Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.

Les paroles de la chanson Damn' Wizzard sont de Boudgato.


Chapitre 29

Damn Wizzard…

Le service d'ordre commença à évacuer l'enceinte. Harry et ses amis sortirent, pas mécontents de retrouver un peu d'air frais. La foule des fans s'agglutinait déjà sur le futur passage des stars, afin d'avoir la chance d'apercevoir un peu de leurs idoles. Les Weasley, Hermione et Fleur attendaient que Tonks vienne les chercher pour une visite des coulisses. Les trois filles hurlaient
"Hey, sista ! grab your wand,
you never know, what could be this land.
I've felt troubles at first sight, you met the guy, he deserves the fight !
Damn wizard yeah yeah yeah… »

Il semblait à Ron qu'Hermione le regardait plus intensément lorsqu'elle chantait ces mots. «Damn oh damn wizard… yeah yeah yeah, sisters unify ! »
- Tu savais que c'étaient des féministes ces Bizarr' Sisters ! cria Bill à Charlie par-dessus les voix des filles.
- Quoi ? fit Charlie en riant.
«Damn oh damn wizard… yeah yeah yeah, sisters unify ! »

Harry vit soudain Charlie porter la main à la poche de son manteau. Il en sortit quelque chose et s'éloigna des cris des filles. Il faisait très froid. Et les étoiles s'éteignirent une à une.
- Ils sont là… dit Harry.
- Qui ? demanda une voix, lointaine.
- Les Détraqueurs ! vite ! Il faut partir.
La voix de Charlie. Pressante.
- Trop tard, dit Harry. Ils sont là.

Un mouvement de terreur. Il sentait la peur de tous ces gens. Il ne pouvait les voir. Les ténèbres recouvraient tout autour de lui. Les Détraqueurs. Ils étaient des centaines, avides d'âmes gorgées de joie. Il entendit crier tout près de lui. Il ne savait pas qui, mais il savait que c'était quelqu'un qu'il aimait. Quelque chose d'heureux ! Vite ! Seul le désespoir monta dans son cœur. Tout son espoir s'était évanoui avec Sirius. Toutes ces promesses évaporées. Vite ! Ron, Hermione, Ginny étaient en danger. Quidditch ! songea-t-il. Et le Vif-d'or apparut dans son esprit. Il sentit le vent frais souffler sur son visage. La vitesse le rendait léger. Il plongea, remonta, tendit le bras. Une décharge d'adrénaline au creux de l'estomac.
- SPERO PATRONUM !
Il ouvrit les yeux. Et il les vit. Ils étaient des milliers, lui sembla-t-il. Ils recouvraient le terrain vague de tous côtés. Ils s'avançaient inexorablement. Le grand cerf d'argent bondit vers eux. D'autres Patronus le rejoignirent. Ils s'entrecroisaient, rejetant dans l'ombre les grandes capes noires.
- C'est bien, Harry ! Essaie encore !

Harry se tourna vivement vers Remus Lupin. Comment était-il là ? Il balaya la scène. Des Aurors ! Et la loutre d'Hermione se glissa près de lui avant de disparaître dans un entrelacement de fils argentés. Ron était à terre. Les mains sur la tête, il sanglotait. Il fit un geste vers lui. Lupin le poussa en avant. Charlie, Bill et Fleur s'élancèrent vers l'armée des Détraqueurs.
- SPERO PATRONUM !
Il reconnut l'accent français de Fleur parmi les voix graves des hommes. Il se rua en avant.

Hermione vit passer Ginny dans un coin de sa vision. Elle sentait la nuit tout autour d'elle. Elle avait juste eu le temps de faire naître un Patronus qui s'était évanoui à quelques pas. Elle avait froid. Elle n'avait jamais eu aussi froid. Il n'avait jamais fait aussi noir. Elle entendait des voix qui la pleuraient déjà. Elle était morte. Non, pas encore. Elle voulait appeler, crier qu'on la délivre de l'étau de glace qui l'enserrait. Elle avait froid jusqu'au fond du cœur. Et soudain sur son visage un souffle chaud et une voix qui la rappelait. La chaleur descendit dans ses membres et son cœur se gonfla d'un bonheur qu'elle ne comprenait pas. Elle cria à son tour "SPERO PATRONUM !"
- Hermione ! Aide-moi ! cria Ginny. Empêche les d'atteindre Ron !
Hermione chercha le jeune homme. Elle cria son nom. Les Détraqueurs se rapprochaient. Ils étaient si nombreux !
- RON ! hurla-t-elle.

Quidditch ! Quidditch ! pensait Ron mais ces mots ne trouvaient aucun écho dans sa mémoire. Tout ce qu'il entendait c'était le cri d'Hermione avant de perdre conscience dans les couloirs de Poudlard. Le désespoir qu'il avait ressenti lorsqu'il l'avait crue morte lui revint à l'esprit. Le froid glaçait son cœur. Plus jamais il ne pourrait être heureux. Plus jamais elle ne mettrait ses bras autour de son cou. Il avait tout gâché bêtement. Plus jamais il ne sentirait sa chaleur tout contre lui et ses lèvres sur les siennes. Le souvenir de ce moment plein de douceur l'envahit. Il entendit la voix d'Hermione hurler son nom. Il n'y arriverait pas ! Il n'y était jamais arrivé, même en cours ! S'il pouvait y avoir une autre fois ! Une seule ! Il ne s'enfuirait pas ! Quitte à l'entendre dire les pires bêtises ! Quitte à les dire lui-même !
- SPERO PATRONUM, RON ! SPERO PATRONUM !
- JE SAIS ! hurla-t-il. SPERO PATRONUM !

Au bout de sa baguette les étincelles d'argent jaillirent. Un long filament de lumière s'arrondit et un ours argenté fonça tête baissée vers les deux premiers Détraqueurs qui se présentèrent. Il continua sa course puissante et rapide vers les autres qui disparurent à leur tour.
- Waououou! fit Ron.
- Tout va bien, Ronald ? demanda Fleur à sa gauche.
- Tu vas bien, Ron ?
Hermione lui tendait la main pour l'aider à se relever.
- C'était quoi ? demanda Ginny abasourdie.
- Je crois que c'était moi ! répondit Ron, tout aussi stupéfait.

Harry revenait vers eux en courant. Les Aurors repoussaient les Détraqueurs loin du public du concert. Les étoiles réapparurent dans le ciel. Les cœurs battirent moins vite. Ils étaient tous pâles et tremblants. Puis Ginny se mit à rire, d'un rire saccadé et nerveux.
- Qu'est-ce qu'on va se faire engueuler !
Fleur à son tour fut prise d'un fou rire :
- Ce sont Bill et Charlie qui vont se faire engueuler !
Puis elle tourna un sourire charmant vers Hermione :
- Très joli ton Patronus, Hermione.
Celle-ci fit une grimace.
- Les Patronus ne sont pas faits pour être jolis, répondit-elle. Ils sont faits pour être efficaces et le mien l'est bien moins que celui de Ron.
Tous les regards convergèrent vers lui.
- C'était quoi comme Patronus ? questionna Harry.
- Je crois que c'était un ours…
Fleur hocha la tête :
- Premier Patronus ? Oui, c'est toujours saisissant la première fois…
Du coin de l'œil elle aperçut Bill qui arrivait vers eux à grands pas. Elle se précipita dans ses bras.
- Bill ! J'ai eu si peur ! s'écria-t-elle, la voix soudain chevrotante.
Bill referma ses bras sur elle.
- Tout va bien, ma princesse, dit-il. Je suis là.
Il embrassa ses cheveux blonds dénoués. Il fit un sourire indulgent aux jeunes gens qui la contemplaient éberlués.
- Venez, commanda Bill. Remus a apporté du chocolat.
Il s'éloigna, son bras autour des épaules de Fleur pour la serrer contre lui.
- J'ai pas tout compris, dit Harry.
- Elle n'avait pas l'air d'avoir si peur que cela ! renchérit Ron.
Ginny haussa les épaules :
- C'est un truc de fille : les hommes aiment bien qu'on ait besoin d'eux.
Ron dévisagea sa sœur avec surprise.
- Comment tu sais ça toi ?
- Qu'est-ce que c'était son Patronus ? demanda Harry.
- Je n'ai pas fait attention, répondit Ginny. Un truc avec des ailes.
- Une Vélane ! fit Ron.

Harry se tourna vers Hermione. Elle semblait figée. Il toucha son bras, avec hésitation. Elle leva les yeux sur lui.
- Ce n'est pas quand Bellatrix Lestrange m'a frappée que je suis morte.
Ron frissonna. Il tapa légèrement du pied sur le sol gelé.
- Tu ne vas pas remettre ça ! Tu n'es pas morte ! Tu n'es jamais morte !
- C'était tout comme, murmura Hermione. Mais quelqu'un ou quelque chose m'a rappelé avant qu'il soit trop tard. Je m'en souviens maintenant.
Elle pointa le doigt vers Ron.
- Tu as crié "Protégo ! Protégo !" Pourquoi as-tu crié deux fois ?
- Je… Je ne sais pas ! balbutia Ron. Je voulais être sûr que ça marcherait… je crois.
Hermione contempla sa baguette puis celle de Ron.
- Et ensuite ? demanda-t-elle encore.
- Ensuite ? Rien…
Harry baissa ses lunettes sur son nez. Il fixa Ron par-dessus avant de les remettre en place.
- Ensuite ? reprit Ginny. Bill t'a embrassée…
Il sembla à Harry qu'elle mettait dans sa réponse bien moins de conviction que quelques mois plus tôt.
- Venez, reprit la jeune fille. Remus a apporté du chocolat. Et allons voir comment va Charlie.
Elle prit le bras d'Hermione qui paraissait sérieusement ébranlée. Harry attendait Ron. Le jeune Weasley venait de réaliser que les Détraqueurs avaient réveillé chez chacun d'eux le même souvenir pénible. Etait-il possible qu'ils aient tous deux retrouvé leurs esprits grâce au même souvenir heureux ?

Ron était si pâle que Remus Lupin insista pour lui faire manger la moitié d'une tablette de chocolat. Ron refusa. Il allait être malade s'il avalait quoi que ce soit. Charlie s'inquiétait de lui. Il lui donnait des claques pour faire revenir des couleurs à ses joues. Fleur était toujours dans les bras de Bill. Tout était silencieux. Un silence bruissant d'appels et de sanglots. Un silence presque vide après la clameur du concert. Tonks se hâta vers eux. Son blouson était déchiré à l'épaule. Elle était rousse, ses cheveux tombaient dans son dos. Son visage était fin et ses yeux gris. C'était un visage qu'Harry et ses amis n'avaient jamais vu. Ses lèvres tremblaient un peu.
- Tout le monde va bien ? leur demanda-t-elle du plus loin qu'elle les vit.
Charlie s'avança à sa rencontre.
- Et toi ?
Il posa le doigt sur la déchirure du blouson.
- Désolée pour ton blouson, Charlie, fit Tonks. Tu pourras réparer ?
Charlie plongea son regard dans celui de la jeune femme.
- Ils étaient si près ? questionna-t-il d'une voix blanche.
Elle pâlit.
- Il a pris mon Patronus en travers de la gorge ! essaya-t-elle de plaisanter.
Elle se tourna vers les autres avec un sourire forcé.
- Remus vous attend pour repartir, leur annonça-t-elle. Je regrette, les enfants mais les Bizzar' Sisters ont déjà transplané…
- Ce n'est pas grave, Tonks… murmura Hermione.
Ils commencèrent à s'inquiéter de leurs balais. Ils parlaient tous en même temps.
- Tu ne viens pas ? demanda Charlie.
- Débriefing ! grimaça Tonks.
- A demain ?
- Oui, à demain…
Elle leva la main pour leur faire un signe d'au revoir. Charlie revint sur ses pas. Il l'enlaça et l'embrassa sous les yeux éberlués de Ron.
- A demain, Nymphadora. Dit Charlie.
Il revint vers ses frères. Bill laissa passer devant Fleur et les filles.
- C'est un vrai danger public, cette fille, Charlie, tu le sais ? lui chuchota-t-il.
- Je vis avec des dragons toute l'année, Bill…
- Maman ne va pas apprécier, Charlie…
- Parce que tu crois qu'elle apprécie davantage ta Vélane, Bill…
Ils échangèrent un regard et éclatèrent de rire :
- On s'en fiche !

Ils rejoignirent Lupin un peu plus loin qui s'assurait que tous avaient repris leurs esprits. Bill confia le balai de Fleur à Ginny : "Il parait que tu sais t'en servir, railla-t-il. Prouve-le !" Ginny l'enfourcha avec joie tandis que Fleur s'accrochait à Bill sur le balai de celui-ci. Hermione remonta sur celui de Charlie.
- Je vole derrière toi, lui confia Remus.
Il lui désigna de la tête la jeune fille. Elle était encore très pâle.
- Je vous avertis, Molly est furieuse.

Molly n'était somme toute pas si furieuse que cela. Elle était bien trop contente de les voir tous rentrer sains et saufs. Elle leur avait préparé un en-cas en les attendant et les força à manger un peu avant d'aller au lit.
- Quand votre père a reçu ce rapport concernant le déplacement massif de Détraqueurs, j'ai pensé : ils vont au concert ! Et ça n'a pas loupé ! C'était à prévoir ! Tant de gens heureux ! Heureusement tout s'est bien terminé. Votre père aurait bien transplané avec Remus, mais il a du travail. Ils sont encore dans le bureau avec Albus et Maugrey. Oh Charlie, mon chéri ! Heureusement que tu avais ton miroir sur toi, mon garçon !
- En fait, répondit Charlie la bouche pleine, Harry les avait senti avant que Papa ne m'appelle.
Mrs Weasley se tourna vers Harry :
- Oh ! Harry ! Mange donc encore un peu !
Elle poussa l'assiette de sandwiches vers lui. Puis elle saisit la théière et servit la tasse de Fleur.
- Encore un peu de thé, ma chère Fleur ? demanda-t-elle.
- Non, merci, Molly, lui sourit Fleur sans quitter les bras de Bill. Je crois que je vais me retirer dans mes appartements pour me remettre de ces émotions.
Elle se leva et leur souhaita une bonne nuit.
- Je raccompagne Fleur chez elle, dit Bill en se levant également.
- C'est ça, dit Charlie en mordant dans un sandwich, elle pourrait faire de mauvaises rencontres dans l'ascenseur.
Harry et Ron baissèrent la tête sur leur tasse de thé.
- A demain, Bill ! s'exclama Ginny en riant.
Sa mère lui jeta un regard contrarié.
- Bon, fit Molly. Ce concert ? Ca valait le coup de risquer votre vie pour ça ?
- Yeah ! Yeah ! Yeah ! Firent Charlie et Ginny en choeur.

- Tu sais, Ginny, je ne peux m'empêcher de penser que Pattenrond voulait m'avertir du danger hier soir, disait Hermione tandis qu'elles se préparaient toutes les deux les affaires qu'elles mettraient l'après-midi pour se rendre au Chemin de Traverse et en ville.
Maugrey avait failli en avoir une attaque, mais Dumbledore avait donné son accord.
- Qu'est-ce que tu en dis, Hermione ? demanda Ginny devant la psyché. Je mets ce pull ou celui-ci ?
- Le bleu ! trancha Hermione sans hésiter. Et toi qu'est-ce tu en penses, de Pattenrond.
- Qu'il ressemble à Ron, en moins bête, bien sûr !
Hermione s'interrompit dans ses gestes. Elle retint un rire :
- Ginny !
Ginny attrapa le chat et le présenta à la glace :
- C'est vrai, regarde : même couleur de poil ; mêmes yeux à l'affût de quelque reste de nourriture ; même regard suspicieux à l'encontre de tout être humain ou non de sexe masculin qui t'approche ; mêmes ronronnements de satisfaction chaque fois que tu lui accordes un peu d'attention. C'est tout Ron, ça ! Sauf que lui n'a pas les jambes arquées et que Pattenrond est beaucoup plus beaucoup plus intelligent et affectueux !
Hermione la regarda avec attention.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? demanda-t-elle.
- Rien ! fit Ginny sur un ton désinvolte. Excepté le fait qu'il s'est amusé à jouer les chaperons le soir du bal. Il est descendu de son dortoir pour y faire remonter Dean séance tenante et m'envoyer me coucher comme s'il était ma mère !
- Il est ton frère, Ginny. Il s'inquiète pour toi, c'est normal. Tu es une très belle jeune fille et il considère de son devoir de frère de…
- Tu vas me dire qu'il a eu raison ?
- Non, il a eu tort. Mais on peut comprendre…
- Tu le défends !
- Non !
- Si ! Tu le défends !

Ginny vint s'asseoir sur le lit d'Hermione et leva son regard vers le sien.
- C'est à cause des Détraqueurs ? C'est ça ?
Hermione se détourna.
- Non, Ginny ! Ron a beaucoup de défauts, je n'en disconviens pas. Mais il a une qualité que tu ne peux lui nier, il t'aime. Et tu ne sais pas ce qu'il est prêt à faire pour toi. Je veux dire que s'il est prêt à risquer sa vie pour Percy, de quoi n'est-il pas capable pour toi ?
- Comme risquer de se mettre à dos Margaret Thompson parce qu'il l'a surprise avec son petit ami en croyant avoir affaire à Dean et moi ?
- La Préfète-en-Chef ? Effectivement, ça c'est particulièrement idiot de sa part !

On frappa à leur porte et la voix de Fred appela pour déjeuner. Elles se rendirent à la cuisine où Harry et Ron les attendaient pour commencer. Tonks était également là. Elle avait la même tête que la veille au soir. Elle portait encore la même tenue et le blouson déchiré. Elle paraissait fatiguée.
- Encore un peu de café, Nymphadora ? demandait Charlie quand Hermione et Ginny entrèrent.
- Laisse-là, Charlie ! répondit Mrs Weasley. Elle a passé la nuit à travailler. Après le concert, il y a eu une réunion au Ministère avec tous les Aurors disponibles. Aujourd'hui sera une journée chargée…
- Pas pour moi ! bailla Tonks. Je suis de service depuis trois jours, je ne suis plus bonne à rien.
Elle croisa les bras sur la table et posa son front dessus. Bill, à l'autre bout de la table referma la Gazette du Sorcier en souriant.
- C'est moi qui prends la relève, dit-il.
Il termina son café et ajouta :
- A tout à l'heure ! Je vous verrai sur le Chemin de Traverse.
Ron ne fit pas attention à ce qu'il disait. Il lorgnait sur la Gazette et ses yeux ne croyaient pas ce qu'il lisait : le nom de Fudge s'étalait en gros titre. Scandale financier : Cornelius Fudge, l'ancien Ministre de la Magie accusé de détournement de fonds se déclare profondément outré par ces allégations totalement gratuites, prétend-il. La communauté sorcière, déjà vivement secouée par ses mensonges concernant le retour de Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom, saura juger du degré de confiance qu'elle doit accorder à Monsieur Fudge.
- C'est quoi cette campagne de presse anti-Fudge ? s'exclama Ron.
- Ce n'est pas une campagne de presse, répondit Bill. C'est la vérité. Fudge a détourné beaucoup des fonds destinés au département des Aurors et malgré mes recherches chez Gringotts je n'ai rien pu découvrir.
- Tu crois qu'il s'en est servi pour monter sa propre armée ? demanda Harry qui songea un instant à Luna et à ses êtres de feu.
Il secoua la tête, comme pour chasser de telles idées.
- Pour graisser la patte à quelques personnes du Ministère afin de se donner les moyens de garder sa place le plus longtemps possible, tu veux dire ! s'exclama Bill. Pourquoi croyez-vous qu'il a démissionné ? leur demanda-t-il devant les mines ahuries de Ron et Harry.
- A cause de ce qui s'est passé au Ministère, répondit Harry qui se doutait que ce n'était pas la bonne réponse.
- Mais non voyons ! Il a bien expliqué qu'il avait caché le retour de Vous-Savez-Qui pour éviter que la population cède à la panique. Et qu'il avait considéré de son devoir de mener sa propre enquête plutôt que de tout miser sur les affirmations d'un gamin traumatisé par la mort de ses parents. C'est ce que Percy était venu nous démontrer, à Ron, Bill et moi le jour où nous nous sommes battus.
- Bill ! s'indigna Mrs Weasley, les mains tremblantes.
- Maman ! s'exclama Bill. Ce n'est pas parce qu'on ne parle pas des choses qu'elles n'arrivent pas ! C'est exactement la politique de Fudge !
- Bill !
- Quoi Maman ?! Si les jumeaux ne s'étaient pas énervés, il nous aurait expliqué par AB que Fudge avait tout prévu et que Dumbledore n'était qu'un intrigant qui voulait sa place. Je suis certain d'ailleurs qu'il le pense encore !
Charlie se tourna vers Ron :
- Est-ce vrai ?
Ron se troubla.
- Est-ce vrai que Percy croit encore ce que raconte ce vieux pruneau racorni ? Tu dois le savoir, il m'a dit qu'il correspondait avec toi depuis l'année dernière.
Ron rougit.
- Tu es allé le voir ? dit-il pour ne pas avoir à répondre.
- Bien sûr que je suis allé le voir, reprit Charlie. Ce n'est pas parce que c'est un imbécile que je n'allais pas répondre à l'invitation de mon frère d'aller le voir chez lui. Il est très éprouvé. Il n'est pas encore remis du traitement qu'on lui a fait subir. Il n'a apparemment pas la constitution de notre Hermione.
- C'est qu'il n'a pas reçu les soins attentifs de Severus Rogue, grogna Ron.
- Quoi ?! firent ensemble Tonks, Charlie et Bill.
Ce fut au tour d'Hermione de se sentir mal à l'aise. Mrs Weasley vint à son secours.
- Bill, tu es en retard ! Tonks, va te coucher ! Charlie… fais ce que tu veux en attendant que Dumbledore t'appelle ! Et vous, les enfants, dépêchez-vous de déjeuner.

Hermione ne termina pas son petit déjeuner. Elle repoussa sa chaise et quitta la cuisine suivie de Pattenrond. Bill se hâta de sortir du champ de vision de sa mère. Charlie emmena Tonks. Ginny tira la manche de Harry et lui montra la porte d'un signe de tête. Sur le pas de la porte, ils rencontrèrent les jumeaux qui firent demi tour dès qu'ils entendirent leur mère demander à Ron resté seul face à l'adversité :
- Alors, comme ça tu corresponds avec Percy depuis l'année dernière ?