Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 22
La Salle Commune
Octobre était arrivé sans que personne ne le remarque. Quinze jours de folie avaient passé pour Hermione. Le temps la rattrapait et elle avait failli demander au Professeur McGonagall son Retourneur de Temps. Les garçons n'étaient pas mieux lotis. Entre les cours, les entraînements de Quidditch, les leçons d'occlumancie et de légilimancie avec Rogue pour Harry, sa cicatrice qui l'élançait de plus en plus souvent depuis qu'il progressait en ces deux dernières matières ; les responsabilités de Préfet pour Ron et l'aide qu'il apportait à Hermione dans son travail ; ils n'avaient pratiquement plus une minute pour parler de leur partie d'échec.
Un mois après la rentrée, les Première Année avaient à peine trouvé le rythme de l'école. Il y en avait encore qui se perdaient dans les couloirs. On les sentait encore mal à l'aise et ils avaient du mal à se faire à l'ambiance soucieuse qui régnait dans l'école. Chez les Gryffondor, Hermione avait réussi à recadrer les nouveaux. Elle les encadrait davantage qu'elle n'avait fait avec les Première Année de l'année précédente. Peut-être parce qu'ils paraissaient la craindre. Sa réputation d'intransigeance et l'aura de mystère qui entourait son "accident", comme l'appelait pudiquement Ron, n'y étaient sûrement pas pour rien.
Hermione progressait. Les exercices de rééducation ainsi que les potions de Rogue lui faisaient beaucoup de bien. Elle avait retrouvé un sommeil naturel et, grâce à Ron qui poussait devant elle des assiettes de petits-déjeuners et de repas copieux, elle reprit des forces rapidement. Elle voulait récupérer au plus tôt son titre de meilleure élève de Gryffondor, et pourquoi pas de Poudlard. A cette ambition fort légitime, estimait-elle, s'ajoutait une nouvelle motivation : l'obtention de la Salle commune Commune. Elle n'avait pas voulu se mettre en avant, mais travaillait avec Ron, qui avait été choisi avec trois autres Préfets, pour les représenter auprès des professeurs. Malefoy avait été écarté par ses pairs, notamment ceux de sa propre Maison, pour divergence d'idée. Il prétendait que les Serpentard ne se mélangeaient pas avec la fange des autres Maisons, et que chacun chez soi, Poudlard en serait mieux gardé. Ce qui, lui fit-on remarquer, était en totale contradiction avec la chanson du Choixpeau Magique. Malefoy n'avait que faire d'un stupide chapeau, fût-il magique. On lui demandait d'envoyer les élèves où ils devaient aller, il n'avait pas à se mêler de politique. Il s'opposait à cette stupidité de Salle commune Commune et voulut savoir qui en avait eu l'idée. On lui rappela que le temps de la Brigade Inquisitoriale était révolu, ainsi que celui où son père était un homme influent du Ministère et du Conseil d'Administration de l'Ecole. Ron, Hermione et Ginny eurent la sagesse de ne pas ouvrir la bouche à ce sujet et Malefoy ne put les accuser de lui en vouloir personnellement. Même s'il gardait auprès du professeur Rogue, notamment, des appuis chez les Serpentard, il n'était plus en position de force comme les années précédentes. Il savait que sans Crabbe et Goyle comme garde du corps il n'aurait fait un pas sans payer le prix de son arrogance. Les pères de ses deux sbires avaient été dénoncés comme Mangemorts, mais, à l'inverse de Lucius, ils n'étaient pas prisonniers à Azkaban. Ils se cachaient quelque part, en fuite, sans doute auprès du Maître des Ténèbres et ce nom seul donnait des sueurs froides à ceux qui auraient bien voulu faire ravaler leurs humiliations à Drago et ses deux brutes.
Malefoy cependant n'entendait pas en rester là. Avant que les Préfeteussent terminé de préparer leur argumentation, il les "dénonça" à Rogue. Les Préfets de Serpentard furent convoqués dans le bureau du Professeur de Potions. Ils durent parler de leurs intentions et Rogue fit un rapport à Dumbledore. Une semaine plus tard, tous les Préfets étaient conviés par le Directeur à se rendre dans la Grande Salle pour prendre le thé après les cours. Hermione se fit toute petite. Ron renonça à crier après elle : elle était déjà si préoccupée. Les Préfets étaient inquiets. Bien sûr, ils auraient bien accusé Ron Weasley de tous les maux de la terre s'ils n'avaient dû reconnaître que cette idée leur tenait vraiment à cœur. Ils s'étaient tous rendus à l'invitation du Directeur, la bouche sèche et le cœur battant la chamade. Dumbledore les accueillit les bras ouverts, tandis que les Professeurs Chourave, Flitwick et McGonagall discutaient ensemble. Le Professeur Rogue, tel qu'en lui-même, paraissait froid et lointain. Il fixa Hermione avec insistance et Ron crut devoir s'asseoir entre elle et le regard du professeur.
- Mes chers enfants ! commença Dumbledore.
Son sourire fendait sa barbe grise et dans ses yeux derrière les demi-lunes de ses lunettes dansaient mille lueurs d'étoile. D'un geste de la main il les invita à déguster leur thé et les petits fours qui recouvraient la table. Les Préfets étaient bien trop angoissés pour avaler quoi que ce soit. Ils étaient donc là, la mine blême, leur tasse dans une main et leur petit gâteau dans l'autre à attendre que le Directeur leur signifie qu'ils avaient perdu leur temps. Sauf Malefoy qui trouvait déjà très divertissant de voir ce stupide rouquin essayer de ne pas faire tinter sa tasse dans sa soucoupe tant il tremblait ; et qui s'amusait d'avance de voir les autres prendre une tête de six pieds de long.
- Mes très chers enfants, répéta Dumbledore. Je suis heureux de voir de si jeunes esprits se montrer attentifs et je me réjouis de savoir votre attachement à notre école. Le Professeur Rogue m'a fait part de votre intention de créer un lieu de rencontre inter-Maison. Et je vous avoue que cela a mis mon cœur en joie.
Malefoy sursauta. Il se tourna vers le Professeur Rogue qui écoutait Dumbledore sans rien laisser paraître de son sentiment.
- J'accepte volontiers cette proposition… Oui Minerva ? Bien sûr ! Nous serons vigilants sur les conditions d'ouverture de ce lieu… Il est évident qu'un règlement sera établi…
- J'imagine que c'est déjà fait, dit la voix du Professeur Rogue.
Il n'avait pas touché à la tasse devant lui. Il décroisa ses mains sur la table et fit craquer les jointures de ses doigts. Un frémissement léger passa parmi les Préfets. Seule, Hermione esquissa un sourire.
D'un signe de tête, Dumbledore encouragea le porte-parole de la délégation à répondre. Le Préfet-en-chef, un garçon de Septième Année de Poufsouffle, toussota, un peu intimidé.
- Effectivement, Professeurs, dit-il. Nous avons établi une charte qui détermine sous quelles conditions cette salle serait occupée, si nous avions l'autorisation de l'ouvrir.
Il déroula un parchemin assez long, à la grande surprise des Professeurs Chourave et Flitwick. Minerva McGonagall ne put s'empêcher de sourire. Rogue croisa les bras. Malefoy était atterré. Les étoiles dans les yeux de Dumbledore dansèrent de plus belle.
Le Préfet en Chef commença sa lecture :
- Article Premier : La Salle commune Commune –c'est un nom provisoire – est la salle commune à toutes les Maisons de Poudlard. Chacun est libre d'y venir, comme de ne pas y venir.
Article Deux : Cette salle est un lieu de travail, de rencontre et d'échange entre Maison.
Article Trois : Le respect de chacun y est assuré. Les insultes, les bagarres et les remarques désobligeantes sur l'une ou l'autre des quatre Maison y sont proscrites.
Article Quatre : Ce lieux est sous la responsabilité de chacun. Chacun doit veiller à son entretien.
Article Cinq : Les mêmes règles de vie y seront pratiquées que dans les salles communes des Maisons.
Article Six….
Il continua ainsi jusqu'à l'article vingt. Il roula son parchemin et ajouta :
- Nous n'avons pas réussi à nous mettre d'accord sur un point, Professeurs: la question du Quidditch. Certains d'entre nous voudraient que ce sujet soit banni de la Salle pour des raisons de rivalité, cependant, d'autres pensent qu'interdire le Quidditch serait un abus d'autorité.
Le Professeur McGonagall se mordit les lèvres. Le Professeur Chourave toussa un peu. Le Professeur Rogue tiqua plusieurs fois. Flitwick tomba de la pile de livres sur lesquels il était installé quand il éclata de rire. Hermione baissa la tête. Ron rougit si fort que ses oreilles chauffèrent toutes seules.
- Je suis certain que ce point délicat saura faire l'objet de toute votre vigilance, Messieurs et Mesdemoiselles, dit Dumbledore en souriant. Vous voudrez bien laisser ce règlement, fort bien rédigé au demeurant, aux professeurs responsables. Ils l'étudieront avec toute l'attention qu'il mérite. Ils vous feront connaître les corrections qu'ils désirent apporter à ce texte. Je vous remercie pour ma part d'avoir songé à notre cher Mr Rusard, en assurant vous-même la surveillance de ce nouveau lieu. Ainsi qu'à nos vieux Elfes de Maison. Ils vous seront reconnaissants de leur ôter une surcharge de travail.
Hermione baissa encore plus la tête sous l'œil pétillant de malice du Directeur. Malefoy, fort contrarié, crut qu'il allait leur donner congé. Il se préparait à se lever quand Dumbledore, fit resservir à tous une tasse de thé et poussa devant eux les assiettes à petits fours. Il entama une conversation avec la Préfète en Chef sur la longueur des robes de sorciers à la mode cette année-là : au-dessus ou au-dessous de la cheville ? Mrs Chourave demanda alors à Hermione si ses cataplasmes avaient fait du bien à ses membres ankylosés et le professeur Flitwick s'inquiéta de savoir si elle avait le temps de pratiquer un peu de marche chaque jour. Le professeur McGonagall discutait avec Hannah Abbot et Rogue se taisait. Drago Malefoy était partagé entre la fureur et l'importance que lui procurait ce goûter en compagnie du Directeur.
Dumbledore se leva enfin et regretta de devoir abréger ce moment si agréable. Le Professeur Rogue se leva en même temps sur un geste imperceptible du Directeur. Malefoy se crut obligé d'imiter son professeur. Lorsque les Préfets furent tous sortis de la Grande Salle, il montra le poing à ses camarades de Maison et gratifia Ron Weasley d'une injure violente qui scandalisa les filles de Serdaigle et fit rougir les autres. Il partit sous les huées.
- Voilà une bouche qui mériterait un lavage au sang de Gorgone de Molly, se moqua Hermione.
La colère de Ron se changea en confusion, puis en éclat de rire. Imaginer Drago aux prises avec sa mère lui faisait le plus grand bien. Il ne se sentit que mieux encore lorsque chacun voulut lui témoigner sa gratitude d'avoir eu cette géniale idée qui leur avait valu d'avoir attiré sur eux la bienveillance du Directeur. Tous lui serrèrent la main et une ou deux filles l'embrassèrent sur la joue. Il n'était pas peu fier et voulait partager sa gloire avec Hermione. Il la chercha. Elle avait déjà pris le chemin de leur salle commune. Il la rejoignit sans difficulté. Elle portait dans ses cheveux la barrette qu'il lui avait offerte.
Il songea que ce présent lui avait donné des sueurs froides durant toute la journée de l'anniversaire d'Hermione. Déjà, au matin, il avait commencé à angoisser : le courrier avait apporté des cartes de vœux, un gâteau d'anniversaire de la part de Mrs Weasley, une boite de chocolats de la part des jumeaux qu'ils garantissaient sans surprises désagréables, promis, juré, crois-nous Hermione, on est sérieux pour une fois ; mais pas de paquet de la part de Ron. Luna était venue lui faire chanter un petit oiseau bleu sur l'air de joyeux anniversaire avant de retourner de son pas léger vers la table de Serdaigle. Ginny lui avait offert, de sa part et de celle de Neville très fier, une plume à dicter. Neville avait choisi la plume, d'un magnifique dégradé de bleu, les jumeaux avaient recherché le sortilège adéquat et Ginny l'avait enchantée. Il suffisait de dire "Scribire" et la plume écrivait sous la dictée, même chuchotée. Puis sur un "Finite dictatum", elle se posait près du parchemin, prête à recommencer sur l'ordre de son propriétaire. Harry avait aussitôt surnommé la plume "la plume à papote d'Hermione" et lui avait annoncé qu'il lui offrirait son cadeau après les cours. Hermione s'était servie de sa plume dès le cours suivant à la plus grande joie de Neville. Ron, lui, avait passé la journée à essayer d'éviter Hermione, ce qui était d'autant plus stupide que c'était impossible. Le soir, aucun hibou n'avait fait son apparition. Il commençait à désespérer et il formulait dans sa tête toutes sortes de phrases alambiquées pour expliquer qu'il n'aurait jamais dû faire confiance à Fred et George. Lorsque Harry lui donna le livre sur les animaux fantastiques, elle poussa un cri de joie et le feuilleta aussitôt. Ron sentit un malaise au creux de son estomac. Il monta une dernière fois à son dortoir, à la fois pour vérifier que rien n'était arrivé et échapper aux regards désolés et impuissants de Ginny. Un coup bref à la fenêtre qu'il ouvrit aussitôt. Il attrapa le hibou par le cou, à son grand désarroi, et se saisit du paquet qu'il transportait ! Une lettre : "Ha ! Ha ! Ha ! Tu as cru qu'on avait oublié ! Fred et George."
- Les imbéciles !
Il jeta le papier par terre et renonça à ouvrir le paquet pour vérifier son contenu. Il était trop tard de toutes façons… Il dévala les escaliers. Tous étaient déjà passés à autre chose, c'est-à-dire au gâteau de Mrs Weasley qu'ils partageaient avec ceux qui étaient présents. Il n'en fut pas mécontent. Si elle n'aimait pas il n'aurait pas à rougir devant tout le monde. Il lui tendit le paquet qu'il ouvrit pour elle. Il fut surpris et soulagé. Soulagé parce que c'était bien le cadeau qu'il avait commandé à ses frères et surpris par la beauté de la parure. Un entrelacs ouvragé en métal argenté, orné de perles rouges transparentes. On aurait dit un bijou. Ginny avait bon goût. Pour les objets, ajouta-t-il pour lui-même tandis que Dean se penchait à l'oreille de sa sœur qui éclata de rire. Il réalisa qu'Hermione lui tendait la barrette pour qu'il attache ses cheveux. Maladroitement il tira quelques mèches avant de réussir à bloquer le fermoir. Heureusement, Ginny vint à son secours. Elle recoiffa les cheveux d'Hermione avec un peu plus de douceur et plaça la barrette bien droite et au milieu. Elle lui dit "merci" d'une voix fatiguée et voulut se lever pour l'embrasser. Il murmura que ce n'était pas grand-chose et lui tendit sa joue. Il remarqua alors à ses lobes les petits trous qu'elle avait fait l'été précédent pour y porter les boucles d'oreilles de Viktor Krum. Toute son assurance sombra alors et il songea que son cadeau, en effet n'était vraiment pas grand-chose.
Tandis qu'il revenaient ensemble de la Grande Salle, Ron pensait qu'elle n'avait pas parlé du présent que Viktor n'avait pas manqué de lui envoyer. Il chassa cette idée. La journée avait été plutôt bonne, il ne voulait pas la gâcher ainsi.
- Pourquoi n'es-tu pas restée pour recevoir ta part de félicitations ? demanda-t-il. A présent que l'idée est acceptée, tu n'as rien à craindre. Et ta popularité ne s'en porterait que mieux !
- Ca m'est égal, répondit Hermione en riant.
- Tu te sens bien ?
- Je n'ai jamais cherché à être populaire, Ron. Tout ce que je veux c'est être la meilleure, avoir le plus d'ASPIC possible et être Préfète en Chef l'année prochaine.
- Et l'année d'après ? Ministre de la Magie, peut-être ? se moqua Ron.
- Ne dis pas de bêtises, Ron ! Pour être Ministre, il faut avoir quelques années sur les épaules et les tempes dégarnies.
- C'est bon pour papa alors ! Mais comme il a moins d'ambition que toi…
Ils arrivaient en bas des escaliers qui menaient à la tour de Gryffondor.
- Pour l'instant mon ambition se borne à arriver en haut de ces marches sans avoir l'impression d'avoir couru un cent mètres !
- On n'est pas pressés, dit Ron en s'asseyant sur les marches. On est vendredi soir, on travaillera demain.
- Et ton entraînement ?
- Dispensé pour cause de goûter avec Monsieur le Directeur et ses adjoints. Heureusement que le capitaine est mon ami.
- Oui, soupira Hermione. Vous faites une bonne équipe tous les deux.
- Comment tu le sais ? Tu n'as assisté qu'à deux entraînements.
- Neville me fait le commentaire. Il a assisté à chacun d'eux, avec Luna.
Ron se mit à rire.
- Oui, avec Luna ! C'est dingue la manière dont elle lui fait les yeux doux !
Hermione le regarda avec stupéfaction.
- Mais Ron, ce n'est pas à Neville qu'elle fait les yeux doux ! C'est à toi !
Le rire de Ron s'arrêta dans sa gorge.
- Tu plaisantes ?
- M'as-tu déjà entendue plaisanter sur un sujet aussi sérieux ?
- Je ne t'ai jamais entendue plaisanter sur aucun sujet, Hermione.
Il cacha sa tête dans ses mains.
- Mais qu'est-ce que je vais faire ?
- Rien, Ron, se moqua un peu Hermione. Continue à être tel que tu es. Elle se rendra bien compte…
- De quoi ?
- Que tu es loin d'être celui qu'elle imagine. A moins que tu ne veuilles…
- Non ! s'écria Ron terrorisé. Elle est gentille, je te l'accorde, mais franchement…
- C'est vrai, j'oubliais, fit Hermione un peu sarcastique. Tu n'es attiré que par les Vélanes.
Ron ne sut que dire. Hermione se releva tant bien que mal. Elle lui désigna Jezebel Dawson qui arrivait en courant.
- Tiens, voici une autre de tes admiratrices, dit-elle alors qu'elle s'agrippait à la rampe pour commencer à monter.
Ron bondit. Trop tard. Jezebel était déjà là. Il était furieux. Contre lui. Contre Dawson. Même contre Neville et Luna. Et surtout contre Hermione. Il se tourna vers les escaliers :
- Une Vélane ça vaut un attrapeur bulgare ! cria-t-il
- Tu es un imbécile, Ronald Weasley, répondit Hermione sans se retourner.
Plus tard, alors qu'Hermione était déjà remontée dans son dortoir, et qu'ils réfléchissaient, lui, Harry et Neville devant l'échiquier version sorcier, cette remarque lui revint à la mémoire. Il demanda à Harry s'il était vraiment un imbécile ou si elle avait dit cela pour l'embêter.
- Qu'est-ce que tu lui as dit ? demanda Harry plus par habitude que par vraie curiosité.
- Elle m'a accusé de n'être attiré que par des Vélanes et je lui ai répondu qu'une Vélane ça vaut un attrapeur Bulgare.
Il croyait qu'Harry allait rire de sa plaisanterie. Il reçut un coup de poing dans l'épaule gauche.
- Tu es aveugle ou quoi, Ron ? Tu n'as pas remarqué qu'elle ne reçoit plus de hibou de Krum depuis qu'elle est rentrée de l'Hôpital ?
- Non, enfin… oui… peut-être… Et alors ? Il l'a laissée tomber ? demanda-t-il soudain plein d'espoir.
- Non, Ron, il ne l'a pas laissée tomber, répéta Harry qui se frottait le front.
- C'est elle qui lui a écrit pour lui dire de ne plus penser à elle, continua Neville à la place de Harry. Qu'elle avait changé depuis qu'elle avait frôlé la mort ; qu'elle ne redeviendrait jamais celle dont il avait le souvenir et qu'elle éprouvait pour lui de l'affection mais pas le même amour qu'il semblait éprouver pour elle et que ce n'était juste ni pour elle ni pour lui.
- Mais comment tu le sais ? demanda Ron éberlué.
- Parce qu'elle était à côté de moi quand elle a dicté sa lettre à sa plume !
Ron se leva et en deux enjambées fut devant l'escalier du dortoir des filles. Il revint vers Harry et Neville.
- Mais alors ?… Mais alors…
Harry fit une grimace.
- Tu vas te décider ? demanda Neville devant le sourire de Ron.
Celui-ci se rassit devant l'échiquier et dit : "Non !"
- Ron ! s'écria Neville. Pourquoi ?
- Parce que c'est trop beau pour être vrai ! Hermione revient de l'Hôpital, Malefoy est puni et désavoué par ses camarades et par Rogue en public, on a un super prof de Défense contre les Forces du Mal, je reste dans l'équipe de Quidditch, on obtient la salle commune, ma côte de popularité est à son zénith, et maintenant : exit Krum ! Non, cela cache quelque chose. Elle va m'envoyer balader, c'est inévitable ! Je ne veux pas tout gâcher !
- Tu es…commença Neville
- Un imbécile, je sais ! Mais un imbécile heureux ! Et ça vaut mieux qu'être un imbécile malheureux, crois-moi, je sais de quoi je parle !
- Ron ! fit Harry.
- Je te dis que c'est trop beau, Harry. Ça ne peut pas durer !
Harry se leva brusquement, la tête dans les mains.
- Ron ! cria-t-il.
Il tomba à genoux, le visage sur l'échiquier. Des élèves de Première Année se levèrent de leur chaise, apeurés. Le Préfet de Septième Année vint aux nouvelles.
- Ron ! hurlait Harry. Ma cicatrice ! Elle s'est rouverte !
Ron tentait de retirer les mains de son ami de son visage. Neville l'aidait de son mieux.
- Non Harry !
- Je te dis qu'elle saigne ! Je vois du sang partout !
Il échappa à ses amis et tomba sur le sol. Sa tête cogna le bord de la table. Il perdit connaissance. Le Préfet de Septième Année partit aussitôt chercher le Professeur McGonagall. Ron cria aux Premières Années d'aller se coucher. Ils obéirent, terrorisés. Les autres se demandaient ce qu'avait encore Potter. Ron resta agenouillé auprès de Harry. Neville était livide.
- Quand je le disais, murmurait Ron, la voix tremblante, la main tout près de la cicatrice de Harry. Quand je le disais que c'était trop beau pour durer !
Harry s'éveilla en sursaut. Il vit le visage de Rogue près du sien et un instant il crut y avoir lu de l'inquiétude. La barbe blanche de Dumbledore fut face à lui. On lui mit ses lunettes sur le nez. Mrs Pomfresh touchait son front de sa main fraîche. Elle secoua la tête.
- C'est passé, dit-elle.
Harry appuya sa main sur sa cicatrice. Il avait encore mal, mais bien moins que cette douleur qui vrillait sa tête un instant plus tôt –était-il certain que c'était un instant ?
- Que s'est-il passé, Potter ? Le pressa Rogue. Il vous a surpris ?
Harry secoua la tête.
- Non, ce n'était pas la même chose.
Il ferma les yeux. D'abord la brûlure. Coutumière depuis plusieurs années déjà. Quelques picotements de plus en plus vifs. Une démangeaison qui se transformait en torture. Jusqu'à la déchirure. Il ne sentait plus rien que la douleur, rouge, qui le transperçait. Il avait déjà vécu cela.
- Il est là !
Rogue le regardait sans comprendre. Dumbledore plissa les yeux.
- Il est à Poudlard ! Ron ! Il faut que je voie Ron ! Il avait raison !
Il bascula sur le lit. Sa tempe lui faisait mal. Il fut prit de vertiges. Puis de nausées. La main de Dumbledore l'empêcha de tomber.
- Calme-toi, Harry. Tu as reçu un coup à la tête. Reste allongé. Ca va passer.
- Mais vous ne comprenez pas ! Il est ici !
- C'est impossible !
La voix de Rogue était basse et son visage dur trahissait pourtant une émotion angoissée. Il l'avait senti lui aussi. Il avait senti sa présence. Harry baissa les yeux lentement sur le bras gauche de Rogue pour fixer sans se cacher la manche noire au-dessus du poignet. Dumbledore le força à lever le visage vers lui et ses yeux bienveillants.
- Vous aviez dit la même chose, ragea Harry entre ses dents. Vous aviez dit la même chose il y a quatre ans. Et pourtant il était là !
- Harry, répondit Dumbledore pour retenir ses pensées vers lui. Il ne peut être ici.
- Je sais ! explosa Harry. On ne peut pas transplaner dans Poudlard ! On ne peut y entrer sans que vous le sachiez ! Mais ce n'est pas vrai ! Quirrell a bien fait entrer Voldemort dans l'école !! Et il a fait entrer ce Troll à votre barbe et à votre nez !
D'un geste automatique, Rogue frotta son grand nez froid. Il jeta un regard furieux à Harry.
- Et le trou par où Ron et Hermione sont arrivés dans la Forêt Interdite ? Vous y avez placé des gardes armés, peut-être.
- Potter ! Vous ne parlez pas à l'un de vos stupides camarades ! Vous vous adressez au Directeur de Poudlard !
- Je suis sûr que Harry en est tout à fait conscient, Severus, sourit Dumbledore.
Il s'assit sur le lit et croisa ses mains sur ses genoux.
- Harry, nous savons que Voldemort n'est pas à Poudlard parce que nous savons qu'il est ailleurs.
Harry ne put s'empêcher de donner un coup d'oeil rapide au professeur Rogue.
- Ce n'était pourtant pas un rêve, murmura-t-il un peu dégrisé de sa colère. Et il le sait aussi bien que moi.
Il désignait Rogue du doigt et à sa grande surprise, le professeur ne releva pas l'irrespect qu'il lui manifestait.
- Je dois avouer, Monsieur, s'adressa-t-il à Dumbledore, que j'ai ressenti un grand trouble ce soir.
Harry renifla. Un grand trouble ?! Une torture dans sa chair, plutôt.
- Laissez-moi voir, Ron, Professeur. Il savait que cela allait arriver.
- Weasley ? questionna Rogue d'un air dédaigneux. Mais qu'est-ce que cet abr… ce stupide garçon peut-il savoir de ce que prépare le Seigneur des Ténèbres ?
Dumbledore lui jeta un regard amusé.
- Mais que diantre vous a fait ce pauvre garçon, Severus… ? demanda-t-il doucement.
Il fit un clin d'œil à Harry, stupéfait. Comment Dumbledore pouvait-il songer à plaisanter en un moment pareil.
- Et qu'a donc dit Ron de si important, Harry, reprit-il en souriant.
- Il a dit que vu que sa Reine était morte, son Cavalier en prison, qu'il ne pouvait faire confiance à son Fou, et que ses pions étaient désorganisés, il lui faudrait soit attendre que je vienne à lui, soit venir à moi… Et comme il n'était pas quelqu'un de patient !
- Il délire, Monsieur ! Et Weasley aussi !
- Pourquoi Severus ? Vous n'aimez pas les échecs ? demanda Dumbledore. C'est un jeu que j'adore personnellement, et je crois que Mr Ronald Weasley y excelle…
- Oui, reprit Harry plein d'espoir. Il faut que je le voie pour qu'il m'explique exactement ce qu'il envisage…
- C'est ridicule, Professeur ! l'interrompit Rogue. Ce garçon s'est endormi et a laissé ouvertes les portes de son esprit ! Il est trop préoccupé sans doute par le sort de ses amis et de ses petites amies…
Harry lui adressa un regard profondément haineux. Le rire de Dumbledore retentit. La main du Directeur tapota son épaule.
- C'est juste, Severus… fit-il d'une voix légère. On ne peut demander à un garçon de cet âge de se préoccuper du sort du monde…Du moins on ne le devrait pas… Tu dormiras ici, Harry. Tu t'es donné un coup assez violent à la tête et Mrs Pomfresh craint que tu ne sois malade cette nuit.
Harry sentit à nouveau la douleur dans sa tempe et cette impression vaseuse de vertige. Cela le rassura cependant. C'était une sensation tout à fait "normale", un peu comme quand il prenait des coups de la part de Duddley et de ses copains. Il regretta presque cette période où la douleur qu'il ressentait alors n'avait rien de "bizarre".
- Repose-toi, Harry, dit la voix de Dumbledore, lointaine.
Oui, il fallait qu'il se repose. Il devait être bien fatigué, s'il en venait à regretter les raclées de Duddley.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!
Hermione était devant eux les bras croisés, le regard sévère. Neville regarda Ron et Ron passa très vite en revue tous ses faits et gestes depuis le début de la matinée.
- Je viens de l'infirmerie et Harry…
Ron se leva à demi, laissant échapper son livre sur le Quidditch qui tomba au sol.
- Ils t'ont laissé le voir ? haleta-t-il prêt à attraper la jeune fille par la robe si jamais elle avait l'idée saugrenue de s'en aller sans répondre.
- Je ne suis pas allée le voir, Ron, rappela Hermione, les yeux au ciel, un soupir d'exaspération au fond de la gorge. Tu oublies que depuis que je suis revenue je passe plus de temps à l'infirmerie que dans cette salle. Et qu'est-ce que je vois tandis que Mrs Pomfresh me prépare mes potions ? Harry allongé sur un lit d'infirmerie, un cataplasme sur le front, qui me fait des signes désespérés pour que je m'aperçoive de sa présence sans en avertir Mrs Pomfresh !
- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ? la pressa Ron, au bord de l'apoplexie.
Neville toussota. Les têtes des Gryffondor se tournaient déjà vers eux.
- Il m'a dit : dit à Ron de prendre l'échiquier. Il avait raison. Il est ici.
Ron se laissa tomber sur sa chaise, abasourdi.
- Alors ? reprit Hermione qui visiblement se forçait au calme.
- Alors quoi ? demanda Ron qui tout aussi visiblement avait tourné ses pensées vers autre chose que la confusion de la jeune fille.
- QU'EST-CE QUE CELA VEUT DIRE ?
- Tu le saurais si tu te souciais un peu plus de nous ! s'exclama Ron. Depuis que tu es revenue, on dirait que ni Harry ni moi n'avons d'importance pour toi ! Tu te moques de ce qui peut lui arriver. Tu nous as laissé tomber, Hermione !
Il y eut un silence. Dans la salle tous les regards étaient tournés vers eux. Certains inquiets, d'autres goguenards. Lavande et Parvati se penchèrent l'une vers l'autre pour glousser quelques chuchotements. Dean Thomas se leva et s'adressa à la cantonade, les mains levées en signe d'apaisement :
- Jeunes gens, jeunes filles, dit-il à la manière de Dumbledore, retournez à vos occupations. Ce ne sont que Ron Weasley et Hermione Granger qui se font une scène ménage. Baissez la tête, les assiettes vont voler bas !
Il se rassit tandis que Seamus Finnigan se tordait de rire sur la table.
- Bravo Ron ! fit Hermione en même temps que Ron disait :
- Bien joué Hermione !
- Ça suffit ! décida Neville.
Il attrapa Ron par la manche gauche, Hermione par la manche droite et les força à s'asseoir. Ron et Hermione se défiaient du regard.
- Ce n'est pas vrai ! finit-elle par dire. Je ne vous ai pas laissé tomber ! Crois-tu…
Elle baissa la voix et se pencha un peu par-dessus la table :
- Crois-tu que ce soit facile pour moi ? Vous avez continué à vivre pendant que j'étais morte !
- Mais, tu n'étais pas morte, Hermione.
Ron se força à rire. Elle reprit :
- Oui je l'étais ! Je l'étais pour ceux qui me soignaient malgré tout ! Je l'étais pour ta mère et tes frères ! Je l'étais pour moi-même ! Et je l'étais pour toi et Harry !
- Ce n'est pas vrai ! se récria Ron.
Il leva les yeux, un peu inquiet vers la salle.
- Ce n'est pas vrai, répéta-t-il. Je t'ai gardé ta place !
- Ma place, reprit Hermione sur un ton amer.
Elle soupira, pinça les lèvres, secoua la tête, remit ses cheveux en arrière, se redressa et dit :
- Mais ce n'est pas de moi dont nous parlions. Que fait Harry à l'infirmerie et qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
