.
- Pourquoi ? demanda Seamus. Quand elle sera calmée, elle ressortira toute seule.
- Pour lui remonter un peu le moral, cervelle de calmar ! s'écria Ron.
- Faudrait peut-être d'abord savoir où elle est… estima timidement Neville.
- Moi quand je ne vais pas bien, dit Seamus la bouche pleine, je taperais bien dans un cognard !
- Moi c'est pareil, fit Dean en mordant dans un morceau de pain. Mais plutôt dans un ballon !
Ron renifla et se tourna vers Ginny un peu plus loin.
- Hé ! Ginny ! cria-t-il sa sœur. Qu'est-ce qu'elles font les filles quand elles vont pas bien dans leur tête ?
Ginny lui adressa un regard médusé.
- Elles pleurent, fit Harry, un peu sarcastique.
Il tourna la tête vers Ron et tous les deux s'écrièrent :
- Les toilettes de Mimi Geignarde !
Ron attrapa quelques petits pains au passage et tous les deux s'en furent en courant vers les toilettes des filles du deuxième étage.
Ils entrèrent en trombe et crièrent le nom d'Hermione sans obtenir d'autre réponse qu'un :
- Bonjour Harry ! Il y avait longtemps que tu n'étais pas venu me voir…
Mimi Geignarde papillonna des paupières devant lui avec un sourire charmeur.
- Heu… salut, Mimi, fit Harry.
- Hermione est là ? questionna Ron.
Mimi désigna de la main la deuxième porte derrière elle, sans cesser de sourire à Harry. Ron alla coller son oreille à la porte avant de frapper discrètement.
- Hermione ? Tout va bien ?
- Ho non ! Elle ne va pas bien du tout ! répondit Mimi Geignarde d'un air ravi. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi déprimé. A part moi ! Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
- Rien, murmura Harry.
Ils l'avaient trouvée, mais comment la faire sortir ? Et que lui dire ? Ils auraient dû emmener Ginny ou Neville avec eux. Ron grattait toujours à la porte d'un air malheureux.
- Hermione ? Herm ? Hermy ?…. Mimine ?
La porte s'ouvrit lentement.
- Je t'ai dit de ne jamais m'appeler ainsi !
Ron lui tendit le pain qu'il avait amené.
- Je t'ai apporté de quoi manger un peu… Il faut que tu prennes des forces…
- A quoi bon ?
- Mais pour… parce que… chercha en vain Ron désarçonné.
Il se tourna vers Harry, désemparé.
- Ecoute Hermione, commença celui-ci. On n'avait vraiment aucune idée de… Mais ce n'est pas une raison pour tout abandonner. Je suis sûr qu'avec un peu de temps… tu retrouveras tes capacités.
- Ce n'est pas ça, Harry, grimaça Hermione. Enfin, ce n'est pas que ça.
Elle jetait de furtifs regards à Ron et Mimi.
- Je peux te parler, Harry ?
- On t'écoute, dit Ron.
- Personnellement ?
Mimi Geignarde lui lança un regard courroucé, avant d'aller se lamenter du côté des robinets qu'elle se mit à ouvrir distraitement. Harry dut faire un signe à Ron et le conduire par le bras jusqu'à la porte. Il le fit sortir malgré la mauvaise volonté de leur ami.
- Tu me diras tout ? Hein ? lui cria-t-il tandis qu'Harry refermait la porte sur lui.
- Harry, est-ce que tu te demandes souvent pourquoi tu es vivant ?
Mimi Geignarde se rapprocha discrètement. Harry était désorienté. Il ne s'attendait certes pas à cette question.
- Non !
- Moi, oui, dit Hermione, la tête baissée.
- En fait, reprit Harry… je me suis demandé pourquoi je n'étais pas mort… Dumbledore prétend que c'est grâce à l'amour que ma mère me portait.
- Rogue croit que c'est à cause de ce qui s'est passé dans les sous-sol cet été, que j'ai survécu au sortilège de… Bellatrix Lestrange se força-t-elle à dire. Mais ce n'est pas ce que je te demande.
Elle se rapprocha de Harry et parla à voix plus basse.
- Je veux dire, si je ne suis pas morte, c'est que je dois faire quelque chose que je n'ai pas encore eu le temps de faire…
Harry l'observa par-dessus ses lunettes, à la manière des myopes quand ils veulent faire croire qu'ils ne regardent pas vraiment.
- Tu me trouves irrationnelle, n'est-ce pas… J'ai eu tort ! Je croyais que tu pourrais comprendre.
Un éclair d'intelligence.
- Tu veux parler de la prophétie. Je ne suis pas mort parce que mon destin est de combattre Voldemort et que j'ai le pouvoir de le vaincre ?
Hermione ne répondit pas. Elle le regardait droit dans les yeux. Que voulait-elle qu'il lui dise ? Qu'attendait-elle de lui ?
- Tu veux que je te dise ? Si tu n'es pas morte, c'est que tu ne devais pas mourir !
Ils levèrent en même temps les yeux vers Mimi, assise sur la fenêtre de la pièce, le menton dans son poing qui venait d'énoncer cette vérité flagrante.
- J'aurais dû mourir deux fois déjà depuis cet été, répondit Hermione. D'après Rogue.
- Oui, fit Harry que les doutes envers le professeur reprenaient… Mais Rogue…
- Quoi Rogue ? Il sait de quoi il parle,non?
Harry fit le tour de la pièce. Malgré lui, il se retrouva devant les robinets condamnés. Les têtes de serpents le regardaient. Il passa sa main dessus. La chambre des secrets. Il l'avait ouverte. Lui qui n'était pas l'héritier de Serpentard, mais qui en avait les pouvoirs.
- Je ne sais pas, dit-il enfin. Je ne sais pas pourquoi le sortilège de Bellatrix Lestrange ne t'a pas tuée. Peut-être ne voulait-elle pas vraiment ta mort ? Je l'ignore. Mais ce que je sais, c'est que tu es là et que nous en sommes tous très heureux. J'ai besoin de toi à mes côtés. J'ai besoin de sentir que Ron et toi êtes là, auprès de moi. Tous les deux. Il n'est pas tout à fait lui-même quand tu n'es pas là.
Il revint vers Hermione.
- On va dire ça, Hermione : si tu es toujours là c'est pour nous garder, Ron et moi sur le chemin de la raison. Et pour m'aider à trouver un moyen de vaincre Voldemort. Alors tu vas commencer par manger ce pain que Ron a pensé à t'apporter. Puis tu nous laisseras t'aider.
Il lui ouvrit ses bras. Il avait toujours trouvé qu'elle se posait beaucoup de questions. Mais là, elle dépassait les bornes, aurait dit Ron. Hermione le laissa lui tapoter le dos. Mimi descendit de son perchoir et les prit dans ses bras tous les deux en pleurnichant, car elle était fort sentimentale. Harry se dépêcha de lâcher Hermione. Il n'appréciait que très moyennement d'avoir le bras de Mimi Geignarde au travers de son dos.
Le cours suivant était celui de Mr Londubat. Harry y conduisit Hermione et il fut heureux que le professeur de Défense contre les forces du mal vienne chercher la jeune fille par la main pour la faire asseoir devant son bureau. Ainsi il put prendre l'invitation à son compte et éviter la foule de questions que Ron ne manquait pas de lui réserver. Il lui jetait d'ailleurs des regards furibonds depuis son banc, deux places vides à côté de lui.
Depuis le début de l'année, Algie Londubat, avait passé en revue les connaissances de ses élèves de Sixième Année de Gryffondor et les avaient trouvées fort avancées. Le programme de Sixième Année était largement couvert et il avait reçu la consigne de Dumbledore d'aborder dès qu'il le jugerait conséquent celui de Septième Année. Les camarades de Harry s'étaient réjouis de ce projet. Harry, lui, avait senti s'accroître le sentiment d'urgence qu'il éprouvait depuis plusieurs mois déjà.
- Hum ! fit le Professeur Londubat.
Ce qui eut pour effet de stopper net les grimaces interrogatives de Ron.
- Aujourd'hui, nous allons voir un maléfice que vous ne trouverez pas dans vos manuels. Ni même dans les grimoires interdits de magie noire de la bibliothèque. Il mériterait de faire partie des sortilèges impardonnables. Je ne connaissais qu'une seule personne capable de le lancer efficacement. Et cette personne est morte
Il fit encore quelques "Hum" qui, s'ils étaient destinés à retenir l'attention des élèves, étaient totalement inutiles, car tous l'écoutaient dans un silence captivé.
- C'est un sortilège créé pour donner la mort. Une mort longue et douloureuse, car il laisse à l'esprit tout le temps de comprendre ce qui arrive et quelle sera l'issue. Je ne connais à ce jour qu'une seule personne qui ait résisté à ce charme mortel.
Il porta le regard sur Hermione, et Harry comprit pourquoi elle pâlissait tandis que le vieil homme parlait.
- Pourquoi, vous dites-vous, reprit le professeur, oui pourquoi nous parler de ce sortilège alors que celle qui le pratiquait est morte ? Parce que j'ignore si d'autres le maîtrisent et que je veux que vous sachiez le reconnaître. Il semblerait que la rapidité d'intervention soit la clé de la guérison. Ses effets paraissent anodins au premier abord et il semble un simple dérivé de Jambencoton. Jusqu'à ce que tout le système nerveux ne soit atteint, et que les organes vitaux à leur tour ne soient paralysés.
- Hum, fit-il encore. Miss Granger ? Voulez-vous nous parler des effets de ce sortilège afin que vos camarades, s'ils le rencontrent un jour, puissent le reconnaître immédiatement et prendre les mesures qui s'imposent, ainsi que l'on fait les Aurors qui vous ont amené sans tarder auprès des personnes compétentes.
Hermione leva vers lui un regard effrayé.
- Non ! voulut elle crier.
Le vieil lui tendit la main pour l'aider à se lever. Il lui souriait si gentiment. Elle n'osa pas refuser. Devant ses camarades pourtant elle se tut. Les mots étaient dans sa gorge et elle ne pouvait parler. Neville leva alors la main et demanda si elle avait eu mal. Elle se força à se souvenir de ce qu'elle avait ressenti. Ce fut moins douloureux que lorsque Rogue avait lu dans son esprit. C'était comme si tout ce qu'elle se rappelait était arrivé à quelqu'un d'autre. D'autres mains se levèrent et elle répondit comme elle put. Ni Harry ni Ron ne posèrent de questions. Harry parce qu'il savait quelle était la réelle préoccupation de son amie. Ron parce qu'il ne le pouvait pas.
Lorsqu'ils quittèrent le cours, Harry rattrapa Neville et voulut savoir ce qu'il avait raconté à son oncle au sujet d'Hermione.
- Juste ce qui s'est passé ce matin, répondit Neville. Je voulais qu'il me dise qu'elle allait vite redevenir l'Hermione que nous connaissions.
- Et qu'est-ce qu'il t'a répondu ? s'inquiéta Ron venu aux nouvelles.
- Ca ! fit Neville.
D'un signe de tête il désignait la salle qu'ils venaient de quitter.
- Finalement, reprit-il au bout d'un moment. Je me demande si c'est vraiment par maladresse qu'il m'a laissé tomber de la fenêtre !
Harry lui donna une tape dans le dos et lui sourit. Quand il avait quitté Hermione, pour la laisser en compagnie de Lavande Brown et Parvati Patil qui s'étaient proposées pour l'accompagner au prochain cours qu'ils n'avaient pas en commun, elle paraissait soulagée. Il se tourna vers Ron qui lui adressait de fort peu discrets : Hum !
- Quoi Ron ?
- Alors qu'est-ce qu'elle avait de si personnel à te dire ?
Un peu de colère. Un soupçon de jalousie. De la curiosité. Et une très grande angoisse. Pauvre Ron.
- Si tu n'avais pas fait d'histoires pour sortir des toilettes de Mimi quand on te l'a demandé, tu le saurais. Mais, là elle m'a fait promettre de ne rien te dire…
- C'est au sujet de Krum ?
Harry ferma les yeux d'exaspération.
- Bon sang Ron ! Tu fais une fixation sur ce type ou quoi ?
Tous les élèves présents dans le couloir se tournèrent vers eux. Dean et Seamus à quelques mètres devant eux éclatèrent de rire. Les oreilles de Ron devinrent cramoisies, son visage parut constellé de dix fois plus de taches de rousseur que d'ordinaire.
- Merci beaucoup Harry ! grinça-t-il entre ses dents tandis que le dit Harry se mordait les lèvres pour ne pas éclater de rire à son tour.
Le soir, Ron ne savait toujours pas ce qu'Harry et Hermione s'étaient raconté dans les toilettes de Mimi. Il avait pensé aller demander au fantôme ce qui s'était dit dans ses quartiers l'après midi même, mais y avait renoncé au dernier moment. Il se sentait un peu stupide et les Premières Années naviguaient aux alentours du deuxième étage. Il entendait la voix de Dawson qui demandait encore s'il existait vraiment un calamar géant dans le lac. Et elle ne croyait ni ceux qui lui répondaient oui, ni ceux qui lui répondaient non. Il retourna dans la salle commune où Hermione essayait de travailler.
- Veux-tu que je copie à ta place, lui proposa-t-il.
Il ramassa la plume tombée des doigts d'Hermione et tourna le parchemin vers lui. Il attendait qu'elle lui dicte son devoir. Hermione lui reprit le parchemin.
- C'est ça ! pour que tu copies ensuite les réponses ! dit-elle en baissant les yeux.
- J'ai déjà terminé le mien et oublié les réponses ! répondit Ron qui reprit à son tour le parchemin.
- Tu te moques de moi !
- Non ! Je l'ai terminé dimanche. Quand Harry est parti se promener avec Isadora et que tu dormais devant la cheminée.
Hermione renonça à lui retirer son parchemin des mains. Elle commença sa dictée, ponctuée de quelques : "Applique-toi, Ron ! C'est moi qui vais devoir rendre ce devoir !" "Et l'orthographe Ron ? Ce n'est pas une option facultative !" "Oui, Ron, ce mot existe et non ce n'est pas une grossièreté." Il finit d'écrire la dernière phrase en tirant la langue et frictionna ses doigts en grimaçant. Elle lui réclama son propre devoir pour le lui corriger et il refusa tout net. Elle aurait été capable de le lui faire recommencer et il ne pouvait plus bouger les doigts. Il sortit alors son livre de sortilèges et entreprit de répéter les mouvements appris du Professeur Flitwick. Il leva un œil inquiet sur Hermione. Elle lui fit une grimace qu'elle força en sourire. Elle glissa la main dans la poche de sa robe et montra deux petites balles qu'elle devait faire tourner dans ses mains.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Ron, abasourdi.
- Mes devoirs pour le Professeur Flitwick, répondit Hermione, un peu amusée du regard stupéfait du garçon. Assouplissement des doigts, mobilité du poignet, et de la marche pour les jambes. Si je travaille régulièrement, il dit que je pourrai danser à Noël.
- Il a perdu la tête !
- Non, Ron, soupira Hermione. Chez les moldus, on appelle cela de la rééducation. Maintenant, je ne suis pas certaine qu'à Noël…
Ron baissa la tête, il ne voulait pas l'entendre dire que dans trois mois elle serait toujours aussi engourdie. Il essaya de se concentrer sur sa baguette mais les mots lui échappaient totalement. Elle le reprenait sur la prononciation des incantations. Au début, il trouva cela extrêmement agaçant, sans oser le lui dire. Puis, comme il suivait ses conseils, et qu'il réussissait ses enchantements rapidement, il convint que c'était amusant. A la fin, il remarqua son regard d'envie sur la baguette et il eut une idée. Il lui demanda de prendre sa baguette et referma fermement ses doigts sur les siens :
- Je compte jusqu'à trois, dit-il, tu prononces la formule et tu me laisses faire le reste. Un… deux… trois…
La page blanche devant eux devint transparente.
- A nous deux on arrivera bien à faire un bon sorcier ! se mit à rire Ron.
- Tu es un bon sorcier, Ron, corrigea Hermione.
Ron fit une grimace.
- Si tu ne l'étais pas, tu n'aurais pu faire tomber Bellatrix Lestrange de son piédestal, soupira Hermione.
- Je ne l'ai pas vraiment fait exprès…
- C'est aussi ce que dit Harry, à propos de Vol… Tu-Sais-Qui.
Ron laissa son mouvement en suspens.
- Tu le penses vraiment ? demanda-t-il. Je veux dire, que je suis un bon sorcier.
- Bien sûr. Combien de fois faudra-t-il te le dire. Tu n'as malheureusement pas deux noises de jugeotte, mais tu es un bon sorcier.
- Je me disais aussi… renifla Ron.
Il n'eut pas l'occasion de relever davantage la réflexion. Neville et Harry arrivaient. Ils revenaient de la bibliothèque où ils avaient fait des recherches pour leur devoir de botanique. Dans la conversation, Neville laissa échapper que les livres qu'ils cherchaient étaient déjà en possession d'Isadora Marchinson et ses amies de Poufsouffle. Ils avaient dû partager les grimoires et heureusement qu'Harry et Isadora étaient plus que de simples connaissances car les autres filles n'étaient guère prêteuses.
- Je me disais aussi, répéta Ron qui s'était demandé ce que Harry était allé faire à la bibliothèque sans lui et sans Hermione.
- Et alors ? fit-il.
- Alors quoi ? demanda Harry.
Il ne rougissait pas aussi facilement que Ron, du moins quand il n'était pas en face d'une fille qu'il appréciait. Cependant, il se doutait que la subtilité toute relative de son ami n'allait pas tarder à le mettre mal à l'aise.
- Vous avez parlé de quoi ? voulut savoir Ron.
- C'est peut-être un peu personnel, Ron, intervint Hermione en riant.
Ron renifla : personnel ! Harry sentit qu'il fallait détourner son attention. Immédiatement.
- On ne parle pas à la bibliothèque, asséna-t-il avec humeur.
Ils s'étaient fait rappeler à l'ordre deux fois par Mrs Pince. Et lui et Isadora avaient passé l'heure à se faire des sourires stupides chaque fois qu'ils levaient la tête de leur devoir. Cela fit beaucoup rire Ron. Hermione lui lança un regard réprobateur.
- C'est sa faute aussi, estima Ron complètement hilare. Il n'a qu'à choisir ses petites amies parmi les filles de sa Maison, c'est beaucoup plus pratique ! Pas vrai, Dean ?
Dean Thomas et Seamus Finnigan se mirent à rire également depuis la table voisine.
- Tu as raison, Ron… fit soudain Hermione.
- Vraiment ? répondit Ron.
- Oui, c'est ce qui manque à Poudlard, une salle commune, continua Hermione comme si elle réfléchissait toute seule.
- Hé Hermione, reviens avec nous ! l'interpella Seamus. On est où, d'après toi…?
- Je veux dire une salle commune à toutes les Maisons, précisa Hermione. Où les élèves des différentes Maisons pourraient se rencontrer pour discuter, travailler, passer un moment ensemble…
Dean et Seamus se regardèrent avec stupéfaction : comment n'y avaient pas pensé eux-mêmes ?
- C'est vrai, dit Neville. Pour rencontrer les autres élèves on n'a que la bibliothèque et la Grande Salle.
- La bibliothèque c'est fait pour travailler, reprit Hermione, et on n'a pas le droit d'aller dans la Grande Salle autrement que pour les repas et les réunions officielles. Il y a bien les différents Clubs et Associations, mais ce n'est pas pareil… On y retrouve toujours les mêmes personnes…
Il y eut un silence. Puis soudain, chacun se pencha vers la table :
- Une grande salle….
- Pas besoin qu'elle soit très grande. On n'y serait pas tous en même temps…
- où on pourrait rencontrer nos petites amies ailleurs que dans le courant d'air…
- où on pourrait parler avec ceux des autres Maisons et des autres années…
- Un endroit où on pourrait travailler entre Maisons…
- Faire la fête entre Maisons…
- Vous imaginez la bagarre pour la déco !
- Pourquoi ?
- A cause des couleurs !
- Et pas question que les Serpentard y viennent !
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils vont mettre la pagaille avec les Poufsouffle, et avec leurs histoires de sang-pur…
- Non !
La voix d'Hermione était ferme. Harry et Ron la regardèrent avec étonnement. Elle ne leur avait pas parue aussi déterminée depuis son retour.
- Non ! répéta-t-elle. Une salle commune est une salle commune ! A toutes les Maisons ! Chacun sera libre de venir ou pas ! Et si les Serpentard n'y mettent pas les pieds ce sera leur affaire pas la nôtre. D'ailleurs, ceux qui voudront rester entre eux auront toujours la salle de leur propre Maison.
Ils savaient tous qu'elle songeait à Malefoy et ses amis.
- Tu parles comme si on l'avait, cette salle ! intervint Dean. Reviens sur terre ! Ils ne nous laisseront jamais l'avoir !
- Pas si vous allez voir McGonagall avec vos mines de Fred et George réincarnés, en effet ! fit Hermione. Mais si une délégation des Préfets des quatre Maisons allait trouver Dumbledore pour lui exposer l'idée que l'entente entre toutes les maisons passe par un lieu de réunion commun…
Elle regardait Ron qui se demanda pourquoi avant de se souvenir qu'il portait l'insigne rouge sur son cœur. Il commença à avoir des sueurs froides. Pourquoi lui ?
- Ils vont dire que sera trop de débordements.
- Ce sera à nous de les éviter.
- Du travail en plus pour les Préfets ! fit Dean en riant.
- Et pour les Elfes de Maison, ajouta Ron perfidement.
- Non ! dit encore Hermione. Cette salle sera à nous. Nous en serons responsables. De ce qui s'y passe, de sa propreté aussi. Je sais que certains ne manqueront pas de vouloir y faire la fête –elle fusilla des yeux Dean et Seamus, qui prirent un air innocent- et pourquoi pas… Mais ce ne sera pas aux Elfes de Maison de payer les frais de leurs débordements.
- Tu ne veux tout de même pas nous faire faire le ménage ! s'exclama Ron.
- Cela te permettra de mettre en pratique les sorts de récurage que tu as appris l'été dernier ! lui ferma la bouche Hermione sur un ton péremptoire. Certains respecteront peut-être mieux les lieux s'ils se voient obligés de réparer leurs propres dégâts !
Une fois de plus, Dean et Seamus se sentirent visés.
- Rusard va devenir fou ! dit Harry en riant. Si jamais ils acceptent…
- Oui ! fit Ron que l'idée d'un Rusard au bord de l'apoplexie rendait radieux. Comment comptes-tu t'y prendre, Hermione ?
- Pas moi, Ron. Toi.
Le sourire de Ron disparut aussi sec.
- Et pourquoi moi ? Je ne suis pas aussi convaincant que toi, Hermy…
- Justement, je crains que si les autres Préfets s'imaginent que cette idée est de moi…
- Mais elle est de toi, Hermione ! insista Ron.
- Tu penses à Malefoy ? demanda Harry. Tu crains qu'il ne s'oppose à cette idée rien que parce qu'elle est de toi ? Et qu'il entraîne les autres avec lui…
- Je sais que je ne suis pas très populaire… murmura Hermione.
- Parce que je le suis, moi ? se moqua Ron.
- Oui, fit Seamus… surtout chez les Première Année !
Dean pouffa lorsque les oreilles de Ron devinrent violettes.
- Tu parleras à Ernie, Ron. Dit Hermione. Je parlerai à Hannah. Ginny se chargera de voir les Préfets de son Année.
- Mais avant, il faudra voir les Préfets-en-chef. Réfléchit Ron. Il faut leur donner l'impression qu'ils ont été les premiers avertis et qu'ils sont à l'origine de cette idée. Ensuite, si nous jouons fin avec eux, ils feront le boulot à notre place.
Dean le regarda avec admiration.
- Wahooooo ! Ron ! Je te fais toutes mes excuses pour avoir cru que tu n'étais qu'un clown !
- Ben… tu sais, j'ai deux frères qui on été Préfets-en-Chef, je sais comment ils fonctionnent… Et qu'est-ce que tu disais à propos d'un clown ?
Il se retourna vivement vers Dean.
- C'était une plaisanterie, Ron !
- D'accord, accepta Hermione. C'est une excellente idée, Ron.
- Si tu veux, reprit Harry, je pourrais en parler à Sir Nicholas… Il serait peut-être bon de mettre les fantômes des Maisons dans notre camp… Ils pourraient en toucher un mot aux professeurs, et à Dumbledore…
- Oui, fit Neville. Ce serait bien si le Baron Sanglant nous soutenait, il pourrait interdire à Peeves de venir mettre la panique dans notre future Salle commune Commune.
- Il faudra lui trouver un nom ! s'exclama Dean.
- On verra quand on l'aura ! dit prudemment Ron.
Hermione se leva lentement. Elle réunit ses affaires et les confia à Neville avec la consigne de les donner à Ginny pour qu'elle les ramène dans son dortoir.
- Où vas-tu ? lui demanda-t-il.
- Voir Mrs Pomfresh, soupira Hermione.
Ron l'observait avec inquiétude.
- Mais on te reverra avant demain ?
Il craignait qu'elle ne fît comme la veille et ne sortît plus de l'infirmerie.
- J'irai dans la Grande Salle dès que j'aurais pris mes remèdes…
- Mais il est encore tôt !
Neville et Harry lui firent de gros yeux désapprobateurs.
- Je le sais, Ron, reprenait Hermione dans un autre soupir. Mais si je veux me mettre à table avant que vous n'ayez terminé de manger, j'ai intérêt à me mettre en route dès maintenant…
Dès qu'elle se fut éloignée, Dean Thomas donna une claque dans le dos de Ron.
- Je retire ce que j'ai dit ! T'es vraiment un clown, Weasley !
- Ouais ! fit Seamus. Un clown pas drôle, même !
Ron se pencha vers Harry :
- C'est quoi un clown ?
