Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 25
Miroir mon beau miroir…
Ron faisait les cent pas dans le couloir des cachots. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien avoir à se dire ? La porte s'ouvrit enfin et Hermione sortit du bureau de Rogue. Il fut près d'elle en un bond.
- Il t'en a fallu du temps pour rendre un devoir ! s'exclama-t-il.
- Il ne fallait pas m'attendre, lui répondit Hermione un peu interdite.
- C'est… C'est que je n'aime pas trop te savoir seule avec ce type… reprit Ron un peu moins tranchant.
- Et que veux-tu qu'il m'arrive ? railla-t-elle.
Ron sentit le sang monter à ses oreilles.
- On y va ? demanda-t-il.
Il était un peu nerveux. Il ne s'agissait pourtant que d'un cours de Vol en balai. Pas d'un rendez-vous.
- Où irons-nous ? questionnait Hermione. Je ne veux pas qu'on me voie me ridiculiser ?
- Derrière la tribune de Serdaigle, derrière le terrain de Quidditch. Il y a la place au sol et on peu voler assez haut sans qu'on nous voie. En plus ce n'est pas très loin des vestiaires pour récupérer mon balai…
Hermione le regardait du coin de l'œil.
- Tu sais, Ron, si tu n'y tiens pas, je ne me fâcherai pas…
Ron n'eut pas le temps de répondre. Il tournait la tête vers elle et ne vit pas celui qui sortait du cachot devant lequel il passait…
- Oups ! Déso… Malefoy !
- Espèce de sale rouquin dégénéré !
Hermione retint le bras de Ron. Malefoy déséquilibré par le choc avec Weasley se retint au mur.
- Lâche-moi, Hermione ! gronda Ron au comble de la fureur.
- Ne te mêle pas de ça, la Sang-de-Bourbe ! Ma tante est peut-être morte, mais elle a su te ravaler à l'état que tu n'aurais pas dû quitter : celui d'une moldue sans pouvoir.
Ron dégagea son bras et attrapa Malefoy par le col.
- Ne t'avise pas de la toucher, Malefoy ! cria-t-il.
- La toucher ! fit Drago avec mépris. J'aurai trop peur de me salir les mains.
Ron le rejeta contre le mur.
- C'est moi qui me salis les mains, dit-il.
Brusquement Drago eut sa baguette en main. Ron se plaça devant Hermione.
- Ce n'est pas elle que je vise, Weasley. Je ne la toucherai même pas du bout de ma baguette. C'est toi…
- Accio baguette ! dit Ron.
La baguette de Drago quitta ses doigts pour la main de Ron. Il la jeta à terre derrière lui. Il tendit la sienne à Hermione.
- Voyons ce que tu vaux sans tes deux brutes, Malefoy, et sans ta baguette !
- Non Ron ! souffla Hermione.
Ron la repoussa. Elle tomba en arrière sous le rire méchant de Malefoy. Ron frappa le premier. Il fonça tête baissée dans la poitrine de Drago. Ils furent à terre dans le même temps. Hermione ne savait que faire. Appeler ? Rogue viendrait le premier et Ron serait puni. Il le méritait sûrement. Mais tout de même, elle ne pouvait pas lui faire ça… S'il était en retenue, il ne pourrait pas lui faire réviser ses cours de vol. Mais elle ne pouvait pas non plus laisser Malefoy lui refaire le portrait. Se servir de sa baguette ? Les stupéfixer tous les deux ? Ils bougeaient trop pour viser uniquement Malefoy. Et elle n'était pas sûre de ne pas les blesser. Drago agrippa les cheveux roux de Ron et frappa sa tête contre le mur. D'un coup de genou, Ron rejeta le Serpentard loin de lui. Il se releva et essuya sa bouche en sang. Malefoy avait deux yeux pochés.
- Ron, ça suffit ! Arrête !
Il n'entendit pas Hermione. Il n'entendait que le bourdonnement de son sang à ses oreilles. Pourquoi cette sale fouine ne se relevait-elle pas ?
Malefoy était au sol. Il avait senti dans la poche de sa robe de sorcier quelque chose se briser. Un "clac" discret, sec et net. Il pâlit. Il porta la main à sa poche. Ron crut qu'il cherchait sa baguette, avant de se souvenir qu'il la lui avait prise. Drago sortit quelque chose de sa robe, qui tenait dans la paume de sa main. Il releva la tête, une grimace de haine, de fureur et de vengeance sur le visage. Il se redressa dans un cri de rage. Il fondit sur Ron. Sa main était rouge. Le jeune Weasley vit briller l'éclat du verre. Il eut juste le temps de lever les bras devant son visage. Il sentit la brûlure sur sa pommette, le dos de sa main et son bras. Hermione cria. Malefoy se retourna vers elle. Il pointa sa main sanglante sur sa gorge.
- Malefoy !
Le professeur Rogue repoussa Hermione derrière lui. Son teint cireux devint livide lorsqu'il vit le sang sur le visage de Ron Weasley.
- Malefoy ! Qu'avez-vous fait ? ! s'écria-t-il.
Il saisit la main de Drago, soudain dégrisé. Le morceau de verre tomba à terre.
- Il faut soigner cela ! Allez à l'infirmerie.
- Monsieur, ils m'ont attaqués ! cria Malefoy.
Rogue tourna la tête vers Ron, accroupi, qui fixait ses mains en sang comme s'il ne saisissait pas ce qui était arrivé. Malefoy sentit qu'il ferait mieux de se taire. Depuis que son père était en prison, il comprenait que Rogue ne pouvait le soutenir aussi ouvertement que quelques mois plus tôt.
- Nous en reparlerons, Mr Malefoy, dit Rogue froidement.
Il avança d'un pas et Hermione le vit poser le pied sur le morceau de verre tombé au sol.
- Vous deux, dans mon bureau ! commanda le professeur.
Ron leva vers lui un regard un peu hagard. Une profonde coupure entaillait sa joue. Malefoy s'éloigna sur un sourire hargneux ; de sa main gauche il tenait son poignet droit d'où le sang coulait goutte à goutte.
- Relevez-vous Weasley !
La voix pleine d'impatience de Rogue révulsa le cœur de Ron.
- Granger, remettez-vous ! personne n'est mort !
Hermione aida Ron à se relever. Elle lui rendit sa baguette. Elle se détourna de Rogue un instant. Quand elle posa à nouveau les yeux sur lui, elle était sûre qu'elle l'avait vu mettre quelque chose dans sa poche.
- Granger, la baguette, là ?
- C'est celle de Malefoy, Monsieur.
- Ramassez-la, je vous prie.
Hermione obéit. Ron lui jetait des regards noirs. Qu'il la ramasse lui même ! Elle tendit la baguette à Rogue qui la mit dans sa poche.
Le professeur les fit entrer dans son bureau. Il désigna un siège à Ron qui s'assit, un peu sonné. Rogue disparut pendant un moment dans la pièce attenante. Dès qu'il se fût éclipsé, Hermione sortit son mouchoir et entreprit d'essuyer le sang sur le visage de son ami. Elle tamponnait doucement la plaie nette et profonde. Il n'osait grimacer de douleur. Il lisait dans ses yeux une réelle inquiétude. Il baissa la tête au bout d'un moment.
- Tu peux le dire, murmura-t-il.
- Quoi ? fit Hermione sur un ton qui montrait qu'elle savait très bien ce qu'il voulait dire.
- Que tu me l'avais dit !
- Et ça servirait à quoi ? demanda-t-elle encore, essayant de retenir le tremblement de sa main.
- A me sentir moins mal, murmura à nouveau Ron, très amer. La prochaine fois…
- Que ferez-vous la prochaine fois, Weasley ?
Rogue était à nouveau là, des fioles dans ses mains. Hermione s'éloigna d'un geste moins rapide qu'elle ne l'eût voulu. Rogue déposa les fioles sur la table. Il saisit sans douceur le visage de Ron pour le tourner vers la lumière. Il nettoya la blessure sans ménagement. Ron serrait les dents. Il était hors de question qu'il l'entende se plaindre. Pas le moindre gémissement ne sortirait de sa bouche ! Il l'observa tandis qu'il débouchait un flacon. Rogue versa directement le liquide noir sur les lèvres de la plaie et Ron s'agrippa de toutes ses forces à son siège. Les doigts crochus du professeur s'enfoncèrent dans sa joue quand le jeune homme essaya de retirer son visage de leur étreinte. La brûlure lui fit monter les larmes aux yeux. Il n'osait regarder Hermione. Il haïssait ce type plus que jamais. Plus que Harry pouvait le détester pour il ne savait quelles raisons ! Puis Rogue recouvrit la blessure d'un onguent et la douleur se fit moins aiguë. Ron se détendit et sa poitrine s'abaissa dans un soupir de soulagement. Lorsqu'il comprit qu'il lui faudrait recommencer pour soigner sa main et son bras, le jeune Weasley se sentit blêmir. Le regard de Rogue et le plaisir qu'il semblait trouver à le faire souffrir ainsi le confortaient dans son intention de ne pas montrer le moindre signe de faiblesse. Il se demandait si Malefoy souffrait autant avec Mrs Pomfresh. Il espérait que oui. Il en doutait, cependant. Il était certain toutefois que Rogue avait pris la peine de le soigner lui-même afin d'être sûr que le remède soit plus pénible que la blessure.
Enfin le professeur de Potions s'éloigna de lui. Il rangea ses fioles en silence.
- Bien Weasley, dit-il un peu plus tard. Je suis désolé pour vous. Je sais que vous voudriez ressembler à Potter mais vous ne garderez pas de cicatrice. Et vous ne parlerez à personne de ce qui s'est passé dans ce couloir.
Ron releva la tête vivement.
- Il a quand même essayé de nous tuer, Monsieur…
- Allons, allons, Weasley… Vous oseriez formuler de telles accusations devant d'autres que moi ? Je suis sûr que Mr Malefoy a une autre version… bien plus crédible que celle qu'il nous a donnée il y a quelques instants… ajouta-t-il en regardant Hermione. Car bien que je doute que Miss Granger soit en état d'attaquer quiconque, il n'en va pas de même pour vous, Weasley et votre emportement est bien connu de tous ici.
- Autant que la malice et la violence de Malefoy, Monsieur, répliqua Ron avec colère.
- Ron ! fit Hermione à voix basse.
Elle roula de gros yeux mécontents. Le sourire de Rogue mit la rage au cœur de Ron.
- Nous ne dirons rien aux autres Gryffondor, Monsieur… promit Hermione.
- A part Harry, ajouta Ron à voix pas si basse.
Il capta le regard de Rogue et le défia.
- Parce que vous croyez que Malefoy va se priver de raconter son histoire ? dit-il avec insolence.
- Mr Malefoy serait malvenu de prétendre qu'il s'est servi d'une autre arme que sa baguette magique pour vous infliger des blessures dont vous ne portez plus traces, Weasley…
- Voyons, Ron ! s'écria Hermione un peu agacée. Comment voudrais-tu que Malefoy explique que tu l'as désarmé et qu'il a dû se servir d'un bout de verre pour se défendre, comme un vulgaire moldu…
Et elle ajouta : Tais-toi ! en remuant les lèvres uniquement. Elle demanda la permission de sortir et entraîna Ron avec elle.
- Tu es stupide ou quoi, Ron ? Tu n'as rien remarqué ?
- J'avais du sang plein les yeux ! Qu'est-ce que je pouvais bien remarquer ? fit Ron un peu froissé. Qu'est-ce qu'on fait ? On va voir Harry maintenant ou tu viens avec moi derrière le terrain de Quidditch ?
Il finissait de parler qu'il se rendait compte de ce qu'il venait de dire. Il devint plus rouge que ses cheveux.
- Heu… commença-t-il.
Hermione ne put se retenir de rire. Ron ne pouvait rougir davantage. Il sentit ses oreilles se consumer en un dixième de seconde.
- Tu sais, Ron, tu n'as aucun souci à te faire pour ton avenir… Tu pourrais briguer la place du Professeur Trelawney. Toutes tes prédictions se sont révélées justes… même si elles n'ont pas vraiment le sens que tu leur donnais…
- Mais qu'est-ce qu'on fait pour Harry ? demanda Ron pour écarter le sujet.
- Laisse Harry souffler un peu, Ron, dit Hermione. J'ai l'impression que le répit sera de courte durée.
La Salle des Quatre Maisons connaissait une fréquentation satisfaisante. Quelque temps désertée, excepté par les Préfets, après Halloween, elle avait connu un regain d'activité après la fête des Gryffondor. Les Serpentard avaient tardé à revenir, mais ils étaient revenus. Ils ne se mêlaient pas souvent aux autres, mais ils étaient là. Ron soufflait devant ce qu'il appelait leur incapacité à tendre la main. Hermione levait alors les yeux a ciel, avec un sourire désabusé et prétendait qu'on ne pouvait forcer personne à aimer quiconque et qu'il était déjà fort bien qu'ils fussent là. Elle veillait sur "sa" salle comme une mère sur ses petits. Elle n'hésitait pas à rappeler à ceux qui avaient tendance à l'oublier que la Salle des Quatre Maisons était une salle commune et que l'entretien se faisait en commun. Elle chassa même un jour Dobby qui s'avisait d'y faire le ménage. Le petit Elfe décharné se jeta à ses genoux pour la supplier de lui laisser au moins nettoyer le sol que foulait Harry Potter et ses amis. Elle y consentit, mais uniquement parce qu'elle ne pouvait le faire elle-même encore. Dobby saisit alors sa main toute blanche et la baisa avec presque autant de dévotion qu'il se jetait aux pieds de Harry. Ron avait failli en tomber à la renverse. Luna avait dit d'un air absent : Ah oui oui … avant de replonger dans le devoir de botanique sur lequel elle travaillait avec Neville. Ce dernier avait souri pour lui-même sans qu'on sût si c'était à cause de Luna, de Dobby, ou de Ron qui jetait à l'elfe des regards ombrageux. Harry arriva au moment où l'Elfe disparaissait et il en fut heureux. Il supportait de plus en plus mal la vénération que le petit être lui vouait. Il le mettait mal à l'aise. Ron se pencha aussitôt vers lui et lui chuchota qu'il fallait à tout prix qu'ils lui racontent quelque chose. Il ne put attendre d'être monté dans la salle de Gryffondor. A voix basse, il lui détailla tout ce qui s'était passé entre le moment où il avait foncé dans Malefoy et celui où ils étaient sortis du bureau de Rogue. Hermione l'écouta sans l'interrompre une fois. Elle se contenta par moment de lever les yeux au ciel en soupirant si fort que Luna exorbitait davantage son regard sur elle.
- Ca c'est passé quand ? demanda Harry.
- Hier après les cours, répondit Ron.
- Et vous me le dites seulement maintenant ? s'énerva Harry. Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit tout de suite ?
- Parce que nous… commença Ron. Parce que nous avions autre chose à faire.
- Qu'est-ce qui est plus important que ce qui concerne Malefoy et Rogue ? gronda Harry.
Il frappa du poing sur la table et regarda ses deux amis avec colère.
- Tu t'es disputé avec Isadora ? demanda Ron un peu surpris.
- Non, fit Harry en rougissant.
En effet, il ne s'était pas disputé avec son amie. Il était parti juste avant que cela n'arrive. Elle lui avait bêtement reproché d'être un peu "ailleurs" ces derniers temps… Comme si elle pouvait comprendre… En même temps il se savait profondément injuste avec elle.
- Elle a pleuré ? questionna Ron, intéressé.
- Non ! refit Harry.
- Il fallait l'embrasser, alors ! dit Ron avec une évidence dont lui seul avait la clé.
Neville leva la tête vers le jeune rouquin, un rire prêt à fuser.
- Ecoute donc les conseils de Ron, se moqua-t-il.
- Ce ne sont pas les conseils de Ron, dit Ron. Ce sont les conseils de Bill. Il dit toujours : quand une fille commence à te crier dessus, embrasse-là, elle sera peut-être encore fâchée après toi, mais au moins ça la fera taire. Et si ça marche avec une Vélane, il n'y a pas de raison pour que ça ne marche pas avec Isadora, ajouta Ron.
Neville et Luna l'observèrent un moment. Etait-il sérieux ou se moquait-il d'eux. Ils glissèrent le regard vers Hermione qui mordait le coin de ses lèvres. Pour ne pas éclater de rire ou s'empêcher de prononcer de regrettables paroles.
- J'y penserai la prochaine fois, finit par dire Harry sans sourire.
- Crois-moi, un bon baiser, il n'y a rien de tel pour remettre les idées en place…
- Ou te les mettre à l'envers… termina Harry, en souriant cette fois.
Il songea qu'il aurait mieux fait de se taire alors que Ron se penchait un peu plus sur la table pour lui chuchoter.
- A ce point ? Mais ils sont comment les baisers d'Isadora… Mieux que ceux de Cho ?
- Heu… dit Harry.
Il remonta ses lunettes sur son nez, appelant Neville au secours dans une grimace. Mais Neville cachait son visage dans son livre, les épaules secouées d'un fou rire silencieux. Luna fermait à demi ses grands yeux d'effraie et fixait Ron, le menton sur sa main. Hermione se taisait, semblant attendre que la conversation reprenne un cours normal pour y participer.
- Ils sont différents, se décida Harry, dans l'espoir que cela suffirait à Ron.
- Et… ?
Visiblement cela ne suffisait pas Ron. Et aucun des autres ne voulait intervenir.
- Et cela fait de la buée sur les lunettes ! répondit Harry sur un ton cassant. Ecoute Ron, j'imagine aisément que le vide de ta vie sociale et amoureuse te pousse à t'intéresser d'aussi près à la mienne, mais cela ne nous dit pas pourquoi Rogue vous a gardé dans son bureau et a envoyé Malefoy à l'infirmerie, ni pourquoi celui-ci a voulu vous blesser ainsi, ni…
Et cette question le hantait à présent, car il sentait que cette réponse éclairerait bien des mystères.
- Ni pourquoi Kreattur a été tué… soupira-t-il.
- Oh mais si, nous le savons… dit Hermione doucement.
Quatre paires d'yeux se tournèrent vers elle, étonnés.
- En tout cas, moi je le sais, continua-t-elle. Rogue le sait. Et Ron le sait aussi.
- Moi ? fit Ron.
- Et Harry ne va tarder à le deviner si je lui dis que Rogue a ramassé un morceau de verre par terre quand Malefoy est parti à l'infirmerie.
- Le morceau avec lequel il a essayé de me défigurer !
- Il n'a pas essayé de te défigurer, Ron, soupira Hermione. Il était furieux parce qu'en se battant avec toi il a cassé cette chose en verre.
- Quelle chose en verre ? demanda Ron un peu hautain.
- Tu n'as pas remarqué ce que c'était, Ron ? Tu l'as pourtant eu sous le nez… C'était un morceau de miroir.
- Un miroir ! Normal que je n'ai pas reconnu que c'était un miroir ! Je ne suis pas une fille pour voir des miroirs partout, moi. Et Malefoy non plus, que je sache… Qu'est-ce qu'il ferait d'un miroir ? Et ne me dis pas que c'est pour recoiffer ses quatre cheveux blonds…
Harry fit : chut ! et il se laissa retomber contre le dossier de sa chaise, les bras ballants.
- Quoi ? continua Ron devant l'émoi que provoquait la "révélation" d'Hermione. C'était quoi ce miroir ?
- Un miroir magique… murmura la voix flûtée de Luna.
Ron pouffa : Luna, s'il te plait, on a une conversation sérieuse là !
- Parfaitement, Luna, reprenait pourtant Hermione sur un regard sévère à Ron. Un miroir magique. Charlie m'a montré celui qu'il possède, cet été. Il s'en sert pour communiquer avec Bill et Mr Weasley. C'est plus sûr que les hiboux postaux. Et même les hiboux personnels peuvent se faire intercepter.
Harry hocha la tête. Il se souvenait parfaitement de la blessure qu'avait infligée Ombrage à Hedwige l'année précédente. Il se sentait si mal tout à coup. Le miroir dans sa valise, qu'il voulait oublier depuis la mort de Sirius, lui revenait de plein fouet à la mémoire. Il chassa ces images qu'il ne voulait plus voir.
- Tu crois qu'il s'en sert pour communiquer avec son père ? demanda-t-il abruptement.
- Ou avec quelqu'un d'autre ?
Ron se pencha sur la table, le visage blême.
- Tu veux dire, avec… V… V… Vous-Savez-Qui ?
- Peut-être pas lui-même en personne, mais avec quelqu'un qui lui est proche… Je pense qu'il renseigne les Mangemorts sur les faits et gestes de Harry et de tout ce qui se passe à Poudlard.
- Tu penses à ce qui s'est passé dans la Salle des Quatre Maisons le soir d'Halloween ? demanda Luna.
- Il était là, affirma Hermione. Il savait qu'il allait arriver quelque chose. Il a tout fait pour empêcher que s'ouvre la Salle Commune.
- Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom n'a pas intérêt à voir se réaliser l'union de tous les sorciers, réfléchit Luna. Tout le monde sait que Poudlard est le centre du monde magique et que c'est ici que s'équilibrent les forces entre la magie noire et la magie blanche. Le Chicaneur a publié plusieurs articles à ce sujet. Je pourrais demander à mon père de les rechercher et de nous les envoyer.
- C'est stupide ! fit Ron.
Luna tourna la tête vers lui.
- Ce n'est pas très gentil, ce que tu dis-là ! dit-elle le plus naturellement du monde.
Elle continua pourtant, l'air pénétré :
- Si Poudlard était détruite, plus rien ne s'opposerait au retour du Seigneur Noir. Dumbledore le sait. Il protège l'école avec des charmes puissants et l'aide des êtres du monde invisible…
Ron était consterné. Il jeta un œil à Hermione, étonné qu'elle la laissât dire des bêtises pareilles sans l'interrompre. Neville paraissait gêné. Il tapotait timidement le poignet de Luna.
- Heu… Luna… fit-il pour la faire taire gentiment.
- Elle n'a pas tout à fait tort pourtant, dit Hermione avec un sourire en coin. En ce qui concerne l'intérêt de Voldemort pour Poudlard, notamment.
Ron la regarda complètement effaré. Harry lui demanda :
- Parce que j'y suis ? Ou parce que Dumbledore y est ? Ou pour une autre raison… ?
Hermione se rapprocha de la table et croisa les mains sur dessus. Les quatre têtes de ses amis s'avancèrent presque à se toucher pour écouter plus attentivement ce qu'elle allait dire.
- Je crois, commença-t-elle prudemment, que Drago Malefoy est un espion et un empêcheur de tourner en rond. Il est chargé de tout faire pour empêcher Dumbledore de maintenir l'unité de Poudlard afin que l'école ne soit plus un lieu sûr pour Harry, ni pour les enfants d'origine moldue. Il communique grâce à ce miroir avec quelqu'un qui prend ses ordres de Vold… -Ron frissonna, ainsi que Neville- Vous-Savez-Qui. Rogue le soupçonnait. Il en est sûr à présent.
- Je n'ai pas remarqué qu'il ait changé d'attitude pour autant, l'interrompit Ron froidement. Il t'a encore donné un devoir supplémentaire parce que tu n'as pas terminé ta potion avant la fin du cours. Avec ceux que tu as rendus hier et avant-hier, tu passes plus de temps dans son bureau que dans ses cours ! Et moi il m'a enlevé cinq points ce matin parce que je disais à Dean de faire moins de bruit lorsqu'il faisait exploser ses fioles ! Et je n'ai pas entendu dire qu'il ait puni Malefoy pour ce qu'il nous a fait hier…
Hermione soupira, les yeux au ciel.
- Tu n'as toujours pas confiance en lui, hein, Ron, se moqua un peu Harry. Moi non plus, je ne l'aime pas. Je le déteste en fait autant qu'il me déteste. Mais, je crois que cette fois, Hermione a raison…
- Encore une fois, veux-tu dire ! s'exclama Neville à voix basse, plein d'admiration.
- En tout cas, soupira Harry, votre bagarre aura servi à quelque chose. Il ne peut plus communiquer avec son correspondant quel qu'il soit.
- Sauf si Rogue lui a rendu son morceau de miroir et qu'il le lui a réparé… fit Ron pas entièrement convaincu de la bonne foi du professeur. En tous cas, ça ne nous dit pas pourquoi cette saleté de Kreattur est mort.
- Mais voyons Ron ! s'écria Hermione agacée. Tu l'as dit toi-même ! Il a dû voir et entendre ce que les Malefoy préparaient avec Bellatrix Lestrange ou Pettigrew, ou Crabbe et Goyle pères ! Il connaissait le plan de Vold… de Voldemort ! pour entrer à Poudlard et détruire Dumbledore de l'intérieur ! Souviens toi de tes propres paroles Ron, quand toutes les défenses seront tombées, il n'aura plus qu'à cueillir Harry !
Neville frissonna.
- Ah oui… Bien sûr ! fit Luna.
- Mais alors cela veut dire, commença Ron…
Il leva des yeux désespérés vers Harry :
- Que Harry n'est plus en sécurité à Poudlard.
Hermione posa sa main sur la sienne pour le rassurer. Il frissonna davantage.
- Tant que Dumbledore sera à tête de Poudlard, et tant que nous serons autour de lui, Harry sera en sécurité ! affirma Hermione sérieusement.
Neville mit alors sa main sur celle d'Hermione qui tenait le poignet de Ron. Luna mit la sienne par-dessus celle de Neville.
- Qu'est-ce que vous faites ?
La voix de Ginny était joyeuse. Elle s'étonna des visages graves.
- Un serment d'allégeance ? demanda-t-elle en souriant.
- Oui, chantonna Luna. Nous jurons de protéger et d'aider Harry dans toutes ses quêtes pour sauver le monde de la magie de ses influences maléfiques.
- Vaste programme, fit Ginny en riant. J'arrive à temps, alors. Vous aurez besoin de moi aussi, je présume.
Elle posa fermement sa main sur celle de Luna. Elle sourit à Harry, confiante et sereine. Il prit alors les cinq mains dans les siennes et les serra très fort. Elles étaient chaudes et vivantes. Il sentait vibrer une force qui l'envahit et lui gonfla le cœur. Ses doutes se turent. Et l'espoir qui l'avait fui depuis plusieurs semaines lui revint comme une montée d'adrénaline.
