Disclaimer Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 27

Le petit chaperon roux

Les jours qui précédèrent le Tournoi, furent assez chaotiques pour Ron, et, par conséquent, pour Harry. Car le jeune homme était très mal à l'aise devant l'apparente indifférence d'Hermione. Elle faisait exactement comme s'il ne s'était rien passé, et refusait d'aborder avec Ron tout ce qui avait un rapport avec le sujet. Harry se gardait bien d'essayer, quant à Neville il était très heureux d'annoncer à tout le monde, qui s'en fichait royalement, qu'il irait au bal avec Luna Lovegood. Ron était dans un état de nerfs proche de l'implosion. Il ratait tous ses sortilèges, ce qui fit dire au Professeur McGonagall lorsqu'il métamorphosa sans le faire exprès les lunettes de Harry en ronds de serviettes, que les vacances seraient les bienvenues pour tous. Lors du dernier entraînement de Quidditch, il fut si lamentable qu'Harry le menaça de le virer de l'équipe s'il ne se reprenait pas.

Quant à Hermione, Harry n'arrivait pas à savoir ce qu'elle éprouvait réellement. Elle lui avait fait comprendre qu'elle savait pertinemment qu'il se servirait de ses confidences pour conseiller Ron, et que par conséquent, elle n'avait nulle intention de lui en faire. Qu'il pouvait être rassuré, elle ne ferait rien pour rompre l'équilibre qui les liait tous les trois. Qu'elle acceptait ses erreurs et que si elle était malheureuse, il n'en souffrirait pas. Elle passerait quelques jours de vacances avec ses parents et quand elle reviendrait, ils auraient tous oublié. L'annonce du départ imminent d'Hermione fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase pour Ron.
- Tu ne peux pas quitter Poudlard ! affirma-t-il, alors qu'Hermione terminait un devoir pour Rogue.
- Et pourquoi cela ? demanda-t-elle, presque indifférente.
- Parce tu es en sécurité ici ! Si tu rentres chez les moldus tu seras en danger.
- D'une part, je ne rentre pas chez les moldus, je rentre chez moi. D'autre part, j'étais en danger quand Voldemort cherchait Harry. A présent qu'il sait où il est, je ne crains rien.
Elle rangea sa plume et roula son parchemin.
- Harry, dis-lui toi qu'il faut qu'elle reste avec nous…
- Heu… Hermione a peut-être envie de voir ses parents.
Harry ne voulait pas heurter son ami, mais il songeait qu'un peu de distance entre eux ne ferait de mal à personne. Neville lui apporta une diversion inespérée. Il voulut montrer à Hermione le sortilège que lui et ses coéquipiers avaient mis au point pour le concours. Elle lui rappela qu'elle faisait partie du jury et qu'on pourrait les accuser de connivence si on les voyait discuter ensemble du concours. Neville chercha Dean et Seamus pour les éblouir avec ses capacités. Il fut temps de se rendre au dernier cours de Défense contre les forces du mal, qui était aussi le dernier du trimestre. Algie Londubat avait décidé, puisque les jeunes gens de l'école retournaient pour la plupart chez eux et ne manqueraient pas de sortir faire leurs achats de Noël, de leur faire revoir les Patronus. Par les temps qui courraient, cela pouvait toujours servir… Donc en ce dernier cours, ils se consacrèrent tous à essayer de faire sortir de leur baguette autre chose que quelques étincelles argentées. Harry fit son petit effet au début de l'heure, avec son Patronus Corporel complet qui fit, majestueux, le tour de la pièce, puis il se réfugia dans le coin d'une fenêtre d'où il vit Hagrid porter au château l'immense sapin de Noël qui décorerait la Grande Salle pour le repas et le bal du lendemain. Algie le laissa tranquille. Il tourna son attention sur les autres. Il félicita Hermione qui réussit du premier coup à faire danser une loutre argentée autour d'elle. Neville se concentra et un furet d'argent se faufila bientôt entre les autres élèves. Il poussa un cri de joie et de victoire. Il sauta au cou d'Hermione et ne s'offusqua pas lorsque son oncle le félicita avec force embrassades et lui promit qu'il convaincrait sa Grand-Mère de lui acheter son balai. Ron s'escrimait à matérialiser autre chose que quatre étincelles blanches. "Pensez à quelque chose d'heureux ! Pensez à quelque chose d'heureux et ça viendra tout seul !" répétait Algie. Ce ridicule vieux bonhomme lui tapait sur les nerfs. Comment voulait-il qu'il pense à quelque chose d'heureux alors qu'il avait sous les yeux son petit-neveu qui enlaçait Hermione, son visage d'ahuri complètement épanoui parce qu'il irait au bal avec une fille totalement allumée qui n'était même pas sa petite amie puisqu'elle était amoureuse de lui-même. Cette pensée le fit redescendre sur terre. Il fallait qu'il se concentre sur son patronus. Mais tout ce qui venait à son esprit était de connaître le nom de celui avec qui Hermione irait au bal. Lui ne voulait y aller avec personne d'autre qu'elle. Et si elle refusait l'invitation qu'il ne lui avait pas encore réitérée, il irait seul. Quitte à se faire foutre de lui par Malefoy et sa bande. Il lui mettrait son poing dans la figure et il aurait une bonne raison pour quitter le bal. Et Malefoy passerait la soirée à l'infirmerie, le nez cassé ou tout au moins en sang.
- Mon garçon !
La main du Professeur Londubat s'abattit vigoureusement sur son épaule.
- Quand je dis quelque chose d'heureux, c'est vraiment quelque chose de très heureux ! Pas quelque chose qui vous inspire ce sourire sardonique ! Essayez encore !

Ron rougit un peu. L'intervention du professeur l'avait calmé. Il jeta un regard sur Hermione et pour une fois depuis presque une semaine il fut content qu'elle ne le regardât pas. Il ferma les yeux. Harry lui avait dit que pour se sentir vraiment heureux, depuis que Sirius avait passé la porte de la mort, il n'y avait que le Quidditch. Oui, le Quidditch, l'ivresse de la vitesse, de la foule qui criait son nom, de la victoire, du sourire d'Hermione… Hermione qui se moquait bien à présent de ses exploits sportifs… et son dernier entraînement déplorable où Harry l'avait à nouveau menacé de le virer de l'équipe. La seule chose qui le rendait vraiment heureux, qui lui laissait au cœur une douceur comme il n'en avait jamais connue c'était la pensée de ces jours passés auprès d'elle. Il revoyait ses gestes lents et sa main sur la sienne quand il lui faisait répéter un à un les sortilèges les plus simples comme les plus compliqués. Les moments à la bibliothèque où sa voix chuchotée dictait à son oreille les réponses à leurs devoirs. Elles demeuraient dans son souvenir comme une litanie de mots d'amour. Au bout de sa baguette les étincelles argentées s'unirent en un ruban de lumière blanche. Il s'épaissit, s'arrondit… On frappa. La voix de Rogue.
- Pardonnez-moi, Professeur. Potter, Granger, Weasley ! Dans mon bureau !
Le ruban argenté s'évanouit. Il était si proche de la réussite pourtant.
- Ce n'est pas grave, mon garçon, lui sourit le Professeur Londubat devant sa mine dépitée. Je suis sûr qu'il ne vous manque qu'un peu de motivation pour y arriver…
Le vieil homme jeta un œil vers Neville complètement transformé depuis quelques mois.
- Chez certaines personnes, tout est dans la motivation… Entraînez-vous pendant les vacances…
Il lui donna une tape sur l'épaule et lui montra Harry et Hermione qui l'attendaient devant la porte.

Ils se rendirent chez Rogue en traînant le pas. Qu'est-ce qu'il pouvait bien leur vouloir encore ? Hermione craignait qu'on lui annonce l'annulation du Concours, tout en cherchant les raisons de cette annulation soudaine. Ron craignait pour ses parents, et son cœur se mit à battre plus fort lorsqu'il vit Ginny attendre devant la porte du bureau. Harry se demandait quelle catastrophe allait encore leur tomber dessus.

Ils entrèrent. Une montée d'adrénaline chauffa leur visage à tous les quatre. Dumbledore était là, dans le bureau de Rogue. C'était sa voix qui leur avait demandé d'entrer. Il les fit asseoir et leur proposa des petits gâteaux. "Mauvais signe !" se dit Ron tandis qu'il mordait à pleines dents dans les petits fours que le directeur venait de faire apparaître.
- Qu'est-ce que vous diriez de passer les vacances ailleurs que dans cette vieille école poussiéreuse ? demanda Dumbledore sur le ton enjoué qui lui était familier.
Hermione fut la première à réagir.
- Mais moi je passe déjà mes vacances avec mes parents ! Non ?
- Oui, oui ! fit Dumbledore. Tu les verras, rassure-toi, Hermione. Tu partiras demain les rejoindre.
- Demain ? répéta Hermione. Mais le concours…
- Après le Concours, précisa Dumbledore avec un sourire.
- Et nous ? demanda Ginny. On ne reste pas à Poudlard…?
- Poudlard est un endroit sûr ! nous aviez-vous dit ! cria presque Ron.
- Oui, reprit Dumbledore du même ton égal. Mais ni Severus, ni Minerva, ni moi-même ne serons disponibles pour assurer votre sécurité. Et les dernières informations que Miss Granger a fournies au Professeur Rogue nous font craindre une tentative contre Harry alors que nous serons retenus ailleurs…

Hermione s'agita sur sa chaise. Rogue lui lança un regard impérieux. Elle cessa de gigoter et se mordit les lèvres. Ron sentit monter à l'égard du professeur une bouffée de haine. Il écouta distraitement Dumbledore expliquer qu'ils partiraient le même jour que les autres élèves, mais par d'autres moyens. Il fallait garder le secret de leur départ. Il ne leur dit pas où il les envoyait, malgré l'insistance de Harry et Ginny. Il les renvoya plus nerveux qu'ils n'étaient arrivés. Ron s'attaqua à Hermione aussitôt qu'ils furent sortis.
- Qu'est-ce que tu allais dire quand Dumbledore a parlé d'une tentative contre Harry ? questionna-t-il brutalement.
- Rien ! fit Hermione rapidement.
- Je ne suis pas stupide ! Enfin pas tant que cela, ajouta-t-il comme Harry et Ginny échangeaient une grimace. J'ai bien vu le regard que Rogue t'a jeté pour te faire taire.
Ginny cacha un sourire derrière son poing.
- Je ne crois pas qu'ils craignent une tentative contre Harry, répondit froidement Hermione. Je ne crois pas qu'ils vous éloignent pour vous protéger.
- Tu l'as entendu comme nous, insista pourtant Harry. Ni Rogue ni McGonagall, ni Dumbledore ne seront à Poudlard cette année.
- Je n'ai pas entendu cela, répliqua Hermione.
- Tu crois que Dumbledore ment ? souffla Ron atterré.
- Je n'ai pas dit qu'il mentait ! s'énerva Hermione.
Ron jeta un regard déconcerté à Harry. Celui-ci n'avait pas l'air de comprendre davantage que lui.
- Je vais faire mes bagages, dit Hermione. Demain je n'aurai pas le temps.
- C'est dommage, fit Ron, la gorge un peu serrée. Tu vas rater le repas de Noël et le bal.
- Ça m'est vraiment égal, répondit la jeune fille sur un ton indifférent. Par contre, cela m'aurait embêté de rater le concours.
Elle s'éloigna. Harry retint Ginny qui s'apprêtait à la suivre.
- Qu'est-ce qu'elle a voulu dire ?
- Qu'elle attache plus d'importance à ce Concours qu'au fait d'aller ou pas à un bal quelconque.
Harry tapa du pied : Ginny !
- Oui ! renchérit Ron agaçé. Pourquoi ne nous a-t-elle pas fait part de ses réflexions magistrales ? Elle ne s'en prive pas d'habitude !
- Peut-être parce qu'elle ne le peut pas ! fit Ginny d'un air entendu.
- Et pourquoi ? insista Ron. Je suis sûr que c'est Rogue ! Il doit lui faire un lavage de cerveau chaque fois qu'elle va le voir ! Vous ne trouvez pas que c'est louche, tous ces allers-retours dans son bureau !
Ginny se mit à rire franchement.
- Oh Ronnie ! s'exclama-t-elle. Ce que tu peux être chou !
Elle pinça l'oreille de son frère dans un geste affectueux.
- Si stupide, mais si chou !
Elle l'embrassa sur la joue et partit sur les pas d'Hermione, toujours riant. Ron se tourna vers Harry.
- Qu'est-ce que j'ai dit ?
Harry ouvrit de grands yeux ahuris. Lui non plus n'avait pas compris.

Le lendemain passa à une vitesse folle. Tous étaient occupés à préparer et leurs bagages et la soirée de fête. Sauf Harry et Ron qui devaient jusqu'au dernier moment laisser ignorer leur départ de l'école. Harry enrageait de savoir que Dumbledore lui cachait encore des choses importantes. Le regard satisfait de Rogue le mettait mal à l'aise. Il le renvoyait sans cesse au rôle insignifiant de hochet qu'on agite devant les yeux d'un enfant impatient. Un appât pour Voldemort. Un rouage négligeable dans la grande mécanique de l'Ordre. Il ignorait sans doute la prophétie dans son intégralité. Plusieurs fois déjà Harry avait été sur le point de la lui crier au visage. Il s'était retenu pourtant. Si Rogue lui cachait des choses, il lui en cacherait aussi. Et il était très fier d'avoir réussi à lui cacher cette pensée-là., malgré l'envie qui le démangeait de lui apprendre qu'il était le seul à pouvoir vaincre Voldemort. Etait-ce de l'arrogance ? De l'orgueil ? Sans doute. Mais Rogue n'était-il pas tout aussi orgueilleux, tout aussi arrogant de croire que la victoire ne passerait que par lui ?

Harry assista au Concours de Sorcellerie parce qu'Isadora y participait, et pour faire plaisir à Hermione. Il fut surpris du nombre des spectateurs qui se pressèrent dans la salle des Quatre Maisons. Hermione était nerveuse. Ron avait beau lui répéter que tout était parfait, il sentait bien que tout ce qu'il pourrait lui dire ne la toucherait pas autant qu'il l'eût souhaité. Elle avait envoyé des invitations aux professeurs et si le professeur Flitwick l'avait aussitôt assuré de sa présence avec enthousiasme, elle attendait avec inquiétude de voir se remplir le banc qu'elle leur avait réservé. Ernie n'arrêtait pas de venir la trouver pour lui annoncer l'arrivée de McGonagall, du Professeur Chourave, du bizarre Mr Londubat, de Hagrid qui resta debout au fond de la salle car le banc n'était pas assez large pour lui. Le jeune Préfet de Poufsouffle était aussi agité qu'Hermione. Il faillit perdre son sang-froid quand il courut souffler à l'oreille d'Hermione que Rogue était là. Le cœur de la jeune fille bondit dans sa poitrine. Elle n'osa se retourner pour vérifier les dires d'Ernie et laisser voir un sourire de triomphe éclairer son visage. Elle croisa le regard de McGregor qui paraissait soulagée, elle aussi. Hermione lui sourit et la préfète de Serpentard lui dit :
- Je t'aime pas Granger !
- Je ne t'aime pas non plus, McGregor ! lui répondit Hermione dans un éclat de rire plein de tension. Mais si on ne parlait qu'aux gens qu'on aime, on ne ferait plus beaucoup la conversation !
- Mais il faudra que tu me dises comment tu t'es débrouillée pour faire venir Rogue, reprit McGregor. Il n'a pas l'air enchanté d'être là, mais il est venu. Et ça, ce n'est pas un moindre exploit. Sans compter que Malefoy doit être en train de manger son chapeau à l'heure qu'il est.
Sur ces entrefaites, Ron arriva, curieux de connaître les raisons de ces rires avec une Serpentard. L'idée de Malefoy déconfit ramena un sourire sur son visage, tout chagrin à l'idée du départ d'Hermione dès la fin du concours.

Tout était prêt, le Préfet en Chef, remercia chacun d'avoir bien voulu distraire un peu de son temps libre pour assister à ce spectacle. Dans un bruissement doré, un phénix apparut à ses côtés. Il sursauta et détacha prit le parchemin que l'oiseau lui tendait. Le phénix disparut aussitôt dans une gerbe d'étincelles d'or. Le Préfet fit taire les murmures d'émerveillement pour lire le message du Professeur Dumbledore. Il regrettait de ne pouvoir assister en personne à cette nouvelle démonstration de travail en commun et remerciait Miss Granger de donner une impulsion active à l'animation de la Salle des Quatre Maisons. Il y eut quelques reniflements parmi les spectateurs, qui firent sourire Harry et froncer les sourcils à Ron. Hermione sembla ne pas s'en apercevoir.

Le Concours commença. Ce fut un peu laborieux avec les Première Année. Il semblait pourtant à Harry qu'Hermione avait choisi des sortilèges très faciles. Ils ne manquèrent pas d'applaudissements et chacun fut satisfait. Sauf Jezebel Dawson qui éclata en sanglots parce que son équipe ne remporta pas la médaille. Les Deuxième Année furent très appliqués et ce fut l'équipe menée par Colin Crivey qui gagna la médaille. Il réclama comme récompense le droit d'embrasser Hermione qui la leur remettait. Ron en fut très contrarié d'autant que les autres garçons des autres équipes gagnantes en firent autant. Ginny et ses coéquipiers firent des merveilles chez les Cinquième Année. Quant à Neville, il se surpassa. Il faut dire que son équipe était tombée sur la création d'un bouquet magique. Mrs Chourave se leva pour applaudir lorsqu'il fit apparaître une magnifique composition florale, où les roses rouges dominaient. L'Oncle Algie laissa apparaître toute sa partialité lorsqu'il cria "Bravo Neville ! Tu es le meilleur !" lors de l'annonce des résultats. Harry siffla dans ses doigts et comme Isadora faisait partie de l'équipe de Neville elle ne s'offusqua pas de cette marque de favoritisme. Luna, à côté de lui, se pencha à son oreille :
- Je vais au bal avec Neville, ce soir, lui souffla-t-elle.
Harry n'osa pas lui répondre qu'il était parfaitement au courant, ainsi que toute l'école.
- Il ne sait pas danser, continuait-elle d'un air rêveur. Mais moi ça m'est égal qu'on ne me fasse pas danser. Ronald non plus ne sait pas danser. C'est Padma qui me l'a dit. En tous cas, ça m'étonnerait qu'il y aille avec elle. Elle y va avec Seamus Finnigan. Il voulait y aller avec Parvati mais elle lui a dit non.

Harry se demanda pourquoi il écoutait Luna. Ce qu'elle racontait n'avait aucune espèce d'importance. Cela n'avait aucun sens pour lui. Il applaudit les Septième Année parce qu'il entendit les autres applaudir. Il fixait son attention sur Ron, de plus en plus sombre. Il laissa les professeurs s'approcher des participants, les féliciter. Il se réfugia près de la porte afin de ne pas rater la sortie d'Hermione. Là, il entendit le professeur McGonagall se réjouir d'avoir une élève comme Hermione Granger dans sa Maison. Ce à quoi le Professeur Flitwick lui répondit qu'elle aurait dû être affectée à Serdaigle, étant donné ses qualités intellectuelles, et il se réservait le droit de dire un jour son fait à ce fichu Choixpeau Magique. Les deux professeurs s'en furent en riant.
- Alors, Potter –la voix de Malefoy était plus ironique que jamais- cette mascarade montre enfin son vrai visage… Granger a commencé sa campagne pour la prochaine élection des Préfets en Chef…
Harry comprit pourquoi Hermione ne tenait pas à se mettre en avant.
- C'est gentil à toi de venir assister à son triomphe, Malefoy… répondit Harry d'un air indifférent.
Il gardait un œil sur Ron. Il valait mieux qu'il ne se trouve pas en face de Drago en ce moment. Malefoy se mit à rire.
- Son triomphe sera de courte durée, Potter, crois-moi… Et qu'elle ne compte pas trop sur le titre de Préfète en Chef l'année prochaine, car il se pourrait que tous ceux de sa nature ne soient plus là avant longtemps…
Crabbe et Goyle se tordirent de rire au milieu du couloir. Harry leur jeta un regard écoeuré.
- Vraiment, reprit-il du bout des lèvres. Il ne restera plus grand monde alors…
Il se frappa le front de la main, comme illuminé soudain :
- Mais bien sûr, tu n'attends que cela pour régner sans partage sur ta bande de dégénérés. Au royaume des tarés, les tordus sont rois !

Malefoy grinça des dents. Potter se tenait intentionnellement à l'intérieur de cette fichue salle. Il sortit sa baguette. Avant que le Seigneur des Ténèbres n'en finisse avec lui, il lui ferait regretter toutes les paroles, tous les coups, tous ses regards mauvais. Harry leva les yeux à nouveau sur les deux gros bras de Malefoy qui intimidaient quelques Serpentard de Première Année. Il retint un sourire. Du coin de l'œil il vit venir Argus Rusard. La voix traînante de Malefoy se fit entendre une fois de plus, provocatrice et méprisante. Les rires bêtes de Crabbe et Goyle retentirent dans le couloir. C'était la dixième fois que le concierge passait devant la salle et ce stupide concours de sorcellerie. Il n'avait encore rien pu trouver à reprocher à aucun de ceux qui fréquentaient la Salle des Quatre Maisons. Alors, il se tourna vers Crabbe et Goyle pour les chasser de son couloir. Malefoy voulut protester et Rusard lui cria qu'il n'était qu'un petit voyou comme les autres, qui finirait à Azkaban, comme son père !
Rogue sortit à ce moment même. Malefoy serra les poings et quitta la place. Harry se contenta d'un sourire insolent qu'il destinait autant au professeur qu'à son élève.

Hermione s'échappa de la Salle, le visage rayonnant. Elle lança les dernières directives à Hannah et Ernie. Puis elle prit le chemin de la tour de Gryffondor escortée par Ginny, Harry et Ron. Elle termina ses valises, se changea et leur dit au revoir. Elle serra Ginny contre elle et lui souhaita de bien s'amuser au bal. Elle embrassa Harry et lui conseilla d'être prudent. Elle appela Pattenrond, prit son sac, et fit un signe de la main à Ron. Elle quitta la salle commune de Gryffondor suivie de Ginny et Harry. Ron colla son front à la fenêtre glacée, les mains dans les poches. Il vit la diligence devant le perron, et le mouvement de recul d'Hermione. Harry mit son bras autour de ses épaules pour l'aider à avancer vers les bêtes invisibles. Ron songeait tristement que c'était là une des nombreuses choses qu'il ne partageait pas avec elle. Il contempla la diligence s'éloigner dans la neige, et disparaître. Il recommença à neiger et les traces des roues s'effacèrent lentement.

Les Gryffondor entrèrent dans la pièce dans les rires et les cris. La joie était de rigueur. Ron se força à sourire à Neville et ses camarades. Il les félicita. Et quand ils demandèrent où était Hermione pour l'associer à leur liesse, il leur dit simplement : elle est partie. Quand Harry et Ginny montèrent dans leurs chambres respectives pour se préparer pour le dîner et le bal, il resta surveiller les Première Année qui ne se rendaient pas au bal. Jezebel Dawson crut qu'elle pourrait l'accaparer ; il lui lança un tel regard qu'elle préféra se réfugier auprès de ses compagnes de chambrée. Elles passèrent un long moment à chuchoter, tout en lui lançant des coups d'œil furtifs.

Ginny descendit la première. Ron en resta bouche bée. C'est à peine s'il reconnut sa sœur. Ses cheveux lui faisaient une couronne de feu sur la tête et sa robe neuve était un peu trop décolletée au goût de Ron. Il ne fut pas mécontent toutefois de voir Harry écarquiller les yeux sur elle. Par contre, il se retint de relever Dean par la peau du cou lorsque ce dernier mit un genou à terre devant Ginny pour lui demander qui l'avait désillusionnée en Vélane. Il monta dans sa chambre se changer pour le repas quand tous les autres en furent descendus. Il ne répondit que par des grognements aux questions de Harry. La place entre eux à table resta vide comme au temps de la rentrée. Dean et Seamus se regardèrent, un éclair de malice au fond des yeux : La place d'Hermione ! murmurèrent-ils en riant. Ils se poussèrent soudain du coude, Ginny arrivait en compagnie d'une fille à l'air vaguement familier. Elle ressemblait à Luna Lovegood, sauf qu'elle n'avait pas de baguette dans les cheveux, que ceux-ci étaient coiffés, et qu'elle était légèrement maquillée. D'accord, sa robe était d'un vert saumâtre, elle portait autour du cou son vieux collier en bouchons de Bièraubeurre, et elle avait échangé les boules de Noël à ses oreilles contre de petits paquets cadeaux, de ceux qu'on pend aux sapins. Néanmoins, elle paraissait transfigurée et Neville, comme les autres, était sous le charme.
- Sortilège de Coquettes ? fit Ron très sarcastique.
Ginny esquissa un geste de surprise, fronça les sourcils et mit sa main sur la bouche de son frère.
- Oh ! Hé ! dit-elle en lui faisant signe de se taire. Monsieur Je-Viens-Tout-Seul-Au-Bal !
- Mais… mon petit morceau de sucre roux… commença Dean avec surprise. Puisque Hermione est partie à l'improviste, avec qui veux-tu qu'il vienne au bal ?
Ron sentit son sang affluer à son visage. Il jeta un regard implorant à Ginny. Elle lui rendit un sourire un peu pervers.
- Ainsi, tu as raconté à tout le monde que tu devais venir avec Hermione, Ronnie ?
Son frère secoua la tête vivement.
- Il n'a pas besoin de le dire ! se mit à rire Seamus. C'est l'évidence même ! Excuse-moi, Ron, on a bien vu que vous essayiez de vous montrer discrets, mais on n'a pas compris pourquoi vous vous cachiez. Rien n'interdit aux élèves de tomber amoureux, ni de sortir ensemble. Même s'ils sont préfets.
Ginny frappa sur l'épaule de Ron.
- C'est vrai ça, Ron ! Tu devrais en parler à Hermione. Je suis sûre qu'elle apprécierait.
Ron renifla et grogna en même temps.
- Je dirais à maman que tu avais l'air d'une gourgandine au bal de Noël ! se vengea-t-il.
Harry, qui n'en pouvait plus depuis un moment, éclata de rire. Dumbledore se leva à la table des professeurs. Luna se dépêcha de rejoindre la table des Serdaigle, Ginny sa place chez les Cinquième Année.

Le directeur fit un discours, qui n'en était pas un ; il remercia les Préfets pour l'animation de cette journée et souhaita de bonnes vacances à tous. Il frappa dans les mains et les tables se chargèrent de victuailles. Lorsque le bal proprement dit commença, Ron quitta la salle. Il n'avait pas envie d'entendre les Serpentard se moquer de lui. En fait, il ne voulait pas entendre Malefoy déblatérer sur Hermione. Qu'il se repaisse du spectacle écoeurant du bonheur de Neville. Il dansait comme un pied mais cela ne semblait pas gêner Luna outre mesure. Rien ne semblait jamais gêner Luna d'ailleurs. Pas même les moqueries acerbes des Serpentard, ou de ses propres condisciples. Ils dansaient tous les deux, Neville et Luna, au milieu de la piste de danse, sans se soucier des regards et des commentaires. Il chercha Ginny du regard. Dean ne la lâchait pas. Elle était un peu trop entourée à son goût. Harry ne paraissait pas très à l'aise. Ron savait qu'il n'était pas très doué pour les obligations mondaines, ni pour les démonstrations sentimentales. Isadora lui tenait la main, et c'était elle qui l'entraînait vers la piste de danse. Malefoy avait remplacé Pansy Parkinson par une autre fille encore plus laide. Quant à Crabbe et Goyle ils étaient venus… apparemment avec Goyle et Crabbe. Ron se mit à rire tout seul. Il imagina les deux gorilles en train de danser ensemble au milieu des autres, à distance réglementaire de Drago. Puis il se trouva stupide à rire tout seul, assis tout seul sur son banc. Il entendit comme un écho dans sa tête la chanson de Peeves : "Tout seul ! Tout seul ! Weasley est tout seul !".

Il monta à la tour de Gryffondor. Il commença à faire ses bagages. Les autres rentreraient tard et ne s'apercevraient de rien. Cela lui prit moins de temps qu'il ne l'eût voulu. Il feuilleta le livre sur le Quidditch qu'Hermione lui avait offert. Il essaya de réfléchir à ce qui s'était dit dans le bureau de Rogue. Il avait beau tourner et retourner chaque phrase, il ne voyait pas comment Hermione pouvait les interpréter. Il ne comprenait pas pourquoi elle entendait toujours autre chose que les autres. Cela l'horripilait, cette faculté qu'elle avait de lire entre les lignes. Elle était pire qu'Harry qui pouvait lire dans les pensées.

Il se rendit compte qu'il s'était endormi parce que Neville renversa sa valise en rentrant dans le noir et le réveilla. Harry et Seamus éclatèrent de rire. Ron alluma sa lumière :
- Allume donc la tienne, Neville ! grogna-t-il. Ce sera plus facile pour ranger.
Et tandis que Neville se confondait en excuses, Ron constata que Dean n'était pas encore monté. Seamus répondit à sa question dans un bâillement : Dean devait être dans la salle commune avec Ginny, pour lui dire au revoir. Ron fronça le sourcil. Il se recoucha. Cinq minutes après, Harry l'entendit renifler. Dix minutes après, ce fut Neville qui s'étonna de l'entendre souffler. Un quart d'heure après, Ron se leva, mit sa robe de chambre, ses chaussons et annonça qu'il allait aux toilettes, alors que personne ne lui demandait rien. Il descendit dans la salle commune plongée dans la pénombre. Il entendit des rires étouffés qui venaient du fauteuil près de la cheminée éteinte. Il sentit chauffer ses oreilles et se dirigea vivement vers le fauteuil. Il frappa sur l'épaule du garçon.
- HUM ! fit-il.
- Weasley ?
La Préfète en Chef se redressa promptement sur les genoux du garçon de Septième Année qui avait l'air de vouloir arracher les yeux de Ron.
- Désolé, Margaret… j'ai cru que…
Il repartit à reculons puis fit demi tour. Mais où était donc Dean et Ginny ?
- Ron ?
La voix de sa sœur l'attira vers la fenêtre. Il s'avança vers le clair de lune. Ils étaient dans le renforcement de la fenêtre. Ron remarqua que Dean tenait encore la main de Ginny dans la sienne.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Ginny déjà agacée. Tu joues les chaperons ?
- Je ne crois pas que maman apprécie la façon dont tu te conduis, Ginevra, répondit-il froidement.
- Je ne crois pas qu'elle apprécierait non plus la manière dont tu t'es conduit avec Hermione, Ronald! répliqua Ginny.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Dean, très intéressé.
Ron lui jeta un regard assassin.
- Rien ! fit-il.

Le pire c'est que c'était la vérité et que personne ne voudrait le croire, à cause de sa crétine de sœur. Hermione allait le tuer. Il se tourna vers sa sœur :
- Monte te coucher !
Ginny lui répondit calmement :
- Ce n'est pas parce que tu as fait de ta vie sociale et amoureuse un champ de ruines que je dois faire de même. Alors… Fiche moi la paix !
Elle lui tourna le dos et entraîna Dean un peu plus loin. Elle mit les bras autour de son cou et l'embrassa tendrement. Ron restait toujours planté devant la fenêtre, stupéfait et interdit de tant d'audace. Dean repoussa doucement Ginny. Le regard de Ron fixé sur eux le rendait un peu nerveux.
- Mon petit morceau de sucre roux, dit-il, gêné, je crois qu'il est un peu tard… On se voit demain avant mon départ ?
Il lui donna un bisou sur la joue et détala. Quand il passa devant Ron, celui-ci l'entendit murmurer : "La barbe d'avoir le frère de sa petite amie comme camarade de dortoir !…"

Ginny avança vers son frère.
- Merci beaucoup, Ron ! Je passais une excellente soirée avant ton intervention !
Elle s'apprêtait à quitter la pièce elle aussi.
- Ginny… commença Ron penaud et confus.
Elle revint vers lui, un éclair de colère au fond de l'œil.
- Tu sais, Ron, on ne faisait que s'embrasser… Qu'est-ce qui te dérange tant ? Je t'avertis que si à cause de toi Dean ne veut plus sortir avec moi, tu me le paieras cher. Et ne me dis pas que je peux trouver mieux ! Ce ne sont pas tes affaires ! Tu sais quoi ? Tu fais la paire avec Percy : vous vous y entendez tous les deux pour gâcher la vie des autres !

Elle prit l'escalier pour monter à son dortoir. Ron traîna les pieds jusqu'au sien. Le silence trop parfait lui disait qu'ils étaient en train de parler de lui une seconde avant qu'il n'entre. Il enleva sa robe de chambre et ses chaussons.
- Je regrette, Dean, dit-il en guise d'excuses.
Un grognement lui répondit.
- Tu as l'intention de laisser tomber Ginny ? reprit-il.
- Ça va pas, non ?
- Tant mieux. Elle est capable de me rendre la vie impossible sinon.

Il entendit Neville et Harry pouffer de rire sous leur couverture. Il se cacha sous la sienne. Peut-être que le lendemain, lorsqu'il s'éveillerait il réaliserait que tout ceci n'avait été qu'un cauchemar…