Chapitre 30

Un balai pour Hermione

Mrs Weasley réussit à faire dire à Ron tout ce qu'il y avait à savoir sur les courriers de Percy. C'est-à-dire pas grand-chose vu que Ron n'ouvrait plus les lettres de son frère. Pour se faire pardonner son excès d'autorité, Molly lui resservit une part de petit déjeuner. Elle passa ses mains dans ses cheveux et s'assit à côté de lui. Il fit un bond sur le côté, dans un geste instinctif de conservation. Il ne manquait plus que sa mère le prenne dans ses bras en l'appelant Ronnie Chéri. Il s'enfuit de la cuisine et courut jusqu'au petit salon dont il ouvrit la porte à la volée :

- Mais qu'est-ce que Bill et Fleur attendent pour lui faire une petite vélane ! s'écria-t-il. Qu'elle me lâche un peu !

Il s'interrompit devant Charlie et Tonks dans les bras l'un de l'autre au milieu de la pièce.

- Quelque chose qui cloche, Ronnie ? se moqua Charlie sans cesser de serrer la jeune femme contre lui.

- Pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe quand Maman est en manque de maternage ?

Charlie fut dispensé de répondre par l'apparition de Lupin.

- Charlie, appela-t-il, Dumbledore t'attend dans le bureau. Il a lu les rapports de Viktor Krum et les tiens mais il a encore une ou deux questions à te poser. Oh ! Bonjour, Ron ? Tu vas bien ce matin ?

Tonks quitta les bras de Charlie et se dirigea vers la porte au fond du couloir.

- Réveillez-moi quand vous vous préparerez à partir. J'aimerai bien aller au Chemin de Traverse en touriste, cette fois, demanda-t-elle avant de la refermer sur elle.

Charlie transplana sous les yeux de son frère. Lupin s'apprêtait à en faire autant. Il fit un pas vers Ron :

- Tu es sûr que tout va bien, Ron ? demanda-t-il à nouveau. Tu n'as pas eu assez de chocolat hier soir ?

- Ca va, Professeur, répondit Ron un peu agacé par le demi sourire de Lupin.

Il regretta son mouvement d'humeur.

- Professeur ? l'appela-t-il alors que Remus se préparait une fois de plus à transplaner.

- Oui, Ron…

- Vous saviez que le Professeur Rogue a administré à Hermione des potions qu'il a fabriquées lui-même ?

Lupin hocha la tête :

- Severus a toujours excellé en ce qui concerne l'élaboration de remèdes et de potions… J'en sais moi-même quelque chose.

Ron ne put s'empêcher de songer à la potion Tue-Loup qu'il était obligé de prendre tous les mois. Il ne sut pas pourquoi il songea à Charlie à ce moment-là.

- On dit que c'est en Roumanie qu'il y a le plus de loups-garous ? dit-il presque malgré lui.

- C'est là en effet que durant les siècles ils se sont concentrés pour fuir les persécutions dont ils faisaient l'objet dans les autres pays, acquiesça Remus.

- Et c'est là-bas aussi qu'il y a des Vampires, continua Ron.

- La communauté Vampire est très puissante en Roumanie, c'est exact…

- On dit que c'est parmi elle que Vous-Savez-Qui s'est réfugié quand… enfin quand Harry l'a dégommé…

- Dégommé, oui… répéta Lupin avec un sourire.

- Et c'est dans ce coin aussi qu'il y a l'Université de Durmstrang, l'école des Mages Noirs… Qu'est-ce qu'il fait exactement Charlie en Roumanie ? questionna-t-il enfin.

- Il étudie les dragons, Ron…

- Oui, fit Ron, il y a beaucoup de dragons en Roumanie…

Lupin le considérait avec attention, son sourire bienveillant au coin des lèvres.

- Est-ce que cela veut dire que Charlie n'est finalement pas le moins en danger de nous tous ? se décida à demander Ron un tremblement d'inquiétude dans la voix.

- Oh ! mais Charlie est un jeune homme qui a le goût du risque ! dit Lupin d'un air joyeux.

Il montra la porte de la chambre de Tonks : "La preuve !"

- Depuis quand elle habite ici ? demanda encore Ron.

- Depuis que son appartement a explosé, répondit Lupin un peu plus grave. Elle a survécu mais pas Emmeline Vance qui l'accompagnait.

- C'est depuis ce jour que Maugrey a demandé aux jumeaux de faire partie de l'Ordre ? réfléchit Ron.

Lupin hocha la tête.

- Au fait, félicitations pour ton Patronus d'hier soir, Ron. Algie disait bien que tu étais près d'y arriver, mais je ne me serais jamais douté qu'il serait aussi parfait.

- Algie ? Algie Londubat ? fit Ron stupéfait.

Il n'eut pas de réponse. Lupin avait déjà transplané. La porte de la chambre des filles s'entrouvrit et la tête de Harry apparut. Il entendit les voix d'Hermione et Ginny qui chantaient à tue-tête : «Damn oh damn wizard… yeah yeah yeah, sisters unify ! »

- Ron ! l'appela-t-il impérativement. Tu te dépêches !

Il roulait des yeux désespérés derrière ses lunettes.

- On vient ! On vient ! grommela Ron.

Harry l'attrapa par l'épaule et le fit entrer brutalement dans la chambre. Il lui mit un papier sous les yeux.

- Qu'est-ce que tu veux ajouter à cela ? lui demanda-t-il de but en blanc.

- C'est quoi ? voulut savoir Ron.

Il parcourut la liste de noms quelques secondes avant de réaliser qu'il s'agissait des noms des boutiques du Chemin de Traverse, ainsi que d'autres qu'il ne connaissait pas.

- Maugrey veut avoir une idée des endroits où nous voulons aller, soupira Ginny.

- Il ne va pas nous refaire le même coup que la dernière fois ! s'exclama Ron.

- Quel coup ? demanda Hermione.

- Le coup du "C'est pas sur la liste !", singea Ron.

- Bien sûr que non ! se récria Hermione. La dernière fois, Harry était attendu. Cette fois, personne ne sait qu'il sera au Chemin de Traverse. Du moins, normalement.

Harry grimaça. Autant il avait souhaité l'affrontement plusieurs mois plus tôt, autant il voulait passer ces jours de fête dans la sérénité.

- Et comment tu expliques ce qui est arrivé hier soir ? demanda Ron avec raideur.

De nouveau ses airs supérieurs ! Cela l'agaçait profondément.

- Les Détraqueurs ? Tu crois que c'est Voldemort qui les a envoyés ? Peut-être mais pas à cause de Harry… Et il y avait là-bas assez d'hystérie collective pour les attirer depuis l'autre bout du pays sans que personne ne leur en donne l'ordre…

- Hem Hem ! fit Ginny. Tu fais partie des hystériques, toi aussi…

- Je sais, répondit Hermione.

Elle éclata de rire en même temps que Ginny qui se remit à chanter : «Yeah yeah yeah ! »

Ron se replongea dans sa lecture.

- Maman vient avec nous ? s'inquiéta-t-il. Alors pourquoi il y a marqué la Sorcière élégante ? Je vous avertis, je ne mets pas les pieds là-dedans !

- Personne ne te le demande ! se mit à rire sa sœur. Hermione et moi sommes fort bien capables de nous débrouiller seules dans un magasin de sous-vêtements, tu sais.

Ron leva la feuille devant son visage.

- Tu veux t'acheter un nouveau balai, Harry ? reprit-il très vite.

- Non, c'est moi qui vais en acheter un.

Ron se tourna vers Hermione, la bouche ouverte.

- J'aimerai assez que le temps que j'ai passé derrière le terrain de Quidditch ne soit pas tout à fait perdu, continua la jeune fille.

Ginny plaqua ses mains sur sa bouche pour l'empêcher de hurler de rire. Harry sentit la chaleur monter à son visage. Les oreilles de Ron étaient violettes. Et il semblait que ses taches de rousseur s'étaient démultipliées en un dixième de seconde.

- Et tu sais quel balai tu vas acheter, demanda-t-il aussi naturellement qu'il le put. Un Brossdur te conviendrait assez, je crois.

- Ginny pense qu'un Legend 1000 serait plus approprié.

- N'importe quoi ! fit Ron à sa sœur. Un Legend 500, à la limite, je dis pas. Mais les 1000 n'ont aucune stabilité dans les accélérations. Et dès qu'on passe les mille pieds, ils se mettent à vibrer. Leur boîte de vitesses est une aberration et le système de freinage est complètement ridicule. Tu veux la tuer, ou quoi ? Je viendrai avec toi, Hermione, pour t'aider à choisir ton balai.

- C'est inutile, Ron. Je suis sûre le vendeur comprendra tout à fait ce que je veux.

- Il comprendra surtout qu'il peut te refiler n'importe quel modèle invendu d'il y a dix ans !

- Tu sais, Ron, commença Hermione un sourire amusé aux lèvres, pour moi l'important sur un balai, c'est qu'il vole.

- Pour moi l'important sur un balai, c'est que tu sois en sécurité !

Il y eut un silence. Harry se sentit rougir pour Ron. Il fit de gros yeux à Ginny et celle-ci se mordit les lèvres.

- D'accord, fit Hermione. Et tu me conseilleras aussi sur le prix. Je voudrais me le faire offrir par mes parents pour Noël et je ne tiens pas à ce qu'il leur coûte trop cher.

- Oh ! pour ça ! ne t'inquiète pas ! souffla Ron, heureux de s'en tirer à si bon compte. Chez les Weasley on a l'habitude d'acheter au meilleur prix. Même si nous prenons des goûts de luxe depuis quelque temps.

Ginny se mit à rire.

- Tu crois que Maman voudra m'acheter un balai à moi aussi ? demanda Ginny. Après tout, j'ai eu mon badge de Préfète et je n'ai eu aucune récompense à ce jour ! A part une lettre de félicitations de Charlie.

- Hum ! fit Ron. Ne dis rien surtout, mais je crois que Fred et George t'en ont déjà acheté un.

Ginny bondit de joie.

- Et comment le sais-tu ?

- Ils m'ont demandé lequel te ferait plaisir…

Ginny sauta au cou de son frère : Et tu leur as dit ?

- Ben…fit Ron en rougissant. Ce ne sera déjà plus une surprise, alors si je te dis que c'est un Eclair de Feu….

Ginny cria : Yeah ! Yeah ! Yeah ! les poings serrés en signe de victoire. Tandis que Ron se traitait d'imbécile. Elle revint vers lui, un peu dégrisée.

- Mais toi tu n'as qu'un Brossdur… fit-elle remarquer.

- Oui, mais moi je ne suis pas aussi doué que toi pour le Quidditch… Et je crois que Bill et Charlie ont participé au cadeau. Et puis c'est pas grave…

Ginny serra son frère contre elle:

- Finalement, Hermione n'a peut-être pas tout à fait tort à ton sujet.

Ron attendit avec impatience le départ pour le Chemin de Traverse. Il remarqua dans l'ascenseur qu'Hermione portait à nouveau sa barrette dans les cheveux. Dans la rue, elle marchait devant avec Ginny. Elles fredonnaient cette stupide chanson. Ils prirent le métro. Harry et Hermione semblaient tellement à l'aise. Même Tonks paraissait plus à l'aise que lui. Ginny s'émerveillait de tout. Hermione commentait avec assurance les questions de Charlie. Ce dernier donnait la main à Tonks. Ils avaient l'air idiots. Ils traversèrent le Chaudron sur un signe au barman. Quelques têtes se tournèrent vers Harry à son passage. Mais il y avait tant de monde et Dumbledore semblait estimer que ce n'était pas important puisqu'il avait donné son autorisation.

La veille, après l'attaque des Détraqueurs, Harry avait fait un rêve. Il était à Poudlard. Il savait qu'il était à Poudlard, dans les profondeurs secrètes de l'école. Bien plus profond qu'il n'était jamais allé. Il était le serpent monstrueux qui rampait dans le noir. Il cherchait en vain. Il enrageait. Il tournait en rond. Ils avaient fait quelque chose. Ils savaient. Puis Harry sut qu'il l'avait senti dans son esprit. Il le croyait encore à Poudlard. Il avait senti son désir de mort. Puis il lui avait montré l'entrée de la Chambre des Secrets… Harry s'était réveillé, haletant, en sueur, le front brûlant mais bien moins douloureux que les fois précédentes, dans la chambre plongée dans la nuit. Il avait pensé : Lumos ! par instinct. Et au moment où il se traitait d'idiot car ses mains étaient vides, la lumière jaillit de sa baguette sur la table de nuit. Elle fut si violente qu'elle blessa les yeux de Harry. Ron grogna le nom d'Hermione dans son sommeil. Hermione ! il fallait qu'il parle à Hermione. Mais pas tout de suite. Après Noël. Quand il aurait mis ses idées au clair. Quand il ne sentirait plus l'affreux manque que lui causait l'absence de Sirius. Ils étaient tous en joie dans l'attente du lendemain. Noël n'avait jamais été pour lui qu'un jour plus vide encore que le reste de sa vie. Et il le serait encore cette année, alors que le souvenir de l'année précédente hantait ses rêves et ses remords. Il étendit la main vers sa baguette et la lumière s'éteignit.

Ron se sentait bien mieux. Il était à nouveau dans son monde. Un monde qu'il sentait en pleine désagrégation mais dans lequel il était chez lui. Il s'approcha d'Hermione et lui demanda si elle voulait acheter son balai tout de suite.

- Nous avons tout notre temps, lui dit-elle d'un ton léger.

Ils firent les boutiques tous ensemble. Harry acheta des chaussettes. Pour Dumbledore, apprit-il à Ron qui s'esclaffa. Charlie, Tonks, Harry et Ron attendirent devant la vitrine de la Sorcière Elégante que Ginny et Hermione terminent leurs achats. La robe que portait la vélane sur l'affiche et qui avait tant intéressé Ron l'été précédent était en exposition. Elle tenait toute seule et un sortilège soufflait sur le bas, lui donnant un mouvement changeant à chaque seconde. Les manches longues, le col brodé d'argent et la ceinture assortie faisaient penser à Harry aux illustrations des contes de fées moldus. Un seul regard à Ron lui suffit pour savoir qui il imaginait dans cette robe et la vision que le jeune homme en avait tenait effectivement du merveilleux. Il se pencha à l'oreille de son ami.

- Hermione n'a pas les cheveux aussi longs, tu sais, chuchota-t-il.

- Quoi ? fit Ron. Hé ! Mais tu n'as pas le droit !

Harry s'excusa aussitôt. Il n'avait pas fait exprès de capter les pensées intimes de Ron. Il ferma les yeux et se força à faire le vide. "Yeah ! Yeah ! Yeah ! Damn oh damn Wizard ! " La voix de Ginny ramena le calme dans ses pensées agitées. Il penserait à tout cela plus tard. Hermione sortit de la boutique en riant et Ron s'éloigna d'Harry prestement. Ils entrèrent chez le confiseur et Hermione acheta plusieurs boîtes de chocolat, tandis que les autres s'attablaient pour boire quelque chose de chaud et manger quelques petits gâteaux.

- Te voilà parée pour la prochaine attaque de Détraqueurs, Hermione ! lui dit Charlie en riant.

- Ils ne sont pas pour moi ! répondit Hermione. Celui-ci est pour Fleur. Ceux-ci sont pour Molly, je sais qu'elle les adore. J'espère que tu aimes les chocolats fondants, Tonks, parce qu'ils sont pour toi. Non ! Ce soir seulement ! Et ceux là, ils sont pour Deepher… Termina-t-elle en rougissant.

Tous la regardaient avec stupeur. Sauf Harry, qui se souvenait qu'elle avait essayé de tendre la main à Kreattur de la même manière l'année précédente.

- Les Elfes sont très gourmands, dit précipitamment Charlie.

- Et Deepher adore le chocolat ! renchérit de même Tonks.

- Et ce dernier petit paquet, il est pour qui ? demanda Ginny, toujours curieuse.

Hermione se leva :

- Tu viens, Ron ? Il faut aller acheter mon balai…

Ron ne se le fit pas dire deux fois, bien qu'il eût aimé connaître aussi le destinataire du dernier paquet de confiserie. Il la suivit dans la neige et la fin de l'après-midi. Il s'attarda un peu devant la devanture de l'échoppe des balais volants, en compagnie de jeunes garçons qui admiraient le dernier modèle de l'Eclair de Feu.

- Ils en sortent un chaque année à présent ! fit-il dégoûté.

- J'imagine que c'est un effet de la guerre, soupira Hermione. Chacun veut avoir le meilleur balai pour fuir le plus vite possible les Mangemorts… C'est comme les livres de sortilèges de Défense contre les forces du mal… Ils se sont vendus comme des petits pains, d'après ton père. Il y a même eu des éditions pirates. Le jour où je suis arrivée, Mondingus m'en a montré plusieurs exemplaires… Le problème avec les contrefaçons c'est qu'elles contiennent beaucoup d'erreurs ! Et crois-moi, certains de ces maléfices risquent fort de se retourner contre ceux qui les auront lancés… J'en ai parlé avec ton père. Il a énormément de soucis avec ces éditions-là… Son Département essaye d'élaborer un sortilège de Page Blanche, qui effacerait l'encre des livres non officiels… Mais ce n'est pas une mince affaire, comme tu le penses.

Ron dévisageait Hermione avec surprise :

- Papa discute avec toi des affaires du Ministère ?!

Hermione rougit :

- Heu, non… Je lui ai juste montré le livre que Mondingus m'a donné pour lui signaler que c'était très dangereux de laisser de telles inepties courir les foyers de notre pays !

- Mondingus t'a laissé prendre un livre ? reprit Ron encore plus ébahi.

- Heu, non… Je l'ai juste menacé de prévenir Molly qu'il faisait entrer au QG de la marchandise d'origine douteuse…

- C'est pour cela qu'on ne l'a pas vu depuis notre arrivée ! s'exclama Ron.

- Oui, et parce que Fleur n'apprécie pas trop sa présence alcoolisée quand elle reçoit le Professeur Deumbeuldor…

Elle fronça le nez à la manière de la fiancée du frère aîné de Ron. Il lui donna un coup de coude.

- Hé ! C'est de ma future belle-sœur dont tu parles !

Ils se mirent à rire ensemble. Ils entrèrent dans la boutique. Le regard d'envie du jeune homme sur les balais rutilants n'échappa pas au vendeur. Il s'empressa au devant d'eux.

- Messieurs Dames, vous désirez ?

Hermione lui jeta un œil froid :

- Si je vous dis un balai, seriez-vous surpris ?

Ron se mordit la lèvre. Le vendeur eut un petit rire. Fine mouche, la gamine. Il faudrait jouer serré.

- Non, bien sûr, reprit-il dans un grand sourire. Je voulais dire pour quel usage ?

Ron croisa le regard de son amie.

- Le vol simple, répondit-il très vite, avant qu'Hermione ne parlât d'un quelconque nettoyage de sol.

- Pas de Quidditch ? demanda le vendeur, navré.

Il considérait Ron en secouant la tête, l'air de dire "Mon pauvre garçon, mais qui est donc cette mégère qui vous empêcher de jouer au Quidditch ?" Hermione reprit les rênes de la conversation.

- Oubliez le Quidditch, la vitesse, la performance, insista-t-elle. Je veux un balai sûr, fiable et confortable. Je ne doute pas que vous ayez cela en rayon, Monsieur.

Le vendeur ne put que confirmer. Il avança la main vers un balai, sous une pancarte où était inscrit en lettres scintillantes "Legend 1000".

- Voici exactement ce qu'il vous faut, Mademoiselle !

Le regard du garçon lui fit changer d'avis. Il plongea vers un autre sous la pancarte "Nimbus" et le garçon se pencha à l'oreille de la fille.

- Oh ! Mais j'y pense ! Pour une personne comme vous, il n'y aurait rien de mieux que…

Le vendeur glissa un œil vers le jeune homme et la main vers un Comète 100… 230…. 260…

- Oui, un Comète 260 vous conviendrait à merveille ! Ses caractéristiques techniques…

- On les connaît, le coupa Ron.

Il prit le balai dans les mains, le soupesa, le retourna, le passa à Hermione.

- C'est tout ce que vous avez à me proposer ? demanda la jeune fille.

- Bien sûr, vous avez aussi les Brossdur… ajouta le vendeur.

- C'est celui que tu as, n'est-ce pas Ron ?

Hermione reposa le Comète sur le comptoir à côté du Brossdur.

- Bien, qu'est-ce que tu en penses ? dit-elle à Ron.

- Si c'était pour moi, je dirais le Brossdur. Il est plus puissant, plus rapide. Mais pour toi, et vu qu'il va passer plus de temps dans son placard qu'à voler, je pense qu'un Comète suffirait. Même s'il est moins rapide, il est un peu plus stable en virage. Il est moins confortable, mais je suis sûr que tu pourras arranger ça en deux coups de baguette magique…

- Bien, sourit Hermione au vendeur. Je prends le Brossdur.

Le vendeur répondit à son sourire :

- Excellent choix, Mademoiselle !

Il s'éloigna pour envelopper le balai dans du papier Kraft.

- C'était pas la peine de me demander mon avis si c'était pour ne pas le suivre, grommela-t-il à voix basse.

- Tu m'as donné ton avis, Ron. Et j'ai pris ma décision. Peut-être aurons-nous un jour besoin d'un balai plus rapide qu'un Comète…

- On ne pourra jamais rivaliser avec l'Eclair de Feu de Harry, soupira Ron.

- Ni de Ginny ! ajouta Hermione en riant.

Le vendeur revint avec son paquet. Ron le prit tandis qu'Hermione payait. Puis ils sortirent dans la nuit qui tombait déjà. Ron lança un dernier regard aux Nimbus et autres Eclair de Feu… Hermione remit ses gants et tendit la main vers le balai. Ron fit comme s'il n'avait pas vu son geste et prit la direction du salon de thé.

- De toutes façons, moi, dans trois mois, je transplane ! dit-il plus pour éviter le silence que pour parler.

- Dans trois mois, tu seras à l'école, corrigea Hermione. Il faudra attendre l'été prochain pour passer ton permis. Tu pourras le passer en même temps qu'Harry. Moi il faudra que j'attende que tout ceci soit terminé… A moins que Dumbledore ne m'obtienne une dispense pour passer mon permis en secret…

Ron se mit à rire :

- Tu rigoles ! Je crois que s'ils le pouvaient ils nous empêcheraient plutôt de le passer ce fichu permis ! Ils n'arrivaient déjà pas à nous retenir alors qu'on n'avait aucun moyen de locomotion, qu'est-ce que ça va être quand on pourra transplaner librement !

- Oui, opina Hermione avec un sourire. Seulement, tu oublies qu'on sera encore à l'école et qu'on ne …

- .. peut pas transplaner à Poudlard ? termina Ron, d'un air agacé.

- Tu imagines, si on pouvait le faire, la panique que ce serait ? se récria Hermione. Rusard deviendrait fou avec tous ces Septième Année qui feraient des Crac ! et des Pop ! dans les couloirs et les salles de classes !

- Sans compter le risque d'atterrir dans le chaudron de Rogue ! ou sur les genoux de McGonagall ! se mit à rire Ron.

Ils entrèrent chez Florian Fortarome dans le même temps et Charlie leur demanda ce qui les mettait dans une telle allégresse.

- On se demandait pourquoi on ne peut pas transplaner à Poudlard, expliqua Ron sur un ton enjoué qui réjouit Harry et Ginny.

- Pour assurer la protection de Poudlard, dit Charlie avec évidence.

Tonks se poussait vers lui pour faire une place à Ron et Hermione. Ils avaient l'air frigorifiés. Charlie leur commanda un chocolat très chaud.

- Hermione et moi, reprit Ron, on pensait plutôt que c'était pour empêcher les garçons d'aller dans le dortoir des filles malgré l'escalier-toboggan…

- Mais ce n'est pas vrai ! s'écria Hermione avant de se rendre compte que personne ne faisait attention à ses dénégations car tous avaient éclaté de rire.

Harry demanda des nouvelles du balai. Ils discutèrent des caractéristiques techniques des différents modèles récemment sortis. Ron détailla celui qu'il avait vu en vitrine. Ginny se mordait la langue pour ne pas laisser paraître qu'elle savait qu'elle aurait un Eclair de Feu. Puis Bill vint les rejoindre et ils reprirent le chemin du retour. Il recommença à neiger. Les filles à chanter : «Damn oh damn wizard… yeah yeah yeah, sisters unify ! » Parmi les moldus, personne ne faisait attention à eux. Tout le monde se pressait de rentrer, les bras chargés des courses de dernières minutes. Dans le métro, Ron s'attira un regard courroucé d'un vieux monsieur qu'il manqua assommer avec le balai d'Hermione. Il s'en moquait. Il était comprimé dans cette ambiance étouffante, mais Hermione était écrasée entre Bill et lui, tous ses paquets dans les bras. Ses cheveux s'échappaient de son bonnet. Et il reconnaissait ce parfum de pomme verte dans ses cheveux par-dessus toutes les odeurs agressives de ce train souterrain.

Ron entra dans l'appartement, le cœur encore plein de ce bonheur infime. Dans le Grand Salon, Deepher décorait un grand sapin de boules scintillantes. Ginny courut l'aider à accrocher les guirlandes. Hermione partit déposer ses paquets dans sa chambre, Harry et Ron firent de même dans la leur.

- Alors ? fit Harry. Vous n'êtes plus fâchés ? interrogea-t-il, plein d'espoir.

Ron fit tomber pêle-mêle ses paquets sur son lit. Il semblait frappé d'un Rictus Sempra.

- Je ne sais pas… répondit-il. Ca m'est égal. Si on pouvait toujours rester fâchés de cette manière, ça ne me gênerait pas.

Harry songea que par contre lui ça le gênerait beaucoup. Il prit le bras de Ron et le mit dehors.

- C'est l'occasion d'aller la voir, Ron. Ensuite, il y aura trop de monde et après il sera trop tard.

Il referma la porte sur son ami pour ne pas lui laisser le choix. Ron se dirigea machinalement vers la chambre que sa sœur partageait avec Hermione. Il frappa à la porte entrouverte et passa la tête à l'intérieur.

- Tu vas bien ? demanda-t-il.

- Pas plus mal qu'il y a dix minutes…

Elle terminait ses paquets cadeaux et inscrivait les noms de leur destinataire dessus.

- D'après toi, ça s'écrit comment Deepher ? demanda-t-elle. Tu crois qu'il sait lire ?

Ron prit cette question pour une invitation à entrer.

- J'en sais rien ! répondit-il aux deux questions.

- Tu as raison, dit-elle. Je lui donnerai son présent en main propre, ce sera mieux.

Ron se demanda en quoi il avait raison, mais n'osa l'interroger sur ce sujet plus avant. Il était certain qu'ils se disputeraient. Et ce n'était pas pour cette raison qu'Harry l'avait envoyé à Hermione.

- Chouette après-midi, n'est-ce pas ? reprit-il.

Il essayait de voir s'il y avait un cadeau marqué à son nom. Il aurait pu avoir un indice des dispositions d'esprit d'Hermione à son égard, s'il avait pu lire les noms sur les paquets…

- Qu'est-ce que tu veux, Ron ?

- Te faire des excuses…? Je ne sais pas du tout ce qui m'a pris. Je regrette vraiment…

- Qu'est-ce que tu regrettes ?

- Et qu'est-ce qui t'a pris ?

Les têtes des jumeaux apparurent dans l'ouverture de la porte. Ron frappa son front dans sa main. Hermione s'avança d'un pas décidé vers la porte et la claqua aux nez de Fred et George.

- Qu'est-ce que tu regrettes, Ron ? répéta-t-elle. De m'avoir embrassée ?

Ron ouvrit la bouche. La porte s'ouvrit à la volée. Ginny bondit dans la chambre en criant : "Ils sont là ! Ils sont là !" Elle entraîna Hermione sans lui demander son avis. Ron les suivit jusqu'au Hall. Là, Hermione hurla à son tour et se mit à sauter de joie avec Ginny. Harry accourut au bruit. Il interrogea Ron du regard :

- Les parents d'Hermione, ils viennent d'arriver, lui apprit celui-ci.