Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 28

Delacour Trade Hôtel

Le lendemain matin l'école se vida. Ginny faisait toujours la tête à Ron, bien que Dean lui ait assuré qu'il ne cesserait de penser à "son petit morceau de sucre roux". Il ne resta que Harry et les deux Weasley. Cette année-là tous les parents rappelèrent leurs enfants auprès d'eux.
- Ils ont vidé l'école, murmura Ginny alors que les portes du Grand Hall se refermaient sur leurs camarades. J'ai hâte de savoir ce qu'Hermione en pense.
- Tu le sauras après les vacances, dit Ron, lugubre.
Ginny croisa le regard de Harry. Il hocha la tête :
- J'imagine qu'ils ne nous laisseront pas lui envoyer de courrier…
- C'est donc vrai : vous n'écoutez jamais rien !
Elle partit terminer ses bagages et Ron regarda Harry faire les siens. Un paquet tomba de la valise de ce dernier sur le lit. Ron tendit la main, Harry fut plus rapide.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Ron intrigué.
- Rien ! fit Harry.

Il rangea bien vite le paquet au fond de sa valise. Il se voyait mal expliquer à Ron que c'était là une ligne directe avec Sirius et qu'il n'avait pas eu l'idée de s'en servir lorsqu'il en avait eu besoin. Sa mauvaise humeur fut bientôt aussi flagrante que celle de Ron et de Ginny. Minerva McGonagall les conduisit chez le Directeur après le repas de midi et leur souhaita de bonnes vacances, sur un petit sourire ironique. Dumbledore les accueillit, son éternel sourire aux lèvres. Cela irrita Harry davantage.
- Où allons-nous ? demanda-t-il brusquement.
Cela ne le dérangeait pas qu'on se serve de lui. Ce qui le dérangeait c'était de ne pas savoir à quelle sauce il allait être mangé.
- Au Quartier Général de l'Ordre du Phénix, répondit doucement Dumbledore. Tu auras toutes les réponses là-bas, Harry. Du moins celles auxquelles nous sommes en mesure de répondre. Allons, Molly vous attend avec impatience. Je me charge de vos bagages.
Ron fit une grimace.
- J'espère qu'elle n'a pas l'intention de nous faire faire le ménage à nouveau, maugréa-t-il. J'en ai marre des Doxy et des cafards !
Dumbledore éclata de rire.
- Non ! Non ! Et pas de tableaux hurleurs non plus !
Il leur tendit un papier à chacun à lire lorsqu'ils seraient arrivés auprès de ceux qui les attendaient. Il donna sa théière à Harry, Ron posa sa main sur le Portoloin et Ginny en fit autant.

La sensation de tourbillon fut moins nette que les fois précédentes. Harry bouscula Ron à l'arrivée, juste un peu nauséeux. Cette impression de nausée se fit plus forte à cause de l'odeur. Ils avaient atterris derrière de grands containers d'ordures remplis de détritus. Il ne fut pas surpris de voir Maugrey se précipiter vers eux.
- Ah bien ! leur dit-il après un rapide examen. J'avais peur que Minerva ait oublié de vous dire de vous habiller en moldus.
Lui-même portait un pantalon de velours marron et un pull irlandais écru sous un long manteau noir. Harry lui fit remarquer qu'il avait fait des efforts d'élégance moldue pour une fois. Maugrey rougit un peu.
- Hum ! fit-il. La petite là, Hermione… elle m'a dit que je passerais plus inaperçu si je portais des vêtements de ce genre.
- Vous avez vu Hermione ! s'exclama Ron.
Maugrey le jaugea de son œil normal, et de son œil magique aussi d'ailleurs.
- Hier, quand je l'ai accompagnée chez ses parents… Ils sont vraiment charmants. Très moldus, mais charmants… Je crois que je leur fais un peu peur, mais je ne comprends pas pourquoi. J'ai bien envie de lui demander d'entrer dans l'Ordre comme Conseiller en Matières Moldues. Ca nous serait bien utile en ce moment. Mais je crois que Molly ne serait pas d'accord. Elle m'en veut déjà beaucoup.
Personne n'eut le temps de demander de quoi Molly pouvait bien tenir rancune à Fol-Œil. Tonks apparut dans un petit bruit sec. Ses cheveux rouges et ses vêtements noirs la faisaient ressembler à une groupie de quelque groupe de Hard Rock des années 80. Ginny remarqua que son blouson, légèrement trop large aux épaules, était en peau de dragon.
- On dirait celui de Charlie, dit-elle avec envie.
- Ouais, répondit Tonks.

Ils quittèrent le local à poubelles et se fondirent dans la foule. Harry fut surpris. Il lui semblait qu'ils se trouvaient dans la City. Il mourrait d'envie d'ouvrir le papier que Dumbledore lui avait donné avant leur départ.
- C'est loin ? questionna-t-il, tout en sachant que Maugrey ne lui répondrait pas.
Il cachait son œil magique sous un chapeau melon et Harry savait qu'il l'avait braqué sur lui. Au bout d'un quart d'heure de marche, Maugrey les arrêta devant un feu tricolore.

Il les fit traverser, puis prendre une rue transversale. Devant un immeuble de bureaux quasiment identique à ceux qui l'entouraient, ils s'arrêtèrent. L'enseigne, discrète, portait le nom de "Delacour Trade Hotel". Tonks leur fit faire le tour de l'immeuble.
- Les papiers ! commanda-t-elle.
Les jeunes gens s'empressèrent d'obéir. L'adresse indiquée était bien en plein cœur de la City. "Au septième étage", précisait-elle. Sous les yeux des jeunes gens une porte se matérialisa. Elle était petite, sombre. Une porte de local à poubelle songea Harry.
- L'entrée de service, leur dit-elle dans un clin d'œil.
Elle les fit entrer dans un ascenseur tandis que Maugrey s'assurait qu'on ne les avait pas suivis. Tonks s'adressa à l'interphone :
- Septième étage !
L'ascenseur ne bougea pas. Elle se frappa le front :
- Désolée ! Chimère ! Septième étage !

L'ascenseur s'ébranla doucement. Ils montèrent en silence. L'ascenseur stoppa un peu brutalement. Ron s'écrasa le nez sur le crâne de Harry. La porte s'ouvrit sur un couloir sombre qui donnait sur une unique porte. Une plaque dorée portait l'inscription "Privé". Tonks frappa à la porte. On leur ouvrit aussitôt.
- Les voilà ! cria la voix joyeuse de Bill.
Il saisit Ginny par la taille et la fit tourner dans le hall. Harry entra. Il avait imaginé des lieux austères et froids. Il fut surpris par l'ambiance chaleureuse de l'appartement. Il marchait sur une épaisse moquette et les murs étaient revêtus d'un tissu clair. Des fauteuils à hauts dossiers, un miroir doré au mur, et un léger parfum de fleurs fraîches achevaient de donner à cet endroit un côté raffiné auquel il ne s'attendait guère. Ron ouvrait de grands yeux étonnés.
- Entrez ! Entrez ! cria la voix de Molly Weasley.
Sa tête apparut dans l'encadrement de la porte.
- Vous n'avez pas froid ? Vous avez faim ? Le voyage s'est bien passé ?
Les jeunes gens essayaient de répondre comme ils pouvaient sous l'étreinte généreuse de Molly. Ron dit qu'il mangerait bien quelque chose et elle les conduisit à la cuisine, à travers des pièces inondées de lumière, meublées avec goût. Elles avaient un charme un peu désuet, qui sentait le luxe discret d'un hôtel particulier.

Ils entrèrent dans la cuisine. Un cri retentit. Harry n'eut que le temps de reconnaître Fleur Delacour. Elle l'avait déjà serré contre elle, embrassé deux fois sur les deux joues et posé mille questions sur sa santé. Ron attendait qu'elle en fît autant avec lui, mais elle se tourna vers Bill pour lui reprocher gentiment de lui avoir caché combien Harry avait changé, en bien, précisa-t-elle. Harry rougit. Ron se renfrogna. Il leva les yeux sur Charlie qui attendait en souriant que Fleur en eût terminé avec les retrouvailles assis à côté de…
- Hermione ? dit-il, ne sachant s'il devait se réjouir ou s'inquiéter.
Il lui sourit et resta au milieu de la pièce sans bouger alors que tous s'étaient déjà attablés.

- Ronnie ! mon chéri ! s'inquiéta sa mère. Tu vas bien ?
- Mais oui, Maman, fit Bill en retenant un rire. Laisse-le tranquille, tu vas l'embarrasser.
Ron s'assit à côté de Harry. Il ne quittait pas Hermione des yeux, bien que celle-ci fit mine de ne pas le voir. Chaque fois qu'elle levait les yeux, elle croisait son regard ravi. Charlie lui aussi s'inquiétait pour son frère : il n'avait pas touché à son assiette et il n'accordait pas une attention à celle qu'il avait toujours appelée "Vélane". Il suivit la trajectoire de son regard. Hermione rosit et lui rendit son sourire.
- Je croyais que tu passais Noël avec tes parents ? dit enfin Ron, indifférent aux conversations.
- Je l'ai cru aussi jusqu'à ce matin, répondit Hermione. J'imagine que la nouvelle du départ d'Harry de Poudlard ne restera pas longtemps inconnue de Voldemort et qu'on a voulu me mettre en sécurité.

Il y eut un silence autour de la table. Mrs Weasley fixait Hermione avec reproche. Charlie retint une grimace. Fleur ouvrait de grands yeux horrifiés. Bill fit quelques "hum hum!" destinés à attirer l'attention sur lui. Les cheveux rouges de Tonks devinrent noirs. Harry jeta un regard à Ginny. C'était donc cela qu'elle voulait leur faire comprendre le matin même.
- Tu crois qu'il aurait profité de l'absence de Dumbledore pour m'attaquer dans Poudlard déserté ?
Hermione haussa les épaules.
- C'est possible. Mais je ne crois pas que ce soit pour cela qu'on vous a fait quitter l'école.
- Ils ont vidé l'école de ses élèves, souffla Ginny.
Hermione hocha la tête. Elle n'ajouta rien cependant. Tous se remirent à parler en même temps.
- Hem ! fit Tonks. Je te rends ton blouson Charlie.
- Bien ! dit Fleur. Je retourne me montrer un peu au bureau.
- Attends-moi ! la retint Bill. Je descends avec toi. Je dois voir Maugrey.
- Mangez les enfants ! J'ai fait ces gâteaux au chocolat exprès pour toi Ron ! insista Molly.
- Tu peux le garder, Nymphadora, répondit Charlie. Il te va vraiment bien.
- Merci, Charlie. Je le mettrai pour aller au concert des Bizzar' Sisters ce soir.
- Tu vas voir un concert ce soir ?
- Non, je fais partie de la sécurité… Tu sais, elles attirent la foule, ça crie, ça gesticule… C'est plutôt tentant pour…
- Tonks ! s'écria Molly.
- Désolée, Molly…
Tonks plongea son nez dans son gâteau et renversa son café. Molly soupira d'un air contrarié. Charlie se mit à rire et d'un coup de baguette nettoya la table.
- Vous savez, Mrs Weasley, commença Hermione calmement, ce n'est pas la peine de faire comme si nous ne savions pas que nous sommes au quartier général de l'Ordre du Phénix. Nous lisons la Gazette du Sorcier à l'école et nous savons que Voldemort a envoyé plusieurs fois ses Mangemorts lancer la marque des Ténèbres parmi la population. Il ne se passe pas une semaine sans que l'on compte des morts par dizaines.
Mrs Weasley était blême. Charlie donna un coup de coude à Hermione. Ginny attendait la réaction de sa mère et Harry se demandait ce qui prenait à leur amie. Ron la regardait toujours en souriant du même sourire nigaud. Mrs Weasley se leva dans un effort :
- Je vous montre vos chambres. Suivez-moi.
Elle sortit, très digne. Ginny la suivit et Harry tira la manche de Ron pour l'entraîner avec eux. Hermione quitta la table elle aussi et Ron consentit à suivre Harry.

Mrs Weasley installa ses enfants. Ils constatèrent que leurs bagages étaient déjà là. Ginny partageait sa chambre avec Hermione, Ron avec Harry, comme au temps du 12 Square Grimmaurd.
Molly quitta la chambre des garçons pour préparer le repas du soir. Ginny s'assit sur le lit de son frère tandis qu'Harry renonçait à défaire ses bagages. Il avait trop de questions et les réponses promises par Dumbledore tardaient à venir.
- On est où exactement ? demanda-t-il à Hermione.
- Chez Fleur, répondit la jeune fille. En fait, chez son père. Il a acheté cet immeuble pour y loger son affaire anglaise et a autorisé l'ordre à s'y installer en secret.
- Pourquoi en secret ? s'interrogea Ron. Je croyais que le Ministère avait reconnu l'existence de V V… Vous- Savez-Qui.
- Je suppose que Dumbledore n'a qu'une confiance limitée dans les agissements du ministère… grimaça Hermione. D'autant que nombre de ses agents sont peut-être des Mangemorts cachés… Et Voldemort aurait beau jeu de supprimer tous les membres de l'Ordre si celui-ci ne se cachait pas…
Ron frissonna. Les "membres de l'Ordre" signifiaient une grande partie de sa famille.
- Et qui est-ce qui vit ici ? demanda encore Harry.
- Les Weasley, sauf Percy, répondit Hermione. Le Terrier n'est plus sûr après ce qui est arrivé cet été. Et les jumeaux ont rejoint l'Ordre.
- Non ! s'exclama Ron.
- Ben… Si ! Qu'y a-t-il de surprenant ? fit Hermione.
Elle reprit son énumération :
- Charlie est là pour les vacances, bien que je le soupçonne d'être là pour d'autres raisons. Bill a plus ou moins emménagé au quatrième étage dans l'appartement de Fleur. Tonks est ici régulièrement, d'après ce que j'ai compris. Et Maugrey aussi quand il a une crise de paranoïa entre deux déménagements… Remus bien sûr, sauf les nuits de pleine lune. Mondingus aussi, quand il ne sait pas où dormir. Mais Molly n'aime pas trop ça.
- Tu es là depuis quand ? s'ébahit Ginny.
- Je suis arrivée pour le repas de midi, répondit Hermione en rougissant.
- Et tu as déjà appris tout ça ? l'admira Ron.
- J'ai des yeux et des oreilles, lui répondit Hermione un peu agacée par l'attention outrée qu'il lui portait depuis son arrivée.
- Et un cerveau entre les deux !
La voix de Charlie les fit sursauter. Il se tenait sur le pas de la porte, des papiers entre les doigts.
- Tonks m'a donné des billets pour le concert de ce soir, reprit-il. Ca vous dirait d'y aller ?
- Génial ! s'écria Ginny.
Elle s'empara des billets que son frère tenait.
- Heu… Charlie ? Il n'y en a que trois. Nous sommes au moins quatre.
- Heu… fit Hermione, franchement moi je peux laisser ma place…
- Pourquoi ? fit Ron. Allez viens, Hermione. Pour une fois qu'on pourra faire quelque chose sans avoir maman sur le dos.
- Tonks a dit qu'elle pourrait nous faire entrer tous, leur dit Charlie. Ce n'est pas la première fois qu'elle se rend à l'un de leurs concerts.
- Je ne sais pas si Molly nous laissera y aller… hasarda encore Hermione. Il me semble que c'est le genre d'endroit où elle ne voudrait pas envoyer ses enfants, même s'il n'y avait pas la menace des Mangemorts. Elle trouve qu'elles chantent des chansons subversives.
Charlie éclata de rire :
- Et je parie qu'elle les a traitées de gourgandines !
Ginny fit une grimace.
- Hermione a quand même raison, soupira-t-elle. Maman ne nous laissera jamais y aller…
- On peut toujours lui demander… estima Harry avec espoir.
Non qu'il eût très envie d'aller au concert de ses Bizzar' Sisters, mais il aurait au moins l'impression pour une fois d'être un adolescent normal. Il lui suffirait de cacher sa cicatrice avec ses cheveux et personne ne le reconnaîtrait.
Ron s'assit à côté d'Hermione.
- Qu'est-ce qu'on a comme arguments ? lui demanda-t-il.
- Tonks, Bill, Fleur et moi ! s'écria Charlie en riant. Et le fait que personne ne sait que Harry Potter est avec nous et qu'aucune tentative n'a eut lieu contre les concerts des Bizzar' Sisters.
- Et que c'est Noël et qu'on a bien le droit de s'amuser ! renchérit Ginny. Allez Hermione, si tu viens avec nous, elle ne pourra plus s'y opposer. Elle te trouve si raisonnable

Elle posa sa tête sur l'épaule de son amie et la gratifia d'un regard implorant :
- Siteplait ! Siteplait ! Siteplait ! On dit qu'elles vont chanter leur nouvelle chanson en avant-première !
Ron prit sa main et la serra entre les deux siennes.
- S'il te plait ! Hermione ! S'il te plait !
Stupéfaite, Hermione ne songea pas d'abord à lui retirer sa main.
- Depuis quand tu t'intéresses aux Bizzar' Sister, toi ?
- Je m'en fiche des Sisters ! Je veux juste aller au concert.
Il n'osa pas ajouter "avec toi".
- D'accord, dit finalement Hermione. Je verrai ce que je peux faire.
Ginny lui sauta au cou. Elle l'embrassa à la manière de Fleur, sur chaque joue. Ron se serait bien contenté d'un seul baiser sur une seule joue, mais elle tourna la tête.
Charlie entra dans la chambre et s'assit dans le fauteuil. Il croisa ses grands pieds sur le secrétaire en marqueterie.
- Alors, Ronnie, il parait que tu fais des merveilles au Quiddictch… Raconte ! Les filles doivent te courir après à présent…!
Ron rougit. Harry se tourna vers le mur pour ne pas éclater de rire. Ginny ne s'en priva pas, tandis qu'Hermione la traînait vers la cuisine pour aider Mrs Weasley à préparer le repas.

Molly s'affairait aux fourneaux. Elle avait réussi à cantonner Tonks à la composition d'un bouquet qui constituerait le centre de table. Fleur tenait à un certain décorum lors des repas. Dumbledore devait venir pour le souper et elle voulait que tout soit parfait. Hermione apporta son aide à Tonks. Lorsque le bouquet fut prêt, elle le fit tomber sur le carrelage où le vase en cristal se brisa.
- Oh ! Tonks ! soupira Molly tandis que le rire de Charlie retentissait depuis le pas de la porte.
Il sortit sa baguette, le vase se recolla et Hermione reconstitua le bouquet. Tonks balbutia qu'elle était désolée. Molly la réprimanda sévèrement.
- Ce n'est rien de grave, Maman. Pour autant que je me souvienne, les maladresses de Nymphadora n'ont jamais causé la mort de quiconque…
- Tu oublies cet été quand elle a failli mettre le feu à ta robe en voulant allumer la cuisinière ! rappela Mrs Weasley.
Charlie se mit à rire de plus belle.
- Je vis avec des dragons toute l'année, ce ne sont pas quelques étincelles qui vont me faire peur…
- En tout cas, renifla Mrs Weasley, il n'y a que toi que cela fait rire !
Elle se tourna vers ses casseroles, visiblement contrariée. Tonks avait rougi et n'osait bouger. Elle fit une grimace à Ginny qui la lui rendit. Ce n'était pas comme cela qu'ils réussiraient à persuader leur mère de les laisser sortir le soir même. Charlie fit disparaître l'eau sur le sol au moment où un elfe de maison entrait dans cuisine. Hermione ouvrit des yeux presque aussi grands que ceux de l'être qui contemplait Charlie avec mécontentement. Il portait un uniforme de majordome et seuls ses pieds étaient nus.
- C'est le travail de Deepher, dit-il d'une voix chagrinée.
- Oui, mais c'est encore moi qui ai gagné cette fois, Deepher ! lui dit Charlie.
Et il fit apparaître un boulier à deux lignes. Sur la ligne supérieure il ajouta une boule.
- J'ai largement de l'avance sur toi, Deepher ! ajouta-t-il en faisant disparaître le boulier.
- Tu es assez occupé à tenir cette maison en ordre, Deepher, dit Mrs Weasley. Les maladresses de Tonks ne sont pas comprises dans le contrat.
- Deepher voudrait faire la cuisine, madame, reprit-il.
- Je m'en occupe, fit Mrs Weasley avec une pointe d'impatience dans la voix. Commence donc à préparer la table nous serons… voyons cela : les jumeaux, les garçons, les filles, Bill et Fleur, Arthur et moi, Charlie, Maugrey, Remus, Albus,…
- Et Nymphadora, Maman, ajouta Charlie.
- Et Tonks, ajouta Mrs Weasley à sa liste. Cela fait…
- Quinze personnes, Madame, compta Deepher. Il faut mettre le grand couvert, Madame ?
- Oui Deepher, Fleur veut que tout soit parfait quand Dumbledore est là.

L'Elfe quitta la pièce l'air beaucoup plus heureux qu'à son entrée. Ginny demanda où il allait et Tonks pinça la bouche :
- Dans le grand salon, très chère, imita-t-elle en singeant l'accent de Fleur. Nous prenons toujours notre repas dans le grand salon quand le Professeur Deumbeuldor nous fait l'honneur de sa visite…
Charlie éclata de rire une fois de plus. Mrs Weasley pouffa malgré elle. Ginny sourit à nouveau à Tonks. Hermione suivit Deepher dans le Grand Salon. L'elfe sortait l'argenterie, les assiettes en porcelaine, les verres en cristal.
- Heu… bonjour Deepher, fit Hermione. Vous êtes au service de Mademoiselle Delacour ?
- J'appartiens à la Delacour Trade Inc, Miss.
- Hermione, mon nom est Hermione Granger.
Elle lui tendit la main. Visiblement l'elfe ne savait qu'en faire. Elle prit la sienne d'office et la serra. La stupeur fit place à la panique dans l'œil globuleux de Deepher. Heureusement, apparut à la porte un jeune homme roux, qui devait être un autre de ces Weasley un peu envahissants – Surtout la mère, qui lui ôtait le travail des mains ! Les garçons étaient plus drôles. Surtout celui qui sentait le dragon. Depuis qu'il était là la métamorphomage qu'on appelait Tonks n'arrêtait pas de commettre maladresse sur maladresse, enfin, encore plus que d'ordinaire. Entre Charlie et lui c'était alors à celui qui réparerait le premier les bêtises de la jeune femme.
- Hermione ? Qu'est-ce que tu fais ? demanda Ron avec inquiétude. Tu ne vas pas recommencer !
- Non mais tu te rends compte Ron ! Il y a un elfe de maison ici aussi !
- Nous appartenons tous à la Delacour Trade Inc. ! fit Deepher avec fierté.
Hermione ouvrit de grands yeux éberlués.
- Ron ! Ils sont plusieurs !
- Et alors ? fit Ron un peu gêné.
Il était venu la voir pour lui parler seul à seule. Il n'avait pas envie de la braquer avec ces histoires d'Elfes. Elle releva le menton, d'un air de défi.
- Je vois… murmura-t-elle. Décidemment, nous ne serons jamais sur la même longueur d'onde, mon pauvre Ron. Pour quelque sujet que ce soit…

On sonna à la porte. Ils sortirent dans le couloir. Les jumeaux déboulèrent dans l'appartement. Fred serra Ron dans ses bras. George souleva Hermione de terre.
- Deepher ! crièrent-ils en même temps.
L'elfe claqua des doigts et la porte du grand salon se ferma sans bruit. Les jumeaux éclatèrent de rire. George serra Ron contre lui. Fred souleva Hermione et fit claquer deux bises sur ses joues. Ron serra les dents.
- On ne t'a pas averti ! C'est comme ça qu'on dit bonjour ici !
Un cri de joie de Ginny détourna leur attention. Harry arrivait derrière elle. Ils embrassèrent leur sœur avec enthousiasme. Harry leva sa baguette devant lui :
- Pas même en rêve, les avertit-il.
Ils se précipitèrent quand même sur lui pour lui serrer la main. Puis ils se tournèrent vers Hermione.
- On est vraiment heureux…
- De te revoir en forme, Hermione.
- Et je dirai même en excellente forme, Hermione, ajouta George.
- Et même plus jolie qu'avant… continua Fred.
- Non vraiment, ils font des miracles à Ste Mangouste !
Ils se donnèrent chacun un coup de coude et firent un clin d'œil à Ron.
- Vous êtes des imbéciles ! grommela ce dernier.
Les jumeaux passèrent par la cuisine embrasser leur mère et dérober quelque chose à grignoter. Ils entraînèrent Harry et Ginny dans le petit salon. Ils s'avachirent dans le sofa, et la bouche pleine, posèrent plein de questions à plusieurs personnes à la fois. Ginny les fit taire.

Assise en tailleur sur l'épais tapis devant la cheminée, elle leur lança :
- Alors, c'est vrai que vous vous êtes engagé dans l'Ordre du Phénix ?
- Nous ne nous sommes pas engagés, soeurette…
- On est venu nous chercher !
Un soupçon de vanité pointa dans la fin de la phrase.
- Et vous y faites quoi ? demanda Ron, qui ne voyait pas quelle utilité les jumeaux pouvait avoir pour l'Ordre. Vous pensez combattre les Mangemorts à coup de bombabouses ?
Fred bomba le torse.
- Nous faisons partie de la brigade de sécurité !
- Section Défense et Protection des Lieux et des Personnes !
- Oh ! fit Harry. Le système anti-Percy…
- Maugrey l'a trouvé génial et c'est lui qui nous a proposé !
- J'ai cru que Maman allait lui arracher l'œil !
- Le bon !
- Oui, et l'autre aussi !
- Alors, Hermione, demanda George, qu'est-ce que tu penses de ça ?
Hermione sourit :
- J'imagine que des talents tels que les vôtres ne pouvaient rester inexploités. Vous avez conscience toutefois qu'il ne s'agit plus de jouer à échapper à Rusard, ou de mettre Percy en fureur, cette fois ?
- Mille gargouilles ! jura Fred. On croirait entendre maman !
A ce moment, un gong retentit.
- C'est l'heure ! dit George en se levant.
- L'heure de quoi ? demanda Harry.
- D'aller s'habiller pour le repas.
- Quoi ? fit Ron.
- Ca veut dire qu'on a une demi heure pour se rendre présentable et se laver les mains avant de passer à table.
- Comme si quand on lutte contre les forces du mal on avait le temps d'être à l'heure à table !
- Et avec les mains propres !
La voix de Molly leur conseilla de se dépêcher. Ginny demanda à ses frères de ne pas trop contrarier leur mère afin qu'elle considère d'un œil serein leur requête pour aller au concert des Bizzar' Sisters. Ron et Harry se retirèrent dans leur chambre pour se préparer. Harry essaya de se coiffer. Comme d'habitude il y renonça après deux ou trois coups de peigne. Comme il renonça à interroger Ron sur son air à nouveau désespéré. Ils passèrent dans le Grand Salon. Harry fut ébloui. La table était mise. Elle étincelait des feux du cristal et de l'argent dans lequel se reflétait l'éclat des bougies allumées. Harry tira sur son Tee-shirt et voulut courir passer sa robe de sorcier. Il était trop tard. Dumbledore était déjà là avec Maugrey. Fleur et Bill arrivèrent ensemble. La jeune femme était magnifique, prête pour une réception dans le grand monde semblait-il. Harry donna un coup de coude à Ron qui ouvrit la bouche de stupeur. Hermione traversa son champ de vision à ce moment-là. Elle lui adressa un sourire moqueur et ses lèvres formèrent le mot "Vélane". Il se sentit rougir. Il se précipita à la place qui portait son nom. Il constata avec terreur et ravissement qu'on l'avait placé entre Harry et Hermione. Il se tourna vers la jeune fille et essaya de sourire.
- Tu es très belle, ce soir, réussit-il à prononcer.
- Tu n'es pas obligé de dire des choses qui te coûtent tant, Ron, répondit-elle froidement.

Ron n'eut pas le temps de répondre. Dumbledore s'assit et tous en firent autant.
Harry se pencha à l'oreille de Ron.
- Tu l'as entendu arriver ? demanda-t-il à voix basse tout en désignant le vieux professeur de la tête.
Ron secoua la sienne. Il n'avait pas plus entendu Maugrey arriver. On sonna. Deepher se précipita pour ouvrir. Ils entendirent la voix de Lupin.
- Dis à Mademoiselle que je me change et que j'arrive dans une demi minute, Deepher ! clama-t-il.
Deepher se planta à l'entrée du salon et annonça "Monsieur Lupin !" lorsqu'il revint, deux minutes plus tard, un sourire sur son visage émacié.
- Je suis désolé, Fleur, s'excusa-t-il. Un contretemps. Professeur ! Bonjour Harry ! Hermione ? Mais tu es splendide ! Salut les garçons. Molly, Arthur arrive dans…un deux …
Au moment où il disait : trois ! on entendit à nouveau la cloche sonner. Deepher se précipita avec enthousiasme :
- Monsieur Weasley Arthur ! prononça-t-il tandis qu'un sourire s'élargissait sur son visage.
- Merci, Deepher, salua Arthur en lui remettant son manteau et son écharpe.
Il salua tout le monde et s'assit à côté de son épouse.
- Tout le monde est là ? demanda Fleur légèrement contrariée de tous ces contretemps. Deepher, tu peux commencer à servir.
Le petit être n'attendait que cela, semblait-il. Il servit le repas avec style. Dumbledore se prêta volontiers à toutes les conversations. Harry était placé un peu loin de lui. Il se demanda si c'était un hasard ou si le directeur avait voulu l'éloigner de lui sciemment. Puis les conversations futiles se calmèrent. Ginny manoeuvra habilement pour amener le sujet sur le concert du soir et Charlie sauta sur l'occasion. Il proposa aux jeunes gens, comme si l'idée lui était venue là, tout à coup, de les accompagner Bill, Fleur et lui. Mrs Weasley sursauta. L'oeil de Maugrey se mit à tournoyer furieusement. Arthur leva un sourcil.
- Heu… Tu es sérieux, Charlie ? dit-il, la fourchette à mi chemin entre son assiette et sa bouche.
- Pourquoi pas ? Nous serons assez nombreux pour assurer leur sécurité. Et nous aurons Nymphadora avec nous !
Il lui fit un clin d'œil. Elle rougit et dit : "Tonks ! Il faut m'appeler Tonks !" mais si bas que personne ne l'entendit parce que Ginny s'exclamait :
- Oh oui ! Papa ! S'il te plait ! Les Bizarr' Sisters ! Les filles vont être folles si je leur dis que je suis allée voir le concert du siècle !
- Hum ! Hum ! toussota Molly.
- Hé bien ! fit Mr Weasley, la fourchette toujours entre sa bouche et son assiette.
Il jeta un regard inquiet à Maugrey et à Dumbledore.
- Alastor ? Qu'en pensez-vous ? demanda Dumbledore dans un sourire.
- J'en pense que personne ne devrait sortir de chez soi jusqu'à ce qu'on ai mis la main sur ce ratatiné du cerveau, mille milliards de mille gorgones ! s'écria-t-il.
- C'est pas juste ! se plaignit Ginny. On est enfermé depuis des mois ! On n'a le droit de rien faire ! Personne ne sait qu'Harry sera là-bas…
- Ginevra ! voulut la faire taire sa mère. Vous ne savez pas ce que nous endurons depuis plusieurs semaines.
- Non, il est vrai, répondit Hermione calmement. Puisque, comme l'a dit Ginny, on nous met à l'écart.
- Hermione ! s'exclama à nouveau Molly. Toi plus que quiconque ici devrait comprendre que nous ne voulons pas vous exposer…
- Excusez-moi, Mrs Weasley, je suis particulièrement sensible à votre affection. Mais moi plus que quiconque, je sais que ce n'est pas en nous enfermant que vous nous protégerez. J'ai envie d'aller à ce concert. J'ai envie de me promener demain dans le Chemin de Traverse et dans les rues de Londres pour faire mes achats de Noël. Parce que je ne sais pas combien de temps la lutte contre Voldemort durera. Et que je ne sais pas si j'aurais le temps de vivre un autre Noël, ou une autre occasion d'aller à un concert avec ceux que j'aime.
- Hermione, tes parents t'ont confiée à nous, ma chérie, reprit Mrs Weasley comme si elle parlait à une très jeune enfant.
- Je le sais, Mrs Weasley. Et s'ils étaient là, je dirais exactement la même chose. Ils savent que ce qui m'est arrivé cet été peut très bien se reproduire. Mais ils savent aussi que si c'était à refaire je le referai.

Dans le silence autour de la table, on n'entendait que Deepher qui desservait la table dans le cliquetis des couverts.
- Nous prendrons soin d'eux, Maman. Nous ne les quitterons pas de l'œil. Assura Bill.
Remus toussota.
- Laissez-les aller, Molly. Nos rapports nous indiquent que le concert n'est pas une cible probable des Mangemorts.
Ginny croisait les doigts sous la table. Harry faisait de même. Ron ne respirait plus depuis qu'Hermione avait dit qu'elle ne regrettait en rien de les avoir accompagnés lors de l'opération de récupération de Percy.
- Hé bien… fit Arthur en reposant sa fourchette, si Bill et Charlie les escortent…
Il interrogea du regard Dumbledore. Harry le fixait avec force comme s'il voulait qu'il lise dans son esprit. Le professeur sourit.
- Laissons les se conduire comme des jeunes gens de leur âge, Molly. Hermione a raison : faut-il s'arrêter de vivre dans la crainte d'une attaque de Voldemort ? Le jour où cela arrivera, le jour où plus personne n'osera sortir de chez lui de peur de ne plus pouvoir y revenir, où personne n'osera tendre la main à son voisin de peur de le voir se retourner contre lui, où personne n'osera plus être heureux de peur d'attirer l'attention de celui qui se fait appeler le Maître des Ténèbres ; alors, oui ce jour-là les ténèbres régneront, toute joie aura disparu et Voldemort aura gagné.

Un long silence tomba sur la pièce. On n'entendait plus Deepher débarrasser la table. Hermione le rompit :
- Est-ce que cela veut dire que nous irons aussi faire notre shopping de Noël demain après-midi ?
Bill, à sa droite, lui donna un coup de coude. Dumbledore hocha la tête.
- Vous verrez cela, Maugrey, n'est-ce pas ?
Fol-Œil bougonna. Il leva l'index vers Hermione à l'autre bout de la table.
- J'en ai vu beaucoup des comme toi, ma grande. Parce qu'ils avaient échappé à la mort, ils s'imaginaient qu'ils étaient immortels. Ca ne les a pas empêché de se faire bêtement avoir comme les autres.
Harry rougit violemment. Il songea à ses parents, aux Londubat, à Sirius…
- Alastor ! s'indigna Molly Weasley.
Hermione leva la main pour la faire taire.
- Je ne me crois pas immortelle, Professeur Maugrey. Je me considère en sursis.
- Comme beaucoup d'entre nous, Hermione, ajouta Remus Lupin, tout en fixant Maugrey.
- Que dites-vous de cela, Alastor ? s'amusa Dumbledore.
- QUE JE NE SUIS PAS PROFESSEUR !

Un bruit de verre tombé les fit se retourner. Deepher contemplait son plateau renversé et le café qui faisait une énorme tache sur la moquette. Il leva ses grands yeux atterrés vers la tablée.
- Monsieur Maugrey ! s'emporta Fleur. Je vous ai déjà demandé de ne pas crier dans cette maison. Vous avez fait peur à Deepher.
Harry remarqua seulement à ce moment qu'elle prononçait Dipheur. Il eut envie de rire. Un rire un peu nerveux. Il se tourna vers Ron. Son ami était pâle. Ses taches de rousseur semblaient translucides. Sans doute le nom de Voldemort avait-il été prononcé une fois de trop. Hermione s'était levée et ramassait les tasses pour les remettre sur le plateau. Le service en porcelaine n'était pas brisé. La cafetière était simplement renversée. Mrs Weasley se leva d'un bond, trop heureuse de quitter la pièce.
- Je vais refaire du café !
Charlie se leva pour aider sa mère. Au passage, il nettoya la tache de café d'un geste de baguette.
- Ca compte pour du beurre, cette fois, Deepher ! dit-il.
- J'espère que tu ne vas pas te repasser les doigts ou quelque chose comme ça, hein Deepher ? demanda Hermione.
- Oh non ! répondit Fleur dans un grand sourire. Il va juste se taper la tête contre les murs.
- Quoi ? cria Hermione.
- Il ne peut pas s'en empêcher, Hermione, reprit Fleur. Les Elfes de maisons sont comme ça.
- C'est pour cela que ce sont des êtres inférieurs, continua Maugrey.
- Ce ne sont pas des êtres inférieurs ! s'emporta Hermione. Ils sont différents mais ils ne sont pas inférieurs !
Elle se tourna vers Fleur debout face à elle.
- Je croyais que la France avait été l'un des premiers pays à abolir l'esclavage des Elfes de Maison ! dit-elle férocement.
- Oui… oui… balbutia Fleur. Mais quand papa a acheté cet immeuble pour en faire ses bureaux londoniens ils étaient compris dans la vente. Il a été obligé de les acheter. Et ils ne voulaient pas partir ! Ca été toute une histoire pour les faire s'habiller correctement. Ils ont cru que nous voulions les mettre à la rue. Il a fallu leur expliquer qu'ils pouvaient rester, s'ils le désiraient, mais qu'il fallait qu'ils s'habillent. Et papa qui parle si mal l'anglais ! J'ai eu un mal fou à faire leur éducation !
- Acheter ! compris dans la vente ! leur éducation ! Mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ! continua Hermione.
- Les elfes de maison sont ainsi ! répéta Maugrey. Ce sont des êtres besogneux et serviles. Ils ont besoin de montrer de l'attachement à leur maître…
- L'attachement qu'ils montrent n'exclut pas le respect qu'on leur doit ! reprit Hermione. Et leur travail n'est pas mieux fait parce qu'on leur crie après pour qu'ils le fassent. Et aucun être n'est servile, que par la volonté de celui qu'il sert ! Les insultes et les coups ne rendent pas méprisable celui qui les reçoit mais celui qui les donne ! Ce sont des êtres capables de dévotion et d'amour…

Harry la trouvait magnifique dans la colère. Il se serait cru à un débat de la Chambre des Communes que l'oncle Vernon regardait parfois à la télévision. Et il s'attendait presque à l'entendre faire quelque commentaire.
- Tu oublies Kreattur !
Hermione se tourna vivement vers Ron.
- Je n'oublie rien, Ron ! Quand on n'a reçu que la haine on ne peut rendre que la haine. Et il en va des Elfes comme des Hommes. Il y en a qui sont capables d'éprouver des sentiments et d'autres pas…
George se leva et l'applaudit tandis que Fred regardait son frère avec inquiétude. Hermione revint vers Deepher pour lui rendre son plateau alors que Ron se penchait vers Harry et lui demandait s'il devait prendre pour lui sa dernière phrase. Harry fut dispensé de répondre, à son grand bonheur, par l'intervention de Bill.
- Waow ! fit ce dernier à voix basse. Moi qui la prenais pour un glaçon ! C'est un vrai volcan cette fille ! Je comprends à présent comment tu t'es laissé embraser, Ronnie.

Ron s'embrasa en effet des oreilles à la racine des cheveux. Mais parce qu'il avait compris embrasser à la place d'embraser.
Puis Bill se leva à demi, tourné vers la porte et il appela : Charlie ! Viens vite ! On a besoin de toi pour éteindre un feu de dragon !
L'éclat de rire le plus bruyant fut celui de Dumbledore. Il quitta sa place alors qu'il riait encore. Il s'approcha de Hermione un peu honteuse de s'être laissée emporter ainsi. Il lui tapota l'épaule :
- Heureux de voir que nous avons retrouvé notre Hermione, dit-il.
Il se pencha vers Harry : "Je serais de retour le jour de Noël. Nous parlerons tous les deux, si tu le veux."
Quand il passa derrière Ron, celui-ci l'entendit murmurer : "Les dragons sont des animaux fabuleux. Ils sont terrifiants, mais tout en eux est bénéfique quand on sait quoi en faire."
Devant la porte du Grand Salon, il se tourna vers les convives :
- Merci, Miss Delacour pour cette soirée encore une fois délicieuse. Arthur, Alastor, Remus, suivez moi dans mon bureau voulez-vous. A bientôt les enfants, amusez-vous bien ce soir !"

Tonks se leva précipitamment. Elle poussa son assiette et renversa son verre.
- Tonks ! firent les jumeaux en imitant leur mère.
- Désolée les garçons !
Deepher se précipita, heureux de prendre Charlie de vitesse. Sur un claquement de doigts il fit apparaître le boulier et ajouta une boule à sa propre ligne. Tonks renversa alors le verre de Mr Weasley sur un "oups" d'une spontanéité navrante. Deepher ajouta une autre boule et lui fit un sourire édenté.
- Tu triches Tonks ! dit Harry en riant.
- Il faut bien apporter un peu de réconfort à ce pauvre Deepher, puisque Hermione veut le priver de se cogner la tête contre les murs, répondit Tonks, ironique. Allez les enfants, on y va. Heu ? Fleur ? Tu comptes y aller dans cette tenue ? Tu vas te faire lyncher !
Bill convainquit Fleur de laisser Tonks l'aider à trouver une tenue plus adéquate. Ils s'habillèrent chaudement pour affronter le froid de la nuit.
- Et on y va comment ? demanda Ginny.
- En balai, répondit Tonks au grand désarroi d'Hermione.
- Mais je n'ai pas de balai ! râla Ginny.
Bill décoiffa les cheveux de la jeune fille :
- Je t'emmène, petite sœur ! Hermione montera avec Charlie. Il sait mieux que moi maîtriser les dragons… Je plaisante, Hermione !

Hermione ne répondit pas. Elle voyait Charlie revenir des balais plein les mains et cela ne lui plaisait pas outre mesure. Les jumeaux déclinèrent l'invitation de les accompagner. Fleur revint dans une tenue plus adéquate pour une virée en balai. Ils montèrent sur la terrasse de l'immeuble, accompagnés de Pattenrond. Hermione n'avait pas voulu le laisser sortir de jour, et il n'y avait dans cette maison pas plus de souris à se mettre sous la dent que de Doxies dans les rideaux. Il fit quelques difficultés quand il vit sa maîtresse enfourcher le balai de Charlie. Il s'agrippa à son pantalon avec des miaulements plaintifs. Elle le rassura d'une caresse et lui promit qu'elle serait très prudente. Harry entendit Ron grincer quelque chose qui ressemblait à "Figgy" et se retint de rire.

Hermione se tenait fermement au manteau de Charlie. Elle avait essayé de fermer les yeux, mais la sensation de vertige avait été encore plus forte. Ron volait à côté d'eux, le visage tourné vers son frère et celui-ci lui avait déjà plusieurs fois conseillé de regarder devant lui quand il volait. Hermione était furieuse. Elle avait cru qu'elle passerait des vacances loin de cet imbécile ; qu'elle n'aurait plus à faire semblant d'avoir oublié sa conduite. Qu'elle n'aurait plus à cacher ses yeux pleins de larmes à coup de sortilèges de coquettes. Elle pressa son visage contre le dos de Charlie. Ce dernier se tourna légèrement vers elle.
- On arrive bientôt ! lui cria-t-il. Je sais qu'il fait un peu froid mais on est obligés de voler haut. La nuit est trop claire !
Enfin, ils mirent pied à terre près d'un terrain vague où une scène gigantesque avait été montée. Une foule énorme se pressait déjà pour entrer dans l'arène formée autour de la scène. Tonks se présenta à la sécurité. Elle fit entrer ses amis dans l'enceinte réservée, au grand scandale de ceux qui attendaient dans le froid et la nuit. Elle les quitta, sur la promesse de les retrouver à la fin du concert pour les emmener dans les coulisses. Ginny sautait partout. Charlie avait du mal à contenir son allégresse. Fleur s'accrochait au bras de Bill avec des mines apeurées qui stupéfiaient Ron, et agaçait profondément Hermione. De l'enceinte commença à monter une rumeur "Sisters ! Sisters ! Sisters !" et "Yeah ! Yeah ! Yeah !" Ginny se mit à chanter "Yeah Yeah Yeah !" Les lumières s'éteignirent et un projecteur invisible marqua le centre de la scène. Trois sorcières apparurent, guitare à la main, dans des robes déchirées qui aux genoux, qui au torse, qui tout le long du côté.
- C'est une Vélane ! s'écria Ron en désignant celle du milieu.
Il s'attira aussitôt un regard furibond et de Fleur et d'Hermione. Effectivement, la jeune femme qu'il montrait ainsi avait sans doute du sang de Vélane dans les veines. Ses longs cheveux blonds étaient relevés en une crête hérissée sur sa tête et elle irradiait une beauté sans nom. Ses deux compagnes devaient rivaliser d'originalité pour se faire remarquer, car si l'une avait une lointaine descendance de Géant, l'autre portait sur le visage un maquillage sombre et une chevelure multicolore.
- Oh ! Mais c'est insensé ! fit Fleur.
Hermione était bien prêt de penser la même chose.
- Oui, fit-elle, elles ont bien changé depuis le bal de Noël d'il y a deux ans…
- Beaucoup de choses ont changé… dit Ginny en lui donnant un coup de coude.

Les chanteuses crièrent un bonsoir tonitruant à la foule qui répondit de même. Et elles commencèrent à chanter. Le public reprenait en chœur chacune de leurs chansons et Ginny les connaissait toutes. L'ambiance était survoltée, les voix envoûtantes et les chansons surprenantes. A la fin du spectacle même Hermione chantait "Yeah ! Yeah ! Yeah !" avec Ginny.